Aller au contenu

1789


Messages recommandés

Posté
Tu caricatures. Mon argument de départ ne faisait nullement appel à la notion de complot, ni même d'intentionnalité, mais à celle de processus révolutionnaire, résumée par l'expression "suite logique", dans le sens où séparer arbitrairement les événements de 1789 et la Terreur, isoler un moment libéral de la révolution qui serait perverti par une mauvaise volonté jacobine, correspond précisément à une vision complotiste qui ne tient pas la route;

Il est difficile de te répondre puisque tu reprends pour toi les arguments d'Alex6 (alors que tu n'as pas participé à ce fil).

Je tiens à réaffirmer la distinction que tu viens de proposer. L'objectif initial de mon intervention était bien de répondre à Alex6 sur la question d'un projet initial des révolutionnaires qui auraient masqué leurs objectifs. Or, il y a un certain nombre d'ambigüité dans le discours d'Alex6 ( et non le tiens) qui laissent penser que c'était bien son idée. Donc, a priori, pas de caricature de ma part.

A ce sujet, je réaffirme que dans les premiers temps de la révolution, ses acteurs n'avaient pas l'intention, pour la plupart d'entre eux, de renverser la monarchie ni de persécuter l'église catholique ( même s'il y avait une hostilité de part et d'autres).

Il est plus difficile de répondre de manière aussi tranchée à la question du lien existant entre les deux phases de la révolution. Malgré tout, je soutiendrai une thèse opposée à ton argumentaire. Je n’utilise le mot phase que pour relever une simple séparation chronologique et non pour affirmer a priori ce qu’il s’agirait de démontrer : que les deux périodes relèvent d’une essence spécifique.

Pour commencer, je voudrais mettre en évidence certains aspects de ma manière d’aborder la question nécessaires à la compréhension mutuelle. J’en profiterai pour montrer que l’association qui est souvent faite par les conservateurs ou les réactionnaires entre lumières et totalitarisme sur la base de l’expérience historique s’appuie sur un mauvais raisonnement.

Tout d’abord, je ne chercherai pas à nier cette évidence : il n’y aurait pas eu 1793 s’il n’y avait eu 1789. En ce sens 1789 est une condition nécessaire à 1793 mais ce n’est pas comme cela que se pose la question du lien logique 1789-1793 dans ton discours et dans celui des conservateurs qui lui reprochent 1793. Affirmer l’existence de ce lien revient en fait à dire que 1789 était la condition suffisante de 1793, que 1789 ne pouvait exister sans que se produise 1793.

Il existe un vrai risque de confusion entre les deux notions. Il consisterait à adopter le raisonnement erroné qui suit : « 1793 ne peut être séparé de 1789 sans lequel il n’aurait pas eu lieu. Il y a donc un lien logique entre les deux et 1789 devait en conséquence nécessairement déboucher sur 1793 ».

En quelque sorte 1789 contenait 1793, mais en tant que simple potentialité, comme un risque, et non pas comme une conséquence certaine ou quasi certaine.

Ensuite, il est nécessaire de préciser la période de temps à laquelle on se réfère pour affirmer que l’usage de la violence procède naturellement d’un courant philosophique donné.

Dans une certaine mesure le catholicisme présentait lui aussi le risque d’être accompagné d’intolérance religieuse ou de persécutions mais cela ne lui interdit pas de prendre des formes plus pacifiques et tolérantes. C’est seulement à l’échelle d’une longue période de temps rendant possible la multiplication des expériences que, compte tenu de l’intensité du risque de dérive qu’il présente initialement, la violence du catholicisme est inéluctable. Il n’est pas pour autant légitime d’assimiler catholicisme et inquisition ou Saint-Barthelemy parce qu’il n’existe pas de démonstration qu’il devait produire systématiquement des événements ou institutions analogues.

Ce qui vient d’être dit du catholicisme et de l’inquisition pourrait l’être des lumières et du totalitarisme. Les idées des lumières peuvent présenter des risques de dérives totalitaires mais ce n’en est en aucun cas la conclusion immanquable ou systématique.

Tout cela pour répondre par avance à l'argument "puisque l'on ne peut séparer l'avènement du totalitarisme de la modernité, c'est que celle-ci l'a produite" qui à mon sens est à la base du raisonnement de certains conservateurs.

La révolution, compte tenu de son caractère bref, ne présente pas le même risque de confusion entre ce qui est inéluctable en cas de multiplication des expériences historiques et ce qui accompagne nécessairement chaque expérience.

Aussi, j’en reviens à notre sujet.

Ma thèse est que les défauts de 1789 engendraient un faible risque de dérive terroriste mais ne la rendaient en rien inéluctable.

Le mythe d’une population unie autour des valeurs révolutionnaires était au sein de cette idéologie l’élément qui à mon sens présentait le plus fort risque d’évolution violente. C’est d’ailleurs en ce sens que je distinguerai la première partie de la révolution du libéralisme classique qui, dans la conception que j’en ai, s’accommode bien mieux des opinions hostiles ou indifférentes.

Cela ne nous permet pas de conclure cependant que 1793 aurait pu se produire indépendamment des circonstances précises de la révolution. En effet, la menace d’une invasion extérieure et la perspective du renversement du nouveau régime ont sans doute été des éléments déterminants.

Ce seul élément interdit de conclure comme tu le fais et ordonnerait plutôt de ne pas se prononcer dans un sens ou dans l’autre.

En revanche, l’absence de 1793 dans la toute la durée de la troisième république permet de trancher, définitivement et en défaveur de ton analyse.

En guise de conclusion, l’orientation philosophique des premiers temps révolutionnaires était porteuse de défauts qui rendaient possible et non inéluctable une évolution violente des événements. D’autres circonstances étaient nécessaires pour que celle-ci se produise et notamment la menace d’une disparition violente des institutions qui avait été mises en place durant la révolution.

mais dont la fonction est surtout de constituer un programme de défense immunitaire afin de protéger l'idéologie des Lumières et en vue de masquer le fait qu'elle fut la matrice des totalitarismes modernes. Ergo, la thèse de Nemo qui tente désespérément de distinguer une dichotomie entre les deux Républiques fondatrices, l'une libérale - correspondant à une sorte d'âge d'or révolutionnaire -, et l'autre jacobine - correspondant à une corruption socialiste des " bonnes décisions initiales " - , séparation qui serait le théâtre d'une lutte dialectique conduisant à un Janus Bifrons manichéen comme clef d'explication de la politique moderne, relève tout simplement de la mythologie. Rasoir d'Occam : cette dérive autoritaire était contenue en puissance dans la première phase, elle en est l'aboutissement constructiviste, puisque celle-ci supposait une tabula rasa. Plus vraissemblablement, Nemo est déchiré entre son catholicisme et son libéralisme, et veut tenter de trouver une sorte de cohérence artificielle qui lui permette de dédouaner le libéralisme de ses tares, en feignant d'ignorer que par son caractère utopique, son rationalisme législateur et sa passion de l'égalité au service de l'instinct démocratique, il a engendré le socialisme et la terreur.

J'ai laissé ce passage pour répondre plus spécifiquement à tes arguments que je ne l'avais fait avant. Auparavant, je te répondais seulement en ce que tu mettais le doigt sur le succession des événements. Ici, je te répondrai sur ton analyse du contenu des idées et des pratiques pour les rapprocher.

Avant de développer davantage, je relève deux éléments : ta critique peut très bien s'accommoder de l'idée que les lumières ne sont pas totalitaires par essence mais engendrent le risque de dérives totalitaires. Ensuite, pour mieux réaffirmer qu'il ne s'agit que d'un risque et non d'un lien nécessaire au cas où tu serai tenté d'adopter cette position mon argument précédent ( l'expérience républicaine ne se limite pas à la première république) reste valable.

Ta mise en cause d'une certaine forme de rationalisme et de constructivisme, de l'idée d'une table rase vise juste mais elle présente le risque d'étendre à l'excès la critique.

N'importe quel système de pensée capable d'introduire une distance entre ce qui est et ce qui devait être, qui ne se limite pas à justifier ce qui existe, présente le risque d'une telle dérive (constructiviste, tabula rasa etc). Est-ce que l'on devrait pour autant s'en remettre à un traditionalisme stérile de crainte de tels bouleversements ? Non, parce que le risque n'est pas inéluctable ( on peut associer la réforme et la prudence en ayant conscience que n'importe quelle idée mise en oeuvre sans discernement aboutira à un résultat contraire à celui que l'on avait souhaité) Non parce que les défauts de l'ordre politique à modifier sont peut-être tout aussi grands que ceux que l'on prétend éviter en ne tentant rien. Il existe bien sûr un constructivisme ou un rationalisme étroit qui ne procède pas de ces saines précautions mais il n'est pas toute les lumières, ni tout le rationalisme. Les lumières c'est bien sûr Rousseau, mais aussi Voltaire et Montesquieu qui tenaient bien plus compte de l'ordre social existant.

Aussi, je me demande si les idées révolutionnaires n'étaient pas, autant que de leur contenu même dont on peut critiquer certaines parties comme je l'ai fait, victime de la rupture qu'elles représentaient par rapport à ce qui précédait, rupture dont il ne peut que résulter des excès d'enthousiasme poussé jusqu'au fanatisme et des oppositions vivaces, le tout aboutissant à la terreur.

En ce sens, il serait peut-être juste de dire que 1789 devait produire 1793, non en raison de son contenu idéologique mais de la rupture entre ce contenu et celui de l'ancien régime. Une révolte contre l'esclavage risque fort d'aboutir à des débordements mais cela n'invalide pas l'idée de liberté pour les esclaves.

