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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Outre la récupération de Nietzsche par les postmodernes, évoquée plus haut, il faut voir que Schopi et Nietzsche sont des kantiens radicalisés, qui développent un nouveau subjectivisme (un subjectivisme sans sujet chez Nietzsche): puisque la chose en soi en inconnaissable, le rapport de l'individu au monde va être redéfini comme interprétatif (et même enchaînement d'interprétations chez Nietzsche). La vérité étant illusoire, le problème fondamental va devenir celui des illusions ou des valeurs propices à renforcer (ou dégrader) la "santé" de tel ou tel individu donné, cette santé devenant le nouveau critérium de la valeur de la valeur, à la place de la vérité. C'est de là que vient, en partie, le fameux, trop fameux relativisme des postmodernes. « Nietzsche reste résolument kantien lorsqu'il affirme que l'en-soi est inconnaissable, et que la phénoménalité dépend des conditions a priori de la sensibilité. Mais chez lui la sensibilité est déjà une puissance active que l'homme tient de l'essence même de la vie, qui est appropriation, assimilation, création: faute de pouvoir connaître cet "x énigmatique" qu'est l'en-soi (à propos duquel, du reste, il conviendrait d'observer un silence éléatique), l'homme traduit. La perception sensible est déjà traduction active d'une sphère à une autre, entre sphères absolument hétérogènes entre elles. L'excitation nerveuse est traduite en image mentale. Et le langage sera traduction sonore de l'image. Le langage est ainsi une traduction de traduction, saut au carré entre sphères hétérogènes, sans aucune certitude quand au texte de départ." -Dorian Astor, Nietzsche. La détresse du présent, Gallimard, coll. Folio essais, 2014, 654 pages, p.204-205.
  2. Vu qu'elle est la seule a pouvoir les établir comme tels, oui, c'est la seule chose de sensée à faire. Le reste relève de la prétention à l'omniscience et de la culpabilité a priori.
  3. Benguigui n'a pas été condamné pendant qu'elle exerçait ses fonctions gouvernementales, je ne vois pas au nom de quoi elle aurait dû être remercié à ce moment-là. Ta notion de pourri s'étend apparemment à toute personne sur laquelle la justice enquête. Pour toi on est un coupable a priori. J'observe que sur les 4 individus que tu évoquais dans ton premier message, deux n'ont pas été condamnés. Ils ont donc été contraints de démissionner sans raisons valables, sur la base de simples suspicions, et sans bien sûr être réintégrés ensuite à leurs anciens postes. C'est beau, le respect de la présomption d'innocence ! Si ça t'arrivait personnellement, tu serais peut-être moins prompt à voir des pourris là où il n'y en a pas.
  4. C'est faux, sous Hollande, et comme il l'explique dans ses confidences aux journalistes du Monde, la pratique de virer des gens sur lesquels les procédures judiciaires ne sont qu'au stade de l'enquête n'a fait que croître. Ce qui est une mauvaise chose. Ensuite, tu parlais des membres du gouvernement qui ont dû démissionner ; or Benguigui n'a pas démissionné (et pourquoi donc l'aurait-elle due ?), et Morelle n'a jamais été membre du gouvernement.
  5. Je suis tout à fait sérieux. Les politiciens commentent assez de méfaits réels pour qu'il soit superflu de leur en attribuer d'imaginaires.
  6. Et deux ont été reconnus coupables. Rapporté à la totalité des membres du gouvernement pendant le quinquennat, c'est faible. Et de toute façon, le slogan de "République irréprochable" peut vouloir dire tout ce qu'on veut, mais pas que le Président peut sonder le fond des âmes pour ne sélectionner que des personnalités intégres. Il ne faut pas écouter les hommes politiques qui se prennent pour Dieu.
  7. On parlait de l'OPA des postmodernes sur Nietzsche, j'en profite pour protester contre l'OPA des marxistes / gauchistes (des althussériens jusqu'à la team F. Lordon en passant par Toni Negri) sur Spinoza. Spinoza est un précurseur du libéralisme: http://oratio-obscura.blogspot.fr/2015/05/spinoza-et-la-fondation-du-liberalisme.html
  8. Faudrait déjà définir ce qu'est une science...
  9. J'ai lu la bio d'Anne C. Heller Bah, on fait tous des erreurs. A la décharge de Rand, ce n'était pas une période joyeuse de sa vie. Et puis ce n'est jamais qu'une nouvelle, on ne parle pas des Manifestes d'André Breton et des appels à tirer au pistolet dans la rue.
