Soda Posté 14 août 2018 Signaler Posté 14 août 2018 Il y a 10 heures, Rincevent a dit : Plus le temps passe, plus je pense que ça devrait prendre une place centrale dans la formation intellectuelle libérale. Il y a des livres traduits en français sur le public choice ?
RayRhacer Posté 14 août 2018 Signaler Posté 14 août 2018 Il y a 11 heures, Soda a dit : Il y a des livres traduits en français sur le public choice ? Malheureusement presque rien, cependant il y a quelques articles traduits (parce que les économistes lisent surtout des articles). Il y a peut-être aussi un manuel d'introduction au Public Choice en français (Hint Institut Coppet). L'état du Public Choice est franchement désespérant en France, notamment parce que l'école de Virginie (première génération du Public Choice) est décriée comme ultra-libérale mais aussi parce qu'il s'agit d'un domaine spécifique en économie et qui arrive tardivement dans le cursus (et que hors des grosses branches néoclassique, l'économie est remplie de petits courants hétérodoxes qui se font la compétition pour les étudiants -> on pourrait faire du Public Choice là dessus d'ailleurs). D'autant plus qu'à mon avis, les sociaux-démocrates/néolibéraux ont réussi à récupérer l'intérêt de l'école du Public Choice en supprimant son origine intellectuelle gênante (ça rappellera Strauss et Acton à certains), à travers ce qu'il appelle la Nouvelle Politique Économique (on frôle la NEP ) qui reprend la méthode du public choice (A. Alesina est peut-être l'auteur le plus connu du mouvement).
Johnathan R. Razorback Posté 14 août 2018 Signaler Posté 14 août 2018 il y a 35 minutes, RayRhacer a dit : L'état du Public Choice est franchement désespérant en France Tout à fait, la seule source que je connaisse est indirecte, le bouquin de Pirie reprend certaines analyses: "La théorie des choix publics nous permet de comprendre ce qui, autrement, ne serait qu'un fait étrange, un mystère irrésolu : que ce sont les minorités qui l'emportent sur les majorités. Dans le paradigme politique conventionnel, on s'attendrait au contraire à ce que la majorité impose ses intérêts propres, aux dépens des minorités. Or, avec le modèle des choix publics, on se rend compte que, pour donner un privilège à une majorité, il faut prendre bien davantage à la minorité. En termes plus crus, si l'on veut donner un franc à tous les membres de la majorité, il faut prendre bien plus d'un franc à chacun des membres de la minorité. Et ladite minorité en couinera d'autant plus fort. A l'inverse, pour favoriser la minorité, il n'est pas nécessaire de prendre autant à la majorité. Quand le grand nombre entretient le petit, le petit nombre reçoit beaucoup alors que le grand ne donne que peu chacun. Les reproches de la majorité sont faibles, forte est la reconnaissance de la minorité. Ce processus explique pourquoi, alors que depuis un siècle la proportion des agriculteurs dans la population a considérablement diminué, les hommes de l'Etat leur distribuent des monceaux de subventions. Dans tous les pays avancés, les agriculteurs sont aujourd'hui une petite minorité, et ils reçoivent de gigantesques subsides aux frais des contribuables citadins, lesquels sont bien plus nombreux. En revanche, dans les économies moins avancées où l'agriculture emploie encore une majorité de la population, il est caractéristique que ce soient les agriculteurs qui sont taxés, ou forcés de vendre leurs produits à des prix artificiellement bas, pour permettre aux minorités citadines de vivre sur leur dos. A mesure que le nombre des agriculteurs baisse, leur capacité à pétitionner augmente de façon manifeste. Ce cas illustre bien cette conclusion générale de la théorie des choix publics, qu'il est plus facile de satisfaire des minorités que des majorités. Cela coûte moins cher, et les minorités donnent assez de valeur à ce privilège pour que les législateurs y trouvent leur avantage." (p.107-108) -Madsen Pirie, La Micropolitique. Comment faire une politique qui gagne.
