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Réflextion Autour De La Stabilité De La Concurrence


Invité forbin

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Les barrières à l'entrée et à la sortie correspondent au cout irrécupérables qui découlent des investissements nécessaires à une firme pour rentrer sur un marché (ex : construire une usine, acquérir une technologie etc…). Dans le cas d'industrie avec des coûts fixes très importants et des rendements d'échelle croissants, cela peut suffir à dissuader toute entrée. Ici, tout repose sur les concepts de menace crédible et d'engagements stratégiques : une firme A qui veut entrer sur un marché où une firme M est en situation de monople va chercher à anticiper le comportement de cette firme M en cas d'entrer effective. On se retrouve alors dans le cadre d'un jeu non-coopératif séquentiel classique et, suivant les configurations, la firme M peut avoir à sa disposition des comportements stratégiques potentiels qui dissuadent l'entrée de la firme A (un seul exemple : une baisse forte des coûts de la firme M en jouant sur les économies d'apprentissage).

A partir de ce modèle, on peut trouver des industries (pas forcément en situation de monopole, cf. la question de la différenciation) avec libre entrée (théorique) sur le marché mais où la simple anticipation par les firmes candidates des comportements stratégiques des firmes en place peut annuler toute concurrence réelle. Toute cette argumentation se base principalement sur des modèles à base de théorie des jeux.

A mon sens, il n'existe de véritables barrières à l'entrée que celles créées par l'Etat. Les investissements faramineux de certaines activités se justifient en regard des profits futurs. S'il n'y a pas de concurrence, cela veut simplement dire que l'entreprise en place maintient des prix dans une fourchette dissuadant les entrants potentiels et dans ce cas, le prix est optimum, le consommateur paie ce qu'il doit payer, c'est à dire le plus juste prix.

Quand l'Etat intervient pour soit disant stimuler la concurrence en prétendant réduire le coût des barrières à l'entrée que fait-il et quelles en sont les conséquences?

-Soit il taxe l'entreprise en "monopole", c'est le fameux "abus de position dominante",

-Soit il investit lui-même, c'est une politique de grand travaux et concède des concessions

Dans les deux cas, le consommateur et le contribuable sont perdants.

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A mon sens, il n'existe de véritables barrières à l'entrée que celles créées par l'Etat. Les investissements faramineux de certaines activités se justifient en regard des profits futurs. S'il n'y a pas de concurrence, cela veut simplement dire que l'entreprise en place maintient des prix dans une fourchette dissuadant les entrants potentiels et dans ce cas, le prix est optimum, le consommateur paie ce qu'il doit payer, c'est à dire le plus juste prix.

Quand l'Etat intervient pour soit disant stimuler la concurrence en prétendant réduire le coût des barrières à l'entrée que fait-il et quelles en sont les conséquences?

-Soit il taxe l'entreprise en "monopole", c'est le fameux "abus de position dominante",

-Soit il investit lui-même, c'est une politique de grand travaux et concède des concessions

Dans les deux cas, le consommateur et le contribuable sont perdants.

J'ose à peine écrire : c'est le point de vue de Simonnot (39 leçons, p. 193-196)

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J'ose à peine écrire : c'est le point de vue de Simonnot (39 leçons, p. 193-196)

:icon_up:

Je me sens très intelligent, subitement.

Posté
C'est parfaitement vrai.

Et dans quel(s) cas, d'après toi, peut-il y avoir peu de concurrents sur un marché? Pourquoi y en a-t-il peu?

Attention, de quoi parles-tu : deux conceptions anti-trust s'affrontent, l'une ayant pour principe de préserver les mécanismes de marché (en les observant, et en décretant qu'au delà de 60% de part de marché, une boite est en monopole, il existe des ratios clés) l'autre ayant pour principe la protection du consommateur.

