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Pour revenir à des sujets moins élevés, je feuillette Le Suicide français de Zemmour (2014). C'est en gros du Soral soft et bien écrit, du néo-gaullisme mais avec un peu de nostalgie Algérie française et d'opposition au droit à l'avortement pour relever la sauce (qu'on ne trouve absolument pas chez une Polony par exemple. Question de génération et de milieu). C'est assez terrifiant de voir le succès qu'à eu ce bouquin.

 

Et bien sûr on ressort le spectre du libéralisme-libertaire. Zemmour a toutefois une honnêteté sur les Onfray et autres Michéa, celle de citer Clouscard comme l'inventeur de cette théorie:

 

"Sur le plan idéologique, la domination inédite des libertaires préparait le terrain aux libéraux."
-Eric Zemmour, Le Suicide français, Éditions Albin Michel, 2014.

Posté
  Le 23/10/2017 à 14:20, Johnathan R. Razorback a dit :

*Petit clin d’œil à @Ultimex qu'on ne voit plus beaucoup et qui doit être en train de s'arracher les cheveux à cause du gugus à barbe sus-nommé : P

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Ultimex est surtout en vacances avec une mauvaise connexion internet cette semaine.  ;)

Posté

Frédéric Brown, L'Univers en folie.

 

Tres bon mais moins que martiens go home quand même. 

  • Yea 1
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  Le 25/10/2017 à 16:52, Johnathan R. Razorback a dit :

Article intéressant de Michel Winock: http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-2-page-3.htm

 

Il rejette la catégorisation des Croix-de-Feu et du Parti Social Français comme étant fascistes.

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C'est fort intéressant, ma foi (et ça a même des échos contemporains assez troublants).

Posté
  Le 25/10/2017 à 17:38, Rincevent a dit :

1: C'est fort intéressant, ma foi

 

2: (et ça a même des échos contemporains assez troublants).

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1: A comparer avec Sternhell: « Ce n'était pas par respect de la démocratie et de ses institutions que La Rocque n'a pas donné l'assaut : c'était une simple question d'opportunité et de bon sens. » -Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France. Barcelone, Gallimard, coll. Folio Histoire, 2012 (1983 pour la première édition), 1075 pages, p.133-134.

 

2: A quoi penses-tu ?

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Le bouquin de sternhell sur le fascisme est dz toute façon généralement considéré par les historiens politiques comme mauvais.

Posté
  Le 25/10/2017 à 23:06, NoName a dit :

Le bouquin de sternhell sur le fascisme est dz toute façon généralement considéré par les historiens politiques comme mauvais.

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Je ne suis pas certain que le jugement soit très différent sur ses autres bouquins.

Posté
  Le 25/10/2017 à 16:52, Johnathan R. Razorback a dit :

Article intéressant de Michel Winock: http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-2-page-3.htm

 

Il rejette la catégorisation des Croix-de-Feu et du Parti Social Français comme étant fascistes.

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Très intéressant. Ce n'est pas le sujet principal, mais je me demande comment les insoumis réagiraient en lisant le passage où il cite Léon Blum critiquant le parlementarisme de la troisième république.

Posté
  Le 26/10/2017 à 08:20, Boz a dit :

Ce n'est pas le sujet principal, mais je me demande comment les insoumis réagiraient en lisant le passage où il cite Léon Blum critiquant le parlementarisme de la troisième république.

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Je crains malheureusement qu'une bonne moitié demanderait juste "c'est qui, Léon Blum ?", et qu'une minorité de la moitié restante sifflerait qu'on a pas à tenir compte des idées des juifs sociaux-traîtres.

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Léon blum c'est la grande figure du front populaire. Ça m'étonnerait qu'il soit aussi méconnu et méprisé chez Fi. Au contraire, je pense que c'est le seul du FP qui soit connu

Posté
  Le 26/10/2017 à 10:59, NoName a dit :

Léon Blum c'est la grande figure du front populaire. Ça m'étonnerait qu'il soit aussi méconnu et méprisé chez Fi. Au contraire, je pense que c'est le seul du FP qui soit connu

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C'est vrai, je force un peu le trait. A une époque le site du Parti de gauche diffusait Pour être socialiste (1919) de Léon Blum.

 

Maintenant leur culture politique et historique est quand même limitée. Et parfois très confuse. Le même site diffusait un texte d'Emmanuel Mounier, alors que c'était un catholique social à tendance pro-mussolinienne. Visiblement tout est bon dès lors qu'il s'agit d'attaquer le capitalisme...

