Je ne crois pas avoir dit que je trouvais que "faire cours" était à la portée du premier venu. Je pense au contraire que ce travail nécessite un certain nombre de "compétences relationnelles" (communication, pédagogie, autorité, etc.) indépendantes du niveau de connaissance disciplinaire. Ma critique portait sur le volume de travail que j'estime trop faible et qui contribue de ce fait à inscrire les profs dans un rythme routinier…
Concernant "l'absence de réflexion", j'y suis peut-être allé un peu fort…
Certes, la plupart des enseignants réfléchissent à la manière de dispenser leurs cours. Mais ce que je voulais souligner, c'est l'écart énorme qu'il existe entre le concours et la réalité du métier. Pour moi, c'est un peu comme si on sélectionnait des ouvriers sur la base d'un processus de recrutement de cadres. Le concours d'agrégation, par exemple, est d'un niveau très élevé. Pourtant, par la suite, on réduit ces enseignants à des "hommes-mains". La seule exigence que l'on a vis-à-vis d'eux, c'est qu'ils exécutent un programme défini dans les moindres détails. On n'attend pas d'eux qu'ils mettent régulièrement à jour leurs connaissances, qu'ils fassent preuve de créativité ou d'autonomie. Bien sûr, certains enseignants, plus curieux que d'autres, continueront - mais tout seul, dans leur coin - à stimuler leurs neurones. Mais, personnellement, ce que j'ai observé durant mon court passage dans le secondaire, ce sont surtout des enseignants fainéants intellectuellement. Pour préparer leurs cours, ils se contentent de recopier les manuels (et ne vont jamais vérifier les informations à la source en allant consulter les ouvrages scientifiques). Pour les exercices, ils puisent dans des ouvrages des exercices prêts à l'emploi avec corrigés. Bref, aucune créativité, aucune curiosité.
Le travail d'un épicier, par exemple, fait beaucoup plus appel à la réflexion, pour toutes les micro-décisions qu'il doit prendre quotidiennement.
Encore une fois, c'est le système que je dénonce, système qui n'encourage pas du tout les enseignants à se surpasser intellectuellement ou à continuer de développer leurs connaissances. Et on en connait le résultat. Comme Gadrel, je trouve surprenant de rencontrer des enseignants si peu cultivés. N'est-il pas paradoxal de vouloir sélectionner des gens d'un bon niveau pour après leur prescrire toutes leurs tâches, jusqu'à leur indiquer les exemples à développer dans leurs cours pour illustrer tel point du programme… ?
Effectivement.