Aller au contenu

Traductions pour Contrepoints, Wikiberal et autres


Nick de Cusa

Messages recommandés

Posté

 

Les capitalistes ont un meilleur plan.

 

Pourquoi la planification décentralisée est-elle supérieure à la bureaucratie et au socialisme ?

 

Pour les intellectuels du début du XXe siècle, le capitalisme ressemblait à l’anarchie. Pourquoi, se demandaient-ils, ferions-nous confiance à des indications réfléchies quand nous construisons une maison mais pas quand nous construisons une économie ?

A cette époque, il était à la mode chez les intellectuels socialistes d’adhérer à la théorie de la planification,  vue alors comme une façon bien plus rationnelle d’organiser l’activité économique. (F.A. Hayek a d’ailleurs écrit un célèbre essai sur ce phénomène). Les raisons de cette préférence pour la planification centralisée étaient pourtant complétement confuses, à la fois conceptuellement et empiriquement.

 

Ludwig Von Mises leur a répondu de la meilleure des façons, en faisant remarquer qu’il y a également de la « planification » dans une économie de marché. La différence tient au fait que la planification est décentralisée dans le marché, éparpillée entre des millions d’entrepreneurs et de propriétaires de ressources, incluant les travailleurs. Ainsi, dans le débat entre socialisme et capitalisme, la question n’est pas « Devrait-il y avoir une planification économique ? », mais plutôt « Devrait-on restreindre la charge de la conception du plan à quelques supposés experts désignés par un processus politique, ou devrait-on ouvrir les vannes et recevoir les données de millions de personnes qui pourraient avoir connaissance d’éléments essentiels ? ».

 

La seconde question est connue sous le nom du « problème de connaissance » (knowledge problem). Hayek faisait remarquer que, dans le monde réel, l’information est dispersée parmi une myriade d’individus. Par exemple, un directeur d’usine à Boise pourrait connaitre des éléments très détaillés sur les machines de sa ligne d’assemblage, que les planistes socialistes de Washington ne pourraient tout simplement pas prendre en compte lorsqu’ils dirigent les ressources productives de la nation. Hayek soutient que le système des prix dans une économie de marché peut être comparé à un « système de télécommunications » géant, qui transmettrait rapidement les bits indispensables de connaissances d’un nœud localisé à un autre. Un tel agencement « web » (c’est de moi) n’a pas besoin d’une hiérarchie bureaucratique dans laquelle chaque bit d’informations doit remonter la chaine de commandement, être traité par les experts en chef puis ensuite redescendre jusqu’aux subordonnées.

 

De manière complémentaire avec le problème de la connaissance dispersé d’Hayek, que nous comprenons mieux à présent, Mises a mis l’accent sur le problème de calcul de la planification socialiste. Même si l’on suppose que les planificateurs socialistes ont accès à toutes les informations techniques récentes à propos des ressources de production et ont tout le savoir-faire des ingénieurs à leur disposition, ils ne seraient toujours pas en mesure de planifier les activités économiques de la société. Ils seraient dans « le noir ».

Par définition, dans un régime socialiste, un groupe (les personnes dirigeant le pays, si l’on parle d’une organisation politique) possède toutes les ressources productives importantes – usines, forêts, terres, puits de pétrole, navires de charge, chemins de fer, entrepôts, eau, gaz, électricité…etc. Dans cette hypothèse, il ne peut y avoir aucun marché concurrentiel pour les « moyens de productions » (pour utiliser le terme de Karl Marx), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de véritable prix pour ces articles.

 

A cause de ces faits inévitables, Mises soutient qu’aucun décisionnaire socialiste ne peut évaluer l’efficacité de son plan économique, même à postériori. En effet, celui-ci aurait une liste de ressources allouées à un processus précis – tant de tonnes d’acier, de caoutchouc, de bois et tant d’heures de travail humain. Il pourrait analyser les différences entre ces ressources et les biens produits – tant de maisons, de voitures ou de bouteilles de soda. Toutefois, comment le planiste socialiste saurait-il s’il doit continuer à produire cette quantité de biens à l’avenir, ou s’il doit augmenter ou réduire son volume de production ? Une utilisation différente de ces ressources produirait-elle un meilleur résultat ? Il n’en a tout simplement aucune idée. Sans les prix de marché, il n’existe pas de façon objective de comparer les ressources consommées par un processus de production précis avec les biens et services produits.