N'ayons pas peur des mots. :icon_up:

Dans mon industrie, la concentration existe parce que certains produits sont très spécialisés, et peu d'entreprises sont prêtes à y investir, ou suite à des fusions - acquisitions (j'aimerais le mettre sur le dos de l'Etat, mais là ça n'est pas le cas).

Ce qui compte, c'est effectivement le protection du consommateur. Ceci dit, les grandes agences anti trust ne fixent aucun seuil de part de marché. Elles jugent au cas par cas (il y a des seuils qui attirent l'attention, mais ça, ça parait logique).

Avec tout le respect que je vous dois "n'ayons pas peur des mots" n'est pas un argument. Je vous cite trois pays comparativement assez libéraux, et je pense qu' ils ont eu de bonnes raisons de faire passer l'anti trust dans le domaine pénal. Je pense même qu'ils ont eu raison. Il me semble que vous n'êtes pas d'accord, mais pourquoi?

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Ouf. Quand je vois certaines réponses, j'ai bien l'impression que certains essaient d'apprendre aux économistes leur métier, sous prétexte d'antilibéralisme supposé. Hallucinant.

Il y a même des ignares en droit qui essayent de réexpliquer les fondements du Droit à des juristes (je ne parle pas de moi, ne l'étant pas), cela s'est vu sur ce forum - alors…

Plus sérieusement, la divinisation de la concurrence est effectivement stérile. Car la concurrence en elle-même peut être à finalité négative. La preuve en est apportée par la concurrence dans la vie politique en vue d'obtenir plusieurs fromages.

Posté
[…]Plus sérieusement, la divinisation de la concurrence est effectivement stérile. Car la concurrence en elle-même peut être à finalité négative. La preuve en est apportée par la concurrence dans la vie politique en vue d'obtenir plusieurs fromages.
La concurrence peut être néfaste, par exemple lorsque la compétition est accrue pour s'emparer des maigres ressources laissées par les ponctions étatiques, au lieu de s'élever contre le principe même de l'intervention de l'état.

Je réalise maintenant qu'il vaut mieux parler de liberté du marché plutôt que de concurrence.

Posté
Mauvais exemple en l'occurence car l'électricité est un bien atypique. Walras justifiait les monopoles mais je ne ma rappelle plus de sa démonstration.

As-tu déjà entendu parler des groupes electrogènes?

Posté
Dans mon industrie, la concentration existe parce que certains produits sont très spécialisés, et peu d'entreprises sont prêtes à y investir, ou suite à des fusions - acquisitions (j'aimerais le mettre sur le dos de l'Etat, mais là ça n'est pas le cas).

Et quels sont les effets négatifs?

Ce qui compte, c'est effectivement le protection du consommateur. Ceci dit, les grandes agences anti trust ne fixent aucun seuil de part de marché. Elles jugent au cas par cas (il y a des seuils qui attirent l'attention, mais ça, ça parait logique).

La doctrine actuellement en cours pour l'anti-trust européen est la même que celle de l'anti-trust américain d'il y a 50 ans : c'est la protection des "mécanismes de marché" qui est visée.

Actuellement, l'anti-trust américain cherche à protéger le consommateur.

Avec tout le respect que je vous dois "n'ayons pas peur des mots" n'est pas un argument. Je vous cite trois pays comparativement assez libéraux, et je pense qu' ils ont eu de bonnes raisons de faire passer l'anti trust dans le domaine pénal. Je pense même qu'ils ont eu raison. Il me semble que vous n'êtes pas d'accord, mais pourquoi?

Je réagissais sur cet aspect pénal, je trouve ça quand même un petit peu hard, mais bon.

Posté
Les barrières à l'entrée et à la sortie correspondent au cout irrécupérables qui découlent des investissements nécessaires à une firme pour rentrer sur un marché (ex : construire une usine, acquérir une technologie etc…). Dans le cas d'industrie avec des coûts fixes très importants et des rendements d'échelle croissants, cela peut suffir à dissuader toute entrée.