Je suis d'accord avec toi lorsque tu affirmes que l'on ne peut dissocier les jacobins de la première phase de la révolution dont ils sont le produit mais ne le sont-ils pas davantage de la vitesse des bouleversements que des idées des lumières ?

Posté

Je vais éviter le mur de texte, de peur que free_jazz ne m'y adosse pour me fusiller. Faisons simple : pour moi, le passage de 1789 à 1793 s'est fait par la tactique du salami, pratiquée par l'extrême-gauche depuis qu'elle existe. Ce qui vient confirmer Burke : il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe.

Posté

On pourrait aussi soutenir que 1793 trouve sa source dans l'absolutisme monarchique qui a précédé la révolution. Si les rois n'avaient pas mis la France à genoux, le besoin de tabula rasa ne se serait peut-être pas autant fait sentir.

Posté
On pourrait aussi soutenir que 1793 trouve sa source dans l'absolutisme monarchique qui a précédé la révolution.

L'absolutisme s'était nettement affaibli depuis la mort de Louis XIV.

Si les rois n'avaient pas mis la France à genoux, le besoin de tabula rasa ne se serait peut-être pas autant fait sentir.

Ca me convainc davantage. Les pics de dette ont toujours donné envie de tabula rasa, qu'elle soit classiquement brutale ou bien plus douce, par l'inflation.

Posté
Les pics de dette ont toujours donné envie de tabula rasa, qu'elle soit classiquement brutale ou bien plus douce, par l'inflation.

C’est le post le plus flippant que j’ai jamais lu sur lib.org…

Posté

La Révolution française est un champ de bataille pour idéologues visant à prouver une chose ou bien son contraire. Comme tant d'autres sujets qui reviennent en boucle.

La phrase de Burke citée par Rincevent en revanche elle m'interpelle, elle est tellement vraie …

Ca me convainc davantage. Les pics de dette ont toujours donné envie de tabula rasa, qu'elle soit classiquement brutale ou bien plus douce, par l'inflation.

La dette, la dette … un petit changement de régime et on efface tout :icon_up:

Posté
C’est le post le plus flippant que j’ai jamais lu sur lib.org…

Et pourtant… Quand Reagan comparait le gouvernement à un bébé, "un tube digestif avec un gros appétit à une extrémité et aucun sens des responsabilités à l'autre", il avait tout à fait raison. Ce sens des responsabilités s'étend aussi à la dette. Ce qui rejoint d'ailleurs la théorie quasi-sérieuse des dépenses étatiques émise par Milton Friedman (et évoquée par Gene Epstein) : l'Etat dépense comme un ado, peu importe ses vrais besoins, du moment qu'il arrive à avoir le fric.

Posté
L'absolutisme s'était nettement affaibli depuis la mort de Louis XIV.

Ca me convainc davantage. Les pics de dette ont toujours donné envie de tabula rasa, qu'elle soit classiquement brutale ou bien plus douce, par l'inflation.

J'ai employé le conditionnel sciemment. Je voulais insister sur le fait qu'il est forcément arbitraire de déterminer la cause d'un évènements avec une date précise, ou pire encore, une idéologie…

Je préfère pour ma part rechercher les bonnes vieilles causes matérielles et triviales pour élaborer des explications…

Les finances publiques affamants les peuples, la centralisation absolutiste éloignant les nobles de leurs terres, tout ça me parait plus déterminant pour nourrir un solide ressentiment.

  • 4 weeks later...
Posté

Merci, je ne connaissais pas pas cette motion de Lafayette.

Tout gouvernement a pour unique but le bien commun.

Quelle horreur ! :doigt:

Pour le moment je n'ai rien trouvé de mieux que 1776:

[…]We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness. — That to secure these rights, Governments are instituted among Men, deriving their just powers from the consent of the governed — That whenever any Form of Government becomes destructive of these ends, it is the Right of the People to alter or to abolish it, and to institute new Government[…]
(Declaration of Independence - july 4, 1776)

Ahhhhh :icon_up:

Un "gouvernement" qui aurait pour unique but de protéger ma liberté… Voilà quelque chose d'intéressant !

Posté
Je vais éviter le mur de texte, de peur que free_jazz ne m'y adosse pour me fusiller. Faisons simple : pour moi, le passage de 1789 à 1793 s'est fait par la tactique du salami, pratiquée par l'extrême-gauche depuis qu'elle existe. Ce qui vient confirmer Burke : il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe.

En ce qui concerne Burke, il inaugure justement l'historiographie pessimiste de la Révolution. Rappelons qu'il s'est opposé dès le départ à l'idéologie des Lumières en tant qu'idéalisme, contre l'utopie universaliste et contre le système abstrait des droits de l'Homme. Il prédit ainsi dès 1790 dans "Reflexions on the Revolution in France" que le rationalisme législateur des révolutionnaires doit nécessairement conduire à une dérive dictatoriale. L'esprit du géomètre est la présomption fatale de l'homme du XVIII è confit d'optimisme, et la tabula rasa comme méthode brutale en est la conséquence. Elle détruira les corps intermédiaires traditionnels qui limitaient le pouvoir. Les Lumières européennes et le mouvement démocratique ne peuvent que produire une pépinière de despotes. L'instabilité et le désordre général qui suivent la Révolution inclineront l'armée à jouer un rôle dans les querelles politiques. Burke annonce qu'un "général populaire, capable de se faire aimer et obéir de ses soldats, pourrait se rendre rapidement maître de votre assemblée, maître de votre République tout entière".

Pour Burke, la Révolution française doit nécessairement s'achever par un désastre, parce qu'elle repose sur des notions abstraites, certes fondées rationnellement, mais qui ignoraient la complexité de la nature humaine et de la société. Il envisage la politique d'un point de vue pragmatique, et méprise l'idée de certains philosophes des Lumières, comme le marquis de Condorcet, selon laquelle la politique pourrait être réduite à un système rigoureux, semblable aux mathématiques, dans lequel on pourrait raisonner de manière déductive.

Burke insiste sur le fait qu'une doctrine politique fondée sur des notions abstraites comme la liberté ou les droits de l'homme peut être facilement utilisée par ceux qui détiennent le pouvoir pour justifier des mesures tyranniques. Il plaide au contraire pour l'inscription dans une constitution de droits et de libertés spécifiques et concrets, permettant de faire barrage à l'oppression gouvernementale.

Pour Burke, les individus sont surtout déterminés par des sentiments innés, et sont fermement attachés à leurs préjugés ; les capacités de raisonnement de l'individu étant limitées, et il est donc préférable de s'en rapporter « au fonds universel des nations et des époques » — c’est-à-dire les préjugés. Il défend les préjugés en raison de leur utilité ; ils permettent de déterminer rapidement la conduite à tenir dans les situations critiques. Chez l'homme, les préjugés « font de la vertu une habitude».

Nous ne sommes pas les adeptes de Rousseau, ni les disciples de Voltaire; Helvétius n'a pas fait fortune parmi nous; des athées ne sont pas nos prédicateurs, ni des fous nos législateurs. Nous savons que nous n'avons pas fait de découvertes; et nous croyons qu'il n'y a pas de découvertes à faire en moralité; ni beaucoup dans les grands principes de gouvernement, ni dans les idées sur la liberté qui, longtemps avant que nous fussions au monde, étaient aussi bien connus qu'ils le seront lorsque la terre aura élevé son moule sur notre présomption et que la tombe silencieuse aura appesanti sa loi sur notre babil inconsidéré. En Angleterre, nous n'avons pas encore été dépouillés de nos entrailles naturelles; nous sentons encore au-dedans de nous, nous chérissons et nous cultivons ces sentiments innés, qui sont les gardiens fidèles, les surveillants actifs de nos devoirs, et les vrais soutiens de toute morale noble et virile. Nous n'avons pas encore été vidés et recousus, pour être remplis, comme les oiseaux d'un musée, avec de la paille et des chiffons, et avec de méchantes et sales hachures de papiers sur les droits de l'homme. Nous conservons la totalité de nos sentiments dans leur pureté native et en entier; ils ne sont sophistiqués ni par le pédantisme, ni par l'infidélité. Nous avons de véritables cœurs de chair et de sang qui battent dans nos seins; nous craignons Dieu; nous élevons avec crainte nos regards vers les rois, avec affection vers les parlements, avec déférence vers les magistrats, avec révérence vers les prêtres; et avec respect vers la noblesse. Pourquoi ? Parce que quand de telles idées sont présentées à nos yeux, il est naturel d'être ainsi affecté; parce que tous les autres sentiments son faux et factices, parce qu'ils tendent à corrompre nos esprits, à vicier les bases de notre morale, pour nous rendre incapables de jouir d'une liberté éclairée; et en nous donnant des leçons d'une insolence servile, licencieuse et dissolue, pour faire le vil amusement de quelques jours de fête, de nous façonner parfaitement pour l'esclavage, et de nous en rendre justement et à jamais dignes.

