free jazz Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Les esprits fédéralistes atteints de priapisme dès lors qu'il est question de construction européenne et qui voyaient dans l'euro une Panacée se sont longtemps moqués des prédictions de Milton Friedman sur son échec. Même chez les libéraux il était de bon ton de dénigrer l'approche monétariste comme une théorie utilitaire dépassée. Or toutes ses prédictions sont en train de se réaliser sous nos yeux incrédules. Il expliquait ainsi dès 1996 que l'intégration forcée à la monnaie unique européenne conduirait à terme vers une augmentation des divergences économiques puis une désintégration politique de l'Union. Non pas qu'il fût hostile à un espace de circulation et de commerce européen, mais parce que cet espace ne serait viable qu'au sein d'un système de monnaies flottantes reflettant la diversité des situations nationales. Toute unification monétaire implique la disparition des banques centrales nationales et la mise sous tutelle du budget des Etats, voire l'interdiction constitutionnelle du déficit budgétaire. Sans cette condition politique le système monétaire implosera à terme. La monnaie européenne ne survivrait pas à la première crise venue. Le jour où l'Europe serait confrontée à une grave récession, les instincts de conservation et les égoïsmes nationaux ressurgiraient, la parité fixe empêchant tout ajustement adapté à la situation spécifique de chaque pays. L'édifice artificiel s'effondrera parce que les pays de la zone ne peuvent pas acquérir l'homogénéité politique, sociale, culturelle et linguistique des Etats américains, à moins d'un coup d'Etat européen entraînant une réduction drastique des libertés et une prise de contrôle technocratique. Parce que les peuples, dans leur diversité, demeurent hostiles à la construction forcée des Etats-Unis d'Europe. Chimère qui de toute façon n'est pas souhaitable et tournera au cauchemard pour les eurolandais acculés à la ruine après avoir été vampirisés. Les gouvernements commencent à comprendre, grâce à la défiance des marchés et l'action salutaire des spéculateurs, ce que Friedman annonçait (cf les récentes déclarations de Barroso), mais trop tard, qu'il ne peut y avoir d'union monétaire sans union politique c'est-à-dire sans gouvernement européen. Ce qui est impossible car aucun gouvernement national ne semble prêt à se saborder en se démettant de ses prérogatives et d'autre part parce qu'il n'existe pas de peuple européen. Retour sur un entretien de 1996 (in Géopolitique n°53) : PLUS DE FRIEDMAN EN SUIVANT : Unification économique, unification politique et souveraineté Robert Lozada – Croyez-vous à la possibilité d’une monnaie unique en Europe ? Milton Friedman – Pas de mon vivant en tout cas. Du vôtre peut-être, encore que je sois sceptique, mais pas du mien. Je ne crois pas à la création d’une monnaie unique en Europe dans les années à venir. Pas plus en 1997, la date originellement mentionnée, qu’en 1999, celle qui est maintenant avancée, qu’en 2002. Mais n’en est-on pas à discuter la forme des pièces et la couleur des billets ? Un calendrier précis de mise en œuvre du projet a été établi et un nom nouveau, l ‘euro, a été adopté pour la monnaie européenne. Quelle preuve supplémentaire voulez-vous de la détermination de nos dirigeants à faire aboutir cette entreprise ? Se mettre d’accord sur un nom est une chose. Rendre opérationnel un pareil projet est autre chose. Le rêve d’unification européenne ne constitue pas exactement ce que l’on peut appeler une récente découverte. Sans remonter plus loin, les projets abondent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La monnaie unique, on en parlait déjà au temps de l’Union européenne des paiements (UEP) et de la création du Marché commun dans les années 50, on en parlait encore à la fin des années 60 sous le nom de Communauté économique, on continuait d’en parler au temps du serpent monétaire de 1972 à 1978, puis du Système monétaire européen qui lui succéda en 1979 et dont la quasi-fixité des changes, avec une marge de fluctuation de chacune des monnaies limitée à 2,25 % de part et d’autre de la parité, était censée constituer un prélude à la monnaie unique. Or, le système s’est, en fait, effondré, sinon officiellement, du moins en pratique sous le coup des crises de 1992 et 1993 qui ont conduit, soit à la sortie de certaines monnaies (lire, livre sterling), soit à l’élargissement des marges dans des proportions telles, 15 % de part et d’autre du taux pivot, que cela équivaut à un flottement de fait. Et je n’évoque pas ici les échecs d’autres tentatives de changes fixes non limitées à l’Europe : Le Fonds monétaire international dans sa version originelle de 1944 ou l’accord du Louvre de 1987 entre les sept pays les plus industrialisés. Pourquoi accorder davantage de chances de succès à la tentative en cours qu’aux précédentes ? N’est-ce pas une affaire de volonté politique ? En Allemagne, le chancelier Kohl a imposé, en 1990, l’unification monétaire avec la RDA à un taux de parité entre les deux marks qui paraissait inconcevable à la Bundesbank. De la même façon, n ‘imposera-t-il pas sa vision politique pour la monnaie unique en 1998, au moment de la décision ? Je n’ai aucun doute que M. Kohl croit sincèrement à l’opportunité de créer une monnaie unique en Europe. Mais cette aspiration ne fonde pas d’elle-même les institutions et les conditions économiques nécessaires à la réussite du projet. Or, ces conditions ne me paraissent pas réunies. Nous sommes nombreux sur cette terre à aspirer à des choses irréalisables. Le projet de monnaie unique suppose la suppression du rôle de toutes les banques centrales existantes, Banque d’Angleterre, Banque de France, Banque d’Italie, etc. Et même la Bundesbank. Toutes remplacées dans leurs fonctions essentielles par une Banque centrale unique, la Banque centrale européenne (BCE), dont les pays membres du système sont censés devoir accepter les décisions. A mon avis, pour que cette banque puisse imposer son autorité, il faut que la zone couverte soit politiquement unifiée ou dans une situation équivalente sur le plan monétaire. On peut avoir une unification économique sans unification politique. A condition de combiner la liberté du commerce et des mouvements de capitaux avec des changes flottants, car ceux-ci préservent l’autonomie des politiques économiques des pays concernés. Si les changes sont fixes, cette autonomie disparaît. Il n’existe plus de politique économique spécifique à chaque pays et répondant aux conditions particulières existant dans le pays en question. Considérez, par exemple, la situation des Etats-Unis au cours du demi-siècle écoulé. Il y a quelques années, la Nouvelle-Angleterre souffrait d’un ralentissement économique nettement plus marqué que celui sévissant dans le reste du pays. Les capitaux et les hommes fuyaient vers le sud des Etats-Unis. Si la Nouvelle-Angleterre avait été une entité nationale, elle aurait dévalué sa monnaie pour endiguer cette détérioration économique. Mais les liens politiques ancestraux empêchant de même songer à une pareille démarche. La situation en Europe est toute différente. Les pays de la zone n’ont pas la même homogénéité politique, sociale et culturelle que les cinquante Etats