Eriul Posté 2 avril 2013 Signaler Posté 2 avril 2013 Si jamais vous avez besoin d'un coup de main, je suis aussi preneur. J'ai passé une bonne partie de l'été 2012 à faire des traductions pour la boite qui me prenait en stage.
Marchange Posté 2 avril 2013 Signaler Posté 2 avril 2013 Si jamais vous avez besoin d'un coup de main, je suis aussi preneur. J'ai passé une bonne partie de l'été 2012 à faire des traductions pour la boite qui me prenait en stage. Tout est expliqué ici : http://www.liberaux.org/index.php/topic/48636-traductions-pour-contrepoints/?p=732610 Merci !
Nick de Cusa Posté 6 avril 2013 Auteur Signaler Posté 6 avril 2013 L'UE elle-même a besoin d'être secourue. http://eureferendum.com/blogview.aspx?blogno=83779
Nick de Cusa Posté 6 avril 2013 Auteur Signaler Posté 6 avril 2013 Pourquoi les mandarins de l'UE refusent d'apprendre. http://openeuropeblog.blogspot.ae/2013/04/why-eu-mandarins-refuse-to-learn.html
Largo Winch Posté 8 avril 2013 Signaler Posté 8 avril 2013 Si certains ont un peu de temps ce soir : deux articles assez courts à l'occasion du décès de Thatcher. http://www.cato.org/blog/thatcher-anecdotes-biographer http://www.cato.org/blog/margaret-thatcher-brief-personal-recollection Si possible ce soir pour publication demain matin.
Lancelot Posté 8 avril 2013 Signaler Posté 8 avril 2013 Si certains ont un peu de temps ce soir : deux articles assez courts à l'occasion du décès de Thatcher. http://www.cato.org/blog/thatcher-anecdotes-biographer http://www.cato.org/blog/margaret-thatcher-brief-personal-recollection Si possible ce soir pour publication demain matin. http://www.cato.org/blog/thatcher-anecdotes-biographer Thatcher : des anecdotes de son biographe. Par Walter Olson Son talent de leader politique mis à part, ainsi que ses critiques percutantes de la morale du socialisme et du communisme (qui vont clairement de pair avec le premier point), Margaret Thatcher était aussi une mine de citations. Sur la stupidité économique qu’elle combattait sans relâche : « le problème avec le socialisme est qu’on finit toujours par tomber à court de l’argent des autres ». Sur la popularité : « si votre seul objectif est d’être aimé, vous serez prêt à tous les compromis à chaque instant et vous n’arriverez à rien ». Sur la productivité et la charité : « personne ne se souviendrait du Bon Samaritain s’il n’avait eu que de bonnes intentions ; il avait aussi de l’argent ». Sur l’hostilité de la presse : « si mes critiques me voyaient marcher sur la Tamise, ils diraient que je suis incapable de nager ». Et tant d’autres, dont certaines des meilleures ont été recueillies par le U.K. Spectator. Si vous avez le temps de lire un article de plus sur Thatcher aujourd’hui, je vous conseille le texte excellent et plein d’anecdotes écrit en 2011 pour Vanity Fair par son biographe Charles Moore. Comme bien d’autres, Moore est fasciné par la force de personnalité de Thatcher qui lui a souvent valu des qualificatifs tels que « dure comme l’acier » et « indomptable ». Thatcher, comme Ronald Reagan, a été capable de se réinventer plus d’une fois, telle la figure du « self made man » qu’on associe surtout à l’Amérique. Ainsi, lorsqu’elle s’est attaquée à la scène mondiale, elle a pris des cours (suivant les conseils de Sir Laurence Olivier) sur la bonne manière de s’habiller et de parler auprès du professeur de diction du National Theater. Thatcher défendait aussi les intellectuels et fut l’une des premières à voir le potentiel des think tanks : "Son plus grand mentor politique, Sir Keith Joseph, était presque parfait à ses yeux : intellectuel, beau, juif et aristocrate [quatre catégorie chères à son coeur]. Il a diagnostiqué après la guerre (et s’en rendait responsable) une crise de socialisme en Grande Bretagne se manifestant par de l’interventionnisme, une mauvaise politique monétaire et sociale et des syndicats trop puissants. Il accusait les Tories d’avoir été complices de tout cela. Selon lui, il était temps de mettre au point une nouvelle stratégie, et il créa un think tank nommé le Center for Policy Studies pour ce faire. Margareth Thatcher en devint vice-présidente et son disciple." Thatcher a fait beaucoup d’erreurs, mais avait le mérite d’en tirer des leçons et de réviser ses jugements, comme lorsqu’elle pensa avoir été trop enthousiaste pour le projet d’intégration européenne : « Nous n’avons pas aboli les frontières au sein de la Grande Bretagne pour les voir ré-établies à un niveau européen, par un super-état européen exerçant sa nouvelle domination depuis Bruxelles. » « Je sais être extrêmement patiente à condition que les choses finissent par aller dans mon sens » est une autre remarque mémorable de Thatcher. Elle s’y est tenue la plupart du temps, au bénéfice du Royaume-Uni et du monde. Quelque chose comme ça... C'est bien parce que c'est une occasion spéciale.
