F. mas Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Les amis, gros besoin de trads à cette époque de l'année ! Donc merci d'avance pour vos propositions ! Sinon, petit article rigolo et assez facile : comment faire pour ne pas changer le monde https://fee.org/articles/how-not-to-change-the-world/ et un article plus historique et théorique qui part de la recension de Mein Kampf par George Orwell https://fee.org/articles/what-we-can-learn-from-george-orwells-review-of-mein-kampf/
h16 Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 https://fee.org/articles/how-not-to-change-the-world/ Je prends.
h16 Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 N'essayez pas de devenir le délégué de classe. N'allez pas aux réunions des voisins de quartier. Ne participez pas à un comité. Ne participez pas à des campagnes politiques. Toutes ces activités visent à réformer, à entrer dans les institutions, jouer selon leurs règles, et essayer de les faire se comporter différemment de ce qu'elles veulent vraiment. Oubliez cette approche. C'est nul et voici quatre raisons pourquoi. Cela vous rend moins heureux Avez-vous déjà participé une réunion de la mairie ? La vie est trop courte pour supporter de telles horreurs ! La pire des vie possible est celle d'une vie d'ennui. Les petites intrigues internes à chaque institution politique sont vaines et ennuyeuses et pleines de processus, de procédures et de pratiquants qui se croient sérieux. Votre vie de chaque instant est bien trop précieuse pour supporter ça. C'est inhumain. Si <a data-ipb="nomediaparse" data-cke-saved-href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert"href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert" s_rules_of_order"="">les règles de procédure de Roberts ont une vraie signification quand les efforts viennent de vous, alors allez prendre l'air et organisez quelque chose de nouveau. Vous ne pouvez pas changer le jeu en jouant Les institutions politiques ne font qu'une chose : limiter le plaisir individuel et la liberté. Il est naturel de vouloir réduire le rôle de ces entités trop joyeusement régulatrices. Mais vous ne pouvez pas gagner en jouant selon leurs règles. Vous ne pouvez pas créer en votant un chemin vers un système où les votes ne réduisent plus les progrès. Essayer de réduire le rôle de l'État en s'engageant dans la politique est comme essayer de mettre un casino en faillite en y jouant au blackjack. "Oh, je sais comment je vais faire : je vais battre le casino !" Non, vous ne le ferez pas. Le casino veut que vous pensiez ça. Il veut que vous continuiez à jouer. Se conformer aux règles de la maison n'est pas un moyen de protester ou de les changer. Surtout quand la maison devient un peu plus riche à chaque fois que vous le faites. Si vous ne voulez pas que le casino continue à attirer les gens, n'y allez pas vous-même. À la place, construisez quelque chose de mieux qui attirera les autres. Le progrès vient toujours de l'extérieur Les institutions politiques sont réactives. Elles attendent que le monde les force, puis elles changent. Si l'humanité est une voiture, ces institutions sont les freins, capables d'arrêter le progrès, mais jamais de le créer. Si vous voulez arriver à une nouvelle destination, c'est de l'accélérateur dont vous avez besoin. Les accélérateurs sont des idées nouvelles, des produits et des services qui vont de l'avant, sans se préoccuper des bureaucrates qui recherchent le consensus, imbriqués dans le statu quo. Les accélérateurs ne se soucient pas d'argument, ni de protestation. Ils se soucient de la création. Ils construisent le monde qu'ils veulent vivre au lieu d'espérer empêcher sa décadence. Il n'y a pas de permanence Le truc génial avec l'innovation, c'est qu'elle ne doit se produire qu'une seule fois. Cette expérience douloureuse, éreintante comme une naissance, de l'acte créateur ou du grand moment "eureka !" provient de l'imagination, du travail acharné et du courage. Si le résultat représente une valeur quelconque pour le monde, il dure pour toujours et sert de tremplin à des innovations encore plus grandes. La roue a été inventée une fois. Personne ne doit la réinventer. Ses pouvoirs d'amélioration du monde sont permanents et irréversibles. Toute victoire apparente au sein d'une structure politique est fugace, par définition et par conception. Après des années de réunions assommantes et de proclamations abrutissantes de personnes avec lesquelles vous ne voudriez jamais boire une bière, vous parvenez enfin à aligner tous les pouvoirs et les intérêts des élites, et immédiatement ensuite, vous devez courtiser et caresser tout ce qui passe dans le sens du poil. Vous avez votre mandat ou votre circonscription ou toute autre étiquette "sérieuse" que vous désiriez obtenir via une victoire dans les règles de l'institution. Vous avez enfin obtenu le pouvoir. Youpi. Jusqu'au mois ou à l'année suivants, ou au prochain cycle d'élection, quand un nouveau groupe d'intérêts finit par vous contourner et que les tables commencent à tourner. Tout ce que vous aviez créé dans votre coalition disparaît alors, avec tout l'argent que vous aviez réussi à mobiliser pour vos projets. À nouveau, la moindre parcelle de terrain perdue doit être regagnée, en repartant de zéro. Et c'est seulement à ce moment que vous vous rendez compte que des mouvements sociologiques, bien plus larges que vos institutions et créées par ces accélérateurs extérieurs, sont le vrai maître à bord, et non le serviteur de ces institutions politiques vaines qui appliquent leurs freins rouillés contre toute prise de risques. Sortir et construire quelque chose Construisez quelque chose à la place. Sortez de ce système. Suivez votre propre chemin. Oubliez les costumes, les discours, les postures, les arguties, les petits arrangements internes. Allez construire votre rêve le plus fou. Imaginez et créez des choses qui vous excitent. Allez là où vous ne trouvez pas ça nul. Créez-vous un emploi qui n'est pas ennuyeux. Vivez la vie que vous voulez vivre. N'attendez pas que le monde change, ne demandez pas l'autorisation de le faire évoluer. Allez changer votre propre monde. Le reste suivra. 1
cedric.org Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Je débarque un peu là dessus, utilisez-vous des plateformes collaborative comme framapad ? Cela permet de facilement proofread ou scinder le travail.
