
Raoul.
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Dans le plan de conversion au régime 100 % or élaboré par Rothbard (et présenté par lui devant une commission du congrès), il était prévu que la banque centrale définisse un taux de conversion permettant d’égaliser ses réserves d’or et la masse monétaire en circulation. Sur la base de cette parité, la banque centrale devait rembourser tous les dollars qui se présenteraient. A l’issue de l’opération, elle devait être dissoute. Le problème qui se posait portait sur la nature du stock monétaire en question. La justice aurait voulu que seuls les billets de banque (centrale) soient remboursés, à l’exclusion des dépôts créés par les banques. L’inverse serait revenu à faire un cadeau aux banques. Eh bien, c’est cette dernière solution que préconisait Rothbard, afin de faire en sorte que tous les dépôts se retrouvent immédiatement couverts, et d’éviter ainsi toute déflation.
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Rothbard, au sujet de Hume : http://mises.org/daily/5077/David-Hume-and-the-Theory-of-Money
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Mais, précisément, ils ne continueront pas à 'vendre à perte' "indéfiniment". Leurs pertes cesseront lorsqu’ils auront à renouveler leurs facteurs de production. En effet, comme ils savent désormais que, à cause de la nouvelle taxe, ces facteurs ne produisent plus autant de « valeur » qu’auparavant, ils seront (tous) conduits à diminuer leurs prix d’achats desdits facteurs. A partir de là, de deux choses l’unes. Soit les facteurs en cause sont relativement spécifiques à l’industrie taxée. Dans ce cas, les fournisseurs de ces facteurs n’auront pas le choix : ils devront baisser leurs prix suffisamment pour que les producteurs des biens finaux puissent à nouveau faire du profit. Les marges seront restaurées par les coûts, sans que les prix augmentent. Soit les facteurs en cause sont relativement peu spécifiques à l’industrie taxée. Dans cette hypothèse, les producteurs des biens taxés, qui ne représentent qu’une petite partie de la demande, ne parviendront pas à faire (suffisamment) baisser les prix des facteurs de production. Dans ce cas-là, les firmes marginales devront faire faillite. Cela fera baisser la production et augmenter les prix, restaurant ainsi les marges des firmes restantes. Bien-sûr, je suppose que, en pratique, la situation sera un intermédiaire entre les deux hypothèses. Je pense effectivement que c’est de cette façon que les choses devraient se dérouler. Ma seule réserve porte sur place que vous semblez accorder à l’élément intentionnel dans votre 'scénario'. Je me fais peut-être des idées, mais j’ai l’impression que vous conférez aux producteurs une sorte d’intention 'perverse'. Bien-sûr, ils peuvent bluffer, faire croire qu’ils ont des coûts plus bas que leurs voisins, afin de décourager ces derniers et de les inciter à abandonner. Mais il me semble qu’une telle stratégie pourra tout au plus influer à la marge sur l’identité des producteurs qui devront suspendre leurs activités. Dans tous les cas (sauf s’ils parviennent à faire baisser suffisamment le coût des facteurs), bluff ou pas, il faudra que certaines firmes s’en aillent. Incidemment, le terme « éjecter » ne doit pas revêtir de connotation péjorative. Comme le disait feu Robert Bork (paix à son âme), “exclusion or foreclosure is the mechanism by which competition confers its benefits upon society”.
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Ralph Raico, à propos de Keynes et Locke : http://mises.org/daily/4251
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Notez quand même que je n'ai nullement affirmé que Locke serait keynésien. J'ai dit qu'un économiste actuel qui adopterait les vues de Locke en matière d'économie pourrait être qualifié de keynésien. J'ai aussi précisé qu'il ne faisait aucun doute pour moi que Locke s'inscrivait pleinement dans la tradition libérale. Il est clair que Locke aurait changé d'opinion s'il avait pu avoir accès aux grands livres libéraux écrits après son époque. Ceci dit, je ne peux approuver les propos sur Schumpeter que vous citez. Ils sont d'ailleurs visiblement contradictoires. Pour que le keynésianisme ait été "dépassé" il faudrait encore qu'il ait été autrefois "valable". Or, reposer "sur une vision mécanique qui établit des relations entre des grandeurs globales sans tenir compte des choix des individus qui sont à l'origine de ces grandeurs", a toujours constitué un vice rédhibitoire pour une théorie économique. Conclusion : le keynésianisme a toujours été du charlatanisme.
