Aller au contenu

Ecologie Libérale: Le 1er Août Des Imposteurs


Marchange

Messages recommandés

http://www.hebdo.ch/index.cfm?id=2693

Le mouvement de la Vaudoise Isabelle Chevalley tire à boulets rouges contre l'importation des produits hors saison pour défendre la production locale. Pour leur 1er Août, de nombreux élus de droite ont flairé le bon filon. Par Eric Felley.

Qu'est-ce qui peut réunir sous une même bannière l'UDC vaudois Martin Chevallaz, le radical genevois Pierre Maudet ou le démocrate-chrétien jurassien Pierre Kohler? Ils font partie du mouvement Ecologie libérale créé en 2003 par la libérale vaudoise Isabelle Chevalley, actuellement présidente. A l'occasion de la Fête nationale, ils ont lancé un appel patriotique dans les six cantons romands avec ce slogan: «Le 1er Août, consommez suisse.» Le Nouvelliste a répercuté l'opération en présentant d'autres protagonistes venus opportunément se greffer sur l'opération: le radical Jean-René Germanier, l'UDC Oskar Freysinger ou encore le démocrate-chrétien Maurice Chevrier, tous conseillers nationaux.

Pour une surprise, c'est une surprise. On ne s'imaginait pas trouver ces personnalités sous une étiquette «écologiste», tant par le passé ils ont fustigé l'action de ces milieux. Les radicaux, en particulier viennent de déposer à Berne une initiative pour affaiblir le droit de recours des associations en faveur de l'environnement. Les succès récurrents des Verts lors des dernières élections n'auraient-il pas donné des envies de récupération au sein de la droite, qu'on a, jusqu'ici, surtout vu casser du sucre (ou pire) sur les écolos?

Isabelle Chevalley, par ailleurs collaboratrice de Pierre Kohler à Berne, conteste et explique que les esprits ont bien évolué: «Vous savez, quelqu'un comme Maurice Chevrier s'est beaucoup engagé pour défendre les énergies renouvelables et Oskar Freysinger a demandé un plan d'action au Conseil fédéral pour remplacer le pétrole. Ce n'est pas du tout de l'électoralisme, mais des élus qui affirment des convictions.» Il n'empêche qu'au Parlement, ils ont voté avec la droite et contre les Verts sur presque toutes les questions concernant l'environnement…

Mais il y a encore pire: le «consommez suisse» entonné le 1er Août par cette brochette d'élus bourgeois entre en contradiction avec l'idée première du libéralisme, c'est-à-dire le libre-échange entre les pays. Ecologie libérale ne prône-t-il pas un retour en arrière vers davantage de protectionnisme? Isabelle Chevalley ne se laisse pas démonter par la question: «Non, c'est un retour au bon sens. Je suis libérale, mais pas pour un néolibéralisme extrême. Chaque année on vole un million d'hectares dans les pays du sud pour notre approvisionnement. Certes, selon les accords de l'OMC, on ne peut pas interdire ces produits à la frontière, mais on peut faire appel à la responsabilité des consommateurs et des distributeurs.»

Les oignons d'Australie, les fraises à Noël, les haricots africains à Pâques, les asperges du Chili en automne… ces produits sont dans la mire d'Ecologie libérale. «Consommer des produits suisses, c'est non seulement bon pour l'écologie; c'est aussi bon pour l'économie, insiste Isabelle Chevalley. Lorsque l'on consomme des oignons d'Australie, on contribue à la pollution de la planète et on pénalise notre production indigène.» Ecologie libérale voudrait donc que l'on mange à nouveau selon les saisons, car «nos parents et nos grands-parents n'ont jamais demandé à avoir des fraises à Noël.» Autre avantage de ce nouveau combat: il s'accorde à la perfection avec les élans nationalistes d'Oskar Freysinger par exemple.

On ne saurait contester la sincérité écologique d'Isabelle Chevalley. Elle roule au gaz naturel et au biogaz et tient un discours que ne renieraient ni Greenpeace, ni le WWF sur les cultures intensives, la pollution des sols ou l'utilisation excessive des engrais, des pesticides et des fongicides. Mais compte tenu du faible succès de son mouvement, qui peine à décrocher de nouveaux membres depuis sa création, peut-être a-t-elle été trop peu regardante en accordant à tout va le label Ecologie libérale. On sera rapidement fixé sur la sincérité des nouvelles recrues. Prochainement, Ecologie libérale va ainsi proposer au Parlement d'introduire un logo «étiquette CO2» qui doit signaler au consommateur l'énergie grise qu'a nécessité l'importation de tel ou tel produit jusque dans les réseaux de distribution helvétiques. Ses amis du 1er Août Oskar Freysinger, Jean-René Germanier et Maurice Chevrier la soutiendront-ils?

Le projet s'annonce de longue haleine, car les réticences de la grande distribution sont grandes. Isabelle Chevalley en est consciente et reconnaît, avec une ironie très personnelle, que le courage politique de la gent masculine est pour l'instant timide: «Au Parlement, il n'y en a pas beaucoup que je mettrais dans mon lit. Ils n'ont pas grand-chose dans le pantalon!» Peut-être, mais, comme elle dit, il faut consommer suisse…

Je plains les suisses d'avoir de tels "libéraux": ils sont même pas capable de comprendre les bienfaits élémentaires du libre-échange; que ça sent bon le nationalisme huuuummmm.

Je me dis que c'est pas plus mal qu'en France aucun groupe politique d'envergure ne se revendique libéral.

Lien vers le commentaire

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...