ttoinou Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Oui, etherpad est cool avec la coloration automatique. J'utilise google docs c'est très bien mais lent sur mobile. Les amis, gros besoin de trads à cette époque de l'année ! Donc merci d'avance pour vos propositions ! J'avais traduit 2 articles en juillet, ils sont toujours disponibles à la publication ! https://docs.google.com/document/d/1D_UdAAXqO-rP9YBfmbSn93y7J-O4QeD0r_wWbZsbycs/edit ( En vert ) Par exemple le premier "France Is "Pro-Business" in the Worst Possible Way" : La France est “pro-business” de la pire façonhttp://www.bde.enseeiht.fr/~dornsta/liborg/France.Pro.Business.jpg On entend souvent dire que les Etats-Unis sont plus “pro-business” que la France. Quand les gens utilisent ce terme ils ont généralement en tête quelque vagues notions de pratiques gouvernementales faites de taxes abaissées et de taxes abaissées. Ainsi, “pro-business” est communément utilisé pour signifier un marché libre. Mais ce genre de termes est trompeur. Pro-business n’est pas pro-marché Un vrai marché libre est essentiellement pro-consommateurs. Dans une véritable économie de libre-marché, les entreprises ne sont appréciées que dans la mesure où elles rendent services aux consommateurs. Les performances de cette économie sont établies par ô combien elle est capable de satisfaire, avec le temps, les demandes des consommateurs dépensant leur propre argent, et non par ô combien elle satisfait les demandes des propriétaires et patrons d’entreprises. Evidemment, parce que les entreprises sont des moyens utiles – et pratiquement indispensables – de répondre largement aux demandes des consommateurs, les politiques gouvernementales qui font obstacles au bon déroulement de ces moyens ne sont pas souhaitables. Mais de telles politiques qui bloquent ou découragent les activités commerciales ne sont pas économiquement indésirables parce qu’elles nuisent aux entreprises, mais plutôt parce qu’elles nuisent aux consommateurs. Quoiqu’il en soit, malgré ses défauts, la culture et les politiques américaines sont en réalité bien moins pro-business que d'autres cultures et politiques comme la France. Si vous cherchez vraiment un gouvernement qui est profondément pro-business – un gouvernement qui voit dans la protection des entreprises déjà existantes une fin louable en soi, un gouvernement qui transfère de force les ressources des contribuables et consommateurs afin de soutenir les intérêts matériels des entreprises en place – allez voir en France. Vous y trouverez ce que vous cherchez. En France, vous trouverez un des gouvernements les plus business-friendly de la planète. Pauvres français. Traduction d’Antoine Dornstetter pour Contrepoints de France Is "Pro-Business" in the Worst Possible Way de la Foundation for Economic Education. Donald Boudreaux est attaché supérieur du Friedrich Hayek Program for Advanced Study in Philosophy, Politics, and Economics au Mercatus Center (Université de George Mason), membre du conseil d’administration du Mercatus Center, professeur d’économie, ancien président du département d’économie de l’université George Mason et ancien président de la Foundation for Economic Education. Possibilité de changer le dernier lien au gré de l'actualité ^^
F. mas Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Merci toinou, visiblement, passées sous le radar ! :/ On va en faire quelque chose.
Rincevent Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Je crois aussi qu'il y a une vieille traduction portant sur Star Trek, non ?
Rübezahl Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Je débarque un peu là dessus, utilisez-vous des plateformes collaborative comme framapad ? Cela permet de facilement proofread ou scinder le travail. oui, on utilise framapad de temps à autre.
Romy Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 La naissance de la finance vue par Netflix https://fee.org/articles/netflix-does-the-birth-of-modern-finance-with-drama/ Et voilà. Quand ce fut possible j'ai changé les liens vers leurs versions françaises dont Catallaxia pour Benjamin Constant. Word à télécharger ici: https://framadrop.org/r/kGx1BlCUsu#h7iTqtvFpAc7thCm5Em4dllFDnj1NFuDm9IE8MEaBLU= La naissance de la finance moderne mise en scène par Netflix Par Jeffrey Tucker C’est une époque de mutations sociales spectaculaires, celles-ci sont en train de déstabiliser toute la politique et de donner naissance à un monde nouveau. L’aristocratie perd de son pouvoir au profit d’une nouvelle classe commerciale faite d’innovateurs. Selon les principes nouveaux, il n’est plus question de gouverner mais de servir. Appartenir à la royauté signifiait diriger le monde, mais c’est maintenant terminé. Pour la royauté, les caisses sont désormais vides et il faut se tourner vers la récente richesse d’une catégorie du peuple qui a misé sur les nouvelles technologies. En retour, ces nouvelles technologies ont créé de nouvelles opportunités de gagner de l’argent d’une façon jusque-là sans précédent. Au lieu de fabriquer quelque chose, ces individus fournissent un service dont les gens ont besoin et cela les rend extrêmement riches. Mais de temps à autre, la peste noire fait son apparition et gâche tout. Et oui, la description ci-dessus évoque en réalité l’Italie du XVème siècle, une époque qui prend magnifiquement vie sur nos écrans dans la nouvelle série de Netflix, les Médicis : Maîtres de Florence. La première saison s’attarde sur la seconde génération de ces banquiers durant la vie du fondateur de l’empire familial, Cosimo di Giovanni de' Medici (1389-1464). Ses deux fils se battaient alors pour le contrôle de cet empire en expansion. Cette époque est celle aussi de la naissance de la finance commerciale moderne. Plus encore, nous y voyons la naissance de la culture commerciale moderne : un nouveau