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Manuels d'économie au pilori


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Les professeurs d’éco sont-ils hostiles à l’entreprise ? Un colloque a sondé le traitement de l’entreprise dans l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée.

L’enseignement des sciences économiques et sociales en France donnerait une image insatisfaisante de l’entreprise. Au contraire, ces accusations attesteraient d’une méconnaissance de la réalité de l’enseignement de la discipline. Ces points de vue ont été échangés lors d’un colloque sur l’enseignement de l’économie au lycée qui s’est tenu au Sénat, lundi. Une table ronde était plus particulièrement consacrée au traitement de l’entreprise dans le programme de sciences économiques et sociales (SES).

Trop de place aux « conflits de classe » et à l’analyse des inégalités, place exorbitante attribuée à l’approche macroéconomique au détriment de l’approche microéconomique, l’entreprise réduite à un agent de la comptabilité nationale, les critiques à l’adresse de l’enseignement des sciences économiques et sociales (SES) gagnent en ampleur d’année en année.

Elles émanent du monde de l’entreprise lui-même, qui reprochent aux enseignants de le méconnaître. Pour y remédier, l’Institut de l’entreprise a par exemple conclu un partenariat avec l’éducation nationale pour fournir aux enseignants des données pédagogiques ou leur proposer des stages « d’immersion ».

Ces critiques visent plus particulièrement les manuels. Ils sont accusés, au gré des collections, de présenter l’entreprise de manière caricaturale et négative. La polémique a pris des proportions telles que le ministère de l’éducation nationale a chargé une commission de les auditer.

Présidée par Robert Guesnerie, professeur au Collège de France, cette commission a commencé sa réflexion début février et doit remettre ses conclusions à la fin mai. Y participent des universitaires, comme Daniel Cohen, des profs de lycée, dont leur représentant, Sylvain David, président de l’Apses, ou encore Michel Pébereau, président du conseil d’administration de la BNP, par ailleurs membre du haut conseil de l’éducation (HCE).

Michel Péberau était invité de ce colloque, ce lundi. « Qu’il n’y ait pas de malentendu : le problème ne vient pas des enseignants mais des livres et de leur contenu », s’est-il expliqué. Selon Michel Pébereau, la faute incombe à l’absence d’objectifs précis donnés à l’enseignement de la discipline. « Trop larges, ce ne sont pas des objectifs mais des buts, qui supposent des connaissances encyclopédiques », a-t-il estimé.

Michel Péberau, lui, voudrait des « programmes aussi opératoires que possible ». « Ce qui suppose de savoir ce que les élèves doivent comprendre : que les gens doivent faire des choix, qu’ils réagissent aux incitations, que les marchés sont en général le moyen d’organiser la société de manière efficace, que l’Etat peut parfois les améliorer », a-t-il énuméré.

Seul véritable contradicteur, Renaud Chartoire, professeur de SES et co-secrétaire de l’Apses, s’est efforcé de préciser la démarche des SES : « leur enseignement poursuit un double objectif : former des individus capables de comprendre les enjeux économiques et sociaux contemporains. Et préparer les élèves à l’enseignement supérieur ». Et « demande-t-on aux professeurs d’histoire géo s’ils sont à mêmes d’enseigner la 1ère guerre mondiale alors qu’ils ne l’ont pas faite », interroge-t-il face aux accusations de ne pas connaître le monde de l’entreprise. :icon_up:

Dans une tribune signée dans Libération¸ Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE, avait ainsi alimenté le débat : « je note deux phénomènes. D’abord, on considère que si les Français se réconciliaient avec l’économie de marché, l’économie irait mieux. C’est un raisonnement très léger. Ensuite, on présente l’enseignement et la recherche comme le moyen privilégié d’augmenter le taux de croissance. La croissance économique devient le but premier et l’éducation l’instrument. Or dans l’histoire, elle a toujours été l’objectif premier. L’amélioration de notre savoir est un objectif valable indépendamment de ses conséquences sur la croissance ».

