Solomos Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 J'aime beaucoup l'érudition de Nemo et la perspicacité de Copeau. Mais cette dichotomie est artificielle: 1793 est la suite logique de 1789. Après la lecture de la phrase ci-dessus, je suis assez perplexe. Je ne saisis pas ce qu'un libéral peut reprocher à 1789, mais peut-être que mon regard est biaisé puisque pour moi 1789 évoque avant tout la DDHC. D'où mes deux questions : - La DDHC masque-t-elle ce qu'a vraiment été 1789 ? - La DDHC contient-elle des éléments libéralement non-conformes ? Merci de vos réponses
Rincevent Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 "1789 contient-il des éléments libéralement non-conformes ?" Elle en contient, mais ils étaient minoritaires, jusqu'à ce qu'ils dominent, par la tactique habituelle du salami. Quant à la DDHC, la version 0.8, rédigée par La Fayette, était 100 % libérale. Les "adaptations" subséquentes l'ont éloignée de l'esprit de liberté..
Randian shithead Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 Quant à la DDHC, la version 0.8, rédigée par La Fayette, était 100 % libérale. Les "adaptations" subséquentes l'ont éloignée de l'esprit de liberté.. texte ?
Rincevent Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 texte ? Actes de l'Assemblée, le 09 Juillet 1789. Ou bien il faut demander à Jacques de Guénin, qui a le texte intégral.
G7H+ Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 rédigée par La Fayette, était 100 % libérale. Je ne la trouve pas en ligne Tu as une source stp ?
Randian shithead Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 Je ne la trouve pas en ligne Tu as une source stp ? C'était ce que j'aurais demandé si je ne m'exprimais pas comme un sauvage.
Rincevent Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 Ask Jacques de Guénin. Lui a le texte, et s'est fait une spécialité de le présenter à chaque fois qu'il fait un exposé sur La Fayette.
Rincevent Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 Ceci ? Hmmm, c'était davantage développé.
artemis Posté 22 juillet 2009 Signaler Posté 22 juillet 2009 Ask Jacques de Guénin. Lui a le texte, et s'est fait une spécialité de le présenter à chaque fois qu'il fait un exposé sur La Fayette. +1
Acheté Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 texte ? La voici : La nature a fait les hommes libres et égaux ; les distinctions nécessaires de l'ordre social ne sont fondées que sur l'utilité générale. Tout homme naît avec des droits inaliénables et imprescriptibles ; telles sont la liberté de toutes ses opinions, le soin de son honneur et de sa vie ; le droit de propriété, la disposition entière de sa personne, de son industrie, de toute ses facultés ; la communication de ses pensées par tous les moyens possibles, la recherche du bien-être et la résistance à l'oppression. L'exercice des droits naturels n'a de bornes que celles qui en assurent la jouissance aux autres membres de la société. Nul homme ne peut être soumis qu'à des lois consenties par lui ou ses représentants, antérieurement promulguées et appliquées. Le principe de toute souveraineté réside dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut avoir une autorité qui n'en éname expressément. Tout gouvernement a pour unique but le bien commun.Cet intérêt exige que les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, soient distincts et définis, et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agents et l'impartialité des juges. Les lois doivent être claires, précises, uniformes pour tout les citoyens. Les subsides doivent être librement consentis et prportionnellement répartis. Et comme l'introduction des abus et le droit des générations qui se succèdent nécessitent la révision de tout établissement humain, il doit être possible à la nation d'avoir, dans certains cas, une convocation extraordinairede députés, dont le seul objet soit d'examiner et corriger, s'il est nécessaire, les vices de la constitution.
