Ray

Quelles sont ces théories au juste ? Parce qu'il est communément admis que les cultures occupent une place importante dans le développement économique d'un pays et dans la trajectoire de vie d'un individu. Il y en a même qui pense que la problématique culturelle n'est pas orthogonale à l'émergence du marché, je peux vous sortir des extraits d'Hayek sur la sélection naturelle des groupes culturels. Donc où se situe la limite entre ce qu'il est permis d'adhérer ou non ?

Il y a quelques mois on s'était moqué de moi en m'appelant ironiquement "grand islamologue" lorsque je critiquais l'islam. Jusqu'à présent c'est un peu l'arme fatale des gens qui refusent de voir les problèmes : "tu as passé X temps à étudier l'Islam, donc tu connais pas, tu peux pas critiquer, t'es bête. Lol regardez-le, il est bête." C'est un peu comme si pour savoir qu'il y avait quelques points d'achoppement entre le communisme et la civilisation libre et prospère, il fallait s'être tapé toute l'oeuvre de Marx, et qu'à moins d'émaner d'un érudit des oeuvres communistes, la critique du communisme devait être vouée aux quolibets.

La dynamique de la violence. La violence engendre la haine et les crispations identitaires . Il y a eu une guerre civile en France entre protestants et catholiques alors que les visions du monde d'un catho et d'un protestant sont moins éloignées qu'entre un athée post-catholique et un musulman. Alors bien sur on va me répondre qu'aujourd'hui c'est différent... (parce que c'est bien connu les mécanismes psychologiques des humains ont beaucoup changé depuis ces temps reculés...).

Il n'y a personne qui dit que l'on est en guerre civile aujourd'hui. Il y a des gens qui parlent d'un risque, ce concept implique une possibilité (incertitude) et un raisonnement dans un cadre dynamique (variable temporelle non fixée).

On dirait que tu as aucun chiffres non plus pour me contredire. Nies-tu que le djihadisme ait gagné en influence en France depuis 5 ans ?

C'est surtout le concept de risque qu'il faudrait revoir pour ceux qui le nie.

Il y a cinq ans il y en avaient probablement 10 fois moins. Combien y en aura-t-il dans cinq ans ?

La vision débile de l'islam c'est un euphémisme qui minimise la vitalité de ce courant dans l'Islam. Le fait que tu trouves que la vision est débile ne préjuge en rien de l'état d'influence réelle de ce courant. Tous les russes n'étaient pas communistes du temps de Staline. Tous les Saoudiens ne sont pas pour le wahhabbisme. Tous les habitants de Raqqa ne sont pas salafistes. Mais la violence tend à faire plier les modérés.

Il y a pas besoin de voir la population musulmane basculée dans son entièreté, il suffit d'une masse critique. Si ne serait-ce que 5% des millions de musulmans français ont des sympathies pour le salafisme et les actions djihadistes, cela peut devenir assez moche. Ah et dans les pays musulmans, souvent il y a une dictature laïque et quand les dictateurs tombent, c'est souvent des musulmans pas très modérés qui arrivent aux portes du pouvoir.

Il n'y a pas d'idéologie prônée par la mafia donc pas de risque de contagion. Là le risque de contagion (des djihadistes vers des musulmans plus modérés, et de l'autre côté, ce que tu appelles la minorité xénophobe qui peut s'organiser en milices d'autodéfense) est réelle.

S'il y en avait qu'une douzaine l'histoire ce serait terminée le 13 novembre 2015. Malheureusement, ils sont beaucoup plus nombreux qu'une douzaine et penser qu'il ne vont pas réussir à répandre leur idéologie et à recruter d'avantage est plus un vœu pieux qu'autre chose.

Il y a déjà le camp des djihadistes. Je sais pas si tu as remarqué mais ils tuent des civiles dans la France actuelle.

Bien sûr. C'était un discours catalogué extrême droite/facho ou, dans le meilleur des cas, alarmiste. Encore quelques années à ce rythme et tu vas voir l'autre camp apparaître.

