Aller au contenu

Révoltes de la faim


free jazz

Messages recommandés

Posté

(j'ai rédigé :icon_up: )

Au Burkina Faso, d'après le père blanc Maurice Oudet, 80% de la population vit d'agriculture ou d'élevage. Certains sont des cultivateurs de coton et ils produisent de la bonne qualité à un prix qui devrait être compétitif, mais ils sont malheureusement en concurrence avec des agriculteurs étasuniens subventionnés qui inondent le marché et cassent les prix. Les autres produisent de la nourriture consommée dans le pays.

Au passage, la réorganisation des agriculteurs autour d'une culture du coton à grande échelle fut forcée lors de la colonisation (par les colons) et renforcée lors de la décolonisation (par le pouvoir étatique local). Aujourd'hui, du point de vue d'un cultivateur burkinabè, lequel a un chouilla plus de pouvoir sur son gouvernement que sur celui des Etats-Unis, le problème du coton mérite réflexion. Mais cela n'a pas grand chose à voir avec la montée des prix de la nourriture. Revenons donc au sujet.

Il faut comprendre que le Burkina Faso, au même titre que les autres pays dans lesquels je suis passé, vit sous perfusion. Si l'on regarde ce qui sort du pays : un peu de coton, quelques matières premières (bois je crois). Et ce qui rentre : des voitures (Japon et France notamment), des motos (Nigéria et USA), des vélos (Chine, France, Nigéria), du riz (Thaïlande), du lait (Europe), du dentifrice (Nigéria), des stylos bille (Allemagne), des mouchoirs (France), de la mayonnaise (France), du thé (Nigéria), du café (Côte d'Ivoire), des médicaments (Espagne, France), du tissu (Nigéria), de la vaisselle (Chine), des réfrigérateurs (Chine, Europe), des téléphones portables (Europe et Asie), des radios (Nigéria), des téléviseurs, des ordinateurs (USA et Asie) etc… (j'ai pris les exemples que j'ai là sous la main au Bénin car c'est similaire)

Donc ça rentre beaucoup plus que ça ne sort. Comment ? Grâce aux rentrées de devises étrangères qui ne correspondent pas à un travail local : 1) l'argent des migrants (rapatrié par Western Union) 2) l'argent des matières premières non renouvelées 3) l'aide publique au développement des pays riches 4) l'aide privée pour l'humanitaire et le développement en provenance des mêmes pays riches. (remarquez que je ne suis pas sûr de l'ordre d'importance)

Ceci revient à dire que la société burkinabèe vit sur des dons. Et ce, y compris pour la nourriture (notamment : riz et lait), malgré la grande majorité d'agriculteurs dans la population. Le riz et le lait local sont/étaient plus chers que ceux subventionnés des producteurs étrangers, leur production a donc été désorganisée et limitée à de l'auto-subsistance. La réalité est donc que tout le pays (et plus particulièrement les villes) vit bien au-dessus de ses moyens. Mais un Burkinabè ne peut en avoir conscience : au quotidien il se débrouille, travaille et reçoit de l'argent en échange de son travail. Le problème est que aucun prix ne correspond à la réalité du travail local. Les Burkinabès se croient pauvres, ils sont pourtant beaucoup plus pauvres qu'ils ne l'imaginent : si la perfusion était coupée, leur niveau de vie ferait un bond en arrière de quarante ans. Sauf que ce serait mal accepté : par exemple, personne n'ira vendre sa moto pour payer à manger à des proches dans le besoin. Car une moto est un niveau social. L'entraide africaine ne fonctionne pas si elle doit passer par une chute de niveau social. L'entraide est liée à une montée du niveau social seulement. Donc du moins dans un premier temps, les gens crèveront de faim plutôt que de s'entraider.

En parallèle, il faut aussi garder à l'esprit que la hausse du prix de l'essence touche beaucoup les activités économiques des pays africains, car la route est la quasi-unique infrastructure de transport.

Voilà le contexte, du moins comme je le comprends, dans lequel les prix des denrées alimentaires du marché mondial montent aujourd'hui.

À mon sens, si l'on regarde les moyens d'actions des Africains, on ne peut pas prôner des mesures libérales pour améliorer le quotidien des Burkinabès. D'abord les frontières sont déjà ouvertes : les droits de douane sur la nourriture sont très faibles. Sur le lait en poudre par exemple, Maurice Oudet calculait que les réductions de taxes du gouvernement correspondent à 1,5% du prix du produit : la mesure prise par le gouvernement à l'occasion des manifestations est inutile.

Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

Pour moi, ça irait clairement dans le sens d'un développement plus sain. Que le Burkina Faso soit sous perfusion, ça paraît difficile à changer dans l'immédiat. Mais qu'il soit sous perfusion y compris pour les produits de l'agriculture, cela pénalise l'activité de l'essentiel de la population. Le développement est à l'inverse, la progression économique (l'organisation des activités à l'échelle du pays) et la progression personnelle des gens. Pour progresser, il faut être utile.

Le cacao, le coton par exemple.

Je ne vois pas bien pourquoi les paysans africains seraient mauvais dans la production de nourriture mais bon dans la production de cacao et de coton… Je pointais la déconnexion du raisonnement de A.B. de la réalité.

Plus sérieusement, je critique cette logique qui consiste, sous prétexte de la difficulté à faire accepter une réforme, à prôner de nouvelles restrictions à la liberté comme remède.

OK. Je me plaçais du point de vue africain pour qui les subventions des productions étrangères sont une donnée.

Invité Arn0
Posté
Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

J'ai du mal à voir comment le point 2 peut être présenté comme positif, surtout dans la situation actuelle.

Posté

Le point 2 n'est pas positif. Maintenant, comparé aux deux autres points (qui eux sont positifs), il ne pèse pas si lourd.

EDIT : Remarque que dans la situation actuelle justement, la marche à franchir est moins élevée.