Silhouette Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Après la lecture de la phrase ci-dessus, je suis assez perplexe. Je ne saisis pas ce qu'un libéral peut reprocher à 1789, mais peut-être que mon regard est biaisé puisque pour moi 1789 évoque avant tout la DDHC. D'où mes deux questions : - La DDHC masque-t-elle ce qu'a vraiment été 1789 ? - La DDHC contient-elle des éléments libéralement non-conformes ? Merci de vos réponses La DDHC est à l'image de 1789 et peut se résumer à ceci : "l'enfer est pavé de bonnes intentions". La DDHC remplace l'arbitraire de principe (et encore) du roi par l'arbitraire de fait de la loi. Un exemple typique est l'article XI sur la liberté d'expression : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi. Autrement dit : "vous pouvez dire ce que vous voulez sauf si la loi ne vous le permet pas" ; je n'appelle pas ça la garantie d'une liberté. Ces braves gens du comité de salut public et leurs toutous de la convention l'ont bien montré quelques temps après en supprimant la liberté de la presse ; pour préserver l'intérêt général, cela va de soi. Pour en revenir à la remarque de Free Jazz : je ne sais pas si 1793 est la suite logique de 1789, mais il est certain que 1789 portait les germes de 1793.
john_ross Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Entre silhouette acheté et sébastien je m'y perds!
Acheté Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Pour en revenir à la remarque de Free Jazz : je ne sais pas si 1793 est la suite logique de 1789, mais il est certain que 1789 portait les germes de 1793. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen contient un très bon article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Acheté Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Entre silhouette acheté et sébastien je m'y perds! La Déclaration que j'ai publié juste au-dessus, c'est le projet proposé par Lafayette le mercredi 11 juillet 1789. Comme l'a dit Rincevent, c'est un projet libéral (pas 100 %, parce que pour moi le libéralisme c'est du tout-ou-rien, donc c'est un projet libéral tout-court). La déclaration 1789 s'apparente un peu plus à une parodie, comme cela a été dit plus haut : il suffit de lire ce qu'on dit au sujet de la liberté d'expression, en gros tu peux dire ce que tu veux, mais si l'État décide d'interdire de dire quelque chose, alors tu n'as plus le droit… Du coup c'est une liberté bridée. Mais comme je l'ai dit dans le paragraphe précédent, la liberté c'est du tout-ou-rien… Quant à la déclaration de 1793, je sais pas trop quoi en penser… J'aime bien son article 35.
mementopratique Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Quant à la déclaration de 1793, je sais pas trop quoi en penser… J'aime bien son article 35. Personnellement, cet article ne me dit rien: à trop parler de peuple on file tout droit vers la tyrannie de la majorité et le déni de l'individu. autre exemple: "Article 101. Nul citoyen n'est dispensé de l'honorable obligation de contribuer aux charges publiques." ……. hum. Et ce n'est qu'un exemple. La déclaration 1789 s'apparente un peu plus à une parodie, comme cela a été dit plus haut : il suffit de lire ce qu'on dit au sujet de la liberté d'expression, en gros tu peux dire ce que tu veux, mais si l'État décide d'interdire de dire quelque chose, alors tu n'as plus le droit… Du coup c'est une liberté bridée. Mais comme je l'ai dit dans le paragraphe précédent, la liberté c'est du tout-ou-rien… Je ne suis pas vraiment d'accord, puisque l'art. 2 devrait limiter l'action de l'Etat: "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sécurité et la résistance à l'oppression." (art 2 DDHC). La limite du constitutionnalisme est propre à la France, pays de loi. edit: cela dit, en droit le particulier l'emporte sur le général. il faudrait que je me penche plus longuement sur ça qd j'aurais 2 min.
Acheté Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 autre exemple: "Article 101. Nul citoyen n'est dispensé de l'honorable obligation de contribuer aux charges publiques." ……. hum. Et ce n'est qu'un exemple. Ce n'est plus dans la déclaration des Droits de l'Homme, mais dans la Constitution de 1793 (précédée des Droits de l'Homme). ils on tous le meme avatar c'est si lol heureux que tu trouves ça drôle…
h16 Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 heureux que tu trouves ça drôle… Il faudrait faire un effort d'originalité, tout de même. C'est un peu comme si tu avais une tête totalement anonyme, finalement. Change de coupe, met une chemise à fleur, laisse toi pousser un bouc, merde
Silhouette Posté 12 août 2009 Signaler Posté 12 août 2009 Entre silhouette acheté et sébastien je m'y perds! Le mien est vivant ! De plus, la loi du premier occupant est en ma faveur.