américains. La mobilité des hommes et même des biens et des capitaux reste limitée, les langues sont diverses, les autorités politiques des différentes entités nationales ne sont pas prêtes à sacrifier l’intérêt de leur pays, tel qu’ils le conçoivent, à l’intérêt supérieur de l’Union européenne et à ajuster leur politique économique à celle déterminée par la Banque centrale unifiée. Il me semble que vous êtes en train de dire que l’unification européenne ne constitue pas une proposition politiquement réaliste. Pourtant, vous avez souvent souligné que les économistes devaient se limiter à évaluer la validité économique des projets qui leur sont soumis, sans chercher à estimer leur opportunité politique car cette estimation est pleine d’aléas. Non, mon jugement n ‘ est pas strictement d’opportunité politique. Ce n’est pas exact. Il s’agit d’apprécier quelle institution politique est nécessaire pour qu’une Banque centrale européenne puisse réellement fonctionner. Les citoyens des pays participants devront non seulement accepter l’effacement de leur propre Banque centrale mais aussi les conséquences économiques qui en résulteront, par exemple davantage de chômage ou d’inflation, sans pouvoir essayer de tempérer ces conséquences. La monnaie unique fait perdre à chaque pays sa liberté d’appréciation concernant la politique économique qui est la plus appropriée à sa situation. C’est un sacrifice considérable auquel je ne crois pas les Européens prêts. L’exemple le plus évident des problèmes qui se posent est celui de la réunification allemande. Avant cette réunification, l’Allemagne de l’Ouest avait un excédent de balance de paiements, elle vendait plus à l’étranger qu’elle ne lui achetait. Autrement dit, elle exportait des capitaux, pour l’essentiel vers les pays de la Communauté européenne. En un sens, les partenaires européens de l’Allemagne obtenaient de celle-ci des marchandises sans avoir à en payer le prix. Cette situation supposait que les prix allemands étaient bas relativement à ceux en vigueur chez leurs partenaires ou encore que le deutschemark était sous-évalué par rapport aux autres devises européennes. Survient la réunification. L’Allemagne ne veut plus être exportatrice de capitaux mais importatrice car elle a besoin de ces capitaux pour développer l’ancienne RDA. La réunification modifie le caractère de son économie et, en conséquence, de sa balance des paiements. Cette transformation d’exportateur en importateur de capitaux suppose une modification du rapport des prix entre l’Allemagne et ses partenaires européens, dont la France. Cette modification peut se produire de trois façons : soit une inflation en Allemagne, ce dont les intéressés ne veulent pas et la Bundesbank agit en conséquence; soit une dévaluation des monnaies européennes par rapport au deutschemark qui, en rendant la monnaie allemande plus chère, freine les exportations de ce pays, stimule les importations et donc permet le renversement recherché de la balance des paiements; soit, troisième possibilité, une déflation chez les partenaires de l’Allemagne afin de faire baisser leurs prix chez eux par rapport aux prix allemands. Très rapidement, en septembre 1992, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne n’insistent pas et choisissent la dévaluation. Par contre, la France adopte la voie du fameux franc fort, c’est-à-dire de la déflation. Non seulement en septembre 1992, mais même en août 1993, lorsque la spéculation oblige les autorités à une défense élastique en acceptant un élargissement des marges à 15 %, la Banque de France choisit de tenir le niveau du franc par rapport au deutschemark par des taux d’intérêt à court terme élevés. Le coût inévitable est la montée du chômage dans votre pays. Franchement, cet entêtement m’a paru à l’époque, et me paraît encore aujourd’hui, relever d’un comportement suicidaire. Il prouve aussi qu’on ne peut pas écarter l’hypothèse que les autorités françaises, après tant de sacrifices, se sentent tenues, au moment de la décision de 1998, d’accepter le passage à la monnaie unique qui est en somme devenue la Terre promise. C’est possible. D’autant plus que l’Allemagne est en récession, ce qui l’incite à une politique d’expansion monétaire de nature à aider la France à sortir de l’ornière dans laquelle elle s’est enfoncée. La politique du franc fort peut s’en trouver provisoirement revigorée. Mais, dans l’avenir, des tensions ne manqueront pas de réapparaître car ces nations qui portent le poids d’une longue histoire distincte ne vivent pas rigoureusement au même rythme. D’autres crises surviendront jusqu’au moment où la tentative de changes fixes ou d’unification monétaire sans fusion politique s’effondrera. Au demeurant, la question est de savoir s’il y aura une véritable monnaie européenne, c’est-à-dire incluant non seulement la France et l’Allemagne, mais également la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Espagne, etc. C’est cela le traité de Maastricht et non pas seulement une union monétaire franco-allemande complétée par les petits pays limitrophes de l’Allemagne et dont la monnaie est traditionnellement rattachée au deutsche mark : Bénélux, Autriche et peut-être Danemark. L’autonomie de la politique économique Les partisans de la monnaie unique soulignent que celle-ci laisse place à des différences de politique budgétaire entre les pays participants. L’abdication de souveraineté ne serait donc pas totale. Les Etats américains, Californie, Etat de New York, etc., ont chacun leur budget mais ils n ‘ ont pas la possibilité de battre monnaie. Leur capacité d’endettement est donc rigoureusement limitée. De plus, leur autonomie est réduite par l’accroissement de la puissance relative du gouvernement fédéral. La France est-elle vraiment prête à devenir… serait-ce même l’état de New York des Etats-Unis d’Europe ? Il est vrai que l’on trouve sur la planète des pays indépendants, tous relativement petits, qui ne croient pas devoir posséder leur propre Banque centrale. L’exemple type, à ma connaissance, est Hong Kong. Ce territoire de six millions d’habitants utilise le dollar bien qu’il l’appelle dollar de Hong Kong. Il a donc une monnaie commune avec les Etats-Unis tout en ayant une politique budgétaire bien différente. Mais Hongkong ignore les droits de douane et la structure des salaires y est extrêmement flexible. Incidemment, l’Argentine essaie, elle aussi, de lier sa monnaie avec le dollar mais, comme dans le cas de l’euro, la réussite du projet est beaucoup plus douteuse parce que l’économie de l’Argentine est loin d’être aussi libre que celle de Hongkong. Il existe des pays qui ont une Banque centrale et dont la parité avec une monnaie de référence n ‘est nullement mise en question. Les Pays-Bas et l’Autriche dont les monnaies respectives sont fixes par rapport au deutschemark constituent des exemples frappants. Je ne connais pas ces cas en détail. Mais la seule explication logique que je vois est que ces pays se comportent sur le plan monétaire comme Si la Banque centrale n’existait pas. En principe, il est absolument nécessaire en matière monétaire, Si l’on veut éviter un complet contresens, de distinguer l’unification des monnaies, type Hong Kong (Luxembourg avec le franc belge ou encore Panama avec le dollar) où