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Cortalus

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Tout ce qui a été posté par Cortalus

  1. Tu as raison bien sûr. Je crois que le plus dur à assumer, c'est que ça va briser mon ego professionnel. J'ai bossé dur pour ma réputation. "Cortalus il assure", "Cortalus on peut compter sur lui", "Cortalus il est un peu chiant parfois avec ses grands discours, mais c'est une pointure". Et bientôt, "Cortalus il nous a lâché", "Cortalus il nous a planté en pleine crise"... J'ai l'impression d'être un lâche, un traître.
  2. Je suis dans ce bourbier depuis le début du premier confinement. Tout ce qui était prévu pour ma prise de fonction à l'époque a volé en éclat et depuis on improvise. Concrètement, si je flanche, ce qui m'inquiète c'est surtout que ça va mettre dans la merde d'autres personnes que j'aime beaucoup. Les obligations légales en matière de finances et de compta, par contre, je crois que je n'en ai plus rien à faire. J'en suis venu à haïr mon métier de base (ce qui ne m'aide pas à l'accomplir avec efficacité). En fait, si l'ARS ou la Chambre des comptes vient me reprocher quelque chose sur la compta, je rêve de leur dire : "vous avez raison, vous devriez recommander qu'on me vire".
  3. J'ai négocié avec mon généraliste de prendre des vacances jusqu'au 30 déjà. Et je vais essayer quand même d'accueillir mes nouvelles recrues début janvier. Si je ne suis pas là pour pousser au cul les informaticiens, elles n'auront même pas un pc opérationnel et un accès aux logiciels. Et je me dois de leur donner quelques trucs de survie. Mais je crois qu'après ça, courant janvier, je vais lâcher l'affaire.
  4. Ce qui me guette, c'est l'arrêt-maladie. Cela fait un moment que mon généraliste veut me mettre en arrêt, mais je refuse. Il y a trop de choses qui dépendent de moi techniquement, et si je ne suis plus à l'hôpital, je pense qu'il y a deux ou trois autres personnes clés qui vont craquer à leur tour, parce que je crois honnêtement qu'elles tiennent encore juste parce que je suis là. C'est une situation de cascade de dominos. Dans les situations de tensions extrêmes, ce ne sont pas des valeurs abstraites comme le sens du devoir ou la conscience professionnelle qui fait tenir les gens, mais plutôt le sentiment d'appartenance à une équipe dans laquelle on peut s'appuyer les uns sur les autres. Dans la tranchée, on a un gars à sa droite, un gars à sa gauche. On ne veut pas flancher sous leurs yeux, on veut être là pour eux, ils ne veulent pas flancher sous nos yeux, ils veulent être là pour nous. La solidité d'un collectif se joue à cette échelle de petits groupes d'une douzaine d'individus max qui se connaissent. Si l'atrition est trop forte, on finit par franchir un seuil où tout se désagrège d'un coup et chacun est rendu à son comportement de base (la fuite souvent, mais ça peut être aussi la furie combative non contrôlée pour quelques individus très particuliers). Si c'est l'officier supérieur qui flanche alors qu'on a déjà perdu les sergents, ça va très vite. Ce n'est pas par hasard que je fais cette métaphore guerrière. Mes lectures dans le domaine de la tactique d'infanterie ont été ma meilleure ressource en termes de management cette année. Bref, on est en plein effet de cascade. À l'heure actuelle, j'assume personnellement les fonctions de directeur financier, chef comptable, contrôleur de gestion, reponsable du standard, responsable des admissions et de l'accueil aux urgences, et je remplace aussi le responsable compta finances de l'hôpital voisin. Parce que celui-ci est lui déjà en arrêt-maladie. On m'a autorisé à recruter, mais cela me mets encore plus dans l'angoisse. J'ai embauché des gens biens, qui vont arriver début janvier, mais je vais finir inéluctablement par me barrer ou me retrouver à l'hôpital psy, et je vais leur laisser mon merdier. Je culpabilise à mort. En fait, je rêve de me faire virer. Quand je reçois un recommandé, j'espère sincèrement que c'est une convocation à un entretien préalable au licenciement. Mais cela n'arrivera pas. Je suis tout ce qui leur reste sur trop de sujets. Je ne peux pas démissionner, je ne toucherai pas le chômage et cela mettrait ma famille à la rue en un mois. Je ne peux pas négocier de rupture conventionnelle : on est en auto-assurance, et donc c'est l'hôpital qui verse les allocations chômage et pas pôle emploi. Le responsable financier de l'hôpital voisin a essayé : ma recommandation à la hiérarchie du groupement hospitalier de territoire a été de refuser, car en arrêt-maladie c'est la CPAM qui le paye alors qu'au chômage c'est l'hôpital. J'ai dû donner mon avis en faisant très attention à ma formulation, car je risquais de dire "moi" au lieu de "lui".
  5. Ils disent qu'ils veulent plutôt garder mon dossier au chaud pour une opportunité chez eux d'ici un an ou deux, dans le cadre d'un départ en retraite à remplacer. J'espère que c'est vrai. Mais mentalement, je suis dans un tel trou noir en ce moment que c'est difficile de trouver le côté positif d'une issue qui se ferme à court terme.
  6. Ce n'est pas un côté positif pour moi : les offres sont logiquement beaucoup plus rares sur le niveau au-dessus, et les recruteurs exigent en général cinq à dix ans d'expérience spécifiquement en Suisse pour retenir une candidature. Je sais que je suis performant en entretien, mais pour obtenir un entretien il faut déjà un CV qui ne soit pas écarté à la base car il ne coche pas toutes les cases...
  7. J'ai passé l'entretien pour cette opportunité en Suisse mardi dernier. J'ai vraiment eu un bon feeling. J'ai rarement eu autant d'atomes crochus avec un employeur potentiel, et j'ai eu l'impression de les avoir impressionnés de mon côté. La recruteuse m'a rappelé aujourd'hui. Résultat des courses : ils ne me voient pas dans le poste, mais sur une autre position dans les échelons au-dessus. Sauf qu'ils ne recrutent pas sur cette position. Pas tout de suite en tout cas. Je pense qu'elle était sincère. Elle avait l'air réellement embêtée au bout du fil. J'ai passé assez souvent des appels à des candidats évincés moi-même et il y a des manières plus simples d'enrober un "non". C'est un énorme coup au moral. Ce n'est pas la première fois que j'essuie un échec après un entretien, mais normalement je le sens venir. Là, j'étais convaincu qu'on avait bien accroché. Ça fait vraiment mal.
  8. La LAMAL, c'est bien la loi de 1912 qui institue l'assurance maladie et accidents ?
  9. J'ai fini par décrocher un entretien pour un poste en contrôle de gestion hospitalier dans le canton de Vaud. Je n'y croyais plus depuis le temps que j'envoie des CV en Suisse. Quelles sont les erreurs à ne pas commettre en entretien ? Pour ce qui est de ne pas être un français arrogant, je ne peux malheureusement cocher qu'une seule case. J'ai l'habitude de dire septante et nonante (un an à Bruxelles), mais je ne suis pas sûr pour le 80 : dans l'est lémanique, à la limite entre Vaud et le Valais, on dit plutôt huitante, octante ou quatre-vingts ? Mon projet serait de devenir résident suisse à long terme et de demander la nationalité le moment venu. C'est plutôt bien vu par les entreprises ou c'est un sujet à aborder avec prudence ? A part bachoter sur Tarmed, est-ce qu'il y a des sujets que je devrais réviser ? Est-ce que je vais avoir droit à des shit-test du genre "qui préside actuellement le conseil fédéral" ? Ça se voit que je panique un peu ?
  10. Le numéro vert, ça m'achève. Qu'ils aillent se faire foutre.
  11. Cortalus

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    J'ai un nom pour les gars qui ne connaissent pas la théorie subjective de la valeur, mais je me tairais moi aussi...
  12. Cortalus

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    Les gens qui ont réussi à mettre la main sur une PS5. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ?
  13. Méfiance quand même. Chez certains, cela peut avoir à court terme l'effet inverse : "le fait que j'ai besoin d'aide démontre que je suis incapable de m'en sortir tout seul, ce qui confirme que je suis une merde". Consulter pour la première fois un psy, c'est une blessure d'ego pour les personnalités "dures" (un trait de caractère qui provient généralement d'une éducation traditionaliste, que cela soit dans le style paysan ou aristocratique). Mais bien souvent c'est une blessure nécessaire pour reconstruire la psyché sur des bases plus saines.
  14. En règle générale, tout devient un effort dans un état dépressif avancé. Et consulter en est un de particulièrement lourd, car il nécessite de remettre en cause l'image de soi, surtout chez les hommes en qui l'exigence d'auto-suffisance est souvent plus forte que chez les femmes. Le simple fait de franchir le pas de porte d'un psy est donc déjà le signe que le patient a réussi à dépasser l'idée fausse qu'il n'a besoin que de ses ressources intérieures pour s'en sortir.
  15. Merci pour cette clarification, qui contribue énormément à apaiser la discussion de mon point de vue.
  16. Ce sont des chiffres officiels. Sur le terrain, on a des infos très alarmantes venant des hôpitaux psy et des généralistes. Comme le soulignait Miss Liberty il y a une combinaison de facteurs unique en son genre (en plus, on est dans la période des dépressions saisonnières).
  17. Décider de se soigner n'est pas la même chose que décider de guérir, j'espère que tu le réalises ? Quant à ton commentaire sur la responsabilité du dépressif, il témoigne d'une grande insensibilité ou d'un terrible manque d'information. Le cerveau est un organe comme les autres et personne ne décide avant sa naissance si il sera plus ou moins bien prédisposé à gérer la sérotonine, la régulation de l'humeur, et bien d'autres mécanismes qui conditionnent l'adaptation aux conditions de vie dans nos sociétés. Que le cerveau soit perçu traditionnellement comme le siège de la pensée ne signifie pas que la pensée contrôle le cerveau. Il y a des gens qui naissent littéralement handicapés dans leur capacité à éprouver de la joie, à distinguer la réalité du fantasme ou à tempérer les mouvements de leur humeur. Parce que ce handicap ne saute pas aux yeux ils devraient mériter notre mépris ?
  18. Cela peut se faire naturellement, car il s'agit parfois de phénomènes cycliques. Cela peut être le résultat d'une médication adaptée qui rééquilibre la biochimie du cerveau. Cela peut provenir d'une psychothérapie bien pensée. Il y a aussi des activités physiques ou intellectuelles qui sont l'équivalent pour le cerveau d'une rééducation, réorientant progressivement les circuits cognitifs, en particulier le système de la récompense. C'est souvent un peu de tout ça qui finit dans le meilleur des cas par amener le patient à retrouver les ressources mentales nécessaires pour faire le choix de s'en sortir. Aller voir un dépressif et lui dire qu'il n'a qu'à choisir de guérir est une approche terriblement dommageable qui peut dans bien des cas aggraver la maladie. Non seulement la personne souffre, mais on lui sert le récit qu'elle est responsable de sa propre douleur, qu'elle l'a choisie. Cela renforce le sentiment d'auto-dépréciation et l'éloigne un peu plus de la guérison. A tout prendre, dans les idées fausses qui circulent en matière de médecine, je préfère encore l'homéopathie. Au moins, elle a l'avantage de l'effet placebo.
  19. De mon point de vue tu confonds cause et conséquence. Le patient ne choisit pas de sortir de la dépression. C'est parce qu'il a commencé à guérir qu'il retrouve les ressources morales suffisantes pour décider de reprendre sa vie en main. Mais du point de la construction du récit autobiographique, c'est bien sûr plus valorisant de voir ça comme un sursaut de volonté qui permet de sortir de la maladie.
  20. Pas de différence fondamentale entre les deux du point de vue du mécanisme dépressif. C'est la phase maniaque ou hypomaniaque qui est spécifique au trouble bipolaire. La plupart des bipolaires type 2 passent même complètement inaperçus pour cette raison.
  21. Le cerveau dépressif fonctionne littéralement d'une autre manière que le cerveau dans son état normal. C'est pour ça qu'on prescrit par exemple des inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine, afin de rééquilibrer les neuro-transmetteurs. Dans ses phases aiguës, la dépression normale ou bipolaire peut même prendre un caractère psychotique. Autrement dit, une perte de contact plus ou moins forte avec la réalité (comme entendre des voix, une des hallucinations les plus fréquentes). Dans ces conditions, il me semble difficile de considérer que les actions entreprises par les patients résultent toutes de délibérations éclairées. Si le discernement est altéré, la responsabilité est diminuée.
  22. Eh bien dans un état dépressif le patient est diminué cognitivement au point qu'il est assez problématique de présumer que son comportement résulte de "choix". Ceci amène à la question de l'hospitalisation sous contrainte, un sujet extrêmement délicat.
  23. Je ne pense pas que les discours qui s'adressent au côté rationnel soient très utiles contre la dépression. D'une part, c'est un état qui altère la lucidité, parfois très sérieusement. D'autre part, ce sont les émotions qu'il faut atteindre. Un dépressif hautement fonctionnel peut parfaitement comprendre et même adhérer sur un plan intellectuel aux arguments contre le suicide. Cela ne l'empêchera pas de mettre fin à ses jours si sa douleur morale est trop forte ou à cause d'une pulsion trop violente.
  24. Sûr, je pensais plus aux traitements anti-dépresseurs, anxiolytiques, anti-psychotiques...
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