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Vilfredo

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Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Moyenne d’âge sur le fil 68 ans
  2. Après une journée de travail il me rappelle à la faiblesse de l’esprit humain
  3. Non mais c’est même pas un nonosse c’est un troll
  4. Il pourrait y avoir 995 millions de cretins pour dire que les grenouilles ont des ailes ça ne changerait pas ma croyance sur la question. S’ils sont 1995 millions, bah c’est le même prix ils sont 1995 millions à avoir tort. Next: l’argument du réel: si le réel pue de la gueule, est anti libéral et peuplé de cretins qui pensent que les grenouilles ont des ailes, tant pis pour le réel. Enfin si ça te pique les yeux de lire liborg personne t’y oblige (au contraire même ça a pas l’air de t’arranger) donc retourne plutôt te plonger dans Marianne et les vidéos de Melenchon et Zemmour on te retient pas
  5. C’est ? surtout ? tellement ? creepy
  6. C’était une citation de Radiohead qui était censée identifier le type de personne que j’imagine fantasmer sur cette photo
  7. Le livre de Ray Monk se dévore m'a-t-on dit, si tu ne l'as pas déjà lu. Il baffait les gosses trop cons quand il était instituteur parce que quoique blindé de thunes il ne voulait pas toucher un rond de l'héritage. J'adore ce type.
  8. Et 1899 c'est Hayek, Beria, Codreanu, Fred Astaire, Cukor, Laughton, Hitchcock, Bogart (belle année pour le cinéma) et Borges C'est l'époque qui veut ça, c'est que des génies qui naissent (enfin je mettrais pas Beria et Codreanu dans les génies, mais je les mets avec Hayek pour rigoler) Pour Hitler/Wittgenstein quelqu'un m'a dit que la célèbre photo était un fake... Il y a une discussion épique sur 4chan mais c'est very very badurl donc éventuellement je te l'envoie par MP. Enfin il y a ce meme drôle: Bon je mets pas le lien mais je résiste pas à citer la fanfic Voilà j'espère que tout le monde apprécie cette contribution très mature de ma part Je retourne bosser
  9. What the hell am I doin' here? I don't belong here
  10. Bon ces deux objections sont très bonnes et me laissent confus, je vais porter cette affaire en haut-lieu et demander à mes profs Pour Benoît XVI, si effectivement c'est pas à analyser comme un ordinal, on reste dans le cadre des deux DRs pour un référent (rigidité préservée). Pour les Jr., Kripke dit que c'est le contexte qui préserve la rigidité, mais faire intervenir le contexte pour sauver un truc qui est censé référer de la même façon dans tous les mondes possibles, donc par définition indépendamment de tout contexte, c'est bizarre. De deux choses l'une, soit tu adoptes une théorie descriptiviste où tu es la conjonction de toutes tes propriétés, ou du moins de toutes tes propriétés essentielles, soit tu adoptes une théorie descriptiviste où tu es la disjonction ou le faisceau de tes propriétés les plus marquantes (c'est très vague mais globalement Staline aurait été le même homme sans moustache mais pas après un changement de sexe). Dans tous les cas non-conjonctifs, dans la mesure où tes copies partagent quasiment toutes tes propriétés, je vois pas pourquoi elles ne seraient pas toi. Je pense que Kripke répondrait juste que "Aristote," c'est un homme qui a vécu à un moment et il n'est en rien impossible que ce gars ait décidé, plutôt que de faire de la philo, de devenir flûtiste ou berger. Il n'était pas nécessaire qu'il fasse quoi que ce soit. Or les théories descriptivistes ont un côté déterministe a posteriori (il y a un chapitre de Ryle dans les Dilemmas qui illustre ça parfaitement, ça s'appelle justement "It was to be".) En plus c'est vrai que quand on met un pied là-dedans on n'en sort pas (Aristote n'aurait pas non plus été le même homme s'il s'était fait largué par telle fille parce qu'alors il se serait suicidé de désespoir, il n'aurait pas été le même homme s'il était pas allé faire les courses à tel endroit ce matin-là parce qu'à tel autre endroit il y a eu un tremblement de terre etc.) Honnêtement je m'étais posé des questions dès que Kripke soulève le cas