Posté
  Le 26/10/2017 à 12:50, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Le même site diffusait un texte d'Emmanuel Mounier, alors que c'était un catholique social à tendance pro-mussolinienne. 

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Ah je n'avais jamais lu 'Esprit' sous cet angle^^. 

Posté
  Le 26/10/2017 à 13:02, F. mas a dit :

Ah je n'avais jamais lu 'Esprit' sous cet angle^^. 

Expand  

 

« L'avenir dira si l'authentique élan anticapitaliste qui anime au moins une fraction active du monde fasciste a l'importance et l'efficacité que nous lui souhaitons. »

-Emmanuel Mounier, Esprit, N° 33, juin 1935, p.474-480. Repris in Œuvres, tome 4, Paris 1963, p.844.

 

« Ce n'est donc pas l'effet du hasard si de janvier à mai 1934 Esprit publie un essai de Otto Strasser* [...] Un an plus tard, en mai 1935, [Emmanuel] Mounier va à Rome représenter l'équipe d'Esprit, en compagnie d'Ulmann, à un colloque organisé par l'Institut de culture fasciste. »

-Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France. Barcelone, Gallimard, coll. Folio Histoire, 2012 (1983 pour la première édition), 1075 pages. p.614-615.

 

*Lequel s'était fait exclure deux ans plus tôt du NSDAP...

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Le personnalisme et les courant non conformistes des années trente ont cherché à trouver des points d'appui dans toutes les expériences politiques non socialistes et/ou libérales, ce qui ne signifie pas qu'ils tombaient automatiquement dans la catégorie fasciste ou 'pro-mussolinienne'. A ce train-là, tu pourrais faire de Churchill un pro-mussolinien pour ses déclarations sur le leader italien des années 20. Pour Mounier, c'est un peu pareil: ce n'est pas parce qu'il a accepté un texte d'un des frères Strasser qu'il est devenu subitement fasciste. Son héritage, en gros démocrate-chrétien se trouve d'ailleurs dans toutes les bibliothèques universitaires de France grâce à la revue 'Esprit' (qui est parfois assez intéressante à lire btw). 

Posté
  Le 26/10/2017 à 18:02, F. mas a dit :

1): Le personnalisme et les courant non conformistes des années trente ont cherché à trouver des points d'appui dans toutes les expériences politiques non socialistes et/ou libérales, ce qui ne signifie pas qu'ils tombaient automatiquement dans la catégorie fasciste ou 'pro-mussolinienne'.

 

2): A ce train-là, tu pourrais faire de Churchill un pro-mussolinien pour ses déclarations sur le leader italien des années 20.

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1): Pour Mounier on peut débattre, en revanche je ne vois pas comment on peut mettre en doute que les signataires du Manifeste pour la défense de l'Occident fussent des pro-mussoliniens (et pour certains des fascistes): https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_des_intellectuels_français_pour_la_défense_de_l'Occident_et_la_paix_en_Europe

 

2): Ben, c'est ce qu'il était ? (et jusque dans les années 30, même):

« Ayant rencontré Mussolini le 15 janvier 1927, [Winston Churchill] exprime, lors d’une conférence de presse tenue à l’ambassade britannique de Rome, son estime pour l’œuvre accomplie par l’Italie fasciste et de son chef :

« On ne peut s’empêcher d’être séduit, comme tant d’autres, par l’apparence simple et aimable de M. Mussolini, par son calme et son équilibre, malgré les charges et les périls pesant sur lui. On voit tout de suite qu’il ne pense qu’au bien du peuple italien, tel qu’il le comprend. […] Si j’avais été Italien, je suis sûr que j’aurais été à fond avec lui. »

[…] Churchill reste pendant plusieurs années sur cette position politique favorable au régime fasciste. Le 18 février 1933, parlant lors d’une réunion de la ligue antisocialiste britannique, celui qui est redevenu simple député du parti conservateur estime que Mussolini est « le plus grand législateur vivant », celui qui « a montré à beaucoup de nations que l’on peut résister au développement du socialisme ». » -Philippe Foro, « La politique extérieur de l’Italie fasciste », chapitre 6 in L’Italie fasciste, Armand Colin, Coll. U Histoire, 2016, 303 pages, p.160-161.

