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Coligny

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Tout ce qui a été posté par Coligny

  1. Il n'y strictement aucune règle de politesse, de courtoisie, d'attention à l'égard des autres (ce qui contraste avec le fait qu'ils sont extrêmement devoués et ouvre facilement leurs portes). Et l'hygiène laisse carrément à désirer (tout le monde pisse dans la rue à Tel Aviv par exemple).
  2. L'hébreu est une langue très simple finalement. J'ai commencé le programme Ulpan, je pense parler assez couramment à la fin de mon année.
  3. Mmm... ma manager habite en ""colonie"" israélienne, ce qui est quand même plus sensible que de visiter Bethléem par exemple (qui effectivement ne pose aucun problème) et ce y compris pour un français.
  4. Ça fait désormais trois semaines que je vis en Israël et j'ai fait à peu près le tour du pays (Tel aviv, Jerusalem, Haifa, Nazareth, Eilat...) pour me donner une idée de la vie ici. Honnêtement, même si au début c'était laborieux car les israéliens sont d'une vulgarité sans égal, je m'y plais énormément et me sens de plus en plus connecté à cette terre. Les gens sont dynamiques, travaillent énormément et il y a une certaine insouciance du politique que j'admire beaucoup. Il m'est arrivé tellement de choses totalement loufoques dont celle ci : j'ai fêté Rosh Hashana chez ma manager qui habite dans la West Bank. Elle ne m'avait absolument pas prévenu et avait appelé un taxi pour moi, ce qui fait que je me suis retrouvé au milieu des territoires disputés sans trop rien comprendre. A 2 heures du matin, aucun taxi ne voulait venir me chercher dans ces zones là ; j'ai appelé un ami juif de Tel Aviv (qui a un crush sur moi, d'où le dévouement) et qui a traversé tout le pays pour venir me chercher dans ce trou. Il était carrément flippé au moment de passer la frontière ; j'étais énormément alcoolisé donc sur le moment je trouvais ça un peu balagan mais sans trop m'en soucier. Puis le lendemain j'ai réalisé que, ouais quand même, c'était délicat. (+ cf l'attentat aujourd'hui contre 3 israéliens en territoire) Ah et les transports publics sont ici une catastrophe monumentale. Je ne me plaindrai plus jamais du RER parisien.
  5. Et c'est précisément lorsqu'il comprend que tout n'est que médiocrité, et triste banalité, qu'il trouve la force d'écrire son roman à la fin de La Recherche. Il y a une dimension ascétique très prononcée (Proust était grand lecteur de Schopenhauer). Le parallèle que tu fais avec la Bovary est génial car La Recherche est un peu la résolution du paradoxe de Emma Bovary : elle aurait pu s'épargner un suicide si elle avait trouvé, à travers l'art, cette aptitude à sublimer ce quotidien médiocre, à "transformer la boue en or", à puiser dans le spleen une force créatrice. Les 7 tomes de la Recherche raconte le dynamisme de cette force ; elle puise sa source dans la négation du monde matériel et dans la recherche d'une forme d'éternité, d'un temps sublime et extensif. Le titre "A la Recherche du temps perdu", ne fait pas seulement référence au temps de son enfance que le narrateur essaie de retrouver (à travers ses souvenirs), mais à la recherche de l'idée même du "Temps", que les hommes ont perdue, en ne concevant le temps que comme le marquage d'un instant T et plus dans son idée englobante d'éternité, de ce "long" temps (l'incipit commence d'ailleurs par "Longtemps, je me suis couché de bonne heure", il faut entendre Long-temps et Bon-heur : c'est annonciateur du bonheur qu'obtiendra le narrateur en retrouvant ce temps long). Le final de La Recherche, qui aboutit à retrouver ce Temps, est la plus belle création humaine jamais conçue : "Si du moins il m’était laissé assez de temps pour accomplir mon œuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l’idée s’imposait à moi avec tant de force aujourd’hui, et j’y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l’espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu’ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes — entre lesquelles tant de jours sont venus se placer — dans le Temps."