alex6 Posté 13 août 2009 Signaler Posté 13 août 2009 Après la lecture de la phrase ci-dessus, je suis assez perplexe. Je ne saisis pas ce qu'un libéral peut reprocher à 1789, mais peut-être que mon regard est biaisé puisque pour moi 1789 évoque avant tout la DDHC. D'où mes deux questions : - La DDHC masque-t-elle ce qu'a vraiment été 1789 ? - La DDHC contient-elle des éléments libéralement non-conformes ? Merci de vos réponses Les droits de l'homme ne furent que l'illustration d'un procede qui n'avait pas attendu les revolutionnaires pour se mettre en route. La monarchie constitutionelle etait dans les cartons, le parlement de plus en plus puissant (ce qui a bien change ensuite) Cette declaration n'a ete que le pretexte a imposer un ordre different, base principalement sur une haine de la religion, catholique essentiellement. 1793 fut une consequence logique, pas un accident. Par ailleurs, il me semble que Marx se refere bien a la periode debutant en 1789 et non uniquement a 1793, preuve s'il en fallait du caractere anti-liberal de l'acte revolutionnaire, ne tolerant notamment pas du tout la liberte religieuse se traduisant par le refus adherer a la republique (Vendee, Chouans, sud etc…) Liberte, egalite, fraternite sont des concepts qui ne se sont pas traduits dans les faits, pire encore puisque le concept liberal d'egalite a ete devie pour devenir egalitarisme. Il va de soit qu'ensuite la liberte est passee a la trappe.
Pax In Terris Posté 13 août 2009 Signaler Posté 13 août 2009 La nature a fait les hommes libres et égaux ; les distinctions nécessaires de l'ordre social ne sont fondées que sur l'utilité générale. Personnellement, je trouve que le texte de La Fayette évoque dès le départ un principe qui n'est pas du tout libéral. Le concept d' «utilité générale», également dénomé «utilité commune» ou «utilité publique» ne peut rien être d'autre qu'un concept creux servant à cacher le despotisme. En effet, la seule chose qui soit observable, et qui puisse recevoir la dénomination d'«utilité générale», c'est tout simplement le bon plaisir de l'homme fort du moment. Et si ce concept est mis en avant dès le premier article de chaque version de ces déclarations, c'est bien parce que chacune de ces déclaration promeut avant tout le despotisme.
Bellegarrigue Posté 14 août 2009 Signaler Posté 14 août 2009 Personnellement, je trouve que le texte de La Fayette évoque dès le départ un principe qui n'est pas du tout libéral.Le concept d' «utilité générale», également dénomé «utilité commune» ou «utilité publique» ne peut rien être d'autre qu'un concept creux servant à cacher le despotisme. En effet, la seule chose qui soit observable, et qui puisse recevoir la dénomination d'«utilité générale», c'est tout simplement le bon plaisir de l'homme fort du moment. Et si ce concept est mis en avant dès le premier article de chaque version de ces déclarations, c'est bien parce que chacune de ces déclaration promeut avant tout le despotisme. Je tente une interprétation différente : L'utilité générale dans cette acception ne serait-elle pas plutôt l'idée que les différences entre les individus ne peuvent prendre leur source que dans les conséquences de l'utilité de chacun pour "tous" ou "le plus grand nombre" dirions nous de nos jours (et non dans la naissance ou la volonté du prince) ? (nous dirions aujourd'hui que les différences de fortune sont légitimes lorsqu'elles s'expliquent par les échanges volontaires). "L'utilité générale" ce serait "le marché". Mais j'avoue que ton interprétation colle beaucoup mieux avec toute l'histoire ultérieure.
Silhouette Posté 17 août 2009 Signaler Posté 17 août 2009 Le concept d' «utilité générale», également dénomé «utilité commune» ou «utilité publique» ne peut rien être d'autre qu'un concept creux servant à cacher le despotisme. Le « commun » ou le « public » désigne « tous », ie la masse, contrairement au « général » qui désigne « chacun », ie l'ensemble des individus.