Posté
Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

Il est fort probable que la productivité tres faible des agriculteurs locaux face exploser le prix des denrées alimentaires …

La population agricole s'en sortira grace à l'autoconsommation mais la population urbaine risque d'avoir faim …

Dans ce senario on peut prevoir une explosion du marché noir (importations cachées) …

Posté

J'ai essayé de réflechir à l'application de la théorie des avantages comparatifs dans le cadre de ces crises alimentaires. J'aurais pensé à première vue qu'un pays qui décide de cesser d'exporter un produit comme le riz par exemple doit y gagner, non pas globalement mais en tout cas sur le produit considéré. En fait, ce n'est pas ce que dit la théorie des avantages comparatifs :

Soient deux pays A et B, qui initialement travaillaient en autarcie et décident soudainement d'ouvrir l'un à l'autre leurs frontières.

Initialement chacun des deux pays fabriquait du riz et des voitures, avec un millions de personnes travaillant dans chacun des secteurs pour chaque pays. Après l'ouverture des frontières le pays A se consacre exclusivement à la production de riz et le pays B se consacre à la production de voiture.

Quelle est alors la situation du pays A du point de vue de la consommation de riz ?

D'abord, il y a toujours un million de personne qui travaillent pour le marché local de la production de riz. Donc il n'y a pas de diminution.

Ensuite, il y aurait aussi le million de personnes qui travaillaient dans la production de voiture et qui maintenant travaillerons dans la production de riz. Ces personnes seront en réalité plus productives pour ramener des voitures sur le marché local car en raison de la répartition des avantages comparatifs, le temps de travail nécessaire à l'achat d'une voiture sur le marché du pays B, en fabriquant du riz, sera moins important que celui qui aurait été nécessaire pour la fabrication de cette voiture sur le marché local.

Mais plutôt que de profiter des avantages comparatifs pour avoir seulement un surplus de voiture, le pays A (ou ses consommateurs) pourra équilibrer cet avantage pour avoir également un surplus de riz par rapport à la situation antérieure. la demande locale sera un peu plus forte sur ce produit et la production des 1 millions de travailleurs du riz supplémentaires ne sera pas tournée intégralement vers l'exportation ( cela sera d'autant plus facile que le même raisonnement s'applique dans le pays B, dont les consommateurs préféreront avoir un peu plus de voitures). Par exemple, il y en aura 900.000 qui travaillerons pour l'exportation du riz à l'extérieur et 100.00 nouveau travailleurs du riz pour le marché local, soit 1.100.000 travailleurs au lieu de 1.000.000.

Donc, les habitants du pays A auront davantage de riz à leur disposition pour leur consommation personnelle.

Un partisan de la fermeture des frontières voudrait interdire l'exportation du riz vers le pays B en situation d'échange libre. Mais à terme cela aura pour conséquence de revenir à la situation antérieure. Les 1 millions de travailleurs supplémentaires du riz se tournerons à nouveau vers la production de voiture et non pour le marché interne du riz.

les choses sont-elles différentes pour le pays B ?

Ce pays abandonnera la production de riz pour se consacrer exclusivement à la production de voiture.

Mais en réalité, il pourra en obtenir plus que s'il le produisait lui-même en fabriquant des voitures pour le pays B et en achetant du riz. La quantité de travail nécessaire à la consommation de riz sera diminuée. Si les 1 millions de travailleurs se consacraient exclusivement à l'exportation, la consommation interne de riz serait trés fortement augmentée. En réalité, elle ne le sera que dans une moindre mesure, car les consommateurs du pays B voudrons équilibrer l'avantage que leur procure la nouvelle situation entre la consommation de riz et de voitures, mais il reste qu'ils auront plus de riz.

La seule chose que verra un interventionniste dans cette situation, c'est que l'industrie locale ne produit plus de riz pour la consommation interne.

Sur le court terme, car les producteurs pourront mettre un certain temps à rééquilibrer leurs productions, les interventions pourront être plus bénéfiques que ce qui est décrit ci-dessous. Le pays B est en danger dans la situation de libre-échange que le pays A décide de fermer ses frontières aux exportations de riz. En ce qui concerne le pays A, il pourra dans un premier temps tourner toute la production de riz vers le marché interne.

Posté
Donc ça rentre beaucoup plus que ça ne sort. Comment ? Grâce aux rentrées de devises étrangères qui ne correspondent pas à un travail local : 1) l'argent des migrants (rapatrié par Western Union) 2) l'argent des matières premières non renouvelées 3) l'aide publique au développement des pays riches 4) l'aide privée pour l'humanitaire et le développement en provenance des mêmes pays riches. (remarquez que je ne suis pas sûr de l'ordre d'importance)

À mon sens, si l'on regarde les moyens d'actions des Africains, on ne peut pas prôner des mesures libérales pour améliorer le quotidien des Burkinabès. D'abord les frontières sont déjà ouvertes : les droits de douane sur la nourriture sont très faibles. Sur le lait en poudre par exemple, Maurice Oudet calculait que les réductions de taxes du gouvernement correspondent à 1,5% du prix du produit : la mesure prise par le gouvernement à l'occasion des manifestations est inutile.

Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

Pour moi, ça irait clairement dans le sens d'un développement plus sain. Que le Burkina Faso soit sous perfusion, ça paraît difficile à changer dans l'immédiat. Mais qu'il soit sous perfusion y compris pour les produits de l'agriculture, cela pénalise l'activité de l'essentiel de la population. Le développement est à l'inverse, la progression économique (l'organisation des activités à l'échelle du pays) et la progression personnelle des gens. Pour progresser, il faut être utile.

