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Gare Du Nord (suite)


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On dirait que tu parles des hommes politiques H16…

Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait, évidemment, que pure coïncidence.

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Je me permets d'apporter un bémol à cette affirmation, que j'aurais tendance à trouver juste au demeurant, dans le cas de violences conjugales, je trouve les gendarmes plutôt bien, mais c'est surement parce que sur ces délits, on le leur demande particulièrement.

Les effectifs police-gendarmerie ont été "sensibilisés" à ces délits il y a quelques mois. Auparavant, si la femme ne portait pas plainte, le type n'était pas emmené. Désormais, si les violences sont visibles, l'auteur est interpellé. Si la femme porte plainte, elle est souvent transportée aux urgences médico-judiciaire, si un véhicule est disponible évidemment.

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Tout ceci donne à penser que :

1 - le crime, en France, paye

2 - il est relativement facile de ne pas se faire chopper

3 - et quand on se fait chopper, il est assez simple de ne pas trop mal s'en sortir.

Si, de surcroît, on est intelligent, déterminé, organisé et inventif, la France est un paradis du monte-en-l'air.

Comme tout être humain normalement consitué le criminel doit faire le calcul cout ou risque / gain, vu la justice actuelle, il est évident que le risque est mineur, la criminalité a de beaux jours devant elle.

Le jour où les risques seront clairement supérieurs au gain possible, je pense que l'on verra le taux de criminalité baisser.

En Suisse les gens sont armés, le nb de cambriolages est faible.

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En Suisse les gens sont armés, le nb de cambriolages est faible.

Ah! La Suisse, son armée de milice avec sa dotation…

sg550.jpg

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Hier soir j'ai vu un documentaire avec des cas réels. Le type, un voleur par effraction avec 19 condamnations sur 10 ans (sans compter les effacées) se fait chopper une vingtième fois. Il dit qu'il va arrêter, on le remet en liberté avant son jugement, il recommence une semaine plus tard. On l'arrête encore, il passe en jugement. Le proc réclame 8 mois (c'est tout?). Il prend 4 mois ferme (c'est touuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut?????), bien entendu sans rien à rembourser, hein, les victimes n'existent pas. Second jugement, le proc requiert 8 mois (encore?). Il prend 5 mois… avec sursis (à ce moment là j'étais en train de mordre sauvagement un pilon de poulet pour ne pas hurler). Toujours aucune mention du remboursement aux victimes.

Je crois reconnaître le reportage en question. Et à la toute fin il est encore dit qu'il récidive après cette dernière condamnation. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air bien méchant et qu'il essayait un peu de se "soigner" mais il y a un moment où il faut dire stop.

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Ouais et puis toute façon, tout ça, c'est la faute des flics. Heureusement qu'un sociologue est là pour nous le dire, on aurait pu commettre une bavure en envoyant des "jeunes" en taule sinon.

Invité Arn0
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Je crois reconnaître le reportage en question. Et à la toute fin il est encore dit qu'il récidive après cette dernière condamnation. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air bien méchant et qu'il essayait un peu de se "soigner" mais il y a un moment où il faut dire stop.
J'ai l'impression d'ailleurs que les jugements reposent beaucoup sur l'impression physique que donne le prévenu. Si "il a pas l'air méchant" il va s'en sortir bien mieux pour grosso modo les même faits commis dans les mêmes circonstances et avec le même profil. D'une manière générale plus je m'informe sur la manière dont est rendue la justice plus l'impression dominante que je retire des tribunaux c'est l'arbitraire : selon le juge, selon son humeur … les condamnations peuvent ne strictement rien à voir entre elles. Des types se prennent de la prison pour pas grand chose et d'autre y échappent alors qu'ils ont un profil qui ne plaident pas en leur faveur et qu'ils ont commis des actes vraiment graves (et que leur culpabilité a pourtant été reconnue).
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La Suisse est la preuve qu'une politique très laxiste en matière d'armes à feu ne conduit pas à la chienlit.

Invité jabial
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Je crois reconnaître le reportage en question. Et à la toute fin il est encore dit qu'il récidive après cette dernière condamnation. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air bien méchant et qu'il essayait un peu de se "soigner" mais il y a un moment où il faut dire stop.