Rincevent Posté 14 août 2018 Signaler Posté 14 août 2018 il y a 40 minutes, RayRhacer a dit : L'état du Public Choice est franchement désespérant en France, notamment parce que l'école de Virginie (première génération du Public Choice) est décriée comme ultra-libérale mais aussi parce qu'il s'agit d'un domaine spécifique en économie et qui arrive tardivement dans le cursus (et que hors des grosses branches néoclassique, l'économie est remplie de petits courants hétérodoxes qui se font la compétition pour les étudiants -> on pourrait faire du Public Choice là dessus d'ailleurs). Il y a aussi un détail pas négligeable, qui est que les auteurs originels du Public Choice, américains, ont avant tout étudié les institutions américaines, ce qui donne une très vaste littérature concernant les modes d'élection des politiciens, modes de financement des campagnes et modes d'organisation des administrations trouvés outre-Atlantique, mais au fond assez peu de choses originales qui soient directement adaptées aux institutions des pays européens. Au mieux, cela donne au Public Choice une coloration un peu exotique ; au pire, ça conduit à son rejet (alors que les idées qui le sous-tendent sont tout aussi valables de ce côté-ci de l'Atlantique). 1
RayRhacer Posté 14 août 2018 Signaler Posté 14 août 2018 il y a 1 minute, Rincevent a dit : Il y a aussi un détail pas négligeable, qui est que les auteurs originels du Public Choice ont avant tout étudié les institutions américaines, ce qui donne une très vaste littérature concernant les modes d'élection des politiciens, modes de financement des campagnes et modes d'organisation des administrations trouvés outre-Atlantique, mais au fond assez peu de choses originales qui soient directement adaptées aux institutions des pays européens. Au mieux, cela donne au Public Choice une coloration un peu exotique ; au pire, ça conduit à son rejet (alors que les idées qui le sous-tendent sont tout aussi valables de ce côté-ci de l'Atlantique). Oui, c'est la Nouvelle Politique Economique qui a récupérée l'analyse économique de l'Europe notamment. Ce qui explique que cette littérature soit bien plus connue. Après il ne faut pas se méprendre, même en France, on connait l'école du Public Choice - les chercheurs lisent la littérature anglaise - mais presque personne ne s'en revendique, ni ne l'utilise. Ce qui empêche la création d'une antenne locale. Je pense que l'introduction du Public Choice en France poserait pas mal de problème vis-à-vis de la sociologie, qui n'aime pas qu'on marche sur ses plates-bandes (ça crie tout le temps sur l'impérialisme économique), tout comme le droit n'aime pas l'analyse économique du droit. Or avec le pouvoir de nuisance de l'administration universitaire française, une tentative de laboratoire Public Choice pourrait se faire saborder.
Largo Winch Posté 17 août 2018 Signaler Posté 17 août 2018 On 8/14/2018 at 9:29 AM, Soda said: Il y a des livres traduits en français sur le public choice ? Cet ouvrage. Une somme de 900 pages : https://fr.calameo.com/read/000015856bf0149efe1ba 3
Rincevent Posté 17 août 2018 Signaler Posté 17 août 2018 Il y a 1 heure, Largo Winch a dit : Cet ouvrage. Une somme de 900 pages : https://fr.calameo.com/read/000015856bf0149efe1ba J'ai des retours (pas neutres, certes) qui me disent qu'il est complètement imbitable de jargon et de mathématisation (malgré la présence de l'excellent François Facchini). Mais bon, l'écho ne vient pas d'une source neutre non plus.
Soda Posté 17 août 2018 Signaler Posté 17 août 2018 Il y a 2 heures, Largo Winch a dit : Cet ouvrage. Une somme de 900 pages : https://fr.calameo.com/read/000015856bf0149efe1ba Merci .