OK, en quoi les "coût irrécupérables" dus à des "rendements d'échelle croissants" par exemple dissuadent l'entrée? Je suis sérieux. Si vous me dites que ça tue la concurrence dans le sens ou ça empêche plus de quelques firmes d'y être présentes de manière rentable, d'accord. Mais "So what?", comme aurait dit le vieux Murray. Si l'enjeu est le service des consommateurs, il faudrait nous montrer ce qui leur est nuisible dans les rendements d'échelle croissants, par exemple. Pourquoi croyez-vous que les rendements d'échelle rendent difficiles l'entrée de concurrents? Parce qu'ils permettent de vendre à des prix inférieurs à ce que la concurrence peut soutenir. Autrement dit, parce que les consommateurs sont mieux servis. Sinon, pourquoi?

Le problème avec toutes ces histoires de barrières à l'entrée dans le marché libre, est qu'elles sont impossibles à distinguer de la supériorité des leaders du marché. Sérieusement, réfléchissez-y: même dans la supposée idyllique situation de concurrence pure et parfaite où il n'y a pas de position dominante, etc., il y a des "barrières à l'entrée". Pas un vendeur de plus que ceux qui sont présents en CPP ne peut entrer sur le marché à profit. Ce vendeur n'est-il pas lui aussi exclu par ceux qui sont présents, les plus efficients. Si, et c'est précisément la "fonction sociale" du "mécanisme" des pertes et profits que d'exclure certains vendeurs de telle manière qu'ils s'orientent vers d'autres activités.

Le vendeur supplémentaire est exclu parce qu'il ne peut pas profiter de son entrée. C'est grâce à la supériorité des autres. La question est: quelle est la différence avec une situation de marché libre où seules quelques firmes subsistent? Et supposons qu'une firme fasse de tels rendements d'échelle et qu'elle se retrouve seule. C'est le "monopole naturel". Et alors? Coimment peut-elle se retrouver seule dans le marché libre sans être plus efficace du point de vue des consommateurs?

Posté

Je pense que le problême existe avec la possibilité de vendre à perte pour une entreprise ayant acquis une position dominante.

Exemple: j'ai le monopole de la restauration en France, le secteur est libéralisé et j'essaie d'empêcher toute concurrence. A chaque fois qu'un restaurant s'ouvre quelque part en France, j'en installe un autre juste à côté en cassant les prix, même en vendant à perte. Je peux facilement compenser les pertes subies ici par des bénéfices fait ailleurs et le concurrent s'écroulera et sera même ruiné. Du coup cela découragera les concurrents.

Une solution libérale que j'ai imaginée: Une convention de restaurateur. Les pertes de ceux qui voient s'installer un restaurant de l'entreprise qui domine le marché sont assurées par les autres. Le contrat n'est valable qu'au bout d'un grand nombre de signataire.

Je ne sais pas si ça marcherait.

Posté
Je pense que le problême existe avec la possibilité de vendre à perte pour une entreprise ayant acquis une position dominante.[…]
Les entreprises concurrentes peuvent se différencier autrement que par le prix et elles aussi peuvent vendre à perte. Le problème sur lequel tu mets le doigt équivaut en fait à l'inégalité des fonds propres, puisque c'est dans leur capital que les entreprises vont puiser pour faire des pertes. Il n'y a donc pas de solution à ce "problème" (qui n'en est pas un) puisque les entreprises concurrentes sont inégales par définition.
Posté
OK, en quoi les "coût irrécupérables" dus à des "rendements d'échelle croissants" par exemple dissuadent l'entrée? Je suis sérieux. Si vous me dites que ça tue la concurrence dans le sens ou ça empêche plus de quelques firmes d'y être présentes de manière rentable, d'accord. Mais "So what?", comme aurait dit le vieux Murray. Si l'enjeu est le service des consommateurs, il faudrait nous montrer ce qui leur est nuisible dans les rendements d'échelle croissants, par exemple. Pourquoi croyez-vous que les rendements d'échelle rendent difficiles l'entrée de concurrents? Parce qu'ils permettent de vendre à des prix inférieurs à ce que la concurrence peut soutenir. Autrement dit, parce que les consommateurs sont mieux servis. Sinon, pourquoi?