de Gödel (si on apprenait qu'il n'a pas écrit le théorème d'incomplétude (TI)). Je me disais: il faut bien distinguer Gödel comme singleton de la classe de tous les Gödel possibles. Mais je perds alors de vue la différence avec un désignateur flexible comme "l'auteur du TI", qui existe aussi comme singleton ou comme classe de tous les auteurs possibles du TI. Reste qu'il pourrait y avoir 10 mecs qui sont tous les auteurs du TI alors qu'il ne pourrait pas y avoir 10 Gödel pour un seul monde (mais il pourrait y avoir, c'est ce que vous me dites, 10 mecs qui s'appellent "Gödel", et alors le problème que Kripke voulait éviter, qui est l'identification à travers les mondes, se pose à nouveau quand même). Pour les 10 Gödel (et pas les 10 "Gödel"), en vertu de quelle propriété de Gödel n'y en aurait-il pas 10? C'est là que j'ai eu l'idée de ma redéfinition des DRs: ce qui ne peut exister qu'en un seul exemplaire dans chaque monde s'il existe dans ce monde. Bon, mais dans des énoncés comme "Gödel est Gödel", on pourrait avoir un problème qu'on n'a pas si la première occurrence de Gödel réfère à un Gödel dans un monde et la deuxième à un autre Gödel différent dans un monde différent, parce que la tautologie serait fausse, mais même dans le même monde, celui avec les 10 Gödel, "Gödel est Gödel" peut être aussi vrai que "Barthélémy est Barthélémy" comme il peut être aussi faux que "Barthélémy est Nicolas". Autre exemple: imaginons un Monde 1 où Nixon est POTUS et un Monde 2 où Nixon est membre des Rolling Stones, en quoi "Nixon" réfère-t-il à la même personne demanderez-vous? Selon ma définition du DR, il réfère non à la même mais à une personne exactement dans chaque monde. Dans les deux cas, il suffit d'ajouter un 2e Nixon pour que ce soit le bordel. Désigner rigidement, à partir de là, même pour Kripke, ne peut plus vraiment être une propriété du nom, c'es plutôt que c'est une propriété de la personne de pouvoir être désignée rigidement. La raison pour laquelle je vais en parler à mes profs est qu'à ce moment-là, on ne parle plus des noms propres! On énonce simplement un truc trivial du type: chaque personne est unique et identique à elle-même. Kripke, lui, dit simplement que le Monde 1 et 2 sont différents modes de la substance Nixon: Nixon aurait pu être membre des Rolling Stones, mais il n'aurait pas pu être Mick Jaegger par exemple. Be yourself because everyone else is already taken.
  11. J’hésite mais je dirais que non; le “XVI” me donne cette intuition. Napoleon iii n’aurait pas été napoleon iii s’il n’y avait pas eu napoleon II. Il aurait été Napoléon II. Et pourtant il aurait quand même été <son patronyme, que j’ai oublié >. On dira pas : “Napoléon iii aurait été Napoléon II”, ça n’a pas de sens. Tiens ça non plus j’y avais pas pensé. Mais sauf erreur on reste dans le cas de deux designateurs rigides pour la même personne, pas d’un designateur pour deux personnes. Donc la rigidité n’est pas entamée. Disons qu’il y a deux acceptions non exclusives de la théorie: dans un cas les closest continuers sont toi dans le futur (toi demain matin etc), ama c’est un peu comme ça que Hume comprend le moi d’ailleurs, des tranches spatio-temporelles liées par ressemblance et contiguïté pour créer la fiction du moi, et dans l’autre cas les closest continuers sont des entités discrètes. Ils ne sont pas toi tant que tu ne meurs pas mais ils deviennent toi quand tu meurs par exemple. Tant que vous existez tous ils sont autant toi que le toi possible de demain. La différence est bien sûr que si tu meurs demain tu n’auras pas de closest continuer ou du moins pas aussi close que si tu as une copie pour actualiser une version approximative du ‘Lancelot du lendemain’. Après on peut considérer que t’en as un dans les deux cas et que après tout “closest” est relatif. Jaime cette théorie (elle console de la mort après tout) mais c’est le retour au descriptivisme. Si toutefois je reviens à l’exemple de l’upload avec les Vilfredos, ce n’est pas parce que qqch ne réfère qu’à un seul objet dans le monde que c’est un nom propre; ça, c’est ma définition des DRs; mais dans la définition de Kripke, les DRs sont intensionnels, puisque ce sont des essences. Le fait qu’ils réfèrent à un singleton dans le monde est nécessaire mais pas suffisant pour que la désignation soit rigide, c’est une conséquence nécessaire du fait qu’on parle d’une essence. Mais Kripke dirait juste que c’est de la pure homonymie et que Arnaud désigne aussi plusieurs personnes et je renvoie au lien que j’ai donné à @Mégille je trouve que sa réponse est peut-être un peu ad hoc mais je te laisse me dire ce que tu en penses ; en gros le contexte fixe ce qui est compris par le designateur