 

Je ne traite pas Churchill ou Mounier de fascistes parce que ce n'est pas le type de régime qu'ils prévoyaient de mettre en place dans leurs pays respectifs. En revanche Churchill était un impérialiste raciste assez répugnant.

Posté

Le manifeste de Massis était très à droite (plutôt nationaliste AF), de là à dire que tous ceux qui ont signé le doc soient mussoliniens, encore une fois, bof. Je doute que Marcel Aymé, par exemple (ce vieux radsoc paillard) se soit vraiment retrouvé dans dans le mussolinisme en chemises. Mais effectivement, je parlais plutôt de Mounier. 

 

Quant à Winston Churchill, c'est mon type d''impérialiste raciste assez répugnant', le genre à gagner la bataille d'Angleterre et participer à la défaite de l'Axe :D

  • Yea 1
Posté

Le point de vue favorable à Mussolini était très répandu dans les milieux politiques français et anglais avant le rapprochement avec l'Allemagne. Aristide Briand qui n'a rien d'un impérialiste raciste, disait de Mussolini en 1927 :

  Citation

Comme moi, disait-il, il a été membre du parti socialiste ; et comme moi, il a dû abandonner ce parti dès qu’il a pris contact avec les réalités…Évidemment je ne suis pas allé aussi loin que lui ; mais les circonstances ne furent pas les mêmes…l’Italie a connu des heures plus difficiles que nous…en tout cas, nous sommes l’un et l’autre, des réalisateurs. Nous nous entendrons très bien…

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Il en faut pas oublier que l'Italie était l'allié de la Grande guerre.

Posté

Mussolini était vu comme potentiellement un rempart de la culture occidentale face au bolchevisme un peu partout.

 

Churchill est un héros malgré les travers qui étaient celle de sa classe et son époque.

Rien que le fait qu'il ait mené à la tête de son détachement alors qu'il était jeune lieutenant de cavalerie l'une des dernières charge au sabre de l'histoire des lanciers anglais, ou qu'il sortait dehors durant le blitzkrieg pour observer les avions, ou qu'il décide en 1915 de retourner dans les tranchées (en tant que colonel, certes, mais bien en première ligne, sous le feu, à la tête de son bataillon). Certes, il était plus conservateur que libéral. Certes, il a essayé de faire de la retap' à Musso jusque 1936, a peu près, et certes, il était nostalgique de l'Empire. Certes. Mais il a compris avant tout le monde la merditude des choses qui arrivaient en Europe, il était un analyse politique très fin, une fine plume, un bon peintre, il avait le sens de l'Histoire, il était intelligent, drôle, cultivé, il avait beaucoup d'humour et surtout, il avait une paire de couilles grosse comme des baraques, au point qu'aucun politicien aujourd'hui ne peut se vanter d'avoir le centième. Quand Churchill envoyait des hommes à la guerre, il allait avec eux. Les mémoires de son garde du corps sont éloquentes ("J'étais le garde du corps de Churcill"). Il ne se contentait pas d'envoyer les enfants des autres crever bêtement pour la Nation.

 

Et quoi qu'on pense de tout ça en tant que libéral, ça mérite le respect. Bien avant de le traiter de dégoutant, le monde se porterait mieux si on avait des Churchill en lieu et place de Sarkozy, Baroso ou Merkel.

  • Yea 4
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  Le 27/10/2017 à 07:35, poney a dit :

1): il était plus conservateur que libéral.

 

2): il était nostalgique de l'Empire.

Expand  

 

1): Le libéralisme de Churchill "is nowhere to be found" comme diraient les Anglais.

 

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2): Il était impérialiste. En 1947 il était toujours contre l'indépendance de l'Inde.

 

Je ne compte pas respecter un jour un type qui aurait gazé les Irakiens s'il en avait eu le pouvoir:

"In 1919, as Colonial Secretary Churchill advocated the use of chemical weapons on the "uncooperative Arabs" in the puppet state of Iraq. "I do not understand the squeamishness about the use of gas," he declared. "I am strongly in favor of using poison gas against uncivilized tribes." Some year’s later, gassing human beings to death would make other men infamous.

An example of Churchill's racial views are his comments made in 1937: "I do not admit that a great wrong has been done to the Red Indians of America or the black people of Australia. I do not admit that a wrong has been done to these people by the fact that a stronger race, a higher-grade race, a more worldly wise race, has come in and taken their place."
."

-Adam Young, The Real Churchill, mises.org, 02/27/2004.