Le problème avec toutes ces histoires de barrières à l'entrée dans le marché libre, est qu'elles sont impossibles à distinguer de la supériorité des leaders du marché. Sérieusement, réfléchissez-y: même dans la supposée idyllique situation de concurrence pure et parfaite où il n'y a pas de position dominante, etc., il y a des "barrières à l'entrée". Pas un vendeur de plus que ceux qui sont présents en CPP ne peut entrer sur le marché à profit. Ce vendeur n'est-il pas lui aussi exclu par ceux qui sont présents, les plus efficients. Si, et c'est précisément la "fonction sociale" du "mécanisme" des pertes et profits que d'exclure certains vendeurs de telle manière qu'ils s'orientent vers d'autres activités.

Le vendeur supplémentaire est exclu parce qu'il ne peut pas profiter de son entrée. C'est grâce à la supériorité des autres. La question est: quelle est la différence avec une situation de marché libre où seules quelques firmes subsistent? Et supposons qu'une firme fasse de tels rendements d'échelle et qu'elle se retrouve seule. C'est le "monopole naturel". Et alors? Coimment peut-elle se retrouver seule dans le marché libre sans être plus efficace du point de vue des consommateurs?

Les développements en terme de concurrence imparfaite raisonnent par rapport à un idéal (celui de la concurrence parfaite) en essayant de comprendre les diverses implications des imperfections de la concurrence sur le bien être des consommateurs et sur le revenu des producteurs : en concurrence parfaite, les producteurs égalisent leur coût marginal et leur coût moyen au prix et ils ne font pas de profits (en longue période); le bien être des consommateurs est maximum : les prix sont les plus bas et les quantités les plus grandes qu'il soit possible pour les entreprises d'offrir sans faire de perte. On sait tous que la concurrence parfaite ça n'existe pas et que la plupart des marchés ont une structure oligopolistique. Ok. Toute la question est : quelles conséquences ont les imperfections de la concurrence pour les consommateurs et les producteurs. Vous serez d'accord avec moi sur le fait que cette question (celle que se posent les économistes "standards") n'a aucune implication concernant une éventuelle politique de la concurrence qu'il faudrait mettre en oeuvre : on peut très bien constater que sur un marché donné il y a par exemple trois entreprises qui font du profit (qui dégagent donc une "rente") et que par conséquent les consommateurs payent plus cher pour une quantité moindre par rapport à une situation idyllique de concurrence parfaite (et que l'on sait irréalisable) et ne rien faire faire. L'économiste fait de l'économie (i.e. il permet de comprendre un état particulier des choses), le politique fait de la politique (il essaye de faire changer ou non cet état des choses). Ca, c'est un premier point pour bien préciser qu'il n'y a aucune implication "politique" dans la démarche standard ici (démarche avec laquelle -je précise - je suis loin d'être toujours en phase).

Ensuite, je vous rejoints sur le fait qu'il est souvent difficile de distinguer ce qui provient des barrières à l'entrée de ce qui résulte de la supériorité d'une firme sur les autres. A ce titre, toutes les politiques antitrust comportent une incontestable part d'arbitraire, on ne peut pas le nier. Mais, encore une fois, ce n'est pas l'économiste qui doit trancher cette question, mais bien le juge.