Vous voyez, monsieur, que dans ce siècle de Lumières, je suis assez courageux pour avouer que nous sommes généralement les hommes de la nature; qu'au lieu de secouer tous les vieux préjugés, nous les aimons au contraire beaucoup; et pour nous attirer encore plus de honte, je vous dirai que nous les aimons, parce qu'ils sont des préjugés; que plus ils ont régné, que plus leur influence a été générale, plus nous les aimons encore. Nous avons peur d'exposer les hommes à ne vivre et à ne commercer qu'avec le fond particulier de raison qui appartient à chacun; parce que nous soupçonnons que ce capital est faible dans chaque individu et qu'ils feraient beaucoup mieux tous ensemble de tirer avantage de la banque générale et des fonds publics des nations et des siècles.

http://www.constitution.org/eb/rev_fran.htm

Posté

De ce point de vue, Hayek reprend la critique de Burke sur l'orgueil scientiste des idéaux révolutionnaires en montrant qu'elle correspond à l'apparition du modèle de l'ingénieur politique :

Condorcet devint lui-même une victime de la Révolution française. Mais son oeuvre guida en grande partie cette même Révolution, particulièrement pour ses réformes de l'éducation. Et ce ne fut qu'en raison de celles-ci que la grande organisation centralisée de la science survint vers le début du nouveau siècle, organisation qui créa l'une des plus glorieuses périodes de progrès scientifique, qui non seulement devint le berceau du scientisme qui nous intéresse, mais qui fut en grande partie responsable du relatif déclin de la science française au cours du dix-neuvième siècle, partant d'une indubitable première place mondiale pour se retrouver derrière l'Allemagne ainsi que derrière d'autres nations. Comme cela se produit souvent avec des mouvements similaires, ce n'est qu'avec la deuxième ou la troisième génération que les sottises sont commises par les élèves des grands hommes, qui exagèrent les idées de leurs maîtres et les appliquent de travers au-delà de leurs limites.

Les conséquences directes de la Révolution nous intéressent à trois égards. En premier lieu, l'effondrement même des institutions existantes appelait l'application immédiate de toute la connaissance apparaissant comme une manifestation concrète de cette raison qui était la déesse de la Révolution. Comme l'a dit l'un de ces nouveaux journaux scientifiques qui surgissaient à la fin de la Terreur : "La Révolution a tout rasé. Gouvernement, morale, habitudes, tout doit être reconstruit. Quel site magnifique pour les architectes ! Quelle grande occasion de faire usage de toutes les belles et excellentes idées qui sont restée à l'état de spéculation, d'employer tant de matériaux nouveaux qui ne pouvaient pas être utilisés auparavant, de rejeter tant d'autres qui ont été des obstacles pendant des siècles et que nous avons été forcés d'utiliser." [15]

La deuxième conséquence de la Révolution que nous devons brièvement prendre en compte est la destruction complète de l'ancien système d'éducation, remplacé par un nouveau qui a eu des effets profonds sur la conception et les idées générales de toute la génération suivante. La troisième est plus particulièrement la création de l'École polytechnique.

La Révolution a balayé l'ancien système de collèges et d'universités, largement basé sur l'éducation classique. Puis, après quelques expériences éphémères, elle les a remplacé en 1795 par les nouvelles écoles centrales, qui devinrent les seuls centres d'éducation secondaires. [16] En conformité avec l'esprit au pouvoir et par réaction violente contre les anciennes écoles, l'enseignement de ces nouvelles institutions resta pendant quelques années confiné presque exclusivement aux domaines scientifiques. Non seulement les langues anciennes étaient réduites au minimum et en pratique presque totalement abandonnées, mais même l'enseignement de la littérature, de la grammaire et de l'Histoire étaient très inférieurs. L'enseignement religieux et moral était évidemment totalement absent. [17] Bien que, quelques années plus tard, une nouvelle réforme s'efforça de pallier les plus graves déficiences, [18] l'arrêt de l'enseignement dans ces domaines, et ce pendant plusieurs années, fut suffisant pour changer toute l'atmosphère intellectuelle. Saint-Simon a décrit ce changement en 1812 ou 1813 : "Une telle différence entre la situation […] d'il y a trente ans et celle d'aujourd'hui est telle qu'alors qu'à cette époque encore peu éloignée, si l'on voulait savoir si une personne avait reçu une éducation distinguée, on demandait : ‘Connaît-il bien ses auteurs grecs et latins ?', on demande de nos jours : ‘Est-il bon en mathématiques ? Est-il familier des réalisations de la physique, de la chimie ou de l'histoire naturelle, bref, des sciences positives et de celles de l'observation ? " [19]

Ainsi grandit une génération complète pour qui le grandiose magasin de la sagesse sociale, la seule forme en fait par laquelle on puisse transmettre une compréhension des progrès sociaux obtenus par les grands esprits, la grande littérature de tous les temps, restait un livre fermé. Pour la première fois de l'Histoire, un nouveau type apparut qui, comme produit de la Realschule allemande et d'institutions analogues, allait devenir tellement important et influent au cours des dix-neuvième et vingtième siècles : le spécialiste technique, considéré comme instruit parce qu'il est passé par des écoles difficiles, mais qui n'a que peu de connaissances, voire aucune, en ce qui concerne la société, sa vie, sa croissance, ses problèmes et ses valeurs, que seul peut donner l'étude de l'Histoire, de la littérature et des langues.

Ce n'est pas seulement pour l'éducation secondaire mais bien plus encore pour l'éducation supérieure que la Convention révolutionnaire créa un nouveau type d'institution, qui allait rester de manière permanente et devenir un modèle imité par le monde entier : l'École polytechnique. Les guerres de la Révolution et l'aide que certains scientifiques avaient pu apporter pour la production de biens essentiels [20] avait conduit à une nouvelle appréciation du besoin d'ingénieurs qualifiés, en premier lieu pour des buts militaires. Mais le développement industriel avait aussi créé un nouvel intérêt pour les machines. Les progrès scientifiques et techniques engendrèrent un fort enthousiasme pour les études techniques, qui s'exprima par la création de sociétés comme l'Association philotechnique et la Société polytechnique. [21] L'éducation technique supérieure avait jusqu'alors été confinée à des écoles spécialisées comme l'École des Ponts et Chaussées et diverses écoles militaires. C'est dans l'une de ces dernières qu'enseignait G. Monge, fondateur de la géométrie descriptive, ministre de la marine durant la Révolution et plus tard ami de Napoléon. Il soutint l'idée d'une grande école unique dans laquelle toutes les classes d'ingénieurs devraient apprendre les sujets qu'ils avaient en commun. [22] Il communiqua son idée à son ancien élève Lazare Carnot, "l'organisateur de la victoire," lui-même grand physicien et ingénieur. [23] Ces deux hommes imprimèrent leur marque à la nouvelle institution, qui fut créée en 1794. La nouvelle École polytechnique était (contre le conseil de Laplace) [24] consacrée principalement aux sciences appliquées - au contraire de l'École normale, créée au même moment et consacrée à la théorie - et le resta pendant les dix ou vingt premières années de son existence. L'enseignement était centré, à un degré bien plus important que dans d'autres institutions analogues, autour du domaine de Monge, la géométrie descriptive, ou l'art de dessiner des plans, comme nous pourrions l'appeler pour montrer son importance spécifique pour les ingénieurs. [25] L'école fut tout d'abord organisée selon des traits purement civils, puis Napoléon lui donna ultérieurement une organisation purement militaire.

http://herve.dequengo.free.fr/index1.htm

Posté

De Burke on peut aussi lire ses écrits sur le sublime et le beau, qui ont assis sa réputation bien avant l'ouvrage politique sus-cité.

Posté

Quelques remarques tardives à propos de ce fil.

Il est assez remarquable que personne n'ait eu l'idée de consulter l'article La Fayette de notre wiki où se trouvait le texte qui est à l'origine de la discussion.

Il est remarquable que l'on établisse un lien entre 1793 et 1789 et pas entre 1793 et absolutisme monarchique.

Il fut un temps où des libéraux, disons Guizot et Tocqueville (je sais, ils ne valent pas Burke qui a l'avantage de ne pas être Français, qualité toujours éminente sur ce forum), énonçaient un point fondamental : la Révolution française a couronné l'oeuvre de l'absolutisme qui visait à égaliser les Français en abaissant la noblesse et en réduisant les libertés locales. Ces deux libéraux étaient tous deux persuadés que les rois de France n'avaient jamais aimé leur peuple (seul Louis XVI était excepté).

Je rappelle que le père de Guizot a été guillotiné et que la famille de Tocqueville a souffert de la Révolution : son arrière-grand-père Malesherbes a défendu Louis XVI lors de son procès.

L'évolution naturelle vers la monarchie constitutionnelle n'a jamais existé que dans l'imagination de certains auteurs. Les parlements d'Ancien Régime n'avaient rien à voir avec le parlement anglais. Louis XVI était tout ce que vous voulez sauf un partisan d'une monarchie constitutionnelle : il n'aurait jamais accepté la limitation de son pouvoir.

Il est curieux que des libéraux défendent un déterminisme historique : A entraîne automatiquement B. De plus, la pire façon d'écrire l'histoire est celle où on interprète 1789 à la lueur de 1793. Quand ce n'est pas 1793 à la lueur de 1917. Les gens agissent en fonction de ce qui s'est passé avant pas en prévision de qui va se passer ensuite qu'ils ignorent.

Le pouvoir sous la Révolution était conçu comme absolu, héritage de l'absolutisme.

Non, la majorité des révolutionnaires n'étaient pas anti-catholiques. La Fête de la fédération s'est faite avec la participation active et évidente pour tous du clergé avec Messe célébrée par Talleyrand. Ne plus vouloir d'une religion d'État et persécuter l'Église ce n'est pas la même chose.C'est d'ailleurs le sens de l'article de la DDHC sur la liberté d'opinion : les opinions mêmes religieuses (on a le droit de ne pas être catholique).

L'histoire c'est plus compliqué que les partis-pris idéologiques.

Posté
La Fête de la fédération s'est faite avec la participation active et évidente pour tous du clergé avec Messe célébrée par Talleyrand.

Les propos de Talleyrand sont pourtant éloquents quant à cette mascarade.

Posté
Les propos de Talleyrand sont pourtant éloquents quant à cette mascarade.

