François Carmignola Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 30/04/2015 à 18:45, Flashy a dit : Ce n'est qu'au XIXème siècle que certains ont eu l'idée saugrenue de différencier totalement morale et droit -alors même que le Code civil traduit de nombreux principes moraux en principes juridiques, que ce soit le respect de la parole donnée ou des bonnes moeurs-. Plus exactement certains et non des moindres, attribuent à Kant l'introduction effective de la distinction: quid jus? qui juris? file:///Users/fl/Downloads/Kant_Doctrine_du_droit_trad._J._Barni_-_Le_Conflit_des_facultes_trad._J._Gibelin.pdf E.Kant : "le conflit des facultés": Car le respect dû au gouvernement consiste précisément en ceci que celui-ci ne laisse pas aux sujets la liberté de juger de ce qui est juste ou injuste suivant leurs propres conceptions, mais suivant la prescription du pouvoir législatif. Distinction évidemment centrale.
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Kant est un grand philosophe mais ce n'est pas une juriste, il n'y connaissait rien. A partir de là il faut faire attention car quand il parle de Droit, il en part d'un point de vue strictement philosophique, dans son système. Cela a assez peu à voir avec la réalité des choses.
Flashy Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Je pensais plus à un Bentham, un Comte, un Raymond Carré de Malberg voire un Kelsen (plutôt XXème siècle) qu'à Kant. Autrement dit, je pensais au positivisme juridique, qui fait la distinction droit/morale. Il me semble -mais je me trompe peut-être- que cette théorie a connu son ascension au XIXème siècle. Pour ma part, je suis plutôt positiviste (d'où les débats qui ont proliféré sur le jusnaturalisme).Le droit et la morale sont deux choses distinctes conceptuellement. Mais il faut bien s'entendre : bien que distincts, il y a nécessairement des connexions -de nombreuses notions juridiques découlent de considérations morales (la bonne foi, pour n'en citer qu'une), et a contrario, certaines notions juridiques ont créé des exigences morales (la non-rétroactivité de la loi plus sévère, la sécurité juridique...)-. Simplement, la validité d'une règle juridique ne dépend pas de la morale. Une règle juridique amorale ou immorale reste juridiquement valable. A contrario, une règle morale tenue en haute estime n'est pas juridique en soi. Cela a l'air trivial, pourtant c'est un point d'opposition central.Second point d'opposition central, celui de savoir d'où vient la justice et le droit. Le droit est-il la traduction d'un idéal qui lui préexisterait? Cet idéal découle-t-il de la nature humaine ou des lois de la nature? Mais en ce cas, comment connaître la nature humaine? Ou bien le droit n'est-il que la traduction d'une conception très humaine, située historiquement, de la justice? Mais dans cette hypothèse, comment comparer les systèmes juridiques, selon quels critères?
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Dès son origine le Droit est distinct de la Morale. Le Droit est ce qui permet aux Homme de vivre entre eux, la Morale est ce qui permet à la personne de mener une bonne vie. Le vrai problème est que les philosophe veulent faire du Droit l'instrument permettant de réaliser leur système philosophique. Ils ne pensent pas le Droit en tant que tel, comme un objet autonome, mais comme un instrument de leur système philosophique. Cela vaut pour tout les auteurs que tu viens de citer. Ils prétendent faire la distinction Loi/Morale alors qu'au contraire ils la brouillent. 1
Lancelot Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 10:41, Flashy a dit : Simplement, la validité d'une règle juridique ne dépend pas de la morale. Une règle juridique amorale ou immorale reste juridiquement valable. A contrario, une règle morale tenue en haute estime n'est pas juridique en soi.Ces deux points sont effectivement fondamentaux. Je dirais d'abord qu'une règle juridique est toujours la traduction d'un principe moral de la société à laquelle elle s'applique. J'admets que la chose est difficile à concevoir si on considère l'état moderne et son inflation législative, mais prenons par exemple l'obligation de rouler à droite en voiture qui est typique des règles dites amorales. Elle traduit le besoin d'uniformiser les comportements sur la route pour les rendre prévisibles et ainsi limiter les accidents, ce qui est un but tout ce qu'il y a de plus moral. Elle est arbitraire (on pourrait la remplacer par une obligation de rouler à gauche) mais c'est justement une volonté d'arbitraire qui la motive, pas la forme que cet arbitraire prend. Que la norme soit morale ou immorale dans l'absolu c'est une toute autre question qui concerne en effet le jusnaturalisme. Ensuite une règle morale que tout le monde respecte est obligatoire de facto, et c'est d'ailleurs de cette manière qu'émergent les coutumes qui sont une source tout à fait classique du droit. Le 11/07/2015 à 10:49, PABerryer a dit : la Morale est ce qui permet à la personne de mener une bonne vieVoilà une conception bien moderne et individualiste de la morale
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 C'est une définition classique qui remonte à l'Antiquité.
