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Raoul.

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Tout ce qui a été posté par Raoul.

  1. Effectivement, je me suis demandé pendant un temps si l’auteur ne se plaçait pas dans le LT dans son deuxième chapitre (i.e., s’agissant des deux petites citations). Cependant, rien n’indique que ce soit le cas. L’exemple numérique qu’il utilise tend même montrer qu’il ne prend pas en considération la réduction de production. En effet, il écrit que, si le gouvernement instaure une taxe de t sur un bien vendu jusqu’alors au prix p1, le « coût total du bien » pour le consommateur sera désormais de p1 + t. Or, si cette augmentation du prix était liée à réduction de l’offre, rien n’indique qu’elle serait d’un montant exactement égal à celui de la taxe. En fait, il semble que, pour Varian, la taxe aura des effets différents selon qu’elle est collectée auprès du producteur ou des consommateurs (le premier exemple concernait une taxe prélevée sur les propriétaires d’appartements, et les deux suivants, une taxe collectée auprès des consommateurs). Pour ce qui concerne la synthèse marshallienne : on est d’accord que, pour ce qui concerne le court terme, elle est compatible avec le théorème du non transfert de la taxe, puisque les coûts ne jouent aucun rôle dans cette situation-là. Mais il me semble qu’il en est de même à long terme, ou du moins qu’il peut en être de même, puisque la théorie marshallienne énonce justement que les prix sont en partie déterminés par les coûts : si ces coûts sont augmentés artificiellement par le Gouvernement, les prix devront monter. Dans les deux cas, donc, les conclusions obtenues sont les mêmes : à CT, pas de changement ; à LT, les prix augmentent. La divergence n’interviendrait que dans l’hypothèse où les facteurs de production utilisés dans l’industrie soumise à la taxe (ou une bonne partie d’entre eux) seraient très spécifiques à cette industrie. Dans cette situation, la théorie autrichienne énonce que les producteurs des biens taxés pourront obtenir une réduction du prix des facteurs de production (les propriétaires de ces derniers, en effet, n’auront pas le choix, faute d’usage alternatif) et ne seront ainsi pas contraints (ou contraints dans une moindre mesure) de diminuer leur production. De ce fait, le prix des biens de consommation resterait identique (ou augmenterait moins que si les facteurs n’étaient pas spécifiques). A l’inverse, un marshallien orthodoxe ne pourrait pas concevoir que les « coûts », supposés objectifs, puissent être réduits de cette façon. Pour un marshallien, donc, les prix ne pourraient qu’augmenter à long terme, alors que, si je ne m'abuse, ce ne serait pas inévitable dans le schéma autrichien.
  2. Je comprends mieux. Dans le même ordre d’idée, l’instauration d’une taxe sectorielle peut aussi favoriser l’établissement d’un cartel dans la mesure où - les producteurs vont sans doute avoir l’occasion de se concerter dans le cadre des actions menées afin de s’opposer au projet de taxe ; - la hausse de prix générée par le cartel pourrait facilement être imputée à l’instauration de la taxe en cas de litige avec les autorités antitrust ; - si la taxe provoque une contraction du secteur en cause, les membres d’un cartel auront moins à redouter l’entrée sur le marché d’un nouveau concurrent. En fait, ça a été l’inverse : d’abord l’identité réelle, via des articles, puis le pseudo, via les archives du forum… Les francophones qui savent ce qu’il y a dans MES ne courant pas tout à fait les rues, le recoupement n’a pas été trop difficile… Ce n’est pas ce que je voulais dire, mais je conviens que mes propos prêtaient à confusion. Il est vrai que, dans une discussion sur ce thème, parler de « free riding » laisse entendre que l’on se place dans le cadre d’un cartel. Néanmoins, je songeais seulement à la situation (en principe non pénalement répréhensible, mais les principes en la matière…) où les participants à un marché relativement concentré observent les stratégies des concurrents et essaient de s’y adapter en les anticipant, sans pour autant se mettre d’accord entre eux sur la conduite à adopter.
  3. Je trouve tout de même que la formulation choisie par Hoppe est ambiguë : on dirait que les producteurs sont purement passifs dans l'histoire, alors que cette réduction résulte au contraire d'une adaptation délibérée aux nouvelles conditions de marché. Mais ce n'est pas très important.