système d’organisation sociale qui bouleversa les attentes et les normes ancestrales dictant qui gouverne et qui obéit. Le commerce fut une nouvelle force dans la société qui libéra les masses de l’ordre ancien. Le féodalisme devint une chose du passé alors que des vagues de la population européenne furent entraînées par ce mouvement et quittèrent leurs terres historiques pour de nouveaux centres commerciaux comme Florence. Le commerce changea tout, de l’art à l’architecture en passant par la musique et les mœurs sexuelles. Tout ce que les gens croyaient immuable fut remis en question. Je fus déçu que la série ne s’attarde pas plus sur le monde de la banque, qui était ma motivation principale pour la regarder. De manière prévisible, l’attention se porte sur les amours, les conflits émotionnels et les vies privées des personnages principaux. Cependant, si vous persistez de grands thèmes économiques font leur apparition et ils sont dépeints de manière très juste. La ligne de démarcation entre les forces réactionnaires et celles du progrès apparait clairement. Les Médicis furent handicapés par deux fardeaux hérités de l’ancien monde. D’abord, ils étaient des marchands et les marchands n’avaient jamais été bien considérés par la société. Ensuite, ils étaient constamment sous le feu de la menace pour suspicion d’usure, qui était alors condamnée par l’Église catholique. Permettez-moi une rapide digression sur le second point. La question de l’usure La série produite par Netflix nous montre la famille Médicis évitant scrupuleusement ce qui était alors considéré comme de l’usure. Cette condamnation remonte aux premières années de la foi chrétienne mais elle cessa au XVIème siècle. L’usure fut libéralisée par la loi au XVIIIème siècle et aujourd’hui elle n’est même plus considérée comme un problème. On ne parle presque plus de l’usure hormis quelques avertissements superficiels (et ce qui constitue la différence entre l’usure et l’intérêt est précisément ce qui n’y est jamais explicité). Même la Catholic Encyclopedia de 1912 nous dit que l’Église « permet la pratique générale du prêt à intérêt sans que l’on ait besoin de rapporter si, en prêtant son argent, on a souffert d’une perte ou d’un manque à gagner, à condition d’exiger un intérêt modéré pour la somme prêtée. » Cette vision s’oppose complètement à celle qui prévalut de l’âge des Pères de l’Église jusqu’au haut Moyen-Âge. Durant cette période, et tout autant si ce n’est plus que l’Islam, l’Église s’opposa frontalement à l’institution de l’intérêt. Cela ne commença à changer qu’avec le développement d’institutions monétaires sophistiquées durant l’époque des Médicis. Cela permit aux théologiens de se pencher sur le sujet avec plus d’attention et de comprendre que l’intérêt n’est pas différent de tout autre prix sur le marché, c’est-à-dire quelque chose qui doit être négocié librement entre les parties impliquées et qui reflète les variations de l’offre et de la demande. L’une des premières déclarations contre l’intérêt vient du Concile de Nicée qui chercha à réprimer les pratiques cupides du clergé, parmi lesquelles on trouvait le prêt d’argent visant le profit. Le Concile le condamna ainsi que toute autre tentative de « gain malhonnête ». C’était sûrement une sage décision, nécessaire pour arrêter la corruption mais il y avait juste un léger problème. Le Concile élargit son mandat au-delà de la prêtrise et laissa entendre que la pratique était universellement mauvaise. Ce fut une preuve écrite supplémentaire prouvant ce que disait le Psalmiste (ndt : le roi David) sur le caractère intrinsèquement immoral de l’intérêt : «Il n'exige point d'intérêt de son argent. Et il n'accepte point de don contre l'innocent. Celui qui se conduit ainsi ne chancelle jamais.» Ceci implique que la règle se rapportant au clergé reflétait en réalité un principe social général. Et ainsi commença la longue et tragique histoire de la guerre millénaire de l’Église catholique contre l’intérêt et la profession de prêteur d’argent. Et c’est une guerre bien étrange qui fut entreprise sur une base faible voire inexistante d’Ecritures (ce qui précède ne suffit guère). Attaquer les prêteurs comme des hérétiques n’est pas en concordance avec les accords commerciaux habituels. Cela contredit même la parabole des talents de Jésus qui présume et loue l’existence des prêteurs d’argent et où laisser l’argent dormir est considéré comme de la prodigalité. La guerre contre l’intérêt était une guerre contre la logique économique élémentaire. Les biens présents ont plus de valeur que les biens futurs, il est donc sensé qu’une personne voulant quelque chose plus tôt que tard, mais qui n’a pas l’argent présentement, accepte de payer un supplément. De plus, prêter est toujours risqué et il est logique qu’il y ait une récompense pour ceux qui prennent un risque. Enfin, l’argent prêté ne peut pas être utilisé par son propriétaire. Il y a donc un coût d’opportunité qui doit être rémunéré et indemnisé. Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, l’intérêt est une composante normale d’une société aux échanges pacifiques. Les poules et les œufs Pour comprendre le point qui suit, il est utile de considérer le cas du troc dans une société irrémédiablement pauvre. Disons que vous avez deux poules mais n’en avez besoin que d’une seule. Un type croise votre chemin et veut l’autre poule mais il n’a pas d’argent. Il vous propose une pomme de terre, c’est-à-dire un marché plutôt minable dans le cadre d’un échange d’une unité contre une autre. Mais malgré tout, vous voulez qu’il ait la poule et, de toute façon, vous n’en avez pas besoin présentement, donc vous lui proposez un marché. Il peut avoir la poule s’il vous donne une partie des œufs qu’elle pondra pendant un mois. Après, il sera propriétaire de la poule. Vous êtes heureux. Il est heureux. Tout le monde y gagne. Mais pourquoi ce supplément payé en œufs ? Il voulait la poule maintenant et vous n’en aviez pas besoin maintenant. Il paye donc pour satisfaire son besoin plus urgent que le vôtre et vous êtes ravi d’abandonner votre poule à condition d’en tirer un revenu. C’est de cette façon que l’intérêt fonctionne dans une économie de troc. Il est vrai qu’il n’y a pas d’argent en jeu mais le principe est le même que ce qui est considéré comme un élément normal de la vie commerciale d’aujourd’hui. En vérité, l’Église ne s’est jamais opposée à ce type de marché. Après tout, pour quels motifs pourrait-on le faire ? Le bénéfice est mutuel et personne n’est abusé. Tout se fait en transparence. On pourrait même dire que la société en devient meilleure. L’alternative voudrait qu’on ait d’un côté une personne sans nourriture et de l’autre une autre personne qui détient une ressource non utilisée. Il vaut mieux atteindre un plus grand degré d’harmonie sociale avec ce genre de marché que de se contenter de l’alternative inférieure. Introduire l’argent dans cette histoire ne change rien d’un point de vue moral car l’argent ne fait que se substituer aux biens. C’est le bien le plus précieux dans une société, quelque chose que l’on acquiert non pour sa consommation mais pour le garder et l’échanger contre d’autres biens. L’argent a aussi une fonction comptable importante : généralement on ne peut ni ajouter ni soustraire des biens troqués (une vache, une pomme ou un iPad ne peuvent pas être cumulés) mais c’est possible de le faire en termes monétaires. Mais pour une quelconque raison inconnue, les gens perdent la raison dès qu’on évoque l’argent. Ils supposent que quelque chose de malsain doit être derrière tout ça parce que les échanges deviennent complexes et bien développés. Comment peut-on devenir riche sans rien créer mais simplement en arbitrant entre le présent et le futur ? Cette pratique n’est-elle pas moralement douteuse ? Avant le haut Moyen-Âge, il n’était pas courant pour la majorité de la population de posséder de l’argent. La plupart des paysans travaillaient pour de la nourriture et échangeaient ce qu’ils produisaient contre de la nourriture. Les économies étaient locales et les institutions financières seulement accessibles aux plus riches et aux plus puissants. Manipuler de l’argent n’était pas une expérience commune pour la majorité. Ainsi, emprunter et prêter de l’argent a pu leur apparaître comme l’apanage exclusif des pécheurs. D’un point de vue catholique, il y a un problème supplémentaire qui concerne un sujet difficile : les Juifs. Beaucoup avaient tendance à être prêteurs d’argent et c’était un problème à une époque de préoccupations religieuses intenses et sectaires. En fait, on croise souvent cette problématique dans la législation de l’Église au Moyen-Âge: tous les types d’interdictions et d’indulgences nomment les Juifs en particulier (on peut lire Milton Friedman sur les implications que cela eut sur l‘attitude des Juifs du XXème siècle envers le socialisme). Plus tard au Moyen-Âge, à partir du XVème siècle, les économies ont commencé à changer radicalement. Le féodalisme laissait peu à peu la place au capitalisme, l’argent et la finance étaient devenus une part de plus en plus importante de la vie de tous les jours. L’emprunt et le prêt d’argent étaient la règle plus que l’exception au cœur d’une vie commerciale qui concernait un éventail de la population de plus en plus large. Arrivent les Médicis Les Catholiques eux-mêmes devinrent des acteurs majeurs dans le monde naissant de la haute finance, particulièrement avec les Médicis, famille de banquiers, et plus tard avec la famille Fugger qui leur succéda en matière de prédominance économique. Ce furent les néo-thomistes qui entamèrent le processus d’éclaircissement de la doctrine traditionnelle et qui ouvrirent la voie vers une légitimation totale de l’intérêt. C’est à Conrad Summenhart (1465-1511), titulaire de la chaire de théologie à Tubingen, que l’on doit les premières grandes avancées. Il commença par faire des exceptions à la doctrine rigide et écrivit que l’argent en lui-même est bénéfique, un bien qui peut être acheté et vendu comme n’importe quel autre. Quand un détenteur d’argent prête, il abandonne quelque chose qui autrement lui aurait été profitable. Il devrait donc être compensé pour sa perte comme le sont les marchands. De plus, pour Summerhart il peut être utile de voir dans l’argent versé en échange des services de prêt un don au prêteur en signe d’appréciation. Summerhart n’est pas allé jusqu’à autoriser l’intérêt mais il indiqua que si ni le prêteur ni l’emprunteur ne le voyait comme tel alors c’était permis. Ainsi, l’intérêt était réduit à un état d’esprit plutôt qu’à une réalité objective mais cela représentait déjà un grand progrès pour la doctrine de l’Église. La prochaine et ultime étape pour la libéralisation de l’intérêt fut entreprise par Thomas De Vio, Cardinal Cajetan (1468-1534). Il était le théologien catholique le plus éminent de son temps, un favori du Pape et un défenseur du catholicisme face à Matin Luther. En matière d’économie, ses écrits étaient les plus sophistiqués de son époque. Il approuva totalement la pensée de Summenhart et la poussa encore plus loin, affirmant que n’importe quel contrat de prêt était légitime si l’emprunteur et le prêteur y avaient consenti dans l’anticipation d’un bénéfice économique. Il analysa soigneusement point par point les écrits de Saint Thomas d’Aquin sur le sujet et démontra qu’il était parfaitement juste pour le prêteur, qui abandonne l’usage de sa propriété, de prélever une commission. Depuis cette époque, il n’y a pas eu de réel débat sur cette question dans l’Église. Oui, on continue de mettre en garde contre l’usure mais personne ne