les partenaires du pays de référence renoncent purement et simplement à leur Banque centrale. Leur monnaie, même Si elle existe sur le papier – la monnaie de Panama s’appelle en principe le balboa et non pas le dollar – est en fait celle du pays de référence. Par contraste, beaucoup de pays dans le monde prétendent lier leur monnaie à une autre ; c’est le cas des pays qui, dans le cadre du Système monétaire européen, sont attachés au deutsche mark. Ils préservent, toutefois, l’existence de leur Banque centrale propre, ce qui prouve tout simplement qu’ils ne sont pas vraiment sérieux dans leur volonté de fusion monétaire puisqu’ils se gardent le moyen, sous la forme de leur institut d’émission, de reprendre éventuellement leur liberté monétaire Si la politique de la Banque centrale de référence ne leur convient plus. Sur le papier, les Pays-Bas et l’Autriche appartiennent à cette catégorie des ” changes administrés ” qui est radicalement différente de l’unification monétaire même Si les apparences sont les mêmes. En pratique, tout se passe comme Si la Banque centrale des Pays-Bas et celle d’Autriche se comportaient vis-à-vis du deutschemark comme la caisse de conversion de Hong Kong se comporte vis-à-vis du dollar. C’est-à-dire de façon totalement passive. Il n’existe pas, semble-t-il, de politique monétaire néerlandaise ou autrichienne indépendante de celle de la Bundesbank. Ce qui explique la pérennité des taux de change. Dans d’autres cas, la situation est beaucoup moins nette parce que le petit pays, voisin du grand, n’abdique pas son indépendance monétaire. Pensez à la Suisse vis-à-vis de l’Allemagne ou au Canada face aux Etats-Unis (et qu’en serait-il Si le Québec était indépendant?). Or, la France, en principe, depuis la création du SME en 1979 et résolument depuis 1983, prétend se comporter monétairement à l’égard de l’Allemagne comme les Pays-Bas ou l’Autriche, tout en s’efforçant par le verbe de sauver les apparences d’un condominium monétaire franco-allemand. C’est un exercice d’équilibre qui n’est pas commode. Une monnaie a besoin d’un point d’ancrage. Il est nécessaire de maîtriser sa production par un mécanisme ou par un autre. Au XIXe siècle, pour le franc, c’était l’étalon-or Aujourd’hui, c ‘est à la recherche de la fixité du change avec le deutschemark que le gouvernement a recours pour assurer cette régulation. L’étalon deutschemark a remplacé l’étalon-or Est-ce inconcevable ? Ce n’est pas inconcevable mais c’est déconcertant. De même que Hong Kong a choisi de se lier au dollar, la France est libre d’attacher sa monnaie au deutschemark. C’est ce qu’elle fait avec une détermination digne d’un meilleur sort depuis dix ans. Ce qui revient à dire que les Français ont plus confiance dans la politique monétaire allemande que dans la leur propre. Je peux à la rigueur comprendre qu’un pays pratique une telle politique pendant un certain temps, mais qu’une nation de taille relativement importante et très sourcilleuse de sa souveraineté comme la France accepte de façon permanente de sacrifier son autonomie monétaire me paraît peu crédible. L’Allemagne, tout au long de son histoire, n’a pas toujours été un modèle d’orthodoxie monétaire. Elle a connu des hyperinflations, des dépressions, qui sait ce qu’il en sera dans l’avenir. Les défenseurs (à Paris) de la monnaie unique expriment l’espoir que ce système rendra la politique monétaire de la France moins dépendante de la Bundesbank qu’elle ne l’est actuellement car le pouvoir sera partagé au sein de la Banque centrale européenne. D’abord, la France est monétairement dépendante de la Bundesbank parce qu’elle le veut bien. La seule façon indiscutable de recouvrer la pleine souveraineté monétaire serait non pas de se fondre dans un organisme collectif mais de rompre avec l’attitude de soumission à l’égard du deutschemark. L’économiste Alain Cotta écrit : “L’idée de derrière la tête de nos inspecteurs des Finances est de déterminer “enfin”, “eux aussi”, la politique monétaire européenne, une fois l’unification réalisée. Cette ambition tient de l’arrogance”. Je crains qu’il n’ait raison. D’ailleurs, Si les autorités françaises ne se croient pas capables de mener une politique monétaire saine de leur propre chef, pourquoi croient-elles que leur action au sein de la Banque centrale européenne sera mieux inspirée ? Comme le dit un autre de vos économistes, Pascal Salin : “Ce qui est utile aux citoyens, ce n’est pas une monnaie unique, ce sont de bonnes monnaies, c’est-à-dire essentiellement des monnaies non inflationnistes”. A ce sujet, la libre circulation des capitaux et des monnaies constitue une condition plus décisive que la monnaie unique. Margaret Thatcher, elle aussi, distingue une Europe de nations indépendantes commerçant librement les unes avec les autres d’une Europe dominée par une bureaucratie centralisée qui prétend imposer ses règlements à l’ensemble des pays participants. Intégration par les marchés et Intégration politique Pascal Salin, que vous venez de citer condamne le concept d’intégration mis en œuvre par la Commission européenne, comme n’étant qu’une vaste politique de cartel s’exprimant en particulier par la fameuse ” harmonisation ” des politiques. J’approuve complètement. Il faut distinguer l’intégration par les marchés d’un côté, la seule intégration authentique aux yeux des libéraux, de l’intégration bureaucratique qui prétend mettre en place des soi-disant politiques communes dans le but déclaré de permettre la fusion des différentes économies nationales et qui aboutit à la négation de l’économie de liberté. L’action de la France depuis l’origine, c’est-à-dire la signature du traité de Rome en 1957, a tendu à faire triompher cette conception étatique et le projet de monnaie unique représente une expression caractéristique de cette tendance. La démarche doit aboutir à la formation d’un super-Etat européen, mais c’est une logique abstraite qui me paraît avoir peu de chance de résister à l’épreuve des faits. J’éprouve beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi les Français, qui constituent l’un des peuples de la terre le plus attaché à son identité nationale, dont le patriotisme est proche du chauvinisme, pourquoi ce peuple croirait-il renforcer son autorité en se fondant dans un Etat multinational dans lequel il ne constituera qu’une minorité. (…) La Grande-Bretagne a renoncé à des traditions qu ‘on aurait pu croire impérissables. Elle a décimalisé son système monétaire, elle a accepté le tunnel sous la Manche, surtout, elle est entrée dans le Marché commun européen en 1972. Pourquoi pas un renoncement supplémentaire ? C’est vrai. La Grande-Bretagne a accepté bien des choses que je n’aurais pas cru possible qu’elle acceptât. Mais il y a des limites à ces renoncements. Je ne vois pas la vieille dame de Threadneedle Street (la Banque d’Angleterre) être jetée par-dessus bord afin de faire place à l’union monétaire avec l’Allemagne. Le Royaume-Uni est entré dans le Marché commun, mais il semble n’avoir jamais cessé de le regretter depuis lors. Si un référendum était organisé sur ce sujet, je ne suis pas certain que les partisans de l’Europe l’emporteraient. Pas plus qu’en Allemagne d’ailleurs. Mais les gouvernements de nos pays ne sont pas vraiment démocratiques. En