  4. Oui, j'avais noté, moi aussi, des propos assez ambigus de Hoppe sur ce point-là. Mon explication est qu'il se référait au long terme. Ainsi, dans la dernière phrase de l'extrait suivant, il écrit que le déplacement de la courbe de l'offre vers la gauche (et non vers la droite...) implique une hausse des prix ; or, la thèse qu'il défend est que les prix n'ont pas de raison de bouger à court terme ; d'où je déduis que "the leftward shift" concerne le long terme. Il reste néanmoins que je ne sais pas quel sens donner au bout de phrase que j'ai mis en gras.
  5. Je ne suis pas sûr de voir à quoi vous faites exactement référence ici quand vous écrivez que “c’est concevable” et que Rothbard « le note ». Voulez-vous dire que Rothbard admet que l’instauration d’une nouvelle taxe puisse permettre de « coordonner » les producteurs et les mettre ainsi en mesure d’augmenter immédiatement leurs prix ? Oui, mais je me plaçais dans l’hypothèse où la demande est inélastique au niveau de l’industrie mais élastique au niveau des producteurs individuels. Dans cette hypothèse, comment les producteurs individuels pourraient-ils tirer parti de l’inélasticité globale autrement qu’en formant (expressément ou tacitement) un cartel ? Or, s’ils forment un cartel, la hausse des prix ne sera pas imputable à la nouvelle taxe elle-même, etc. Je reconnais que je n’ai pas employé le mot « marginal » dans son sens usuel. Je voulais faire référence aux dépenses qui doivent encore être engagées, une fois que le bien a été produit, pour pouvoir procéder à la vente (« i.e., en gros, les frais de manutention et d’expédition + la taxe elle-même »). L’idée est de distinguer, au moment où la taxe est instaurée, les dépenses qui ont déjà été réalisées de celles qui restent encore à engager. Oui, c’est une remarque que je m’étais faite il y a quelque temps. En explorant cette piste, j’étais d'ailleurs tombé sur un des vos articles touchant à cette question (merci la transparence des pseudos…). Jusque-là, je suis d’accord. C’est d’ailleurs ce que j’avais essayé d’exprimer en écrivant « sans pour autant donner lieu à une entente (autrement le « transfert » de la taxe serait dû à un élément indépendant) ». Là, en revanche, j’ai du mal à voir ce que vous voulez dire. Je comprends bien qu’une taxe puisse faire dévier les prix du niveau auquel ils se seraient fixés en son absence, mais je ne vois comment une taxe pourrait créer une barrière à l’entrée de nature à engendrer un « prix de monopole » (sauf monopole de mise perdue), dans la mesure où tous les producteurs potentiels seraient affectés par cette taxe (sous réserve, bien-sûr, que cette taxe ne soit pas discriminante).
  6. Dans le doute, j'essaie tout de même de discuter... Plusieurs remarques : 1° Le fil n'a pas été démarré par un "quidam" voulant se renseigner sur l'évolution future des prix, mais par une personne intéressée par la science économique et désirant manifestement discuter théorie ; 2° Même d'un point de vue purement pragmatique, ce que vous désignez sous le nom "d'effets intermédiaires" revêt une grande importance pour un des "quidams" intéressés, à savoir le producteur. La question, pour lui, est de savoir quoi répondre quand on lui dit "on va augmenter les taxes, mais, ne vous inquiétez pas, ce sera indolore, il vous suffira d'augmenter vos prix..." ; 3° La différence entre les effets de court et long terme a déjà été rappelée à plusieurs reprises sur ce fil.
  7. Pour en revenir à Hal Varian, après avoir tenu (dans son chapitre 1) les propos que j'ai rapportés ci-avant, il enchaîne, dans son chapitre 2, en écrivant ceci : J'ai pour l'instant du mal à voir comment ces différentes affirmations se concilient.