A moins d'être stupides ou d'avoir d'excellentes raisons de penser qu'on a affaire à des gens qu'on peut intimider, les criminels sont tout sucre tout miel quand ils se retrouvent devant un juge. J'ai aussi remarqué que le juge croit parfois être sévère parce qu'il réprimande le prévenu ; or, il se trouve que ces gens-là ne sont pas des enfants qu'il faut taper sur les doigts. Ce sont des nuisance dont il faut se protéger, et dans la limite et dans le cadre de cette protection, si c'est possible, on peut se payer le luxe de tenter de les "réhabiliter". Le problème des bonnes âmes parisiennes est qu'elles voient ce principe à l'envers - c'est-à-dire qu'ils considèrent que leur rôle est de réhabiliter les criminels et qu'on ne prend des mesures de protection que si ça apparaît vraiment, vraiment indispensable. Autrement dit, leurs clients sont les criminels et pas les honnêtes gens. Inutile de cite Hoppe pour que vous imaginiez que dans une société de tribunaux privés qui ne seraient pas payés par miracle tout de même, il n'en serait pas ainsi, avec les conséquences de bon sens qu'on eput imaginer.

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Comment fonctionneraient des tribunaux privés justement ?

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Ouais et puis toute façon, tout ça, c'est la faute des flics. Heureusement qu'un sociologue est là pour nous le dire, on aurait pu commettre une bavure en envoyant des "jeunes" en taule sinon.

Je mets en ligne l'intégralité du texte car il comporte des points forts intéressants, quoique vous puissiez en dire par ailleurs. Ce sociologue, bien que l'on soit en droit de se méfier, est loin de dire des imbécilités.

Christian Mouhanna : "Le malaise entre jeunes et policiers s'est généralisé"

le 30/03/2007 00:31:43, JoeLeTaxi a écrit :

Un peu de lecture subversive pour la nuit.

Chat

Deux jours après les événements dans la gare du Nord, Christian Mouhanna, sociologue et auteur du rapport de recherche "Réinventer la police urbaine : Paris-Montréal", revient dans un chat au Monde.fr sur les rapports tendus entre police et citoyens.

AFP/FRANCOIS GUILLOT

Selon la préfecture de police, au moins neuf personnes ont été interpellées dont le voyageur sans ticket, un homme de 33 ans.

Julia : Comment peut-on mesurer une relation de dégradation ou d'amélioration entre deux catégories de la population ?

Christian Mouhanna : Lors de l'évaluation de la police de proximité, nous avions testé un dispositif destiné à mesurer l'image de la police auprès de la population, et nous pouvions mesurer des variations dans cette relation. Mais ce type de mesures doit se faire à l'échelle d'un quartier, et non à l'échelle nationale.

Il s'agit de sondages qui touchent toutes les tranches de la population, jeunes, vieux, etc., et qui servent non seulement à mesurer l'image de la police dans la population, mais aussi les attentes vis-à-vis de la police. Ce qui est dommage, c'est que tous ces dispositifs d'évaluation ont été supprimés en même temps que la police de proximité.

sam : L'interpellation d'un sans-papiers près d'une école parisienne et les violences intervenues gare du Nord témoignent-elles d'une dégradation des relations police-ensemble de la population ?

Christian Mouhanna : On peut le penser. Elles témoignent en tout cas d'une méconnaissance de la part des policiers du climat au sein de la population. Notamment, ils ne mesurent pas bien l'impact de leur action dans le domaine des sans-papiers. La police connaît de moins en moins bien la population des quartiers où elle travaille, et c'est vrai aussi bien dans les banlieues que dans les centres-villes.

La situation est particulièrement tendue en région parisienne, puisque l'on a affaire à des policiers avec peu d'expérience professionnelle et qui ont généralement très peu d'attaches personnelles dans cette région.

tom : Peut-on parler de sous-représentation des minorités françaises dans la police, et est-ce un facteur aggravant d'incompréhension mutuelle ?