  10. Tout à fait. Mais si on regarde bien, les points communs sont superficiels. Dans Answers, Ayn Rand dit d'ailleurs que l' "irrationalisme" de Nietzsche rend son individualisme arbitraire et sans fondements.
  11. Mais TOUT, absolument tout, est plus facile à lire que Hegel ^^ (le côté rassurant étant que la difficulté tient beaucoup à un vocabulaire technique, comme chez Kant). Rosset parle de cette appropriation assez fantaisiste de Nietzsche par la gauche française, dans les années 50-60: « Troisième malchance de Nietzsche : avoir été récupéré par la gauche française ! (Rires.) Certains intellectuels progressistes ont en effet également aménagé un Nietzsche à la mesure de leurs fantasmes. Après l’épouvantable Nietzsche de droite, les philosophes français (Klossowski, Foucault, Deleuze, Derrida et d’autres) ont fabriqué un Nietzsche révolutionnaire de gauche complètement insensé. » -Clément Rosset, Entretien avec Aude Lancelin et Marie Lemonnier, L’Obs, 23 juillet 2015. Sinon les philosophes ou intellectuels marxistes sont très hostiles à Nietzsche (à la notable exception d'Henri Lefebvre).
  12. Il faudrait savoir plus clairement ce que cette notion recouvre mais c'est possible.
  13. Mais c'est illégal. Vous le croyez assez idiot pour faire un truc pareil devant 10 millions de spectateurs ?
  14. C'est effectivement ce que dit Astor
  15. Si tu veux en discuter il faut développer un peu plus ^^ Je ne dirais pas que Nietzsche est un philosophe particulièrement difficile à comprendre (sauf sur ces concepts les plus tardifs et fondamentaux) mais le truc c'est qu'il est anti-systématique ; il a plusieurs périodes chez Nietzsche (les commentateurs ne sont pas d'accord entre eux sur le nombre et le contenu de ces périodes) et son discours a tendance à évoluer. Astor est pas mal là-dessus car il essaye de montrer à plusieurs endroits comment telle œuvre de Nietzsche annonce ou prépare telle suivante. Une vrai difficulté par contre ce sont implications politiques de la pensée de Nietzsche. Pour moi le nietzschéisme de gauche est une vaste farce, la question pertinente est plutôt: à quel genre de droite appartient Nietzsche ? Et là il n'y a aucune réponse facile.
  16. J’ai terminé de lire Nietzsche. La détresse du présent, un long essai (654 pages) de Dorian Astor, paru en 2014. J’ai un ressenti à la fois positif et mitigé. Astor est un nietzschéen « de gauche » (mais infinimement moins bête qu’Onfray) qui, dans la lignée de Foucault et Deleuze (deux auteurs souvent cités dans l’essai et toujours de façon méliorative), cherche dans Nietzsche plutôt que dans le marxisme des outils pour penser l’ « émancipation ». Comme son essai vise dans une grande mesure à expliquer la pensée de Nietzsche (et à ce niveau là c’est assez réussi –quoique dans un langage universitaire qui peut parfois agacer, avec des néologismes superflus-, tous les grands concepts et thèmes nietzschéens sont passés en revue de façon relativement claire : volonté de puissance, éternel retour, surhumain, devenir, critique du christianisme, dressage des pulsions, dernier homme, inactualité, etc.), il est plus honnête que ses maîtres, en affrontant ouvertement le problème que pose l’antidémocratisme et le « biologisme » de Nietzsche pour un lecteur d’aujourd’hui. Je dis que mon ressenti est mitigé parce que je ne sais pas trop à quel type de lecteur je pourrais conseiller cette lecture : un lecteur peu familier de Nietzsche risque de ne pas pouvoir suivre, alors que quand on l’a beaucoup lu, on n’apprend pas fondamentalement grand-chose, même si l’enchaînement des thèmes reste rigoureux. De plus, à part être une introduction moyennement facile à Nietzsche, je ne vois pas trop ce qu’on peut mettre au crédit de cet essai. Les implications politiques « progressistes » qu’Astor suggèrent de tirer de Nietzsche sont extrêmement vagues, sans exemples concrets ; en gros ça se résume (comme dans le deleuzo-foucaldisme) à une exhortation à la créativité (choisir le devenir contre l’histoire), à l'indépendance d'esprit, et c’est à peu près tout. Il y a bien une tentative de critique des démocraties libérales contemporaines (au chapitre VII, « L’Éternel dernier homme »), mais là aussi ça tourne un peu court (ce qui est dommage, l’auteur est quand même normalien). En fait Astor (comme 99% des intellectuels non-libéraux français) attaque ce que lui, avec sa lecture nietzschéenne, considère être le libéralisme –et non pas le libéralisme tel qu’il se comprend lui-même. Les seuls auteurs (désignés comme) libéraux qu’il vise nomminément sont Kant (« [Le] libéralisme philosophique, porté [...] à son sommet par le kantisme », p.419-420) et… Francis Fukuyama. Donc sa critique n’est pas tant fausse que visant un homme de paille, en tout cas c’est la manière dont je la comprends. Je conclurais donc : à réserver aux gens vraiment intéressés par Nietzsche et sa réception contemporaine.