Nick de Cusa Posté 8 avril 2013 Auteur Signaler Posté 8 avril 2013 Protection des espèces ou éoliennes, il faut choisir. http://wattsupwiththat.com/2013/04/07/government-bureaucrats-delay-life-saving-road-projects-but-let-wind-turbines-butcher-bats/
Largo Winch Posté 8 avril 2013 Signaler Posté 8 avril 2013 Quelque chose comme ça... C'est bien parce que c'est une occasion spéciale. Super. Merci.
Cthulhu Posté 8 avril 2013 Signaler Posté 8 avril 2013 Si certains ont un peu de temps ce soir : deux articles assez courts à l'occasion du décès de Thatcher. http://www.cato.org/blog/thatcher-anecdotes-biographer http://www.cato.org/blog/margaret-thatcher-brief-personal-recollection Si possible ce soir pour publication demain matin. Le deuxième : Pour beaucoup de gens, la démission de Margaret Thatcher (et maintenant sa mort) sera l'un de ces moments qu'ils n'oublieront jamais. Comme l'assassinat de Kennedy pour la génération précédente, beaucoup de souviendront toujours de ce qu'ils faisaient quand ils ont entendu la triste nouvelle. C'était le 22 novembre 1990 et j'étais sur le point de quitter l'appartement de mes parents à Zilina, en Tchécoslovaquie, pour rencontrer un ami. En sortant, j'ai entendu la radio annoncer la brutale nouvelle - Margaret Thatcher avait démissionné. Comment cela se pouvait-il ? N'était-elle pas très populaire chez elle et un titan sur la scène mondiale ? Pour nous (les peuples d'Europe de l'Est qui profitaient de leur première année de liberté ), elle était beaucoup que la première Première ministre féminine britannique. Elle était la voix spontanée contre l'oppression communiste et une promotrice courageuse du marché libre. Les médias communistes d'Europe de l'Est (et les médias socialistes d'Angleterre pourrait-on ajouter) vomissaient leur poison contre elle de façon régulière. Pour nous, cela était rassurant : s'ils la détestaient, elle devait être bien. Ayant grandi derrière le rideau de fer, je n'aurais jamais pensé quitter ma ville natale, encore moins voyager à l'étranger et la rencontrer. Mais ce fut le cas. C'était le 5 octobre 2002 et j'étais sur une escale à Londres. Le lendemain, je prenais l'avion pour Washington et commencer mon travail au Cato Institute. Mes amis (Roger Bate, maintenant à l'AEI et Richard Tren, maintenant à la Fondation Searle) m'avait invité à un diner célébrant le lancement le lancement du prix Frédéric Bastiat pour le journalisme défendant le marché libre. L'un des gagnants était Amity Shlaes que j'aurais le plaisir de vous présenter à un évenement du Cato Institute ce jeudi. Lorsque Margaret Thatcher arriva, descendant les escaliers avec Denis (NdT: son mari), il y eu un soudain silence suivant d'applaudissements. A ce moment, elle ne faisait plus de discours et ses apparitions publiques se faisaient de plus en plus rares. Pourtant, sa présence ajoutait de la gravité au lancement de ce grand prix qui existe encore aujourd'hui. Mon ami Véronique de Rugy était assise à côté de Mme Thatcher lors du dîner et ainsi, je suis allé la saluer à un moment. Thatcher m'a serré la main et m'a demandé d'où je venais. Lorsque je lui dis que je venais de Tchécoslovaquie, elle fût ravie. Je lui rappelais que les personnes d'Europe de l'Est avait une véritable affection pour elle et lui étaient reconnaissants de ce qu'elle avait fait pour provoquer la chute du communisme. "Vous savez" lui dis-je "les communistes vous ont vraiment détesté". "Bien, bien" rit-elle "J'en suis heureuse". Puis elle m'a donné un de ses regards perçants et m'a dit "Nous avons gagné à la fin". Oui, vous avez gagné Margaret. J'ai traduit " if they hated her, she must have been good. " par "elle devait être bien", ce qui ne sonne pas terrible, mais je suis à court d'idées. Vous pouvez peut-être aussi couper le passage sur Amity Shlaes, ce n'est pas forcément très intéressant pour les lecteurs français. EDIT : le Hannan sur Thatcher est pas mal aussi, je peux probablement le faire demain.