Talleyrand voit cela comme une mascarade mais c'est anecdotique (quoique révélateur du personnage) : l'important est qu'il soit apparu naturel d'organiser une cérémonie publique avec messe et Te Deum dans la tradition d'Ancien Régime.

Posté
Talleyrand voit cela comme une mascarade mais c'est anecdotique (quoique révélateur du personnage) : l'important est qu'il soit apparu naturel d'organiser une cérémonie publique avec messe et Te Deum dans la tradition d'Ancien Régime.

Et la Fête de l'Etre suprême célébrant le culte de la déesse Raison, c'était sans doute aussi une "cérémonie traditionnelle"?

fc3aatedelaraison1793.jpg

Ne plus vouloir d'une religion d'État et persécuter l'Église ce n'est pas la même chose.C'est d'ailleurs le sens de l'article de la DDHC sur la liberté d'opinion : les opinions mêmes religieuses (on a le droit de ne pas être catholique).

Mais c'est justement au nom du système abstrait des Droits de l'Homme, sous l'égide de l'égalité, que la dictature fut justifiée, les croyants persécutés, les Eglises transformées en temple de la Raison, les opinions suspectées de troubler l'ordre de la Loi, les suspects jugés par des tribunaux révolutionnaires. Conditions pour apporter la paix et le bonheur au peuple, développer la morale républicaine par une pédagogie enthousiaste. L'idéologie même du droitdel'hommisme commande de ne pas tolérer ce qui fait obstacle à son progrès (pas de liberté pour les ennemis de la liberté), c'est pourquoi la liberté d'opinion y est forcément limitée.

Posté

Les facteurs "absence d'expérience" et "dynamique des groupes restreints" sont très largement négligés ici, alors qu'ils sont hautement Ockham-compatibles.

Posté
l'Etat dépense comme un ado, peu importe ses vrais besoins, du moment qu'il arrive à avoir le fric.

Style 40 000 euros pour un site internet tout pourri.

Posté
Mais c'est justement au nom du système abstrait des Droits de l'Homme, sous l'égide de l'égalité, que la dictature fut justifiée, les croyants persécutés, les Eglises transformées en temple de la Raison, les opinions suspectées de troubler l'ordre de la Loi, les suspects jugés par des tribunaux révolutionnaires. Conditions pour apporter la paix et le bonheur au peuple, développer la morale républicaine par une pédagogie enthousiaste. L'idéologie même du droitdel'hommisme commande de ne pas tolérer ce qui fait obstacle à son progrès (pas de liberté pour les ennemis de la liberté), c'est pourquoi la liberté d'opinion y est forcément limitée.

La dictature fut justifiée par la présence de troupe étrangères aux frontières et de troubles sur le territoire même, d'ailleurs un certain nombre de révolutionnaire pensaient à la dictature dans son sens éthymologique (à la manière de la dictature romaine).

D'autre part la persécution des catholiques se fait non pas du fait qu'ils sont catholiques, mais royalistes, d'ailleurs les catholiques "républicains" comme les prêtres jureurs ne sont pas poursuivis au moins au début.

Parmi les révolutionnaires seuls les hébertistes sont viscéralement anti catholiques, d'ailleurs l'interdiction du culte catholique commence le 31 mai 1793 quand les brissotins éliminés, les hébertistes deviennent une composante essentielle de la majorité montagnarde. Quand les hébertistes puis Robespierre sont éliminés, la liberté religieuse revient progressivement (juin 1794 en province, novembre 1794 à Paris). Les défenseurs des DH sont un groupe bien plus large que les seuls hommes de 1793-1794, on ne peut donc les réduire à eux seuls.

Posté
La dictature fut justifiée par la présence de troupe étrangères aux frontières et de troubles sur le territoire même, d'ailleurs un certain nombre de révolutionnaire pensaient à la dictature dans son sens éthymologique (à la manière de la dictature romaine).

Je lisais justement récemment un article expliquant pourquoi cette thèse conspirationniste, celle du complot contre-révolutionnaire pour justifier la dictature qui est la thèse officielle de l'historiographie apologétique, ne tient pas la route. En particulier elle occulte l'analyse du corpus de lois révolutionnaires d'exception et l'inflation de textes pénaux de circonstance criminalisant les opinions, multipliant les accusations grotesques de trahison contre l'Etat. En vertu du système des droits de l'homme, furent créés des crimes de lèse-nation et même de lèse-humanité. Cet article met en lumière la logique de la violence dans le processus révolutionnaire : punir les conspirateurs et chasser l'ennemi, chasse qui devient sans limite à travers la furia législatrice et sa dérive vers l'abstraction. Logique de guerre civile, qui a besoin pour se perpétuer, de créer un ennemi de l'intérieur, puis un ennemi de l'extérieur pour exporter la guerre civile, processus qu'on retrouvera à l'oeuvre de façon extrapolée avec les bolchéviks.

La logique culturelle de la loi révolutionnaire

Carla Hesse

University of California, Berkeley

La loi pénale offrait une piste en permettant aux députés de la Convention de définir les crimes envers la nouvelle souveraineté à travers une rhétorique en trois points : négation, abstraction et particularisation. L’article examine un ample corpus de 80 lois pénales enregistrées devant le tribunal révolutionnaire entre le 10 mars 1793 et le 12 prairial an III, pour conclure que toutes ont échoué à construire une notion stable de l’identité républicaine.

(…)

La prolifération des lois contre la trahison et la conspiration après la chute de la monarchie

À la fin de l’année 1792, les députés du pouvoir législatif révolutionnaire se trouvèrent donc dans un « espace de négation » dont témoigne pleinement le greffier anonyme du Tribunal révolutionnaire; de fait, ils travaillent dans un monde à l’envers, dans lequel la délimitation symbolique de la souveraineté par le législatif devait émerger non pas à travers l’imposition subjective de sa volonté, comme c’était le cas sous la monarchie d’Ancien Régime et la monarchie constitutionnelle, mais plutôt à travers la définition objective de son ennemi, dans une logique de négation et d’inversion, ce qui signifiait une refonte de la loi pénale plutôt que constitutionnelle. Sans référence fixe ni au roi ni à la Constitution, les lois contre la trahison et la conspiration proliférèrent pendant les deux années qui suivirent, pour finir dans une sorte de mise en abîme sémiotique, pendant que les législateurs essayaient de recourir à la loi pénale d’état d’urgence, plutôt qu’à des formes constitutionnelles, dans leur tentative pour réprimer l’opposition interne et externe à un souverain encore indéterminé.

Comme l’a observé Richard Andrews, « la Révolution fut une des périodes les plus marquantes pour la véritable fabrication de lois dans toute l’histoire moderne de l’Europe [13] », tout particulièrement en matière de trahison et de conspiration. R. Andrews note que le Code pénal de 1791 définissait soixante-dix-neuf crimes contre l’État. Les archives du greffier du Tribunal révolutionnaire sont une occasion extraordinaire de retracer la manière dont évoluèrent les lois contre la trahison et la conspiration. Y sont regroupées toutes celles enregistrées devant le Tribunal révolutionnaire durant son fonctionnement, du 10 mars 1793 au 12 prairial an III. C’est donc une énorme documentation que la somme des lois effectivement mises en œuvre dans la lutte contre la Contre-Révolution de 1792 à 1795. Une étude systématique de ces archives permet d’identifier quatre-vingts lois nouvelles décrétées par la Convention nationale, qui définissent ces crimes de la chute de la monarchie constitutionnelle, en 1792, à la fondation du Directoire [14].

(..)

Le 28 brumaire an II (28 novembre 1793), Billaud-Varenne avait préparé un rapport appelant à la centralisation de la publication de la loi afin que son authenticité puisse être garantie et sa répartition régulée [20]. Les lois de frimaire (4 et 25 décembre 1793) établirent une « commission de classification des lois » pour tenter d’organiser le corpus législatif en un seul et cohérent « code révolutionnaire ». En même temps, le Comité de salut public annonça, dans une circulaire concernant « le génie de la loi » (c’est-à-dire sa construction) destinée à tous les départements que : « Jusqu’ici on a épuré les hommes, il restait à épurer les choses [21] ». Les archives du Comité sur la législation de la Convention nationale contiennent des papiers de la Commission sur la classification des lois révélant qu’après les lois de frimaire, Billaud-Varenne commit le chef du Dépôt national des lois, Louis Rondonneau, à la rédaction et la publication d’un « code du droit révolutionnaire [22] ». Le 25 janvier 1794, Rondonneau achevait son travail : une version complète, manuscrite, du Code révolutionnaire [23], dont le préambule exposait nettement la dynamique vertigineuse de la législation révolutionnaire :

Le Code révolutionnaire est la direction organisée de la foudre du peuple. Au moment de l’explosion il se sert de sa force et de son bras pour briser les trônes et renverser les tyrans. Cette victoire obtenue, il en cimente le succès par des lois pénales contre les ennemis de la liberté et par le supplice des conspirateurs. C’est ainsi que chaque circonstance, chaque événement, chaque jour provoquent des décrets du moment, quand le cours de la révolution se prolonge. Les lois semultiplient, se croisent, s’atténuentet finiraientpar devenir inexécutables si le législateur n’en formait un code raisonné, lumineux et précis [24].

Ce manuscrit fut bientôt inclus dans un plus large projet de classification des lois, organisé sous les auspices de la Commission de l’administration civile, le 1er avril 1794 [25].