 

En revanche, le système des profits et des pertes fournit un retour critique dans une économie de marché. L’entrepreneur peut demander à des comptables d’attacher les prix de marché aux ressources consommées et aux biens et services produits par un processus précis. Bien que cela ne soit pas parfait, une telle méthode fournit au moins une direction. Ainsi, pour le dire simplement, une entreprise rentable est une entreprise qui affecte des ressources rares aux besoins que les consommateurs estiment le plus, comme leurs décisions en termes de dépense le démontrent.

 

A l’inverse, qu’est-ce que cela signifie si une entreprise n’est pas rentable ? Cela signifie que ses clients ne sont pas prêts à dépenser assez d’argent dans les biens produits pour recouvrer leurs dépenses monétaires (incluant les intérêts) nécessaires à l’achat de ces ressources. Et la raison pour laquelle ces ressources ont des prix de marchés qui leur sont propres tient au fait que d’autres entreprises parient sur eux. C’est pourquoi, selon  l’interprétation de Mises, une entreprise non rentable détourne les ressources de canaux productifs dans lesquels les consommateurs préféreraient (indirectement et implicitement) que les ressources soient utilisées.

 

On ne doit jamais oublié que le problème économique n’est pas de se demander « s’il est préférable d’allouer ces ressources rares à un projet X qui rendrait au moins quelques personnes plus riches ou de ne rien faire de ces ressources ». Il faut plutôt se demander « si allouer ces ressources rares à un projet X rend les gens plus riches qu’allouer ces ressources à un projet Y ».

 

Pour répondre à cette question, nous avons besoin de d’intégrer les ressources et biens produits hétérogènes dans un dénominateur commun : un système de prix. C’est pourquoi Mises met l’accent sur la suprématie de la propriété privée et sur l’utilisation d’une monnaie fiable, ces deux éléments étant les piliers d’une allocation des ressources rationnelle.

 

 

-----------------------------------

+ Les 2 extraits de l’article mis en valeur :

[une entreprise rentable est une entreprise qui affecte des ressources rares aux besoins que les consommateurs estiment le plus, comme leurs décisions en termes de dépense le démontrent.]

[La planification est décentralisée dans le marché, éparpillée entre des millions d’entrepreneurs et des possesseurs de ressources.] 

 

Dédicace à Hannibal, le capitaliste avec un meilleur plan.

 

cn7c1g.jpg

Posté

 

La Réserve fédérale américaine joue avec l'idée de relever les taux d'intérêt, peut-être dès septembre de cette année. Après une période de taux d'intérêt quasi-nuls de six ans, une montée en puissance des coûts d'emprunt aura certainement d'énormes conséquences. Ce sera comme enlever le bol de punch sur lequel tout le plaisir de la soirée repose.

 
Les taux faibles de la Banque centrale ont alimenté l'inflation des prix des actifs
 
La situation actuelle a, bien sûr, sa propre histoire. Vers le milieu des années 1990, la politique monétaire expansionniste de la Fed - celle du président Alan Greenspan - a conduit à la bulle de la "nouvelle économie". Un accès facile au crédit et une expansion monétaire ont entraîné un gonflement des prix des actifs, en particulier des prix des actions et de leurs valorisations.

polleit_aug19%20graph_Page_1_Page_1.png?

 

Une brève histoire des taux d'intérêt bas
 
Lorsque cette bulle a éclaté, la Fed a réduit les taux de 6,5% en janvier 2001 à 1% en juin 2003. Elle a maintenu les taux d'emprunt à ce niveau jusqu'en juin 2004. Cette politique assouplie de la Fed a non seulement stoppé le ralentissement du crédit bancaire et de l'expansion monétaire, mais il a aussi semé les graines d'une bulle du crédit sans précédent qui a décollé dès mi-2002.
 
