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Nick de Cusa

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La révolution économique indienne vacille : occasion manquée et avenir compromis

L'an dernier, Narendra Modi remporta les élections législatives indiennes avec une très forte majorité. Plus tard, lors de son voyage aux États-Unis, Modi fut chaleureusement accueilli par l'administration Obama, et les américains d'origine indienne.

Bien que la diaspora indienne recouvre le globe d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires, le gouvernement de Delhi avait érigé en religion d’État l'économie dirigiste. Gaspillages, règlements et bureaucraties abêtissants étaient légions.

Quelques petites réformes furent bien adoptées, mais même des demi-mesures à moitié voulues soulevèrent une immense opposition politique. En Mai dernier, le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata, dirigé par Modi, infligeait au très respectable Congrès national indien sa plus grande défaite. Il semblait incliné à transformer l'économie du pays.

A l'approche de l'anniversaire de ce voyage américain, le rêve Modi pâlit. Il ne semble tout simplement pas croire au marché libre et en la liberté.

Peu de réformes d'importance ont été initiées. Ces échecs assombrissent les succès du gouvernement Modi et surlignent l'occasion manquée. Les critiques mentionnent la permanence de déficits hors norme et le pilotage du crédit bancaire.

Arun Shourie, ancien ministre des privatisations, notait en décembre dernier : "quand tout est dit et fait, plus est dit que fait". Malheureusement, Modi a laissé passer l'état de grâce, pendant lequel son crédit politique était au plus haut. Et le temps continue de s'écouler.

La vie politique indienne est rapidement retournée à son état habituel. Modi a du éluder des accusations de corruption et mauvaise conduite.

Rien de cela ne détone dans le paysage politique indien, mais les électeurs sont à saturation. En février, un nouveau parti anti-corruption remporta une victoire écrasante à Delhi.

La violence religieuse est également sur la pente ascendante, très largement provoquée par des extrémistes hindous. En tant que ministre en chef du Gujarat, Modi fut impliqué dans les émeutes de 2002, menant à la mort de plus de 1200 personnes, principalement musulmanes. Depuis son élections, les agressions communautaires augmentent, sur les chrétiens comme sur les musulmans.

Modi n'a pas encouragé la violence, mais son gouvernement a nourri les sentiments nationalistes hindous. Seulement après l'attaque d'une école chrétienne, où la plupart des élèves et professeurs étaient hindous, a-t-il promis que son gouvernement "respecterait également toutes les religions".

La violence confessionnelle touche des indiens innocents, et donne aux investisseurs étrangers une raison de plus pour aller ailleurs.

Malgré son bilan économique décevant, Modi a toujours la possibilité de libéraliser l'économie indienne. D'ici quelques années, son parti prendra le contrôle de la chambre haute du parlement indien, qui a coupé court à certaines de ses initiatives passées.

Sadanand Dhume, de l'American Enterprise Institute, ajoute : "dans le Gujarat aussi, il a commencé doucement mais finit par présider un long boom". Cependant, ce ne sera pas assez pour ce gouvernement de bricoler des réformes accessoires.

Sur la liste de Dhume, on trouvera une réforme fiscale, des privatisations, la fin des aides aux entreprises et une restructuration de l'approvisionnement électrique. L'Inde devra aussi limiter les dépenses gouvernementales, libéraliser son marché du travail, simplifier la circulation des personnes, moderniser les règles de faillite,  rationaliser les procédures judiciaires et affirmer les droits de propriété.

Comme je l'écris dans Forbes Online [http://www.forbes.com/sites/dougbandow/2015/07/30/india-losing-opportunity-to-become-next-great-power-narendra-modis-faltering-revolution/] : "l'Inde a un besoin urgent d'une croissance soutenue, pendant des années, voire des décennies, pour accéder aux premiers rangs du concert des nations, tout comme la Chine l'a fait. L'Inde a un énorme potentiel, mais depuis des dizaines d'années, le gouvernement a dilapidé ses chances".