France, nous avons eu, en septembre 1992, ce référendum que vous évoquez. Vous connaissez le résultat : le traité de Maastricht a été approuvé par 51 % des voix contre 49%. Je trouve démentiel un système politique qui permette une modification aussi fondamentale de l’équilibre politique de la nation que celle prévue par le traité de Maastricht au bénéfice d’une majorité aussi courte que 51 contre 49 ! Il faudrait une majorité massive, proche de l’unanimité, pour que le système ait une chance de fonctionner. Cette approbation, plus que chichement mesurée, présente toutes les apparences d’un ” oui ” de politesse qui n’engage, au fond, personne et dont les promoteurs du projet, eux-mêmes, ne sont pas sûrs de la consistance. Il me semble qu’il existe des cas évidents où la règle de la majorité simple ne devrait pas suffire. Si 51 % des électeurs votent en faveur de la mise à mort des 49 autres %, faut-il obéir à ce verdict ? Les avantages de la monnaie unique en question Les avocats du projet de monnaie unique lui prêtent divers avantages : - les exportateurs français n ‘auront plus à craindre les dévaluations compétitives comme celle, par exemple, de la livre sterling depuis 1992 ; - la monnaie unique sera une bonne monnaie qui permettra la baisse des taux d’intérêt ; - elle supprimera l’incertitude inhérente aux changes flottants ; - elle libérera l’Europe de la tutelle du dollar. Quels commentaires vous inspirent ces affirmations ? Sur le premier point, la livre sterling flotte vis-à-vis des monnaies du Système monétaire européen, mais je ne vois pas que l’on puisse parler de dévaluation compétitive puisque la Banque d’Angleterre n’a fixé aucun taux de change à sa monnaie et ne vend pas, que je sache, du sterling sur le marché pour le faire baisser. En tout état de cause, les pays européens que vos commentateurs accusent de dépréciation compétitive risquent de ne pas participer à la monnaie unique. Celle-ci ne changera donc rien à la situation existante. Deuxième point : la monnaie unique ne dérogera pas à la règle commune sous le prétexte qu’elle est “unique”. Elle sera, comme toutes les monnaies, bonne ou mauvaise, c’est-à-dire inflationniste ou pas, suivant la façon dont elle sera gérée. Si, comme certains de ses promoteurs en ont la tentation, elle représentait une sorte de qualité moyenne par rapport aux différentes monnaies qui la composent, elle serait automatiquement moins bonne que certaines de celles-ci ; moins bonne que le deutschemark en particulier. Il y aurait recul et non pas progrès par rapport à la situation actuelle. Troisième point : la fusion des monnaies supprime évidemment l’incertitude de change entre les monnaies concernées. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Nous nous trouvons en présence d’un système de changes administrés ou encore de flottement impur, c’est-à-dire comportant l’intervention constante des banques centrales. Vue sous cet angle, l’affirmation des défenseurs de la monnaie dite unique ne constitue que la reprise des arguments traditionnels contre les changes flottants et en faveur des changes administrés. Dans un article publié en 1953, ” The case for flexible exchange rate “, je réfutais déjà ces arguments. Il se trouve que le livre contenant cet article vient de paraître dans sa traduction française (1). Je continue d’adhérer pleinement à l’analyse théorique que je formulais il y a plus de quarante ans. Je me contenterai ici de dire que les changes administrés n’éliminent en rien l’incertitude, tout au plus en modifient-ils la forme. Quant au dernier point, l’euro comme monnaie de réserve ? Soit, mais quel bénéfice les européens croient-ils qu’ils retireraient de cette promotion ? Les Etats-Unis ne tirent guère avantage du fait que le dollar constitue la monnaie de réserve internationale. Le Japon, a contrario, a-t-il souffert du fait que le yen ne sera pas monnaie de réserve ? Ne vous méprenez pas, je n’ai rien en soi contre la perspective d’une monnaie unique en Europe. Si les institutions politiques sont adaptées, la monnaie unique comporte assurément quelque mérite. Mais, même sur ce point, nombre de commentateurs se font des illusions sur les avantages économiques à attendre d’une telle innovation. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter à l’époque où il y avait une monnaie unique en Europe qui était l’étalon-or. D’abord la période d’authentique étalon-or dans le monde a été courte, au plus de 1879 à 1914. Ensuite, durant cette période, des crises répétées ont sévi aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et même en France. Les fluctuations cycliques durant la période de l’étalon-or furent plus marquées qu’elles ne l’ont été depuis cette période. Aux Etats-Unis, la grande dépression, elle-même, s’est produite alors que le pays était encore sous l’étalon-or. Une monnaie unique, qu’il s’agisse de l’étalon-or ou d’une monnaie fiduciaire, ne constitue pas par elle-même une garantie contre la déflation. Contre l’inflation non plus, nous l’avons dit, Si la monnaie unique est mal gérée. (…) Comme dans pratiquement tous les pays de la planète, on retrouve en France les maux qui caractérisent nos économies modernes, à des degrés divers il est vrai : niveau trop élevé des dépenses publiques en raison des débordements de l’Etat-providence, 54 % en France d’après ce que j’ai lu dans un rapport de 1′OCDE, abus des réglementations, rigidité excessive du marché du travail, système éducatif en pleine décadence : il faut arrêter de produire des diplômés qui ne savent souvent ni lire, ni écrire, ni compter. Toutefois, à ces maux s’ajoute un élément qui, lui, est proprement français et pour cela attire l’attention perplexe voire médusée des observateurs extérieurs dans mon genre : cette bizarre politique du franc fort qui a aggravé vos difficultés structurelles depuis dix ans et qui rend dérisoires les déclarations pathétiques et les efforts sporadiques du gouvernement français contre le sous-emploi. Vous savez, l’effort des pays européens pour établir une monnaie unique me suggère une comparaison qui, à première vue, peut paraître lointaine mais que je crois très éclairante : l’établissement d’une langue commune pour surmonter l’obstacle représenté par la diversité linguistique ; obstacle au moins aussi sérieux que celui constitué par la diversité monétaire. Personne, pourtant, n’a suggéré d’entamer des négociations destinées à établir une langue commune ni l’adoption de règlements par la Commission européenne tendant à assurer l’utilisation de cette langue et l’amélioration de ses caractéristiques. Certains pays, en particulier la France, s’efforcent à une maîtrise administrative du développement de leur langue afin d’empêcher l’introduction de mots étrangers. Mais sans grand succès. Pourtant, l’Europe est bien plus proche aujourd’hui de la langue commune que de la monnaie unique. En dépit de l’opposition française, l’anglais est devenu la langue des échanges intra-européens. Non pas à cause d’accords intergouvernementaux ou de sommets à Maastricht, mais simplement par la libre décision des personnes engagées dans ces échanges et qui ont constaté que l’anglais représentait la plus utile seconde langue à maîtriser. Très exactement le processus même de coopération volontaire