Hugo Lattard - 21/04/2008 17:39 - L'Expansion.com

C'est pas gagné d'avance…

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Tiens, pour une fois, je serais plutôt d'accord avec Fitoussi. De mon point de vue, le niveau éducatif augmente grâce à la croissance et non pas le contraire. En revanche, j'en tire probablement une conclusion à l'opposé, à savoir qu'il faut cesser de subventionner l'éducation. S'il y a un endroit qui ne se prête pas à l'éducation au sujet de l'entreprise, c'est bien l'enseignement public. Il vaudrait mieux que les enseignants n'en parlent pas du tout plutôt que de les forcer à en parler en bien, une tâche vouée à l'échec de mon point de vue.

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Et « demande-t-on aux professeurs d’histoire géo s’ils sont à mêmes d’enseigner la 1ère guerre mondiale alors qu’ils ne l’ont pas faite »

Blague stupide, me demande même ce qu'elle fait là …

Michel Péberau, lui, voudrait des « programmes aussi opératoires que possible ». « Ce qui suppose de savoir ce que les élèves doivent comprendre : que les gens doivent faire des choix, qu’ils réagissent aux incitations, que les marchés sont en général le moyen d’organiser la société de manière efficace, que l’Etat peut parfois les améliorer », a-t-il énuméré.

Le problème des livres est leur parti pris, tout est simplifié aux maximum et détourné: l'enseignement n'y est donc pas du tout neutre, après je constate par exemple l'absence de Bastiat et de beaucoup d'autres pour illustrer le courant. La conférence vidéo de Serge Schweitzer avec d'autres intervenants sur le sujet de l'EdNat est d'ailleurs très réaliste.

Dans une tribune signée dans Libération¸ Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE, avait ainsi alimenté le débat : « je note deux phénomènes. D’abord, on considère que si les Français se réconciliaient avec l’économie de marché, l’économie irait mieux.

Il n'y a pas de stats récents qui sont sur le forum à propos des Français et de leurs opinion vis à vis de l'économie de marché?

Bref loin de livre neutre et de qualité

Posté
Bref loin de livre neutre et de qualité

Une parole même à propos des manuels d'éco et leur parti pris n'est utile, hélas tellement l'absence de neutralité y est flagrante…

Je me rappelle aussi une note assez marquante du bouquin traitant de la science de Thucydide, lorsqu'on a étudié le IInd Empire:

"Ne pas confondre: Empire Libéral et Empire autoritaire"…

Sans déconner? :icon_up:

Posté
Tiens, pour une fois, je serais plutôt d'accord avec Fitoussi. De mon point de vue, le niveau éducatif augmente grâce à la croissance et non pas le contraire. En revanche, j'en tire probablement une conclusion à l'opposé, à savoir qu'il faut cesser de subventionner l'éducation. S'il y a un endroit qui ne se prête pas à l'éducation au sujet de l'entreprise, c'est bien l'enseignement public. Il vaudrait mieux que les enseignants n'en parlent pas du tout plutôt que de les forcer à en parler en bien, une tâche vouée à l'échec de mon point de vue.

+1, tout pareil.

Posté

Forcer les profs à dire du bien de l'entreprise serait contre-productif, je pense : d'une, parce qu'ils ne savent pas le faire, et de deux parce que les élèves s'en rendraient vite compte.

Enfin, je me demande pourquoi ils ont limité le problème au lycée ; dans l'enseignement supérieur, c'est encore pire. Là où je suis, certains profs d'éco se prennent visiblement pour de nouveaux prolétaires tout en qualifiant Hayek d'ultra-libéral par exemple.

Posté
Forcer les profs à dire du bien de l'entreprise serait contre-productif, je pense : d'une, parce qu'ils ne savent pas le faire, et de deux parce que les élèves s'en rendraient vite compte.

Enfin, je me demande pourquoi ils ont limité le problème au lycée ; dans l'enseignement supérieur, c'est encore pire. Là où je suis, certains profs d'éco se prennent visiblement pour de nouveaux prolétaires tout en qualifiant Hayek d'ultra-libéral par exemple.

Je suis d'accord, on ne peut contraindre les profs a parler de l'effet positif du Marché sur léconomie. UNe telle réforme serait comme celle sur les effets positifs de la colonisation, du moins serait perçue comme telle par nos media et le populo. Mais il est d'autant plus criminel que de les laisser pervertir et manipuler de plus en plus de jeunes personnes…

Situation inextricable ?

Posté
Je suis d'accord, on ne peut contraindre les profs a parler de l'effet positif du Marché sur léconomie. UNe telle réforme serait comme celle sur les effets positifs de la colonisation,

Hum…comparaison guère plus intelligente que celle de la connaissance de l'entreprise et de la première guerre mondiale, non ?