Malgré les grands espoirs nés de la victoire spectaculaire du BJP, rien n'a vraiment changé. Bien que la croissance indienne augmente, ces améliorations ne sont pas durables sans réformes plus larges et plus profondes.

Sans croissance durable, l'Inde ne suivra pas l'exemple chinois et n'aura pas d'industrie manufacturière compétitive, afin de générer une croissance sur le commerce global, et créer un nouveau pouvoir capable d'influencer les affaires du monde. De telles réformes ne seront pas faciles, mais c'est pour prendre des décisions courageuses que Modi a été élu par le peuple indien.

Quelques uns voient dans le XXIème siècle le siècle de la Chine. Il est plus probable de voir le siècle de l'Asie, au moins si Narendra Modi prend la mesure de sa chance unique. Mener l'Inde vers un avenir meilleur et prospère bénéficiera évidemment à l'Inde et au peuple indien. Mais cela bénéficiera aussi au reste du monde.

 

 

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Le 1er Juillet 2001, le Portugal a réalisé quelque chose d'extraordinaire : il a laissé tomber la guerre contre la drogue — ou, plus exactement, la guerre contre les usagers de la drogue — en décriminalisant toutes les substances contrôlées.

Le Portugal essaie toujours d'interrompre la distribution de drogues, mais, sur les quatorze dernières années, a cessé d'envoyer en prison ceux qui en possèdent ou en consomment.

Cette décision est d'autant plus remarquable que le pays avait bel et bien un problème de drogues : le Portugal était même au milieu d'une "épidémie d'addiction" avec un Portugais sur cent accro à l'héroïne.

Mais avec ce changement de politique, les taux de MST et d'overdoses ont chuté de façon spectaculaire. Selon The Economist, depuis la décriminalisation, les morts provoquées par les drogues ont chuté de 80%, de 80 morts en 2001 à 16 en 2012. En parallèle, le nombre d'héroïnomanes a décru de moitié, en terme absolus, sur la même période.

Et comme la consommation de drogue est traité comme un problème de santé publique et non comme un délit ou un crime, l'Etat se concentre sur les traitements médicaux et la réduction des dangers de cette consommation. Ainsi, plutôt qu'avoir des flics de plus en plus militarisés enfonçant des portes et opérant des fouilles corporelles aléatoires sur des individus dans la rue, le Portugal paye des psychologues et des spécialistes pour aider et accompagner les toxicomanes. Les ressources vont vers des aiguilles propres et des conseils médicaux au lieu de nouvelles menottes ou de cellules de prison.

On peut toujours pinailler pour savoir qui, du gouvernement ou des organisations caritatives sont dans la meilleure position pour résoudre les problèmes de santé des pauvres. On peut certainement être en désaccord avec la décision incohérente de conserver illégale l'aspect production de drogues tout en légalisant son aspect consommation. Mais tous les amoureux de la liberté ne peuvent qu'applaudir le choix de s'écarter des politiques plus coercitives et plus violentes, et celui de s'approcher d'un plus grand respect de l'individu, de sa liberté de choix et, plus généralement, pour tout ce qui est pacifique.

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Varoufakis : dossier à charge

A propos de Varoufakis, je me souviens d'un sarcasme de Sam Brown : "Ne blessez jamais quelqu'un avec style si vous pouvez le faire avec du contenu." Autrement dit, il n'y a pas besoin de parler des chemises de Varoufakis, de sa moto et de son casque, de ses opérations photographiques, de ses nombreux entretiens, de son échappée à Égine le soir d'un vote historique, etc. Son dossier à charge est simple et contient trois pièces.

Premièrement, tout son positionnement de négociation était basé sur l'idée que l'Eurozone cèderait pour éviter un Grexit. Bien sûr, Varoufakis nous a bien dit que le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble l'avait bien averti qu'il pousserait pour un tel Grexit - ce qui veut dire ou bien que Varoufakis ne le croyait pas, ou bien qu'il n'accordait aucune crédibilité à la menace de Schäuble. N'importe quel observateur sensé de la politique européenne comprend que, bien que l'Eurozone est prête à faire beaucoup pour préserver l'union monétaire, elle n'est pas prête à capituler face à un membre qui réclame de l'argent sans rien en retour. Autrement dit, l'idée de base était, dès le départ, irréaliste et en la conservant dans sa stratégie de négociation, il a causé grand tort à la Grèce.