Christian Mouhanna : Il y a vraisemblablement une sous-représentation, mais on ne peut pas la mesurer d'un point de vue légal. C'est le problème des statistiques "ethniques". Néanmoins, je pense que le problème n'est pas uniquement celui de la représentation, mais celui de la compréhension. On peut avoir affaire à des policiers n'appartenant pas à ces minorités et pour qui elles ne représentent pas une "cible", mais force est de constater que souvent, le fait d'appartenir à une minorité constitue un facteur supplémentaire de suspicion de la part des policiers.

ylsen79 : N'y a-t-il pas un problème dans le recrutement et la qualification de notre police ? Si oui, quelles seraient les mesures à prendre pour arriver à former une police citoyenne, respectée parce que respectable ?

Christian Mouhanna : Des études ont montré l'impact très fort de la formation des policiers dans leur manque d'ouverture au public. Brièvement, on pourrait dire qu'on attend d'eux davantage du contrôle que de la compréhension. La formation serait vraisemblablement à revoir. Le service au public devrait constituer une des priorités qui ne soit pas seulement mobilisée quand il y a une politique de proximité, mais qui fasse partie en permanence de la politique de sécurité.

adrien : Pourquoi, selon vous, la police a-t-elle si mauvaise image dans nos quartiers ? Comment rétablir la confiance ?

Christian Mouhanna : Plusieurs raisons expliquent cette dégradation. Des raisons historiques et politiques : on a affaire à une police centralisée qui cherche davantage à répondre aux attentes de sa hiérarchie qu'à répondre aux attentes du public. Il y a aussi un problème de proximité avec la population. Les policiers sont de moins en moins issus de la classe ouvrière, et encore moins de ces quartiers. Beaucoup viennent de régions où ils n'ont pas l'habitude de côtoyer les populations de ces quartiers. Par ailleurs, beaucoup de policiers ont peur et pensent avant tout à se protéger eux-mêmes, ce qui ne favorise pas l'ouverture vers le public. Quand, en plus, on leur demande de faire du chiffre et d'appliquer la tolérance zéro, c'est-à-dire d'appliquer la loi sans réfléchir, cela attise les tensions.

nadia : Peut-on établir un lien entre cette dégradation et l'organisation de la police ?

Christian Mouhanna : Le diagnostic a été fait déjà en 1977 par la commission Peyrefitte, qui avait bien montré l'existence d'un dispositif policier extrêmement centralisé, tourné vers la protection de l'Etat plus que vers les citoyens. Les diverses tentatives de rapprocher la police du citoyen (l'îlotage dans les années 1980-1990, puis la police de proximité entre 1997 et 2001) visaient à répondre à ce défaut. Mais toutes ces tentatives ont été ajournées, et le retour à une police centralisée a annihilé tout progrès en ce sens.

rouda : Police de proximité ? Police des quartiers ? Police des banlieues ? Police urbaine ? Police municipale ? Pouvez-vous évaluer ces différentes organisations policiaires ?

Christian Mouhanna : Une police de proximité vise justement à améliorer les relations entre le policier et les citoyens, cela est vrai aussi bien dans les quartiers de centre-ville que dans les "banlieues". Cette proximité doit d'ailleurs permettre d'exercer différentes formes de police, à chaque fois adaptées aux attentes du secteur dans lequel travaillent les policiers.

Une police municipale devrait naturellement être proche des citoyens. Toutefois, on constate que certaines polices municipales veulent "imiter" la police nationale et ne pas assumer une mission de proximité. Elles préfèrent faire de la police répressive.

Eldakien : Quels étaient les résultats des polices de proximité au temps de leur existence ?

Christian Mouhanna : Cela dépendait des secteurs, des quartiers. C'est le propre d'une police de proximité. Dans certains quartiers, les policiers ont fait un travail remarquable, et on pouvait mesurer une réelle amélioration des relations, en particulier avec les jeunes. Dans d'autres endroits, la police de proximité est restée un effet d'annonce sans modification des pratiques, et surtout de l'état d'esprit des policiers.

Shyfx : Pensez-vous que la police puisse avoir un rôle social, ou doit-elle uniquement avoir un rôle coercitif ?

