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Asthenik

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Tout ce qui a été posté par Asthenik

  1. Tu ne te trompes. C'est peut-être dû à mon coté catho culturel (le péché reste le péché même s'il est consubstantiel à la nature de l'homme) et mon attachement à l'impératif catégorique (avec des réserves bien sûr)…
  2. On verra l'évolution des choses. Chaque partie essaie simplement à mon avis de mieux se positionner dans les négociations… Le catalogue des titres reste gigantesque, et d'ailleurs paradoxalement ce sont souvent de petits labels qui traînent le plus les pieds d'après ce que je constate dans mon usage.
  3. BIen sûr, il y a une grande différence. Mais ça n'en est pas moins problématique. Je n'arrive pas à t'en convaincre, ce n'est pas grave mais je crois que tu as profondément tort dans tes idées sur le droit. Cela fait une petite dizaine d'années que je te lis fréquemment et je sais que tu es un garçon intelligent. Tu as cependant je trouve une méthode de résolution des problèmes très axées sur l'analyse micro-économique, et tu es toujours très bon là-dedans, mais la question qui me préoccupe ici ne se limite pas d'après moi à cet aspect des choses. Tout de même, concernant les Spotify et consorts, il y a eu des accords signés avec toutes les majors. Je crois que le principe est similaire à celui qui fait que, par exemple, le coût des lentilles de contact quotidiennes et mensuelles est à peu près le même à l'usage alors qu'on a 30 fois plus de lentilles à produire pour les lentilles quotidiennes. Les boîtes du secteur essayent de déterminer le budget que les gens sont prêts à investir pour un certain service et calent leur offre là-dessus. Le raisonnement derrière ces offres est donc probablement qu'à 5 et 10 € /mois /client, ils maximisent le revenu qu'ils peuvent tirer de leur activité. Tu n'as en fait rien compris et je crois que te parler ne parvient pas même à t'instruire. Restons-en là donc.
  4. Non, encore une fois, tu inverses les choses en disant que c'est un délit imaginaire parce que l'industrie musicale a tort. Elle a peut-être tort économiquement mais juridiquement, on en a rien à faire. Les tocards ont des droits, eux-aussi. Ah mais évidemment, la gravité de l'acte n'a rien de comparable. Le but de mon exemple, c'est de montrer qu'il y a quelque chose de profondément déplaisant dans le principe selon lequel il faudrait abandonner la légalité d'un droit parce qu'un certain nombre de personnes ne le respecte pas. C'est un principe sans base libérale et il a ceci de vicieux qu'il est auto-réalisateur. Les entreprises peuvent préférer modifier leur business plutôt que de se démener à essayer de combattre des délits passés dans l'usage. Mais si ces entreprises ne le font pas, c'est parce qu'elles savent qu'elles n'y survivront pas. Je n'en ai rien à faire qu'une entreprise survive ou meurt, mais quand c'est pour des motifs illégitimes, cela me gêne profondément : on peut penser que c'est inéluctable, mais je nie qu'on puisse dire que tout ceci est juste. Si on veut qu'une industrie change et s'adapte, on arrête d'acheter ses produits mais on ne les pirate pas. Je rajoute que dire que l'industrie musicale n'aurait pas compris que le monde a changé, me paraît très douteux même si je ne nie pas que l'industrie musicale a été très frileuse avant de s'engager sur internet. Tu parles d'un prix de CD à 4€ comme une offre réaliste, mais je te ferais remarquer que Spotify (créé il y a 4 ans), Deezer (5 ans) proposent depuis assez longtemps pour 5€/mois des catalogues très complets. Pour 10€/mois avec Spotify, j'écoute toute la musique que je souhaite, à de rares exceptions, sur ma chaîne hifi, sur mes ordinateurs, sur mon portable… Bref, c'est maintenant je crois une très mauvaise excuse. Si tu vas à la Fnac, tu verras aussi qu'ils bradent les CD (surtout le catalogue un peu ancien) par rapport à autrefois.