  8. Jean-Baptiste Say avait écrit de belles choses, dans le discours préliminaire à son Traité, sur la stérilité de l'opposition théorie/pratique :
  9. Je serais plutôt enclin à dire que la falsifiabilité est le critère qui permet de définir les sciences "dures". Cependant, pour les besoins de l'argument, il me semble aussi acceptable de faire une distinction entre la "science" (i.e., l'ensemble des sciences dures) et les autres ensembles organisés de connaissance, ceux qui ne sont pas susceptibles de falsification. De là, de deux choses l'une. Soit vous démontrez que l'économie est de la pseudo-connaissance, soit vous m'expliquez comment il serait possible de falsifier un (bon) théorème économique -- par exemple celui de l'incidence fiscale. Pour ce qui est de la falsification du théorème de l'incidence, il existe a priori trois tests envisageables : 1° Soit l'on montre que, dans certaines circonstances historiques, une hausse d'impôts a été suivie par une augmentation des prix. Ce test n'est pas pertinent parce que le théorème de l'incidence n'énonce nullement que des augmentations de prix ne peuvent se produire dans de telles circonstances. En effet, ce théorème concerne seulement le "court terme", i.e. la période qui court de la hausse d'impôts jusqu'à l'épuisement de stocks et au remplacement des facteurs de production. Or, ces éléments (épuisement et remplacement) échappent le plus souvent à l'attention de l'observateur extérieur. 2° Soit l'on montre qu'un producteur donné a augmenté ses prix avant d'avoir épuisé ses stocks et remplacé ses facteurs de production. Cependant, ce test n'est pas davantage pertinent que le précédent, puisqu'il est évidemment possible qu'un producteur augmente ses prix dans ces circonstances, du moment que les autres producteurs, eux, ont déjà épuisé leurs stocks et remplacé leurs facteurs de production. 3° Soit l'on montre que l'ensemble des producteurs ont augmenté leurs prix avant qu'aucun n'ait épuisé ses stocks ni remplacé ses facteurs de production (éléments de preuve difficiles à rassembler). Ce test n'est pas plus pertinent que les deux autres, car le théorème de l'incidence raisonne à demande constante. Or, il est bien évidemment possible que, pour des raisons X ou Y (changements de goût, variations des revenus, modification dans le marché des substituts...) la demande ait évolué pendant la période considérée. Bref, les théorèmes économiques, étant de nature contrefactuelle, échappent à toute possibilité de falsification. En économie, ce sont les énoncés falsifiables qui relèvent de la pseudo-science. Il me semble que vous raisonnez à l'envers : en cas de hausse d'impôts, les entreprises marginales qui n'augmentent pas leurs prix risquent de faire faillite ; or les entreprises ne veulent pas faire faillite ; donc les entreprises augmentent leurs prix. La difficulté est que, précisément, certains producteurs pourront être acculés à la faillite (entraînant ainsi une baisse de production et une remontée des prix). Ils voudraient effectivement augmenter leurs prix, ce serait pour eux la seule solution pour rester sur le marché, mais ils ne le pourront pas. Les prix étant déjà au niveau le plus profitable, les producteurs, à la différence de journalistes sortant leur carte de presse pour faire reculer des CRS, ne pourront agiter le certificat de leur commissaire aux comptes pour obliger les consommateurs à payer plus tout en consommant autant.
  10. Ce théorème, comme tous les bons théorèmes économiques, est infalsifiable -- du moins quand il est correctement formulé. Il est possible de montrer que, dans les faits, une hausse d'impôt a été suivie par une hausse des prix, mais cette circonstance ne remettrait nullement en cause le théorème de l'incidence fiscale, car ce n'est tout simplement pas là sa teneur.
  11. Jusqu'à aujourd'hui, je pensais que la théorie "autrichienne" de l'incidence fiscale était, comme son nom le laissait à penser, acceptée par les seuls "Autrichiens", mais je viens de tomber sur une analyse similaire dans un manuel de microéconomie mainstream (celui de Hal Varian) :
  12. Les concepts-clef sont les suivants. Le point de départ est que “It is impossible to deny that one can argue, as the very denial would itself be an argument”. Evidemment, par ces mots, Hoppe ne soutient nullement qu’il serait impossible de refuser d’argumenter ; non seulement il est possible de ne pas répondre, mais il est également faisable de répondre sans argumenter. HHH écrit ainsi que “To recognize that argumentation is a form of action and does not consist of free-floating sounds implies the recognition of the fact that all argumentation requires that a person have exclusive control over the scarce resource of his body”. Plus concrètement, si l’on se contente bruits inarticulés ou de dénégations péremptoires et répétées sans développement ni explication (« Non »), il est clair que l’on n’est pas en présence d’une argumentation. Or, la différence entre les êtres capables d’argumentation et ceux qui en sont incapables (principalement, mais – hélas – pas seulement, les animaux) est essentielle pour HHH. Ces derniers, en effet, ne méritent pas de considération particulière ; ils ne peuvent bénéficier de droits. Ainsi, Hoppe écrit “For obviously, we could have conflicts regarding the use of scarce resources with, let us say, an elephant or a mosquito, yet we would not consider it possible to resolve these conflicts by means of proposing property norms. In such cases, the avoidance of possible conflicts is merely a technological, not an ethical, problem. For it to become an ethical problem, it is also necessary that the conflicting actors be capable, in principle, of argumentation.” Il est donc important, dans les échanges entre individus rationnels, de démontrer que l’on est capable d’argumentation. A défaut de quoi, on risque d’être perçu comme un moins que rien – comme un être non-rationnel, donc non sujet de droits. Voilà voilà. Je ne suis pas certain de m’être attaché aux points les plus saillants de la théorie de Hoppe, mais j’ai fait de mon mieux.