D'autre part, il ne s'agit pas de dire du bien de l'entreprise mais peut-être simplement de dire ce qu'est une entreprise et son rôle dans l'économie. Ce serait déjà très bien.

Posté
<br>Hum…comparaison guère plus intelligente que celle de la connaissance de l'entreprise et de la première guerre mondiale, non ? D'autre part, il ne s'agit pas de dire du bien de l'entreprise mais peut-être simplement de dire ce qu'est une entreprise et son rôle dans l'économie. Ce serait déjà très bien.<br>
<br>Bien sur… Mais dans l'esprit des profs d'éco de lycée, coco trotsko… dans leur grande majorité, ça revient strictement au même. Va donc faire parler à l'un de ces énergumènes qui vénèrent le bolchévisme ce qu'est réellement une entreprise!
Posté
<br>Bien sur… Mais dans l'esprit des profs d'éco de lycée, coco trotsko… dans leur grande majorité, ça revient strictement au même. Va donc faire parler à l'un de ses énergumène qui vénère le bolchévisme ce qu'est réellement une entreprise!

C'est pas un petit peu cliché ? :icon_up:

Posté
Va donc faire parler à l'un de ses énergumène qui vénère le bolchévisme ce qu'est réellement une entreprise!

Concrètement, comment est-ce que tu présenterais "ce qu'est réellement une entreprise" à des lycéens ?

(les énergumènes de qui ?)

Posté
Concrètement, comment est-ce que tu présenterais "ce qu'est réellement une entreprise" à des lycéens ?

(les énergumènes de qui ?)

Une entreprise, c'est un rassemblement d'individus qui décident d'associer leurs compétences pour se spécialiser dans un but précis, produire des biens, services, richesse. Je me souviens de J*****t, Professer de science éco dans mon lycée, me dire que le socialisme c'était beau, que le libéralisme c'était mal. Que les gens n'étaient pas généreux, qu'il fallait donc les forcer à contribuer! Que Keynes était un ultra libéral, et qu'a part dans le structuralisme, l'humanité courrait à sa perte. Il disait que tout devait être nationalisé, qu'ainsi il n'y avait pas de chômage en URSS… Que les vilains occidentaux parasitaient le monde, et que l'Europe était ultralibérale…. c'était ptet un genre qu'il se donnait!

Posté
Blague stupide, me demande même ce qu'elle fait là …

Pourtant, elle est usitée par un certain nombre de personnes, y compris des animateurs du Café Liberté parisien…

Posté
Hum…comparaison guère plus intelligente que celle de la connaissance de l'entreprise et de la première guerre mondiale, non ?

D'autre part, il ne s'agit pas de dire du bien de l'entreprise mais peut-être simplement de dire ce qu'est une entreprise et son rôle dans l'économie. Ce serait déjà très bien.

Je crois que c'est lucillio largo qui proposait qu'on "n'enseigne" surtout pas l'économie à l'école bolchévique mais simplement des choses comptables, pratiques, utiles à la gestion, Qu'est-ce qu'un chiffre d'affaire, notions de comptabilité, de gestion de projet, ratios clef, diagramme de Gantt etc…

Je suis totalement de cet avis.

Michel Péberau était invité de ce colloque, ce lundi. « Qu’il n’y ait pas de malentendu : le problème ne vient pas des enseignants mais des livres et de leur contenu », s’est-il expliqué. Selon Michel Pébereau, la faute incombe à l’absence d’objectifs précis donnés à l’enseignement de la discipline.

Quelle énorme hypocrisie, les prof sont libres (si l'on excepte la pression sociale… bolchévique) de choisir leurs livres les éditeurs produisent donc ce que les profs (c'est à dire les clients achètent et font acheter.