Alors bien sur, dans une société totalement "libre", il n'y aurait aucune politique antitrust, donc pas de juge pour juger de cette question : tant qu'il n'y a pas de barrière juridique à l'entrée, aucun problème, la situation est juste. Seulement, ce raisonnement ignore à mon avis pas mal de phénomènes qui ont été mis en valeur par des travaux théoriques mais aussi empiriques. Je ne cite qu'un exemple :

"Ainsi, aux Etats-Unis, R. Schmalensee (qui est un économiste industriel) a pu démontrer (…) que les entreprises en place sur un marché peuvent facilement saturer l’espace économique et donc gêner l’entrée de nouveaux concurrents, à l’aide d’une politique systématique des créations de nouvelles marques. Il justifiait ainsi, sur un terrain théorique, les poursuites engagées par le ministère américain de l’Économie contre les quatre principaux fabricants de céréales pour le petit déjeuner (Kellog, General Mills, General foods, Quaker Oats). Ces entreprises étaient, en effet, accusées de s’être livrées simultanément (mais sans collusion démontrée) à des efforts de publicité et de promotion trop intenses et d’avoir saturé le marché…"

Michel Glais, 1987 (Revue économique, vol 38, n° 1)

Le fait est que des entreprises peuvent avoir intérêt à mettre en place des comportements stratégiques visant à repousser la concurrence. Si ces comportements profitent aux consommateurs, d'accord, y'a rien à redire. Le problème c'est que ce n'est pas toujours le cas.

Qaunt aux "problèmes" des rendements croissants, les choses sont pourtant claires : une entreprise qui arrive la première sur le marché (ou plusieurs entreprises) peut, dans certains secteurs spécifiques (notamment l'industrie de réseau), empêcher l'entrée de nouveaux concurrents sans que le consommateur n'en ressente le moindre bénéfice. Il suffit que le seuil de rentabilité pour un nouvel entrant nécessite un niveau de production très élévé pour que toute nouvelle entrée soit dissuadée : il n'y a alors aucune concurrence et les prix sont plus élevés que ce qu'ils pourraient être. Doit-on faire quelque chose ? Ce n'est pas à l'économiste de le dire. Après tout, il semble injuste de sanctionner l'entreprise arrivée la première et qui profite de la situation. En terme de "justice", il parait illégitime d'intervenir. Mais parfois, il est bon d'avoir un raisonnement utilitariste et de se demander s'il n'est pas souhaitable de restaurer ne réelle concurrence… Il n'y a pas de réponse générale, que des cas particuliers. Mais nier le fait que certaines entreprises puissent profiter de conditions bien spécifiques pour empêcher toute concurrence effective au détriment des consommateurs est bien naïf…

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Trouvé sur le site de Institut Molinari

Abus de position dominante : un faux concept pour une législation arbitraire

Xavier Méra - 16 mars 2005

Article publié par La Libre Belgique le 20/02/2006.

«Nous annonçons aujourd'hui que nous allons (…) émettre des licences pour le code-source de Windows lui-même», a déclaré Brad Smith, le directeur des affaires juridiques de Microsoft le 25 janvier. C’est la réponse du géant de l’informatique à la menace d’une nouvelle amende de 2 millions d’euros par jour lévée par la Commission européenne pour manquement à son obligation de fournir une documentation facilitant l’interopérabilité entre son système d’exploitation et les logiciels de ses concurrents. La firme Microsoft est depuis un an et demi sous le coup d’une condamnation pour « abus de position dominante ». Elle a dû payer une amende record de 497 millions d’euros. Elle a aussi été contrainte de proposer une version du système d’exploitation Windows sans son logiciel multimédia.

Cette menace de faire payer à nouveau Microsoft n’a de sens que si la condamnation initiale était justifiée. Or, il nous semble que le concept sur lequel repose le réquisitoire contre Microsoft, l’abus de position dominante, est erroné. Selon la commissaire à la concurrence, Neelie Kroes, une firme en position dominante, ayant un « pouvoir de marché substantiel », selon ses propres termes, peut nuire aux consommateurs, notamment en imposant des prix trop élevés. Et cela ne pourrait pas simplement être la conséquence d’une concurrence bridée par des restrictions légales.