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Je répondais à un propos de 'Free Jazz' (celui que j'avais cité) qui réduisait précisément le libéralisme classique à sa dimension philosophique. Mais passons. J'ai quelques doutes sur la généalogie du libéralisme que vous présentez. Que ce soit en France ou en Angleterre, il me semble que la théorie libérale a souvent été développée dans le cadre de polémiques ou de crises de nature économique (impôts, dette publique, pouvoir d'accorder des monopoles, krach boursier, dépréciation des monnaies, justification de la légitimité de l'intérêt...). Je n'irai certes pas jusqu'à affirmer que le libéralisme économique fut tout le temps premier, mais je pense que les choses sont plus compliquées que ça. Je ne suis pas non plus convaincu que le libéralisme philosophique serve nécessairement de prémisse au libéralisme économique. De même, je ne sais pas si la réduction par les utilitaristes du libéralisme à sa seule dimension économique a constitué une "erreur tragique", mais je puis dire que, en tout état de cause, ce ne fut pas la seule "erreur tragique" commise par les libéraux anglo-saxons : l'adoption d'une théorie objective de la valeur, qui a pavé la voie au marxisme, en fut aussi une de taille.
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Je pense que vous vous êtes trompé de lien. Je suppose que le bon doit être celui-ci : http://www.contrepoints.org/2012/03/19/73768-keynesianisme-et-liberalisme-une-comparaison La difficulté avec cet article réside dans le fait que Keynes approuve expressément l'approche marginaliste-subjectiviste, qu'il appelle le "premier postulat de la théorie classique". En revanche, il contredit aussitôt ce "postulat", sans probablement s'en rendre compte.
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Il ne s'agit pas de réduire le libéralisme au seul libéralisme économique, mais de ne pas le réduire au seul libéralisme philosophique.
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Merci de vous abstenir d'affirmations purement péremptoires. J’ai présenté les raisons qui me faisaient conclure que Keynes et Locke avaient d’importantes idées communes en analyse économique. Vous pouvez me prouver que j’ai tort, mais pour cela il faudrait pour le moins démontrer, 1° soit que la doctrine de l’intérêt n’est pas un élément fondamental de la théorie keynésienne ; 2° soit que Keynes ne s’est pas réellement revendiqué de la théorie lockéenne ; 3° soit que Keynes avait tort de se revendiquer de la théorie lockéenne. M’est avis que c’est le 3° serait probablement le plus accessible à la critique. Incidemment, je ne comprends pas comment vous pouvez seulement affirmer que le libéralisme classique ne serait pas une théorie économique.
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Je n'ai pas dit qu'Aron avait créé cette tendance, mais que, même s'il avait été davantage lu, il n'aurait pu permettre de l'éviter, alors que, à cette même condition, il aurait bel et bien pu réussir à enrayer le dirigisme planificateur des années 60-70.
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Mon avis personnel est que Hayek a mis un peu d'eau dans son vin afin de vaincre le sectarisme des gens qu'il voulait persuader. Mais il n'en reste pas moins qu'il était modéré par rapport à Mises et aux "Autrichiens" actuels .
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Du tout. Mais j'ai rencontré beaucoup de personnes qui reconnaissent qu'il est très difficile d'avancer dans les livres de Hayek. C'est d'ailleurs vrai aussi de ses livres de théorie économique. Et je connais très peu de gens qui lisent encore Aron. L'école autrichienne était assez peu libérale à ses débuts. Ce n'est d'ailleurs pas nécessairement une mauvaise chose. Cela montre que des économistes, indépendamment de leurs idées politiques, ont réussi à identifier un certain nombre de lois dont, aujourd'hui, les implications de ces lois ayant été dégagées, on se rend compte qu'elles disposent au libéralisme.