Posté
Je crois que c'est lucillio qui proposait qu'on "n'enseigne" surtout pas l'économie à l'école bolchévique mais simplement des choses comptables, pratiques, utiles à la gestion, Qu'est-ce qu'un chiffre d'affaire, notions de comptabilité, de gestion de projet, ratios clef, diagramme de Gantt etc…

Non, c'est môa ! Mais le barman l'a peut être dit aussi…

Posté

Non, ce n'est pas l'idée. Disons qu'il serait préférable de faire au niveau du lycée des cours sur les fonctionnements de base de l'économie sans passer par les théories : les notions (qu’est-ce que la productivité, la rentabilité, la compétitivité…), les acteurs (qu’est-ce qu’une banque, une entreprise, un « ménage »…), les institutions (qu’est-ce qu’un impôt, une taxe, une cotisation sociale et comment ça se calcule…), les mécanismes (comment fonctionne une bourse, quelles différences entre une action et une obligation, etc.). Il y a déjà bien assez à faire comprendre tout ceci. Présenter les apports théoriques des grands auteurs n’a aucun sens tant qu’on n’a pas un minimum de culture générale sur le fonctionnement de l’économie : ces approches théoriques n’ont rien à faire au lycée, c’est le travail de l’université. Comment peut-on prétendre enseigner des pensées critiques de l’économie alors que les lycéens ne comprennent strictement rien au fonctionnement de ce qui est critiqué ?

Posté

N'y a-t-il pas une tentative d'enseigner ce que tu appelles: notions,acteurs, mécanismes, avant l'enseignement des théories? Je ne me souviens plus du programme. Sinon je suis d'accord avec toi.

Posté

Là je comprends mieux. L'idée est bonne dans la mesure où il ne peut pas y avoir 36 interprétations différentes : on ne peut par exemple pas faire mentir la définition de la productivité. Seulement avec un tel programme, on tient une année, pas trois ans de lycée et de plus les profs diront sûrement qu'il y a les dictionnaires d'économie pour ça.

Posté

Vu le niveau d’inculture crasse des jeunes en la matière, trois années ne seraient pas de trop.

En fait, il ne s'agit pas uniquement de dicter des définitions, mais aussi de les expliquer. A titre d'exemple, il ne suffit pas de dire qu'il existe des impôts proportionnels et progressifs. La plupart des étudiants ne comprennent pas la différence tant que tu n'as pas réalisé un exercice chiffré et traduit cette différence sous forme de courbes.

De plus, il est ridicule de prétendre transmettre des théories à des personnes qui n'ont pas le bagage méthodologique nécessaire pour les appréhender correctement. Comme on ne prend pas la peine d'armer les étudiants d'un point de vue méthodologique, ceux-ci ne disposent pas des moyens permettant de prendre du recul par rapport aux idéologies qu'on leur enseigne. On sait à quoi cela aboutit : à du bourrage de crane. A l'éntrée de l'université, les étudiants sont par exemple capables de te réciter par coeur les conditions de "la concurrence pure et parfaite" ou les définitions de "l'habitus de Bourdieu" ou de la "plus-value marxiste", mais sont incapables de comprendre et d'interpréter seuls un graphique tout con ou un tableau de données.

Enfin, les profs de lycée ne sont pas payés pour faire de hautes envolés théoriques. Si c'est cela qui les intéresse, qu'ils passent un doctorat, fassent de la recherche et viennent enseigner à l'université ou dans une haute école. Qu'ils fassent déjà leur boulot serait très bien : transmettre les connaissances et les méthodes de base qui permettront aux étudiants de réussir leurs études supérieures.

Posté

"transmettre les connaissances et les méthodes de base qui permettront aux étudiants de réussir leurs études supérieures."

C'est ce qu'ils prétendent faire. Certains font reposer la faute sur l'élève.

Posté

Largo n'a pas dit le contraire.

Pour être dans une filière économique et juridique, je constate que bien des élèves ne connaissent pas encore toutes les notions évoquées. J'avais d'ailleurs fait un petit questionnaire où je demandais ce qu'était une action ou encore une obligation ; résultat : seuls quelques élèves ont su répondre correctement à la question. Attention, ça ne veut pas dire que tous les étudiants de France sont dans ce cas, mais je me pose des questions.

Donc, revenir aux fondamentaux au lycée ne serait vraiment pas une mauvaise chose.

Posté

Pour répondre à cela, il faut faire de l'économie au lycée.

Et je pense que c'est le cas un peu partout…les alsaciens ne sont pas si différents des bretons non?

Posté

Est-ce qu'un des rôles de l'économie au lycée ne pourrais pas être d'aider les élèves dans leur orientation ? Par exemple, montrer la diversité des métiers et leurs rôles plutôt que de présenter uniquement des structures juridiques impersonnelles.

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