  5. @Chitah Il reste tout de même pas mal de personnes pour acheter de la musique ou s'abonner à des services en ligne, pas des surhommes, ni des mongoliens, juste des gens scrupuleux (sur ce point en tout cas). Par ailleurs, le coût du piratage est évidemment aussi intégré dans le prix final du produit : je suis bien d'accord que le marché peut intégrer ce genre de données, mais seulement jusqu'au point où le marché n'est plus viable. On verra comment les choses évolueront mais je ne suis pas du tout certain que la pédagogie (pour bien ancrer les termes tacites de la vente de biens numériques dans l'esprit collectif) et les dispositifs techniques ne permettront pas de maintenir l'usage de la formule juridique des Copyrights. Un marché évolue certainement d'après à la fois des évolutions légitimes et illégitimes, son environnement en étant évidemment constitué. Je trouve curieux qu'on ne veuille souvent pas voir que le piratage en est une partie illégitime. C'est un peu comme si dans les quartiers sensibles comme on dit, on répondait aux gens qui se font brûler leur bagnole qu'il faut être réaliste et intégrer le nouveau paradigme social selon lequel il n'y a pas à avoir de respect des biens, et que seuls les dinosaures has-been (oui les deux, carrément) peuvent prétendre le contraire… Ce n'est pas comparable en gravité mais c'est le principe. Pour ce qui est de Radiohead, c'est très bien, ils font ce qu'ils veulent… Je doute cependant que ce soit une façon de fonctionner réaliste pour l'ensemble de l'industrie musicale. Le court-circuitage des intermédiaires est par contre effectivement une évolution aussi parfaitement légitime qu'inéluctable. Tu n'as pas l'impression de faire semblant de ne pas voir que ce dont je parle, ce sont les gens qui se font des collections de plusieurs milliers de titres de manière illégitime ? Ce que tu fais là, c'est tout à fait comme si je disais que "le vol, ce n'est pas bien", et que tu intervenais pour me dire "mais tu veux emprisonner une petite fille qui a volé un chouchou au Monop !"
  6. Quand je parle de copie privée, je parle d'une copie qui a comme double caractéristiques d'être celle d'une oeuvre détenue de manière licite, et de rester en la possession de celui qui l'a effectuée. A partir du moment où la copie n'est plus en la possession du foyer du copiste, elle ne peut plus être, pour moi, considérée comme une copie privée. On considère légitime la copie privée parce qu'elle n'est pas visée par le copyright dont la fonction est juridiquement d'assurer que l'oeuvre reste toujours la propriété de ses créateurs et économiquement de maintenir une rareté. La copie privée entendue de manière étendue (famille large, amis) n'est plus une copie privée et ne devrait pour moi pas bénéficier de l'exception. Pour ce qui est d'étendre l'exception de la copie privée à la copie publique… cela revient à interdire le copyright et donc à dépouiller les ayants-droit de leur droit légitime à conditionner une vente à l'acceptation d'une licence, principe parfaitement libéral-kasher.
  7. Ce n'est pas exactement la même chose, non Tout manque à gagner n'est pas un préjudice, heureusement, n'importe quel acte pouvant causer un manque à gagner à n'importe qui. Non, il s'agit bien en l'espèce d'un préjudice au sens du droit puisque l'acte de piratage porte atteinte à un intérêt légitime et puisqu'il est la conséquence d'une action illégitime. La licence Copyright naît de la volonté unilatérale de l'auteur, et la tienne n'a pas le pouvoir d'y faire quoi-que-ce-soit. Oui, je sais : c'est trop pas beau la vie… mais sans doute un jour, tu comprendras que vivre en société, ça suppose de ne pas s'imaginer, poitrine gonflée et dressé du haut de sa petite toute-puissance, être au dessus de considérations aussi futiles que le droit. C'est une grande étape, pense à prendre une petite photo ce jour-là. Et merci d'arrêter de me faire dire ce que je ne soutiens pas. Tu peux naturellement me corriger quand je dis quelque chose d'erroné, mais il y aurait une certaine logique à ce que tu t'appuies sur ce que je dis pour me contredire.
  8. Les libéraux se définissent en général par leur affirmation que les hommes ont des droits inaliénables, tels que de ne pas subir des agressions, que leur vie est inviolable, ou encore que leur volonté doit être respectée. Les anarcaps sont des libéraux qui identifient l'état comme une organisation qui par nature est en contravention avec ces droits (par l'impôt en particulier), et argumentent que le marché (la collaboration pacifique et volontaire entre les hommes) peut se substituer à l'état dans les missions qu'on lui attribue habituellement : justice, police, normalisation, espace public, santé, école, etc. A aucun moment les anarcaps ne prétendent que l'ensemble des agissements contraires au droit individuel ont pour unique origine l'état. Un homme, une entreprise, une église ou n'importe quelle organisation peut bien sûr être coupable de méfaits et de crimes, et c'est bien pour cette raison que les questions liées Droit sont centrales aux yeux des libéraux. Ce qui est justement important à comprendre, c'est que les anarcaps ne font pas de différences de traitement entre l'état et une organisation mafieuse ou encore une église criminelle : ce sont simplement des organisations criminelles contre lesquelles on a le droit de se défendre.
  9. Aucun problème. Il se met en tort s'il garde sa copie après t'avoir rendu ton CD, et je pense qu'on ne peut rien te reprocher (hormis si tu lui as prêté le CD en l'assurant qu'il pouvait s'en faire une copie). Je suis bien conscient que ton ami n'a pas eu de transaction le liant aux ayants-droit directement, mais il est naturel que lorsque l'on prête quelque chose, on le prête avec sa licence : on ne peut prêter plus que ce que l'on a, c'est à dire en l'occurrence un simple droit d'utilisation. J'ai encodé tous mes vieux CD, c'est une copie privée faite pour des raisons pratiques et c'est autorisé par la licence. Par contre, transmettre des copies à des amis, c'est justement, ce que la licence Copyright interdit, c'est donc une rupture de la licence. Son préjudice cependant est dérisoire et avant la massification de la copie permise par l’avènement d'internet, c'était déjà un délit mais il était toléré au sein d'un cercle restreint, personne n'en faisait des pataquès… Le même problème que le point précédent. Le préjudice potentiel est seulement bien plus grand, mais son importance précise est improuvable (cryptage…). On peut avoir une idée du préjudice globalement dû au piratage, mais la condamnation d'un pirate ne devrait pouvoir s'appuyer que sur ce qui a été constaté de sa responsabilité.
  10. Ce n'est pas forcèment un contrat mais ce sont en général les termes tacites de la transaction : difficile de ne pas être au courant que c'est la volonté non-négociable des ayants-droit, et dans le cadre d'un achat sur internet avec Itunes par exemple, tu as même accepté explicitement cette licence. Comme je l'ai répondu à Nicolas Azor quand il a formulé une réserve du même tonneau : quand tu rentres dans un magasin, tu n'as pas signé non plus de contrat où tu t'engages à ne pas te servir sans payer. C'est implicite, il suffit d'être de bonne foi, on les connaît les conditions de vente des produits culturels.
  11. Tu n'as pas le droit de copier ce dont on parle au bénéfice d'une autre personne parce le copyright ne te donne le droit d'utiliser le fichier que pour ton propre compte et pas le droit d'en faire ce que tu veux, tu n'es pas propriétaire de l'information mais seulement d'un droit d'utilisation.
  12. Zêtes décourageants quand même… L'abondance ou l'absence de rareté ne sapent pas les fondements de la propriété mais l'économie, l'échange. Je me rends compte en fait que le problème est plus similaire que je ne pensais, à celui des premiers grands magasins où, d'après ce qu'on m'en a dit, le vol sévissait pathologiquement parce que l'abondance semblait le légitimer -faussement- et l'impossibilité pratique et économique de surveiller chaque client le permettait concrètement. Toute une éducation à faire même sur un forum libéral semble-t-il : la propriété est un attribut qui naît du travail et de la volonté de possession, pas des circonstances, en particulier pas des possibilités de ne pas la respecter. La propriété n'est pas une création sociale, un outil parfois utile qui émergerait par une sorte de contrat social, mais un attribut unilatéral. Certaines circonstances peuvent - manifestement - rendre son respect difficile, la malhonnêteté étant un vice répandu, mais maquiller un vice par cet artifice rhétorique du "fait accompli" revient en bout de chaîne à légitimer la force de la majorité contre le droit d'une minorité.
  13. Il existe aujourd'hui des solutions légales et dérisoirement coûteuses pour écouter de la musique à volonté dans des catalogues comprenant des millions de titres. L'industrie s'est bel et bien adaptée aux possibilités d'internet. Certains font simplement semblant de ne pas le voir.
  14. L'environnement dont je parle, c'est simplement celui où les licences d'utilisation existent et les gens sont honnêtes. Pour le reste, si tu te donnais la peine de bien vouloir lire avec un peu d'attention, tu saurais que je ne m'en suis jamais fait l'avocat.