  17. Un certain nombre de commentateurs de la Fédération de Russie considèrent Medvedev comme un homme de paille de Poutine. Mais sinon oui, tu as raison, au minimum formellement.
  18. Universel est une notion polysémique. Il y a de l' "univers de fait", par exemple les lois que dégagent la science. Et ensuite il y a un "universel de valeur" ; on dit qu'une valeur ou d'une principe, ou d'une idée, qu'il / elle est universel(elle) lorsqu'il / elle pourrait être admis ou compris par tous être raisonnable, lorsqu'elle est universalisable. Par exemple, une démonstration logique, un syllogisme, est universalisable, le sentiment esthétique en revanche, sans doute pas du tout. Le libéralisme, le christianisme ou le communisme sont des doctrines dotées d'une ambition universalistes: elles prétendent être souhaitables et bénéfiques pour tous les hommes. A l'inverse, les nationalismes n'ont pas cette prétention, de même que certaines religions. On peut qualifier ce second type de doctrines de particularistes ou de suprématistes, selon le rapport qu'elles définissent avec leur "extérieur". Je trouve la question du concours de l'ENA très difficile, il y a plein de pièges là-dedans et la réponse ne sera de toute façon pas consensuelle. C'est plus une question de philosophie que l'évaluation d'un savoir technique ou juridique.
  19. @Wayto, si tu ne connais ni le pays ni la région, mieux vaut éviter de le traiter. Ou alors prépare-toi à de longues heures de recherches, parce qu'avant de décréter que tel endroit est un modèle de développement intéressant, il faut avoir un article en béton armé. Surtout dans un pays qui sort de la guerre et où les responsabilités des uns et des autres ne sont pas claires. Moi j'ai lu l'article du Monde et je me garderais bien d'avoir un avis. On ne sait par exemple pas qui assure la sécurité ni même si elle est assurée.
  20. C'est pas très difficile d'être le meilleur d'une série de 2 (Eltsine, Poutine). Avant il y avait des Secrétaires généraux du Parti communiste, et des Tsars... Sinon tu devrais aller te présenter avant de te faire taper sur les doigts.
  21. Ce n'est pas exact, il y a régulièrement sur France 2 (tous les trimestres disons) un petit sujet vite fait sur le Parlement européen, et les journalistes ne manquent jamais ne pointer les députés les moins actifs, notamment Mélenchon et Marine Le Pen. La tactique du premier consiste à dire que la presse est vendue au grand capital ment, la seconde a plutôt tendance à aller au clash en disant que l'UE ne sert à rien et qu'elle considère être plus utile aux français en dirigeant son Parti.
  22. Je n'ai pas dis que Colbert était un précurseur de l'Etat-providence, j'ai écris que l'étatisme ne datait pas du socialisme... La doctrine de Le Pen ressemble évidemment beaucoup à celle des sociaux-démocrates, mais comme elle est de droite, il serait plus juste de se référer aux courants social-providentialistes de droite, comme le catholicisme social. En l'occurrence on a plutôt affaire à un néo-gaullisme social, filiation ouvertement revendiquée par F. Phillipot.
  23. Je ne connais pas bien le cas britannique, c'était une remarque générale. Mais on note tout de même une inflexion vers l'étatisme des conservateurs et libéraux anglais à la fin 19ème début 20ème. Ce qui va donner le "New Liberalism" auquel adhérait Churchill à cette période, et qui sera repris par le Labour, Keynes, etc.
  24. Il faut résister à la facilité de traiter tous le monde de socialiste, qui mène à la confusion. Les Etats-providence ont dans une large mesure été mis en place à l'initiative de conservateurs: Bismarck (Allemagne) et B. Disraeli (Royaume-Uni) à la fin du 19ème siècle, la démocratie-chrétienne (Italie) et le gaullisme (France) après 1945. Et je serais tenté d'ajouter, Theresa May depuis 2016...bon, on la jugera en fin de mandat pour être équitable.
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