Deuxièmement, Varoufakis n'a rien fait pour renforcer la position de la Grèce pendant les négociations. Il a confondu sermonner les autres ministres des finances avec de la "diplomatie" et est même parvenu à faire se retourner chaque pays de la zone euro contre la Grèce. Quant à sa diplomatie publique, elle n'a guère été bénéfique si ce n'est en le transformant en rock star, mais sans aucune amélioration diplomatique palpable pour la Grèce. Je n'arrive pas à trouver un autre pays qui a ainsi dilapidé son capital si vite. D'autant qu'il n'a pas non plus trouvé d'autres moyens de renforcer la position grecque; son “Plan B,” par exemple, aurait pu aider la Grèce à supporter la pression appliquée par la Banque centrale européenne, pour quelques jours ou quelques semaines; mais on voit mal ce qui aurait justifié que ses opposants lâchent le morceau en premier.

Troisièmement, Varoufakis était/est à ce point obnubilé par l'idée d'un allègement de la dette qu'il semble incapable d'étudier autre chose. Il s'est montré incapable de discuter des spécificités du budget, de même qu'il fut incapable de produire un plan chiffré concrétisant les réformes proposées en résultats et objectifs fiscaux. En définitive, il a été non pas un technocrate (la technocratie suppose quelques compétences) mais un artiste. Ses seules idées dont nous nous souviendront sont les plus ridicules (les collecteurs d'impôts secrets) ou les dangereuses (reconnaissances de dettes grecques, système bancaire parallèle).

En résumé, il a commencé avec un préjugé faux sur le fonctionnement de la zone euro, n'est pas parvenu à construire des coalitions ou une entente en faveur de ses idées, et s'est montré incapable de voir plus loin que l' "allègement de la dette" pour construire une stratégie afin d'aider la Grèce à sortir de sa crise actuelle. Ce sont ces erreurs que l'histoire retiendra, en plus des conséquences catastrophiques pour l'économie grecque de son passage au ministère des finances.

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Quelqu'un pour un court article sur la Grèce et son défaut de paiement :

 

http://openeurope.org.uk/blog/a-second-bridge-loan-for-greece-on-the-horizon/

 

Voici une proposition de traduction :

 

 

Un deuxième prêt relais pour la Grèce à l’horizon

 

Les faibles avancées dans les négociations entre la Grèce et ses créanciers rendent de plus en plus probable le besoin d’un second prêt relais.

 

Comme nous le notions dans le Open Europe Daily Shakeup du jour,  Focus magazine rapporte ce weekend que le gouvernement allemand est de plus en plus pessimiste sur une conclusion rapide des négociations pour un troisième renflouement. Le magazine cite des sources anonymes proches du gouvernement qui suggèrent que la session spéciale du BundesTag prévu mi-août et ayant pour objectif d’approuver le renflouement pourrait être reporté. Or, il s’agit seulement d’un cas parmi la longue liste grandissante de reports, ce qui laisse à penser que les négociations ne seraient pas finalisées dans le temps imparti.

Pour rappel, et comme montré sur le graphique ci-dessus, la Grèce doit rembourser 3,2 Md€ à la Banque Centrale Européenne le 20 août prochain. Afin que cette somme soit payée dans les temps, le processus d’approbation dans un certain nombre de parlements nationaux devra démarrer aux alentours des 12 ou 13 août selon certains rapports. Cela signifie que les négociations doivent être terminées pour le 10/11 août, l’approbation des Ministères des Finances de la zone Euro arrivant rapidement après cette date. Bien sûr, nous avons déjà vu de telles dates être trafiqués par le passé (le temps nécessaire pour la validation nationale semble toujours surestimé pour laisser des marges de manœuvre). [MAJ : il est à noter que le parlement hollandais aura vraisemblablement besoin d’au moins une semaine pour approuver un accord puisque les députés disposent d’un préavis d’une semaine pour revenir de congés. A l’inverse du parlement allemand, une session spéciale n’a pas encore été planifiée.]