  15. Sans droit d'auteur (sans interdire par exemple le fait d'acheter 1 exemplaire d'un CD et d'en vendre des copies) c'est-à-dire sans rareté de l'offre, il n'y a plus de marché de la musique payante, donc sans droit d'auteur, les pirates n'auront même plus la possibilité d'acheter de la musique. L'absence de droit d'auteur annéantit le marché qui devient une simple oeuvre de charité où des donations remplacent des dûs, et peu de personnes - en tout cas bien moins qu'aujourd'hui - se lanceront dans cette activité précaire. Aujourd'hui les pirates achètent peut-être plus que les non-pirates, mais peu importe, leur piraterie n'est possible que par une externalité positive d'une activité de marché qui disparaîtra le moment où on refusera le droit aux ayants-droit de créer un envrionnement compatible avec une activité commerciale.
  16. La protection légale contre la duplication des oeuvres numériques est bien destinée à imposer une rareté qui sans dispositif juridique ne pourrait être maintenue, mais le parallèle avec l'interdiction du soleil ne fonctionne pas pour au moins 2 raisons : La première, la plus évidente, est que les auteurs ne veulent pas créer un marché en évinçant un concurrent gratuit mais veulent évincer les copies de leurs propres produits. La seconde est que le soleil ne brille pas dans un but économique et ne s'arrêtera pas de briller s'il ne tire aucun bénéfice de son activité. Les auteurs en revanche ont la particularité curieuse d'avoir un estomac et la capacité de faire des choix pour optimiser l'accomplissement de leurs différents objectifs : beaucoup d'entre eux, ne s'engageraient pas dans une activité qui ne leur permettrait pas de vivre. Cela signifie donc concrètement que sans cette rareté artificielle, ce n'est pas l'abondance qui régnerait mais au contraire un appauvrissement concernant le type de produit dont nous parlons. Il y aurait peut-être un peu plus de concerts par exemple, mais ce n'est pas un type de produits substituable aux CD ou à la musique numérique.
  17. Je m'explique : l'objet de la métaphore n'était pas d'établir un parallèle avec le problème des objets numériques mais de montrer qu'on peut émettre de fortes réserves au principe que tu as énoncé en disant : Donc, non l'utilité de la propriété, ce n'est pas seulement de "gérer les conflits de possession dans un contexte de rareté", ergo ce n'est pas nécessairement un concept non-pertinent "concernant des choses intangibles et virtuellement illimitées". Comme la métaphore le montre, la propriété peut aussi être utile par exemple à la constitution d'un capital productif basé sur la mise en valeur d'une ressource non rare mais appropriable. Il doit naturellement exister bien d'autres utilités à la propriété, qui de toute façon, j'insiste, se fonde par autre chose que des considérations économiques dépendantes de circonstances, de l'innovation ou de que-sais-je d'autre encore. Agree to disagree sinon
  18. Quand on cherche à définir le statut de la propriété, il est utile d'identifier l'origine de sa légitimité. Les effets de la propriété - permettre les échanges de biens rares - n'en sont pas pour moi le fondement moral, fondement que l'on identifie rationnellement en constatant que la légitimité s'acquiert par l'investissement de compétence et de temps concédés pour transformer quelque chose. La rareté en revanche explique l'échange, et par là l'économie. Pour être plus clair j'évoquais en fait l'existence d'une aspiration naturelle à la possession pour mettre en valeur le fait que c'est elle qui rend nécessaire la formalisation des fondements de la propriété. Le désir de possession est une donnée de la nature de l'homme, et c'est donc en cela que la propriété en tant que possession légitime est pour moi un attribut dont la légitimité ne peut pas naître des circonstances économiques. Un exemple : même si les terrains ne manquaient pas, que le monde était infini, je voudrais posséder et posséder légitimement, un terrain pour y construire ma maison, y cultiver ce que je veux, y faire fructifier mon travail.