Domi Posté 17 août 2009 Signaler Posté 17 août 2009 Les droits de l'homme ne furent que l'illustration d'un procede qui n'avait pas attendu les revolutionnaires pour se mettre en route. La monarchie constitutionelle etait dans les cartons, le parlement de plus en plus puissant (ce qui a bien change ensuite)Cette declaration n'a ete que le pretexte a imposer un ordre different, base principalement sur une haine de la religion, catholique essentiellement. Je veux bien reconnaître qu'en même temps que les droits de l'homme, la constituante ait imposé des mesures discriminatoires ou vexatoires à l'égard du clergé. C'est autre chose de croire ou d'affirmer que la proclamation des droits de l'homme n'était dans l'esprit de ses rédacteurs qu'une simple étape dans un complot plus large et ne correspondait pas au but qu'elle affichait. Simplement l'hostilité envers le catholicisme coïncidait probablement avec la foi dans les droits de l'homme dans l'esprit des constituants ( même si nous pouvons juger cette attitude contradictoire à bien des égards). Plus largement, je ne pense pas qu'on puisse faire de la révolution une sorte de complot dont les acteurs auraient connu au départ les conséquences et l'aboutissement (surtout quand une bonne partie de ceux qui ont cru pouvoir un temps mener les évènements sont morts par la suite). L'idée de mettre en place une constitution était-elle présente dans l'esprit des représentants du tiers état avant d'être réunis ? De même, jusqu'à la fuite du roi à Varennes, il y avait sans doute très peu de républicains. En ce qui concerne la monarchie constitutionnelle, il est risqué de refaire l'histoire et de suggérer que la survenance prochaine d'événements qui n'ont eu lieu que par la suite était une évidence dans l'esprit des acteurs de l'époque pour en conclure enfin que ceux-ci n'ont provoqué les évolutions correspondantes que dans des buts inavouables. Je doute que sans le combat des représentants du tiers état la réunion des états généraux aurait abouti à l'abolition des privilèges et à la mise en place d'une constitution. Enfin, même si sur le plus long terme, l'évolution lente des pratiques et des mentalités peut sembler inéluctable a posteriori, c'est un regard que l'on peut aisément avoir rétrospectivement mais qui n'est pas celui des hommes qui sont plongés dans les événements. Donc assimiler les décisions libérales de la révolution à de simples prétextes est à mon avis une erreur. Cela n'empêche pas de mettre en avant les contradictions de la révolution qui a rapidement voulu promouvoir une sorte de culte du nouveau régime ( monarchie constitutionnelle puis république), hostile à la religion traditionnelle, en face de la liberté de conscience qu'elle reconnaissait. 1793 fut une conséquence logique, pas un accident. On peut opposer deux arguments à cette affirmation. Le premier est qu'elle néglige des circonstances bien particulières liées à la fragilité du nouveau régime à l'égard des oppositions armées étrangères et des manifestations populaires ( dans Paris principalement). Le péril auquel la république était confrontée peut expliquer une grande partie de l'emballement révolutionnaire. Le second argument est que la troisième république a vécu près de soixante dix ans en se basant à peu près sur la trame idéologique de la première sans produire un nouveau 1793 ( ce qui n'empêche pas de contester certaines de ses orientations, notamment à l'égard de l'Eglise catholique). Il est vrai qu'existe une vraie contradiction dans l'idéologie républicaine entre l'importance reconnue à la liberté de conscience, d'opinion ou d'expression et l'idéal d'une communauté de citoyens réunis autour de l'idée républicaine. A l'évidence, si on laisse les gens penser