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Réduit en pièces ! Émission d'économie pour YouTube


Nigel

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Posté
  Le 14/07/2017 à 11:09, Johnathan R. Razorback a dit :

L'idée de Burke selon laquelle il y a un fond de vérité derrière chaque préjugé est tellement absurde que sa réfutation est une perte de temps. Ou est la rationalité minimale du culte du cargo ou de la croyance médiévale du caractère démoniaque des chats ?...

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  Je ne pense pas qu'il s'agisse du propos de Burke, sinon ce dernier serait contre de tout changement. Or ce n'est pas le cas. 

 

 J'interprète plutôt son propos ainsi : "Dans le doute, il faut mieux se fier à la tradition car derrière elle se cache l'expérimentation de nombreux individus durant de longues années"

 C'est plutôt un appel à la prudence qu'autre chose. Mais quand on est relativement sûr qu'il faut changer, et bien le changement est à essayer. 

 

 En tout cas, c'est comme ça que je l'ai toujours compris. Mais je suis pas un expert de Burke. 

Posté
  Le 14/07/2017 à 11:19, Rincevent a dit :

"Chaque" est sans doute de trop, mais je serais toi, je n'irais pas aussi vite en besogne.

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Sauf que "chaque" est le mot clef ici. On ne remet en question le fait que quelques préjugés peuvent avoir du sens, voire même la majorité, mais dire que tous les rejugé sont fondés, c'est assez idiot parce que statistiquement on tombera forcément sur un mauvais

Posté
  Le 14/07/2017 à 11:28, Nigel a dit :

J'interprète plutôt son propos ainsi : "Dans le doute, il faut mieux se fier à la tradition car derrière elle se cache l'expérimentation de nombreux individus durant de longues années"

C'est plutôt un appel à la prudence qu'autre chose.

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C'est un appel au conformisme (parce que pour qu'il soit prudent de se fier, dans le doute, à la tradition, il faut déjà avoir établi la supériorité tendancielle de la tradition, ce qui n'est pas du tout établi).

 

Mais ton interprétation n'est pas non plus valable, parce que le texte de l'extrait ne se situe pas "dans le doute", c'est une défense du préjugé en général ("nous aimons nos préjugés" dit Burke. Il ne dit pas que, sous certaines conditions, il vaut mieux se fier aux préjugés. Sous prétexte de l'enracinement de l'homme dans un pays concret, une culture, etc., il délégitime l'entreprise des Lumières de dissiper la superstition. Ce n'est pas pour rien que Sternhell lui consacre nombre de pages dans Les Anti-Lumières).

 

Rappelons aussi, entre autres faits d'armes, que Burke était antisémite et l'un des premiers propagateurs de la théorie du complot judéo-maçonnique.

Posté
  Le 14/07/2017 à 11:09, Johnathan R. Razorback a dit :

La dénonciation du "rationalisme abstrait" vise dans les faits les auteurs contractualistes, qui, sans être tous libéraux, essayent au moins d'imposer à l’État une forme de finalité rationnelle.

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Le contractualisme est très critiquable. Et de fait on ne peut pas définir une constitution de manière abstraite et l'appliquer hors-sol n'importe où sans que ça entraîne des problèmes. On ne peut pas réformer les institutions politiques sans prendre en compte les spécificités historiques et culturelles.

 

  Quote

L'idée qu'il faudrait être prudent avant de liquider les préjugés est absurde, puisque le préjugé est par définition une croyance non-encore examinée. Dès lors qu'on l'examine il est déjà liquidé en tant que préjugé (ce qui n'implique en rien qu'on finisse par décider que la croyance concernée doive être rejetée. Simplement, après examen, on l'a conserve au nom de telle ou telle raison, et non parce que c'est un préjugé, une habitude, une tradition héritée, etc.).

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Je renverrais à Hayek et l'idée de connaissance distribuée. Ce n'est pas parce qu'un individu n'arrive pas à concevoir le rôle ou l'intérêt d'une institution qu'elle n'en a pas.

 

  Le 14/07/2017 à 11:52, Johnathan R. Razorback a dit :

Rappelons aussi, entre autres faits d'armes, que Burke était antisémite

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Comme Marx ?

Posté
  Le 14/07/2017 à 12:10, Lancelot a dit :

Le contractualisme est très critiquable.

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Tout à fait. Ce qui ne rend pas tous les anti-contractualismes vrais et sympathiques. Voici par exemple ce qu'écrit Hume, un philosophe libéral anti-contractualiste et contemporain de Burke: « Un gouvernement établi possède un avantage infini par cela même qu’il est établi, car le gros de l’humanité est gouverné par l’autorité plus que par la raison, et ne reconnaît d’autorité qu’à ce qui se recommande de l’ancienneté. C’est pourquoi le rôle d’un sage magistrat ne sera jamais d’interférer dans ces matières, ni de tenter des expériences sur la seule foi d’arguments supposés ou d’une prétendue philosophie ; il s’inclinera au contraire devant ce qui porte l’empreinte du temps" -David Hume, Essais moraux, politiques et littéraires, et autres essais, PUF, coll. « Perspectives anglo-saxonnes », trad. Gilles Robel, 2001, 874 pages, p.640.