et d’échange qui rend l’économie de marché Si efficace dans l’utilisation des ressources. Rien ne garantit que l’anglais demeurera indéfiniment la langue commune. Pendant des siècles, ce fut le latin et ensuite le français. Si les conditions changent, une autre langue remplacera peut-être l’anglais comme le français avait succédé au latin. On peut sans doute me chicaner sur des détails, mais mon message central demeure : l’évolution linguistique a été le fruit de changements spontanés et graduels et non pas de la mise en oeuvre d’un plan gouvernemental. Pourquoi ne pas procéder de la même façon avec les monnaies ? Que chaque pays conserve sa monnaie librement échangeable avec les autres monnaies au taux de change que les parties à la transaction choisissent d’utiliser (autrement dit, par recours aux taux de change flexibles). Et qu’une monnaie commune s’impose de la même façon que la langue commune s’est imposée : par coopération volontaire. Le marché assure de bien meilleures chances de succès que la politique. Vous vous êtes exprimé en toute liberté. Mais sur ce sujet de la probabilité de la monnaie unique en Europe, nombre de vos collègues économistes américains font preuve du même scepticisme que vous. Au point que les Français, partisans de cette monnaie unique, dénoncent un ” complot anglo-saxon ” destiné à démolir un projet qui ferait ombre à la prééminence américaine. Que répondez-vous ? Il n’existe pas plus de conspiration contre l’Europe qu’il n’y en a afin d’établir l’anglais comme langue universelle. Comme vous le savez, j ‘ ai de profonds désaccords avec nombre de mes collègues américains et je ne ménage pas mes critiques à l’égard de la politique économique américaine. En particulier en ce qui concerne l’excès de réglementations, de dépenses publiques et de décisions de caractère protectionniste. Il se trouve, cependant, que la plupart des économistes américains, et sur ce point je partage leur jugement, considèrent que les économies anglo-saxonnes s’adaptent mieux à la concurrence mondiale que les pays européens ; les Etats-Unis surtout mais aussi la Grande-Bretagne. Vous avez le droit de ne pas partager ce jugement mais vous auriez tout à fait tort de croire qu’il est fondé sur une volonté de vous nuire. Il n’y a pas parmi les économistes américains d’hostilité personnelle à l’égard de la monnaie unique. Il n’y a rien d’autre qu’un scepticisme de caractère professionnel à l’égard de la viabilité du projet. S’il y a complot c’est celui d’une même réaction intellectuelle devant un problème donné. Mon scepticisme à l’égard du projet européen n’est pas récent. Dès 1950, me trouvant comme consultant à Paris dans le cadre du plan Marshall, j’exprimais dans un rapport la conviction qu’une véritable unification économique européenne, entendue comme un marché libre, n’était possible qu’avec un système de changes flottants. Déjà à l’époque, j’avais exclu la possibilité d’une fusion des monnaies parce que politiquement irréalisable. Une Banque centrale européenne ne se conçoit que dans le cadre des Etats-Unis d’Europe. Or, un de mes éditoriaux dans le magazine Newsweek en l 973 expliquait pourquoi je ne croyais pas à la réussite de ce projet. Je me référais à un texte d’un des fondateurs de la République américaine, Alexander Hamilton, texte publié dans ses célèbres Federalist papers en 1787 ou 1788. J’avais été frappé par le fait que la critique adressée par Hamilton à la première forme de l’Union américaine, une confédération d’Etats, valait également pour la Communauté européenne dont la structure politique correspondait, et correspond toujours, à celle de la Confédération américaine de 1787. Pour créer une vraie nation européenne, il faudrait instituer un gouvernement dont l ‘ autorité se substituerait à celle des nations existantes. ” Mais, écrivais-je en 1973, les loyautés nationales sont beaucoup plus fortes dans les pays du Marché commun qu’elles ne l’étaient dans les treize Etats de la Confédération américaine et les différences culturelles beaucoup plus grandes. Les treize Etats n’acceptèrent de se fédérer qu’après un âpre combat et à une courte majorité. Il y a peu de chance pour que les pays du Marché commun acceptent une pareille limitation de leur souveraineté “. En ce qui concerne plus précisément la création d’une Banque centrale européenne, mes sources sont également anciennes puisqu’il s’agit du célèbre livre Lombard Street (1873) du fondateur de l’hebdomadaire The Economist, Walter Bagehot. L’auteur explique que les institutions monétaires ne se sont pas créées du jour au lendemain ; elles se développent au fil du temps. Vous pouvez établir toutes les institutions que vous voulez sur le papier avec toutes les conditions possibles et toutes les précisions opérationnelles voulues. Mais vous pouvez aussi être assuré que la réalité ne répondra pas à vos anticipations. Si vous fondez une autorité supranationale baptisée Banque centrale indépendante, vous constaterez à l’expérience que l’indépendance n’est pas quelque chose que l’on impose de l’extérieur, elle se gagne avec le temps. Si je complote, c’est donc pour le réalisme et contre les illusions onéreuses, pour la démocratie et contre l’oligarchie bureaucratique, pour la liberté et contre l’étatisme destructeur. Et ce complot présente la particularité de se dérouler à livre ouvert. http://lupus1.wordpress.com/2010/02/06/mil…monnaie-unique/
h16 Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Les esprits fédéralistes atteints de priapisme dès lors qu'il est question de construction européenne et qui voyaient dans l'euro une Panacée se sont longtemps moqués des prédictions de Milton Friedman sur son échec. Même chez les libéraux il était de bon ton de dénigrer l'approche monétariste comme une théorie utilitaire dépassée. Tu caricatures un peu concernant l'approche monétariste.
Invité Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Je ne me savais pas monétariste lorsque j'ai dit a mon prof de géopo que l'UE était condamné a eclater parce qu'une politique monetaire pour plein de politiques budgetaires differentes allaient nécessairement merder. C'est du bon sens, j'aurais du gagner un nobel ?
ernest Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Je ne me savais pas monétariste lorsque j'ai dit a mon prof de géopo que l'UE était condamné a eclater parce qu'une politique monetaire pour plein de politiques budgetaires differentes allaient nécessairement merder. C'est du bon sens, j'aurais du gagner un nobel ? Ce n'est pas monétariste. Toutes les théories des Zones Monétaires Optimales (ZMO) à commencer par celle de Mundell disent à peu près ça.
pierreyves Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Réhabiliter Friedman au moment où l'école de Chicago participe d'une crise monétaire mondiale, bof bof …
Rincevent Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Réhabiliter Friedman au moment où l'école de Chicago participe d'une crise monétaire mondiale, bof bof … Ou pas. Je rappelle une énième fois que Friedman était un chaud partisan de l'étalon-or.
Ash Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Ce n'est pas ce qu'il expliqua à Nixon. C'est bien Friedman qui a coupé les ponts entre le dollar et l'or. Les BC et la baisse des taux c'est également lui.