Depuis juin dernier, la version sans logiciel multimédia de Windows est disponible à la vente. Selon la Commission européenne, l’intégration du logiciel dans toutes les versions du système d’exploitation nuisait aux consommateurs. En n’offrant qu’un Windows intégré, Microsoft aurait profité de sa position dominante sur le marché des systèmes d’exploitation pour l’étendre au marché des logiciels multimédia, au mépris de l’intérêt des consommateurs. En leur laissant la possibilité d’acheter un Windows sans Media Player, les consommateurs devaient choisir cette version et compléter leur plate-forme avec les consoles media concurrentes.

Cependant, la version sans lecteur multimédia de Windows fait un bide retentissant. A la FNAC des Champs-Elysées, on indique que « les ventes sont pour l’instant nulles ». Certains fabricants d’ordinateurs ont même décidé de ne pas la proposer : « Nous avons mené une étude avec nos commerciaux pour savoir si les clients voulaient de Windows N. Conclusion: le consommateur ne la veut pas; nous ne la proposons donc pas »(1) dit-on chez Dell France. Il semble bien que Microsoft soit forcé de fabriquer des produits dont personne ne veut, ce qui représente un gaspillage de ressources.

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Les développements en terme de concurrence imparfaite raisonnent par rapport à un idéal (celui de la concurrence parfaite) en essayant de comprendre les diverses implications des imperfections de la concurrence sur le bien être des consommateurs et sur le revenu des producteurs : en concurrence parfaite, les producteurs égalisent leur coût marginal et leur coût moyen au prix et ils ne font pas de profits (en longue période); le bien être des consommateurs est maximum : les prix sont les plus bas et les quantités les plus grandes qu'il soit possible pour les entreprises d'offrir sans faire de perte. On sait tous que la concurrence parfaite ça n'existe pas et que la plupart des marchés ont une structure oligopolistique. Ok. Toute la question est : quelles conséquences ont les imperfections de la concurrence pour les consommateurs et les producteurs.

Vous avez déjà mentionné dans un précédent post que les économistes sérieux ne pensent pas que la concurrence parfaite puisse décrire une situation possible dans la réalité. Autant que je sache, c'est vrai. Mais la plupart des économistes persistent à la considérer comme une référence par rapport à laquelle on pourrait comparer des situations possibles dans la réalité (et les juger inférieures). Vous le mentionnez en disant "Les développements en terme de concurrence imparfaite raisonnent par rapport à un idéal (celui de la concurrence parfaite)".

Ici, nous touchons un sérieux problème qui est traité dans l'article mis en lien par Dardanus (et surtout dans le chapitre de Rothbard que je vous ai recommandé). Quel sens cela peut-il bien avoir de comparer une situation réalisable à une situation impossible pour en tirer des conclusions quant à l'efficacité comparée du marché libre et du gouvernement pour rendre le meilleur service possible aux consommateurs? Aucun. C'est comme si on disait qu'il y avait une défaillance du marché parce qu'une situation impossible (par exemple une surabondance de framboises dans la nature éliminant toute raison d'être à leur production par des efforts humains) ne peut pas exister et que le marché a le mauvais goût de ne pas produire l'impossible.

Dès lors qu'on admet que la CPP ne correspond à rien dans la réalité, ce qui veut dire (cf. l'article) qu'il ne peut jamais y avoir de courbe de demande horizontale pour un vendeur, que toute offre affecte le prix de marché et donc qu'il n'y a jamais une absence de "pouvoir de marché" (le truc odieux qui est censé caractériser la situation des firmes en position dominante) quel que soit le nombre d'offreurs, on ne peut pas s'en servir comme point de comparaison pour tirer une conclusion sur le bien-être comparé des consommateurs dans plusieurs situations possibles. Par contre, des comparaisons entre des situations possibles (marché libre vs marché entravé) ont un sens…