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Vous dites ?
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Hayek était est un économiste vraiment très compétent et original, mais ses oeuvres sociologiques et philosophiques sont un peu...bizarres, et ennuyeuses. Quant à son libéralisme : disons que le cercle des économistes autrichiens de Vienne était assez peu libéral, et que Mises tranchait dans le lot. Hayek était d'un libéralisme assez modéré, mais il semble avoir été un peu plus libéral que les autres économistes "autrichiens" de l'époque (à l'exception de Mises, donc).
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Vous m'intéressez. Vous voulez dire qu'Aron se serait servi de l'oeuvre de BB ? Ce serait fort possible, je ne dis pas le contraire. Néanmoins, dans les quatre ou cinq livres d'Aron que j'ai lus, il ne me revient pas d'avoir jamais vu mentionner BB. De surcroît, Aron ne m'a pas paru du tout compétent en théorie économique.
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Bon, je ne vais pas faire du Hayek-bashing, mais disons que je ne partage pas cette théorie. Pas principalement, comme vous dites. Mais c'est précisément une chose qu'on pourrait lui reprocher. Etant donné qu'il y avait des failles à la fois énormes et bien localisées dans l'oeuvre économique de Marx, je trouve très regrettable, de la part d'Aron, de s'être faire "happer" dans un débat métaphysique, où les victoires sont nécessairement moins objectives et nettes, et où, dans tous les cas, les débats sont sûrs d'être ennuyeux. A l'inverse, la réfutation de Marx par BB doit tenir dans 100 pages.
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On n'a pas la même perception des choses, alors. Il me semble qu'il s'agit d'un jugement sobre et non d'un procès. Je trouve néanmoins Aron un peu coupable de ne pas avoir utilisé davantage l'arme économique. Critiquer Marx sans s'appuyer sur Böhm-Bawerk (qu'on me corrige s'il l'a fait), ça me semble assez léger.
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Peut-être... Mais je dirais plus précisément que si la moitié des Français avaient lu Aron dans les années 60 et 70, la France aurait eu plus rapidement son visage d'aujourd'hui. Disons qu'elle n'aurait pas sombré dans la planification et le contrôle des prix, ce qui lui aurait évité bien des malheurs, mais qu'elle n'aurait eu aucune résistance contre le virus qui nous ravage aujourd'hui, celui du pouvoir politique conçu comme venant "corriger" (et non plus "abolir") le capitalisme. Notez que j'ai bien précisé ci-avant que je considère Locke comme s'inscrivant pleinement dans la tradition libérale. Tout simplement parce que c'était un pionnier, qu'à ce titre il avait le droit de faire des erreurs, et que s'il avait pu bénéficier de tous les bons livres écrits depuis, il les aurait probablement évitées (les erreurs). Cela posé, il n'en reste pas moins que, sur un point important, celui de la théorie de l'intérêt, Keynes partage pleinement ses vues. Votre esquive anti-Godwin vaudrait seulement si le point en cause n'était pas important. Accidentellement, puisqu'on est dans le Godwin, je me permets de ressortir cet extrait de la préface à l'édition allemande de la TG, au cas où ce morceau de bravoure signé Keynes aurait échappé à un liborgien :
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Keynes se réclame expressément de Locke, pour ce qui concerne sa théorie de l'intérêt (TG, chapitre 23, III). Il se revendique également un peu de Hume. Aron a écrit à plusieurs reprises qu'il était "keynésien avec quelques regrets du libéralisme". Dans ses mémoires, il écrit qu'il a changé d'avis sur l'économie quand il a découvert le "multiplicateur" keynésien. Vous devriez lire l'article de Laine que j'ai cité ci-dessus. Il est bien fait et assez équilibré. Voir en Aron un "sas" vers le vrai libéralisme me semble correct.
