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MyBOOX : Les éditions Ring sont-elles pionnières dans la réalisation de bandes annonces pour les livres ? 

 

David Serra : J’ai été le premier a réalisé un trailer de roman, en 2005, avec de modestes moyens jusqu’en 2012 où j’ai ritualisé cette communication à la naissance des éditions Ring, l’été dernier. Notre maison se construit comme un foyer de création où nos trailers sont partie intégrante des ouvrages. Toutes nos images, sons et musiques sont des créations originales. 

 

L’idée part du cinéma US mais s’est disséminée au sein de nombreux secteurs d’activités aux Etats-Unis jusqu’aux manifestations de sports extrêmes (Red Bull) avec des moyens considérables. Nous savons que des éditeurs français envisagent déjà de s’inspirer de nos trailers, sans parler du ressentiment propre aux parasites. D’ici là, on constatera l’arrivée de nouveaux auteurs phares à Ring et l’ampleur du Delta que nos motion makers auront réalisé. Il ne s'agit pas seulement d'une innovation, mais bien d’un drapeau. Le reproduire "tel quel" serait de la part de nos concurrents un formidable aveu d'impuissance, à l'heure où les lecteurs potentiels sont de plus en plus nombreux à avoir le sentiment que la littérature ne s'adresse plus à eux.

Pour vous, que peut apporter une bande-annonce littéraire au lecteur ?

La clé est l’immersion. Nous rentrons dans le salon du lecteur et tentons de l'inclure au cœur de la machine, d’explorer l’angle mort sensoriel d’une publication qu’un article ou qu’une quatrième de couverture ne peut exprimer. Nos éditeurs et auteurs maison peuvent ainsi défendre directement, sans le filtre préalable des médias institutionnels, leurs créations et leurs engagements. Parfois, comme c’est le cas avec La femme qui valait trois milliards, authentique chef d’œuvre du roman noir, le trailer nous permet de parfois saisir l’attention d’un éditeur étranger (en l’occurrence Random House), qui s’intéresse aujourd’hui de très près à cet ouvrage d’exception.
  Concrètement, comment réalisez-vous ces bandes annonces très cinématographiques ?

Nous travaillons en matériel broadcast cinéma, filmons "on location", c’est à dire sur la scène de l’œuvre. Par exemple, nous sommes restés une semaine en Norvège pour filmer l’île damnée d’Utøya et réaliser le teaser du prochain livre de Laurent Obertone, Utøya.  Le lac entourant l’île était gelé, l’effet statique des plans permettaient d’évoquer la puissance d’arrêt de l’apocalyptique 22 juillet 2011. 
 

http://www.myboox.fr/actualite/editions-ring-pionniers-du-concept-de-bande-annonce-litteraire--24071.html

 

Décidément, ils sont toujours aussi arrogants aux éditions Ring.

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Puisqu'on parlait de SF libérale, je viens de finir The Moon is a harsh mistress, et force est de constater qu'on s'approche beaucoup de la perfection tant au niveau SF qu'au niveau du message. Je recommande en particulier la discussion à la fin de la seconde partie entre deux leaders de la révolution, un anarchiste et un royaliste. J'avais dit que tous les enfants devraient lire Animal farm, j'ajoute que tous les ados devraient lire et relire ce bouquin.

Seul point négatif qui n'en est pas vraiment un, c'est un poil ardu en anglais et à mon avis impossible à traduire correctement.

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  Le 02/06/2013 à 13:33, Lancelot a dit :

Puisqu'on parlait de SF libérale, je viens de finir The Moon is a harsh mistress, et force est de constater qu'on s'approche beaucoup de la perfection tant au niveau SF qu'au niveau du message. Je recommande en particulier la discussion à la fin de la seconde partie entre deux leaders de la révolution, un anarchiste et un royaliste. J'avais dit que tous les enfants devraient lire Animal farm, j'ajoute que tous les ados devraient lire et relire ce bouquin.

Seul point négatif qui n'en est pas vraiment un, c'est un poil ardu en anglais et à mon avis impossible à traduire correctement.

La première traduction est d'ailleurs ratée (entre autres parce que la traductrice ignore qu'Ayn Rand existe, alors que le bouquin l'évoque).
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Ca parle forcément moins aux Français, le cadre de l'histoire étant une transposition de la Révolution américaine.

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  Le 02/06/2013 à 18:47, Rincevent a dit :

Ca parle forcément moins aux Français, le cadre de l'histoire étant une transposition de la Révolution américaine.

 

Tiens en parlant de ça, j'ai vu qu'on venait de republier en français l'essai sur la révolution de Arendt. Du coup, pour faire diversion, j'ai acheté Eichmann à Jérusalem.

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  Le 02/06/2013 à 18:53, F. mas a dit :

Tiens en parlant de ça, j'ai vu qu'on venait de republier en français l'essai sur la révolution de Arendt. Du coup, pour faire diversion, j'ai acheté Eichmann à Jérusalem.

Alors, d'accord avec Claude ?