Lorsque la Fed y a mis fin en remontant les taux jusqu'à 5,25% en juin 2006, le boom du crédit fut quasi-condamné. La récession qui a suivi a généré la crise financière et économique la plus grave depuis la fin des années 20 et du début des années 30. Elle a impacté non seulement les États-Unis, mais aussi l'économie mondiale à une plus grande échelle.
 
Grâce aux idées de l'école autrichienne, nous connaissons la vraie source de tout ce mal. La cause profonde est la production de fausse monnaie des banques centrales à partir de rien. Ceci induit, nécessairement, un enchaînement d'expansions et de récessions, apportant grande misère à beaucoup de gens et d'entreprises et, à terme, ruinant le système monétaire et économique.
 
Les banques centrales - en coopération avec les banques commerciales - créent de l'argent supplémentaire via une expansion du crédit, abaissant ainsi artificiellement les taux d'intérêt du marché en dessous du niveau qui prévaudrait s'il n'y avait pas d'expansion du crédit et de création monétaire.
 
Une telle bulle finira en récession lorsque le crédit et l'expansion monétaire s'assècheront et que les taux d'intérêt monteront. Dans For A New Liberty (1973), Murray Rothbard a mis cette idée de façon succincte:
 
"Comme le dopage répété d'un cheval, la bulle est maintenue sur son chemin et à l'écart de son inévitable punition par des doses répétées et accélérées de stimulation du crédit bancaire. Ce n'est que lorsque l'expansion du crédit bancaire doit enfin s'arrêter ou fortement ralentir, soit parce que les banques sont fragilisées, soit parce que le public devient rétif à l'inflation continue, que le châtiment rattrape finalement la bulle. Dès que l'expansion du crédit s'arrête, le tribut doit être payé, et les réajustements inévitables doivent liquider les sur-investissements malsains liés à la bulle et réorienter l'économie vers la production de biens de consommation. Et, bien sûr, plus la bulle est maintenue dans le temps, plus les mauvais investissements devant être liquidés sont importants, et plus les réajustements devant être faits sont douloureux."
 
Pour maintenir la bulle, davantage de crédit et davantage de monnaie sont nécessaires, fournis à des taux d'intérêt toujours plus bas. D'une certaine manière les banquiers centraux du monde entier semblent connaître cette vision économique, vu que leurs politiques tentent désespérément d'encourager davantage de prêts bancaires et de création monétaire.
 
Pourquoi augmenter les taux maintenant?
 
Pourquoi alors les responsables de la Fed veulent-ils augmenter les taux? Peut-être que certains pensent qu'une politique de taux zéro de facto ne se justifie plus, vu que l'économie américaine montre des signes de retour à une croissance positive et durable, ce que les statistiques officielles semblent suggérer.
 
D'autres pourraient craindre que les investisseurs du marché du crédit vont quitter le navire une fois qu'ils seront convaincus que les taux d'intérêt américains resteront au plus bas pour toujours. Une telle attente pourrait porter un coup lourd, sinon mortel, aux marchés de crédit, faisant s'écrouler le système de la monnaie papier instable (unbacked paper money).
 
De toute manière, si les membres de la Fed font suivre leurs paroles par des actes, ils pourraient bientôt apprendre que les fantômes qu'ils ont appelés vont bel et bien apparaître - et ne vont peut-être pas disparaître. Par exemple, la hausse des taux américains va aspirer des capitaux du reste du monde, tirant ainsi le tapis sous les pieds de nombreux marchés émergents et développés.
 
Qui plus est, les conditions de crédit et de liquidité du monde entier vont se resserrer, provoquant chez les gouvernements affamés de crédit, les banques, et les consommateurs un réveil douloureux après avoir surfé sur la vague du crédit depuis un certain temps.
 
La Chine, qui a dévalué le taux de change du renminbi par rapport au dollar américain par un total de 3,5% les 11 et 12 août, semble avoir envoyé le message qu'elle ne veut pas suivre la politique de la Fed - et par sa dévaluation fait apparaître l'intention de hausse des taux de la Fed comme une entreprise extravagante.
 
Une normalisation des taux d'intérêt, après des années de taux d'intérêt trop bas, n'est pas possible sans un effondrement probable de la production et de l'emploi. Si la Fed va de l'avant avec son plan visant à augmenter les taux, les temps seront durs pour le système économique et financier mondial.
 