Un décret du 22 avril 1794 désignait Cambacérès, Merlin de Douai et Couthon pour être les éditeurs d’un code « universel » de l’ensemble de la loi française. Cambacérès devait se centrer sur « la loi civile », Merlin de Douai sur la « loi criminelle » et Couthon sur la « loi révolutionnaire ». Le 15 juillet 1794, treize jours seulement avant les événements de Thermidor, Cambacérès fit part à la Convention de l’achèvement d’un plan général pour le code universel, un véritable « code des Républiques » [26]. Ce code représentait une rupture radicale par rapport aux précédentes entreprises de classification. Comme le souligna Cambacérès, les codes précédents étaient ordonnés soit selon leur origine (loi « naturelle » ou positive, comme dans la tradition chrétienne), soit selon leur objet (pénal ou civil, comme dans la tradition romaine). À ces deux systèmes, disait-il, manquait quelque chose de crucial, l’organisation du gouvernement lui-même :

Quelle est la fin de la législation ? C’est l’état social. Et les lois, à quoi tendent-elles ? À assurer à la société l’ordre et la paix; à l’homme, ses droits naturels et imprescriptibles. Or, le gouvernement seul pouvant, par l’action des lois, lui en assurer la garantie et le maintien, c’est donc au gouvernement qu’il faut ramener toutes les lois, comme à l’esprit moteur qui, par l’unité d’action et de principe, en fait jouer, sans effort, les ressorts innombrables [27].

Les lois d’état d’urgence de 1792-1794 furent donc rassemblées en un seul code révolutionnaire afin de les rendre plus cohérentes, donc applicables [28]. Le principe organisateur en était la modalité de la « gouvernance » elle-même, et non son origine ou son objet. Le code déclinait donc la distinction fondamentale, empruntée aux conceptions d’Ancien Régime, de justice « ordinaire » ou « extraordinaire », entre un gouvernement constitutionnel et un gouvernement révolutionnaire. C’est donc avec raison que François Furet estimait que le concept de « gouvernement révolutionnaire » était une transposition de l’idée de « justice extraordinaire », issue de l’Ancien Régime, mais avec cette différence importante : la justice extraordinaire d’Ancien Régime et les cours à prérogatives qu’elle autorisait furent utilisées pour restaurer un ordre préétabli et préserver un régime existant; le principe du « gouvernement révolutionnaire », ses lois et ses tribunaux d’exception, par contraste, avaient pour finalité la mise en place d’un nouveau régime. La loi révolutionnaire différait donc de la loi d’état d’urgence en ce qu’elle n’était pas seulement répressive, mais fondatrice. Ainsi les législateurs révolutionnaires s’inspirèrent-ils de l’idée aristotélicienne qu’une loi crée, plutôt qu’elle ne reflète, les normes sociales. La loi révolutionnaire fut donc simultanément un processus de création, de définition, de façonnement des comportements, modes d’action et signes d’adhésion à une nouvelle vision républicaine du monde.

La dynamique culturelle de la loi révolutionnaire

Les historiens et les théoriciens de la loi, qui ont négligé le corpus des lois révolutionnaires d’état d’urgence, l’ont considéré avec mépris, quand ils n’ont pas cherché à l’escamoter, l’envisageant comme un excès embarrassant, né d’un moment de crise. Mais ce n’est nullement parce que la loi proliférait dans des directions plutôt inattendues entre 1792 et 1794 qu’elle avait cessé d’avoir un sens. Aussi convient-il d’essayer de saisir quelques éléments de la logique sémiotique de ce bouillonnement législatif dans l’espoir de suggérer que, pour une bonne part, l’histoire culturelle de cette période a échoué à cerner la profondeur de la crise culturelle de l’an II, et donc la signification culturelle de la Terreur révolutionnaire.

L’analyse de la rhétorique des lois contre la trahison et la conspiration enregistrées par le Tribunal révolutionnaire permet d’identifier trois dynamiques clés de la législation révolutionnaire d’urgence : 1) la « négation » de la royauté et des signes d’adhésion au régime antérieur; 2) l’« abstraction » : la défense des attributs abstraits ou des valeurs, plutôt que les formes institutionnelles de la souveraineté naissante; 3) la « prolifération » : l’énumération de lois contre les signes spécifiques de transgression et leurs attributs abstraits.

(…)

Le refus de la royauté et plus généralement de l’inégalité juridique et de la hiérarchie s’imposait sous toutes ses formes. Les lois des 4 et 16 décembre 1792 furent suivies, le 14 mars 1793, d’une loi déclarant que tous les membres de la famille royale formaient une conspiration. Ceci fut étendu à d’autres groupes qui, du fait même de leur existence, incarnaient l’adhésion à l’ordre féodal : les anciens privilégiés du royaume. Ainsi, le 27 mars 1793, l’aristocratie elle-même était accusée de trahison, puis, dans une série de lois promulguées au cours de l’été et de l’automne, en particulier avec la « loi sur les suspects » du 17 septembre 1793, les prêtres n’ayant pas prêté serment, les émigrés, les non-combattants, les étrangers, d’anciens riches fermiers et les colonialistes. Cette énumération incluait-elle les enfants d’émigrés ? Les étudiants étrangers ? Ou les artisans ? Une série de lois spécifiques chercha à cerner toutes les catégories d’exceptions possibles (voir, par exemple, les lois du 28 mars 1793, du 25 brumaire an II, du 9 nivôse an II et 22 ventôse an II). Outre la poursuite des sujets adhérant encore à l’Ancien Régime ou à des régimes hostiles à la République, suivirent des lois interdisant tous les signes publics d’inféodation à la royauté, à l’aristocratie et au papisme (lois du 12 octobre 1792,12 avril 1793 et 28 brumaire an II [34] ). De tout ceci résulta l’emprisonnement de centaines de milliers de suspects.

La tendance à l’abstraction

L’utilisation de la loi pénale pour nier la royauté était une tactique girondine destinée à mettre en place un cadre légal qui pourrait à la fois consolider et contenir la révolution du 10 août, et à créer un espace d’où une solution constitutionnelle républicaine puisse émerger. Les jacobins poursuivaient une tactique rhétorique (et politique) opposée, qui élevait la notion de « révolution » en elle-même au statut de souveraineté. C’était un « souverain » qui, par sa nature même, ne pouvait avoir de forme institutionnelle ou matérielle : aussi n’était-ce qu’à travers ses attributs abstraits – Liberté, Égalité, Unité – qu’il pouvait être identifié et défendu. Le changement rhétorique crucial vint de Robespierre, dans son fameux discours du 3 décembre 1792 contre le procès du roi : « Proposer de faire le procès à Louis XVI, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel; c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la Révolution elle-même en litige [35]. » Robespierre a pu perdre le débat contre les girondins ce 3 décembre, mais, au cours du printemps, tandis que les guerres civile et contre l’étranger s’intensifiaient, le besoin de réagir de façon répressive à l’opposition à la Convention se faisait sentir avec une urgence de plus en plus pressante, et la tactique jacobine visant à criminaliser des abstractions telles que « la contre-révolution » et à se centrer sur la défense d’attributs abstraits plutôt que des institutions concrètes devint de plus en plus séduisante. La loi du 10 mars 1793 instaurant le Tribunal révolutionnaire tenta de produire des attributs positifs de la souveraineté révolutionnaire à travers l’inversion, et de criminaliser toute opposition à ces attributs. Ainsi le Tribunal se devait d’avoir dans sa ligne de mire non seulement les crimes définis par le code pénal et ses ajouts post-monarchiques, mais aussi :

[…] toute entreprise contre-révolutionnaire, qu’il s’agisse de tout attentat contre la liberté, l’égalité, l’unité et l’indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et de tout complot tendant à rétablir la royauté, ou d’établir toute autre autorité attentatoire à la liberté, à l’égalité et à la souveraineté du peuple, que les accusés soient fonctionnaires civils et militaires ou simples citoyens [36].

Les anciens ordres privilégiés du royaume n’étaient pas les seuls à être considérés comme susceptibles de commettre des actes de conspiration ou de trahison. Les citoyens également pouvaient trahir la République, et il devint nécessaire de trouver une façon de définir positivement le nouveau « souverain » contre lequel ils transgresseraient la loi.

L’actuel Code pénal, révisé en 1993, définit les crimes de trahison intérieure contre la nation comme « tout acte de nature violente, ou complot en faveur d’actes de violence, essayant de mettre les institutions démocratiques de la nation en péril [37] ». L’incarnation du souverain démocratique est ainsi délimitée par les institutions spécifiques que la République a mises en place. C’est une loi protégeant les formes institutionnelles de gouvernement déterminées par le pouvoir législatif. Mais en 1792-1794, il n’y en avait pas encore qui fussent nettement fixées. La Constitution avait été suspendue et la définition de ses limites institutionnelles traîna en longueur jusqu’à ce que la patrie soit hors de danger. En l’absence de constitution, le gouvernement révolutionnaire commença par redéfinir le concept de « lèse-majesté » comme « lèse-nation » et « lèse-souveraineté populaire », et enfin « lèse-humanité »; mais les limites territoriales et l’organisation interne de la nation étaient elles-mêmes en mutation continuelle, pendant la guerre civile

(…)