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Vous serez d'accord avec moi sur le fait que cette question (celle que se posent les économistes "standards") n'a aucune implication concernant une éventuelle politique de la concurrence qu'il faudrait mettre en oeuvre : on peut très bien constater que sur un marché donné il y a par exemple trois entreprises qui font du profit (qui dégagent donc une "rente") et que par conséquent les consommateurs payent plus cher pour une quantité moindre par rapport à une situation idyllique de concurrence parfaite (et que l'on sait irréalisable) et ne rien faire faire. L'économiste fait de l'économie (i.e. il permet de comprendre un état particulier des choses), le politique fait de la politique (il essaye de faire changer ou non cet état des choses). Ca, c'est un premier point pour bien préciser qu'il n'y a aucune implication "politique" dans la démarche standard ici (démarche avec laquelle -je précise - je suis loin d'être toujours en phase).

Je suis d'accord sur l'idée que le simple fait de réfléchir en économie sur ce qui sert le mieux les consommateurs n'est pas suffisant pour dire quelle politique devrait être mener (si une politique doit être menée). Je ne sais pas si c'est pour les mêmes raisons. Pour ma part, la raison est qu'il faut démontrer une norme politique qui doit nous le dire et que ce n'est pas le problème de l'analyse économique. Autrement dit, même si on montre qu'une politique antitrust est favorable aux consommateurs, par rapport à son absence, encore faudrait-il montrer que cet objectif doit prévaloir. Ca n'est pas parce qu'on montrerait que les consommateurs seraient mieux servis en s'attaquant à ce qu'on considère normalement comme des droits de propriété légitimes dans la tradition libérale que cette attaque serait justifiée.

La plupart des économistes n'ont pas votre prudence à cet égard. L'idée que la politique antitrust pourrait améliorer le sort des consommateurs leur suffit à dire que les gouvernements devraient viser cet objectif et employer des moyens liberticides pour se faire. Bref, tout en prétendant faire de l'analyse économique "neutre" du point de vue des valeurs, il glissent sans le dire et donc sans le défendre un jugement de valeur dans leur proposition.

En ce qui concerne purement l'analyse économique, je vous ferais remarquer que l'existence de profits (ou de pertes) n'est pas spécifique à la situation que vous décrivez et qu'elle ne saurait donc constituer un critère pour distinguer des pratiques concurrentielles et anticoncurrentielles. Que vous ayez trois firmes ou 10000 sur un marché, il peut toujours y avoir des profits et des pertes. C'est le produit de l'incertitude.

Et je vais me répéter mais l'idée que les consommateurs paient plus chers avec trois firmes qu'en concurrence parfaite nous éclaire autant que de dire que les consommateurs paient plus chers ainsi que s'ils étaient dans le jardin d'Eden où il n'y aurait pas besoin d'acheter quoi que ce soit puisque tout serait déjà à disposition (notez au passage que l'idéal de la concurrence parfaite serait, s'il était possible, largement inférieur pour les consommateurs au jardin d'Eden)

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Le fait est que des entreprises peuvent avoir intérêt à mettre en place des comportements stratégiques visant à repousser la concurrence. Si ces comportements profitent aux consommateurs, d'accord, y'a rien à redire. Le problème c'est que ce n'est pas toujours le cas.