Je me suis permis d'isoler certains éléments de ton exposé pour y répondre. Une partie de l'importation de nourriture provient de dons, une partie correspond à ce qui est exporté. Je ne m'interesse qu'au don en l'occurence. Les dons étrangers ne sont pas plus nuisibles à l'emploi agricole local que la lumière du soleil n'est hostile à l'emploi dans n'importe quel pays, parce que le travail se tournera vers autre chose. par ailleurs, ces dons sont convertis en achats divers et pas seulement au détriment de l'agriculture locale ( si je reprend ton énumération).

Autrement dit, l'inactivité que tu mets en avant est-elle vraiment liée aux importations où à d'autres causes, comme des interventions publiques mal avisées ?

Posté
Donc ça rentre beaucoup plus que ça ne sort.

Tu n'en sais rien. Il y a ce que tu vois et tu en tires une conclusion. Ce qui est en vitrine est visible, ce qui est exporté ne l'est pas.

Tu as peut-être raison mais ça serait un hasard.

Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

J'avoue ne pas comprendre du tout ton analyse. Si le cours des denrées alimentaires augmentent, alors les agriculteurs locaux en tirent profit.

Si tu fermes les frontières tu avantages encore plus les producteurs locaux mais tu étrangles davantage le reste de la population. En outre, contrairement à ce que tu dis, le protectionnisme encourage la spéculation. Les cours de la production, aux mains des producteurs locaux, sont plus facilement manipulables. (suit en général, l'intervention de l'Etat à-la-Mugabe pour fixer les prix…)

En outre, je suis surpris que tu imagines aussi facilement que 80% de la population va se mettre à l'agriculture… La mentalité africaine, c'est de vivre au dépend d'autrui, soit en exigeant des subsides, soit en s'en foutant plein les poches en tant que fonctionnaire responsable d'un "budget" (le rêve absolu de la jeunesse africaine).

Fermer les frontières seraient une catastrophe pour les africains. Tu évoques des droits de douanes faibles et tu en conclues qu'au vu de la situation, il faut mettre un frein au libéralisme. Pour ma part, je constate que pas un pays africain n'est gouverné par un politocard élu démocratiquement. Ce sont tous des tyrans. Le libéralisme ne se réduit pas à des droits de douanes faibles.

Posté
La mentalité africaine, c'est de vivre au dépend d'autrui, soit en exigeant des subsides, soit en s'en foutant plein les poches en tant que fonctionnaire responsable d'un "budget" (le rêve absolu de la jeunesse africaine).

Intéressant ! Et la mentalité des arabes, c'est quoi ?

Posté
Les dons étrangers ne sont pas plus nuisibles à l'emploi agricole local que la lumière du soleil n'est hostile à l'emploi dans n'importe quel pays, parce que le travail se tournera vers autre chose.

A long terme seulement.

par ailleurs, ces dons sont convertis en achats divers et pas seulement au détriment de l'agriculture locale ( si je reprend ton énumération).

Oui. De fait, ces dons ne sont pas nuisibles à l'agriculture locale. Ils sont nuisible à la stabilité des prix en général, de même qu'un projet subventionné dépend du bon vouloir des politiques et risque de s'arrêter tous les cinq ans. Je donnais le contexte : l'économie n'est pas productive. Il faut qu'elle s'organise.

Autrement dit, l'inactivité que tu mets en avant est-elle vraiment liée aux importations où à d'autres causes, comme des interventions publiques mal avisées ?

Attention, je ne dis pas qu'ils sont inactifs. Ils sont actifs mais surpayés, grosso modo.

Tu n'en sais rien. Il y a ce que tu vois et tu en tires une conclusion. Ce qui est en vitrine est visible, ce qui est exporté ne l'est pas.

Tu as peut-être raison mais ça serait un hasard.

OK. Disons que le hasard est pour moi :

http://www.buyusa.gov/westafrica/fr/burkinafaso.html (en 1990)

Ou bien http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zone…_942/index.html

Balance commerciale : - 10,6% du PIB (2004)

(remarque : C'est moins pire que ce que je pensais)

Au passage, je suis tombé sur des chiffres pour les produits d'agriculture : http://www.fao.org/es/ESS/fr/compendium_20…f/BKF_ESS_F.pdf

J'avoue ne pas comprendre du tout ton analyse. Si le cours des denrées alimentaires augmentent, alors les agriculteurs locaux en tirent profit.

Les cycles de production des agriculteurs ne sont pas sur les mêmes échelles de temps que ceux du marché mondial. Depuis quelques mois les prix augmentent. Mais en ce moment c'est la saison sèche, personne ne récolte.

Si tu fermes les frontières tu avantages encore plus les producteurs locaux mais tu étrangles davantage le reste de la population. En outre, contrairement à ce que tu dis, le protectionnisme encourage la spéculation. Les cours de la production, aux mains des producteurs locaux, sont plus facilement manipulables. (suit en général, l'intervention de l'Etat à-la-Mugabe pour fixer les prix…)

Du peu que je vois, le "reste de la population" produit trois fois rien pour l'extérieur. Les citadins travaillent essentiellement pour eux-mêmes (coiffure, couture, réparation de véhicules, menuiserie, petites activités de revente) et mangent les dons. S'ils étaient les clients des agriculteurs, on pourrait espérer que le pays s'organise, non ?

En outre, je suis surpris que tu imagines aussi facilement que 80% de la population va se mettre à l'agriculture…

Ils y sont. Le chiffre est aussi donné dans le PDF donné plus haut.

La mentalité africaine, c'est de vivre au dépend d'autrui, soit en exigeant des subsides, soit en s'en foutant plein les poches en tant que fonctionnaire responsable d'un "budget" (le rêve absolu de la jeunesse africaine).

Tu juges avec ta morale des comportements que tu ne comprends pas.

EDIT : ça pose la question de pourquoi tu défends une attitude libérale pour ces populations ??! Vois-tu le libéralisme comme une punition générale ?