Largo Winch Posté 17 août 2018 Signaler Posté 17 août 2018 28 minutes ago, Rincevent said: J'ai des retours (pas neutres, certes) qui me disent qu'il est complètement imbitable de jargon et de mathématisation (malgré la présence de l'excellent François Facchini). Ça dépend des chapitres. C'est un manuel universitaire et non un livre de vulgarisation. Vu que l'ouvrage se réfère aux travaux académiques du domaine, certains passages reproduisent la modélisation mathématique de ces travaux, mais elle est accompagnée d'explications littérales. Disons qu'il y a des passages plus ardus à comprendre que d'autres. Mais ça ne me semble pas rédhibitoire. Il faut peut-être avoir un niveau licence de sciences éco pour comprendre aisément l'ensemble, je pense. 1
TheRedBaron Posté 7 septembre 2018 Signaler Posté 7 septembre 2018 Le 11/08/2018 à 16:27, Mégille a dit : Je vais voir ce que je vais retrancher... Peut-être supprimer Mill pour un peu plus de Ricardo, déjà, oui. Supprimer la théorie des jeux, aussi. La théorie des jeux est primordiale pour décrire des processus hors marché. Il faut comprendre pourquoi les gens coopèrent. Je suppose qu'un français doit dire quelque chose concernant la planification. Et on pourrait nommer le capital social (Bourdieu!). En outre, social choice n'est pas la même chose que public choice.
TheRedBaron Posté 7 septembre 2018 Signaler Posté 7 septembre 2018 Le 11/08/2018 à 16:52, RayRhacer a dit : (manque peut-être l'économie de la firme, qui est importante en éco et qui évite la critique facile "l'économie ne parle que du marché", enfin juste en l'évoquant quoi). Oui, ça inclût la théorie des droits de propriété. L'institutionnalisme, c'est aussi la théorie des organisations. De nos jours on analyse des organisations mixtes, qui combinent l'organisation et le marché. Ça a déjà commencé avec Ronald Coase. Citation Bonne chance en tout cas, j'ai fait deux ans d'économie très approfondie avec des nombreux gauchos dans ma classe et rien ne les a fait changer d'avis alors même qu'ils comprenaient très bien le cours. Essayez de leur expliquer l'idéologie de la propriété commune!
TheRedBaron Posté 7 septembre 2018 Signaler Posté 7 septembre 2018 Le 14/08/2018 à 21:35, Rincevent a dit : Il y a aussi un détail pas négligeable, qui est que les auteurs originels du Public Choice, américains, ont avant tout étudié les institutions américaines, ce qui donne une très vaste littérature concernant les modes d'élection des politiciens, modes de financement des campagnes et modes d'organisation des administrations trouvés outre-Atlantique, mais au fond assez peu de choses originales qui soient directement adaptées aux institutions des pays européens. Au mieux, cela donne au Public Choice une coloration un peu exotique ; au pire, ça conduit à son rejet (alors que les idées qui le sous-tendent sont tout aussi valables de ce côté-ci de l'Atlantique). Oui. Donc peut-être il faut inclure la théorie de la régulation, et l'économie des conventions, qui sont des idées français.
Rincevent Posté 7 septembre 2018 Signaler Posté 7 septembre 2018 Il y a 5 heures, TheRedBaron a dit : Oui. Donc peut-être il faut inclure la théorie de la régulation, et l'économie des conventions, qui sont des idées français. Non. La théorie de la régulation (aka "École néo-marxiste" hors de France) se base sur des postulats faux. Ce qu'il faut, ce sont des gens formés au Public Choice (dont les postulats sont plus en accord avec la réalité) et qui analyseraient les situations que l'on rencontre en France. En bref, moins d'Aglietta/Orléan, et davantage de Tirole/Facchini. 2
TheRedBaron Posté 10 septembre 2018 Signaler Posté 10 septembre 2018 Le 07/09/2018 à 21:49, Rincevent a dit : En bref, moins d'Aglietta/Orléan, et davantage de Tirole/Facchini. Je me suis bien trouvé de lire le livre "Microéconomie du marché du travail" de Cahuc et Zylberberg. Mais la matière est peut-être trop avancé pour un cours liminaire.
Rincevent Posté 10 septembre 2018 Signaler Posté 10 septembre 2018 Il y a 3 heures, TheRedBaron a dit : Je me suis bien trouvé de lire le livre "Microéconomie du marché du travail" de Cahuc et Zylberberg. Mais la matière est peut-être trop avancé pour un cours liminaire. C'est intéressant, mais ce n'est pas du Public Choice.
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant