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Le système de santé public catalan


Messages recommandés

Hier, je suis tombé par hasard sur un reportage relatif au système de santé catalan sur Euronews.

La vidéo du reportage en question est disponible ici.

Petit historique :

Le système de santé espagnol est relativement récent. Il date de la constitution de 1978, laquelle délègue une très large indépendance aux communautés autonomes dans le cadre d'un schéma global national.

Il s'agit d'une gestion très largement publique (à 75%), inspirée du NHS britannique et intégralement financée par l'impôt. On y trouve des médecins très largement fonctionnarisés, une attribution administrative du praticien au patient et une rémunération à la capitation selon le modèle anglais.

Il y a 10 ans, le système catalan était vanté comme moins cher et largement plus performant que le système français.

Après la crise :

L'Espagne étant dans la situation que l'on sait, le gouvernement régional a décidé de diminuer de 10% ses dépenses en matière de santé, soit 1 milliard d'euros. Les personnels de santé fonctionnarisés sont également touchés par les baisses de salaire décidées par la Generalitat.

Les conséquences du naufrage :

Les annonces du nouveau gouvernement conservateur en matière budgétaire provoquent un tollé. Les grèves et les manifestations sont à l'ordre du jour. On hurle à l'assassinat et au massacre du bien public.

Pourtant, il est difficile de croire que les seules annonces postérieures aux dernières législatives soient en cause. A plusieurs égards, le système semble au bord du gouffre et pourrait donner un aperçu de ce qui nous attend en France lorsque les sources de financement commenceront à se tarir.

- On trouve de nombreux exemples de fautes médicales faisant la une de la presse. Ce n'est pas forcément un indicateur fiable mais ça laisse à penser que les tensions sur les budgets ne permettent plus un exercice serein du métier par les praticiens.

- Les médecins sous-payés s'exilent à l'étranger. Les allemands chassent les praticiens espagnols écoeurés du peu de reconnaissance financière de leurs compétences. La fin du reportage d'Euronews en donne un exemple. On peut sinon jeter un oeil ici.

- Pour se tenir à des budgets en baisse, les hôpitaux se séparent des intérimaires, ferment des lits et ont recours à une sorte de chômage technique. ça parait délirant dans un pays occidental avec une population vieillissante et des besoins toujours plus importants que les ressources.

- L'ensemble des prestataires et des professions paramédicales sont asphixiées par un système qui n'a plus un kopek. L'exemple des pharmacies est troublant. L'autorité publique qui intervient comme une sorte de tiers-payant met jusqu'à 3 mois pour rembourser les officines qui doivent faire l'avance pour les patients. Nombre d'entre elles ne parviennent plus à maintenir un stock suffisant, il est souvent nécessaire de s'endetter pour gérer les problèmes de trésorerie induits et on parle de risque pour la survie de près de 300 de ces entreprises.

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Hier, je suis tombé par hasard sur un reportage relatif au système de santé catalan sur Euronews.

La vidéo du reportage en question est disponible ici.

Petit historique :

Le système de santé espagnol est relativement récent. Il date de la constitution de 1978, laquelle délègue une très large indépendance aux communautés autonomes dans le cadre d'un schéma global national.

Il s'agit d'une gestion très largement publique (à 75%), inspirée du NHS britannique et intégralement financée par l'impôt. On y trouve des médecins très largement fonctionnarisés, une attribution administrative du praticien au patient et une rémunération à la capitation selon le modèle anglais.

Il y a 10 ans, le système catalan était vanté comme moins cher et largement plus performant que le système français.

Après la crise :

L'Espagne étant dans la situation que l'on sait, le gouvernement régional a décidé de diminuer de 10% ses dépenses en matière de santé, soit 1 milliard d'euros. Les personnels de santé fonctionnarisés sont également touchés par les baisses de salaire décidées par la Generalitat.

Les conséquences du naufrage :

Les annonces du nouveau gouvernement conservateur en matière budgétaire provoquent un tollé. Les grèves et les manifestations sont à l'ordre du jour. On hurle à l'assassinat et au massacre du bien public.

Pourtant, il est difficile de croire que les seules annonces postérieures aux dernières législatives soient en cause. A plusieurs égards, le système semble au bord du gouffre et pourrait donner un aperçu de ce qui nous attend en France lorsque les sources de financement commenceront à se tarir.

- On trouve de nombreux exemples de fautes médicales faisant la une de la presse. Ce n'est pas forcément un indicateur fiable mais ça laisse à penser que les tensions sur les budgets ne permettent plus un exercice serein du métier par les praticiens.

- Les médecins sous-payés s'exilent à l'étranger. Les allemands chassent les praticiens espagnols écoeurés du peu de reconnaissance financière de leurs compétences. La fin du reportage d'Euronews en donne un exemple. On peut sinon jeter un oeil ici.

- Pour se tenir à des budgets en baisse, les hôpitaux se séparent des intérimaires, ferment des lits et ont recours à une sorte de chômage technique. ça parait délirant dans un pays occidental avec une population vieillissante et des besoins toujours plus importants que les ressources.

- L'ensemble des prestataires et des professions paramédicales sont asphixiées par un système qui n'a plus un kopek. L'exemple des pharmacies est troublant. L'autorité publique qui intervient comme une sorte de tiers-payant met jusqu'à 3 mois pour rembourser les officines qui doivent faire l'avance pour les patients. Nombre d'entre elles ne parviennent plus à maintenir un stock suffisant, il est souvent nécessaire de s'endetter pour gérer les problèmes de trésorerie induits et on parle de risque pour la survie de près de 300 de ces entreprises.

Oui bon, le système est public et pourri, mais on voit exactement les mêmes problèmes qu'en France, on n'y est pas moins bien ni mieux soigné.