Fermer les frontières seraient une catastrophe pour les africains. Tu évoques des droits de douanes faibles et tu en conclues qu'au vu de la situation, il faut mettre un frein au libéralisme. Pour ma part, je constate que pas un pays africain n'est gouverné par un politocard élu démocratiquement. Ce sont tous des tyrans. Le libéralisme ne se réduit pas à des droits de douanes faibles.

Comme contre-exemple, le Bénin est ce que tu appelles une "démocratie". Mais je pense que tu ne comprends pas que dans beaucoup de pays, c'est parce que les gouvernements peu légitimes que leurs frontières sont ouvertes et les activités économiques plutôt libres.

Posté
La mentalité africaine, c'est de vivre au dépend d'autrui, soit en exigeant des subsides, soit en s'en foutant plein les poches en tant que fonctionnaire responsable d'un "budget" (le rêve absolu de la jeunesse africaine).

Mince alors, on dirait la mentalité française! Il ne manquerait plus que ce soit un vestige du colonialisme…

Et quand j'entend chez nous les plus pauvres (ou plus exactement ceux qui prétendent parler en leur nom) qui se plaignent de l'augmentation du riz ou des pâtes, je me demande si on ne se berse pas de misérabilisme. Avez-vous vu le prix d'un paquet de pâte? Il peut augmenter de 200 ou 300% que cela ne pèsera pas lourd sur le portefeuille!

Ce que j'ai du mal à comprendre avec la crise de la faim est la soudaineté du problème. Et cela coïncide étrangement avec le biocarburant.

Posté
Ce que j'ai du mal à comprendre avec la crise de la faim est la soudaineté du problème. Et cela coïncide étrangement avec le biocarburant.
C'est plus qu'une coïncidence, même si l'amplification médiatique joue beaucoup.

"La fabrication des biocarburants est un crime contre l'humanité", Jean Ziegler.

Posté
C'est plus qu'une coïncidence, même si l'amplification médiatique joue beaucoup.

"La fabrication des biocarburants est un crime contre l'humanité", Jean Ziegler.

Si les avatars de Ziegler et les promoteurs des biocarburants pouvaient se neutraliser réciproquement, ça serait pas plus mal.

Posté
Tu juges avec ta morale des comportements que tu ne comprends pas.

Je ne juge pas, je comprends parfaitement, je me contente de constater.

Vois-tu le libéralisme comme une punition générale ?

Non, comme une chance de sortir du cercle vicieux que tu décris très bien.

Comme contre-exemple, le Bénin est ce que tu appelles une "démocratie".

:icon_up::doigt:

Aux yeux des togolais, sans aucun doute :mrgreen:

Mais je pense que tu ne comprends pas que dans beaucoup de pays, c'est parce que les gouvernements peu légitimes que leurs frontières sont ouvertes et les activités économiques plutôt libres.

La plupart des Etats africains construisent leur budget sur l'exploitation des ressources (pétrole, bois, or, etc.). La fiscalité est généralement faible (avec des exceptions comme Madagascar qui écrase la population d'impôts). Par contre, la législation est draconienne en terme d'importation/exportation. Elle est peu suivie et quelques pots de vins permettent aisément de les contourner. Mais gare à toi si ton commerce devient un peu trop florissant et voyant.

Mince alors, on dirait la mentalité française! Il ne manquerait plus que ce soit un vestige du colonialisme…

Ce n'est pas un fantasme, une remarque idiote et raciste comme le sous entend Poe ou une généralisation outrancière. C'est un constat généralisé.

Posté
Non, comme une chance de sortir du cercle vicieux que tu décris très bien.

Eh bien tu te trompes.

:icon_up::doigt:

Aux yeux des togolais, sans aucun doute :mrgreen:

:mrgreen: Pardon ?

Posté
(j'ai rédigé :icon_up: )

Au Burkina Faso, d'après le père blanc Maurice Oudet, 80% de la population vit d'agriculture ou d'élevage. Certains sont des cultivateurs de coton et ils produisent de la bonne qualité à un prix qui devrait être compétitif, mais ils sont malheureusement en concurrence avec des agriculteurs étasuniens subventionnés qui inondent le marché et cassent les prix. Les autres produisent de la nourriture consommée dans le pays.

Au passage, la réorganisation des agriculteurs autour d'une culture du coton à grande échelle fut forcée lors de la colonisation (par les colons) et renforcée lors de la décolonisation (par le pouvoir étatique local). Aujourd'hui, du point de vue d'un cultivateur burkinabè, lequel a un chouilla plus de pouvoir sur son gouvernement que sur celui des Etats-Unis, le problème du coton mérite réflexion. Mais cela n'a pas grand chose à voir avec la montée des prix de la nourriture. Revenons donc au sujet.

Il faut comprendre que le Burkina Faso, au même titre que les autres pays dans lesquels je suis passé, vit sous perfusion. Si l'on regarde ce qui sort du pays : un peu de coton, quelques matières premières (bois je crois). Et ce qui rentre : des voitures (Japon et France notamment), des motos (Nigéria et USA), des vélos (Chine, France, Nigéria), du riz (Thaïlande), du lait (Europe), du dentifrice (Nigéria), des stylos bille (Allemagne), des mouchoirs (France), de la mayonnaise (France), du thé (Nigéria), du café (Côte d'Ivoire), des médicaments (Espagne, France), du tissu (Nigéria), de la vaisselle (Chine), des réfrigérateurs (Chine, Europe), des téléphones portables (Europe et Asie), des radios (Nigéria), des téléviseurs, des ordinateurs (USA et Asie) etc… (j'ai pris les exemples que j'ai là sous la main au Bénin car c'est similaire)

Donc ça rentre beaucoup plus que ça ne sort. Comment ? Grâce aux rentrées de devises étrangères qui ne correspondent pas à un travail local : 1) l'argent des migrants (rapatrié par Western Union) 2) l'argent des matières premières non renouvelées 3) l'aide publique au développement des pays riches 4) l'aide privée pour l'humanitaire et le développement en provenance des mêmes pays riches. (remarquez que je ne suis pas sûr de l'ordre d'importance)