  12. Cette histoire d'intentionalité n'est pas dans Naming and Necessity ou alors j'ai raté le passage. Je lis Bitbol et c'est bien l'interprétation qu'il donne de la théorie (causale) de la signification: Donc Oui, c'est pour ça que je pense qu'il y a un rapprochement à faire entre les termes trans-théoriques de Putnam et les désignateurs rigides de Kripke. Que la référence soit causale dans les deux cas ne veut pas dire que le mode de désignation est identique. The issue is irrelevant to the question of rigidity (pp. 8-9) In practice it is usual to suppose that what is meant in a particular use of a sentence is understood from the context. In the present instance, that context made it clear that it was the conventional use of 'Aristotle' for the great philosopher that was in question. Then, given this ftxed under­ standing of (I), the question of rigidity is: Is the correctness of (I), thus understood, determined with respect to each counter­ factual situation by whether a certain single person would have liked dogs (had that situation obtained)? I answer the question affirmatively. Là je sors de Kripke mais une fois qu'on a dit que Aristote était "un homme", par exemple, on n'est pas pour autant dans une definite description au sens russellien. J'ai l'impression que tu veux faire des désignateurs rigides (vu que je vais sans doute être amené à réécrire ça plusieurs fois, on va dire DRs dorénavant) des universaux (ou des noms communs). Mais je pense que ça n'est possible que si les mondes possibles existent séparément. C'est ce que je disais à @Lancelot quand j'écrivais qu'on n'avait pas de point de comparaison pour dire si oui ou non Benoît XVI aurait été le "même" pape que Joseph Ratzinger ait été écrasé par une voiture à 15 ans ou non. Ok alors je propose une autre définitions des DRs: ce qui ne peut exister qu'en un seul exemplaire dans chaque monde s'il existe dans ce monde. On a bien une différence p/r aux noms communs.
  13. Oui qu’on modo splitte s’il vous plaît et crée ainsi un thread qui soit le closest continuer de celui-ci Edit Merci ô grand Modol
  14. Vilfredo

    Traitements médicamenteux

    Il a pourtant été condamné pour avoir développé des incentives à la haine raciale
  15. Bah oui mais non en même temps parce que les atomes de la disjonction ne sont pas des universaux/des designateurs flexibles
  16. Mais Benoît XVI n’est pas rigide. C’est comme la remarque qu’on fait sur les définitions des entiers dans Peano qui marchent en fait pour n’importe quelle succession (et pas “seulement” pour celle des entiers naturels, si tant est que les entiers soient des objets susceptibles de se succéder et non la forme même de toute succession mais je vais partir du premier principe pour mon analogie). À partir du moment où plusieurs personnes peuvent être papes et que Benoît XVI est juste le nom, il ne désigne pas rigidement. Si donc j’entends Benoît XVI comme un adjectif ordinal en qq sorte, il n’est pas rigide. Quelle autre interprétation de Benoît XVI? D’ailleurs qu’elle le pense ou pas ça ne change pas la référence. Si quelqu’un pense qu’il est Napoleon ça ne change pas la référence de Napoléon On a actualisé tous mes closest continuers Fantastique
  17. Bah si on lui dit à son baptême qu’elle est Vilfredo 1, elle n’a pas de raison de le penser. Edit de penser quelle est autre chose que Vilfredo 1. Donc pas de pb? Je ne connais pas toutes les interprétations de la MQ il faudra que je clarifie ça alors