Christian Mouhanna : La police a de toute façon un rôle social. C'est ce que reconnaissent en particulier les polices des pays anglo-saxons, pour qui il n'y a pas d'opposition entre prévention et répression. Une police qui a uniquement un rôle coercitif se coupe inévitablement de la population. De même, une police qui ne serait que préventive n'a pas de raison d'être.

Les Anglo-Saxons préfèrent parler de police de résolution de problèmes. De façon pragmatique, il ne s'agit pas de décider a priori si la police doit être préventive ou répressive, mais de laisser aux policiers la capacité de s'adapter au quartier et à la situation qu'ils rencontrent. Toutefois, le policier ne peut pas assumer les rôles sociaux seul : il doit y avoir un relais partenarial avec des associations, avec les collectivités locales, etc.

Jacques : Par quels canaux Nicolas Sarkozy a-t-il insufflé son "esprit" aux policiers : notes internes, objectifs chiffrés, couverture en cas d'affaire sensible, primes, circulaires… ? Quelles en sont les conséquences ?

Christian Mouhanna : Le contrat informel qui a été passé avec les policiers a été fondé sur ce que Nicolas Sarkozy a appelé la culture de la performance. Il s'agissait de demander aux policiers de faire du chiffre, en assortissant cette demande de primes. D'où des pratiques qui se sont focalisées sur le quantitatif aux dépens du qualitatif. Résultat : les policiers se sont attachés à résoudre beaucoup d'affaires simples plutôt que de "perdre du temps" sur des dossiers plus complexes, mais qui produisaient moins de personnes en garde à vue ou mises en examen.

Les chiffres en question sont une augmentation des gardes à vue et mises en examen, mais aussi une amélioration des taux d'élucidation, c'est-à-dire du nombre d'affaires résolues par rapport au nombre de faits constatés. D'où des pratiques qui ont été la focalisation sur, par exemple, la consommation de stupéfiants (un fait résolu = un fait constaté = taux d'élucidation 100 %), ou bien un moins bon accueil dans les commissariats qui a pu dissuader les gens de porter plainte (moins de plaintes = meilleur taux d'élucidation).

Julia : J'ai lu récemment dans une enquête qu'une arrestation sur trois se passe mal (outrage à agent, voire agression). Le malaise est donc réciproque ?

Christian Mouhanna : Oui. Dans les outrages à agent, le problème est que le policier est à la fois juge et partie. C'est donc au moins autant un indicateur du malaise policier que des tensions qui existent entre les personnes interpellées et les policiers.

rocki : Peut-on parler d'une double radicalisation dans les quartiers sensibles, de la part des jeunes et des policiers ?

Christian Mouhanna : Je ne sais pas s'il y a radicalisation, mais en tout cas il est évident qu'il n'y a pas d'amélioration de la situation. On observe effectivement des phénomènes de cercle vicieux où les craintes et les ressentiments des uns – les jeunes – alimentent les craintes et les ressentiments des autres – les policiers.

flippon : La question ne se pose-t-elle pas entre la police et une fraction seulement de la population (ces jeunes délinquants) ? Le malaise est-il généralisé ?

Christian Mouhanna : Je pense que le malaise est généralisé. Lorsqu'on mesure l'image de la police dans la population, on s'aperçoit que lorsque les relations de la police avec les jeunes s'améliorent, elles s'améliorent encore plus avec l'ensemble de la population. Souvent, c'est parce que le policier joue un rôle de médiateur entre les différentes "fractions" de la population. Cela dit, ce n'est pas parce que le malaise est généralisé que la réponse, notamment politique, des uns et des autres sera la même. Si tous les gens peuvent penser que la situation s'est dégradée dans les quartiers, ils peuvent en tirer des conclusions opposées et avoir un vote qui sera dans un cas à gauche, et dans l'autre plutôt vers la droite ou l'extrême droite.

alexxxx : Quelles sont les différences entre la police version française depuis Sarkozy, la police américaine version Bush et la police canadienne ?