Ceci revient à dire que la société burkinabèe vit sur des dons. Et ce, y compris pour la nourriture (notamment : riz et lait), malgré la grande majorité d'agriculteurs dans la population. Le riz et le lait local sont/étaient plus chers que ceux subventionnés des producteurs étrangers, leur production a donc été désorganisée et limitée à de l'auto-subsistance. La réalité est donc que tout le pays (et plus particulièrement les villes) vit bien au-dessus de ses moyens. Mais un Burkinabè ne peut en avoir conscience : au quotidien il se débrouille, travaille et reçoit de l'argent en échange de son travail. Le problème est que aucun prix ne correspond à la réalité du travail local. Les Burkinabès se croient pauvres, ils sont pourtant beaucoup plus pauvres qu'ils ne l'imaginent : si la perfusion était coupée, leur niveau de vie ferait un bond en arrière de quarante ans. Sauf que ce serait mal accepté : par exemple, personne n'ira vendre sa moto pour payer à manger à des proches dans le besoin. Car une moto est un niveau social. L'entraide africaine ne fonctionne pas si elle doit passer par une chute de niveau social. L'entraide est liée à une montée du niveau social seulement. Donc du moins dans un premier temps, les gens crèveront de faim plutôt que de s'entraider.

En parallèle, il faut aussi garder à l'esprit que la hausse du prix de l'essence touche beaucoup les activités économiques des pays africains, car la route est la quasi-unique infrastructure de transport.

Voilà le contexte, du moins comme je le comprends, dans lequel les prix des denrées alimentaires du marché mondial montent aujourd'hui.

À mon sens, si l'on regarde les moyens d'actions des Africains, on ne peut pas prôner des mesures libérales pour améliorer le quotidien des Burkinabès. D'abord les frontières sont déjà ouvertes : les droits de douane sur la nourriture sont très faibles. Sur le lait en poudre par exemple, Maurice Oudet calculait que les réductions de taxes du gouvernement correspondent à 1,5% du prix du produit : la mesure prise par le gouvernement à l'occasion des manifestations est inutile.

Maintenant, si le gouvernement fermait les frontières aux produits de l'agriculture étrangère, cela aurait pour effet : 1) de rendre une utilité à 80% de la population qui se demande parfois à quoi elle sert. 2) d'augmenter le prix des denrées alimentaires en ville. 3) de stabiliser le prix des denrées alimentaires.

Pour moi, ça irait clairement dans le sens d'un développement plus sain. Que le Burkina Faso soit sous perfusion, ça paraît difficile à changer dans l'immédiat. Mais qu'il soit sous perfusion y compris pour les produits de l'agriculture, cela pénalise l'activité de l'essentiel de la population. Le développement est à l'inverse, la progression économique (l'organisation des activités à l'échelle du pays) et la progression personnelle des gens. Pour progresser, il faut être utile.

Je ne vois pas bien pourquoi les paysans africains seraient mauvais dans la production de nourriture mais bon dans la production de cacao et de coton… Je pointais la déconnexion du raisonnement de A.B. de la réalité.

OK. Je me plaçais du point de vue africain pour qui les subventions des productions étrangères sont une donnée.

Merci pour ta réponse mais cela ne change rien. Tu te places du point de vue des producteurs agricoles et non de celui des consommateurs qui seraient fortement pénalisés par une hausse des prix.

Ensuite, je trouve que tu réécris quand même fichtrement l'histoire: les accords de Lomé et de Cotonou sont tout de même des accords préférentiels permettant à un très grand nombre de pays africains d'entrer sur le marché sans droits de douane (la réciproque n'étant pas vraie même si cela sera probablement amené à changer du fait des accords de Cotonou). De plus, ils prévoient une aide importante octroyée par la Communauté Européenne (donc par nous) aux Etats ACP. Donc, dire que les produits agricoles ne bénéficient d'aucune protection (comme tu l'écrivais dans ton premier message du fil) est une erreur.

Enfin, ce n'est pas parce que les Communautés Européennes subventionnent leur agriculture que, forcément, les Etats africains doivent en faire de même avec la leur. Ce n'est pas à coup de protections douanières que le monde pourra être plus libre à l'avenir. Au contraire, le chantage "protectionniste" a une odeur de déjà vu et surtout des conséquences catastrophiques (Première Guerre Mondiale, par exemple).

Invité Arn0
Posté
Merci pour ta réponse mais cela ne change rien. Tu te places du point de vue des producteurs agricoles et non de celui des consommateurs qui seraient fortement pénalisés par une hausse des prix.

Ensuite, je trouve que tu réécris quand même fichtrement l'histoire: les accords de Lomé et de Cotonou sont tout de même des accords préférentiels permettant à un très grand nombre de pays africains d'entrer sur le marché sans droits de douane (la réciproque n'étant pas vraie même si cela sera probablement amené à changer du fait des accords de Cotonou). De plus, ils prévoient une aide importante octroyée par la Communauté Européenne (donc par nous) aux Etats ACP. Donc, dire que les produits agricoles ne bénéficient d'aucune protection (comme tu l'écrivais dans ton premier message du fil) est une erreur.

Enfin, ce n'est pas parce que les Communautés Européennes subventionnent leur agriculture que, forcément, les Etats africains doivent en faire de même avec la leur. Ce n'est pas à coup de protections douanières que le monde pourra être plus libre à l'avenir. Au contraire, le chantage "protectionniste" a une odeur de déjà vu et surtout des conséquences catastrophiques (Première Guerre Mondiale, par exemple).

Tout à fait d'accord.

Posté
Eh bien tu te trompes.

ça dépend de quel point de vue on se place. A qui profite la restriction de liberté?