Dans tous les cas, il y aura probablement entre une et deux semaines avant que le troisième renflouement soit conclu. Cela semble incroyablement optimiste -  en effet, cela implique de traiter de nombreux sujets épineux, dont les trois suivants : (i) obtenir un accord sur un programme de réformes à 3 ans, (ii) définir combien et quand les fonds seront versés, (iii) définir à quelle échéance une annulation (d’une partie) de la dette sera discutée ou même si ce sujet sera seulement évoqué, mais également de savoir le FMI sera impliqué.

 

Un deuxième prêt -relais à quel montant et d’où viendra-t-il ?

L’accord entre la Grèce et ses créanciers stipulait qu’il faudrait probablement environ 5 Md€ en Août en plus des 7,16 Md€ reçus en juillet. Etant donné les problèmes rencontrés lors du précédent prêt, il est probable qu’il vienne une fois de plus du Fonds Européen de Stabilité Financière (bien que je maintienne que d’autres options soient possibles).

Il reste juste assez dans le FESF pour fournir un deuxième prêt relais à la Grèce. En effet, puisque que la tranche finale du renflouement portugais n’a pas été payé, il restait 13.2Md€ avant le déboursement des  7,16 Md€ du premier prêt relais.  Cela signifie qu’il reste, comme par hasard, exactement le montant nécessaire.

La réglementation du FEFS a aussi été mise à jour afin que tout futur prêt à un pays de la zone Euro nécessite désormais que les pays extérieurs à la zone Euro soient protégés de toute perte financière.  Il n’est pas entièrement clair d’où cette garantie pourrait venir cette fois-ci. Cela pourrait simplement être une garantie des pays de la zone Euro qui pourrait gager leurs emprunts d’Etat ou toute autre source de revenus pour couvrir ce risque.

 

Pourquoi il se pourrait que la zone Euro favorise un second prêt  relais ?

Le premier prêt relais a été quelque peu un désastre, à minima politiquement. Il a réussi à énerver un certain nombre de pays non européens et à faire revenir sur une précédente décision du Conseil Européen. Il était aussi incroyablement circulaire – l’UE a prêté à la Grèce qui a repayé la BCE, les Etats de la zone Euro garantissant ensuite les parts de ce prêt apportés par des Etats hors zone Euro avec des revenus de la BCE qui provenait d’emprunts d’Etat grecques.

 

Ainsi, pourquoi  la zone Euro voudrait-elle faire encore une fois cette manœuvre ? Comme expliqué  ci-dessus, elle a peu de choix si elle ne veut pas d’un défaut de la Grèce envers la BCE. Cependant, cela règle un problème compliqué pour la zone Euro – si la Grèce devra faire de nouvelles réformes avant de se voir délivrer le prêt. Parce que elle va devoir rédiger une nouvelle demande de prêt du FESF avec l’implication de pays hors zone Euro, la Grèce devra proposer à court terme un nouveau programme de réformes lié à ce prêt. Cela réduira aussi la taille de la première tranche du prêt  et le montant total qu’il sera nécessaire pour l’Eurozone de prêter via le FESF (bien, qu’au global, cela fasse peu de différence étant donné l’indemnité pour les états non membres de la zone Euro). Ce ne sont pas de gros problèmes mais ils pourraient être utiles à la marge.

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Si quelqu'un a le temps et/ou l'envie : http://www.cato.org/blog/federal-reserves-war-drugs

 

 

 

La Guerre contre la drogue de la Réserve Fédérale

 

C’est exact, la Réserve Fédérale américaine (FED) s’occupe maintenant de faire respecter les lois contre les drogues du gouvernement américain, même si cela signifie aller à l’encontre du droit des gouvernements d’Etats de définir leur propre politique en matière de drogue et les statuts de gouvernance de la FED.