  13. Dans mon dernier com’ je fais référence à l’idée de propriété sur soi-même, mais dans le com’ précédent, je parlais d’atteinte à une propriété ou à l'intégrité physique d'un individu. En gros, je n’ai besoin de faire mienne ni l’une ni l’autre conception (conceptions guère éloignées, du reste) : mon propos vaut dans les deux cas. Le lien entre la responsabilité délictuelle et la propriété est très simple. La responsabilité délictuelle est fondée sur l’idée de violation des droits d’autrui (tant pour ce qui concerne la faute que pour ce qui a trait au dommage). Or, les droits authentiques sont tous des émanations du droit de propriété (bien que l'on puisse reformulercela en considérant l'intégrité physique comme distincte du droit de propriété). Donc, la responsabilité délictuelle dérive du droit de propriété. Cette idée, du reste, n’est guère originale, et a déjà été avancée plusieurs fois dans le présent fil (voir notamment ici). Tout au plus peut-on discuter des termes à employer ou de certains concepts marginaux à y inclure. L’usage visé par Jabial est-il réellement distinct du droit de propriété ? Peut-on parler de propriété de soi ? Je n’ai jamais vu quelqu’un faire une confusion entre faute et dommage. Quant à moi, j’ai parlé de la difficulté de faire une « hiérarchie » entre ces deux éléments. Or on ne peut dresser de hiérarchie qu’entre des éléments distincts ; donc, mes propos ne pouvaient impliquer la moindre « confusion » entre faute et dommage. Oui, il existe des régimes de responsabilité sans faute. J’en ai d'ailleurs évoqués certains dans ce post-là. Mais quel rapport avec ce que je dis ? J’étais précisément en train d’expliquer qu’une intervention législative pour supprimer l’exigence de faute (ou, ce qui revient au même, pour réputer fautif un fait anodin) ne présentait pas de difficulté en elle-même, mais qu’une intervention similaire s’avérerait sans doute plus compliquée s’agissant du préjudice. (En fait, s’agissant du préjudice, deux exemples me viennent à l’esprit, mais ils me semblent compatibles avec mon propos : 1° Le législateur a expressément prévu qu’un certain préjudice, celui de ne pas avoir été avorté, ne pouvait donner lieu à réparation, 2° Le législateur (pas seulement la jurisprudence) a sans doute prévu quelque part la possibilité de réparer le préjudice moral, mais je crois que tout le monde est d’accord dire que ce préjudice pose des problèmes au niveau de la technique juridique) Mon propos était que les principes fondamentaux du droit des obligations sont si harmonieux et inscrits dans la nature des choses qu’ils présentent une forte résistance à toute tentative de distorsion par le législateur. Ainsi, si ce dernier essaie de manipuler le concept de faute, son intervention ne portera pas à conséquence (ou plutôt ne devrait pas porter à conséquence) car, en toute justice, elle devrait se heurter aux principes bien établis gouvernant le concept de dommage. Pour prendre un exemple (critiquable, mais c’est celui qui me vient à l’esprit) : le fameux « CPE » avait été instauré par le législateur français pour permettre une résiliation sans préavis ni justification de certains contrats de travail (si ma mémoire est bonne – c’est un exemple). Telle était l’intention du législateur. Cependant, il était clair que, même si ce contrat était passé, la chambre sociale de la Cour de cassation l’aurait vidé de tout sens en faisant appliqcation de ses (mauvais) concepts traditionnels, comme l’abus de droit. En recourant à ce concept, elle aurait vite réduit à néant la faculté de libre licenciement (mon exemple est d'une portée limitée car il ne s'appuie pas sur un "bon" principe). Mais, bien-sûr, en dernière analyse, l’Etat est souverain. Si le législateur envoie des gendarmes pour mettre un pistolet sur la tempe des juges, on peut supposer que ceux-ci jugeront de la manière qui leur sera imposée. Il n’empêche que, dans le monde réel, les concepts juridiques traditionnels présentent une forte résilience aux interventions législatives.