Nick de Cusa Posté 9 avril 2013 Auteur Signaler Posté 9 avril 2013 ... EDIT : le Hannan sur Thatcher est pas mal aussi, je peux probablement le faire demain. Go go go Pour après la vague Thatcher, pas très long et specifiquement d'actualité : "L'Etat providence est le produit du rationnement de guerre". http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100210883/the-welfare-state-was-a-product-of-wartime-rationing/
Cthulhu Posté 9 avril 2013 Signaler Posté 9 avril 2013 Go go go Voici : Margaret Thatcher a pris en main une Grande-Bretagne ruinée et déshonorée et l'a laissée prospère, assurée et libre. Je ne suis pas sûr qu'on puisse apprécier l'ampleur de l'exploit de Margaret Thatcher sans une certaine connaissance de la calamité qui l'a précédée. La plupart des Britanniques ne se rappellent plus des années 70. Je suis juste légèrement au dessus l'âge national médian, étant né en septembre 1971, et mes souvenirs sont flous. Je me rappelle cependant du sentiment de désespoir. Encore et encore, j'entendais des adultes dire avec désinvolture "La Grande-Bretagne est finie". Ayant passé ma jeunesse au Pérou, où la Grande-Bretagne était encore considérée comme un grand pays, j'étais choqué. En fait, ces sentiments étaient compréhensibles. C'était les années de la semaine de trois jours, du contrôle des prix et salaires, de l'inflation à deux chiffres, de grèves constantes, de coupures d'électricité. Tout au long des années 1960 et 1970, le Royaume-Uni avait été surclassée par toutes les économies européennes. "La Grande-Bretagne est une tragédie, elle a coulée dans l'emprunt, la mendicité, le vol jusqu'à ce que le pétrole de la mer du Nord rentre en jeu" disait Henry Kissinger. Le Wall Street Journal était plus brutal : "Au revoir, la Grande-Bretagne; c'était bien de vous connaître". Margaret Thatcher, presque seule, a refusé d'accepter la fatalité du déclin. Elle était déterminée à retourner la situation, et elle réussit. L'inflation chuta, les grèves stoppèrent, l'esprit d'entreprise latent des gens libres fût réveillé. Ayant pris du retard depuis une génération, nous avons dépassé tous les pays européens au cours des années 1980, à l'exception de l'Espagne (qui rebondissait d'encore plus bas). Alors que les revenus affluaient, les impôts furent réduits et la dette remboursée, alors que les dépenses publiques (contrairement à la croyance quasi universelle) augmentaient. Aux Malouines, Margaret Thatcher montra au monde qu'un grand pays ne recule jamais. Et en mettant fin à la misérable politique de détente unilatérale qui avait permis aux Soviétiques d'avancer en Europe, en Corée et en Afghanistan, elle a mis en route les évènements qui allaient libérer des centaines de millions de personnes de, ce qui d'un point de vue mathématique brut, constitue l'idéologie la plus meurtrière que l'humanité aie connu. Comme tout le monde, je me rappelle où j'étais quand elle a démissionné. C'était l'équivalent pour ma génération de l'assassinat de John F. Kennedy, un événement qui a curieusement aussi eu lieu un 22 novembre. Après trois élections victorieuses, la Dame de Fer fût destituée par un ensemble de députés euro-fanatiques - les "criminels de novembre" - comme un des président locaux du parti [Ndt: le Conservative Party auquel appartient Daniel Hannan] les appelle sombrement. Il est vrai qu'il y avait plusieurs facteurs d'impopularité, à commencer par l'impôt par tête. Pourtant, on ne pourra jamais assez le répéter : la cause immédiate du renversement de Margaret Thatcher est son opposition à l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'euro. Qui avait raison ? Selon toute mesure normale, elle était une politicienne couronnée de succès. J'irais plus loin en la qualifiant de plus grande première ministre que nous ayons jamais connu. Pourtant, elle a conduit beaucoup à une haine si intense que même le jour de sa mort, une grand-mère fragile, l'Internet a été remplie d'une joie venimeuse (si vous avez l'estomac solide, jetez un œil à mes réponses sur Twitter ou au hashtag #dingdongthewickedwitchisdead). D'où vient cette haine rudimentaire ? Les anti-thatchériens vous diront que c'est parce qu'elle a fermé les vieilles industries. (Elle ne l'a pas fait bien sûr, elle a juste arrêté d'obliger tout le monde de les soutenir). Pourtant, il devrait désormais être évident que rien n'aurait pu sauver les chantiers navals, les mines de charbon et les aciéries. Un processus similaire de désindustrialisation s'est déroulé dans les autres pays d'Europe occidentale et les seuls partis qui parlent toujours de "faire revivre notre industrie" sont Respect [Ndt: parti socialiste anglais], les socialistes écossais et le BNP [Ndt: British National Party, parti nationaliste anglais]. Non, ce que les gauchistes (avec des exceptions honorables) trouvent si difficile de pardonner, c'est le succès même de cette femme : le fait qu'elle ait secouru un pays qu'ils avaient déshonoré et appauvri. Elle a hérité d'une Grande-Bretagne sclérosée, endettée et en déclin, et elle l'a laissé fière, riche et libre. Enfin, elle n'a jamais perdu une élection contre eux. Leur rage, en vérité, ne peut être apaisée car c'est la rage de Caliban.
G7H+ Posté 10 avril 2013 Signaler Posté 10 avril 2013 La Fayette http://www.libertarianism.org/people/marquis-de-lafayette a completer avec ceci : http://www.wikiberal.org/wiki/La_Fayette Il est tres important d'identifier et de communiquer sur les liberaux francais. Oui, le liberalisme a de solides racines francaises, oui il y a eu des freedom fighters francais, oui il y a une facon francaise d'etre liberal, etc.