 

L’implication de la FED dans la prohibition des drogues est devenue officielle le mois dernier, quand la  Réserve Fédérale de la Banque de Kansas City a informé le Fourth Corner Credit Union de Denver – une banque coopérative à but non lucrative créée par des producteurs de cannabis licenciés auprès de l’Etat du Colorado -  de sa décision de refuser son application à un compte principal. Or, demander à une institution de dépôt d’opérer sans ce type de compte, et donc sans accès aux facilités de paiement permis par la FED qui incluent la compensation interbancaire, les virements, le système sécurisé de transfert des paiements, revient à demander à une compagnie d’avions de  se contenter d’avions à hélice. De plus, les banques établies ne veulent pas s’ennuyer à traiter avec des producteurs de cannabis. L’action de la FED de Kansas City force donc l’industrie de marijuana du Colorado à commercer seulement en liquide, avec tous les risques et inconvénients que cela comporte.

Le Fourth Corner Credit Union ne baisse pas les bras. A l’inverse, il fait un procès à la FED de Kansas City. D’habitude, une action civile typique n’est pas exactement captivante. Pourtant, celle-ci se lit comme une histoire d’épouvante, principalement parce que c’est exactement cela. Si vous aimez une bonne histoire d’horreur, je vous suggère d’en lire la totalité. Mais pour ceux qui sont pressés, en voici un résumé. Sauf indication, les détails sont conformes au rapport du procès.

Comme décrits dans le document, les faits juridiques de base sont, premièrement, l’essence du soi-disant système bancaire «  dual » qui stipule qu’à la fois les gouvernements d’Etats et le gouvernement fédéral aient le droit d’accorder un statut financier aux banques et autres institutions de dépôt et, deuxièmement, que, selon le Monetary Control Act de 1980, « Tout les services bancaires de la FED… doivent être disponibles pour les institutions de dépôt non membres et que de tels services doivent être accordés aux mêmes tarifs que ceux appliqués aux banques membres .» 

 

De plus, pour lever tout doute concernant la possibilité d’accès aux services de paiement de la FED pour les institutions de dépôt qui commercent avec des producteurs de cannabis, le 13 août 2014, le Conseil des Gouverneurs de la FED, avec la FDIXC (Federal Deposit Insurance Corporation), le Controleur de la Monnaie et le Autorité nationale des coopératives bancaires, ont publié des directives déclarant que :

 

« Généralement, la décision d’ouvrir, de fermer, ou de refuser un compte en particulier est prise par une banque classique ou une banque coopérative, sans l’implication du superviseur. Cette décision peut être basée sur les objectifs commerciaux particuliers de la banque, son évaluation du risque associé à son offre de services ou produits particuliers, et sa capacité à effectivement gérer ses risques. »

 

Maintenant, place aux faits, comme présenté pendant le procès. Le 19 novembre 2014, Fourth Corner Credit Union a acquis un statut non conditionné auprès de l’Etat du Colorado, après avoir reçu un statut conditionné de la part de l’Etat quelques mois auparavant, son application étant alors en attente d’une assurance-dépôt.  Fourth Corner a postulé à la FED de Kansas City pour un compte principal le même jour. Comme elle avait précédemment postulé et reçu un Numéro de Routage de l’ABA (American Banking Association), et avait également fait une demande au National Credit Union Authority pour une assurance-dépôt (elle explorait aussi des options relatives à une assurance privée dans le cas où sa demande à la NCUA serait rejetée), elle a ainsi satisfait la seule obligation pour être éligible à un tel compte, et avait seulement à présenter une « résolution » autorisant la FED à lui ouvrir un compte, avec une « Liste officielle des autorisations » de la FRB (Federal Reserve Bank). Une fois que ces documents ont été approuvés, la FED de Kansas City devait accepter et lancer le processus d’Agrément de Compte Principal  d’une page préalablement rempli par la banque coopérative. Aucun autre document n’était nécessaire.