  14. Raoul.

    Papauté, Kebab & Confiture

    Sur ce, j'ai eu ma dose de mysticisme quotidienne.
  15. D'ailleurs, j'ai l'impression que le(s) rédacteur(s) (successifs) de l'article que je cite ont senti le danger : alors qu'au début ils semblent se placer dans le cadre de la responsabilité délictuelle ("réparer le préjudice..."), par la suite, ils se réfèrent à l'idée de "répétition de l'indu". Les deux concepts ne sont pas tout à fait identiques.
  16. Mon propos n'était pas vraiment de dire que le dommage était plus important que la faute. De toute façon, ces deux éléments dérivent d'un même concept : celui de droit de propriété (sur soi-même ou sur des objets). Dans ces conditions, créer une hiérarchie entre la faute et le dommage, c'est un peu rechercher qui, de l'oeuf ou de la poule, est venu le premier. Ce que je voulais dire c'est que, même si le législateur déclare expressément que tel comportement est fautif (par exemple, installer un commerce à proximité d'un autre), un bon raisonnement civiliste pourrait conduire à refuser l'engagement de la responsabilité délictuelle du contrevenant, tout simplement parce que les autres éléments requis (dommage et lien de causalité) ne seraient pas caractérisés. Cela vaudrait tout particulièrement dans les systèmes juridiques ne recevant pas le concept de dommage-intérêt punitif. Or, autant le législateur peut aisément prendre l'initiative de réputer fautif un comportement déterminé, autant il lui est difficile de dire qu'il y a un dommage là où le droit "naturel" dit qu'il n'y en a pas. Par exemple, dans cet article, le législateur a beau écrire (oubliant au passage toute référence à la faute) "Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à réparer le préjudice causé le fait, par tout producteur...", techniquement, il n'oblige pas les juges à découvrir un préjudice là où, en application de leurs principes traditionnels, ils n'en verraient aucun. Ne resterait alors que la responsabilité pénale.
  17. D'un point de vue libéral, installer un commerce ne devrait pas être une faute, mais il me semble que la difficulté la plus sérieuse réside encore dans la nature du dommage. En toute justice, pour qu'un dommage économique soit susceptible de donner lieu à réparation, il faudrait que ce dommage résulte d'une atteinte physique à une propriété ou à l'intégrité physique d'un individu. Or, dans l'hypothèse où un commerçant connaît un perte de CA à la suite de l'installation d'un concurrent, quand bien même on jugerait cette installation fautive (par exemple, pour empiétement sur le domaine public, ou simplement par détermination de la loi), la perte subie par le commerçant ne résulterait pas d'une atteinte physique à sa propriété, car cette perte serait la conséquence d'un changement dans le comportement des consommateurs, lesquels ne sont pas la propriété du commerçant. Cela me fait penser à la jurisprudence française en matière de "cession de clientèle civile". Une cession de clientèle civile, c'est simplement le fait, pour un professionnel libéral qui déménage ou part à la retraite, de présenter son successeur à ses anciens clients et de s'engager à ne pas faire de concurrence à celui-ci (le tout, moyennant finances). C'est un contrat anodin, donc. Seulement, l'expression "cession de clientèle" (un simple abus de langage) rappelle les heures les plus sombres du XVIIIème siècle. Comment ! Est-il possible de vendre des hommes ?!! Bref, quand la Cour de cassation s'est finalement décidée à légaliser cette pratique, la doctrine s'en est scandalisée. Tout ça à cause de la conjonction des mots "cession" et "clientèle". A l'inverse,en droit de la concurrence, quand une entreprise réclame pratiquement la réquisition par voie d'autorité de la clientèle d'un autre, ça ne choque personne -- tout simplement parce qu'on a pris la peine d'appeler ça "abus de position dominante" et non "cession" ou "réquisition" de clientèle.
  18. Yep, l'objectif social, c'est celui de 'l'agression sans bavure" (le mot n'est pas de moi). Cet objectif est mis en danger par ceux qui se défendent. Sinon, sur le sujet, et quitte à troller un petit peu, je crois que cet article-là mérite d'être lu.