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  Le 02/06/2013 à 19:11, F. mas a dit :

Tu penses à quel Claude, Apollon ?

Claude Lanzmann.

 

Je suis porté à penser qu'il a raison sur le fait qu'Arendt a un peu fantasmé son fonctionnaire banal quand il apparaît que le personnage était plutôt un fanatique doué de responsabilités. ça n'enlève rien aux mérites de Hannah Arendt sur d'autres sujets. J'aime beaucoup Arendt mais moins son côté icône pop intouchable.

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Je ne pense pas u'il faille préserver les travaux d'Arendt de la critique, mais sur le coup, je suis plutôt d'accord avec elle. La multitude de bureaucrates sans envergure qui ont participé à l'extermination industrielle des juifs sans se poser de questions plus importantes que celles inspirées par les plans de carrières et les avancements a non seulement existé, mais pose autant problème que les Himmler ou les Heydrich. Qu'elle fasse de Eichmann le porte parole de cette multitude de petites mains est peut être sujet à caution, et elle-même ne s'attarde pas trop en justifications théoriques (après tout, il ne s'agit que d'une enquête journalistique un peu élaborée). On lui a beaucoup reproché cette idée de "banalité du mal" qui désigne l'absence de réflexivité du personnage jugé qu'elle emploie un peu comme un slogan.

 

 

Ce qu'elle dit des judenrate est plus sujet à caution. Mais je ne suis pas encore à ce moment dans le livre (même si on commence à évoquer son rôle dès les premières pages de l'ouvrage).

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Le concept d'Arendt est souvent mal compris, certains y voient une manière d'excuser Eichman, alors qu'elle insiste sur le fait qu'il est encore plus coupable qu'un "psychopathe".

Lanzmann fait sans doute un travail remarquable mais il a une approche "religieuse" du sujet cf. la controverse avec Didi-Huberman, et a tendance à débiner tout le monde.

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  Le 02/06/2013 à 19:31, F. mas a dit :

...

sans se poser de questions plus importantes que celles inspirées par les plans de carrières et les avancements

...

 

Je n'y crois pas un instant.

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J'ai commencé les carnets de Rommel.

 

Vraiment très bien !

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  Le 04/06/2013 à 17:05, Nick de Cusa a dit :

Je n'y crois pas un instant.

 

Tu ne crois pas qu'il soit possible de mettre sa conscience de côté histoire d'avancer dans la carrière pour un crime aussi énorme, c'est ça ?

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  Le 04/06/2013 à 17:05, Nick de Cusa a dit :

Je n'y crois pas un instant.

De mon expérience, la plupart des gens sont parfaitement déterminés à faire perdre 1000 à 10.000 brouzoufs à un groupe pour en gagner un seul. Et ce chiffre peut aller bien au-delà selon la taille du groupe.

 

J'ai souvenir d'avoir enchainé une réunion de parents d'élèves et un conseil municipal.

A la réunion de parents d'élèves, il y a eu une intense bagarre pour ou contre une participation privée de 5 euros des familles à une sortie. Contre cette participation, 2 parents d'élèves également conseillers municipaux.

Une heure plus tard, conseil municipal avec les 2 loustics ci-dessus. En question diverses (!) achat d'un tracto-pelle > à 100.000 euros sans appel d'offres, sans études, sans devis. Voté à l'unanimité en moins de 30 secondes. (commune < 400 habitants).

 

Alors, exterminer son prochain pour agrandir sa piscine. Mais oui. C'est dans les cordes de plein de gens.

(J'ai d'autres anecdotes).

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Je le pense aussi, mais peut être que Nick a quelque chose de précis en tête. Arendt insiste sur le rôle de la stupidité (une stupidité ordinaire j'ajouterais perso) dans le geste d'Eichmann.

 

Il a beau trouver horrible l'extermination, avoir été le témoin direct d'exécutions en Europe de l'Est (qui l'ont rendu malade), une fois rentré en Allemagne, il s'arrange avec sa conscience histoire de pouvoir atterrir dans un bureau qui valorise un peu mieux ses "compétences" en matière de connaissances du judaïsme. Et pour encaisser l'horreur criminelle, lui tout comme les administrations du IIIe reich utilisent certaines techniques pour ne pas y penser ou euphémiser le meurtre, et notamment l'usage immodéré du langage administratif et de son lexique pseudo-objectif. L'euphémisation et la distance donnée par l'administration permet de soulager sa conscience à peu de frais.

 

Arendt remarque par exemple que pendant tout son procès, Eichmann ne réussi jamais à parler autrement que par clichés, c'est-à-dire en alignant automatiquement des mots et des expressions pour faire l'économie de la pensée. Il le dit lui-même quand on essaie de le pousser dans ses retranchements : "je parle le langage de l'administration". 

 

Si on veut avoir une idée de la manière dont Arendt envisage la banalité du mal, je crois qu'on peut avoir en tête les personnages de Anton Chigurth dans No country for old man ou encore celui de Gaear dans Fargo des frères Coen : des personnages sans intériorité, éteints, des sortes de Golems, quoi. Mais ça ne résume pas la spécificité de Eichmann of course.