Christian Mouhanna : La première différence, c'est qu'on peut parler d'une police nationale française, mais que ce concept n'a aucun sens dans le cas canadien ou dans le cas américain.

Aux Etats-Unis, les polices sont municipales, les politiques de sécurité constituent des enjeux électoraux forts à l'échelle locale, mais il n'y a pas de police nationale au sens français du terme. Les polices américaine et canadienne sont en général (mais cela dépend des villes) beaucoup plus soucieuses que la police française de l'image qu'elles ont auprès de leur public. Elles doivent rendre des comptes, c'est ce qu'on appelle l'"accountability". Les policiers sont conscients que ce sont les citoyens qui les paient et cherchent aussi à rendre service.

C'est aussi vrai au Canada, par exemple à Montréal, où la mise en place de la police de proximité locale s'est faite en concertation avec les associations d'habitants, alors qu'à Paris la mise en place de la police urbaine de proximité a été décidée par trois fonctionnaires dans un bureau.

strasbourgeois : Comment expliquer le fait que beaucoup de polices, comme aux Etats-Unis par exemple, soient plus répressives que la nôtre et pourtant plus respectées ?

Christian Mouhanna : Le problème n'est pas d'opposer prévention et répression, mais justement, de répondre à la population contre la politique décidée de manière centralisée. Aux Etats-Unis, dans beaucoup de villes, Chicago par exemple, de réels efforts ont été faits pour que le public participe à la définition des politiques de sécurité. Ces politiques intègrent aussi bien la prévention que la répression. Mais il faut que cette répression soit ciblée, expliquée et qu'elle fasse l'objet d'un relatif consensus dans la population. En même temps, la police n'hésite pas à aider les gens, à faire du social dans certaines situations. Elle s'attire ainsi la coopération de la population, qu'elle fasse de la prévention ou de la répression.

S. : La situation que nous vivons en France – où la police n'est plus perçue comme facteur d'ordre et de justice, mais comme élément d'oppression "forcément" injuste – a-t-elle été connue par d'autres pays ? S'en sont-ils sortis, et comment ?

Christian Mouhanna : Je ne sais pas si l'on peut parler d'oppression, c'est une question d'appréciation. Plus globalement, il est intéressant de constater que des pays qui ont connu des dictatures (Amérique du Sud, pays de l'Est) sont désormais soucieux de réformer leur police et développent notamment des politiques de police de proximité, avec justement une préoccupation essentielle : mettre la police au service du citoyen et plus uniquement au service de l'Etat.

luc : N'y a-t-il pas un problème français face à l'autorité ? La peur d'un Etat répressif n'est-elle pas forgée par la mémoire collective depuis Vichy et la police de Pétain ?

Christian Mouhanna : Il est vrai que la création de la police nationale date de 1941 et que sa mission essentielle a depuis été la protection de l'Etat. Ce mouvement s'est maintenu durant la guerre d'Algérie, puis pendant et après Mai 68. Le citoyen est, dans cette optique, considéré comme un individu à contrôler, mais pas comme un partenaire. Quand en plus il est jeune, qu'il vient d'un quartier à mauvaise réputation, le partenariat avec la police est quelque chose d'impensable pour les responsables administratifs.

Mais la peur n'est pas seulement du côté du public. Elle est aussi du côté des policiers, qui, du fait de leur manque de connaissance des populations, savent mal comment gérer au mieux les situations.

bob : Ne pensez-vous pas que la stigmatisation de la police par les médias et l'ensemble de la classe politique, qui voit en elle un outil, nuit gravement à son action?

Christian Mouhanna : Qu'elle le veuille ou non, la police est devenue l'instrument d'une stratégie électorale. Le problème est maintenant pour elle de produire un discours professionnel qui soit déconnecté des enjeux politiques, ce qui évidemment n'est pas facile aujourd'hui.

vidocq : On parle beaucoup des défaillances de Nicolas Sarkozy. Que pensez-vous des politiques de sécurité des autres candidats à la présidentielle ?