  18. Oui mais ça c'est pas grave: ce qui renvoie spécifiquement au pape est flexible. A vrai dire je ne sais même pas si on peut dire que ç'aurait pas été le même: c'est un peu comme dire qu'Aristote n'aurait pas été la même personne s'il n'avait pas été le précepteur d'Alexandre. Par comparaison avec quoi exactement? On peut dire: il aurait pu faire autrement, mais je ne sais pas si on peut comparer le possible et le réel (on pourrait si les mondes possibles avaient une existence simultanée, comme en MQ je crois). "Le narrateur n'aurait pas fait l'amour avec Marla s'il n'avait pas été Tyler Durden." (1) Dans ce cas vraiment je pense que "le narrateur" et "Tyler Durden" désignent rigidement à nouveau, parce que le narrateur n'aurait pas pu ne pas être le narrateur, Tyler Durden n'aurait pas pu être le narrateur ni le narrateur Tyler Durden, mais ils désignent rigidement des tranches spatio-temporelles et non plus des essences. Bon dans la scène finale du combat du coup, j'imagine qu'on pourrait dire que les deux tranches sont "superposées" ou quelque chose comme ça. Dans (1), on a donc un désignateur rigide prédiqué d'un désignateur rigide dans le même langage, càd un particulier prédiqué d'un particulier, ce qui doit être un cas unique. C'est la thèse de Strawson que les particuliers ne peuvent être des prédicats; dans les énoncés du type (2) "Paul aime Pierre", il y a aussi deux particuliers, mais le prédicat est "aimer Pierre", qui est un universel, parce qu'il n'y a pas que Paul qui peut aimer Pierre, alors qu'il n'y a que le narrateur qui peut être Tyler Durden. Frege dirait que dans (2), "aime" est une fonction (f1) qui attribue des fonctions à des individus (ex: f1(Pierre) = f2, où f2 est une fonction qui attribue des valeurs de vérité à des individus: ici f2 est donc "aime Pierre", et f2(Paul) = vrai (ou "1" en notation booléenne, ou "le vrai" en notation frégéenne). A ce moment, mon holisme me pousse à penser qu'on pourrait tout de même dire que, de même que, bien qu'une autre personne que le narrateur aurait pu faire l'amour à Marla, il n'aurait pas fait l'amour de la même façon (donc la relation prédicative ne reste en fait la même que formellement, et pas réellement, et c'est une erreur de la traiter comme une fonction uniforme indépendamment de ses arguments), de même, Pierre ne serait pas aimé de la même façon s'il était aimé par Emilie. Ça ressemble un peu à ce que dit Cook Wilson: "square shape is not squareness plus shape; squareness itself is a special way of being a shape". La relation prédicative prend un sens contextuel en fonction de son sujet. C'est curieux que j'aie pas pensé à Fight Club alors que c'est un de mes films préférés! Pour en revenir à la question donc, je pense que c'est peut-être pas si grave pour Kripke, parce que la personne qui est alternativement le narrateur et Tyler Durden est toujours soit le narrateur, soit Tyler Durden (sauf à la fin), donc la désignation rigide fonctionne, simplement on a besoin de plus de désignateurs pour capturer l'individu. Le problème toutefois c'est qu'on retombe sensiblement dans le descriptivisme des faisceaux d'attributs si on définit l'individu comme: Tyler Durden v ("ou") le narrateur, parce qu'on se basera bien sur des données observationnelles pour identifier l'argument qui est présentement satisfait par la fonction qui définit le particulier. Donc en un sens, ce n'est plus un particulier. Ouais c'est quand même un peu le bordel en fait. Ok mais on pourrait toujours imaginer que je suis Vilfredo, que ma première copie s'appelle Vilfredo 1, la deuxième Vilfredo 2 etc. de sorte que "Vilfredo", "Vilfredo 1" et "Vilfredo 2" désignent rigidement, après un "baptême initial". Au contraire, tes réponses sont très utiles La plupart des gens pensent soit que je suis fou, soit que je fais mumuse mais que tout ça n'est pas sérieux. Tout le monde prend très au sérieux des expériences de pensée comme le malin génie ou l'hydropique de Descartes mais par contre imaginer que Aristote ne soit pas le précepteur d'Alexandre, ça, c'est vraiment trop tiré par les cheveux apparemment...