Prolifération : les lois de circonstances

Une série de lois régulant les paroles, gestes et actions des citoyens apparurent à l’opposé de l’abstraction jacobine, et s’orientèrent, en matière d’actes de trahison spécifiques, vers une précision légale croissante souvent improvisée en réponse à des circonstances particulières, afin de réprimer des actes et signes de dissension par rapport aux buts du régime révolutionnaire et à son effort de guerre. L’intention, ici, n’était pas d’anticiper des actes particuliers en décrétant des lois de plus en plus généralistes, mais plutôt de généraliser des transgressions spécifiques en lois universelles à mesure qu’un éventail de plus en plus large d’actes de cette nature apparaissait. La longue succession de décrets de circonstances commença avec la loi exigeant le port d’une cocarde tricolore; et, de manière complémentaire, était criminalisé le port d’une cocarde différente, quelle qu’elle soit (8 juillet 1792). Ceci fut suivi d’une série de lois réglementant l’apparence patriotique (12 octobre 1792,7 août 1793,8 brumaire an II). Le travestissement, par exemple, était considéré comme une trahison. Des lois statuant contre d’autres formes de comportement ou d’actions symboliques exprimant l’opposition aux ordres nouveaux furent ensuite promulguées, par exemple l’interdiction de couper les arbres de la liberté (22 floréal an II). Une série de lois criminalisa aussi l’expression de la non-adhésion aux idéaux de la nation (4 décembre 1792,29 mars 1793,4 avril 1973,10 frimaire an II, 13 pluviôse an II, 16 ventôse an II et 21 floréal an II). Et, finalement, il y eut une succession ininterrompue de lois criminalisant des actes particuliers d’obstruction ou de résistance, allant de la contrefaçon d’assignats, le stockage de marchandises ou l’accueil de vaisseaux étrangers au port et aux convois militaires, à la fabrication de salpêtre de basse qualité ou de cordes mal tressées (lois des 12, 20,26 et 27 juillet 1793, du 6 août 1793, des 16,18 et 21 vendémiaire an II, du 17 brumaire an II, du 14 frimaire an II, du 3 pluviôse an II et du 12 germinal an II). Tout acte individuel de résistance donnait donc naissance à une loi spécifique à chacun. Ainsi, plus le cadre conceptuel était large, plus se développait, inversement, la densité du réseau de lois concrètes.

La Révolution en marche

On ne saurait trouver d’exemple plus symbolique de cette incessante prolifération, confinant au ridicule, de crimes précis à prendre en considération dans cette logique de circonstance que la série de lois passées pour désigner comme acte de trahison la fabrication de chaussures de mauvaise qualité. Des législateurs de la « réaction thermidorienne » aux grands archivistes de la IIIe République, ces lois ont été épinglées comme le signe le plus extravagant des excès législatifs de l’époque révolutionnaire [40]. La criminalisation de la fabrication des souliers vit le jour le 29 septembre 1793, quand furent accusés de conspiration les fabricants de chaussures corrompus. La loi fut ensuite élaborée avec davantage encore de raffinement et de détails : celle du 15 nivôse an II (4 janvier 1794) interdisait aux comités révolutionnaires de recevoir des chaussures qui n’étaient pas « de bonne qualité », et une peine d’emprisonnement de quatre ans aux fers était requise à l’encontre de toute personne fabriquant des chaussures « en peau de veau » ou encore « à la manière anglaise [41] ».

http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_574_0915

Institutions civiles et Terreur

Par Françoise Brunel, Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne.

Faut-il alors admettre l’aporie constitutive d’un projet qui marie droits de l’homme et Terreur, institutions civiles et renforcement de la contrainte ? Apprécier en ces termes le programme énoncé au printemps de l’an II ne revient-il pas à lui assigner la place d’une utopie meurtrière ou d’une dérive, matrice des totalitarismes contemporains ? Pourtant, c’est en ce fulgurant « moment rousseauiste » que se pose avec acuité la question essentielle de l’institution d’un peuple libre . Comment, en effet, « recréer le peuple qu’on veut rendre à la liberté » (13)?

Telle opération ne peut être approchée en termes biologiques, même si affleurent sans cesse dans les discours jacobins les métaphores vitalistes. C’est qu’en effet cette obsession de la naissance (ou de la régénération) renvoie plutôt à une conception de l’histoire comme « culture vers la liberté », à un devoir-être à atteindre par l’action (le devoir-faire). « Tout commence » en effet, mais nul ne peut dire avec certitude ce que sera l’histoire à venir. Il convient, toutefois, de forger les conditions de possibilité de réalisation d’une humanité enfin rendus à elle-même, car « dans l’activité présente l’avenir est contenu » et « dans le souhait de l’avenir sera contenue inversement la nécessité de l’activité présente » (14). Ouvrir l’avenir, tel est le but de ces institutions en leur double acception, juridique et pédagogique. Fonder la République sur l’harmonie de la réciprocité immédiate entre semblables, parvenir à une jouissance commune des droits de l’homme (à une jouissance absolue, c’est-à-dire déliée des lois qui toujours contraignent), ainsi peut s’énoncer l’apparent paradoxe du projet jacobin au printemps de l’an II. Agir, ce qui suppose effort, travail, douleur, violence, et mettre en place des institutions civiles par lesquelles l’Etat, travaillant à réaliser le droit naturel, en viendrait à se supprimer lui-même (et ferait, du même coup, sombrer le provisoire appareil terroriste)

Quelles sont ces institutions ? Les deux pierres angulaires sont certainement le culte de l’Être suprême et la Bienfaisance nationale. Les décrets des 18 et 22 floréal an II (7 et 11 mai 1794) sont, en effet, indissociables. « Nous avons promis d’honorer le malheur, déclare Billaud-Varenne le 1er floréal, il serait bien plus beau de le faire disparaître ». Dans la nomenclature des fêtes proposée par Robespierre, il n’est pas de simple rhétorique de souligner que l’une des célébrations décadaires est consacrée « au malheur » : elle doit même être, dit Barère le 22 floréal, « la première fête nationale qui sera célébrée ».

« Honorez le malheur », c’est d’abord le récompenser et Barère reprend, en introduction à son long rapport, la formule utilisée par Saint-Just le 8 ventôse an II (26 février 1794) ; « les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernement qui les négligent » (15). L’interprétation de Georges Lefebvre est ici discutable (16), qui fait des décrets de ventôse une « manœuvre » politique (à l’époque de la crise du mouvement révolutionnaire, symbolisée par l’opposition des Exagérés), mais dont il souligne, malgré tout, la « portée sociale ». Ce qui le conduit à ne voir dans le rapport de Barère qu’un obscur moyen de noyer les projets robespierristes dans une simple loi d’assistance. Tel jugement laisse un peu interloqué, d’abord parce qu’une politique d’assistance publique n’est tout de même pas rien en cette fin du XVIIIe siècle (17), ensuite parce que la loi du 22 floréal an II fait référence à l’ensemble du projet social et aborde les problèmes, non seulement des secours publics à domicile, mais aussi de l’éducation, de la famille, de la propriété. Loi d’assistance publique – des secours en argent aux vieillards, aux infirmes et aux mères chargées d’enfants dans les campagnes -, elle met en pratique l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler ». Elle complète ainsi - et ne contredit pas - les décrets de ventôse an II. D’ailleurs ne devait-elle pas être suivie de deux autres rapports, l’un sur le mode de distribution des secours territoriaux, l’autre sur l’extinction de la mendicité dans les villes. Ces rapports ne virent effectivement jamais le jour, mais le problème des secours territoriaux et du mode d’aliénation des biens nationaux allait tout de même être reposé à la fin de fructidor an II et donner lieu à un débat fort révélateur sur le lien social, entre le député montagnard Fayau et le Conventionnel modéré Lozeau.

Complémentaires donc, les décrets de Saint-Just de ventôse et le décret de Barère de floréal an II entendaient bien instituer une société nouvelle. C’est en ce sens qu’ils sont difficilement dissociables du projet Robespierre proclamant, le 18 floréal a, II, « rassemblez les hommes, vous les rendrez meilleurs ». Chacun sait que le culte de l’Être suprême a fait l’objet d’interprétations multiples, contradictoires ou complémentaires (18). Sans y revenir, ne convient-il pas d’indiquer une piste de réflexion ? « Sociale et républicaine », on le sait, pour Robespierre est « l’idée de l’Être suprême et de l’immortalité de l’âme ». Pourquoi ? Parce qu’elle est « rappel continuel à la justice », rémunération des vertus domestiques et sociales, parce qu’elle unit les hommes « par le charme de l’amitié ». L’Être suprême n’est-il pas « l’ordre moral du monde, la connexion des consciences tournées tout entières vers la réalisation de leur liberté » (19) ? Que les fêtes du 20 prairial et le cérémonial davidien aient voulu figurer cette société à venir, société de l’union et de la transparence, de l’humanité réalisée et de la liberté. Mona Ozouf et Michel Vovelle l’ont amplement démontré (20). La fête est donc représentation du politique, de l’action en vue d’un projet, tout comme l’esthétique est, selon les termes de la philosophie critique allemande, voie d’accès populaire à la philosophie.

Esquissons donc quelques lignes de conclusion. Tentative de « révolution totale » (21), le projet jacobin ne l’a jamais dissimulé (seule est légitime cette « révolution totale », sinon c’est une « convulsion », voire une ruse de la tyrannie). C’est donc très logiquement que, dès l’an III, Sieyès a pu jouer sur le mot et lancer, le premier, l’accusation reprise et modernisée au XXe siècle, de projet « totalitaire » : « encore une fois, la souveraineté du peuple n’est point illimitée, et bien des systèmes prônés (…) ne paraîtront plus que des conceptions monacales, de mauvais plans de ré-totale, plutôt que de république, également funestes à la liberté, et ruineux de la chose publique comme de la chose privée » (22). Pourtant ne peut-on historiquement penser le projet jacobin de l’an II en s’interrogeant sur sa dualité paradoxale : violence et tentative de dépassement de ce moyen qui s’appelle l’Etat ; « c’est le but de tout gouvernement de rendre le gouvernement superflu » (23). Ainsi le législateur révolutionnaire ressemble à l’artiste en ce que ce qu’il « ressent en son sein, se trouve en tout cœur humain et son sens est le sens commun de l’humanité entière » (24). Pensée d’une politique fondée sur l’action humaine, écartant toute vision déterministe de l’histoire, le projet jacobin n’est, en ce sens, ni une utopie, ni une dérive, mais vision orale du monde en laquelle le « réel est transformé de l’extérieur, par les hommes, et non d’un idéal moral universel » (…) « et dont rien ne garantit avec certitude la réalisation » (25).

http://revolution-francaise.net/2006/05/21…iles-et-terreur

Posté
Et la Fête de l'Etre suprême célébrant le culte de la déesse Raison, c'était sans doute aussi une "cérémonie traditionnelle"?

fc3aatedelaraison1793.jpg

Mais c'est justement au nom du système abstrait des Droits de l'Homme, sous l'égide de l'égalité, que la dictature fut justifiée, les croyants persécutés, les Eglises transformées en temple de la Raison, les opinions suspectées de troubler l'ordre de la Loi, les suspects jugés par des tribunaux révolutionnaires.