  19. Tu as une définition utilitariste de la propriété et c'est le point de vue de nombreux libéraux. Cependant quand je vois par exemple 2 enfants qui se disputent un jouet alors qu'ils en possèdent des dizaines d'autres qui gisent à trois orteils d'eux, je ne peux m'empêcher de me dire que la propriété n'est pas juste une technologie éprouvée de gestion de la rareté, mais que c'est un lien naturel que tisse une personne avec un objet qu'elle a investi de cet attribut. Je conçois les choses donc différemment : la propriété est une aspiration naturelle qui se fonde rationnellement et moralement par le travail et est particulièrement utile à la gestion des conflits que la rareté peut provoquer, rareté qui fonde l'économie. C'est l'éternelle discussion sur le fondement du droit et c'est probablement une source de divergences concernant le droit d'auteur.
  20. Je ne dis pas qu'un argument s'appuyant sur un sentiment populiste est nécessairement faux. Ce n'est pas un épouvantail que je brandis. Ron Paul par exemple exploite une sorte de populisme à l'égard des banques et je n'y trouve pas grand chose à redire parce que le fond de son argument me semble juste. Ce que je voulais dire, c'est qu'il y a chez les pro-piratages un attelage rhétorique constitué d'un populisme - qui s'en prend aux majors et loue les petits labels indépendants - et d'un élitisme - qui suggère que la médiocrité des artistes peut être un facteur dans la question qui nous intéresse ; l'attelage donc de ces composantes complémentaires malgré leur apparente contradiction est utilisé pour emporter l'adhésion de la population, qui ne demande qu'à ce qu'on lui fournisse des simili-arguments prétendant fonder son droit au piratage. Ce n'est pas un jugement de valeur à l'encontre du populisme. Spontanément je te répondrais que tout fruit d'un travail est la propriété naturelle de celui qui est à son origine. Je me trompe peut-être mais je crois que la question que tu me poses est celle de la distinction entre une oeuvre et une idée. Désolé si je me trompe, parce que mon développement sera un peu long sur le sujet Considérons les "enregistrements" comme les CD par exemple. Il ne s'agit pas d'une idée, ni simplement d'une mélodie, pas juste des paroles, ce n'est pas quelque chose de proprement intellectuel, mais c'est l'oeuvre de personnes qui ont physiquement travaillé à l'élaboration d'un objet dont la réalité se situe dans une dimension particulière, dimension à laquelle une chaîne HIFI par exemple permet d'accéder. L'idée est peut-être plus évidente encore quand on considère un film : il existe bien, on l'a face à nous avec ses décors, sa lumière, ses acteurs, sa musique… bref, on est transporté dans une dimension où est invoquée une illusion millimétrée, où l'on réanime avec précision des moments du passé mis en scène au service d'une histoire. A mon sens, bien des choses que l'on définit comme immatérielles ne le sont en fait pas du tout, mais existent sans que l'on puisse pour autant les toucher. Elles ont une permanence, des caractéristiques précises, ils ne leur manque en fait que la dimension spatiale… et en outre je trouve intéressant de noter que ces objets ont une forte dimension temporelle, dimension dont sont dénués les objets classiques : ce sont des objets qui se déploient dans un certain espace temporel. On est donc manifestement d'une part devant quelque chose de très différent d'une connaissance, d'une idée, d'un raisonnement, et on est d'autre part face à bien plus que la simple matérialité du support physique de l'objet réel. Pour compléter mon propos, un livre est de même bien plus qu'une chose purement intellectuelle : il est le fruit d'un esprit qui par le choix de ses mots, le rythme de sa prose, la construction de son intrigue, l'articulation de ses raisonnements, et bien d'autres choses encore, devient une chose unique, une oeuvre qui n'appartient qu'à son auteur parce que engendrée par son irréductible singularité. Ainsi donc, pour répondre plus précisément à ta question, ce qui fait qu'une oeuvre a comme attribut naturel d'être la propriété de son ou ses créateurs, est que le travail et la créativité de l'auteur lui ont donné une forme unique, inimitable sans copie technique. Ce travail fonde pour moi - aussi fortement que la propriété est fondée - la propriété d'un auteur sur sa création et fonde donc le monopole légal de l'auteur sur les caractéristiques précises de son oeuvre. A partir du moment où le support de ces oeuvres peut être copié, les auteurs ont le droit naturel de protéger leur droit de propriété afin d'éviter que d'autres ne s'approprient leur oeuvre : si ce droit n'était affirmé par défaut, nous