 

Selon la FED de Kansas City, le processus de signature d’un Agrément de Compte Principal peut prendre 5 à 7 jours ouvrés. Cela dit, il faut habituellement seulement une semaine pour établir un compte une fois que les papiers administratifs sont présentés. Cependant, bien que les fonctionnaires de la FED de Kansas City approuvèrent rapidement les papiers de la banque coopérative, la banque refusa de lancer le processus d’Agrément du Compte Principal, arguant que son application serait traitée « dès l’approbation des crédits et des risques ». Quand les avocats de Fourth Corner ont demandé à la FED de Kansas City quelles était les règles pour un tel agrément, on leur a répondu en premier lieu qu’il n’existait pas de telles règles.

Quelques mois plus tard, le 7 janvier 2015, la Présidente de la FED de Kansas City Esther George envoya une lettre aux avocats de Fourth Quarter. Dans celle-ci,  elle note que la Fed Bank’s Operating Circular, en plus de définir explicitement les obligations en vue d’ouvrir un compte principal,

 

« précise aussi qu’un compte principal est sujet à d’autres politiques et réglementations de la Réserve Fédérale. Ces dernières incluent des règles liées aux risques encourus par une institution financière, à la manière dont ces risques peuvent être atténués, avant que soit déterminé si et sous quelles conditions un compte peut être ouvert. La délivrance d’un compte principal est à la discrétion de la FED et requiert que la FED soit en position d’identifier clairement les risques posés par une institution financière et comment ces risques peuvent être gérés de manière satisfaisante pour la FED. (J’insiste) »

 

Etant donnée la durée normalement autorisée pour traiter une demande de compte principal, il est peu probable que la FED de Kansas City ait pris la peine d’investiguer les risques posés par les précédents demandeurs de ce type de compte. De plus, on peut également se demander si des FED locales, ou la gouvernance de la FED, ont déjà été en mesure de « clairement » identifier les risques posés par différentes institutions financières – laissons de côté celles qui n’avaient pas encore démarré leurs activités. Cependant, le point le plus important, que les avocats de la banque coopérative ont déclaré avoir remonté à la FED de Kansas City, concerne simplement le fait cette dernière n’avait aucune autorité pour refuser à leur client un compte principal, pour n’importe quels motifs qui soient, étant donné qu’il avait déjà mis à dispositions toutes les données requises par la loi.

 

Pourtant, Fourth Corner n’a ni reçu de compte ni aucune explication. Deirdra O’Gorman, sa Présidente, a écrit en vain à Esther George et Janet Yellen pour demander une entrevue afin de discuter des risques auxquels cette première a fait allusion. Non seulement elles ont toutes les deux refuser cette rencontre, mais la FED de Kansas City a répondu en demandant à la banque coopérative d’arrêter de leur soumettre des documents, que cela témoigne de sa sécurité ou non. En effet, Un ancien courrier adressé à Mme. Yellen et Mme. George de la part du Sénateur du Colorado Michel Bennet relevait que des préoccupations importantes et relatives à la sécurité publique  étaient générées par la nécessité pour l’industrie du cannabis du Colorado de commercer en liquide. Ce courrier ne semble pas avoir fait de différence.

 

Et ainsi de suite jusqu’au 2 juillet, presque neuf mois après que Fourth Corner ait fait sa demande pour un compte principal. Ce jour-là, le Bureau de Protection des Consommateurs de la NCUA (National Credit Union Administration) refusa la demande de la banque coopérative qui souhaitait obtenir une assurance-dépot fédéral. Selon la plainte, une copie de sa lettre confidentielle à l’adresse de la NCUA a été secrètement et illégalement partagée avec la FED de Kansas City. Deux semaines plus tard, le 16 juillet 2015, la FED de Kansas City a refusé la requête de Fourth Conrner pour un compte principal, justifiant sa décision en s’appuyant en partie sur le fait que la NCUA ait rejeté sa demande d’une assurance fédérale. Cette décision reste le seule exemple pour lequel la FED de Kansas City a refusé un compte principal à un demandeur depuis la publication du Monetary Control Act de 1980.