Ai-je parlé de la Fête de l'Ëtre suprême, c'est quoi ces amalgames ?

Quel rapport entre le texte de 89 et la politique de la Terreur en dehors de vos affirmations non démontrées ?

Je lisais justement récemment un article expliquant pourquoi cette thèse conspirationniste, celle du complot contre-révolutionnaire pour justifier la dictature qui est la thèse officielle de l'historiographie apologétique, ne tient pas la route. En particulier elle occulte l'analyse du corpus de lois révolutionnaires d'exception et l'inflation de textes pénaux de circonstance criminalisant les opinions, multipliant les accusations grotesques de trahison contre l'Etat. En vertu du système des droits de l'homme, furent créés des crimes de lèse-nation et même de lèse-humanité. Cet article met en lumière la logique de la violence dans le processus révolutionnaire : punir les conspirateurs et chasser l'ennemi, chasse qui devient sans limite à travers la furia législatrice et sa dérive vers l'abstraction. Logique de guerre civile, qui a besoin pour se perpétuer, de créer un ennemi de l'intérieur, puis un ennemi de l'extérieur pour exporter la guerre civile, processus qu'on retrouvera à l'oeuvre de façon extrapolée avec les bolchéviks.

La thèse conspirationniste a été démoli par Furet il y a longtemps déjà. Je ne justifie pour ma part rien de ce qui a été fait entre 1792 et 1799.

Mais je ne vois pas en quoi tous les exemples cités établissent un lien direct et inéluctable entre les principes proclamées en 89 et la Terreur.

Mais c'est justement au nom du système abstrait des Droits de l'Homme, sous l'égide de l'égalité, que la dictature fut justifiée, les croyants persécutés, les Eglises transformées en temple de la Raison, les opinions suspectées de troubler l'ordre de la Loi, les suspects jugés par des tribunaux révolutionnaires. Conditions pour apporter la paix et le bonheur au peuple, développer la morale républicaine par une pédagogie enthousiaste. L'idéologie même du droitdel'hommisme commande de ne pas tolérer ce qui fait obstacle à son progrès (pas de liberté pour les ennemis de la liberté), c'est pourquoi la liberté d'opinion y est forcément limitée.

Quel rapport entre la Déclaration de 89 et la fermeture des églises ?

Posté

On a souligné aussi la ressemblance entre la politique anti-religieuse et la politique anti-protestante de l'absolutisme. Persécutions et massacres présentent de fortes similarités.

Posté

Pour ma part il est clair que tout au long de la révolution c'est la volonté d'instituer une société libérale* qui dominait (du moins chez ceux qui avaient le pouvoir, je ne parle pas d'un Babeuf). Même un Robespierre ne peut pas du tout être qualifié de socialiste*. Même les mesures les plus anti-libérales étaient toujours justifiées avec des arguments libéraux ou alors présentée comme étant des mesure d'urgences, temporaires et de transition.

Que faut-il en conclure ? Que le libéralisme est une idéologie fausse et dangereuse ? Ou que certaines formes de libéralisme seulement le sont ?

Pour ma part j'en conclus quatre choses : que l'on on peut avoir (sincèrement) des convictions libérales et être une crapule (ce qui devrait être évident pour tout le monde !), que les guerres civiles sont des situations particulièrement adaptées pour créer des crapules et leur donner du pouvoir, que le système de pensée libéral peut être facilement être retourné contre lui-même (ce qui implique de la vigilance) et enfin que les tendances constructivistes (celles qui prétendent rebâtir la société en se basant sur quelques prémisses explicites quelles qu'elles soient) du libéralisme sont particulièrement concernées par ces problèmes mais qu'ils sont de toutes façons inévitables (avoir les meilleures idées du monde ne suffit pas à ce protéger de toutes dérives) .

Les communistes disent souvent la même chose des régimes communistes mais la différence c'est que tout les régimes communistes ont été mortifère et ruineux, ce qui n'est clairement pas le cas de tous les régimes plus ou moins libéraux. Il n'y a même pas de comparaison à faire !

* j'ai conscience de l'anachronisme : par libéralisme et socialisme j'entends des idées qui seraient aujourd'hui rattachées au libéralisme ou au socialisme compris dans leur sens large.

  • 3 weeks later...
Posté
Pour ma part il est clair que tout au long de la révolution c'est la volonté d'instituer une société libérale* qui dominait (du moins chez ceux qui avaient le pouvoir, je ne parle pas d'un Babeuf). Même un Robespierre ne peut pas du tout être qualifié de socialiste*. Même les mesures les plus anti-libérales étaient toujours justifiées avec des arguments libéraux ou alors présentée comme étant des mesure d'urgences, temporaires et de transition.

Que faut-il en conclure ? Que le libéralisme est une idéologie fausse et dangereuse ? Ou que certaines formes de libéralisme seulement le sont ?

Pour ma part j'en conclus quatre choses : que l'on on peut avoir (sincèrement) des convictions libérales et être une crapule (ce qui devrait être évident pour tout le monde !), que les guerres civiles sont des situations particulièrement adaptées pour créer des crapules et leur donner du pouvoir, que le système de pensée libéral peut être facilement être retourné contre lui-même (ce qui implique de la vigilance) et enfin que les tendances constructivistes (celles qui prétendent rebâtir la société en se basant sur quelques prémisses explicites quelles qu'elles soient) du libéralisme sont particulièrement concernées par ces problèmes mais qu'ils sont de toutes façons inévitables (avoir les meilleures idées du monde ne suffit pas à ce protéger de toutes dérives) .

Les communistes disent souvent la même chose des régimes communistes mais la différence c'est que tout les régimes communistes ont été mortifère et ruineux, ce qui n'est clairement pas le cas de tous les régimes plus ou moins libéraux. Il n'y a même pas de comparaison à faire !

* j'ai conscience de l'anachronisme : par libéralisme et socialisme j'entends des idées qui seraient aujourd'hui rattachées au libéralisme ou au socialisme compris dans leur sens large.

Bonjours.

Excuser-moi, mais votre texte est remplie de contre sens et de shophismes :

il est clair que tout au long de la révolution c'est la volonté d'instituer une société libérale,

vraiment en quoi est il libéral de centraliser un pays à maintes culture et de forcer des homme

de religions de soumettre a ce que ce que j’appelle le ‘‘gangue de Paris’’.

Même les mesures les plus anti-libérales étaient toujours justifiées avec des arguments libéraux ou alors présentée comme étant des mesure d'urgences, temporaires et de transition.

Je ne vois absolument pas de justification libéral pouvant excuser le génocide vendéen ou les invasions napoléoniennes. Pour ce qui est des mesures d’urgences ou de transitions soit, mais pour quelle finalité ? une bonne partie des propriétaires ont étaient contraint de prendre la fuite, ou encore ont était expropriés, (mot inventé par la révolution) massacrés, décapité. Qui sont les protégés du système ? un raté qui à reçut de la révolution une magnifique demeure parce qu’il a dénoncé sont voisin ou un chef de gang qui après avoir massacré de libres propriétaires s’accapare de leurs habitat. De plus par quelle moyen la révolution agresse ses voisins ; la circonscription, jamais depuis les romains ont avait obligé en France qui que ce soit à entrer dans l’armée, y compris pendant les croisades et la guerre de cents ans.

Que faut-il en conclure ? Que le libéralisme est une idéologie fausse et dangereuse ? Ou que certaines formes de libéralisme seulement le sont ?

Oui effectivement, un libéralisme qui centralise arbitrairement, qui force les gens à rentrer dans l’armé, qui dit au gens comment doivent-ils penser, en quoi doivent-il croire et qui considère comme un ennemis de liberté celui qui se refuse de suivre ces lubies qui peut être mis à mort pour cela, si vous appelez ça du libéralisme alors c’est un libéralisme dangereux.

Et je vais vous dire en quoi c’est dangereux, dans toute les grandes révolutions, principalement dans la révolution Française, la révolution russe d’octobre et la révolution nazi (bien qu’il y est eu une élection, l’idéologie comme la pratique était profondément révolutionnaire) une idée est systématiquement développé ; au paravent le monde n’était que ténèbres, notre apport est le bonheur suprême et est inscrit dans chaque homme, seule les intérêts de gens véreux font barrière mais malgré tout, la propagation de l’idéale révolutionnaire est inévitable. Que se soit chez Mirabeau, saint-juste, Trotski, Lénine, Staline, Hitler ou Rosenberg le discourt est le même. Partant de cette considération comment voulez vous qu’une quelconque paix intérieure ou extérieure ou même les libertés fondamentales soit respectés sans trahire le fondement de la révolution.

L’étiquette ne change rien, avant 1789 la France et le français étaient malgré ce que l’ont dit beaucoup plus libres.

Cordialement.