comme ils le souhaitent, ils ne pourront jamais être réunis autour d'une idée ou d'un principe unique. On retrouve le même problème lorsqu'il s'agit aujourd'hui de dénoncer le "communautarisme". Dans un pays où des immigrés se sont installés en nombre l'éradication du phénomène nécessiterait rien moins qu'une politique totalitaire. Alors la république fait dans la demi-mesure : elle impose la même école pour tous, elle impose des quotas de logements sociaux pour mélanger les populations mais elle ne pousse pas cette logique d'unification jusqu'au point où celle-ci constituerait une altération trop évidente des libertés et le communautarisme n'est sans doute pas moins fort en France que dans les pays qui acceptent sa réalité. Dans quelle mesure les libéraux pourraient-ils mettre en avant cette inconséquence pour réduire l'importance des fondements illibéraux de l'idéologie républicaine ? Il existe aussi un risque de pousser les fanatiques jusqu'au bout de leurs logique. Peut-être les républicains ne sont-ils pas parvenus à comprendre que l'on puisse reconnaître des droits égaux à chacun sans vouloir se mêler à tous de manière indifférenciée ? Par ailleurs, il me semble que Marx se refere bien a la periode debutant en 1789 et non uniquement a 1793, preuve s'il en fallait du caractere anti-liberal de l'acte revolutionnaire, ne tolerant notamment pas du tout la liberte religieuse se traduisant par le refus adherer a la republique (Vendee, Chouans, sud etc…) La révolte vendéenne vient à un moment où les événements avaient singulièrement durci les révolutionnaires. De plus, au moment où elle arrivait elle risquait d'autant plus d'être assimilée à une agression contre la république au même titre que celle venant des armées étrangères au lieu d'être reconnue comme l'application du droit d'un peuple à disposer de lui-même. Mais là, je pinaille : même si je crois utile de mettre en avant ces circonstances, je dois bien reconnaître que si la révolte s'était produite plus tôt elle aurait sans doute été réprimée par les révolutionnaires ( avec le même caractère génocidaire ?). Liberte, egalite, fraternite sont des concepts qui ne se sont pas traduits dans les faits, pire encore puisque le concept liberal d'egalite a ete devie pour devenir egalitarisme. Il va de soit qu'ensuite la liberte est passee a la trappe. Entièrement d'accord avec toi. Quelles que soient nos divergences de vue concernant l'esprit de départ des révolutionnaires, je ne peux m'opposer à toi sur la nature illibérale des événements qui ont suivi.
Hidalgo Posté 17 août 2009 Signaler Posté 17 août 2009 Comment peut-on faire coexister, à quelques lignes près, le droit naturel et la souveraineté de la nation?
Rincevent Posté 17 août 2009 Signaler Posté 17 août 2009 Merci à Domi d'avoir pondu le post dont je n'ai pas eu le courage de me fendre. Pour plus de détails et une argumentation somme toutes assez convaincante, se reporter au dernier Némo, Les Deux Républiques Françaises, qui se trouve avoir reçu le prix liberaux.org 2009. Une précision : Simplement l'hostilité envers le catholicisme coïncidait probablement avec la foi dans les droits de l'homme dans l'esprit des constituants ( même si nous pouvons juger cette attitude contradictoire à bien des égards). Il y a historiquement deux attitudes anti-catholiques. La première, l'attitude laïque, ou anticatholique rationnelle, consiste à remettre à sa place une Eglise qui, à l'époque dont nous parlons, en sortait très largement. Le seconde, laïcarde, anticatholique fanatique, compte détruire une religion considérée comme arriérée. Comment peut-on faire coexister, à quelques lignes près, le droit naturel et la souveraineté de la nation? Ca dépend de l'étendue de la souveraineté.