Aurel Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Pire, l'euro a incité une ribambelle de pays à festoyer à crédit en bénéficiant de la caution de l'Allemagne. La note arrive, et personne n'a les moyens de payer. L'Allemagne se rend compte que tout le monde compte sur elle pour continuer la fête, mais que les créanciers commencent à lui faire des gros yeux en lui signifiant que tout ça, c'est un peu de sa faute. Merkel, attaquée pour son immobilisme pendant la phase bancaire de la crise, battue aux dernières élections, poussée à commettre de graves erreurs pour "sauver l'Europe", commence à paniquer. L'annonce de l'interdiction de la VAD et la taxe Tobin sont des mesures précipitées, prises sans concertation. Lagarde a eu le tacle facile en affirmant rapidement que cette mesure était idiote, surtout après son interview dans le FT où elle avait critiqué l'excès de productivité de l'Allemagne. Bref, Merkel est braquée contre le gouvernement français, et elle semble suffisamment énervée pour annoncer que la ligne rouge n'est plus loin. Bref, la fin du crédit est pour bientôt, et l'Allemagne semble bien compter sur chacun pour payer sa propre part de la facture. Le gouvernement français ne semble pas avoir saisi ce changement brutal.
h16 Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Pire, l'euro a incité une ribambelle de pays à festoyer à crédit en bénéficiant de la caution de l'Allemagne. La note arrive, et personne n'a les moyens de payer. L'Allemagne se rend compte que tout le monde compte sur elle pour continuer la fête, mais que les créanciers commencent à lui faire des gros yeux en lui signifiant que tout ça, c'est un peu de sa faute. Merkel, attaquée pour son immobilisme pendant la phase bancaire de la crise, battue aux dernières élections, poussée à commettre de graves erreurs pour "sauver l'Europe", commence à paniquer. L'annonce de l'interdiction de la VAD et la taxe Tobin sont des mesures précipitées, prises sans concertation. Lagarde a eu le tacle facile en affirmant rapidement que cette mesure était idiote, surtout après son interview dans le FT où elle avait critiqué l'excès de productivité de l'Allemagne. Bref, Merkel est braquée contre le gouvernement français, et elle semble suffisamment énervée pour annoncer que la ligne rouge n'est plus loin. Bref, la fin du crédit est pour bientôt, et l'Allemagne semble bien compter sur chacun pour payer sa propre part de la facture. Le gouvernement français ne semble pas avoir saisi ce changement brutal. Je plussoie en battant de mains. pif paf pif paf. (ce sont mes mains qui plussoient)
free jazz Posté 19 mai 2010 Auteur Signaler Posté 19 mai 2010 Pire, l'euro a incité une ribambelle de pays à festoyer à crédit en bénéficiant de la caution de l'Allemagne. Il semble que cette facilité ait aussi engendré un phénomène d'accoutumance à la dette qui a transformé certains Etats en junkies accrocs du crédit. Dans une telle situation l'aléa moral s'étend jusqu'au niveau gouvernemental. Bref, Merkel est braquée contre le gouvernement français, et elle semble suffisamment énervée pour annoncer que la ligne rouge n'est plus loin. Bref, la fin du crédit est pour bientôt, et l'Allemagne semble bien compter sur chacun pour payer sa propre part de la facture. Le gouvernement français ne semble pas avoir saisi ce changement brutal. Intéressante ironie de l'histoire, alors que dans l'esprit des fondateurs la monnaie unique devait, par un processus d'entraînement, sceller la réconciliation franco-allemande et célébrer une entente fusionnelle.
Ash Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Intéressante ironie de l'histoire, alors que dans l'esprit des fondateurs la monnaie unique devait, par un processus d'entraînement, sceller la réconciliation franco-allemande et célébrer une entente fusionnelle. Elle devait surtout rendre impossible la crise actuelle. Même l'orthodoxie budgétaire de la BCE (à l'Allemande, donc) prend une claque. On arrête plus de créer de nouveaux statuts et d'exceptions à la règle.
pierreyves Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Ce n'est pas ce qu'il expliqua à Nixon. C'est bien Friedman qui a coupé les ponts entre le dollar et l'or. Tiens je ne savais pas ça. Aurais-tu des sources ? Les BC et la baisse des taux c'est également lui. Ca je savais, mais il me semblait que sa proposition avait été largement détournée.
free jazz Posté 19 mai 2010 Auteur Signaler Posté 19 mai 2010 Elle devait surtout rendre impossible la crise actuelle.Même l'orthodoxie budgétaire de la BCE (à l'Allemande, donc) prend une claque. On arrête plus de créer de nouveaux statuts et d'exceptions à la règle. Il faut aussi rappeler que Mitterrand avait vendu l'euro à Kohl en échange de la reconnaissance de la réunification allemande. En contrepartie de l'abandon du Mark (et l'on sait ce que cette monnaie représentait pour eux en terme de stabilité historique), l'euro devait être conçu comme une monnaie prussienne, fondue selon la discipline germanique. D'où le fameux Pacte de stabilité, sorte de promesse de bonne conduite des Etats, qui a volé en éclats pendant le premier round de la crise, lorsque les gouvernements ont décidé de sauver les banques. Ensuite on a appris que les grecs trichaient depuis le début avec la complicité des eurocrates. Encore une histoire d'aléa moral, de passager clandestin et de constructivisme impossible.
pierreyves Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Pire, l'euro a incité une ribambelle de pays à festoyer à crédit en bénéficiant de la caution de l'Allemagne. La note arrive, et personne n'a les moyens de payer. L'Allemagne se rend compte que tout le monde compte sur elle pour continuer la fête, mais que les créanciers commencent à lui faire des gros yeux en lui signifiant que tout ça, c'est un peu de sa faute. Merkel, attaquée pour son immobilisme pendant la phase bancaire de la crise, battue aux dernières élections, poussée à commettre de graves erreurs pour "sauver l'Europe", commence à paniquer. L'annonce de l'interdiction de la VAD et la taxe Tobin sont des mesures précipitées, prises sans concertation. Lagarde a eu le tacle facile en affirmant rapidement que cette mesure était idiote, surtout après son interview dans le FT où elle avait critiqué l'excès de productivité de l'Allemagne. C'est sûr qu'il y a un vent de panique. Henri Lepage nous expliquait que les cultures et objectifs de la politique monétaire en Allemagne et en France sont radicalement différente, dès l'origine. En France, la monnaie est une sorte d'instrument du pouvoir, alors qu'en Allemagne, une monnaie forte est la résultante d'une bonne gestion économique. Je trouve que la situation de Merkel se comprend très bien dans ces conditions… et l'Allemagne pourrait conclure que finalement l'Euro c'est pas une idée valable … et prendre ses pertes. Bref, Merkel est braquée contre le gouvernement français, et elle semble suffisamment énervée pour annoncer que la ligne rouge n'est plus loin. Bref, la fin du crédit est pour bientôt, et l'Allemagne semble bien compter sur chacun pour payer sa propre part de la facture. Le gouvernement français ne semble pas avoir saisi ce changement brutal. Le gouvernement français est une sorte de concours permanent au plus socialiste … aucune chance qu'ils reconnaissent leur propre responsabilité, au contraire, ils vont attaquer l'Allemagne sur fond de "solidarité européenne". Tout cela va dans le sens d'un départ de l'Allemagne, si c'est encore possible: http://www.stratfor.com/weekly/20100517_ge…64ebfca7f079911 Scenario 1: Germany Reinstitutes the DeutschmarkThe option of