Par mesure de sécurité: ce serait la bonne chose à faire. Plus la bulle artificielle arrive à son terme tôt, plus la récession-dépression débute tôt, ce qui est un inévitable processus d'ajustement de l'économie afin de permettre la mise en place d'une reprise économique solide.
 
Note: Les opinions exprimées sur Mises.org ne sont pas nécessairement celles de l'Institut Mises.
 
J'arrive pas a traduire unbacked money paper. Je l'ai traduit par monnaie papier instable, mais c'est pas vraiment ca.
Posté

C'est également les vacances pour les auteurs de Contrepoints et nous manquons d'articles de qualité à publier.

Une petite traduction nous ferait du bien aujourd'hui pour être publiée demain. S'il y a des courageux... :icon_wink:

Posté

 

Hey Castro, laisse les Dames en Blanc tranquille

 

Des femmes courageuses continuent la luttent pour la liberté.

Nelson Rodríguez Chartrand Le 12 août 2015 à 11:34

 

En 2003, les bibliothèques indépendantes, les médias et le Projet Varela commencé à prendre de l’importance parmi les citoyens cubains. Le but du projet était de faire circuler des propositions pour un éventail de réformes démocratiques et constitutionnelles au sein d’un cadre juridique existant.

 

Le régime cubain a naturellement interprété ce phénomène comme une menace sérieuse. Pas surprenant, puisque c’est la façon dont beaucoup de dictatures réagissent. Tout ce qui découle du libre arbitre du peuple, et en dehors du contrôle du régime, est considéré illégal et potentiellement létal pour la dictature.

 

C’est ainsi que 75 citoyens paisibles, gentils, bien-élevés, en sont venu à être arrêtés, sommairement reconnus coupables et condamnés à de longues peines de prison (certaines allant jusqu’à 28 ans).

 

Ce dont on les accuse ? Rien de plus que « attentat à l’indépendance et l’intégrité du pays ». Absolument horrifiant. Ce n’est pas pour rien que cette terrible répression de dissidents est devenue connue sous le nom du « Printemps Noir » cubain.

 

Et c’est ainsi que les Dames en Blanc se sont formées. Elles sont les femmes et proches des 75 cubains injustement arrêtés, et qui ont été déclarés prisonniers d’opinion par Amnesty International peu après.

 

Au cours des 12 dernières années, ces braves femmes ont tenu de paisibles manifestations dans les rues tous les dimanches après la messe. Armés d’une simple fleur dans une main, elles marchent pour la libération des prisonniers politiques, la justice et la paix.

 

Comment pensez-vous que le gouvernement cubain a réagi ? Cette dictature assoiffée de sang, que certaines personnes idolâtrent cyniquement a répondu avec encore plus de répressions, menaces et arrestations arbitraires.

 

Donc, pendant que vous vous reposez avec vos familles chaque dimanche, d’un repos bien mérité, rappelez-vous que ces courageuses femmes sans défenses continuent d’être attaquées, menacées, arrêtées et emmenées de force dans ce qui était précédemment un camp de pionnier José Martí, maintenant converti en un centre de détention.

 

Combien de temps laisserons-nous cela continuer ? Il est temps de mettre fin à cet outrage.

C’est seulement lorsque nous unirons nos voix et demanderons justice que la liberté pour laquelle ces femmes se battent à Cuba deviendra réalité.

 

A la prochaine, si la dictature le permet.

Posté

Hey Castro, laisse les Dames en Blanc tranquille

 

Des femmes courageuses continuent la luttent pour la liberté.

Nelson Rodríguez Chartrand Le 12 août 2015 à 11:34

 

En 2003, les bibliothèques indépendantes, les médias et le Projet Varela commencé à prendre de l’importance parmi les citoyens cubains. Le but du projet était de faire circuler des propositions pour un éventail de réformes démocratiques et constitutionnelles au sein d’un cadre juridique existant.

 

Le régime cubain a naturellement interprété ce phénomène comme une menace sérieuse. Pas surprenant, puisque c’est la façon dont beaucoup de dictatures réagissent. Tout ce qui découle du libre arbitre du peuple, et en dehors du contrôle du régime, est considéré illégal et potentiellement létal pour la dictature.