 

N'est-il pas évident qu'avec cette légitimité par l'ancienneté, on n'est à moins d'un pas de la formule du contre-révolutionnaire absolutiste Joseph de Maistre*, selon laquelle tout gouvernement est un bon gouvernement ? (ce qui ne diffère pas grandement de la théologie politique de Paul de Tarse: "Tout gouvernement vient de Dieu", i.e. le droit de révolte n'existe pas).

 

*Le même faisant comme par hasard lui aussi l'éloge du ...préjugé (contre Locke notamment):

 

« L’homme pour se conduire n’a pas besoin de problèmes, mais de croyances. Son berceau doit être environné de dogmes ; et, lorsque sa raison se réveille, il faut qu’il trouve ses opinions faites, du moins sur tout ce qui a rapport à sa conduite. Il n’y a rien de si important pour lui que les préjugés. […] Or ces sortes d’opinions sont le plus grands besoin de l’homme, les véritables éléments de son bonheur, et le Palladium des empires. Sans elles, il ne peut y avoir ni culte, ni morale, ni gouvernement. Il faut qu’il y ait une religion d’Etat comme une politique de l’Etat ; ou plutôt, il faut que les dogmes religieux et politiques mêlés et confondus forment ensemble une raison universelle ou nationale assez forte pour réprimer les aberrations de la raison individuelle qui est, de sa nature, l’ennemi mortelle de toute association quelconque, parce qu’elle ne produit que des opinions divergentes. » -Joseph de Maistre, Des origines de la souveraineté.

Posté
  Le 14/07/2017 à 11:52, Johnathan R. Razorback a dit :

Rappelons aussi, entre autres faits d'armes, que Burke était antisémite

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C'est rigolo que tu mentionnes ça, parce que les Lumières aussi. Un point caca partout, la balle au centre.

Posté
  Le 14/07/2017 à 13:02, Rincevent a dit :

les Lumières aussi.

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Non. Pour s'en convaincre, il n'est besoin que de convoquer la figure de Spinoza et son influence sur ce que Jonathan Israel a appelé les Lumières radicales.

 

Taguieff, dans le chapitre 3 (qui traite des Lumières) dans son ouvrage La Judéophobie des Modernes, arrive bien à pointer Voltaire (qui était en effet raciste et antisémite), et pour le reste peine à convaincre. Il essaye bien de trouver un antisémitisme chez d'Holbach, avant d'être obligé d'admettre que la cible du philosophe matérialiste n'est autre que l'obscurantisme religieux: « Pour le baron d’Holbach […] les Juifs n’étaient pas irrémédiablement perdus pour l’humanité éclairée : il leur suffisait de rejeter leurs croyances et leurs traditions. » -Pierre-André Taguieff, La Judéophobie des Modernes : Des Lumières au Jihad mondial, Odile Jacob, 2008, p.96.

 

Car on peut juger de l'arbre à ses fruits et c'est bien le rationalisme des Lumières et l'épouvantail de l' "Homme abstrait" qui conduit à la Révolution française et à l'égalité civique et politique des Juifs. Et il est bien clair que les ennemis de la première, les apôtres de la tradition, sont aussi hostiles à l'autre: « L’émancipation des Juifs est décryptée par Bonald comme l’abolition de toutes limites empêchant les Juifs de devenir les « maîtres » de la « société chrétienne ». Il s’oppose par là directement à la vision libérale et « philanthropique », s’inspirant des Lumières, de la solution du « problème juif », qui postule que les Juifs ne sont assimilables qu’à la condition d’être « libérés » ou « émancipés ». […] Bref, les Juifs doivent retourner au ghetto. » (ibid, p.104-105).

Posté
  Le 14/07/2017 à 14:34, Lancelot a dit :

Tout ennemi de Rousseau ne peut pas être foncièrement mauvais.

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Si. Et comme l'explique Hugenin (conférence trouvable sur Youtube), la conception contre-révolutionnaire de la souveraineté et du politique est curieusement...rousseauiste (elle se revendique chrétienne, anti-rationnaliste et culturaliste, elle est antilibérale, anti-individualiste. Et anti-industrielle aussi).

 

« [En affirmant que la société prime sur l’individu, là où la philosophie classique –des Grecs jusqu’à Thomas d’Aquin- faisait du bien commun la condition de la réalisation de l’homme, posait l’homme comme fin] Il y a une sorte de renversement de la pensée réactionnaire, qui pour ma part prouve qu’elle est moderne. » -François Hugenin.

 

Moralité: "Qui trop combat le dragon devient dragon lui-même" (Nietzsche)

Posté

@Johnathan R. Razorback : deux choses. D'une part, tu sais que les Lumières sont très diverses, et pour ma part je parle des Lumières françaises (dont le rationalisme et la haine des traditions aboutiront inévitablement à la dissolution des Juifs en tant que peuple, de gré ou de force).