tente désormais de faire une vraie distinction avec l’intérêt. Ces termes furent un temps synonymes. Aujourd’hui si on les distingue encore ce n’est qu’une manifestation du préjugé durable dont souffre le prêteur qui ferait preuve dans son travail de plus d’avarice que de charité. Mais en pratique, il n’y a pas de différence claire. Par ailleurs, même les taux de prêt qui paraissent usuraires ont une fonction sociale: plus le taux d’intérêt est haut, plus l’épargne est encouragée et l’emprunt dissuadé. Dans tous les cas, l’économie n’est pas le domaine premier des compétences de l’Église, et parfois la ligne séparant la théorie économique de la foi et de la morale peut devenir floue. A elle seule, cette histoire devrait instiller une dose d’humilité aux penseurs de l’Église et servir de mise en garde dès que l’on parle d’économie et des autres sciences. De nouvelles richesses Il y a plusieurs moments dans la série consacrée aux Médicis où la nature volontaire de leurs affaires est mise clairement en lumière. On s’intéresse notamment à l’investissement dans de nouveaux secteurs. Les Médicis ont des fonds et sont heureux d’investir dans d’autres entreprises à condition qu’ils en obtiennent un juste retour. Techniquement il ne s’agit pas d’usure malgré des suspicions publiques bien répandues. Le mariage fait aussi partie de ces domaines où l’échange, pas vraiment volontaire, s’applique. Les Médicis avaient besoin de la protection des familles royales et celles-ci avaient besoin de l’argent des Médicis. L’amour perdu sert de canevas pour l’inévitable drame romantique de la série. Quelle était la position de l’Église face à tous ces bouleversements? Quelque part au milieu. L’Église aussi avait besoin d’argent. La famille Médicis réussit brillamment à acheter pour ses membres des positions dans la hiérarchie ecclésiastique, positions très prisées car l’Église avait alors une influence considérable sur la politique. Plus tard, plusieurs membres de la famille prirent le contrôle de la Papauté elle-même. La famille Médicis prisait la protection politique (Machiavel était leur conseiller le plus célèbre). Elle avait besoin de stabilité politique à Florence et d’être protégée contre les soulèvements populistes instigués par les membres envieux et confus de la classe moyenne, alors en expansion, qui ne comprenaient pas pour quelle raison on pouvait devenir riche sans rien produire. Les Médicis devaient garder ces mouvements populistes à distance afin d’assurer un environnement favorable aux affaires. Ce que j’ai préféré dans la série fut la représentation des Médicis comme la force la plus socialement progressiste du Moyen-Âge tardif. Ils œuvraient pour apporter la richesse et des opportunités à tous, quelle que soit leur position sociale. Pourtant, et sans exception, dès qu’une épidémie s’abattait on blâmait les Médicis car, sans doute possible, c’était là la volonté de Dieu qui s’exprimait contre les usuriers. Bien sûr! Et oui, le XVème siècle avait lui aussi son mouvement Occupy Wall Street. Quand bien même, il est historiquement établi que les Médicis représentaient le progrès social et cela m’évoque le grand et formidable essai de Benjamin Constant: De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes. La montée du commerce moderne redéfinit la signification de la liberté elle-même. Dans l’ancien monde, être un citoyen libre voulait dire que l’on avait de l’influence sur les affaires de l’État. Dans le nouveau monde qui émergeait des dernières années du Moyen-Âge, la liberté appartenait à tous, mais elle recouvrait principalement les droits de propriété et l’accès à la sphère commerciale. C’est cette seconde forme de liberté qui fut le fondement des Lumières écossaises, de la naissance du libéralisme, de la Révolution américaine et de la dynamique centrale qui explique les progrès du commerce actuel. Il n’est que trop facile d’oublier combien de temps il fut nécessaire pour que cette révolution se développe. Ses racines européennes remontent exactement à la période couverte par la série de Netflix. Parce qu’elle nous ouvre une fenêtre sur ce monde à propos duquel les étudiants actuels ne connaissent pratiquement rien, Netflix mérite d’énormes félicitations. Au bout du compte, le thème de cette série est que le commerce, et la finance commerciale, est pour l’humanité une source de libération face aux puissants et aux réactionnaires. Et c’est en soi une belle conclusion à en tirer. A mesure que les siècles passent, cette dynamique n’en est devenue que plus évidente et présente dans la vie des gens. Elle perdure aujourd’hui, bien qu’elle n’apparaisse plus si clairement. Les défenseurs du libéralisme ont plus que besoin de connaître cette histoire et d’avoir de la sympathie pour ces banquiers de jadis et ce qu’ils durent traverser juste pour se créer un espace de légitimité morale. Il est trop facile de prendre tout ça pour acquis de nos jours, mais il ne faut jamais oublier que la nature ne fournit aucune des richesses qui nous entourent. Elles doivent être créées et la finance moderne y joue un rôle majeur. Le monde des Médicis n’est en somme pas si différent du nôtre. Nous avons juste moins de mariages arrangés et beaucoup moins de peste noire.
fryer Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Merci à tous ceux qui prennent le temps de faire des trads
NoName Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Hello. Ça faut plusieurs fois que je me dit que ce Blogger a quelques billets très sympa à traduire. Je pense par exemple à celui-ci http://www.wisdomination.com/a-great-solution-to-robots-destroying-jobs/ Et surtout celui-ci http://www.wisdomination.com/collectivism-doesnt-exist/ Le ton est plus détendu que ce qui se fait habituellement sur Contrepoint. Si ça intéresse, je veux bien essayer de le démarcher.