 

C’est ainsi que 75 citoyens paisibles, gentils, bien-élevés, en sont venu à être arrêtés, sommairement reconnus coupables et condamnés à de longues peines de prison (certaines allant jusqu’à 28 ans).

 

Ce dont on les accuse ? Rien de plus que « attentat à l’indépendance et l’intégrité du pays ». Absolument horrifiant. Ce n’est pas pour rien que cette terrible répression de dissidents est devenue connue sous le nom du « Printemps Noir » cubain.

 

Et c’est ainsi que les Dames en Blanc se sont formées. Elles sont les femmes et proches des 75 cubains injustement arrêtés, et qui ont été déclarés prisonniers d’opinion par Amnesty International peu après.

 

Au cours des 12 dernières années, ces braves femmes ont tenu de paisibles manifestations dans les rues tous les dimanches après la messe. Armés d’une simple fleur dans une main, elles marchent pour la libération des prisonniers politiques, la justice et la paix.

 

Comment pensez-vous que le gouvernement cubain a réagi ? Cette dictature assoiffée de sang, que certaines personnes idolâtrent cyniquement a répondu avec encore plus de répressions, menaces et arrestations arbitraires.

 

Donc, pendant que vous vous reposez avec vos familles chaque dimanche, d’un repos bien mérité, rappelez-vous que ces courageuses femmes sans défenses continuent d’être attaquées, menacées, arrêtées et emmenées de force dans ce qui était précédemment un camp de pionnier José Martí, maintenant converti en un centre de détention.

 

Combien de temps laisserons-nous cela continuer ? Il est temps de mettre fin à cet outrage.

C’est seulement lorsque nous unirons nos voix et demanderons justice que la liberté pour laquelle ces femmes se battent à Cuba deviendra réalité.

 

A la prochaine, si la dictature le permet.

 

Merci bien Neomatix,

Si c'est ok pour toi, je le case déjà sur http://uplib.fraujourd'hui.

 

voilou

 

Hey Castro, laisse les Dames en Blanc tranquille - via @uplib http://uplib.fr/wiki/UL15082407

 

 

 

 

 

Posté

L'automatisation du travail va-t-elle enrichir les riches et condamner les pauvres ?

Ça pourrait arriver bientôt, annonce Paul Solman, l'économiste pour PBS NewsHour. Il en discute avec Jerry Kaplan, l'auteur d'un nouveau livre qui combine Luddisme et appréhension des inégalités.

Paul Solman: Et l'éternelle peur des travailleurs déplacés, affirme Kaplan, est finalement, irrévocablement sur nous.

Jerry Kaplan: Que va-t-il arriver à ceux qui n'ont pas ou ne peuvent pas acqérir les compétences nécessaires dans la nouvelle économie ?

Paul Solman: Hé bien, que va-t-il leur arriver ?

Jerry Kaplan: Nous allors voir des inégalités de revenus encore pire. Et à moins de prendre des actions humanitaires, la vérité et qu'ils vont vivre dans la misère, être affamés, et mourir.

Paul Solman: Kaplan nous offre ces sombres prédictions dans un nouveau livre, Humans Need Not Apply. Il est au courant, évidemment, que l'automatisation a remplacé le travail humain depuis plus de 200 ans, depuis des décennies, en éliminant les travaux relativement bien payés dans les usines aux États-Unis, et que la création d'emplois a largement compensé cette perte, mais selon lui, cela touche à sa fin.

Je n'ai pas lu le livre de Kaplan, mais vous pouvez vous faire une idée de la problématique à l'aide de cette vidéo.

La crainte est qu'à l'inverse du passé où les travailleurs déplacés pouvaient apprendre de nouvelles compétences dans d'autres industries, les « machines à penser » les plus avancées pourront bientôt remplacer des emplois hautement qualifiés, rendant de plus en plus difficile la recherche d'un emploi offrant un salaire décent. Tandis que l'argumentation Luddite présuppose une quantité de travail fixe dans l'économie, la crainte est maintenant que tout emploi nouvellement créé sera tout simplement rempli par des machines plus intelligentes.