Nick de Cusa Posté 10 avril 2013 Auteur Signaler Posté 10 avril 2013 Si par bol j'ai le temps? http://www.dagelijksestandaard.nl/2013/04/bolkestein-nederland-moet-uit-de-euro-stappen
h16 Posté 11 avril 2013 Signaler Posté 11 avril 2013 Ce billet est très bien. J'attends le OK de son auteur. http://erratasec.blogspot.be/2013/04/a-wonkish-look-at-bitcoin-economics.html Mais si qq'un veut prendre de l'avance (au pire, si l'auteur dit non, on fera des périphrases)
h16 Posté 12 avril 2013 Signaler Posté 12 avril 2013 Bon, l'auteur est ok. Je vais tenter la trad ce matin si j'ai le temps Bitcoin est une monnaie électronique de plus en plus populaire, utilisée autant pour les transactions légales qu'illégales. Les économistes ne se sont pas encore sérieusement penchés sur Bitcoin, et j'ai donc décidé d'y jeter un oeil. En particulier, je vais essayer de trouver la "valeur intrinsèque" du Bitcoin, pour répondre à la question de savoir si une brusque montée de son prix (240$ au moment où j'écris ces lignes) est vraiment justifiée.(Pour un résumé en une ligne : les Bitcoins ont une valeur réelle (ils ne sont pas un fantasme) et leur valeur peut s'étaler de 0,01$ à 15.000$) Bitcoin comme monnaieIl y a eu pas mal d'études peu sérieuses du Bitcoin. On pourrait prendre comme exemple ce billet paru en 2011 de l'économiste prix Nobel Paul Krugman, où il compare le Bitcoin à l'étalon-or. Il a complètement faux.L'erreur que font les économistes est de partir du principe que les bitcoins fonctionnent comme une monnaie traditionnelle. Ce n'est pas le cas. Bien que bitcoin soit construit comme un "moyen d'échange", il ne fournit par les autres fonctions traditionnelles de la monnaie, comme "réserve de valeur", "unité de compte", et "mesure de valeur".Depuis quelques mois, le prix des bitcoins a explosé. En économie classique, ceci signifie que l'économie bitcoin a subi une "déflation" massive. De la même sorte, lorsque la bulle bitcoin explosera et que les prix dégringoleront, l'économie bitcoin subira une "hyperinflation”.Mais cette inflation/déflation n'a aucun effet. Les prix ne sont pas exprimés en Bitcoin, mais bien dans une monnaie réelle (dollar ou euro). Les acheteurs échangent leurs dollars contre des bitcoins, donnent ces derniers au vendeur, qui, de son côté, les échangera immédiatement contre des euros par exemple. Toute la procédure prend environ 30 minutes. La seule contrainte est que le taux de change par bitcoin ne fluctue pas trop pendant cette période d'une demi-heure. Les bitcoins sont électroniques et peuvent être facilement subdivisés, et "un milliardième de bitcoin" est une valeur acceptable. Lorsqu'on analyse Bitcoin, on doit laisser tomber cette idée qu'il est une "mesure de valeur" et les idées relatives de déflation et d'inflation.Les bitcoins ne sont pas une monnaie légale : c'est une monnaie "rebelle" construite pour échapper aux contrôles gouvernementaux. Mais ceci signifie qu'il n'y a pas de protection gouvernementale non plus. Ceci signifie que vous ne pouvez "emprunter en bitcoins", car le gouvernement ne pourra vous forcer à rembourser votre prêt. Et bien que vous puissiez déposer vos bitcoins dans une "banque", au lieu que cette dernière vous rémunère votre dépôt, elle pourrait plutôt vous facturer la garde. Il n'y a donc pas de système financier basé sur bitcoin. Notre système économique n'est pas basé sur la monnaie elle-même mais sur les dérivés de la monnaie, ce qui disparaît dans le cas des bitcoins.Les bitcoins ne sont pas des "réserves de valeur". Bien sûr, des spéculateurs stockent des bitcoins, mais c'est autre chose : vous ne pouvez pas stocker des bitcoins sur votre ordinateur, parce qu'ils seront perdus si votre disque crashe ou si vous attrapez un virus. Pour les raisons exposées plus tôt, vous ne pouvez compter sur quelqu'un pour les garder pour vous puisqu'il n'y a aucune loi les forçant à vous les rendre. Et comme le montrent les pénétrations frauduleuses de sites marchands en bitcoin, il est peu probable qu'un site en ligne soit suffisamment sécurisé. Seuls des experts ont les compétences requises pour stocker leurs bitcoins en sécurité sur une longue période de temps.Et tout ceci constitue l'erreur des économistes : ils ont construit un ensemble d'hypothèses sur comment la "monnaie" fonctionne, mais les bitcoins ne sont pas réellement de la monnaie, et ces hypothèses tombent. Nous devons revenir aux principes de base.Mesurer la quantité de monnaie "bitcoin"Au moment d'écrire ces lignes, le Bitcoin s'évalue au dessus de 200$ / pièce. Ce prix est-il justifié ? Est-ce du aux spéculateurs ? Quelle est la valeur 'réelle" d'un bitcoin ? Pour répondre à ces questions, nous devons d'abord trouver la valeur "réelle" de n'importe quelle monnaie, comme le dollar ou l'euro. Pourquoi 1$ vaut-il 1$ ? Ou, plus exactement, pourquoi 1$ vaut-il un quart de Big Mac ? La réponse est : les économistes ne le savent pas vraiment. Ils ont des théories, quelques preuves, mais ils ne sont pas certains.Le principe de base de la théorie de la monnaie est "Offre et demande". Les gens demandent de la monnaie aussi bien comme moyen d'échange que comme réserve de valeur. Les gens demandent une monnaie