  6. Les romans de Flaubert sont plus sombres qu'ils en ont l'air : l'enfance désastreuse de la Rosanette dans l'Education sentimentale (viol infantile), la vie misérable de Charles Bovary, la pauvreté de sa fille à la fin réduite à rien, la description très fréquente de cadavres, de corps en putréfaction tout comme la charogne de Baudelaire. La figure de l'Aveugle dans Madame Bovary résume un peu tout le spectre de désoeuvrement qui plane sur les romans de Flaubert. Proust c'est plutôt dans la veine du libertinage et persiflage aristocratique, immémoriel donc...
  7. Pente glissante, cher ami, attention Proust c'est Flaubert puissance 1000. Les faits bruts tiennent sur un post it mais la pureté du style rend l'oeuvre éblouissante. Et là encore, les faits sont relativement inintéressants. Ps : Rousseau est un trop grand menteur pour qualifier son oeuvre d'autobiographie. Roman, donc!
  8. Tu me jugerais si je te disais que mon roman préféré est l'inintéressante vie de J-J Rousseau qu'il raconte à travers les 1000 pages de ses Confessions. Mais voilà, l'art est ici : dans l'inutile.
  9. Oui enfin, on parle de Madame Bovary quand même. "Elle resta perdue de stupeur et n'ayant plus conscience d'elle-même que par le battement de ses artères, qu'elle croyait entendre s'échapper comme une assourdissante musique qui emplissait la campagne. Le sol sous ses pieds était plus mou qu'une onde, et les sillons lui parurent d'immenses vagues brunes qui déferlaient. Tout ce qu'il y avait dans sa tête de réminiscences, d'idées, s'échappait à la fois, d'un seul bond, comme les mille pièces d'un feu d'artifice." Si cela est esthétiquement laid, je retourne marcher à quatre pattes et je ne lis plus aucun bouquin.
  10. L'art pour l'art ne diffère pas de la quête du Beau. C'est même son unique aboutissement. Flaubert a très bien théorisé cette notion. "Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les oeuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière ; plus l’expression se rapproche de la pensée, plus le mot colle dessus et disparaît, plus c’est beau. Je crois que l’avenir de l’Art est dans ces voies. C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se posant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui tout seul une manière absolue de voir les choses.". Résultat, il publie le plus beau roman de l'humanité, Madame Bovary, qui n'a aucune quelconque notion du juste, du bien, du mal, du moral.
  11. Je suis de mauvaise foi ; le Centre Pompidou est ma seconde maison.
  12. A côté d'une œuvre disons, du même Cy Twombly, un légat à l'égo tout à fait honnête, va t'expliquer dans un petit encadré que l’œuvre (ci dessous) représente l'écoulement menstruel et l'angoisse post-oedipienne de la castration féminine.
  13. Pardon: les livres que l'on achète à la sortie. A vrai dire, je ne lis jamais les cartels, ce style journalistique m'insupporte. Mais le livre sur Cy Twombly de l'exposition Pompidou, ce nouveau Raphaël, était ravissant de bêtise. Mais j'ai quand même un souvenir d'un certain cartel : aux expositions permanentes du Centre Pompidou, face à un écran de cinéma où un homme mange une cuisse de poulet sur un air d'opéra italien, un cartel t'explique les voies impénétrables de ce machin. Brillant.
  14. Le grand Jung a, au moins, daigné brisé ce lien (ce qui est tout à son honneur). Mais tu es trop sévère Johnathan : il y a de très bons peintres au XXIe siècle, même en ce temps de décadence généralisée où la beauté ne sauvera certainement plus le monde ; Franck Carron, Timothy Behrens, Abdallah Benanteur, Edgars Vinters...
  15. Je dirais : excès de rationalité. Il n'y a pas une étude sur la peinture contemporaine qui ne soit pollué par la psychanalyse. Du Centre Pompidou au Moma, les commentaires qui accompagnent les oeuvres (et qui les façonnent indirectement) sont de simples pastiches de Freud, Jung ou d'Abraham.
  16. Rien ne vaut un honnête club libertin !
  17. Coligny