free jazz Posté 17 août 2009 Signaler Posté 17 août 2009 Je veux bien reconnaître qu'en même temps que les droits de l'homme, la constituante ait imposé des mesures discriminatoires ou vexatoires à l'égard du clergé. C'est autre chose de croire ou d'affirmer que la proclamation des droits de l'homme n'était dans l'esprit de ses rédacteurs qu'une simple étape dans un complot plus large et ne correspondait pas au but qu'elle affichait. Simplement l'hostilité envers le catholicisme coïncidait probablement avec la foi dans les droits de l'homme dans l'esprit des constituants ( même si nous pouvons juger cette attitude contradictoire à bien des égards.Plus largement, je ne pense pas qu'on puisse faire de la révolution une sorte de complot dont les acteurs auraient connu au départ les conséquences et l'aboutissement (surtout quand une bonne partie de ceux qui ont cru pouvoir un temps mener les évènements sont morts par la suite). Tu caricatures. Mon argument de départ ne faisait nullement appel à la notion de complot, ni même d'intentionnalité, mais à celle de processus révolutionnaire, résumée par l'expression "suite logique", dans le sens où séparer arbitrairement les événements de 1789 et la Terreur, isoler un moment libéral de la révolution qui serait perverti par une mauvaise volonté jacobine, correspond précisément à une vision complotiste qui ne tient pas la route; mais dont la fonction est surtout de constituer un programme de défense immunitaire afin de protéger l'idéologie des Lumières et en vue de masquer le fait qu'elle fut la matrice des totalitarismes modernes. Ergo, la thèse de Nemo qui tente désespérément de distinguer une dichotomie entre les deux Républiques fondatrices, l'une libérale - correspondant à une sorte d'âge d'or révolutionnaire -, et l'autre jacobine - correspondant à une corruption socialiste des " bonnes décisions initiales " - , séparation qui serait le théâtre d'une lutte dialectique conduisant à un Janus Bifrons manichéen comme clef d'explication de la politique moderne, relève tout simplement de la mythologie. Rasoir d'Occam : cette dérive autoritaire était contenue en puissance dans la première phase, elle en est l'aboutissement constructiviste, puisque celle-ci supposait une tabula rasa. Plus vraissemblablement, Nemo est déchiré entre son catholicisme et son libéralisme, et veut tenter de trouver une sorte de cohérence artificielle qui lui permette de dédouaner le libéralisme de ses tares, en feignant d'ignorer que par son caractère utopique, son rationalisme législateur et sa passion de l'égalité au service de l'instinct démocratique, il a engendré le socialisme et la terreur. Au demeurant, ce type de défense idéologique (apparemment infalsifiable) ressemble furieusement à celui des communistes sur la corruption stalinienne de la révolution bolchévique détruisant les bonnes intentions du programme initial, qui n'aurait pas été appliqué etc. On peut opposer deux arguments à cette affirmation. Le premier est qu'elle néglige des circonstances bien particulières liées à la fragilité du nouveau régime à l'égard des oppositions armées étrangères et des manifestations populaires ( dans Paris principalement). Le péril auquel la république était confrontée peut expliquer une grande partie de l'emballement révolutionnaire. Le second argument est que la troisième république a vécu près de soixante dix ans en se basant à peu près sur la trame idéologique de la première sans produire un nouveau 1793 ( ce qui n'empêche pas de contester certaines de ses orientations, notamment à l'égard de l'Eglise catholique). Il est vrai qu'existe une vraie contradiction dans l'idéologie républicaine entre l'importance reconnue à la liberté de conscience, d'opinion ou d'expression et l'idéal d'une communauté de citoyens réunis autour de l'idée républicaine. A l'évidence, si on laisse les gens penser comme ils le souhaitent, ils ne pourront jamais être réunis autour d'une idée ou d'un principe unique. On retrouve le même problème lorsqu'il s'agit aujourd'hui de dénoncer le "communautarisme". Dans un pays où des immigrés se sont installés en nombre l'éradication du phénomène nécessiterait rien moins qu'une politique totalitaire. Alors la république fait dans la demi-mesure : elle impose la même école pour tous, elle impose des quotas de logements sociaux pour mélanger les populations mais elle ne pousse pas cette logique d'unification jusqu'au point où celle-ci constituerait une altération trop évidente des libertés et le communautarisme n'est sans doute pas moins fort en France que dans les pays qui acceptent sa réalité. Le fait que tu personnifies la République en t'y référant comme un sujet collectif dénote une orientation flatteuse qui n'est pas neutre.
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