Christian Mouhanna : Je ne suis pas sûr que la réflexion soit toujours très approfondie sur ce thème. Traditionnellement, ce sujet est considéré par le personnel politique comme un sujet sensible, médiatique, et les chercheurs qui travaillent sur ce sujet sont rarement écoutés. Trop souvent, on observe des déclarations un peu simplistes. Par ailleurs, le personnel politique craint souvent les réactions corporatistes des policiers. Il évite ainsi parfois d'aborder les sujets qui fâchent. Néanmoins, on peut, en s'appuyant sur les policiers de terrain, qui ont parfois développé des pratiques efficaces et intelligentes, faire évoluer les choses. Trop souvent, le politique cherche à montrer son pouvoir en imposant des directives aux policiers de terrain, alors qu'il connaît mal les problèmes concrets auxquels ces policiers sont confrontés.

Camille : La situation s'est-elle aggravée depuis les émeutes de 2005 ?

Christian Mouhanna : C'est difficile à dire. La situation était déjà très tendue avant les émeutes. Ce qui est clair, c'est qu'elle ne s'est pas améliorée, et que le gouvernement n'a pas adopté de nouvelle stratégie pour répondre à cette situation. On est toujours dans la politique du tout-répressif et du chiffre, ce qui vraisemblablement déplaît aussi aux policiers.

Policier_qui_aime_son_boulot : Les dernières élections syndicales de la police ont tout de même montré qu'il y a une opposition majoritaire des flics de terrain envers leur ministre de tutelle. Est-ce que ce ne sont pas eux qui, contrairement au cliché, souffrent le plus de la politique de Nicolas Sarkozy au fond ?

Christian Mouhanna : Oui, bien entendu. Ceux qui aiment leur travail souffrent d'être soumis à la dictature du chiffre, et tous ceux qui sont sur le terrain sont soumis aux risques physiques. On est donc actuellement dans un système où les policiers, les jeunes et la population en général sont tous perdants.

Chat modéré par Chat modéré par Anne-Gaëlle Rico

Cela complète et confirme mes divers posts sur ce sujet dans le thread dédié au Café Liberté.

Je suis désolé d'avoir à vous dire cela Mon cher Toast, mais il me semble que la vision de l'ordre et de la police défendue sur La Résistance et plus largement sur les PF est non seulement psychorigide mais de plus très datée.

A mon sens, beaucoup des problèmes que nous connaissons avec les jeunes de certains quartiers pourraient être évités si on avait fait évoluer la police vers le modèle américano-canadien. Comment expliquer autrement le fait que pour Montréal, qui est quasiment égale à paris en terme de population comme de superficie, 4.100 policiers suffisent alors que Paris est obliger d'en aligner 18.667? Comment expliquer que ces 4.100 flics puissent présenter des résultats étonnant (-37% de délinquance sur 10 ans!). Ce sont deux doctrines différentes. D'un côté, il y a le modèle français censé plus défendre l'état que le citoyen, de l'autre le modèle qui considère le citoyen comme un client à qui on doit rendre le service pour lequel il paie avec qui on fonctionne en partenariat. Pourquoi croyez-vous que les flics canadiens apprennent les langues des minorités auxquels ils sont confrontés dans leurs secteurs? Sinon pour qu'il puisse y avoir dialogue et compréhension? Pour autant cela n'empêche pas d'avoir recours à la force si le besoin s'en fait sentir, mais c'est un recours ultime, un constat d'échec en somme.

Qu'on le veuille ou pas, la police, du simple fait qu'elle est un corps constitué émanant de la société, a un rôle social à jouer. Avoir à jouer un tel rôle ne veut pas pour autant dire qu'il faut faire de nos flics des sortes de super nounous, animateurs de quartier plus prompts à organiser des matches de foot avec les jeunes qu'à pratiquer leur métier. Dans les pays anglo-saxons, les polices ont plusieurs outils qui leur permettent d'adapter leurs méthodes en fonction du milieu dans lequel les agents vont évoluer. Il y a d'abord les compte-rendus des agents de terrain qui donnent de précieuses indications, il y a également la technique du mapping. Chaque poste de police reporte en temps réel sur la carte en ligne de la ville chaque lieu où s'est déroulé un fait (délit, crime, etc.), des indications sur la nature du quartier sont également reportées (pourcentage de la population par tranche d'âge, taux de mères célibataires, de parents isolés, ratios de la population par origine, etc.). Des cours sont proposés aux agents dans le cadre de la formation sur les cultures auxquelles ils seront confrontés. Par ailleurs les services de police mettent sur pied en relation avec la municipalité et des associations des programmes contractuels visant à scolariser les jeunes en dérive mais qui ont été détectés comme potentiellement rattrapables. Des programmes de coopération avec les parents ont été mis en place, des programmes de citoyens référents ont été également développés. Enfin et pour finir, des programmes de mise en place d'équipements financés via le mécénat, pilotés par les municipalités et les associations ont été mis en place.