J'avoue ne pas comprendre ta position, qui de mon point de vue est scandaleuse. J'ai du mal à comprendre pourquoi restreindre le choix des individus et leur imposer artificiellement des prix plus hauts seraient une bonne chose. Mugabe devrait pourtant servir d'épouvantail à toute velléité de contrôle des prix, de frontière et de dirigisme.

:icon_up: Pardon ?

C'est qu'il insiste, le bougre. Par ailleurs, tu es en train d'appeler à plus de restriction de liberté tout en louant la "démocratie" ( :doigt: ) au Bénin. Finalement cela prouve une fois de plus que démocratie ne rime pas avec Liberté.

Posté

@Roniberal : Je ne pense pas qu'un pays comme le Burkina Faso soit en mesure de subventionner son agriculture, donc là n'est pas le sujet. L'accès au marché européen n'est pas le sujet non plus et puis le marché européen est protégé par des prix artificiellement bas. Je ne vois pas non plus le rapport avec l'aide les aides européennes, sinon pour ce que j'ai mis dans mon explication. Sur l'ouverture des frontières africaines, il faudrait des chiffres. Quelles taxes sur le riz, en pratique, en ce moment ?

ça dépend de quel point de vue on se place. A qui profite la restriction de liberté?

A la nation en tant que communauté si tu veux. … Non, d'ailleurs, tu ne voudras pas. Disons, à l'organisation des activités économiques dans le pays.

J'avoue ne pas comprendre ta position, qui de mon point de vue est scandaleuse. J'ai du mal à comprendre pourquoi restreindre le choix des individus et leur imposer artificiellement des prix plus hauts seraient une bonne chose. Mugabe devrait pourtant servir d'épouvantail à toute velléité de contrôle des prix, de frontière et de dirigisme.

Jusqu'ici Blaise Compaoré n'est pas Mugabe, et heureusement ! C'est pour le développement de chacun, qu'il faut remettre les prix à la valeur locale. Ce sont les prix internationaux qui n'ont aucun sens (qui sont "artificiels") pour un Burkinabé normal, lequel, rappelons-le, vit sans eau courante ni électricité. Un peu loin des problématiques géopolitiques.

C'est qu'il insiste, le bougre. Par ailleurs, tu es en train d'appeler à plus de restriction de liberté tout en louant la "démocratie" ( :icon_up: ) au Bénin. Finalement cela prouve une fois de plus que démocratie ne rime pas avec Liberté.

Mais je t'assure que le Bénin est une "démocratie" au sens, du moins je pense, où tu utilises le terme. Ou sinon, dis-moi ce qui ne va pas ? Aujourd'hui c'est d'ailleurs justement les élections municipales. Entre parenthèses, si le système politique au Bénin fonctionne, ce n'est pas parce qu'il est "démocratique", mais c'est là un autre sujet.

Posté
L'accès au marché européen n'est pas le sujet non plus et puis le marché européen est protégé par des prix artificiellement bas. Je ne vois pas non plus le rapport avec l'aide les aides européennes, sinon pour ce que j'ai mis dans mon explication. Sur l'ouverture des frontières africaines, il faudrait des chiffres. Quelles taxes sur le riz, en pratique, en ce moment ?

Mouais, des prix artificiellement bas… N'oublie pas que les agriculteurs sont ensuite dédommagés de ces prix "artificiellement bas" par le mécanisme du "prix garanti". Ensuite, concernant les chiffres, je n'en ai pas sur moi mais les accords de Lomé et de Cotonou prévoient bien que les pays africains peuvent taxer les produits européens. A quel niveau sont ces montants? Je n'en ai aucune idée mais je vais essayer de me renseigner si tu veux.

Posté
Mouais, des prix artificiellement bas… N'oublie pas que les agriculteurs sont ensuite dédommagés de ces prix "artificiellement bas" par le mécanisme du "prix garanti".

Pas les agriculteurs africains il me semble.

Posté

Au sujet des taxes sur le riz importé au Burkina Faso, je redonne les chiffres de Maurice Oudet (qui, trois fois hélas, ne cite pas ses sources) :

Ainsi le riz importé va entrer au Burkina Faso sans droits de douane. Mais ceux-ci ne s’élèvent qu’à 10 %. Or, le gouvernement le reconnaît lui-même :« Nous avons informé les opérateurs économiques que la fraude s’exprime de plus en plus au Burkina Faso par les sous-déclarations. » Certains estiment que seulement 30 % des marchandises importées sont déclarées. Sur cette base, à supposer que les commerçants importateurs répercutent entièrement ce « cadeau fiscal », la suppression de la taxe douanière sur le riz risque d’avoir un impact très faible sur les prix à la consommation : de l’ordre de 3 %, soit une baisse de 500 F sur un sac de 50 kg vendu à 15 000 F. Or au même moment le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, nous dit que « le riz thaïlandais est passé de 200 000 à 500 000 F CFA la tonne. » Soit une augmentation de 150 % ! (…)

Si nous jetons un coup d’oeil sur les importations de lait en poudre, que pouvons-nous dire ? S’il s’agit des sacs industriels de 25 kg de lait (mais souvent revendus au détail dans des sachets en plastique sans étiquette), ils ne sont taxés qu’à hauteur de 5 % dans tout l’UEMOA ! Ici encore, nous pouvons estimer que 30 % seulement des importations sont déclarées. Pour les importateurs, la suppression de la taxe douanière ne représente donc qu’une économie de 1,5 % ! Elle a peu de chance d’être répercutée au niveau du consommateur.

Source : ABC Burkina (Maurice Oudet)

@Rocou et Domi : Dire que la théorie libérale doit être promue car elle créera le système économique le plus efficace dès que tous les pays joueront le jeu et dès que tous les travailleurs se seront reconvertis dans les productions optimales, me paraît une position indéfendable. En matière de développement, mieux vaut des prix un peu élevés mais plutôt stables que des prix en moyenne bas mais sans aucune garantie de stabilité. Et ceci pour les consommateurs comme pour les producteurs. Sans compter qu'en Afrique, le travail a plus de sens si les interlocuteurs se connaissent et sont amis ou cousins, ce qui n'est pas une caractéristique du marché mondial.

