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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. D'où l'idée que l'Histoire est problématique, qu'elle a à voir avec le relatif... Ce qui n'est pas incompatible avec une ambition universaliste. Tu lis de travers le texte, comme s'il disait que l'Histoire est une forme d'universel, une sorte de contemplation directe de l'Absolu... Ensuite la notion bergsonienne de mémoire que tu évoques me paraît très douteuse ; il n'y a pas de mémoire pure ou contemplative, le souvenir est toujours déjà une opération mentale de reconstruction du passé. On ne se souvient jamais deux fois exactement à l'identique d'une même situation, comme on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.
  2. Vu l'inculture croissante des journalistes français, je ne suis pas sûr qu'ils savent où situer le Venezuela, ni ce qui s'y passe. Encore moins le lien avec le socialisme. Ils préfèrent rester en terrain connu et lancer des polémiques grotesques sur les "sympathies de M. Mélenchon envers la Russie de Poutine" ou sur sa "germanophobie" :roll:
  3. Pour donner des points de repères, ils étaient 16 en 2002 (on considère généralement que la multiplication des candidatures à nuit à Jospin), 12 en 2007, 10 en 2012. On va pouvoir remettre un sondage
  4. Tu vas devoir m'expliquer la différence alors. "sûreté [...] Éloignement de tout péril ; état de celui qui n’a rien à craindre pour sa personne ou pour sa fortune ; état de ce qui est à l’abri." (cf: https://fr.wiktionary.org/wiki/sûreté#fr ).
  5. Il n'y a rien de plus affectif et de moins scientifique que la mémoire. "Mémoire, histoire: loin d'être des synonymes, nous prenons conscience que tout les oppose. La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et, à ce titre, elle est en évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de l'amnésie, inconsciente de ses déformations successives, vulnérable à toutes les utilisations et manipulations, susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. L'histoire est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n'est plus. La mémoire est un phénomène toujours actuel, un lien vécu au présent éternel ; l'histoire, une représentation du passé. Parce qu'elle est affective et magique, la mémoire ne s'accommode que des détails qui la confortent ; elle se nourrit de souvenirs flous, télescopants, globaux ou flottants, particuliers ou symboliques, sensible à tous les transferts, écrans, censure ou projections. L'histoire, parce que opération intellectuelle et laïcisante, appelle analyse et discours critique. La mémoire installe le souvenir dans le sacré, l'histoire l'en débusque, elle prosaïse toujours. La mémoire sourd d'un groupe qu'elle soude, ce qui revient à dire, comme Halbwachs l'a fait, qu'il y a autant de mémoires que de groupes ; qu'elle est, par nature, multiple et démultipliée, collective, plurielle et individualisée. L'histoire, au contraire, appartient à tous et à personne, ce qui lui donne vocation à l'universel. La mémoire s'enracine dans la concret, dans l'espace, le geste, l'image et l'objet. L'histoire ne s'attache qu'aux continuités temporelles, aux évolutions et aux rapports des choses. La mémoire est un absolu et l'histoire ne connaît que le relatif." -C. Delacroix, F. Dosse, P. Garcia et N. Offenstadt (dir), Historiographies, I, Concepts et débats, Gallimard, 2010, Introduction, p.13-15.
  6. Ne me fais dire ce que je n'ai pas écris. C'est un exemple pour faire comprendre que la liberté de circulation et le droit d'inviter autrui sur sa propriété s'arrête là où il menace la sécurité ; ce n'est pas un argument contre l'immigration. Et pour le besoin de la démonstration, j'aurais pu prendre un terroriste basque, un fanatique d'extrême-gauche ou d'extrême-droite, ou même un criminel lambda, ça n'a pas d'importance pour mon propos.
  7. Ce n'est pas exact, il y a une forme de hiérarchisation de fait (ontologique) lorsqu'une liberté n'est possible que si une liberté "supérieure" est déjà assurée. J'ai déjà donné l'exemple de la liberté de la presse qui présuppose le droit de propriété. De même, des libertés comme de circulation, de culte, d'opinion, ne sont possible que si la sécurité est déjà assurée et donc si elle ne sont pas elles-mêmes utilisées pour la mettre en péril. "Art. 10. - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi."
  8. C'est faux. "Art. 2. - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression."
  9. Les analogies historiques semblent impossible, Hitler étant un leader politique issu d'un phénomène inédit, le totalitarisme (les commentaires d'Arendt cité dans le fil vont dans ce sens en tout cas). On pourrait aussi discuter du thème à partir des remarques de Tocqueville sur la fin du leader "aristocratique" dans les temps démocratiques. Ensuite il faut arrêter de tout ramener à Hitler, ce n'est pas un homme qui a dévasté l'Europe, c'est un pays, l'Allemagne. A la question vaine de "quid d'un nazisme sans Hitler", même si Kershaw a raison de dire qu'Hitler n'était pas interchangeable au sens où sa personnalité a influé sur les décisions du Reich, à l'échelle de l'histoire un homme ne pèse pas beaucoup vis-à-vis des structures et des phénomènes impersonnels. Je donnerais presque raison à la formule d'Engels selon laquelle, s'il n'y avait pas eu Napoléon, un autre général l'aurait remplacé. C'est de la dystopie et donc un jeu vain, mais plus crédible à mes yeux que le contraire.