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  Le 05/06/2013 à 08:46, F. mas a dit :

Si on veut avoir une idée de la manière dont Arendt envisage la banalité du mal, je crois qu'on peut avoir en tête les personnages de Anton Chigurth dans No country for old man ou encore celui de Gaear dans Fargo des frères Coen : des personnages sans intériorité, éteints, des sortes de Golems, quoi. Mais ça ne résume pas la spécificité de Eichmann of course.

De mon expérience perso, beaucoup de jeunes gauchistes illustrent parfaitement la banalité du mal d'Arendt.

Les "discussions" se résument au rappel d'émotions primaires et à l'énoncé de slogans. Au bout de 2 posts on a l'impression d'être face à un robot de Turing ... et on en est sans doute pas bien loin.

Un point frappant est en général l'absence de connaissances basiques sur le sujet ... qui loin de décourager l'impétrant, lui permet au contraire de mieux déployer son idéologie (idéologie = logique de l'idée = logique décorrélée de l'expérience réelle).

Au parti pirate, vous avez ainsi des gamins qui ne savent pas que les taxis sont soumis à licence et quotas ... mais qui participent de bon coeur à l'élaboration de la partie "transport" du "programme".

Quand on voit le programme des autres partis ... on ne peut que constater la similitude dans l'ignorance (qui me semble en partie voulue) de la réalité.

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J'ai assisté à un séminaire ou Baruch était présent à l'EHESS, il n'est pas beaucoup intervenu mais ce qu'il disait était très intéressant.

J'ai sans doute des notes quelque part.

 

J'avais complètement zappé ce passage, je m'étais dit que je regarderai pour ses livres. Merci  Chitah de me remémorer ça !

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  Le 05/06/2013 à 12:26, poney a dit :

Merci  Chitah de me remémorer ça !

Ce livre, Servir l'Etat, m'a absolument marqué comme tu peux l'imaginer. Je ne me souviens pas de tout, mais je me souviens que ça m'a marqué.

Comment des gens normaux, et pour certains des gens apparemment sympas et formidables, se sont comportés de manière démentielle. A la limite, ce fait me choque bien plus profondément que l'existence des chambres à gaz.

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Ça rejoint ce que je suis en train de lire sur Rommel, et de manière plus général, pas mal d'officiers allemands.

 

L'intro explique bien la dépolitisation de l'armée et son côté revanchard (militaire, pas politique). Hitler fourni des chars et s'occupe de la stratégie, donc les officiers comme Rommel, traumatisés de 1918, prennent -contents- les chars (ou les avions, ou autre chose) et s'occupent de la tactique. Rommel n'avait jamais adhéré au parti Nazi et semble ne s'être jamais intéressé a ce qu'il faisait ou disait. Tout ce qui l’intéressait, c'était littéralement de laver l'affront de Versailles. Je simplifie un peu, mais c'est ça. On sert son pays, ou son armée, sans trop se soucier de ce que ça implique.

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...ou on sert ses propres intérêts sans se soucier du reste.

Posté

Oui, ce n'est jamais très loin, bien sur.

 

edit : ça fonctionne pour Rommel, tout content de voir sa théorie au sortir de 1918 être mise en oeuvre grâce à Hitler (qui aime beaucoup Rommel et le pistonne à mort en 1939).

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  Le 02/06/2013 à 13:33, Lancelot a dit :

J'avais dit que tous les enfants devraient lire Animal farm, j'ajoute que tous les ados devraient lire et relire ce bouquin.

Seul point négatif qui n'en est pas vraiment un, c'est un poil ardu en anglais et à mon avis impossible à traduire correctement.

Un "1984" a contribué énormement à la diminution des idées constructivistes! C'est un des romans les plus lus encore aujourd'hui!

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La plupart de ceux qui lisent 1984 n'arrivent pas à voir les points communs avec aujourd'hui.

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Sociologie en ce moment. Après Science de la science et réflexivité de Bourdieu, Je suis sur La société des individus de Norbert Elias, l'auteur de La dynamique de l'Occident et de La civilisation des moeurs. Dans celui-ci, il pose sa théorie de l'interaction (l’équilibre je-nous) comme fondement du social. Il ne se sert ni de l'individu (je sans nous) ni des théories holistes (nous sans je). C'est très intéressant mais pas mal abstrait, bien que les exemples soient là. Je suis plus attiré par ses travaux socio-historiques, mais je vais essayer de finir celui-là tant bien que mal.

Posté
  Le 06/06/2013 à 15:46, Tramp a dit :

La plupart de ceux qui lisent 1984 n'arrivent pas à voir les points communs avec aujourd'hui.

Tellement ils sont dedans1984 ou il n'est plus d'actualité?

Je suis en train de le relire et ses remarques sur la langue et les implications de son appauvrisement sont valables!

Il est vrai que les lecteurs à le comprendre sont plus nombreux ailleurs que dans le pays de Bastiat!

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