Quel est l'objectif ? Défendre le libéralisme ou défendre ceux qui vivent ?

Une réflexion libérale en Afrique, à mon sens, devrait être tournée vers l'intérieur des pays. Ce peut être, repenser l'avancée de l'État dans la vie intérieure du pays : plutôt que d'avancer tout azimut, réfléchir à quelle devrait être la mission de l'État ? Ça peut aussi être, remettre en question l'administration, les normes, les organismes d'assistance, les contrôles étatiques divers. Mais pour ce faire, il faut d'abord se mettre en situation de comprendre pourquoi et comment l'État africain contemporain avance. Il faut aussi comprendre ce qui le freine. Il faut enfin admettre que dans la pratique, beaucoup de pays africains contemporains sont libéraux. Le problème est que leurs États cherchent aujourd'hui, à défaut d'un autre exemple à suivre, à devenir interventionnistes.

C'est là qu'il y a un vrai combat à mener. Ce combat pourrait s'inscrire dans la recherche africaine d'un chemin original, d'un développement adapté. Malheureusement, bien peu ont la légitimité de mener ce combat, et parmi ceux qui l'ont, en Afrique francophone, beaucoup sont socialistes.

Mais l'intégration du continent africain dans un marché libéral mondial est une idée gravement à côté de la plaque. Si cette intégration produit un jour l'effet escompté – c'est-a-dire un décollage économique en Afrique – alors elle provoquera simultanément une montée en puissance de l'appareil étatique en Afrique. Mécaniquement, par assimilation du système occidental. Et si cette intégration ne produit pas l'effet voulu, comme cela semble être le cas aujourd'hui en Afrique francophone, alors on risque le chaos.

Un Africain n'est pas comme un Occidental. Nous ne sommes pas pareils. La vie en Afrique n'est pas la même que celle en Occident : les valeurs sont différentes, la manière de penser et de s'engager envers autrui est différente. Il y a des décalage dans la notion du bien et du mal, dans la notion de propriété… Or ces différences de fonctionnement des sociétés ne sont pas compatibles avec une intégration sans frontière dans un même système. Si l'on persiste à vouloir tout ouvrir, alors, puisqu'on est les plus forts, on les assimilera peut-être… mais au prix de combien de souffrance ? Et ne serait-ce pas une perte ? Serait-ce même juste ? Serait-ce même « libéral » ? Quel pourrait être le sens du libéralisme, si l'on regardait notre idéologie avec des yeux africains ?

Posté
@Rocou et Domi : Dire que la théorie libérale doit être promue car elle créera le système économique le plus efficace dès que tous les pays joueront le jeu et dès que tous les travailleurs se seront reconvertis dans les productions optimales, me paraît une position indéfendable.

Nul besoin que tous les pays "jouent le jeu" du libéralisme. Les gagnants sont les pays libéraux même encerclés de pays nationaliste et protectionnistes. La liberté produit toujours un gain économique.

En matière de développement, mieux vaut des prix un peu élevés mais plutôt stables que des prix en moyenne bas mais sans aucune garantie de stabilité. Et ceci pour les consommateurs comme pour les producteurs.

Rien de plus faux. Des prix stables, c'est sans doute moins stressant mais c'est avant tout une absence de concurrence. C'est donc mauvais pour le développement.

Sans compter qu'en Afrique, le travail a plus de sens si les interlocuteurs se connaissent et sont amis ou cousins, ce qui n'est pas une caractéristique du marché mondial.

C'est pareil partout. J'exporte moi-même des camions d'occasion en Afrique, la première affaire fut longue et laborieuse mais maintenant tout roule (mis à part les douanes et la législation de plus en plus pointilleuses).

Ce sentiment est sans doute exacerbé au niveau local (petit commerce, marchés, etc.) mais tu extrapoles imprudemment.

Quel est l'objectif ? Défendre le libéralisme ou défendre ceux qui vivent ?

C'est la même chose.

Une réflexion libérale en Afrique, à mon sens, devrait être tournée vers l'intérieur des pays. Ce peut être, repenser l'avancée de l'État dans la vie intérieure du pays : plutôt que d'avancer tout azimut, réfléchir à quelle devrait être la mission de l'État ? Ça peut aussi être, remettre en question l'administration, les normes, les organismes d'assistance, les contrôles étatiques divers. Mais pour ce faire, il faut d'abord se mettre en situation de comprendre pourquoi et comment l'État africain contemporain avance. Il faut aussi comprendre ce qui le freine.

Entièrement d'accord. C'est le point clé.

Il faut enfin admettre que dans la pratique, beaucoup de pays africains contemporains sont libéraux.

Comment peux-tu dire une chose pareille alors que tous les pays africains sont gouvernés par des dictateurs ou des chefs de guerre? Il n'y a que l'Afrique du Sud qui se rapproche des "standards" occidentaux malgré la corruption qui augmente de façon exponentielle.

J'ai le sentiment que tu as une vision étriquée, très locale de l'Afrique: il est vrai que tout individu peu monter son commerce, son entreprise sans être emmerdé par l'administration et sans payer la moindre taxe (ou très peu) mais il faut savoir que ce n'est qu'une tolérance, qu'une application stricte de la législation mènerait au chaos, à la révolte et à la misère. C'est finalement une preuve de plus que la liberté, en plus d'être juste, est efficace économiquement.

Le problème est que leurs États cherchent aujourd'hui, à défaut d'un autre exemple à suivre, à devenir interventionnistes.

Comment ça, le problème? Faudrait savoir, tu demandes plus d'interventionnisme tout en admettant que c'est un problème?