Posté

Churchill avait quand même ce gros défaut d'être jusqu'au-boutiste et préparé à utiliser tous les moyens. C'était au Musée de la Marine de Liverpool, dans une exposition sur le Lusitania, que je m'étais rendu compte que si les allemands avaient commencé à couler tout ce qui bouge en mer, c'était aussi parce que Churchill ne faisait pas vraiment de différence entre marine marchande et marine de guerre.

Enfin, ça reste un mec que j'admire ; et sûrement une des rares personnes à avoir changé le cours de l'Histoire à lui tout seul.

 

Sur les assurances-sociales, il faut éviter de regarder les gars de l'époque avec les lunettes d'aujourd'hui. Churchill avait quitté les conservateurs pour les libéraux sur des histoires de protectionnisme ; on savait comment ça marchait à l'époque. Les assurances sociales, en 1910, je ne pense pas qu'on se rendait compte du pourrissement moral que ça générerait : c'était un second best face aux demandes du prolétariat.

 

  Le 27/10/2017 à 07:35, poney a dit :

Mussolini était vu comme potentiellement un rempart de la culture occidentale face au bolchevisme un peu partout.

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Je ne pense pas qu'il n'y aie que ça. Mussolini était vu comme un gars qui avait réussi à redresser l'Italie. D'ailleurs, il aurait eu la bonne idée de crever en 1935, il serait probablement célébré par les italiens comme le plus grand homme politique de leur histoire, et aurait eu le droit à son billet de 5000 lires.

 

(d'ailleurs TiL que la dernière édition de la lire remplaçait Verdi par Montessori sur le 1000 lires ; monde de merde).

Posté

Bien sur que Churchill était bourré de défauts et bien sur que s'il n'y avait pas eu la guerre, qu'on en parlerait pas comme ça. Dardanelles, tout ça.

Posté

J'ai suivi plusieurs cours de Jean-Michel Salanskis, principalement sur Kant, Quine et la philosophie analytique du langage. Ce n'était pas ma tasse de thé (en fait ce sont les pires notes de mon cursus), mais au moins je reconnais que ce sont des questions intéressantes et que Salanskis est un très bon enseignant, il rend ça très vivant. Et je me disais: profite, ça te change des postmodernes infiltrés un peu partout. Un type qui comprend le réfutationnisme poppérien ne saurait être fondamentalement mauvais.

 

Donc je jette à un œil à l'un de ses bouquins, et là, c'est le drame: du jargon phénoménologique qui ne mène nulle part et ne produit même pas de la mauvaise littérature:

 

  Citation

"

Un "sens" n'a pas de réalité que l'on puisse capturer en vue de sa description, de quelque manière que l'on envisage de déterminer cette réalité: comme celle des référents pour une vérité préparée par la visée de ce sens, comme celle de ses effets, ou encore comme celle de la configuration ou du régime psychologiques internes aux sujets supposés être les porteurs et les émetteurs du sens en cause. Un sens n'a cours que dans l'intervalle de la transition éthique, le faisant passer comme demande d'un sujet à un autre, et, dans cet intervalle, sa teneur de l'ordre du devoir-être plutôt que de l'être, est déontique plutôt qu'ontique: le sens se confine en quelque sorte, en retentissant, dans le hors être d'un devoir de relance, c'est en tant que j'assume de ré-adresser à partir de ce que j'ai reçu que je témoigne du sens." (Territoires du sens: essais d'ethanalyse, 2014, p.9)
 

Expand  

 

Une autre expérience désagréable, c'est la tendance de l'idéologie à se cacher même là où on ne l'attend pas. Par exemple, je lis tranquillement l'Introduction à la géographie sociale (2014), de Guy Di Méo. C'est très bien, c'est clair, mais voilà-il pas qu'au détour d'une page de l'index des notions:

 

« [La postmodernité] correspond à une époque et à un régime de société : les nôtres. Il s’agit du fruit, plus ou moins direct, de la « chute des murs » (fin des années 1980) et d’une mondialisation/globalisation qui s’effectue sous l’impulsion d’un néocapitalisme libéral ne rencontrant que peu d’entraves de la part de secteurs publics en très net recul. »
-Guy Di Méo, Introduction à la géographie sociale, Armand Colin, coll. Cursus.Géographie, 2014, 189 pages, p.187.

 

Horreur, malheur. Comment peut-on discuter d'épistémologie avec finesse et raconter n'importe quoi sur le poids de l'Etat à ce point ?

