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Le Clown

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Tout ce qui a été posté par Le Clown

  1. Je ne dis pas le contraire. Je ne blâme pas l'employeur, mais le système économique qui l'amène à agir ainsi.
  2. Qui a parlé d'imposer ? La discussion est la base de la Démocratie. Du reste, il y a toujours une éthique qui prédomine à un moment donné. Ce qui est grave, c'est que l'on refuse d'en débattre et que l'on fasse passer les valeurs et normes dominantes comme "naturelles". Le monde social est un construit, il n'y a pas de lois naturelles. Le totalitarisme, c'est faire passer c'est valeurs pour "légitimes" via la propagande et l'endoctrinement. Exactement le contraire de la discussion scientifique que j'appelle de mes voeux.
  3. A quoi sert la réglementation en matière d'environnement ? A réguler l'activité économique polluante. Pourquoi les Etats-Unis ne ratifient-ils pas le protocole de Kyoto ? Parce que le système économique ne les incitent pas à le faire. Si le problème était seulement juridique, ça ferait longtemps que les problèmes de pollution seraient réglés. La vérité, c'est que la logique de notre système économique est incompatible avec la protection de l'environnement. Protéger l'environnement, ça revient à supprimer des opportunités de profit, donc c'est contradictoire, surtout si on raisonne à court terme. Et les trucs du style droits à polluer ne changeront rien : on bouche les trous, mais on ne résout pas le problème. Tout autre chose : que penser d'une entreprise qui délocalise à l'étranger et qui laisse sur le carreau des employés qui bossaient dans la boîte depuis 30 ans ? Tu vas peut-être dire, c'est la logique du "marché", c'est normal. Selon moi (c'est subjectif), cette logique n'est pas légitime, ce n'est pas juste. Bien sur, c'est un jugement de valeur qui n'a pas plus de légitimité que la logique de marché. Mais il faut au moins en discuter et il se trouve que ce genre de débat est particulièrement peu présent en économie (cad parmis les économistes du mainstream). Pour moi, il y a nécessité à réconcilier économie, droit et éthique.
  4. C'est vrai, il y a des économistes sociologues, mais on peut pas dire qu'ils font partis du mainstream. Concernant Becker, il a plutôt introduit une vision économique dans la sociologie (ex: le mariage, le crime) en appliquant séchement la rationalité économique à des domaines qui n'ont rien à voir. Pour moi, ces analyses ont vraiment peu d'intérêt, elles n'expliquent rien. Déjà que la science économique a du mal à traiter correctement les problèmes économiques, alors aller investir d'autres champs… Effectivement, il y a Herbert Simon (qui n'est d'ailleurs pas à proprement parler un économiste). Le problème, c'est qu'il a surtout été repris en gestion, mais très peu en économie (à l'exception de la théorie évolutionniste de la firme de Nelson et Winter). La théorie néoclassique a instrumentalisé le concept de rationalité limitée et l'a dépouillé de tout son intérêt. Parmis les auteurs ayant importés un peu de psychologie en économie, il y a aussi Hayek (The Sensory of Order). Mais il me semble que l'école autrichienne n'a pas vraiment exploité cet apport un peu oublié de Hayek. Oui, mais ce débat reste d'actualité. Voir par exemple la nouvelle économie institutionnelle de Douglass North (l'un des rares économistes du mainstream qui apporte selon moi vraiment quelque chose aujourd'hui) qui réintroduit l'histoire. Effectivement, le "as if" de Friedman est à la base de toute l'épistémologie néoclassique. Mais cette "technique" est quand même très criticable est elle est très critiquée. Il y a un courant philosophique, le réalisme critique, qui donne pas mal de pistes intéressantes sur le rapport entre les sciences sociales et la réalité. Je ne connais pas (encore) assez bien ce domaine pour en parler mais il y a déjà des éléments dans le texte que j'ai donné en lien. C'est vrai, il y a un danger de fournir un motif à la coercition. Mais cela dit, quand il apparait que l'on va manifestement dans un mur, il faut peut être penser à changer de direction. Un exemple : si l'on continue à développer notre activité économique sans égard pour l'écologie, dans 100 ans, y'aura un sacré bordel sur la planète. Autre exemple : qu'un américain ou un européen consomme plusieurs centaines de litres d'eau par jour pendant qu'une partie de la population mondiale n'a pas d'eau potable, ça pose problème. Une interrogation sur les fins de notre "développement" économique s'impose.