car le troc est inefficace. Si vous désirez faire réparer votre voiture, vous pouvez tenter d'offrir des poulets, une chèvre ou un an de coiffeur au garagiste. Mais si c'est un hippie aux cheveux longs, il ne voudra pas ces biens et services. Ce qu'il veut est quelque chose qu'il pourra échanger facilement ailleurs. En d'autres mots, il veut de la monnaie.Il en va de même avec l'épargne : l'épargne de long terme, ce sont des choses comme une maison, mais en cas d'urgence, c'est difficile à vendre. En conséquence, les gens veulent une partie de leur épargne sous forme plus liquide, c'est à dire ... de la monnaie. C'est de là que vient la valeur d'un dollar : offre et demande. Les gens demandent un bien qui soit facile à échanger et qui demande de créer de la valeur. Cette valeur est aussi réelle que la valeur de n'importe quoi d'autre.C'est la théorie, et on a des preuves pour la soutenir. Ainsi, par exemple, lorsque le gouvernement imprime plus d'argent, l'offre grimpe, et comme on peut le prédire, la valeur de la monnaie décroît. Ceci signifie qu'il faut alors plus de monnaie pour obtenir le même bien. En d'autres mots, les prix montent, et l'inflation arrive. C'est ce qui est arrivé en Allemagne avant-guerre et au Zimbabwe plus récemment : leurs gouvernements ont imprimé de plus en plus de monnaie, entraînant hyperinflation et des prix qui doublent quotidiennement.Il y a d'autres théories sur la provenance de la valeur de la monnaie. Certains pensent qu'elle vient du gouvernement qui l'imprime. Les preuves derrière cette théorie ne sont pas solides : l'Irak de Saddam est un bon exemple. En 1991, la Guerre du Golfe coupa l'Irak du reste du monde. Au lieu d'utiliser des presses “suisses” de bonne qualité, le gouvernement irakien imprima une nouvelle monnaie sur des presses de moins bonne qualité. Il en imprima plus it, causant une dévaluation et une inflation. L'ancienne monnaie continua cependant à être utilisée dans la région semi-autonome du Kurdistan, bien qu'elle ne fut plus reconnue officiellement par le gouvernement. Mieux : lorsque le régime de Saddam tomba, les deux monnaies irakiennes continuèrent à être utilisées, bien qu'aucun gouvernement n'existait alors pour en fixer la valeur. Même une mauvaise monnaie est meilleure que le troquer trois poulets et une chèvre -- la valeur provient de la demande, pas du gouvernement.Une autre théorie voudrait que la valeur de la monnaie provienne d'une "foi" irrationnelle, ou d'une "perception" de la valeur. Les économistes ne sont pas d'accords. Un des axiomes économiques fondamentaux est que les gens sont rationnels. Lorsqu'ils valorisent de l'or, des dollars, ou des bitcoins, l'hypothèse des économistes est que ces gens ont une raison rationnelle de le faire. Les bulles pourraient sembler irrationnelles, mais proviennent de gens qui font des paris qui sont, eux, rationnels. Certains gagneront, certains perdront. C'est comme parier sur qui gagnera le Superbowl : le fait d'avoir perdu ne signifie pas simplement que les perdants ont choisi irrationnellement l'équipe de leur pari. Toutes les preuves suggèrent que valoriser la monnaie est ce qu'il y a de plus "rationnel" à faire, et mettre en place un système de troc est moins rationnel.Et donc, si la valeur d'un bitcoin est définie par l'offre et la demande, quelle est "l'offre" et "la demande" pour bitcoin ?Le fondement même de bitcoin est qu'il peut être utilisé par l'économie souterraine. Ceci inclut les activité illégales, comme l'achat de drogue, mais aussi les activités légales mais discrètes comme l'achat de porno, ou le transfert d'argent à votre cousin à l'étranger. Le fisc américain estime que l'économie souterraine s'évalue à 2000 milliards de dollars annuels (pour un PIB total de 14.000 milliards de dollars). Utilisons donc ce nombre dans la partie "demande" de notre équation.Quelle est "l'offre" de bitcoin? C'est déterminé par les mathématiques de l'algorithmique bitcoin : il y a environ 10 millions de bitcoin actuellement, et il y en aura environ 20 millions au total dans la prochaine décennie. Ceci veut dire que ces 20 millions de bitcoins devront couvrir les 2000 milliards de dollars de transactions.Comparons ceci avec l'économie officielle, avec 2400 milliards $ en monnaie (M1) pour 14.000 milliards $ de transactions, soit un ratio de 6.553. En divisant simplement les 2000 milliards $ par 6.553 et par 20 millions de bitcoin, pouf, on obtient la valeur d'un bitcoin : 15.260 $ par pièce (oui, quinze mille dollars).Ceci semble beaucoup, bien plus que le plus haut récent (250$ environ) mais c'est basé sur un énorme nombre d'hypothèses probablement fausses. Changer ces hypothèses change l'évaluation. Par exemple, si on estime que seul 10% de l'économie souterraine utilisera bitcoin, au lieu de 100%, la valeur du bitcoin est alors 10% de sa précédente valeur, soit 1.526$.Dit autrement, lorsque Bitcoin approche les 300$, cela signifie que les parieurs font l'hypothèse que les bitcoins vont prendre 2% de l'économie souterraine. Si vous pensez qu'ils vont en prendre plus, vous devriez acheter des bitcoins. Et inversement, si vous pensez que les bitcoins en prendront moins, vous devriez plutôt en