 

Dans le genre "n'allons pas trop loin dans la neutralité axiologique", l'ouvrage de Sylvie Aprile (une de mes profs ce semestre) & Michel Rapoport, Le monde britannique. 1815-(1914)-1931 (2010), se veut "sans partis pris" (dixit le préambule). Et après avoir fait un sort à la légende d'un Royaume-Uni libéral dans la première moitiée du 19ème:

 

  Révéler le contenu masqué

 

Voilà t-il pas que l'antilibéralisme obligatoire revient subrepticement: "Les risques crées par l’industrialisation rendent nécessaire une intervention protectrice de la puissance publique. Pour ce faire, une législation régulatrice se maintient ou est crée." (p.46)

 

(notons aussi que le libéralisme est qualifié "d'idéologie libérale", alors que le socialisme ou même l’impérialisme sont plus noblement des "courants de pensées".)

Posté

Je relis la section du Ainsi parlait Zarathoustra intitulé "De la nouvelle idole". Il y a là dedans plus qu'assez pour faire un sort à l'appropriation fasciste de Nietzsche. Rien ne le dégoutait tant qu'un État qui s'occupe de culture.

 

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Posté
  Le 27/10/2017 à 22:02, Johnathan R. Razorback a dit :

J'ai suivi plusieurs cours de Jean-Michel Salanskis, principalement sur Kant, Quine et la philosophie analytique du langage. Ce n'était pas ma tasse de thé (en fait ce sont les pires notes de mon cursus), mais au moins je reconnais que ce sont des questions intéressantes et que Salanskis est un très bon enseignant, il rend ça très vivant. Et je me disais: profite, ça te change des postmodernes infiltrés un peu partout. Un type qui comprend le réfutationnisme poppérien ne saurait être fondamentalement mauvais.

 

Donc je jette à un œil à l'un de ses bouquins, et là, c'est le drame: du jargon phénoménologique qui ne mène nulle part et ne produit même pas de la mauvaise littérature:

 

 

Une autre expérience désagréable, c'est la tendance de l'idéologie à se cacher même là où on ne l'attend pas. Par exemple, je lis tranquillement l'Introduction à la géographie sociale (2014), de Guy Di Méo. C'est très bien, c'est clair, mais voilà-il pas qu'au détour d'une page de l'index des notions:

 

« [La postmodernité] correspond à une époque et à un régime de société : les nôtres. Il s’agit du fruit, plus ou moins direct, de la « chute des murs » (fin des années 1980) et d’une mondialisation/globalisation qui s’effectue sous l’impulsion d’un néocapitalisme libéral ne rencontrant que peu d’entraves de la part de secteurs publics en très net recul. »
-Guy Di Méo, Introduction à la géographie sociale, Armand Colin, coll. Cursus.Géographie, 2014, 189 pages, p.187.

 

Horreur, malheur. Comment peut-on discuter d'épistémologie avec finesse et raconter n'importe quoi sur le poids de l'Etat à ce point ?

 

Dans le genre "n'allons pas trop loin dans la neutralité axiologique", l'ouvrage de Sylvie Aprile (une de mes profs ce semestre) & Michel Rapoport, Le monde britannique. 1815-(1914)-1931 (2010), se veut "sans partis pris" (dixit le préambule). Et après avoir fait un sort à la légende d'un Royaume-Uni libéral dans la première moitiée du 19ème:

 

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Voilà t-il pas que l'antilibéralisme obligatoire revient subrepticement: "Les risques crées par l’industrialisation rendent nécessaire une intervention protectrice de la puissance publique. Pour ce faire, une législation régulatrice se maintient ou est crée." (p.46)

 

(notons aussi que le libéralisme est qualifié "d'idéologie libérale", alors que le socialisme ou même l’impérialisme sont plus noblement des "courants de pensées".)

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En même temps tu lis d élargir géographie sociale c'est de ta faute.

 

Moi la géo humaine j'ai lâché quand 'a prof nous parlait de l'inégalité rural/urbain sous le prisme marxien. Bullshitologie > 9000

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  Le 28/10/2017 à 10:37, Johnathan R. Razorback a dit :

Je relis la section du Ainsi parlait Zarathoustra intitulé "De la nouvelle idole". Il y a là dedans plus qu'assez pour faire un sort à l'appropriation fasciste de Nietzsche. Rien ne le dégoutait tant qu'un État qui s'occupe de culture.

 

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Free_jazz, sors de ce corps !

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