Invité Arn0
Posté

La révolution chercha d'abord à décentraliser (le centralisation était largement entamé depuis la période absolutiste) mais au fur et à mesure que le projet révolutionnaire se radicalisait il était évident que les autorités locales devenaient des freins : la centralisation se justifiait d'elle même.

Pareil pour la propriété : on ne s'opposait pas à la propriété privée (les multiples déclarations des droits en font foi, et pas uniquement en 89) mais on la confisquait. Non au nom d'un projet socialiste mais parce que l'église et l'aristocratie était vu comme des parasites qui devait leurs richesses au pillage. Et aussi plus prosaïquement pour les nécessités de la guerre civile et extérieure.

On voit donc bien la démarche : un projet libéral qui face à la situation et à ses propres contradictions (ou à ses propres "cohérences" si on veut) s'enfonce dans la tyrannie et en vient à justifier l'exact contraire de son projet original, au nom même de ce projet !

Mais je me doute bien que vous n'êtes pas en mesure de comprendre ce que je veux dire. Je ne vous connais que depuis aujourd'hui et déjà quelque chose me dit que l'autocritique n'est pas votre fort (remarque vu que vous appréciez HHH vous n'avez pas à vous sentir concerné quand je parle de libéralisme).

Très cordialement et avec mes plus humbles respects.

Votre serviteur et dévoué,

Arn0.

Posté
La révolution chercha d'abord à décentraliser (le centralisation était largement entamé depuis la période absolutiste) mais au fur et à mesure que le projet révolutionnaire se radicalisait il était évident que les autorités locales devenaient des freins : la centralisation se justifiait d'elle même.

Pareil pour la propriété : on ne s'opposait pas à la propriété privée (les multiples déclarations des droits en font foi, et pas uniquement en 89) mais on la confisquait. Non au nom d'un projet socialiste mais parce que l'église et l'aristocratie était vu comme des parasites qui devait leurs richesses au pillage. Et aussi plus prosaïquement pour les nécessités de la guerre civile et extérieure.

On voit donc bien la démarche : un projet libéral qui face à la situation et à ses propres contradictions (ou à ses propres "cohérences" si on veut) s'enfonce dans la tyrannie et en vient à justifier l'exact contraire de son projet original, au nom même de ce projet !

Mais je me doute bien que vous n'êtes pas en mesure de comprendre ce que je veux dire. Je ne vous connais que depuis aujourd'hui et déjà quelque chose me dit que l'autocritique n'est pas votre fort (remarque vu que vous appréciez HHH vous n'avez pas à vous sentir concerné quand je parle de libéralisme).

Très cordialement et avec mes plus humbles respects.

Votre serviteur et dévoué,

Arn0.

 

La révolution chercha d'abord à décentraliser (le centralisation était largement entamé depuis la période absolutiste) mais au fur et à mesure que le projet révolutionnaire se radicalisait il était évident que les autorités locales devenaient des freins : la centralisation se justifiait d'elle même.

Excusez moi d'être aussi catégorique, mais c'est faux, les préludes qui avaient commençés en 1787, cherchairent à decentraliser, quand le gouvernement royal avait lui même lancé des réformes, mais dès la promesse du 1 mai 1789 le bute était clairement de centraliser, si vous en doutez je vous invite à lire Mirabeau ou Sieyes.

l'assenblé nationale dès 1789, égalisa arbitrairement la ficalité dans les régions, soit dit au passage que certains repressentants de régions avaient pour être acseptés, juré de deffendre les particularimes régionaux, thahirent leurs serments, notament en Bretagne.

Les lois prisent l'ors de la monarchie constitutionelle furent bien celle d'un centralisme exacerbé, notament le découpage des nouvelles régions, et les réforme monétaire plus étatisé que jamais.

Si les localités devenaient des freins, c'est peut être que les gens qui habitait ne voulait pas de ce régime totalitaire. Sinon pourquoid Louis XVIII dut il intervenir en 1816 pour fair cesser les verdets, pourqoid étaient ils si fous fourieux contre leurs bourreaux ceux çi écroulé.

 

Pareil pour la propriété : on ne s'opposait pas à la propriété privée (les multiples déclarations des droits en font foi, et pas uniquement en 89) mais on la confisquait. Non au nom d'un projet socialiste mais parce que l'église et l'aristocratie était vu comme des parasites qui devait leurs richesses au pillage. Et aussi plus prosaïquement pour les nécessités de la guerre civile et extérieure.

 

En fait personne ne s'y est opposé avant Marx, même s'il existait certains modeles de propriétés colectives (comme à Sparte par exemple). On ne s'oppose pas à la propritée privée mais on la confisque, comme ont dit en français je crois ; blanc bonnet et bonnet blanc.

L'églisse et l'aristocratie devaient leur fortune aux pillage! vous lisez trop Micheler. Et question pillages, il ni en à jamais eu autant en France que sous la revolution.

Pour ce qui est de la guerre, contrairement à un myte fort rependue, c'est la France qui l'à déclaré, dans les annés soixante-dix la déclaration de guerre était au archives du chateau de Vincennes elle y est peut être encore.

On voit donc bien la démarche : un projet libéral qui face à la situation et à ses propres contradictions (ou à ses propres "cohérences" si on veut) s'enfonce dans la tyrannie et en vient à justifier l'exact contraire de son projet original, au nom même de ce projet !

La question ne se pose pas , le projet est à la source liberticide.

Mais je me doute bien que vous n'êtes pas en mesure de comprendre ce que je veux dire. Je ne vous connais que depuis aujourd'hui et déjà quelque chose me dit que l'autocritique n'est pas votre fort (remarque vu que vous appréciez HHH vous n'avez pas à vous sentir concerné quand je parle de libéralisme).

 

Quelle condésendence, vous refletez bien le sectarisme revolutionaire, l'autocritique je l'acsepte mais avec des démonstrations et non des préjujés érijés en dogmes. Vous me faite penser à la blague en allmand, il faut défendre la démocratie par ce que ces le droit, car quesce que le droit, c'est en fait la democratie qui est aussi la liberté car ques que la liberté c'est en fait la démocratie idem pour une société de droit.

Hans Hermann Hoppe n'est certes pas de votre psodo-liéralisme, mais votre libéralisme c'est ceului de Mussolinie. Excusez-moi, mais vous en avez fait la preuve, jais lue tous ces livres, si vous voulez que je vous dise point par point en qoid vous êtes mussolinien je le ferais, mais voyez cela comme un consta et non comme une insulte.

 

Cordialement.

Posté

Ce fil est inutile : il y a tellement d'a priori, de contre-vérités, de raccourcis saisissants, d'anachronismes, qu'il est impossible de discuter sereinement.

La Révolution est le Mal absolu, c'est un bloc à rejeter pour nombre d'intervenants.

Il est facile si longtemps après de regarder les choses de haut en d'être préremptoire.

Mais je rappelle deux ou trois choses :

Non il n'y avait pas une fatalité de passer à 89 à 93 à moins de croire au fatalisme et nier la liberté humaine et le jeu des actions individuelles. Burke n'est pas un oracle, il dit des choses intéressantes mais sa vision est tout de même limité.

Entre 1789-1791 la France a connu une époque où le pouvoir central était très faible et les départements très autonomes.

Le tirage au sort de la conscription en l'an II était repris de la pratique de la milice d'Ancien régime.

La centralisation a été l'oeuvre constante de la Monarchie d'Ancien Régime et la réforme de 1787 était bien tardive : lire Tocqueville.

La Monarchie a détruit autant qu'elle a pu les particularismes et l'Ancien Régime était largement une coquille vide en 1789.

La Révolution a été menée par des catholiques et même son anti-catholicisme est le résultat de cet héritage catholique : on a infligé à l'Église ce qui avait été fait par Louis XIV et Louis XV au nom de la vrai foi aux protestants. Cela n'excuse rien mais cela permet de comprendre.

Je précise une fois de plus que je ne justifie rien et qu'il n'y a rien à justifier concernant les crimes commis au nom de la Révolution.

Mais affirmer que tout allait bien en France et qu'on allait vers de réelles réformes de la monarchie c'est se moquer du monde.

Mais encore.

La monarchie limitée en Angleterre est née d'une révolution sanglante (je parle de la première révolution sans laquelle il n'y aurait pas eu 1688)

Les Etats-Unis sont nés d'une révolution (et non d'une simple Guerre d'indépendance).

Oui le libéralisme que l'on veuille ou non s'est développé par un processus révolutionnaire.

Est-ce un bien ? est-ce un mal ?

Pouvait -on éviter la voie révolutionnaire ? m

Même la Belgique est passée par une Révolution en 1830.

Tout le monde sait bien que c'est la France qui a déclaré la guerre, inutile de chercher à Vincennes. Il ne s'agit pas d'excuser les guerres de conquête.

L'interprétation jacobino-marxiste de la révolution est très largement abandonné par les historiens en France : le regard sur la Révolution est très critique aujourd'hui mais souligne aussi en quoi elle s'inscrit dans le passé absolutiste de la France.

Je répète encore une fois :

Ne pas prendre en compte l'absolutisme, c'est ne rien comprendre à la Révolution française.

En revanche Mussolini et Lenine n'ont rien à faire ici : il faut manquer de rigueur historique pour expliquer un événement par des événements ultérieurs.

La Révolution française s'inscrit dans l'histoire monarchique française. L'histoire de la monarchie britannique étant différente, la Révolution y a entraîné des conséquences différentes.

Posté

Dardanus, je ne comprends pas votre susceptibilité dans cette affaire, vous qui êtes à l'ordinaire si détaché.

La Réaction calomnie la GRF ! La belle affaire : elle l'a toujours fait ! Croyez-vous qu'elle puisse avoir d'autres occupations ?

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...