Cette nouvelle variante semble différente, mais il s'agit essentiellement du même faux raisonnement Luddite, et ce à deux niveaux. Premièrement, s'il est vrai que les machines se substituent souvent au travail humain à court terme, à long terme l'automatisation consiste à assister le travailleur. En second lieu, le but essentiel de l'économie n'est pas de créer du travail pour lui-même, mais bien de mettre en place des entreprises qui prospèrent en satisfaisant les besoins et désirs des consommateurs.

Bien que je comprenne que les solutions offertes par Kaplan soient plutôt pro-marché, les media traditionnels ont souligné les aspects les plus alarmistes de sa thèse. Les Solmans du monde entier aimeraient voir l'État réagir avec des règlementations limitant ou interdisant la mise en place d'intelligences artificielles -- ou au moins en subventionnant les énormes changements nécessaires sur le marché de l'emploi.

Remplacement à court terme, appoint à long terme

Heureusement, Henry Hazlitt nous a déjà offert une explication claire, soigneuse et sympathique des conséquences de l'innovation sur l'emploi dans son célèbre livre, L'Économie politique en une leçon. Pour faire un bref résumé sur le chapitre nous intéressant, « La machine maudite » :

(Comme le note Hazlitt, toutes les innovations ne permettent pas d'économiser du travail. Certaines permettent juste d'améliorer la qualité de la production, mais laissons ça de côté. Laissons également de côté le problème bien réel que constitue l'accélération artificielle de l'automatisation par l'augmentation du salaire minimum.)

Supposons qu'une personne possédant une entreprise de fabrication de manteaux investisse dans une nouvelle machine fabricant le même nombre de manteaux mais nécessitant moitié moins d'ouvriers. (Posons pour l'instant que tous les ouvriers travaillent 8 heures par jour et gagnent le salaire moyen du secteur.) Ce qu'on voit aisément, c'est, disons, 50 personnes au chômage ; ce qu'on ne voit qu'avec plus de difficultés, c'est les personnes qui seront embauchées pour construire la nouvelle machine. Si toutefois la nouvelle machine réduit le coût de fabrication, alors vraisemblablement moins de 50 ouvriers sont nécessaires pour sa fabrication. S'il faut, par exemple, 30 personnes, il semblerait y avoir toujours une perte nette de 20 emplois au total.

Mais l'histoire ne s'arrête pas ici. Si le fabricant ne baisse pas le prix de ses manteaux, Hazlitt énumère trois possibilités qui s'offrent quant à l'utilisation des profits résultants. Il peut les utiliser pour réinvestir dans sa propre entreprise, investir dans une autre entreprise, ou tout simplement les utiliser pour consommer. Quoiqu'il fasse, cela signifie plus de production et donc plus d'emploi ailleurs.

De plus, la concurrence entre les fabricants de manteaux conduira probablement ses concurrents à adopter la même machine et à produire plus de manteaux. Acheter plus de machines signifie plus de travail dans l'industrie de fabrication de machines, pendant que l'augmentation de la production de manteaux conduira à une baisse des prix.

Acheter plus de machines nécessitera probablement d'embaucher plus de travailleurs pour les utiliser ou les maintenir en état de fonctionnement, et la baisse des prix signifie que les consommateurs auront d'autant plus de moyens d'acquérir des biens de consommation, y compris des manteaux.

L'effet global est une augmentation de la demande de travail et du nombre d'emplois, ce qui est confirmé historiquement dans de nombreuses industries. Bien sûr, si vous faites partie des 50 travailleurs initialement mis au chômage, vous avez manqué le plus gros de l'histoire.

Contrairement à ce qui est affirmé, les choses ne sont pas bien différentes dans le cas de l'intelligence artificielle.

Les machines pourraient bien remplacer des travailleurs sur le court terme, mais sur le long terme elles assistent les employés et augmentent leur productivité. Il est vrai que les nouvelles machines seront plus avancées et feront plus de choses que les anciennes, mais ce n'est pas vraiment une surprise ; c'est toujours ce que les nouvelles machines ont fait.