leaving the eurozone for Germany boils down to the potential liabilities that Berlin would be on the hook for if Portugal, Spain, Italy and Ireland followed Greece down the default path. As Germany prepares itself to vote on its 123 billion euro contribution to the 750 billion euro financial aid mechanism for the eurozone — which sits on top of the 23 billion euros it already approved for Athens alone — the question of whether “it is all worth it” must be on top of every German policymaker’s mind. This is especially the case as political opposition to the bailout mounts among German voters and Merkel’s coalition partners and political allies. In the latest polls, 47 percent of Germans favor adopting the deutschmark. Furthermore, Merkel’s governing coalition lost a crucial state-level election May 9 in a sign of mounting dissatisfaction with her Christian Democratic Union and its coalition ally, the Free Democratic Party. Even though the governing coalition managed to push through the Greek bailout, there are now serious doubts that Merkel will be able to do the same with the eurozone-wide mechanism May 21. Germany would therefore not be leaving the eurozone to save its economy or extricate itself from its own debts, but rather to avoid the financial burden of supporting the Club Med economies and their ability to service their 3 trillion euro mountain of debt. At some point, Germany may decide to cut its losses — potentially as much as 500 billion euros, which is the approximate exposure of German banks to Club Med debt — and decide that further bailouts are just throwing money into a bottomless pit. Furthermore, while Germany could always simply rely on the ECB to break all of its rules and begin the policy of purchasing the debt of troubled eurozone governments with newly created money (“quantitative easing”), that in itself would also constitute a bailout. The rest of the eurozone, including Germany, would be paying for it through the weakening of the euro. Were this moment to dawn on Germany it would have to mean that the situation had deteriorated significantly. As STRATFOR has recently argued, the eurozone provides Germany with considerable economic benefits. Its neighbors are unable to undercut German exports with currency depreciation, and German exports have in turn gained in terms of overall eurozone exports on both the global and eurozone markets. Since euro adoption, unit labor costs in Club Med have increased relative to Germany’s by approximately 25 percent, further entrenching Germany’s competitive edge. Before Germany could again use the deutschmark, Germany would first have to reinstate its central bank (the Bundesbank), withdraw its reserves from the ECB, print its own currency and then re-denominate the country’s assets and liabilities in deutschmarks. While it would not necessarily be a smooth or easy process, Germany could reintroduce its national currency with far more ease than other eurozone members could. The deutschmark had a well-established reputation for being a store of value, as the renowned Bundesbank directed Germany’s monetary policy. If Germany were to reintroduce its national currency, it is highly unlikely that Europeans would believe that Germany had forgotten how to run a central bank — Germany’s institutional memory would return quickly, re-establishing the credibility of both the Bundesbank and, by extension, the deutschmark. As Germany would be replacing a weaker and weakening currency with a stronger and more stable one, if market participants did not simply welcome the exchange, they would be substantially less resistant to the change than what could be expected in other eurozone countries. Germany would therefore not necessarily have to resort to militant crackdowns on capital flows to halt capital trying to escape conversion. Germany would probably also be able to re-denominate all its debts in the deutschmark via bond swaps. Market participants would accept this exchange because they would probably have far more faith in a deutschmark backed by Germany than in a euro backed by the remaining eurozone member states. Reinstituting the deutschmark would still be an imperfect process, however, and there would likely be some collateral damage, particularly to Germany’s financial sector. German banks own much of the debt issued by Club Med, which would likely default on repayment in the event Germany parted with the euro. If it reached the point that Germany was going to break with the eurozone, those losses would likely pale in comparison to the costs — be they economic or political — of remaining within the eurozone and financially supporting its continued existence. Cette situation où un signataire d'un traité réalise qu'il n'aurait pas dû me fait penser à la situation avant la guerre de sécession - au final ceux qui y perdaient ont tenté de partir. Il faut aussi rappeler que Mitterrand avait vendu l'euro à Kohl en échange de la reconnaissance de la réunification allemande. En contrepartie de l'abandon du Mark (et l'on sait ce que cette monnaie représentait pour eux en terme de stabilité historique), l'euro devait être conçu comme une monnaie prussienne, fondue selon la discipline germanique. D'où le fameux Pacte de stabilité, sorte de promesse de bonne conduite des Etats, qui a volé en éclats pendant le premier round de la crise, lorsque les gouvernements ont décidé de sauver les banques. Ensuite on a appris que les grecs trichaient depuis le début avec la complicité des eurocrates. Encore une histoire d'aléa moral, de passager clandestin et de constructivisme impossible. Exemple flagrant de deal politique foireux … A noter que chaque fois le gouvernement français est du mauvais côté.
Ash Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Tiens je ne savais pas ça. Aurais-tu des sources ? Via SCM : http://online.wsj.com/public/article/SB116…ff_main_tff_top Ca je savais, mais il me semblait que sa proposition avait été largement détournée. A écouter ses défenseurs : tout a toujours été détourné. Ceci étant ce n'était pas - je pense - le canard boiteux de l'économie comme on le présente trop souvent. Mais là ses idées ont été fatales. Il aurait été préférable qu'il reste à l'écart des arcanes politiques.
pierreyves Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Ceci étant ce n'était pas - je pense - le canard boiteux de l'économie comme on le présente trop souvent. Mais là ses idées ont été fatales. Ca aussi c'est vrai
pierreyves Posté 19 mai 2010 Signaler Posté 19 mai 2010 Via SCM : http://online.wsj.com/public/article/SB116…ff_main_tff_top Thx ! Pour appuyer ce que je disais tout au-dessus à propos de la responsabilité de Friedman dans la crise: "Friedman's monetary framework has been so influential that, in its broad outlines at least, it has nearly become identical with modern monetary theory and practice," Mr. Bernanke said. Et ça je ne savais pas … quelle horreur ! He also attacked the system of fixed currency-exchange rates that emerged after World War II with encouragement from Mr. Keynes. George Shultz, a longtime friend of Mr. Friedman who served in both the Nixon and Reagan administrations, says that after Mr. Nixon was elected in 1968 but before he took office, Mr. Friedman wrote to him saying that "pressures on the tie of the dollar to gold are relentless" and that Mr. Nixon would be wise to sever the link immediately as an affirmative action, rather than be forced to. Mr. Friedman "turned out to be right," but Nixon didn't listen "until he was forced to," Mr. Schultz says.Mr. Nixon abandoned the gold standard in 1971.