  19. Tiens avec tout ça j'ai oublié de dîner! J'écrivais un projet de mini-mémoire sur Hume à mon prof et je répondais à Lancelot en même temps. Bon je vais devoir retourner dans la caverne maintenant...
  20. Tiens je ne savais pas. C'était l'époque aussi. Il avait vraiment l'air sympa en plus du reste, j'aurais adoré le rencontrer.
  21. Voilà je pense aussi. J'y avais pas réfléchi mais la théorie de Kripke ne fonctionne que de façon interne à une langue. Frege évoque dans son article la possibilité d'énoncés d'identité entre différentes langues du type "Ulysse est Odysseus"; aujourd'hui une telle thèse devrait prendre le taureau de l'indécidabilité de la traduction quinienne par les cornes. A ce sujet, il me semble depuis un petit bout de temps que Kuhn a fait en épistémologie ce que Quine a fait en philo du langage. Du coup ça pose des questions intéressantes, à mon avis, comme le rapport entre la traduction entre deux langages et la réduction d'une théorie à l'autre... C'est vrai mais pour le coup c'est un peu comme les pseudonymes. Si Joseph Ratzinger avait été écrasé par une voiture à 15 ans, un autre mec aurait été pape à sa place (et peut-être qu'il aurait choisi Benoît comme nom, peut-être pas). Oui ça c'est le genre de trucs que j'imagine bien que Nozick pourrait envisager. Il est fou lui. J'y avais pas pensé, je ne dois pas avoir assez d'imagination. Du coup je veux bien que tu précises quel genre de scénario tu entends par là (Dr Jekyll et Mr Hyde? Face/Off?). Pour Jekyll par exemple c'est intéressant, parce que tout le principe de l'histoire est qu'il devient un autre homme quand il est Mr Hyde, donc on ne peut pas vraiment dire que "Jekyll" désigne rigidement un individu mais plutôt des tranches spatio-temporelles (ce qui nous ramène à la théorie de Carnap qui réduisait les identités individuelles à une succession de coordonnées spatio-temporelles, rendant "Napoléon a gagné Austerlitz" nécessaire en vertu de la définition de "Napoléon"; c'est dans la Syntaxe logique et c'est discuté par Russell dans Human Knowledge). Hmm ça me plaît tout ça il faut que j'en parle à mon directeur (après je travaille pas non plus sur Kripke mais je trouverais quelqu'un à qui poser la question de toute façon). Qu'en pense @Mégille de ces histoires de dédoublement de personnalité et de leurs conséquences pour la logique des noms propres? J'aurais dû me rendre compte plus tôt que pour faire de la philo analytique, c'est moins utile de lire des bouquins de science sur la mécanique quantique que de lire de la SF. D'ailleurs puisque je dis que Nozick aurait sans doute eu l'idée, je me dis qu'il doit y avoir des tas d'articles qui imaginent des scénarios acrobatiques pour mettre Kripke en difficulté, il faudra que je jette un oeil. Oui c'est vrai, d'ailleurs Kripke en parle aussi. Je n'ai pas bien retenu ce qu'il dit parce que c'est pas le sujet de son argumentation mais en retournant au texte c'est assez vague donc ça explique: page 51, note 8. C'est lié parce que dans les deux cas, il s'agit de définir, si possible sans déterminisme, le mode de référence de particuliers (par oppositions aux universaux). Alors là je sais pas ce que c'est... Je suppose (jamais entendu parler; je viens de regarder, ça a l'air super mais 100$ sur Amazon tout de même... il est à la bibli mais seulement accès en ligne donc voilà je peux le lire quand je veux sur mon ordi; ça m'ennuie je préfère toucher l'objet); je vais aussi lire (mais pour mon plaisir personnel) le livre de Michel Bitbol sur la mécanique quantique et les livres de Green. Je crois que Bitbol explique les rapports entre mondes possibles dans la logique modale et dans la MQ. Quoi qu'il en soit à ce sujet, son livre a juste l'air fantastique.