  10. Sophisme de la fausse alternative, parce que les libertés sont hiérarchisées entre elles (pas de liberté de la presse sans propriété privée, typiquement), et que la sécurité est antérieure à la liberté de circulation (ou de manifestation, cf les interdictions de manifs en cas de trouble à l'ordre public). Cette dernière n'est d'ailleurs pas mentionnée dans la DDHC, alors que la sécurité est mentionnée dés l'article 2. Tu as le droit d'inviter qui tu veux chez toi, mais si c'est Abou Bakr al-Baghdadi, l'Etat est légitime pour le capturer à la frontière (ou ailleurs du reste).
  11. C'est un fait. Les droits sociaux ne sont pas justes des idées collectivistes, ce sont des principes présents dans des textes à valeur juridique (comme la Charte sociale européenne par exemple...). Rien de tel avec un hypothétique "droit à se sentir chez soi".
  12. Je confirme que jusqu'au milieu des années 20, l'entourage de Hitler ou ses interlocuteurs le considèrent comme un personnage assez grotesque, énergique mais peu crédible. Ce qui a changé ensuite, ce n'est pas beaucoup Hitler à mon avis (encore qu'il a semble-t-il pris des cours de théâtre et de rhétorique pour s'adresser aux foules), c'est l'état de la société allemande, qui est devenue réceptive à un discours et à une manière d'être agressive, outrancière.
  13. 1): Si le sentiment d'attachement à un pays, un peuple ou un territoire donné poussait inéluctablement au nationalisme, la totalité des humains le serait. Même l'individu le plus cosmopolite n'est pas absolument indifférent en la matière. Il n'y a aucune causalité mécanique, le nationaliste a toujours un sentiment d'appartenance fort*, mais on peut avoir le même sentiment sans être nationaliste ou anti-immigrationniste. Je suis surpris par une caricature si grossière. *Ou plutôt, c'est ce qu'il prétend, personne ne peut sonder le secret des consciences. Par conséquent, une phrase du genre: "le sentiment d'appartenance incite nécessairement au nationalisme" n'est pas seulement factuellement fausse, c'est en plus quelque chose comme le point de vue de Dieu. 2): Le contrôle des frontières n'est pas la même chose que la fermeture des frontières, c'est triste de devoir mentionner des banalités de ce niveau. Et la fermeture des frontières n'est pas non plus le résultat mécanique d'un projet politique nationaliste. Hollande n'est pas devenu nationaliste en déclarant l'état d'urgence et la fermeture des frontières en France métropolitaine...
  14. Je n'ai pas fais attention parce que ce que tu évoques ne correspond pas à un droit-créance institutionnalisé, mais plutôt à un état d'esprit qui pousse à soutenir des mesures liberticides, ce qui est différent. Par ailleurs les droits-créances ou "droits à" ne sont pas des droits mais des servitudes illégitimes imposées à autrui ; je considère donc comme inadéquat (intellectuellement et stratégiquement) d'appeler cela des droits, même pour les rejeter. La base de la réussite politique c'est de démolir les concepts et la terminologie adverse, le droit au logement et cie n'existent pas.
  15. Tu as une source ? Même si je ne doute pas que la monarchie présidentielle coûte fort cher dès lors qu'on y place des individus qui n'ont pas l'éthique de son fondateur.
  16. What. The. Fuck. Ressentir de l'attachement à un endroit =/= exercer un droit de propriété. Plus généralement, chacun a le droit de ressentir et de penser ce qu'il veut. Il n'y a que les tyrans qui essayent de contrôler les opinions. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pente_savonneuse
  17. Je trouve que c'est accorder une importance centrale à la langue la manière dont les français utilisent le français, par rapport à d'autres faits culturels. Je ne dis pas que c'est absurde, mais ça me semble très discutable. Logocentriste dirait Derrida.