 

D'autre part, si Taguieff ne te semble pas convaincant, peut-être trouveras-tu davantage d'arguments chez Herzberg.

https://www.amazon.com/French-Enlightenment-Jews-Arthur-Hertzberg/dp/0231073852

Posté
  Le 14/07/2017 à 14:44, Johnathan R. Razorback a dit :

Si. Et comme l'explique Hugenin (conférence trouvable sur Youtube), la conception contre-révolutionnaire de la souveraineté et du politique est curieusement...rousseauiste (elle se revendique chrétienne, anti-rationnaliste et culturaliste, elle est antilibérale, anti-individualiste. Et anti-industrielle aussi).

 

« [En affirmant que la société prime sur l’individu, là où la philosophie classique –des Grecs jusqu’à Thomas d’Aquin- faisait du bien commun la condition de la réalisation de l’homme, posait l’homme comme fin] Il y a une sorte de renversement de la pensée réactionnaire, qui pour ma part prouve qu’elle est moderne. » -François Hugenin.

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Ça n'explique rien en vérité. Ce gars a une opinion, cool pour lui.

Posté
  Le 14/07/2017 à 15:03, Johnathan R. Razorback a dit :

Ton premier message ne précisait pas que tu parlais uniquement des Lumières françaises, ce qui réduit la portée de ton affirmation.

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Je le reconnais. L'affirmation complète était donc "les Lumières, c'est vachement trop divers pour être pris ou rejeté en bloc, et leur version française est au moins aussi antisémite que Burke, voire bien davantage compte tenu de leur descendance intellectuelle".

Posté
  Le 14/07/2017 à 18:11, Rincevent a dit :

L'affirmation complète était donc "les Lumières, c'est vachement trop divers pour être pris ou rejeté en bloc, et leur version française est au moins aussi antisémite que Burke, voire bien davantage compte tenu de leur descendance intellectuelle".

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Je suis d'accord avec la première partie de la phrase ; pour la seconde, je demande les preuves (justement à cause de cette diversité que tu mentionnes). Quant à juger des Lumières à l'aune de l'antisémitisme d'une bonne partie du socialisme du 19ème siècle, c'est juger l'arbre à un seul de ses fruits.

 

Arendt écrit que « Diderot fut le seul des philosophes français [au 18e siècle] à ne pas être hostile aux Juifs. » -Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, Calmann-Lévy, 1973, p.63.

 

Ce qui est excessif. Ou est l'antisémitisme de Pierre Bayle, Montesquieu, Condorcet, de Tracy, La Mettrie ? Quid du philosémitisme chrétien et patriotique de Rousseau ?

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Posté

Je connais le philosémitisme de Rousseau, mais je me demande si il écrivait ça en connaissance de cause, ou juste parce que ça lui permettait d'avoir des opinions à rebrousse-poil de son temps.

 

Quant à l'influence de Rousseau sur la Haskalah, je demande des preuves. La Haskalah me semble bien plus pétrie de philosophie allemande (Leibniz chez Mendelssohn, Kant dans la génération suivante, Hegel dans la Wissenschaft des Judentums puis retour à Kant après)

  • 2 weeks later...
Posté
  Le 27/07/2017 à 15:14, Nigel a dit :

 Je parle pas, car c'est l'été... Flemme...

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Une question intéressante c'est: l'euro convient-il mieux à l'Allemagne qu'aux autres pays (variante radicalisée: l'euro avantage-il l'Allemagne au détriment des autres pays membres) ? Même les économistes souverainistes ne sont pas d'accord entre eux sur la réponse !

Posté

 L'euro n'a fait qu'accélérer la suprématie économique de l'Allemagne. Ce que les souverainistes ne comprennent pas, c'est que même sans l'euro, l'Allemagne resterait la première puissance économique d'Europe. 

Posté

 Oui c'est possible aussi. En fait, ça dépend beaucoup de ce qu'auraient été l'attitude de ses voisins. 

  • 2 weeks later...
Posté

 Ahah merci^^

 

 Ca fait un peu propagande donc j'hésitais un peu. Mais faut croire que le tout fonctionne bien^^

Posté
  Le 18/08/2017 à 15:51, Nigel a dit :

 Une vidéo faite pour le buzz !!


[...]

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Bonnes vidéos (les 2 ou 3 dernières étaient bien, je peux pas juger les précédentes j'ai pas tout vu) !

 

Tu gardes un ton très modéré dans ton texte, c'est bien et ça permet de rendre les vidéos écoutables par des non libéraux, c'est appréciable. Cela dit, tu pourrais faire des "phrases" un peu plus longues, en prenant un poil moins de respirations. M'enfin, j'ai tendance à parler super vite sans respirer alors je suis un peu biaisé !

Posté

 Je fais ça pour bien mâcher mes mots, vu que j'ai pas une très bonne élocution. C'est un compromis^^

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