vendre.Notez que j'utilise M1 comme mesure de l'offre de monnaie dans ce calcul. Parlons un peu de l'offre de monnaie. Il y a trois bonnes mesures de l'offre de monnaie : M0, M1, et M2. M0 c'est la quantité de monnaie physique en circulation, soit 800 milliards de $ en billets (essentiellement de 100$ et $20). Pour bitcoin, ce sont les 20 millions de bitcoins possibles. . M1 inclut M0, et les comptes chèque (dépôts). Lorsque vous déposez de l'argent en banque, elle en prête la plupart. L'emprunteur dépense cet argent, qui sera à son tour déposé en banque, qui à son tour le prêtera à peu près totalement. Cette “réserve fractionnaire" bancaire multiplie la quantité effective de monnaie en circulation jusqu'à 2400 milliards de $. M2 inclut M1 et M0, et l'épargne liquide comme les fonds des marchés monétaires. C'est l'argent que les foyers peuvent dépenser assez facilement mais qu'ils choisissent plutôt de même de côté. Il y en a à peu près 10.000 milliards de $. Si vous pensez que Bitcoin sera utilisé principalement pour des transactions et non pour l'épargne, alors M1 est la quantité la plus appropriée. Si vous pensez qu'il y aura plus d'épargne, alors M2 est probablement meilleure, ce qui accroît la valeur de vos bitcoins par un facteur quatre.Comme il n'y a pas de système bancaire en bitcoin, cela veut dire que M0 et M1 sont équivalents. Si vous pensez que des services de "réserve fractionnaire" peuvent apparaître, réduisez votre estimation de la valeur des bitcoins par un facteur trois.La valeur du protocole La discussion ci-dessus est une analyse du haut vers le bas depuis une perspective “économique”, comparant le bitcoin à une monnaie. Faisons à présent une analyse du bas vers le haut en s'attardant au "protocole réseau" du bitcoin, comme moyen d'échange monétaire, -- mais pas comme monnaie lui-même. Ce dernier point est important : nous voyons bitcoin comme une monnaie, mais techniquement, c'est juste un protocole pour échanger des dollars en d'autres dollars.Un élément essentiel de bitcoin est qu'une transaction prend 10 minutes. Ce nombre est compris dans le protocole : votre transaction est en effet ajoutée à une chaîne de blocs, et cette chaîne est recalculée et ré-émise à tout le réseau. Il y a une nouvelle chaîne émise toutes les 10 minutes. Une transaction typique prendra donc à peu près 30 minutes: 10 minutes pour l'acheter afin de convertir ses dollars en bitcoins, 10 minutes pour effectuer l'échange de bitcoins, et 10 autres minutes pour que le vendeur change ses bitcoins en dollar (ou autre).Imaginons une économie de 2000 milliards de $ où les bitcoins sont convertis aussi rapidement que possible en monnaie traditionnelle, et où personne ne stocke ses pièces plus longtemps que nécessaire. En prenant ces chiffres (2000 milliards de $ divisé par (365*24*60*2) divisé par 20 million) revient à 10 cents par bitcoin. Si l'on fait l'hypothèse d'une économie plus petite, dans laquelle bitcoin représente 2% de l'économie souterraine, on se retrouve avec 0.2 cents par bitcoin. Comme il y a un peu de mou dans le système, disons 1 cent et n'en parlons plus.Cette hypothèse que les gens se débarrasseront de leur bitcoin aussi vite que possible ne sera pas vraie, bien sûr. Imaginons un site de paris en ligne, uniquement en bitcoins. Il prendra des paris sur la saison de baseball sur quelle équipe gagnera le Superbowl, et ne payera les gagnants qu'à la fin de la saison. Cette valeur de 10 minutes est, on le voit, le minimum. La moyenne sera plus grande.Et votre estimation sur combien de temps un bitcoin sera conservé (en moyenne) va en conséquence changer l'équation : si la moyenne de conservation est d'un jour au lieu de 30 minutes, sa valeur grimpe de 50 fois. Inversement, le temps mis pour une confirmation de chaîne de bloc peut diminuer (elle est actuellement de 7 minutes au lieu de 10), réduisant la valeur des bitcoins. La valeur récente de 240$ / bitcoin implique dans cette équation qu'une personne conserve un bitcoin 7 ans (toujours sur l'hypothèse que les bitcoins manipuleront 2% de l'économie souterraine).La valeur politiqueLe gouvernement peut-il interdire bitcoin, réduisant sa valeur à zéro ?De ce point de vue, le gouvernement a un historique excellent. Il a mis en faillite d'autres monnaies électroniques comme "e-gold”. Les Américains ne peuvent plus obtenir de comptes en Suisse, ces derniers étant fatigué du harcèlement perpétuel du gouvernement américain à leur encontre. Ceci signifie qu'il y a un risque que le gouvernement puisse arrêter bitcoin complètement, ou lui imposer de rester totalement souterrain, minant son utilité et sa valeur.Mais il y a une chose particulière à propos de bitcoin : il est basé sur les mathématiques, et aucune organisation ne le contrôle. Même si le gouvernement met des sites publics comme MtGox en faillite, et jettent son propriétaire en prison, les transactions en bitcoin transactions continueront. Et vous pouvez même avoir l'effet inverse : plus le gouvernement s'acharne à détruire les monnaies concurrentes, plus un bitcoin deviendra cher, puisque seule monnaie que le gouvernement ne peut pas stopper. Il y aura toujours une très forte demande pour une