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Nos crises (de foie, de foi, nerveuses, etc)


Marquis de Sade

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  Marquis de Sade a dit :
Le Marquis traverse une crise "spirituelle".

Raconte-nous tout.

patientbearandcooldog.jpg

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Depuis l'âge de 14 ans, j'ai toujours attribué les déboires, le désespoir et les tribulations au mérite.

C'était un peu : si tu récoltes de mauvais fruits, c'est que tu as semé de l'ivraie.

A force de me demander "qu'ai-je fait ?" et ne trouvant pas de réponse, j'ai répondu "ce n'est pas ce que j'ai fait, c'est ce que je suis." Fantastique réponse qui closait le sujet et qui disait "quoi que je fasse, je ne peux jamais bien faire." C'est le genre de concept paulino-luthérien relativement développé en Suisse, même si le pays est plutôt calviniste.

Cf. Rom. 3.10 "Aucun homme n'est juste, pas même un seul."

Conséquence : une sorte d'a-moralisme absolu qui dit que le "bon & honnête médecin" ne vaut pas mieux que le "pire des violeurs", que quoi qu'il fasse, il le fait mal.

C'est sur ces bases que Luther disqualifiait les Lois & l'Ancien Testament (=l'Homme est incapable de satisfaire aux exigences de la Loi) mais aussi tous les procédés de justification mis en place par les Églises catholiques (confessionnal, trafique d'indulgences, bonnes oeuvres).

Il n'y avait donc plus à se justifier, étant dans l'impossibilité de le faire & ayant un Dieu qui nous accepterait gratuitement, c'est-à-dire en dépit de tout.

C'est là-dessus que j'avais d'abord fondé mon anti-angélisme qui consistait à se complaire dans ce qu'on considère comme sale, crasseux, vicieux, vicié, abominable, condamnable, mal, etc.

Mais ces derniers temps, probablement l'âge, la lassitude & la re-lecture de Sade, je commence à remettre en cause la relation si étroite que j'avais établis entre désespoir & mérites. C'est-à-dire, à me dire "peut-être que rien de ce qui nous arrive n'est question de mérite, qu'on peut récolter de mauvais fruits ayant semé du bon grain ; de bons fruits ayant semé de l'ivraie."

Je sais bien que mes réflexions à ce sujet peuvent vous paraître d'un médiéval poussiéreux, mais peut importe, ça trouve place dans ma vie quotidienne. A la base, un traumatisme psychique.

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  Marquis de Sade a dit :
Depuis l'âge de 14 ans, j'ai toujours attribué les déboires, le désespoir et les tribulations au mérite.

C'était un peu : si tu récoltes de mauvais fruits, c'est que tu as semé de l'ivraie.

A force de me demander "qu'ai-je fait ?" et ne trouvant pas de réponse, j'ai répondu "ce n'est pas ce que j'ai fait, c'est ce que je suis." Fantastique réponse qui closait le sujet et qui disait "quoi que je fasse, je ne peux jamais bien faire." C'est le genre de concept paulino-luthérien relativement développé en Suisse, même si le pays est plutôt calviniste.

Cf. Rom. 3.10 "Aucun homme n'est juste, pas même un seul."

Conséquence : une sorte d'a-moralisme absolu qui dit que le "bon & honnête médecin" ne vaut pas mieux que le "pire des violeurs", que quoi qu'il fasse, il le fait mal.

C'est sur ces bases que Luther disqualifiait les Lois & l'Ancien Testament (=l'Homme est incapable de satisfaire aux exigences de la Loi) mais aussi tous les procédés de justification mis en place par les Églises catholiques (confessionnal, trafique d'indulgences, bonnes oeuvres).

Il n'y avait donc plus à se justifier, étant dans l'impossibilité de le faire & ayant un Dieu qui nous accepterait gratuitement, c'est-à-dire en dépit de tout.

C'est là-dessus que j'avais d'abord fondé mon anti-angélisme qui consistait à se complaire dans ce qu'on considère comme sale, crasseux, vicieux, vicié, abominable, condamnable, mal, etc.

Mais ces derniers temps, probablement l'âge, la lassitude & la re-lecture de Sade, je commence à remettre en cause la relation si étroite que j'avais établis entre désespoir & mérites. C'est-à-dire, à me dire "peut-être que rien de ce qui nous arrive n'est question de mérite, qu'on peut récolter de mauvais fruits ayant semé du bon grain ; de bons fruits ayant semé de l'ivraie."

Je sais bien que mes réflexions à ce sujet peuvent vous paraître d'un médiéval poussiéreux, mais peut importe, ça trouve place dans ma vie quotidienne. A la base, un traumatisme psychique.

Tu te prends trop la tête. Détends-toi et profite de la vie.

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  Marquis de Sade a dit :
Conséquence : une sorte d'a-moralisme absolu qui dit que le "bon & honnête médecin" ne vaut pas mieux que le "pire des violeurs", que quoi qu'il fasse, il le fait mal.