aurions la possibilité légale de voir des auteurs privés de leur propriété sur leur oeuvre et du bénéfice qu'ils pourraient en tirer, par de simples copieurs. Je reprocherais juste au droit français de ne permettre cependant de s'aliéner ce droit moral sur l'oeuvre. Mais naturellement, tout esprit se nourrit d'influences multiples que l'on intègre inconsciemment sans même en connaître les origines. Ce sont des principes, des trames, des expressions ou encore des idées. Toutes ces notions sont pour moi d'une nature très clairement différente de celle des créations : leurs caractéristiques ne sont jamais parfaitement définies, leur compréhension est propre à chaque individu, il n'y a pas de machines par lesquelles on peut les incarner, ce sont des objets purement intellectuels car ils ne peuvent exister que dans le cerveau d'une personne. Etant tout à fait clair qu'une personne ne peut être légitimement dépossédée de son propre corps, il est évident que si une idée me traverse l'esprit, elle m'appartient. Puis-je pour autant en faire ce que je veux ? Cela dépend des circonstances : si cette idée m'a été suggérée dans un cadre où on ne m'y a exposé qu'à condition de ne pas en faire certains usages, alors non, on ne peut pas en faire ces usages. Si, cette idée nous est parvenue sans aucun engagement de notre part (et sans une contrepartie si je m'appuie sur le bon principe du droit anglosaxon), alors on peut en faire ce que l'on veut en faire. Les droits d'auteurs devraient pouvoir s'hériter comme n'importe quel autre bien du patrimoine d'une personne. On répète souvent qu'il y aurait un intérêt à ne pas procéder ainsi… mais pour moi la preuve n'est pas faite qu'une absence de limite de temps pose des problèmes. Après tout, la propriété est en général considérée par les libéraux comme féconde ? Pourquoi celle-ci entraînerait-elle une mauvaise diffusion des oeuvres ? La division du patrimoine de génération en génération est peut-être un argument, mais on peut aussi imaginer qu'on puisse vendre son droit d'auteur à une entreprise, une maison d'édition… Elles devraient être les mêmes que pour tout autre délit. Rapidement : une procédure d'enquête sous le contrôle d'un juge, respect de présomption d’innocence (charge de la preuve) et des peines justes. Finalement, c'est une question bien plus large que la simple question des droits d'auteur, et pour bien y répondre il faudrait être un vrai expert en droit ce que je suis à des années lumières d'être.
  21. Je ne vois pas ce que le modèle économique de l'industrie musicale aurait d'impraticable : quotidiennement, des millions de personnes achètent honnêtement ce qu'elles consomment et elles en sont très satisfaites. Le fait que des millions d'autres ne soient pas vraiment honnêtes sur cette question, ne fait pas cesser d'exister celles qui le sont. Je note qu'on pourrait de manière très similaire prétendre savoir à coup sûr que les supermarchés sont un modèle économique impraticable parce que la tentation du vol serait telle qu'il faudrait mettre un agent du KGB derrière chaque client, et donc que le commerce suppose un état totalitaire. En passant, c'est effectivement un argument communiste classique. Naturellement si on passe son temps à trouver que la seule chose choquante dans le piratage sont les Lois liberticides qu'il provoque, et qu'on ne dit mot sur la malhonnêteté intrinsèque du piratage, alors oui bien sûr le droit d'auteur n'est pas viable parce qu'on ne sera plus du tout dans une société de droit - tout court. Et je le redis sous la forme d'une question pour qu'on puisse moins éviter de répondre à mon commentaire : en quoi est-ce différent du droit de propriété lui-même ? S'il advenait en France qu'on commence à considérer le droit de propriété comme un pure invention de l'état, et que pour enforcer ce droit de propriété vivement contesté et maltraité, l'état durcissait son arsenal législatif pour lutter contre les vols, quel serait le rôle des libéraux ? Dénoncer uniquement cet arsenal législatif et faire une analyse de la dynamique sociétale qui va nécessairement aboutir à la mise à bas du droit de propriété ? ou bien rappeler quelques fondamentaux tant sur le droit de propriété que sur ce qu'il peut y avoir de liberticide dans les mesures prises pour le faire respecter ?
  22. Ou alors les gens s'illusionnent plus ou moins inconsciemment pour croire quelque chose qui leur permet de faire ce qui est dans leur intérêt immédiat. Il y aussi un effet d'entraînement et d'imitation : les autres le font -> ça ne doit pas être grave -> pourquoi pas moi. On saupoudre tout ça d'un peu d'indignation populiste et d'élitiste méprisant, emballé c'est vendu.