  22. Dans ce cas on dira qu'Aristote s'appelle "Jean Dupont". Dans ce monde, "Jean Dupont" désigne rigidement Aristote. L'idée est que personne d'autre que Jean Dupont n'aurait pu être Jean Dupont (mais quelqu'un d'autre aurait pu s'appeler Jean Dupont, peut-être même que deux personnes s'appellent comme ça). C'est donc un désignateur rigide, comme tous les noms propres, mais il n'y a pas deux désignateurs rigides de la même chose dans ce monde (parce que si Aristote s'appelle "Jean Dupont", "Aristote" n'existe pas/n'est pas employé comme désignateur rigide). Il faudrait imaginer une personne qui porte deux noms, comme Romain Gary par exemple. Mais dans ce cas, il y a un énoncé possible tel que "Romain Gary a pris comme nom de plume Emile Ajar" (ou l'inverse, je sais plus, on s'en fout) où on peut donc distinguer un désignateur rigide et un autre flexible. Kripke n'envisage pas la possibilité des pseudonymes, c'est intéressant, mais je te donne la réponse que j'imagine qu'il donnerait. Si en effet, c'est totalement contingent, par exemple, que Socrate s'appelle Socrate, et il s'appelait probablement pas "Socrate" à l'époque (la prononciation était différente, les lettres aussi). Mais le signe désigne rigidement Socrate, quel que soit le signe.
  23. Si j'essayais en une phrase: ça établit une théorie non-déterministe de la référence des noms propres. Edit pendant que j'écrivais ce "Naming and Necessity en une page", je reçois un mail de la bibli de l'ENS qui valide ma demande d'accès (il faut en faire une mais ils valident automatiquement puisque je suis à l'école): à nous deux, philosophie analytique américaine contemporaine de la logique modale!
  24. En un mot, C'est une attaque de la théorie descriptiviste de la référence des noms propres, héritée de Frege et Russell, et qui estime que les noms propres sont des descriptions abrégées. Ça permettait de résoudre des paradoxes comme "Si George V se demande si Walter Scott est l'auteur de Waverley, comme Walter Scott est l'auteur de Waverley, alors George V se demande si Walter Scott est Walter Scott". Kripke part de l'article séminal de Frege, "On Sense and Reference," qui lui-même commençait par un étonnement fondateur en philo du langage: comment des énoncés d'identité peuvent-ils être informatifs (par exemple, "l'étoile du matin est l'étoile du soir," "Cicéron est Marcus Tullius," et, pourquoi pas, "Napoléon est le vainqueur d'Austerlitz")? On peut considérer ces noms propres comme faisant référence à des faisceaux de propriétés (Searle, "Proper Names"), mais ce faisceau est-il alors un ensemble disjonctif ou conjonctif? Si c'est conjonctif, alors un énoncé comme "Aristote est le précepteur d'Alexandre" semble devenir une vérité nécessaire (voire une tautologie), parce qu'Aristote n'aurait pas été Aristote s'il n'avait pas été le précepteur d'Alexandre. Il y a un petit son de cloche leibnizien là-dedans. Contre ça, Kripke défend la thèse que les noms propres désignent rigidement leur référent, càd que le référent du nom propre est le même dans tous les mondes possibles (qui ne sont pas autant d'entités distinctes et synchroniques comme on pourrait le croire, mais simplement des versions contrefactuelles de l'histoire dans un même monde, ce qui évacue le problème de l'identification du référent à travers les mondes; m'est avis que les désignateurs rigides jouent dans les différents "mondes possibles" le rôle des termes "trans-théoriques" de Putnam dans les différentes théories (des "mondes" justement, selon Kuhn), mais Kripke, quoi qu'il cite favorablement les positions de Putnam sur l'analyticité, du moins celles exposées dans "It Ain't Necessarily So", ne fait pas référence à ceci par exemple). Ainsi, "Aristote" réfère toujours au même homme alors que "le précepteur d'Alexandre", qui n'est pas un désignateur rigide, non. Cela amène d'abord Kripke à distinguer deux questions sur la substance: d'une part, quelles propriétés l'objet doit-il conserver pour ne pas cesser d'être ce qu'il est (lors d'un changement d'état) et d'autre part, quelles propriétés un objet aurait-il pu ne pas avoir (ici, je me demande si on ne retombe pas "nécessairement" sur les mêmes propriétés). En réponse à ces deux questions, Kripke