Sur le chapitre de la culture du chiffre, le modèle américain Compstat a été fort mal compris par la hiérarchie française lorsqu'elle l'a importé. Le but initial ne consistait pas à imposer aux policiers des réductions drastiques de la criminalité prédéfinies de manière plus ou moins arbitraire. Il s'agissait avant tout d'utiliser l'outil statistique pour identifier les "points chauds" (hotspots) de la délinquance, ainsi que de rendre plus transparente la productivité policière et mettre en lumière des bonnes pratiques qui pourraient ensuite être généralisées à l'ensemble de l'organisation pour éliminer ces "points chauds". L'objectif était principalement d'identifier les bons et les mauvais gestionnaires, c'est à dire ceux qui sont capables (ou incapables) d'inventer et de mettre en oeuvre de nouvelles stratégies et façons de travailler. D'un système particulièrement intéressant car il permet d'auditer à la fois le travail de la hiérarchie et le travail des agents, on en a fait un outil destiné à mettre la pression, système particulièrement générateur de stress et qui à mon sens n'est pas pour rien dans l'important taux de suicide qui frappe la profession. Fait très peu médiatisé par ailleurs.

Oui, ce sociologue met le doigt sur pas mal de dysfonctionnements, sur des erreurs de stratégie, d'appréciation et surtout sur l'incompréhension française de ce que doit être l'ordre public. Le monde a évolué. On ne peut pas d'un côté désirer une mondialisation libérale, c'est à dire une coopération volontaire tout en prônant un ordre public issu d'une vision policière datant grosso modo de Vichy. Si le monde a évolué, la société également. En fait, ce refus de voir évoluer la notion d'ordre public vers une gestion coopérative avec les citoyens est symptomatique de notre société bloquée qui refuse en bloc à la fois le libéralisme et la mondialisation. L'état doit imposer l'ordre. J'avoue que ce qui me fait le plus mal, c'est de voir des libéraux défendre cette vision.

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Tout ceci donne à penser que :

1 - le crime, en France, paye

2 - il est relativement facile de ne pas se faire chopper

3 - et quand on se fait chopper, il est assez simple de ne pas trop mal s'en sortir.

Si, de surcroît, on est intelligent, déterminé, organisé et inventif, la France est un paradis du monte-en-l'air.

C'est le moment, alors, de fonder des entreprises de police et d'arbitrage privées, et de faire compétition à l'Etat. Y a du pognon (légitime) à se faire.

Bon, sinon, à lire ce fil j'ai l'impression franche et nette que la Police Nationale est la serpillère de la société française, si pas pire: payés comme de la merde, et utilisés comme du papier-toilette. Ce triste état de fait est à mon avis issu de la volonté peut-être pas tout à fait consciente de la classe politique, puisqu'ils n'ont pas vraiment intérêt à défendre les gens ordinaires et donc à détourner les moyens qui devraient être mis en œuvre dans ce but vers d'autres efforts qui leur profitent plus, ou plus directement.

Posté

Il serait tentant de retenir l'idée selon laquelle la police française ne cherche qu'a plaire a sa hierarchie, et pas a répondre aux attentes de la population, comme dans beaucoup de pays (pensons au cliché du gentil flic anglais).

Mais a vrai dire, le probleme est peut etre opposé : la population française n'attend rien de sa police, elle en est complétement dépossédée, comme cette discussion sur la gare du Nord l'a bien montré.