Outre le fait qu'un bon medecin peut aussi etre le pire des violeurs (les hommes n'ont pas une seul dimension, de plus leur vie peut avoir des periodes tres differentes), j'ai la tres forte intuition que pratiquer la medecine vaut beaucoup mieux que violer. Si tu as un doute la dessus, fie toi a mon intuition.

  Marquis de Sade a dit :
Mais ces derniers temps, probablement l'âge, la lassitude & la re-lecture de Sade, je commence à remettre en cause la relation si étroite que j'avais établis entre désespoir & mérites. C'est-à-dire, à me dire "peut-être que rien de ce qui nous arrive n'est question de mérite, qu'on peut récolter de mauvais fruits ayant semé du bon grain ; de bons fruits ayant semé de l'ivraie."

Bien sur qu'on peut parfois ne pas recolter ce qu'on esperait, mais:

1) Statistiquement, sur la duree d'une vie, on vit mieux en agissant bien qu'en agissant mal. Recolter des bon fruits en semant de l'ivraie, c'est quand meme super rare.

2) La notion de "merites" ne sert a rien je pense. On ne merite rien, ce qui est important c'est de faire de son mieux. Au moins, on n'a pas de regrets.

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quoi que je fasse, je ne peux jamais bien faire

cette reflexion t'es t-elle venue a la suite de discussions philosophiques avec des amis francais altercomprenants ?

au cours de laquelle tu as ressenti une pression diffuse contre tes principes personnels?

je me trompe probablement mais elle ressemble au cul de sac dans lequel arrivent les esprits creatifs constamment emmerdes par la sur-critique obligatoire de tout dans laquelle sont plonges les djeunz francais.

Pour se developper, un esprit a besoin

de legitimite (mise a mal par la critique de tout et tous - en gros etre, c'est etre coupable (de polluer, d'etre facho, etc)

de compliments ( les francais aiment vanner. Ils aiment dire 'j't'aime pas' pour rire quand ils t'aiment bien.Seulement bien souvent ils oublient de dire 'j't'aime bien' et finissent par perdre toute capacite a le dire simplement.Or on a besoin de ca.)

et de valeurs morales claire (personne ne te donnera l'exemple puisque tous ont oublie - si tes valeurs sont claires elle preteront le flanc a la critique-de-tout.Les valeurs claires sont mal vues dans une societe citoyenne et festive.

Si dans ton univers tu n'existes que par ta capacite a critiquer, si ce qui vient de toi et uniquement de toi est systematiquement rabaisse, alors peut-etre ton desarroi vient de la.

Je ne crois pas au reflexions philosophiques qui fleurissent de rien dans l'absolu.

La base factuelle de tes aventures est bien plus interessante que le rendu analytique et philosophique que tu en fais, a mon avis :icon_up:

Posté
  Marquis de Sade a dit :
A la base, un traumatisme psychique.

C'est déjà un grand pas de piger qu'on subit telle névrose précise, qu'elle déforme nos perceptions du monde et que, face à des thèmes chatouilleux (à titre personnel), il est nécessaire de se distancier des pensées que nous inspire cette maladie. Surtout quand elle entraîne une crise d'emo.

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  JIM16 a dit :
cette reflexion t'es t-elle venue a la suite de discussions philosophiques avec des amis francais altercomprenants ?

au cours de laquelle tu as ressenti une pression diffuse contre tes principes personnels?

je me trompe probablement mais elle ressemble au cul de sac dans lequel arrivent les esprits creatifs constamment emmerdes par la sur-critique obligatoire de tout dans laquelle sont plonges les djeunz francais.

Je n'avais que 14 ans, quand cette réflexion m'est venue, et ce n'était pas encore l'heure des "discussions philosophiques".

En revanche, je n'ai pas échappé au jugement de certains prof qui me disaient sous-doué, aux cours de "coordinations" et aux séances chez le pédo-psychiatre scolaire.

Puis, père violent, mère qui disait "il avait bien raison de te frapper et il aurait bien raison de recommencer" chaque fois que j'essayais d'en parler. Frère violent, toxicomane et perdu, qui s'est suicidé il y a de celà quelques années.

Camarades de classe violents.

Retour à 14 ans : j'ai connu un collègue de classe qui n'était ni paria ni "fouteur" et cet état de fait bousillait déjà ma grossière découpe du monde. Il pouvait m'approcher sans devenir un paria pour autant, au point que je me suis dit "si j'ai son amitié, celà voudra dire que les fouteurs avaient peut-être tort de me prendre à parti, sinon c'est qu'ils avaient raison."

Je pense que tu imagine facilement ce qui s'est produit.