Serge Posté 23 décembre 2016 Signaler Posté 23 décembre 2016 Merci à tous ceux qui prennent le temps de faire des trads Oui, il faut les applaudir !
Nick de Cusa Posté 24 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 24 décembre 2016 Merci à tous ceux qui prennent le temps de faire des trads +1
Séverine B Posté 24 décembre 2016 Signaler Posté 24 décembre 2016 Et voilà. Quand ce fut possible j'ai changé les liens vers leurs versions françaises dont Catallaxia pour Benjamin Constant. Word à télécharger ici: https://framadrop.org/r/kGx1BlCUsu#h7iTqtvFpAc7thCm5Em4dllFDnj1NFuDm9IE8MEaBLU= Quel travail ! Merci !
Romy Posté 25 décembre 2016 Signaler Posté 25 décembre 2016 Désolée mais ça déconne sérieusement avec mon téléphone. Double post, moitié du message effacé et je ne peux pas éditer. Je voulais surtout faire remarquer que j'ai fait un contresens en traduisant littéralement haut Moyen-âge par high Middle Ages. Il faudrait utiliser Moyen-Âge central. Je suis loin d'être bilingue mais j'espère que c'est globalement au niveau.
Nick de Cusa Posté 26 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 26 décembre 2016 Brexit, et l'Agence Européenne des Médicaments à Londres ? http://eureferendum.com/blogview.aspx?blogno=86323
Nick de Cusa Posté 26 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 26 décembre 2016 Le mythe du CO2 dangereux https://www.masterresource.org/carbon-dioxide/myth-harmful-co2/
Nick de Cusa Posté 26 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 26 décembre 2016 Refroidissement climatique et fake news Wikipedia https://wattsupwiththat.com/2016/12/25/global-cooling-and-wikipedia-fake-news/
Nick de Cusa Posté 26 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 26 décembre 2016 Essentiel et simple, Le corporatisme n'est pas le capitalisme, https://alibertarianfuture.com/big-government/capitalism-is-not-corporatism/
Nick de Cusa Posté 27 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 27 décembre 2016 Pourquoi Obama a échoué, https://fee.org/articles/why-obama-failed/
Nick de Cusa Posté 27 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 27 décembre 2016 Pourquoi tant de célébrités meurent, https://fee.org/articles/dying-celebrities-are-a-sign-of-thriving-economies/
Nick de Cusa Posté 27 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 27 décembre 2016 Brexit, et l'Agence Européenne des Médicaments à Londres ? http://eureferendum.com/blogview.aspx?blogno=86323 fait
Nick de Cusa Posté 28 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 28 décembre 2016 Ce vrai restaurant communiste a échoué. Pourquoi ? https://fee.org/articles/marxism-on-the-menu-why-the-communist-restaurant-failed/
Nick de Cusa Posté 28 décembre 2016 Auteur Signaler Posté 28 décembre 2016 Pourquoi tant de célébrités meurent, https://fee.org/articles/dying-celebrities-are-a-sign-of-thriving-economies/ je prends
Romy Posté 28 décembre 2016 Signaler Posté 28 décembre 2016 Pourquoi Obama a échoué, https://fee.org/articles/why-obama-failed/ Je prends. Je le trouve vraiment bien cet article parce qu'il donne à Obama le bénéfice du doute sur ses intentions et n'est pas juste "contre". C'est assez accessible à ceux qui le portent aux nues, la majorité en France.
Nick de Cusa Posté 1 janvier 2017 Auteur Signaler Posté 1 janvier 2017 Pourquoi Trotsky était-il favorable à l'eugénisme ? https://fee.org/articles/why-did-leon-trotsky-favor-eugenics/
Romy Posté 2 janvier 2017 Signaler Posté 2 janvier 2017 Pourquoi Obama a échoué, https://fee.org/articles/why-obama-failed/ Le document ici: https://framadrop.org/r/hLfHq3lEpq#rZriCJML1M8kRlHfv5QPTIxz/HuWQS2NFHCUz2e+ZkY= Pourquoi Obama a échoué Par Jeffrey Tucker https://fee.org/articles/why-obama-failed/ De toute ma vie, aucune présidence n’a été accueillie avec autant d’enthousiasme et autant d’espoirs démesurés que celle de Barack Obama. Dès le début de son premier mandat, un engouement proche du culte s’était déjà développé parmi l’élite intellectuelle et médiatique. C’était l’aube d’une nouvelle ère, marquée par des attentes exubérantes en matière de justice, d’équité, d’égalité, de paix et de bonheur pour les quatre coins du pays. Si on considère l’intelligence manifeste, l’érudition et les bonnes intentions de ce grand homme, toutes ces prévisions ne pouvaient étaient vues que comme des certitudes. Le site Salon.com résume l’ère Obama ainsi : « En 2008, Obama a fait campagne sur l’espoir et cela a contribué à attirer un électorat vaste et divers, excité à l’idée que cet homme plein de charme, qui a tout du héros de feel-good movie, puisse nous donner un happy end. Obama a passé les années suivantes à cultiver cette image… Tout au long de ses mandats, il a incarné l’espoir et a remporté d’impressionnantes victoires qui justifient son image héroïque: l’adoption de la législation sur les soins de santé universels, l’assassinat d’Osama bin Laden, le rétablissement de la bureaucratie fédérale qui en majeure partie a refonctionné comme elle était censée le faire. » Maintenant, deux mois après le plus grand bouleversement politique que la majorité d’entre nous ne connaîtra jamais, une nouvelle réalité est en train de poindre : Obama a échoué. Les succès supposés comme l’Affordable Care Act se sont transformés en tas de poussière. Ne reste qu’une énorme masse de décrets et de lois signées qui semble destinée à être abrogée. Huit années au pouvoir pour bien peu de résultats. La croissance n’a jamais décollé. L’espoir et le vent du changement se sont transformés en frustration et en peur. Le dernier mois d’Obama au pouvoir s’est résumé à un affairement frénétique. Il devait faire quelque chose d’important, n’importe quoi, pour assurer sa place dans l’histoire : relâcher des