Comme je l'ai déjà écrit dans « The Breezes of Creative Destruction », cela prend généralement plusieurs années pour qu'une innovation -- même quelque chose aujourd'hui omniprésent comme les smartphones -- se diffuse dans l'économie. Ce qui donne du temps pour s'adapter, apprendre de nouvelles compétences, voir de nouveaux horizons. Hazlitt admet que tout le monde ne s'adaptera pas à la nouvelle situation, éventuellement à cause d'un âge avancé ou d'une infirmité. Il répond:

[Note: Citation de Hazlitt, j'ai juste repris la traduction de ]http://herve.dequengo.free.fr/Hazlitt/EPL/EPL_24.htm]

Il est juste -- et en fait, c'est essentiel pour une complète compréhension du problème -- que l'on reconnaisse la condition de ces gens, qu'on étudie avec la plus grande sympathie et que l'on s'attache à voir si l'on ne pourrait pas faire servir une partie des bénéfices réalisés grâce à ce progrès particulier, à aider les victimes qu'il a faites, à leur trouver un nouveau travail inutile dans un autre secteur de la production.

Je suis presque certain que Hazlitt voulait dire que des actions et organisations libres et volontaires devraient prendre en charge ce rôle bienveillant.

En tout cas, ce qui se produit au niveau d'une seule industrie se déroule également à travers toutes les industries. Le processus que Hazlitt décrit fonctionnera tout aussi longtemps que le marché sera laissé libre de s'ajuster. Utiliser l'État pour volontairement entraver le changement pourrait sauver les emplois que l'on voit, mais il détruira alors tous ces emplois que l'on ne voit pas -- ou pire.

Plus d'emploi, moins de travail, plus de bien-être

Être capable de gagner sa vie est probablement une condition nécessaire au bonheur. Et le progrès économique signifie effectivement que l'on passe moins en moins de temps à travailler.

Bien qu'il soit difficile de calculer précisément combien d'heures par semaine nos ancêtres travaillaient -- et certains affirment que les individus dans les sociétés préindustrielles avaient plus de temps libre que les ouvriers dans l'industrie -- les meilleures estimations nous montrent que le temps de travail hebdomadaire aux USA est passé de 70 heures en 1850 à 40 heures aujourd'hui. Est-ce une mauvaise chose ? Est-ce que travailler moins a conduit l'humanité vers la misère ? À la lumière du bilan d'une économie laissée relativement libre, c'est une bien étrange question.

Regardez, par exemple, cette vidéo par le scientifique suédois Hans Rosling sur la machine à laver de sa mère. C'est une magnifique illustration du fait que cette machine, sophistiquée en son temps, a permis à sa mère de lire avec lui, ce qui l'a aidé à devenir un scientifique accompli.

J'ai dernièrement diné avec quelqu'un qui a récemment été renvoyé et dont le mari avait un travail épanouissant mais mal rémunéré. Malgré ce revenu familial relativement faible, elle a été capable de voyager à New York pendant un weekend pour assister à un concert de U2, prendre un cours dans un luxueux studio de yoga à Manhattan, et partager un repas végétalien avec un vieil ami. Nos grand-parents en auraient été abasourdi !

Comme le présente le journaliste britannique Matt Ridley dans son livre The Rational Optimist,

L'innovation transforme le monde, mais seulement parce qu'elle aide la division du travail, et favorise la division du temps. Mettons de côté guerres, religions, famines et poésie pour le moment. C'est un grand thème de l'histoire : cette métastase des échanges, spécialisations et inventions appelée par la « création » du temps.

Le plus grand succès de l'économie de marché n'est pas les emplois qu'elle a créé (même s'ils sont bien réels), mais le temps qu'elle nous offre pour nous permettre de nous épanouir et d'accomplir des choses que personne ne pensait possible.

Si l'utilisation de robots accroit la productivité du travail, augmente la production, et augmente la quantité, la qualité et la diversité des biens que nous pouvons consommer -- et diminue le nombre d'heures que nous avons à travailler -- que trouver à y redire ? Est-il problématique d'avoir moins à travailler et plus de temps pour améliorer son bien-être et celui d'autrui ?

Dans un système où les individus sont libres d'innover et de s'adapter aux innovations, il y aura toujours assez de travail pour quiconque en désire ; nous n'avons juste pas besoin de travailler aussi dur qu'eux.

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...