  18. Un trait récurrent (et signe d'une pensée pauvre) de la prise de parole publique de François Hollande. Merci pour le lien, mais je suis très déçu, c'est creux, il n'y pratiquement aucune phrase à sauver de cette tribune, pas de références historiques (ou même contemporaines sérieuses), pas le début d'un nouveau projet collectif, mais des contradictions (la culture française existe / n'existe pas / mais en fait si, elle existe) et des erreurs pures et simples, comme lorsqu'il dit que le français est ce qui fait de nous une communauté (en oubliant que c'est la langue officielle de 29 pays, une langue parlée sur tous les continents, et donc au mieux un trait secondaire de l'identité nationale). On comprend surtout que Macron a une approche complètement anti-assimilationniste de la nationalité: si chaque personne au monde "devrait pouvoir s'inscrire" dans la communauté nationale, ça signifie ni plus ni moins que cette dernière n'a aucune espèce d'exigence à avoir, qu'elle n'a qu'un devoir d'accueil et d'ouverture, et, à la limite, Macron est contradictoire avec sa propre position en ne proposant pas la naturalisation immédiate de tous les étrangers présents sur le territoire national. (A la limite, le concept d'étranger ne veut plus rien dire, vu que ce n'est plus qu'un français en puissance pas encore accueilli. Il y a là un paradoxe à creuser). Il a beau dire l'évidence, c.a.d qu'un peuple est davantage qu'une juxtaposition d'individus qui "coexistent passivement", il ne sait pas en quoi consiste ce supplément d'âme (pour paraphraser Bergson). Je ne sais pas, s'il voulait absolument éviter les difficultés que pose la notion d'identité culturelle, il pouvait se rabattre sur une conception traditionnelle à gauche de la Nation comme communauté civique. Mais non, même pas. Son discours est totalement vide et impolitique. C'est le discours qu'attendent les centristes démocrates-chrétiens et autres zélotes de la construction européenne (en finir avec le "fantasme de la France grande Nation", pour citer le macroniste Daniel Cohn-Bendit). MLP et Fillon vont le bouffer, il n'y a rien dans son discours qui serait le début d'un commencement de réponse au problème de l' "insécurité culturelle".
  19. Le PS perdrait 16 points par rapport à 2012, la droite 10 ? (C'est cette baisse qui ferait les soi-disant 26% de Macron, il n'a aucun apport de voix venant d'autres partis). Moi ça paraît trop, en particulier pour le vote de droite. Mettons que Fillon soit plutôt à 20 % et Macron à 23%. Le score de MLP me paraît aussi beaucoup trop haut (+10 points par rapport à 2012 ?), je pense qu'une partie du pourcentage ira en réalité à la droite classique. On peut donc envisager un Fillon à 22-23, tout à fait dans la marge d'erreur pour dépasser Macron. Fillon va le battre selon moi, sauf rebondissement important d'ici la fin de la campagne.
  20. C'est qui, les "gens" ? Moi ce genre d'histoire m'intéresse peu pour les détails, pas vraiment "tout de suite", et absolument pas si les infos qui circulent ne sont pas fiables.
  21. Article intéressant sur la politique commerciale maritime du Royaume-Uni depuis le Brexit: https://www.contrepoints.org/2017/03/17/284245-brexit-va-renvoyer-face-a-nos-ports
  22. Ce décret est scandaleux (à 15 000 euros par mois pendent 5 ans, on ne me fera pas croire qu'un ex-président ne peut pas se payer tous les collaborateurs qu'il veut). Il faut le faire sauter, sauf éventuellement l'article 4.
  23. Non non, on ne peut pas prouver l'inexistence de quelque chose. C'est à ceux qui pensent qu'Heidegger est un génie (un penseur intéressant, sans être génial, me suffirait amplement) d'expliquer pourquoi il devrait en être ainsi. La première citation que tu donnes (après je n'ai lu que des passages de Etre et temps, donc je ne vais pas m'engager dans une lutte pied à pied sur ce terrain) ne dit rien de plus original que: l'homme est un être différent des autres parce qu'il peut questionner (j'allais écrire 'est rationnel" pour montrer que c'est une banalité de base de la philosophie depuis les présocratiques, mais par questionner je présume qu'il faut entendre toute la thématique usée jusqu'à la corde de la finitude de l'homme, du doute, de l'arrachement à la quotidienneté, etc., thème chrétien et existentialiste qui n'a rien d'original -l'arrachement au mondain, tellement original, Pascal et cie n'ont jamais parlé de ça-, en soi ça n'est pas une élucidation conceptuelle de quoi que ce soit. Tous les autres thèmes que tu avances, l'homme libre placé devant la tragédie de sa finitude, c'est un thème chrétien aussi ancien que l'augustinisme, tu devrais le savoir mieux que personne. Heidegger tient un discours mystique, j'attends que quelqu'un me montre qu'il est capable de faire de la philosophie, et intéressante si possible. Et non, lire Nietzsche en lui injectant ses propres lubies n'est pas philosophique. Faire des phrases incompréhensibles pavées de termes grecs non traduits non plus). Même les philosophes lucides sont obligés de faire des toussotements gênés, histoire de se démarquer un peu du culte d'Heidegger en France: « La question reste […] posée de la proximité de la langue heideggérienne tardive et d’une langue de délirant, les analogies étant trop frappantes entre les procédés de formation de mots et l’appauvrissement de la syntaxe dans les deux cas. » -Frédéric Nef, Qu’est-ce que la métaphysique ?, Gallimard, coll. Folio essais, 2004, 1062 pages, (note 1 p.204).
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