prisonniers, imposer de nouvelles lois ou faire une dernière pirouette. Pourquoi cet échec A quoi cet échec est-il dû ? Au début comme à la fin, la raison est toujours la même. Malgré son intelligence, son érudition, son sérieux, son génie des relations publiques et sa maîtrise totale du spectacle à l’hollywoodienne nécessaire à une présidence, le problème central d’Obama a été son incapacité à adresser la préoccupation principale de tous les Américains : leur niveau de vie. Autrement dit, malgré ses propres espérances et son charisme, malgré ses experts et leurs impressionnants CV, malgré son cabinet prestigieux, malgré l’enthousiasme de ses partisans, Obama n’a pas mis fin à la stagnation économique chronique. Le film est terminé. Nous quittons le cinéma avec notre paquet de pop-corn vide et notre soda sans bulle, et de nouveau nous sommes confrontés au monde réel et non à la version fantasmée que nous avons vue sur l’écran. Plusieurs facteurs peuvent être mis en cause mais supposons qu’Obama et son équipe soient véritablement arrivés avec les meilleures intentions. Quelle pièce du puzzle manque-t-il ? Il n’a jamais compris l’économie et a toujours accordé trop peu de crédit au pouvoir qu’a la liberté d’engendrer richesse et prospérité. Bien que ne faisant pas la même analyse que moi, les Greenberg ont bien décrit le problème : «Dans l’héritage Obama, on doit déplorer les plus de mille Démocrates qui ont perdu les élections durant ses deux mandats. Les Républicains ont désormais le contrôle total dans la moitié des États américains. Pourquoi un tel carnage politique ? Devant faire face à l’effondrement possible de l’économie lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Mr Obama a consacré sa présidence à la reprise économique, commençant par la restauration du secteur financier. Mais il n’a jamais mis au centre de sa mission économique la question des salaires stagnants et des inégalités galopantes, alors que pendant ces huit années la majorité des Américains a connu de graves difficultés financières.» Ce qui veut bien dire que l’échec du programme économique d’Obama a mis son parti en déroute. «Pendant ce temps, Mr Obama a refusé de véritablement consacrer du temps et des ressources pour expliquer efficacement son action. Il pensait que les améliorations visibles sur le terrain, particulièrement celles dues à ses politiques économiques et au Affordable Care Act, réussiraient à lui donner raison et à marginaliser ses opposants.» Il a vraiment cru que ça marcherait, bien que quiconque possédant quelques bases en matière d’économie pouvait prévoir l’échec de l’ACA. Toute personne familière de l’histoire du socialisme pouvait voir qu’un tel dispositif fondé sur le commandement et le contrôle contenait en soi les germes de son échec. «Sans Président qui éduque le public sur son plan d’action, les efforts de relance économique se sont limités pour les électeurs aux renflouements: renflouements des banques, renflouements des constructeurs automobiles ou renflouements des assurances. Dès sa seconde année au pouvoir, Mr Obama a mis en avant la création de nouveaux emplois et a exhorté les Démocrates à soutenir nos «progrès». Quand le Président Obama a commencé à porter son attention sur les ‘laissés pour compte’ ne profitant pas de la reprise, il a alors appelé à construire une ‘échelle d’opportunité’. Cela a envoyé comme signal que le Président croyait que c’était bien le manque d’opportunités pour une nouvelle Amérique multiculturelle et en ascension qui était le principal défi économique du pays et non le combat économique sans fin que menait la majorité de la population.» Ce qui veut bien dire qu’il a pris la création de richesse comme allant de soi, comme s’il s’agissait d’une machine fonctionnant toute seule sans carburant. Son gouvernement a considéré que ses missions se limitaient à ce que les médias et les élites intellectuelles applaudissaient : obtenir des résultats cosmétiques sur des causes sans substance de justice sociale, d’intégration culturelle et de gestion progressiste de l’État. Il est certain que des changements de politiques auraient pu être accomplis sur ce front, comme la fin de la guerre contre la drogue ou la réforme pénale, mais ils ont été trop inconséquents ou bien sont arrivés trop tard. Une méconnaissance de l’économie La première analyse en profondeur de la vision d’Obama sur l’économie que j’ai lue a été écrite par David Leonhardt en août 2008 après toute une série d’interviews avec le candidat à la présidentielle. Comme d’habitude, Obama s’est montré éloquent. Sur sa vision de l’économie, cependant, il s’est montré vague, revenant par défaut à un centre technocratique qui rejette à la fois le marché libre et le socialisme. Leonhardt l’a vite compris et a commenté : «Il peut être inspirant lorsqu’il parle de comment le monde entier a fini par nous envier mais quand on en vient à ce qu’il veut faire par la suite, comment il veut faire en sorte que les États-Unis continuent d’être un modèle pour le monde, sa pensée prend la forme d’une longue liste de courses sur l’état de l’Union.» Une longue liste de courses de politiques, ça résume un peu près toute la pensée économique d’Obama. Il n’a jamais eu de grandes idées, un cadre de réflexion pour penser les fondamentaux de l’économie. Toutes les interviews de cette période illustrent à quel point on peut être brillant sans pour autant comprendre comment l’économie fonctionne. Il n’y comprenait tout simplement rien. Obama n’a jamais su d’où venait la richesse, comment la liberté contribue à sa création, comment le droit à la propriété privé crée un contexte sécurisant où la prospérité peut s’épanouir, et encore moins comment le gouvernement dans