monnaie souterraine, non gouvernementale qu'aucun gouvernement ne peut écrabouiller avec succès. Conclusion : est-ce un bulle ? J'ai exposé quelques arguments sur pourquoi un bitcoin peut valoir de 1 cent à 15.000 dollars. En conséquence : devez-vous acheter ou vendre des bitcoins, la valeur ayant monté autour de 200$ ?Imaginons que vous ayez acheté Amazon.com au plus haut de la bulle des télécoms. Combien auriez-vous perdu ? En haut de la bulle, le prix de l'action était de 100$. il est à présent de 300$. Vous n'auriez pas perdu d'argent, vous auriez plutôt multiplié par trois votre investissement. Bien sûr, 99% des autres startup ont ou bien fait faillite, ou bien perdu la plus grosse partie de leur valeur. Amazon est une des quelques unes qui ont gardé leur valeur.Ce que je veux dire est que simplement parce qu'il y a une bulle actuellement, cela ne veut pas dire que c'est un mauvais moment pour investir : selon certaines hypothèses, j'ai donné quelques bonnes raisons comment un bitcoin peut atteindre des milliers de dollars et donc bien plus que ce plus haut récent de 240$. Si vous êtes d'accord avec ces hypothèses, vous devriez acheter des bitcoins.Et cela veut aussi dire ceci : Internet a décollé, dépassant largement les rêves les plus fous des visionnaires les plus optimistes. Mais cela ne veut pas dire que les premiers investisseurs dans les startups internet ont fait de l'argent. Beaucoup ont perdu leur chemise dans le crack de la bulle télécom. Bitcoin pourrait devenir extrêmement fructueux, représentant 1000 milliards de dollars en transactions annuelles, et avec 1c par bitcoin comme valorisation. Ce qui veut dire que vous pourriez parfaitement perdre de l'argent même en ayant eu "raison".Transparence totale : je possède 4 bitcoins (que j'ai obtenu en minant), et je n'ai pas l'intention de les vendre. Et je n'ai pas l'intention d'en acheter non plus.Mise à jour : entre le début et la fin de la rédaction de cet article, la bulle bitcoin semble avoir éclaté :
Baptiste Posté 12 avril 2013 Signaler Posté 12 avril 2013 Mini edit : dernier paragraphe, Et cela veut dire aussi ceci : Internet a décollé
Nick de Cusa Posté 12 avril 2013 Auteur Signaler Posté 12 avril 2013 Les mines de charbon c'est bien, les centrales à charbon c'est mal. Allo ? http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100211743/how-many-of-the-people-complaining-of-pit-closures-would-want-to-work-in-a-coal-mine/
Nick de Cusa Posté 12 avril 2013 Auteur Signaler Posté 12 avril 2013 Court : Appel de Bolkentein à démanteler l'euro. http://openeuropeblog.blogspot.ae/2013/04/you-know-its-bad-when-even-former-eu.html
Arturus Posté 12 avril 2013 Signaler Posté 12 avril 2013 J'ai mis dans ce fil une vidéo (assez ancienne) de Thorsten Polleit. Contrepoints avait déjà publié une traduction de cette auteur. Des traducteurs germanophiles suivent ses productions?
Nick de Cusa Posté 13 avril 2013 Auteur Signaler Posté 13 avril 2013 Pourquoi il faut aller aux funéraille de Margaret Thatcher. http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100212016/funeral/ Pour avant mercredi, bien sûr.
Nick de Cusa Posté 13 avril 2013 Auteur Signaler Posté 13 avril 2013 Déficits : même les Pays-Bas dérapent. http://openeuropeblog.blogspot.ae/2013/04/testing-eus-budget-discipline.html
José Posté 15 avril 2013 Signaler Posté 15 avril 2013 Proposition de traduction : "Why Canada Can Avoid Banking Crises and U.S. Can’t"
Lancelot Posté 15 avril 2013 Signaler Posté 15 avril 2013 Bah alors, plus rien à publier ? Bon, je donne ma matinée à la Cause. http://openeuropeblog.blogspot.ae/2013/04/you-know-its-bad-when-even-former-eu.html Il y a de quoi s’inquiéter quand même un ex-commissaire européen suggère la fin de l’eurozone. On connait surtout l’ancien Commissaire au Marché Intérieur néerlandais Frits Bolkestein pour sa fameuse directive (qui fut libéralisante dans sa forme originelle avant que les États et les eurodéputés ne la diluent significativement). Aujourd’hui, toutefois, il fait parler de lui pour une nouvelle raison en devenant le premier ex-commissaire européen à soutenir publiquement la fin de l’euro. Voici sa déclaration au journal Algemeen Dagblad : « Les Pays-Bas doivent sortir de l’euro dès que possible… L’union monétaire a été un échec total. L’euro est devenu un somnifère qui a rendu l’Europe somnolente et incapable d’aborder le problème de la compétitivité… Laissons tomber l’euro et concentrons-nous sur le marché unique… Nous n’avons pas besoin de l’euro pour cela. » Bolkestein, dont il faut rappeler qu’il est un critique de longue date de la direction actuelle de l’UE, propose de mettre en place une union monétaire composée des pays économiquement forts, ce qu’il appelle un « euro Triple A ». Il a également eu des mots très durs pour le Parlement Européen : « Il ne représente plus les citoyens ni des Pays-Bas, ni de l’Europe. Il s’accroche à un fantasme fédéraliste pour lequel nous n’avons plus les moyens. » http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100211743/how-many-of-the-people-complaining-of-pit-closures-would-want-to-work-in-a-coal-mine/ C’est bien de miner du charbon, mais c'est mal de le brûler ? La gauche