Il y a environ 5 ans, quand des gens parlaient de la prédication des salafistes dans les banlieues financée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, les gens se foutaient de leur gueule. Maintenant on est en train de se rendre compte qu'ils disaient pas tant n'importe quoi que ça finalement. Aujourd'hui on se fout de la gueule de ceux qui pensent que cela va tourner en guerre civile.

C'est pas une question de France ou non, c'est une question de psychologie humaine. Cela fait depuis le début de l'humanité que la politique se fait avec des symboles. Si tu veux construire une fusée pour aller sur Lune, il faut prendre en compte la gravité. Si tu veux faire de la politique, il faut prendre en compte les symboles. On peut même généraliser encore plus et dire que les relations sociales reposent sur tout un tas de symbole. Les symboles, c'est la vie humaine.

Réfléchir c'est aussi prendre en compte comment les autres vont réagir étant donné qu'ils font partie de la réalité que tu analyses. Et penser que seuls quelques idiots accordent de l'importance aux symboles, c'est, à mon avis, une mauvaise analyse.

Sans doute, mais cela pose un problème de symbole. Et les symboles, c'est important.

La tension va monter. Cette cible est plus symbolique que toutes les autres. Aussi, on protège les synagogues mais pas les églises. On va en parler.

Des déséquilibrés inspirés par Breivik.

Wikileaks a d'abord utilisé le hastag DNCLeaks. Lorsqu'il a commencé a être en top du trend, il a arreté d'apparaître dans les recherches. Wikileaks a alors utilisé le hashtag DNCLeak au singulier, qui a dû repartir de zéro pour remonter dans les trending topics. Et à ce moment là, la suggestion de recherche s'est mise a suggéré un nouveau hashtag au lieu de celui qui remontait. Twitter = gauchistes censureurs.

Twitter a étouffé l'affaire des mails aussi.

La justification du libéralisme par l'existence de droit naturels, ni Hayek ni Mises n'y adhéraient, pourtant il y a un relatif consensus pour les considérer comme des penseurs libéraux. C'est donc que la définition que tu donnes du libéralisme pour en dériver une doctrine de politique étrangère est à la fois partiale et partielle. C'est très bien de discuter de ces sujets. Et je pense au contraire que ce qui empêche la discussion est l'attitude qui consiste à dire "le libéralisme dit que X, si tu dis pas que X, t'es pas libéral". Le libéralisme n'est pas ossifié, il est encore moins ossifié autour de préceptes qu'aucun de ses grands penseurs n'a défendu. Que la pensée libérale évolue, c'est à souhaiter ; qu'ici il y ait des consensus concernant les opinions dominantes sur certains sujets, je le comprends ; mais je pense qu'on devrait accepter les opinions divergentes sur ces sujets et ne pas les étouffer avec un anathème d'antilibéralisme qui ne résiste pas à l'analyse.

Tu serais donc le clergé du libéralisme ? Toi seul et quelques élus êtes capables de l'interpéter, le comprendre et peuvent excommunier ? Je veux bien croire que ce soit la réalité pour liborg. Mais pour le libéralisme, vraiment ?

Qu'est-ce que libéralisme ?

Le libéralisme contient un extrêmement bon ensemble de réponses à un ensemble restreint de problèmes. Typiquement, la politique étrangère n'est pas une question qui fait partie de ses problèmes. Voilà ce qu'écrit Némo (qui on me l'accordera je pense, est un penseur libéral) dans Qu'est-ce que l'Occident? : Avec ces pays de l'extérieur, on sait que l'on est encore, à quelque degré, pour parler comme Robert Kagan, dans un monde "hobbesien" et non dans un monde "kantien". Dans ce cas, l'usage de la force ou, du moins, la suspension de la coopération ou en général, les politiques unilatérales ne peuvent être absolument exclus, avec toutes les conséquences qui en résultent en termes de diplomatie et de défense.