C'est là qu'il y a un vrai combat à mener. Ce combat pourrait s'inscrire dans la recherche africaine d'un chemin original, d'un développement adapté. Malheureusement, bien peu ont la légitimité de mener ce combat, et parmi ceux qui l'ont, en Afrique francophone, beaucoup sont socialistes.

D'où la misère généralisée. Quand les ennemis de la liberté prennent le pouvoir, il ne peut rien sortir de bon.

Un Africain n'est pas comme un Occidental. Nous ne sommes pas pareils. La vie en Afrique n'est pas la même que celle en Occident : les valeurs sont différentes, la manière de penser et de s'engager envers autrui est différente. Il y a des décalage dans la notion du bien et du mal, dans la notion de propriété… Or ces différences de fonctionnement des sociétés ne sont pas compatibles avec une intégration sans frontière dans un même système. Si l'on persiste à vouloir tout ouvrir, alors, puisqu'on est les plus forts, on les assimilera peut-être… mais au prix de combien de souffrance ? Et ne serait-ce pas une perte ? Serait-ce même juste ? Serait-ce même « libéral » ? Quel pourrait être le sens du libéralisme, si l'on regardait notre idéologie avec des yeux africains ?

Fabuleux. Tu nous ressors presque mot pour mot, un discours raciste et nauséabond de Mao. Or on s'aperçoit aujourd'hui, que malgré une culture chinoise fondamentalement différente de la culture occidentale, l'échange et la propriété sont parfaitement appréhendées d'un côté comme de l'autre.

Posté
Le prix du riz a explosé. La réaction des pays concernés (Inde, Thailande, Chine) a été le protectionisme. En Inde par exemple, l'export de riz est maintenant interdit (a part certaines catégories de basmati). De même en Argentine, les taxes sur les exports agricoles ont lourdement augmentées.

L'effet à court terme dans les pays net exportateurs est de diminuer les prix (augmentation local de l'offre) et de les faire monter considérablement dans les pays net importateurs. A moyen-long terme, cela veut dire que les pays importateurs vont devoir concentrer leur production sur la nourriture, ce qu'ils ne font pas bien et vont donc cesser d'exporter des biens et services vers les pays importateurs, qui a leur tour devront produire ces services et diminueront donc la production agricole.

Ce protectionisme va exacerber la crise en diminuant l'offre de nourriture… quand les barrières serront levées, il faudra un rééquilibrage de la production alimentaire qui prendra plus de temps (désinvestissement chez les anciens importateurs, réinvestissement chez les anciens exportateurs)…

Ca risque de chier.

Protectionnisme / contrôle des prix, monté des nationalismes => guerre mondiale.

Mouais, des prix artificiellement bas… N'oublie pas que les agriculteurs sont ensuite dédommagés de ces prix "artificiellement bas" par le mécanisme du "prix garanti". Ensuite, concernant les chiffres, je n'en ai pas sur moi mais les accords de Lomé et de Cotonou prévoient bien que les pays africains peuvent taxer les produits européens. A quel niveau sont ces montants? Je n'en ai aucune idée mais je vais essayer de me renseigner si tu veux.

à ce propos, a-t-on quelque part une analyse libérale de la PAC ?

J'entends parler de contrôles de prix, de quotas et de droits de douane, mais je ne comprends pas les détails de toute cette machine.

Posté
Mais l'intégration du continent africain dans un marché libéral mondial est une idée gravement à côté de la plaque. Si cette intégration produit un jour l'effet escompté – c'est-a-dire un décollage économique en Afrique – alors elle provoquera simultanément une montée en puissance de l'appareil étatique en Afrique. Mécaniquement, par assimilation du système occidental. Et si cette intégration ne produit pas l'effet voulu, comme cela semble être le cas aujourd'hui en Afrique francophone, alors on risque le chaos.

A ce propos qui y a t'il de fondamentalement différent entre l'Afrique noire et le Maghreb ??

Par exemple je connais pas mal la région d'Agadir au Maroc il y a énormément de cultures maraichères sous d'immense serres qui produise pour l'export en Europe … Cette filière est intégrée avec succès dans le marché libéral mondial et rend cette region relativement "riche" … Alors que les conditions sont vraiment pas terribles (sols très pauvres et tres sec -->forages )

Comment ce fait-il que ce type de développements ne se fasse pas en Afrique noir ??

La mentalité africaine, c'est de vivre au dépend d'autrui, soit en exigeant des subsides, soit en s'en foutant plein les poches en tant que fonctionnaire responsable d'un "budget" (le rêve absolu de la jeunesse africaine).

Plusieurs dizaine d'années à vivre dans un pays avec plus de 50% de chomage ça fait beaucoup changer les mentalités … Une solidarité intrafamilliale se met en place celui "qui a reussi" (haut fonctionnaire ou ingénieur par exemple) fait vivre en partie ou totalement sa famille (ascendant, descendant ET belle famille :icon_up: ) bien souvent cette allocation privé finit par avoir d'aussi mauvais effets que le RMI … (j'ai pu le constater par moi meme au Maroc …)

Posté
Au sujet des taxes sur le riz importé au Burkina Faso, je redonne les chiffres de Maurice Oudet (qui, trois fois hélas, ne cite pas ses sources) :

Ce sont les bons chiffres.

à ce propos, a-t-on quelque part une analyse libérale de la PAC ?

J'entends parler de contrôles de prix, de quotas et de droits de douane, mais je ne comprends pas les détails de toute cette machine.

Je ne comprends pas: tu veux une analyse libérale ou une description des caractéristiques de la PAC?

Posté
Ce sont les bons chiffres.

Je ne comprends pas: tu veux une analyse libérale ou une description des caractéristiques de la PAC?

Les mécanismes doivent forcément être très compliqués, dès lors, il faut bien un "filtre".

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...