Financièrement, les dépenses de santé représentent 9% du PIB (plus de 12% en France), et surtout les cotisations sociales sont moins élevées. La dette sociale représente plus de 180 milliards en France (à peine 20 milliards en Espagne).

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Oui bon, le système est public et pourri, mais on voit exactement les mêmes problèmes qu'en France, on n'y est pas moins bien ni mieux soigné.

Financièrement, les dépenses de santé représentent 9% du PIB (plus de 12% en France), et surtout les cotisations sociales sont moins élevées. La dette sociale représente plus de 180 milliards en France (à peine 20 milliards en Espagne).

La question n'est pas là. Ce que je trouvais intéressant était de mesurer les conséquences d'un retrait "à l'arrache" de l’état du système.

Je ne doute pas un instant que l'intervention publique soit nocive en matière de santé (c'est quand même le seul secteur économique dans lequel on déplore les hausses de chiffre d'affaires) mais j'ai l'impression que le désengagement des autorités catalanes se fait de la pire des manières possibles.

Toute tentavite de gestion planifiée de l'offre (quelque soit le domaine considéré, y compris en médecine) est vouée à l'échec.

Bien évidemment. Ce n'est qu'une preuve de plus.

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Toute tentavite de gestion planifiée de l'offre (quelque soit le domaine considéré, y compris en médecine) est vouée à l'échec.

+1

Les planificateurs ne savent plus ce que sont les prix traduisant la rareté relative et envoyant les signaux de la demande aux producteurs. En URSS ils en étaient rendu au point de consulter les catalogues de vente par correspondance occidentaux pour élaborer leurs grilles de prix soviétiques.

Les cliniques françaises sont bien plus performantes que les hôpitaux publics. Il y a donc en France des marges de manœuvres considérables. Si je me souviens bien en Espagne il y a une génération les établissements hospitaliers ont été privatisés dans plusieurs régions, aboutissant à une première série de gains de productivité, mais ils étaient laissés en situation de monopoles local de droit ce qui est une source de stagnation.

Quant aux couinements médiatiques catalans, cela relève d'une campagne idéologique. Dans bien des cas on aurait pu montrer les mêmes erreurs médicales auparavant. L'absence de capacité d'adaptation du secteur public est la preuve de son incompétence. En outre le pilotage budgétaire de la sécurité sociale abouti à des coupes arbitraires loin des priorités de chacun.Enfin, oui, une baisse des dépenses peut engendrer une baisse de la qualité des soins. La capacité d'endettement étant actuellement épuisée c'est ce qui se produit. On ne peut pas inventer des ressources qui n'existent pas. Les chinois ont eux aussi le droit de se soigner correctement, au lieu de nous prêter indéfiniment de quoi nous soigner 10 fois mieux qu'eux.

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De toute façon, on s'en fout. C'est des Catalans, c'est pas comme si c'étaient des gens qui étaient en cause.

J'aurais pensé que des gens à qui l'on doit l'ail i oli, la fideuà, l'escalivade, le fuet et la botifarre, contributions majeures au progrès de l'humanité, auraient mérité un peu plus de considération.

Les cliniques françaises sont bien plus performantes que les hôpitaux publics. Il y a donc en France des marges de manœuvres considérables. Si je me souviens bien en Espagne il y a une génération les établissements hospitaliers ont été privatisés dans plusieurs régions, aboutissant à une première série de gains de productivité, mais ils étaient laissés en situation de monopoles local de droit ce qui est une source de stagnation.

Une réaction à peu près saine à la situation rencontrée aurait été de céder l'exploitation des structures de soin au secteur privé. Je n'aurais pas cru qu'on en viendrait à saborder la qualité de l'offre de soins dans le seul but de maintenir le monopole public, quitte à mettre des vies en danger (oui je sais je suis naïf).

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La question n'est pas là. Ce que je trouvais intéressant était de mesurer les conséquences d'un retrait "à l'arrache" de l’état du système.

Je ne doute pas un instant que l'intervention publique soit nocive en matière de santé (c'est quand même le seul secteur économique dans lequel on déplore les hausses de chiffre d'affaires) mais j'ai l'impression que le désengagement des autorités catalanes se fait de la pire des manières possibles.

Bien évidemment. Ce n'est qu'une preuve de plus.

En Catalogne, 30% des soins s'effectuent dans les établissements privés. La médecine privée y est de très bonne qualité d'ailleurs, ponctuellement ça peut revenir cher mais accessible.

Dans le public il y a eu une véritable gestion encadrée avant qu'il y ait eu une dérive des dépenses. Aujourd'hui ils tentent de revenir à un niveau financier acceptable avec des mesures (ce serait déjà la révolution en France) mais n'importe comment.

De toute façon les technocrates n'ont aucune idée de comment on gère concrètement un hôpital ou un cabinet de médecin, ils préfèrent ne pas se poser de questions sans se soucier des patients, alors que des réductions de coût plus intelligentes pourraient être faites sans baisser la qualité de l'offre. C'est surtout pour cela qu'il faut que le public se désengage.

Mais non Ils préfèrent conserver leur quasi-monopole en limitant par la loi la concurrence du privé, rationner l'offre et puis un point c'est tout.

De toute façon, on s'en fout. C'est des Catalans, c'est pas comme si c'étaient des gens qui étaient en cause.

Facha! :icon_bave:

J'aurais pensé que des gens à qui l'on doit l'ail i oli, la fideuà, l'escalivade, le fuet et la botifarre, contributions majeures au progrès de l'humanité, auraient mérité un peu plus de considération.

C'est le complexe d'infériorité des castillans face aux catalans, laisse tomber, on trouve la même chose entre les wallons et les flamands :dentier: :dentier:

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