distingue essentiellement deux façons de définir: soit un acte fondateur (un "baptême") qui fixe la référence rigidement (par exemple quand on fait d'un morceau de matière un "mètre-étalon", et à ce sujet il commente Wittgenstein (un célèbre passage dans Philosophical Investigations, §50)), soit la détermination d'une synonymie (flexiblement). A l'arrivée c'est donc assez bizarre comme réponse, parce que c'est de l'essentialisme qui n'est pas déterministe. Nixon aurait pu être un dictateur africain, et "Nixon" réfère à la même personne dans les deux mondes (celui où il est POTUS et celui où il devient dictateur africain). C'est pas un problème parce que ce ne sont pas des mondes qui existent séparément comme j'ai dit. Cela amène ensuite Kripke à des réflexions passionnantes sur l'articulation du nécessaire et de l'a priori (qui, avec le terme de désignateurs rigides, est l'autre raison qui a justifié la renommée du livre et lui a donné sa place centrale dans la critique de l'analyticité post-Quine): il propose de considérer l'existence de vérités nécessaires a posteriori (la preuve de la conjecture de Goldbach si on la produit un jour e.g.; mais tout énoncé d'identité est en fait nécessairement vrai a posteriori); à l'inverse, la longueur du mètre-étalon est dite contingente a priori (ou conventionnelle). Il rentre dans le lard de Kant du coup, avec une demi-douzaine d'expériences de pensée qui invalident l'idée que, pour reprendre un exemple kantien, "l'or est jaune" soit un énoncé analytique, mais là aussi j'aurais des questions à tenter de soulever (c'est un peu pour ça que j'écris un master). Autre exemple: "l'eau est H2O". Si on revient maintenant à la question de Frege dans "On Sense and Reference", alors que Frege pensait que "Aristote" et "le précepteur d'Alexandre" étaient substituables salva veritate parce que coréférentiels (en vertu du principe de compositionnalité, qui veut que le sens/la référence (c'est pas la même chose, d'où à mon avis un gros problème), d'une expression soit fonction du sens/de la référence de ses parties), ce qui d'ailleurs posait des tas d'ennuis quand on commençait à faire des substitutions dans des subordonnées indirectes, pour Kripke, ils ne sont pas substituables parce qu'ils ne réfèrent pas de la même façon. C'est un livre génial parce qu'on sent le gros arrière-plan de logique modale, mais c'est transposé directement aux conséquences métaphysiques. C'est court, c'est une claque parce que ça touche des masses de sujets et ce sont des conférences (Kripke est agraphique) donc il y a un style ludique et ironique qui rend la lecture on ne peut plus jouissive. La fin du livre s'aventure dans des considérations sur le corrélationnisme en philosophie de l'esprit et sur le problème de la douleur (encore un héritage des cours de psycho de Wittgenstein), c'est un peu plus rapide. Globalement le livre s'apparente dans la méthode à ce genre de philosophie "intuitive" (Kripke souligne à plusieurs reprises qu'il considère que c'est un avantage pour un argument philosophique que d'aller dans le sens de l'intuition), et le point de vue est bien essentialiste, comme Strawson (Individuals est un autre excellent bouquin et qui est aussi un classique de philo analytique et que j'ai lu récemment et dont je vais beaucoup parler dans mon master pour sa critique de Ramsey; en fait c'est même Strawson qui m'amène à Kripke), qu'il critique cependant (il ne reprend en particulier pas son analyse des énoncés en termes de sujets et prédicats, puisque les désignateurs rigides/flexibles font le travail à la place). Pour moi il y a une sorte de polarité entre les essentialistes comme Strawson, Putnam et Kripke et les nominalistes sceptiques comme Ramsey, Wittgenstein (?) et Quine. J'ai plus d'affection pour les seconds, qui sont plutôt d'une veine très "contre-intuitive", ce qui m'amuse beaucoup plus. Mais cette classification n'a de valeur que subjective, en vrai Wittgenstein et Quine ont des philosophies et des méthodes très hétérogènes (Quine est essentiellement un élève, un admirateur et un critique féroce de Carnap, et il a surtout du mépris pour le côté funky de W, comme Russell).
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