  19. J'allais oublier la quatrième, à savoir la transposition en droit de privé de concepts de droit public (tels celui d'attente légitime...) qui n'avaient de sens (et encore) que dans leur domaine d'origine.
  20. La tendance à remplacer la notion de droit/de faute par celle d'intérêt résulte à ma connaissance d'au moins trois sources distinctes : 1° La création et la multiplication de droits fondamentaux de deuxième et troisième générations. Comme ces droits (à la différence de ceux de première génération) ne sont pas harmonieux, en entrant en conflit ils provoquent des situations que le juge n'est pas en mesure de trancher avec les outils juridiques traditionnels. Il en est donc réduit à arbitrer entre des intérêts. 2° Les lois telles que celle de 1985 sur les accidents de la route, qui remplacent la notion de "faute" par celle d'"implication". Philosophiquement, c'est quelque chose. Par exemple, appliquer à un autre contexte (et en caricaturant à peine), jusqu'alors, quand des gens en venaient aux mains, c'était l'agresseur (qu'il soit riche ou pauvre, assurée ou non) qui était responsable et la victime qui était indemnisée (qu'elle soit riche ou pauvre, assurée ou non). Avec la logique de la loi de 1985, à l'inverse, le juge commencerait à constater que l'agresseur et sa victime sont tous deux "impliqués" dans la bagarre ; après quoi, il déterminerait la personne la plus riche des deux (ou la personne assurée), et la condamnerait. 3° L'idée (profondément antilibérale) de "maximisation de la richesse" (aux dépens des droits) popularisée par Posner et ses disciples. Un bon article à ce sujet : Contra Law & Economics. Après, on s'étonne que la science économique et le libéralisme soient accusés de matérialisme... Tu vas voir à la récré, etc.
  21. Bon, vous ne maîtrisez toujours pas la différence entre "imposture" et "tartuferie" mais je ne vais pas y revenir une fois de plus. Si cet épisode vous a déplu, à l'avenir, surveillez-vous un peu, et ça ne devrait plus vous arriver.
  22. Que parlez-vous de "leçons d'humilité et de maintien" ? Vous vous étiez rendu ridicule, je m'étais moqué de votre attitude, la partie était close si vous (et d'autres, il est vrai, d'autres plus que vous) ne vous étiez appesanti sur la question. Désolé, mais la définition (ou, plus exactement, l'application du concept) est incorrecte : pour que je sois hypocrite, ici, il faudrait que, en mon for intérieur, par exemple, je trouve tout à fait normal pour un forumeur de claironner sa haine du dogmatisme. Je ne pense pas que vous m'imputerez cela. De plus, vous aviez commencé par établir un lien entre ma prétendue "tartuferie" et mes analyses juridiques, deux choses totalement dépourvues de rapport. En fait, ce que vous essayez de dire (maintenant), c'est que je ne mettrais pas mes actes en adéquation avec mes paroles. Ce que je pense pouvoir récuser, aussi, mais ça commence à devenir lourd, et je ne pense pas que, au fond, ça vous intéresse beaucoup.
  23. Toujours des insinuations... Vous n'attaquez donc jamais de face ? Un imposteur, oui, et ? Un hypocrite est une espèce particulière d'imposteur. Il affiche des sentiments ou des croyances qu'il n'a pas. Inversement, une personne qui se prévaudrait faussement de diverses compétences ("arbitre des élégances" et "juriste", au cas présent) pourrait éventuellement être taxée d'imposture, mais difficilement de tartuferie. Ce n'est pas la bonne explication. Apollon m'a taquiné, ci-avant, mais j'ai trouvé ça drôle, et je ne lui en ai gardé nulle rancune. Sur ce, bonne nuit (pleine de rêves où vous terrasserez les libertariens dogmatiques).
  24. Vous avez émis un quelconque avis sur mes analyses juridiques, Free Jazz ? Hum ? Non ? Hé bien, pourquoi vous permettez-vous de me qualifier d'altercomprenant ? Ah, j'y suis : parce qu'il vous faut jeter un peu de fiel pour sauver la face. Allons, cessons notre querelle. Pour vous prouver ma bonne foi, je fais un geste, en vous donnant une leçon de langue française : un tartufe, c'est simplement une personne hypocrite. Rien à voir avec ce que vous décrivez ici.
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