Il me fallait donc - et il (me) le faut toujours - que je lui donne raison, non seulement en coupant les ponts avec mes "amis", mais aussi en provoquant les ruptures & en m'adonnant au libertinage et au "monde des drogues." Et pourtant, rien de tout celà ne saurait lui donner "plus" raison qu'il ne l'a.

Post-Scriptum : de nos jours, c'est "sur-doué" qu'on me colle, et on ne me reconnaitrait presque que comme un cerveau sur pattes, ce qui n'est pas plus gratifiant que l'inverse.

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  jubal a dit :
J'ai la très forte intuition que pratiquer la médecine vaut beaucoup mieux que violer. Si tu as un doute la dessus, fie toi a mon intuition.

:icon_up:

Sinon, jouer l'handicapé moral pour le seul service d'une posture, c'est triste. Répandu, mais triste.

Mon diagnostique qui vaut ce qu'il vaut : il faut combattre la tendance à penser que tout ce qui arrive a une bonne raison d'arriver.

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  Marquis de Sade a dit :
En revanche, je n'ai pas échappé au jugement de certains prof qui me disaient sous-doué, aux cours de "coordinations" et aux séances chez le pédo-psychiatre scolaire.

Mouhahaha ça me rappelle des souvenirs personnels ça. Comme le corps enseignant s'y prenait comme un manche avec moi en primaire, ces honorables pédagogues en ont conclu que, trop idiote et caractérielle, je ne pourrais jamais suivre une scolarité normale. :icon_up:

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  Transtextuel a dit :
Mouhahaha ça me rappelle des souvenirs personnels ça. Comme le corps enseignant s'y prenait comme un manche avec moi en primaire, ces honorables pédagogues en ont conclu que, trop idiote et caractérielle, je ne pourrais jamais suivre une scolarité normale. :doigt:

Les libéraux tous des Calimeros :icon_up:

Mon cas:

Ma prof de français disait à ma mère que j'arriverai jamais à rien en français résultat 13 et 13 au bac, ma prof de maths lui a carrément dit que je n'aurai jamais mon bac.

Résultat Bac mention assez bien après un changement de lycée, ils sont persuadés que je suis une erreur de corrections… (ma mère faisant parti du conseil d'admistration des établissements privées du coin a eu des retours).

Faudrais que j'y passe un jour avec une belle voiture en m'inventant une bonne situation tout en signalant que j'ai eu le poste grace aux bons pistons de papa pour les énerver un peu :mrgreen:

A part ça, je suis en pleine crise de procrastination (leaders of tomorrow).

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  Marquis de Sade a dit :
Il n'y avait donc plus à se justifier, étant dans l'impossibilité de le faire & ayant un Dieu qui nous accepterait gratuitement, c'est-à-dire en dépit de tout.

Bref, plus besoin de se fouler.

Posté
  Citation
Il me fallait donc - et il (me) le faut toujours - que je lui donne raison, non seulement en coupant les ponts avec mes "amis", mais aussi en provoquant les ruptures & en m'adonnant au libertinage et au "monde des drogues." Et pourtant, rien de tout celà ne saurait lui donner "plus" raison qu'il ne l'a.

est-ce que c'est une histoire d'ami exclusif qui n'accepte pas tes autres amis?

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  JIM16 a dit :
est-ce que c'est une histoire d'ami exclusif qui n'accepte pas tes autres amis?

Non, c'est moi qui ne peut plus voir les autres comme amis, et lui-même ne l'est pas (il a coupé les ponts depuis fin 2003).

Si tu connais "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford", identifie-moi à Robert Ford et tu auras une petite idée de comment je "déifie" le bonhomme qui a refusé jusqu'à mon amitié.

En société, il y a un certain nombre de codes informels, de paramètres implicites (cf. Chomsky) qui légitiment & illégitiment quelques actions. Par exemple, le code du manger (=on ne mange pas avec les doigts), le code gestuel (=on ne montre pas du doigt), le code vestimentaire, l'ordre du discours, etc.

Il y a aussi un code de l'amour, et il est tel que demandé son amitié à quelqu'un va passer pour de l'amour. De même, faire une "déclaration d'amitié" va passer pour une déclaration d'amour. Et c'est assez évident que l' "ami" a cru que j'étais amoureux de lui.

Ça fait 12 ans maintenant que j'ai fait, de l'obstacle qui était mon présent, l'obstacle de mon éternité. On s'attend à ce que je puisse tout faire, et peut-être le puis-je, mais je suis impuissant à embrasser la seule chose qui m'importe.

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  dop a dit :
Les libéraux tous des Calimeros :icon_up:

Nan, j'ai pas envie de pleurnicher ni de :doigt: -atittude. Mon parcours défonce amplement la pignouferie de ces prétendus pédagogues et leurs méthodes à la graisse de hérisson. Même si je nourrissais des ambitions personnelles avec ma scolarité (heureusement), par effet collatéral je ne pourrais pas infliger claque plus vigoureuse à ces farceurs du primaire.

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