  5. Je vais essayer de répondre globalement à vos intéressantes remarques. Concernant l'interrogation sur les fins de l'action, il est vrai que la praxéologie et la théorie néoclassique ont en commun de la rejeter. C'est, a priori, louable car ce faisant on évite tout jugement de valeur et on prétend à l'objectivité. Mais je pense que l'on a aujourd'hui trop poussé cette logique positiviste au point de faire de l'économie une simple science technique. Il faut quand même se rappeler que jusqu'au 18ème siècle et Adam Smith, l'économie était une branche de la philosophie morale. L'autonomisation de la science économique, que l'on relie souvent aux travaux de Smith (ce qui est d'ailleurs très discutable), a été présenté comme un progrès. Mais je pense qu'on en est arrivé à un point où une réinterrogation sur les fins de l'activité économique ne serait pas inutile. Parallèlement, l'économie s'est aussi émancipée de toutes les autres sciences sociales. Ici encore, cette logique a été poussé à son paroxisme et on arrive à une situation absurde. Les économistes néoclassiques font de l'usage des mathématiques un gage de scientificité. Mais parallèlement, ils oublient totalement les apports des autres disciplines qu'ils ne considèrent pas comme scientifiques, notamment l'histoire, la sociologie et les sciences cognitives. Je ne suis pas vraiment spécialiste de psychologie et je suis d'accord pour dire que cette discipline est incertaine (mais ni plus ni moins que l'économie). Mais, depuis 50 ans, il y a quand même eu des avancés indéniables et il est certains que la rationalité économique telle qu'elle est conçue par la plupart des économistes est fausse. Le développement de l'économie expérimentale est néanmoins une évolution positive en ce qu'elle met en valeur que le comportement humain est infiniment plus complexe que ce que les économistes veulent nous faire croire. Au sujet de la prise en compte des "données collectives" : il est vrai que la théorie néoclassique les intègrent implicitement via la fonction de préférence. Mais deux problèmes de posent : d'une part, cette fonction est considérée comme donnée et n'est pas expliquée, d'autre part elle est statique. Donc, on avance pas beaucoup. Pour ce qui est de faire des prédictions via la modélisation…je ne pense pas choquer beaucoup de pro-autrichien en disant que cela est illusoire : l'être humain n'est pas un atome et le monde social n'est pas le monde physique newtonnien. Le but de l'économie doit être de COMPRENDRE, la prévision peut être tenté mais en sachant qu'elle est profondément limitée. Sans compter le fait que la théorie néoclassique est profondément instrumentale (cad que les outils et les hypotèses sont au service de ce que l'on veut montrer), voir par exemple le statut des hypothèses d'opportunisme et de rationalité limitée dans la théorie des coûts de transaction : ces hypothèses (non expliquées au demeurant) servent uniquement à créer les coûts de transaction. Les hypothèses dans la théorie néoclassique ne sont pas réalistes mais instrumentales, comment dès lors prétendent faire des prédictions concernant le monde réel ? Le problème vient de l'exclusivité accordée au raisonnement hypothético-déductif. Comme je l'ai déjà dit, la praxéologie et l'approche autrichienne et pour moi beaucoup plus riche et subtile. Mais je persiste à dire que dans une démarche compréhensive (et non normative) il faut regarder ce qu'il y a derrière le concept de rationalité. Les individus ont toujours de bonnes raisons d'agir comme ils le font, il faut trouver ces raisons. Ce n'est peut être pas à l'économiste de le faire, d'où l'intérêt de tenir compte des autres sciences sociales. Enfin, le fait qu'un phénomène ne soit pas explicable par la réduction ne signifie pas qu'il faille se contenter de l'intuition (qui a cependant un rôle dans l'élaboration des hypothèses). Il faut accepter la complexité et surtout le non déterminisme du monde social. C'est pour ça que j'ai toujours du mal à parler de "lois" et de "prédictions" dans ce domaine. Il faut essayer de comprendre et éventuellement agir, à condition d'avoir posé la question des fins. D'où la nécessité de relier les différentes sciences sociales avec la philosophie. C'est la division des sciences sociales qui conduit au réductionnisme.