Qaunt aux "problèmes" des rendements croissants, les choses sont pourtant claires : une entreprise qui arrive la première sur le marché (ou plusieurs entreprises) peut, dans certains secteurs spécifiques (notamment l'industrie de réseau), empêcher l'entrée de nouveaux concurrents sans que le consommateur n'en ressente le moindre bénéfice. Il suffit que le seuil de rentabilité pour un nouvel entrant nécessite un niveau de production très élévé pour que toute nouvelle entrée soit dissuadée : il n'y a alors aucune concurrence et les prix sont plus élevés que ce qu'ils pourraient être. Doit-on faire quelque chose ? Ce n'est pas à l'économiste de le dire. Après tout, il semble injuste de sanctionner l'entreprise arrivée la première et qui profite de la situation. En terme de "justice", il parait illégitime d'intervenir. Mais parfois, il est bon d'avoir un raisonnement utilitariste et de se demander s'il n'est pas souhaitable de restaurer ne réelle concurrence… Il n'y a pas de réponse générale, que des cas particuliers. Mais nier le fait que certaines entreprises puissent profiter de conditions bien spécifiques pour empêcher toute concurrence effective au détriment des consommateurs est bien naïf…

"Le problème est que ça n'est pas toujours le cas": le problème est qu'il faudrait distinguer quand c'est le cas et quand ça ne l'est pas.

Si on parle des rendements croissants comme critère de distinction, les choses ne sont pas claires comme vous le dites. "Il suffit que le seuil de rentabilité pour un nouvel entrant nécessite un niveau de production très élevé pour que toute nouvelle entrée soit dissuadée." Et alors? Qu'est-ce qu'un seuil de rentabilité? La rentabilité est le rapport entre ce que les consommateurs sont prêts à payer pour le produit et ce que le producteur doit payer pour le produire. Qu'est ce qui le détermine? Les préférences des consommateurs! Pour les recettes, je pense que c'est clair. Pour les dépenses, le minimum qu'un producteur doive payer pour s'assurer les services de facteurs de production est ce qu'ils peuvent obtenir ailleurs.

Autrement dit, il y a une enchère entre investisseurs pour obtenir leur services. Comment le prix maximum qu'ils sont prêts à payer est déterminé? Par ce que les consommateurs seront prêts à payer pour chaque produit. Si quelqu'un doit payer plus que ça ne rapporte pour produire un bien, c'est le signe que les consommateurs auraient été mieux servis en employant les facteurs de production ailleurs. Autrement dit, la barrière du seuil de rentabilité est ce qui permet une allocation des ressources au plus près des préférences des consommateurs.

Bref, dire que les rendements croissants empêchent des gens de rentrer sur le marché ne nous révèle rien de sinistre du point de vue des consommateurs. En fait, des gens sont toujours empêcher d'entrer à profit sur un marché. C'est précisément la "fonction sociale" du marché que de faire en sorte que les choix productifs correspondant aux préférences des consommateurs soient ceux qui payent le mieux en excluant les producteurs des secteurs où ils sont relativement moins aptes à servir leurs congénères et en les orientant vers ceux où ils sont les meilleurs.

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Merci pour votre (vos) réponse(s). Dès que j'ai le temps, j'y réfléchi, je lis Rothbard (j'ai commencé) et j'essaye de vous répondre.

  • 1 month later...
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je connais un peu le sujet, mais après trois pages de lecture j'ai oublié la question de départ :icon_up:

Si il s'agit de savoir si il vaut mieux plus d'entreprises que moins et bien pas forcément. A la fois pour le prix et pour le surplus global:

pour le prix: deux entreprises qui se font concurrence en prix peuvent les conduire à adopter des prix très proches de leur coût, c'est ce qu'on appelle le paradoxe de bertrand

du point de vu du surplus global (consommateurs et producteurs) pas forcément non plus car une entrée supplémentaire et les coûts fixes qui en résultent peuvent plus que compenser une éventuelle baisse de prix

est ce qu'une entreprise peut distordre la concurrence? oui!! A mon avis certains comportements sont plus problématiques que d'autres. Par exemple si demain les banques françaises signent un contrat dans le quel elle s'engage à ne pas diminuer leur taux d'intéret ou à ne pas rémunérer les comptes courant, ça serait pas cool! je pense qu'il faut condamner la collusion. Par contre la prédation (diminuer son prix pour éliminer un concurrent), ça se discute, l'école de chicago a développé énormément d'arguments sur la question.

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