me rend perplexe. Est-ce qu'ils voulaient réellement que leurs petits-fils les suivent ? Ceci n’est pas un autre article sur la dame de fer. Il y en a déjà eu bien assez : nous avons atteint une sorte de point critique de thatcherisation. Il s’agit plutôt d’une tentative pour saisir pourquoi tant de personnes réagissent avec une telle rage à l’énoncé de son nom. C’est dû en parti, bien sûr, à la pose stupide de rébellion adolescente qu’on peut retrouver sur Twitter (j’ai quelques exemples en favoris pour illustrer ce dont je parle), mais beaucoup de fiel vient aussi de gens qui, dans d’autres contextes, sont équilibrés et respectueux. Durant trois jours, j’ai essayé de comprendre l’intensité de ces réactions. J’ai pu en tirer deux critiques principales des anti-Thatcher : premièrement, elle a fermé sans pitié les mines de charbon et d’autres industries lourdes. Deuxièmement, en accroissant l’écart entre riches et pauvres, elle a rendu la Grande Bretagne plus matérialiste et égoïste. Prenons les choses une par une. Il est vrai que le Royaume Uni, comme tous les pays occidentaux, était en pleine désindustrialisation dans les années 80. Ce processus avait commencé au moins un demi siècle auparavant, et s’était accéléré dans les années 60 et 70, quand Harold Wilson a fermé presque deux fois plus de mines que Thatcher ne le ferait par la suite. Bien sûr, ce qu’on entend ici par « fermer », c’est que le gouvernement a arrêté de maintenir à flot des mines non rentables. Ni Wilson, ni Thatcher n’étaient contre l’extraction de charbon, ils ont simplement arrêté de forcer tout le reste du pays à la subventionner. Pourquoi les mines et autres industries lourdes ne faisaient-elles pas de profit ? En partie à cause de la concurrence des pays en développement et en partie à cause des syndicats. Comme cela se fait partout et tout le temps, certains secteurs montaient et d’autres descendaient. De la même manière que les téléphones ont mis les sténographes au chômage, l’industrie lourde a laissé la place aux services. Ces transitions ne sont jamais faciles. La période a été difficile même pour ceux qui ont réussi à trouver une nouvelle carrière. Je peux tout à fait comprendre les réactions exacerbées de l’époque. Ce qui me déconcerte, c’est que la fermeture des mines est maintenant considérée comme la preuve de la malfaisance des Tory. Aujourd’hui personne, à l’exception du SWP (parti d’extrême gauche NDT) et du BNP (parti nationaliste NDT) ne voudrait d’une industrie minière nationalisée. Ceux qui se plaignent le plus de la fermeture des mines sont en fait généralement ceux qui protestent le plus contre l’utilisation du charbon. Une économie ne peut pas se baser uniquement sur les services, me direz-vous. Peut-être. Mais pourquoi serait-il plus valable de gagner son pain en assemblant des voitures plutôt qu’en les conduisant ? Pourquoi construire une chaudière serait-il mieux que l’installer ? L’expansion du secteur tertiaire a rendu nos vies incomparablement meilleures. Nous avons une meilleure médecine, de meilleurs magasins et de meilleurs loisirs. Soyons clair : fabriquer des choses, c’est très bien. Notre industrie est la huitième mondiale, nous vendons du thé en Chine, de la vodka en Pologne et nous exportons plus de voiture que nous en importons pour la première fois depuis les années 70. Et nous faisons tout ça sans subventions. Malgré la suppression des aides (ou plutôt grâce à elle), la production industrielle était 7.5% plus grande à l’issue du mandat de Margaret Thatcher. Bref, la nostalgie a uniquement pour objet les industries du charbon, navales et de l’acier. Cette nostalgie, je le confesse, m’est incompréhensible. Mon grand-père a travaillé au chantier naval entre les guerres et, comme beaucoup de ses camarades, n’a pas dépassé la soixantaine. Il n’a jamais souhaité une telle vie pour son petit fils. Qu’en est-il alors de la seconde accusation : sommes-nous devenus sans cœur et sans cohésion sociale ? Il est vrai que l’écart entre riches et pauvres s’est agrandit, comme c’est le cas dans tout le monde industrialisé depuis les années 60. Les sciences sociales se penchent sur ce phénomène, et les deux théories les plus populaires telles que je les comprends sont une plus grande mobilité qui draine des zones pauvres les gens les plus compétents et la tendance des riches à se marier entre eux (une tendance qui suit l’arrivée massive des femmes dans le milieu professionnel). Je ne connais pas la vraie explication. Ce que je sais, c’est que l’écart entre riches et pauvres s’est plus creusé sous les travaillistes (parti de centre gauche NDT). Je sais aussi que la charité privée a doublé (dépassant l’inflation) pendant les années Thatcher. D’après cette mesure toute empirique, nous sommes devenus moins égoïstes. En tout cas moins égoïstes que les syndicats opposés à la dame de fer, qui ont cru jusqu’au bout que le monde leur devait un salaire. J’ai essayé, j’ai vraiment essayé de comprendre la colère, mais ça me dépasse. Je sais que ce blog est suivi par beaucoup de travaillistes tolérants et raisonnables. Peut-être que l’un d’entre vous pourrait m’aider.
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