  6. Je m'explique : l'individualisme méthodologique, au même titre que le holisme, sont deux des nombreuses formes de réductionnismes (physique, biologique etc…), dans le sens où ces démarches tentent d'expliquer tous les faits sociaux selon une seule dimension. Le holisme veut tout expliquer par les entités collectives, quelques soient leurs formes (structurelle, informelle, matérielle…) et leur nature (sociale, politique, culturelle…). Cette explication est biaisée à la base car elle n'explique pas d'où viennent ces éléments collectifs et comment ils se sont formés. Bien souvent, comme par exemple dans le cas du matérialisme marxiste, on ne sait même pas comment ces entités collectives jouent sur la psychologie des individus pour les influencer. L'individualisme méthodologique est également un réductionnisme, que l'on peut décliner dans deux variantes : une forte et une "faible". La variante forte postule que tout part des individus et que tout est purement individuel. Cette version n'est guère défendable. La version "faible" est celle adoptée par l'approche autrichienne et la théorie néoclassique (encore que…) : tout part des individus et de leurs choix mais les entités collectives existent (Mises le dit lui-même) et elles ont, en théorie, un "feedback" sur les individus. Le problème qui se pose est alors celui de savoir s'il est possible de maintenir que tout parte des individus et cela nous amène au problème de régression déjà évoqué. Dès lors, les théories néoclassique et autrichienne mobilisent deux stratégies différentes : _La théorie néoclassique beckerienne fonde ses hypothèses comportementales sur des apports de la psychologie dont on sait qu'ils sont totalement réfutés aujourd'hui. Le comportement humain est considéré comme donné et il n'est pas analysé en lui-même. Le problème c'est que l'analyse repose sur des hypothèses fausses. _L'approche autrichienne, notamment Mises, est beaucoup plus subtile. Le concept de subjectivité est mobilisé afin de s'interdire de porter de jugement sur les actions des individus : si un individu a agit ainsi, c'est qu'il avait de bonnes raisons (propres à lui-même et non généralisables), donc son comportement est rationel. Seulement, un double problème se pose : d'une part, le concept de rationalité devient tautologique (tout comportement est rationnel ex-post) et n'explique donc plus rien, il devient infalsifiable. D'autre part, on explique pas ce qu'il y a derrière la subjectivité. Ce concept est mobilisé par les autrichiens pour exclure toutes considérations psychologiques de l'analyse ce qui est, à mon avis, une erreur. Le seule moyen de sortir du réductionnisme, c'est de reconnaitre l'existence de propriétés émergentes. Si on ne le fait pas, alors il faut accepter que tout phénomène soit explicable en des termes biologiques voir physiques. Si l'on suit la philosophie émergentiste, on doit reconnaitre qu'il est possible qu'une combinaison d'élément produise un résultat qui ne soit pas réductible à ses parties (ex : la conscience humaine). En clair, cela veut dire qu'une analyse n'est aps réductible à un seul niveua ontologique. Au niveau social, il y a l'individu (premier niveau ontologique) mais il y a aussi le résultat des actions des individus (deuxième niveau ontologique ex : la culture). Ces deux niveaux ne sont pas réductibles l'un à l'autre et agissent et rétroagissent l'un sur l'autre parallèlement et simultanément. Par avance, à ceux qui m'objecteront que ce second niveau ontologique n'a pas d'existence propre, je rappelerai que ce qui importe c'est bien l'effet et les conséquences d'une chose et non son existence matérielle. Ainsi, la culture n'a pas d'existence physique, pourtant elle influence bien notre vie et donc elle existe. Si l'on veut comprendre les faits sociaux, il faut donc prendre en considération ces deux dimensions et, surtout, expliquer comment un niveau influence l'autre. Cela nécessite d'abandonner le subjectivisme et de réintroduire la psychologie en économie comme dans toutes les sciences sociales. Le problème de la régression est alors résolu : le collectif n'est pas compréhensible sans l'individu, mais l'individu n'est pas compréhensible sans le collectif. L'homme de raison tel qu'on le connait est apparu en même temps que la communauté.
  7. Oui…mais non. L'évolution des sociétés humaines (puisque c'est de ça qu'il s'agit) ne relèvent pas d'une logique circulaire mais plutôt de celle de causalité cumulative. Il y a un point de départ théorique (la naissance de l'univers) et tout un cheminement qui nous amène là où on est aujourd'hui. C'est l'individualisme méthodologique, en refusant de prendre en compte l'existence de propriétés émergentes (que ce soit par le subjectivisme autrichien ou par le réductionnisme à la Marshall/Becker), qui créé cette illusion de circularité.
  8. Assez sévère mais je suis plutôt d'accord : Mises ne respecte pas son ontologie et a tendance à tomber dans le réductionnisme. Notamment, son individualisme est trop centré sur le subjectivisme et ne prend pas suffisament en compte les routines et autres éléments sociaux (dont Mises reconnait pourtant l'existence).