Quand on n'attend rien, on n'est pas déçu!

Posté
La Suisse est la preuve qu'une politique très laxiste en matière d'armes à feu ne conduit pas à la chienlit.

Pas laxiste, LIBERALE

Posté
Je mets en ligne l'intégralité du texte car il comporte des points forts intéressants, quoique vous puissiez en dire par ailleurs. Ce sociologue, bien que l'on soit en droit de se méfier, est loin de dire des imbécilités.

Je suis désolé d'avoir à vous dire cela Mon cher Toast, mais il me semble que la vision de l'ordre et de la police défendue sur La Résistance et plus largement sur les PF est non seulement psychorigide mais de plus très datée.

Ah, mais je suis convaincu que ce sociologue dit des choses intéressantes. Mais j'ai eu l'impression, en lisant l'interview, que le problème, dans le fond, ne venait pas même en partie des émeutiers (notamment lorsqu'il évoque avec un air réprobateur le fait que les policiers "cherchent d'abord à se protéger" : dans le contexte actuel, l'affirmation m'a semblée révélatrice) Je suis peut-être complètement parano.

Posté
Ah, mais je suis convaincu que ce sociologue dit des choses intéressantes. Mais j'ai eu l'impression, en lisant l'interview, que le problème, dans le fond, ne venait pas même en partie des émeutiers (notamment lorsqu'il évoque avec un air réprobateur le fait que les policiers "cherchent d'abord à se protéger" : dans le contexte actuel, l'affirmation m'a semblée révélatrice) Je suis peut-être complètement parano.

Plus précisément sur le point évoqué:

Par ailleurs, beaucoup de policiers ont peur et pensent avant tout à se protéger eux-mêmes, ce qui ne favorise pas l'ouverture vers le public.

En premier lieu, il convient de rappeler que la peur est salutaire. Pour ma part si d'aventure je devais avoir à travailler avec un collègue affirmant ne pas avoir peur, je prendrais beaucoup de précautions. Le but du jeu n'étant pas de se comporter tel le héros cinématographique qui fonce au feu le torse bombé. J'aime à rappeler que le premier devoir d'un flic est de rentrer chez lui le soir, entier de préférence. Lorsque Mouhanna évoque la peur, je pense qu'il veut plutôt parler d'une inquiétude grandissante. Les faits de la Gare du Nord ont montré, une fois de plus, que la donne est en train de changer. Non seulement la police doit faire face à la racaille, ce à quoi elle est habituée, mais qu'elle doit également se défier de la population qu'elle est censée protéger.

Vivre constamment le dos au mur n'est pas à proprement parler une attitude agréable et en tout cas pas de nature à faciliter l'ouverture et à considérer le citoyen comme un client. Si à cela vous ajouter une hiérarchie on ne peut plus frileuse qui n'aura de cesse que de se désolidariser de la base au moindre frémissement journalistique, vous comprendrez qu'une certaine démoralisation se fasse jour au sein de la profession.

Vous n'avez qu'à parcourir les fora syndicaux, suite à l'affaire de la foire du trône, où tout ce qui compte au sein du MI comme de la Chancellerie s'accorde à classer cela comme un terrible incident alors que l'enquête n'est même pas finie, pour prendre la mesure du dégoût grandissant. Non, ce n'est certainement pas de la peur, mais une extrême lassitude doublée d'un stress grandissant. Je le dis et répète, un suicidé par semaine devrait normalement inquiéter, mais personne ne veut entendre la sirène d'alarme.

Posté
Putain, il est fort ce Sarkozy, trois insultes en une !!

C'est ça qu'on appelle le "marketing politique" ? :icon_up:

Posté
Vous voilà démasqué par BHL !

"Si on enlève le 'aille' de racaille, il reste le 'race' de race !" :icon_up:

http://www.dailymotion.com/video/x1o8dp_bh…-segolene-royal

Quelle clinche ! Quand la "pensée" française oscille entre l'Almanach Vermot et Lacan/Heidegger, il y a de quoi se tordre les côtés de rire !

Ca y est, je viens de changer de pantalon, tellement je me suis compissé !

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