Tremendo Posté 20 mai 2010 Signaler Posté 20 mai 2010 Prendre l'or comme référence n'a jamais empêché des crises systémiques, il y en eût entre 1870 et 1914, aux Etats-Unis durant la grande dépression, ou encore plus près de nous dans les années 70. L'Etalon-or ne résout pas les problèmes structurels d'un pays. En cela Friedman a raison de dire que prendre une autre monnaie comme référence n'a jamais forcément amené quoi que ce soit de bon, mais il oublie de dire pourquoi: son approche monétariste où les Etats à travers les banques centrales manipulent les monnaies au service d'une politique économique n'a jamais rien amené de bon, et même les allemands n'ont pas toujours excellé en la matière. En revanche son discours sur l'euro tombe sous le sens et sonne comme une prophétie, mais nous fûmes beaucoup à être aveuglés, moi le premier.
pierreyves Posté 20 mai 2010 Signaler Posté 20 mai 2010 Prendre l'or comme référence n'a jamais empêché des crises systémiques, il y en eût entre 1870 et 1914, aux Etats-Unis durant la grande dépression, ou encore plus près de nous dans les années 70. L'Etalon-or ne résout pas les problèmes structurels d'un pays. En cela Friedman a raison de dire que prendre une autre monnaie comme référence n'a jamais forcément amené quoi que ce soit de bon, mais il oublie de dire pourquoi: son approche monétariste où les Etats à travers les banques centrales manipulent les monnaies au service d'une politique économique n'a jamais rien amené de bon, et même les allemands n'ont pas toujours excellé en la matière.En revanche son discours sur l'euro tombe sous le sens et sonne comme une prophétie, mais nous fûmes beaucoup à être aveuglés, moi le premier. Prendre l'or comme référence "ancre" la politique monétaire dans le réel (comme dirait Simonnot) … pour éviter de dériver sur plus en plus de "liquidités". Mais en effet, elle ne résoud pas le problème de fond, qui est la création monétaire par l'état. L'Etalon-or est donc, dans l'échelle des systèmes monétaires, un système moins mauvais, mais loin d'être bon (à ce propos, lire "The Ethics of Money Production de Guido Hulsmann). Friedman souhaitait remplacer un mauvais système par un système encore plus mauvais.
Jérôme Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 Je me souviens très bien de cet article que j'avais lu en 1997. Milton Friedman a parfaitement compris dès le début que la monnaie unique était une erreur économique monumentale. Certes la monnaie unique est bien entrée en vigueur mais elle ne vivra pas très longtemps. La crise grecque est la première étape vers la disparition de l'Euro. Je prédis la fin de l'Euro vers 2012…
Invité Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 La date est déjà prise, 2012 c'est la fin du monde.
pierreyves Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 La date est déjà prise, 2012 c'est la fin du monde. Tout s'explique !
Jérôme Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 La date est déjà prise, 2012 c'est la fin du monde. Je me contenterai de la fin de l'Euro, que j'attend avec impatience.
Sous-Commandant Marco Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 Via SCM : http://online.wsj.com/public/article/SB116…ff_main_tff_top Merci Ash. En effet, Friedman conseilla à Nixon de couper les derniers liens unissant le dollar et l'or. En fait, l'idée de Friedman était de remplacer Keynes dans l'arsenal anti-crise des états. Même si Friedman reste un grand économiste digne du Prix Nobel et de notre plus grande considération, il faut bien reconnaître que certaines de ses idées n'étaient guère reluisantes.
Jérôme Posté 21 mai 2010 Signaler Posté 21 mai 2010 son approche monétariste où les Etats à travers les banques centrales manipulent les monnaies au service d'une politique économique n'a jamais rien amené de bon, et même les allemands n'ont pas toujours excellé en la matière. Dans un système basé sur les principes monétaristes, les banques centrales ne manipulent pas la monnaie au service d'une politique économique. Ca, c'est du keynésianisme. Le monétariste repose sur l'application d'une règle fixe et intangible en matière de création monétaire, pour fournir un cadre stable à l'économie, prévenir toute manipulation et éviter de fausser les anticipations des agents. La masse monétaire doit croître à un taux fixe, et les taux d'intérêts doivent être fixés par le marché (et non par les banques centrales). Dans les faits le contrôle de la masse monétaire n'est pas facile, d'où le résultat parfois mitigé des politiques d'inspiration monétariste. Il est à noter que la politique de la BCE, une politique d'austérité excessive, n'a rien de monétariste. Une application réussie des principes monétaristes aurait largement atténué la crise actuelle.
Calembredaine Posté 24 mai 2010 Signaler Posté 24 mai 2010 Merci Ash. En effet, Friedman conseilla à Nixon de couper les derniers liens unissant le dollar et l'or. En fait, l'idée de Friedman était de remplacer Keynes dans l'arsenal anti-crise des états. Même si Friedman reste un grand économiste digne du Prix Nobel et de notre plus grande considération, il faut bien reconnaître que certaines de ses idées n'étaient guère reluisantes. Par chance, son fils a corrigé toutes les bourdes de son père.
pierreyves Posté 24 mai 2010 Signaler Posté 24 mai 2010 Merci Ash. En effet, Friedman conseilla à Nixon de couper les derniers liens unissant le dollar et l'or. En fait, l'idée de Friedman était de remplacer Keynes dans l'arsenal anti-crise des états. Même si Friedman reste un grand économiste digne du Prix Nobel et de notre plus grande considération, il faut bien reconnaître que certaines de ses idées n'étaient guère reluisantes. Perso, je pense que c'était un bon vulgarisateur du free market (et c'est une qualité rare), mais un économiste médiocre (au mieux). Il était plus proche de Keynes que de Hayek, en terme de qualité. Dans un système basé sur les principes monétaristes, les banques centrales ne manipulent pas la monnaie au service d'une politique économique. Ca, c'est du keynésianisme. Le monétariste repose sur l'application d'une règle fixe et intangible en matière de création monétaire, pour fournir un cadre stable à l'économie, prévenir toute manipulation et éviter de fausser les anticipations des agents. La masse monétaire doit croître à un taux fixe, et les taux d'intérêts doivent être fixés par le marché (et non par les banques centrales). Dans les faits le contrôle de la masse monétaire n'est pas facile, d'où le résultat parfois mitigé des politiques d'inspiration monétariste. Il est à noter que la politique de la BCE, une politique d'austérité excessive, n'a rien de monétariste.Une application réussie des principes monétaristes aurait largement atténué la crise actuelle. Ce "monétarisme qui n'a jamais été appliqué", ne l'a jamais été parce qu'il est complètement à côté de la plaque. Il n'y a aucune raison pour faire croître la masse monétaire à un taux fixe plutôt qu'à un autre … ce serait d'ailleurs déjà de la manipulation de l'économie. Que Friedman n'ait pas vu les effets pervers de sa politique montre qu'il ne comprenait pas grand chose à la monnaie… Au final, à quoi sert cette théorie fausse qui permet une politique monétaire arrangée ? Au politiciens et intérêts particuliers. Bravo Friedman. Par chance, son fils a corrigé toutes les bourdes de son père. C'est vrai que de ce côté là, il a bien réussi
Apollon Posté 24 mai 2010 Signaler Posté 24 mai 2010 Merci Ash. En effet, Friedman conseilla à Nixon de couper les derniers liens unissant le dollar et l'or. En fait, l'idée de Friedman était de remplacer Keynes dans l'arsenal anti-crise des états. Même si Friedman reste un grand économiste digne du Prix Nobel et de notre plus grande considération, il faut bien reconnaître que certaines de ses idées n'étaient guère reluisantes. Ce qui est indiqué dans ce texte c'est que Friedman a conseillé de supprimer la convertibilité en or de façon délibérée plutôt que de le faire de façon contrainte.
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