    RedKnight

    Je pense surtout que tu as une certaine arrogance intellectuelle, du moins c'est ce qui découle de tes messages. Tu penses pouvoir modéliser et systémiser chaque pans du réel et de là faire coller toutes tes politiques sur des modèles prédictifs relativement foireux. Quand je lis tes messages (et je me borne uniquement sur le champ lexical que tu emploies) on sent un excès de rationalisme (et de prétention, qui est lui est toujours corrélatif !) vraiment néfaste et qui, je pense, te fait passer à côté de l'essence même du libéralisme.
  18. Coligny

    RedKnight

    Vraiment, ton premier message laissait penser que tu allais avoir l'aréopage à tes côtés, mais tu n'as que les rieurs. Tu viens également d'Assas donc ton premier message m'a enchanté mais après ce galimatias de bêtise où tous les poncifs du genre (j'attendais et avec raison, que tu parles, dans l'ordre, de l'immigration et du grand remplacement, ensuite des noirs/arabe et ensuite des viols) ressortent, je le suis beaucoup moins.
  19. Damnation, châtiment éternel ! P.A.S.T.E.U.R
  20. Le déterminisme sociologique n'est déjà plus celui auquel tu fais référence. C'est un pur fatalisme dans la réception qu'en ont les individus. Un exemple parmi tant d'autres de la déformation de certains outils de l'endentement (mais ne lançons pas ce très long débat ici). Libéré de cette question : Dieu existe t-il ? De cette question qui torture et ronge, qui pousse à faire des choses absurdes, à placer des intermédiaires entre Dieu et soi pour nous garantir une réponse toute incertaine. Quand j'ai compris que seule la foi sauvait, qu'il fallait recevoir et non chercher, accepter et non justifier, la vie prend une toute autre dimension. On acquiert une volonté de puissance qui ressemble de près à celle que décrit Nietzsche (de sorte qu'il a décrit merveilleusement bien les effets mais s'est trompé sur les causes). D'ailleurs, j'ai pensé à toi, je crois qu'on avait eu une discussion sur Nietzsche, je ne sais plus si tu l'appréciais, mais mon pasteur à fait sa prédication sur lui la semaine dernière :
  21. Le protestantisme a séduit d'abord les grands penseurs ; la masse y était très réfractaire (notamment en France).
  22. Ce terme convient très bien (voir mon précédent message pour la "prédestination") et je suis du coup bien d'accord avec toi. On retrouve d'ailleurs des avatars du fatalisme dans beaucoup de doctrine ; le déterminisme appliquée dans les sciences sociales par exemple.
  23. Si tu veux, le IVe Concile de Constantinople avait adopté en substance que la Tradition était une des règles de la foi en méconnaissance de la Parole même : à partir de là, l'Église catholique a pu faire évoluer le catholicisme de bien des manières, dont je passe les détails. Dans ce mouvement, au sein même de la religion catholique, on s'éloigne d'autant de la pensée de Saint Augustin pour se rapprocher du thomisme (Saint Thomas d'Aquin : progrès évident sur de nombreux points il est vrai, mais passons). Au XVIe siècle, la "vie" normale d'un croyant était rythmée par les sacrements, les rites, les messes, les confessions, de manière plus générale, les traditions. L'Eglise catholique et la hiérarchie cléricale joue le rôle d'un intermédiaire entre Dieu et le croyant. Face à l'angoisse que l'on ressent face à Dieu (Comment recevoir son pardon ? Comment comprendre ses voies ?) on multipliait les expressions matérielles et extérieures, les rites, les gestes, les flagellations corporelles, les pèlerinages, les dévotions publiques, les processions, le culte des saints, la dévotion des reliques, et le commerce des indulgences où les croyants "achetaient" à l'Eglise leur rédemption. Luther et Calvin (en retrouvant la pensée de Saint Augustin) ont introduit à ce moment là l'idée que seule la foi sauve (sola fide) et justifie le croyant devant Dieu : certains sont prédestinés à être sauvé (ceux qui acceptent la grâce de Dieu : sola gratia), d'autres non. "Dieu adopte certains à l'espoir de la vie et adjuge les autres à la mort éternelle". (Calvin). À partir de là, le croyant pouvait se libérer du doute, se libérer des rites païens et des expressions théâtrales de la foi, se libérer de cette angoisse irrépressible devant le silence de Dieu. Il peut se consacrer entièrement à soi, à s'accomplir, à se réaliser, il sait désormais que Dieu l'accompagne et le suit dans sa destinée terrestre. L'expression "prédestination" dans notre époque moderne est inadaptée et entraîne pas mal de confusions.
  24. La prédestination (au sens de Saint Augustin et de Calvin) est la notion la plus salvatrice qui soit. L'idée qu'une âme soit justifiée par Dieu simplement par la foi permet une réalisation de soi infinie et libère de tout errements. Quand j'expliquais à @Johnathan R. Razorbackque peu de protestants ou d'augustiniens désormais y souscrivent encore, c'est vrai ; mais cette idée-là m'a libérée et j'y adhère totalement.
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