  9. J'ai trouvé un article intéressant sur les fondements ontologiques et épistémologiques des analyses de Mises. J'ai pas encore tout lu mais ça vaut le coup d'oeil. http://phare.univ-paris1.fr/pdf/Zwirn%20janv2005.pdf
  10. Oui, mais toute la question est de savoir dans quelle mesure l'individu est autonome dans ses choix. Le "backgroung" est incontestablement, non pas une limite, mais un vecteur dans l'exercice de la raison par l'individu, exercice par lequel les choix sont fais. Sans background, pas de raison et donc pas de choix possible (c'est un fait reconnu par la psychologie moderne). Par définition, l'individu qui choisit le fait dans un cadre prédéfini, qui échappe à sa conscience. Si on remonte aux origines, cela signifie que les habitudes ont étroitement précédées l'exercice de la raison et donc le choix des individus. Les individus n'ont pas pu faire de choix conscients avant d'avoir été déjà "formatés" inconsciemment. Mais de toute façon, ce genre de régression n'a guère d'intérêt. Ce que je veux dire, c'est que sans nier le fait que tout parte des intéractions entre individus (noter le pluriel), l'action de ces individus ne relève pas de la "raison pure" (Kant avait d'ailleur relever cette difficulté de l'articulation déterminisme/liberté) mais d'un savant mélange d'éléments conscients et inconscients, ces derniers n'étant pas réductible à une pure lecture individualiste.
  11. Il est vrai que tout phénomène social revient à une intéraction entre des individus. La vrai question est de savoir ce qu'est un individu. A sa naissance, ce n'est qu'un être doté de quelques instincts. Mais rapidement, il acquiert via des contacts avec autrui des "habitudes de pensées", à commencer par la langage. Ces habitudes contribuent à structurer l'esprit d'un individu, elles lui donnent des dispositions à agir, sans pour autant lui nier son autonomie (elles sont même nécessaire à cette autonomie). Ce que je veux dire c'est que, contrairement à ce que la conception cartésienne prétend, l'esprit humain n'est pas hors de l'expérience (il n'y a pas de distinction corps/esprit) et il est donc formé par elle. L'individu se constitue par sa relation aux autres et chacun a en soi une dimension collective : la culture, le langage, les valeurs en sont des exemples. Le problème de l'IM, c'est que pour être opérant, il est obligé de postuler de manière arbitraire un certain cadre institutionnel donné (je précise que j'entend par institution l'ensemble des coûtumes, routines et habitudes en vigueures) dans lequel les individus intéragissent. La théorie des jeux constitue d'ailleurs un bel exemple : les valeurs relatives aux choix des joueurs sont fonctions des "règles du jeu" (cad le cadre institutionnel). Expliquer les actions des joueurs nécessite donc d'expliquer ce cadre ce qui oblige à reconnaitre que l'action individuelle a, en partie, une dimension collective. En clair, la raison et l'esprit humain ont une dimension collective, vouloir expliquer un fait par l'individu renvoie toujours en arrière à la dimension collective de l'esprit humain.
  12. Le terme de "régression infinie" est mal adapté. Ce que je veux dire, c'est que l'IM pose un peu le problème de la poule et de l'oeuf. Si on admet que l'individu est structuré (en partie) par son environnement mais que l'on veut expliquer l'environnement par l'individu, on est confronté à un problème sans solution. Le point de départ de toute société est le langage et le langage est un phénomène collectif (on apprend à parler que via un contact avec autrui - du reste, quand on est seul, on a pas besoins de communiquer) qui contribue à construire la pensée humaine. Donc l'IM "pur" me parait difficilement tenable.
  13. Dans une perspective pragmatiste, je ferais remarquer que ce qui importe n'est pas la consistance matérielle d'une chose ou d'une entité mais plutôt ses effets. La conscience n'a pas d'existence matérielle, pourtant elle est bien réelle dans le sens où c'est elle qui nous anime en tant qu'Homme. L'"Etat" n'existe pas matériellement, pourtant il existe bien dans les faits, ne serait-ce que par l'emploi de la "violence légitime". Une chose existe par ses effets. Lire Peirce et James à ce sujet. Quant au vieux débat individualisme/holisme, il est aujourd'hui relativement admis qu'il est nécessaire de trouver un compromis entre les deux (certains parlent de "holindividualisme", d'autres d'institutionnalisme méthodologique). D'ailleurs, il faut remarquer que quelqu'un comme Nozick ("On Austrian Methodology", Synthese, 1977) pense que l'individidualisme méthodologique (IM) doit être abandonné. Le principal problème de l'IM, c'est celui de la régression infinie, problème qui apparait dès lors où l'on reconnait que l'environnement institutionnel (au sens large) influence les individus. Si on définit l'IM comme le fait que toute explication d'un fait doit être faite en partant et en revenant à l'individu (définition de Elster), alors on a un problème : le préalable à tout phénomène social (cad incluant au moins deux individus) est le langage (dans sa forme la plus rudimentaire permettant la communication), or, le langage est par nature un phénomène collectif et le fruit d'une intéraction. En tant qu'institution première, le langage est à la base du développement des sociétés humaines. On ne peut donc expliquer celles-ci suivant l'IM strict. Il faut donc admettre, sans pour autant lui donner la prééminence, la dimension collective de tout phénomène social.
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