  23. Le raisonnement est pourtant assez peu sujet à caution : je suis propriétaire de ce que j'ai engendré par mon travail. Si je veux gagner ma vie par ce travail, soit j'en cède la propriété par un acte de vente (un peintre et son tableau par exemple), soit j'en garde la propriété et j'en "loue" l'usage selon différentes modalités extrêmement variables : ce sont les licences d'utilisation. Pour la musique par exemple, rapidement, on identifie d'un côté la vente de sa propriété ; de l'autre, la location payante et éphémère comme pour les passages à la radio, Spotify… ; une location sans clause de durée avec les CD ; une location gratuite articulée avec un but lucratif (obtenir des donations, promouvoir ses concerts…). Quel que soit le choix que va faire l'ayant-droit, c'est un choix qui dépendra d'innombrables facteurs possibles. Le point commun de tous ces choix possibles est que les auteurs et les ayants-droit n'abandonnent pas leurs liens avec leur création s'ils en vivent, parce que c'est uniquement ce droit sur leur création en tant que fruit de leur travail qui leur permet d'en tirer un revenu. Certains intervenants semblent penser que sans la législation sur les DA, les ayants-droit n'auraient pas l'opportunité de faire valoir un système contractuel proche dans ses effets. Mais qu'on m'explique ce qu'il y a dans les DA de si contraire au droit le plus élémentaire, de si radicalement opposé au droit naturel pour qu'il faille absolument rayer d'un trait ces lois scélérates… Je ne parle pas d'Hadopi ou d'autres choses, je parle du DA stricto sensu. Une base du libéralisme est que la propriété est naturellement fondée sur le travail. Ce qu'il est demandé au DA, on pourrait tout aussi bien le demander à la propriété elle-même et dire : "Sans ces Lois iniques sur la propriété, prouvez moi que la propriété serait respectée ! Ahah ! Votre hésitation est la preuve de l'inanité de ce droit !" Evidemment si personne ne croit plus au droit de propriété, il sera impossible de le sauvegarder.. et c'est précisément ce que qu'illustre l'argument du "fait établi" qui part de l'inéluctabilité du piratage pour en conclure à l'impossibilité de la survie d'un droit d'auteur pourtant solidement assis sur une base fondamentale du libéralisme, le travail. La dynamique de marché dépendra de la victoire ou de la défaite des idéaux libéraux, et en tout état de cause, une défaite de ces idéaux (par des moyens illégitimes) ne saurait être maquillée en victoire pour le droit et la liberté.
  24. Aux USA et au Japon, on peut à ma connaissance renoncer à ses droits d'auteur, et dans ce cadre-là on se rapproche alors quand même beaucoup d'une solution d'essence contractuelle, et que constate-t-on ? Les ayants-droit ne renoncent en général pas à leur copyright parce qu'ils ne veulent pas en général pouvoir être dépossédés de leurs produits. L'interdiction peut difficilement être plus explicite : des sigles "copyright" sont imprimés partout sur les jaquettes et sur les CD et DVD ; des messages d'informations avant les films… Je dirais que c'est plutôt une autorisation explicite qui conviendrait tant la règle est la restriction.
  25. Ce n'est pas la même chose pour la simple raison qu'il est admis une certaine flexibilité dans certains cadres de travail. On ne peut unilatéralement l'imposer, c'est quelque chose d'émergent et de consensuel. Et pour revenir aux DA, force est de constater que ça n'émerge pas des masses du côté des ayants-droit. Certains artistes font surtout une lèche éhontée à leur public en chargeant sur le dos de leurs partenaires de business la terrible et fatale faute du copyright. Ils pourraient toujours se passer des maisons de disque, s'ils ont quelques choses à redire au montage juridico-économique qu'elles proposent, mais en réalité, la plupart des artistes dans ce cas veulent le beurre et l'argent du beurre : l'entière liberté de faire ce qu'ils veulent de leurs oeuvres et d'affecter la pose de l'artiste au dessus des considérations pécuniaires… et concomitamment, les moyens (dont ils ne disposent en général pas) pour la produire, la faire connaître et la distribuer. C'est bien ça, c'est n'importe quoi. Tu n'as pas dû comprendre ma comparaison. Je vois que tu as Bastiat en référence, je t'encourage à lire ce texte : http://bastiat.org/f…_librairie.html
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