 

Bien que la FED de Kansas City ait tenté de justifier sa décision en se référant au refus de la NCUA d’accorder une assurance fédérale à Fourth Corner, cette justification n’a aucune base légale selon les avocats de la banque coopérative. Une banque coopérative reconnue par l’Etat est en effet autorisé à détenir un compte principal « indépendamment du fait qu’elle ait obtenu ou non une assurance-dépôt fédéral ; elle a seulement besoin d’être ‘éligible pour faire une demande et devenir’ assuré sur le plan fédéral ». En fait, les lois fédérales ne nécessitent pas qu’une banque coopérative reconnue par l’Etat ait une assurance. De toute façon, comme je l’ai noté, la Fourth Quarter Credit Union était préparée à prendre une assurance privée quand sa demande de compte principal a été refusée. En ce moment, 129 banques coopératives reposent principalement, et si ce n’est pas uniquement, sur des assurances privées, et toutes ont des comptes principaux.

 

Selon les avocats de la Fourth Quarter, la FED de Kansas City a agi de concert avec la NCUA :

 

La NCUA indique officiellement qu’elle est contre les assurances-dépôt privées car elle n’a alors aucune pouvoir de supervision, de réglementation, ou d’examen de ces banques coopératives reconnues par l’Etat mais assurés par une entreprise privé. Apparemment, sans une supervision de sa part, la NCUA ne fait pas confiance aux régulateurs de l’Etat hautement qualifiés et disposant d’une connaissance locale supérieure pour superviser les banques coopératives reconnues par l’Etat. C’est pourquoi, afin de mener à bien leur infâme plan d’empêcher illégalement Fourth Corner de profiter du système de paiement de la FED,  La FED de Kansas City et la NCUA ont préparé un refus rapide et agressif en réponse à la demande d’une assurance-dépôt fédérale. Ce refus remet aussi inutilement en question la réputation et le travail d’une multitude de professionnels hautement qualifiés.

 

Finalement, voici le propre verdict du plaignant concernant les agissements de la FED de Kansas City :

 

Le refus de la FED de Kansas City de donner un compte principal à Fourth Corner est anti-compétitif ; c’est fait au détriment de la sécurité publique ; c’est un abus de monopole ; c’est une pratique collusoire dans le cadre du contrôle de la concurrence : et c’est statutairement et constitutionnellement illégal.

 

Je suis un économiste, et non pas un avocat. Pourant, cela me semble une conclusion juste.

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Rusty, ce que tu fais est fantastique.

 

Point de détail, Fed. est un diminutif (Federal Reserve) et non un sigle, et c'est donc Fed., avec un point, et en aucun cas FED. :)

Posté

Rusty, ce que tu fais est fantastique.

+1. Si je pinaillais, je dirais que dans la dernière phrase, "juriste" irait peut-être mieux que "avocat", mais ce n'était pas comme si j'étais pinailleur.

Plus sérieusement, Rusty, tu fais des traductions derrière lesquelles je ne ressens pas le besoin impérieux de repasser, tant elles sont de bonne qualité.

Posté

Pour info :

J'essaie en ce moment d'alimenter un fil d'info d'actualités fraiches sur http://uplib.fr .

Infos vues sous un angle libéral of course.

Il y a un paquet d'infos qui sont en anglais, (et comme ça défile assez vite, je me borne souvent à traduire juste quelques lignes).

 

Les articles anglais référencés peuvent parfois intéresser un traducteur et CP.

... donc n'hésitez pas à y jeter un oeil.

 

Posté

Point de détail, Fed. est un diminutif (Federal Reserve) et non un sigle, et c'est donc Fed., avec un point, et en aucun cas FED. :) 

 

Si je pinaillais, je dirais que dans la dernière phrase, "juriste" irait peut-être mieux que "avocat", mais ce n'était pas comme si j'étais pinailleur.

 
 
Merci pour ces remarques, ça m'aide à m'améliorer.  :)
 

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