ses contrôles et ses missions nuit à la croissance. Chaque fois que les arguments précédents lui ont été présentés, il les a balayés comme des inventions héritées de l’ère Reagan. Et pour ne rien arranger, les gens à la mode ont toujours applaudi les dénonciations de la théorie du ruissellement. La prise de pouvoir des technocrates Obama est entré à la Maison Blanche en 2009 au milieu d’un cataclysme financier. Il a dû faire face à un fatras incroyable de renflouements et d’interventions monétaires qu’il ne pouvait même pas commencer à comprendre. Il a continué la politique de son prédécesseur. Comme Bush il a fait le choix de la tolérance zéro envers tout ralentissement économique, aussi bref soit-il. Il a formé son équipe de technocrates et d’experts en renflouement et n’est jamais revenu là-dessus. Dans une certaine mesure, c’est bien compréhensible. Le courant majoritaire des économistes a depuis longtemps transformé la question de la prospérité en une affaire technique. La gestion scientifique des agrégats macroéconomiques peut influencer les résultats si les bons experts sont aux manettes et ont à disposition des ressources et un pouvoir suffisants. Manquant de convictions propres, Obama a sous-traité le sujet à tout ce courant majoritaire, pompeux et suffisant. Et ils l’ont laissé tomber, ils nous ont laissés tomber. Huit ans plus tard, en avril 2016, dans une autre interview pour le New York Times, Obama semble toujours aussi perdu sur le sujet. «Il y a bien trois ou quatre choses de bon sens que nous aurions pu faire grâce auxquelles nous aurions pu impulser une hausse d’un pourcent ou deux par an, » indique Obama. « Nous aurions pu faire baisser le taux de chômage plus bas, plus vite. Nous aurions pu faire augmenter les salaires encore plus vite que nous ne l’avons fait. Et tout ça me maintient éveillé la nuit parfois.» Aujourd’hui encore, il ne prête toujours pas l’oreille. Comment aurait-il précisément pu faire baisser le chômage ? Comment allait-il faire monter les salaires ? Il n’y a pas de tour de contrôle à Washington, D.C, où vous pouvez entrer, tourner un bouton pour réduire le chômage et donner un coup de pouce aux salaires. Si elle avait existé, il aurait certainement fait tout ça. La relation de cause à effet en économie continue de lui échapper. Dans une autre interview de 2016, faisant face à l’échec de sa politique de la santé et de l’emploi, sa frustration a donné lieu à ce petit morceau d’honnêteté : «L’une des choses que j’ai constamment essayé de me rappeler durant ma présidence est le fait que l’économie n’est pas une abstraction. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut reconfigurer, mettre en pièces et remettre en place sans conséquence. » C’est incroyable qu’il ait dû «se rappeler» que personne ne peut reconfigurer une économie. Tant mieux, toutefois, qu’il l’ait compris. Il aurait été bénéfique qu’il ait donné suite plus tôt et plus franchement aux implications de cette déclaration. Il aurait su alors que l’État ne peut pas produire de résultats bénéfiques mais peut seulement les entraver. Ce n’est pas en gouvernant que l’on crée des richesses D’une certaine façon, cet homme extrêmement instruit, au CV parfait et ayant l’entourage qu’il faut, a été la victime d’un système éducatif qui a dissimulé les grands principes de l’économie. Malgré ses grandes connaissances sur apparemment tous les sujets et son charme infini quand il s’agit de se vendre au public, le point le plus essentiel lui a échappé. Il n’a jamais compris que la richesse n’était pas un acquis. Elle doit être créée via l’entrepreneuriat, l’innovation, le commerce et l’expérimentation et ce par de vraies personnes qui ont besoin d’avoir les mains libres pour essayer et de ne pas être entravées par un État régulateur et confiscatoire. Cela n’arrive pas parce que nous avons un type sympa et populaire à la Maison Blanche. Cela arrive parce que les institutions sont les bonnes. Cette leçon on ne peut plus simple lui a échappé. Dans le cas contraire, sa présidence aurait pu être une réussite. Au lieu d’imposer en nombre de nouvelles réglementations et d’accoucher de la pire réforme du système de santé que l’Amérique ait connu, plombant l’industrie de fardeaux permanents, il aurait pu prendre la route opposée. Avisé, Obama a déclaré à la convention du parti démocrate que «nous ne cherchons pas à être gouvernés». «Les États-Unis ça n’a jamais été une personne nous disant ce qu’elle fera pour nous,» a-t-il ajouté. «Ça a toujours été ce que nous pouvons accomplir nous-mêmes, ensemble, à travers le difficile, lent, parfois frustrant mais finalement durable travail de l’auto-gouvernance.» Cette phrase était censée être une attaque contre Trump mais on peut aussi la voir comme une attaque contre la gestion de l’économie par son gouvernement. Si seulement il avait vu que l’auto-gouvernance n’est pas seulement vraie en politique mais qu’il s’agit aussi du principe fondamental de l’économie. Le voilà quittant ses fonctions, ne comprenant pas ce qui a mal tourné, inquiet de son héritage, alarmé par la destruction de son parti et effrayé par les forces réactionnaires que sa réforme du système de santé et une stagnation économique durable ont déchaînées. Il y a là une part de tragédie. C’est le destin d’un homme qui savait tout excepté la seule chose qu’il avait besoin de connaître afin de générer un espoir et un changement véritables et durables. Vous pouvez avoir les espoirs les plus hauts, les meilleures aspirations, un vaste soutien public et tous les appuis prestigieux du monde, mais si vous n’avez pas la bonne approche en économie rien d’autre ne fonctionnera comme vous le voudriez.
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