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Pour mémoire, selon Keynes, si l'on mettait en oeuvre sa médecine, l'"efficacité marginale du capital" tomberait à un niveau proche de zéro "en l'espace d'une seule génération". (TG, chapitre 16, IV).
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En économie "statique", les profits entrepreneuriaux disparaîtraient, mais il resterait les intérêts. A défaut, les gens n'auraient aucun intérêt à entretenir la structure de production. Pour la réfutation de la thèse schumpéterienne (i.e., celle de l'absence d'intérêt dans l'ERE), voir l'appendice au chapitre 6 de MES. (Ca veut dire quoi, *kof* ?)
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Mmm, comment ça ? Vous ne voulez pas interdire aux gens de stipuler un intérêt, je suppose ? L'abondance du capital n'a pas de rapport direct avec le taux d'intérêt. L'abondance du capital a un impact sur la productivité marginale, et donc sur le prix, des biens de capital. Mais le taux d'intérêt, comme son nom l'indique, est un taux, et plus précisément un rapport entre sa valeur actuelle et sa valeur future. Il n'est donc pas affecté par la valeur des biens de capital. Par exemple, si le taux est de 5%, vous devrez payer 5 pour emprunter pendant un an une machine valant 100. Si, ultérieurement, du fait de l'abondance du capital, ladite machine ne vaut plus que 10, vous aurez à payer 0,5 pour l'emprunter pendant un an. Le montant des intérêts sera plus faible, mais le taux d'intérêt n'aura pas changé (5%).
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Je suis évidemment d'accord. Il n'empêche que le degré de libéralisme chez Aron est assez bas, et en tout cas beaucoup plus bas que ce qui est habituellement prétendu. On traficoterait comme ça avec votre bière, vous vous plaindriez au patron.
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Un mot encore sur Hume et Cie : On ne peut pas juger les économistes du passé comme on juge les économistes contemporains. Locke, si je m'abuse, avait adopté la valeur-travail (~) et avait une conception uniquement monétaire du taux d'intérêt. Il n'en demeure pas moins qu'il s'inscrit clairement dans la tradition libérale. En revanche, un économiste qui, de nos jours, adopterait les vues de Locke, devrait qualifié de quasi-keynésien. (Quant à Turgot, même au regard des critères d'aujourd'hui, il était libertarien.)
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Quoi, Condorcet, Burke, Spencer, Turgot, Hume, Mill..., étaient keynésiens ?? Mon univers mental s'écroule !! J'avais lu l'article en question, et j'avais répondu à l'auteur sur son blogue. L'entier article repose sur un postulat implicite, à savoir que Keynes ne serait ni hypocrite ni incohérent. Ce postulat est erroné. En réalité, à chacune des citations produites pour montrer que Keynes ne serait pas socialiste, l'on pourrait opposer dix autres citations allant dans le sens contraire. Mais il ne faudrait pas en déduire que Keynes était une girouette, et qu'il pourrait être interprété dans tous les sens. Si Keynes n'aimait pas le folklore marxiste (trop snob pour cela), il était extrêmement interventionniste, et même anticapitaliste (a.k.a, il voulait ramener les taux d'intérêt à zéro). Il partageait également certains piliers des théories de Marx (valeur-travail, sous-consommation...). Néanmoins, comme il n'était pas de force à s'attaquer de front aux classiques, il s'y est toujours pris de manière détournée. Sa stratégie était de rendre un hommage hypocrite aux économistes libéraux, avant d'insinuer que leur théories n'auraient été applicables que "sous certaines conditions" (lesquelles, comme par hasard, se trouvent ne pas être celles du monde réel), pour en déduire que ces théories doivent être remises au placard. Accessoirement, comme solution de repli, il a semé dans ses livres tout une série de propos en contradiction avec les lignes de fond de son oeuvre, afin de donner le change aux éventuels critiques. Ce sont ces "citations" contradictoires qui sont ressorties systématiquement par les keynésiens, le temps de laisser passer l'orage, lorsqu'il s'agit d'esquiver des attaques un peu vigoureuses. Bref, contrairement à la légende, Keynes était vraiment keynésien.