François Carmignola Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Il n'a peut être rien compris, cela arrive à certains, et des bien moindres, mais il faut l'immortel introducteur du sollen et du sein. A ce titre, il mérite le droit d'être cité.
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Je ne critique pas le génie de Kant, je dis juste que quand il écrit sur le Droit cela reste dans le monde des idées, cela n'a que peu de chose à voir avec le Droit.
L'affreux Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 10:49, PABerryer a dit : Dès son origine le Droit est distinct de la Morale. Le Droit est ce qui permet aux Homme de vivre entre eux, la Morale est ce qui permet à la personne de mener une bonne vie.D'où vient cette assertion ? D'un point de vue anthropologique, elle est fausse. À l'origine, c'est-à-dire dans les sociétés primitives, le droit n'existe pas et la morale est ce qui permet aux Hommes de vivre en société. La résolution pacifique des conflits venait, vient toujours pour la majorité des problèmes quotidiens, d'une application de la morale.Le droit, peut-être qu'on peut dire qu'il est une abstraction née d'une morale figée car écrite ? Est-il déjà arrivé qu'une société humaine développe un "droit" non écrit ? Le 11/07/2015 à 11:51, Lancelot a dit : Voilà une conception bien moderne et individualiste de la morale Exact. Respecter la morale permet depuis toujours de mener une bonne vie. Mais, que ce petit rôle lui serve de définition, c'est une approche moderne.
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:41, laffreuxthomas a dit : D'où vient cette assertion ? D'un point de vue anthropologique, elle est fausse. À l'origine, c'est-à-dire dans les sociétés primitives, le droit n'existe pas et la morale est ce qui permet aux Hommes de vivre en société. La résolution pacifique des conflits venait, vient toujours pour la majorité des problèmes quotidiens, d'une application de la morale. Le droit, peut-être qu'on peut dire qu'il est une abstraction née d'une morale figée car écrite ? Est-il déjà arrivé qu'une société humaine développe un "droit" non écrit ? Relis mon passage sur les deux droits naturels. Pour ce qui est de la manière d'assurer la cohésion dans les sociétés primitives ce n'était pas tant le Droit que le Religieux (cf Girard).
L'affreux Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 11:51, Lancelot a dit : Ces deux points sont effectivement fondamentaux. Je dirais d'abord qu'une règle juridique est toujours la traduction d'un principe moral de la société à laquelle elle s'applique. J'admets que la chose est difficile à concevoir si on considère l'état moderne et son inflation législative, mais prenons par exemple l'obligation de rouler à droite en voiture qui est typique des règles dites amorales. Elle traduit le besoin d'uniformiser les comportements sur la route pour les rendre prévisibles et ainsi limiter les accidents, ce qui est un but tout ce qu'il y a de plus moral. Elle est arbitraire (on pourrait la remplacer par une obligation de rouler à gauche) mais c'est justement une volonté d'arbitraire qui la motive, pas la forme que cet arbitraire prend. Que la norme soit morale ou immorale dans l'absolu c'est une toute autre question qui concerne en effet le jusnaturalisme. Ensuite une règle morale que tout le monde respecte est obligatoire de facto, et c'est d'ailleurs de cette manière qu'émergent les coutumes qui sont une source tout à fait classique du droit. Je pense aussi que le droit dans son ensemble doit être moral. De petites entorses parce que la perfection n'est pas de ce monde, c'est compréhensible. Mais si la législation dans son ensemble n'est pas appuyée par la morale, elle deviendra difficile à appliquer, sera source de conflits, nécessitera la force et la peur, engendrera des situations malsaines.
Tramp Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:52, PABerryer a dit : Pour ce qui est de la manière d'assurer la cohésion dans les sociétés primitives ce n'était pas tant le Droit que le Religieux (cf Girard). Ça marchait bien d'ailleurs.
L'affreux Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:52, PABerryer a dit : Relis mon passage sur les deux droits naturels. Je ne vois pas le rapport. Le 11/07/2015 à 13:52, PABerryer a dit : Pour ce qui est de la manière d'assurer la cohésion dans les sociétés primitives ce n'était pas tant le Droit que le Religieux (cf Girard). Les croyances et la morale se recouvrent largement (pour des croyants). Mais je parlais de résolutions des conflits. La cohésion sociale fait intervenir la morale mais me semble hors sujet vis-à-vis du droit. Ou bien je me trompe ? Alors d'où vient cette assertion manifestement fausse qui voudrait que le droit, à l'origine, nous permette de vivre en société ?
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:54, laffreuxthomas a dit : Je pense aussi que le droit dans son ensemble doit être moral. De petites entorses parce que la perfection n'est pas de ce monde, c'est compréhensible. Mais si la législation dans son ensemble n'est pas appuyée par la morale, elle deviendra difficile à appliquer, sera source de conflits, nécessitera la force et la peur, engendrera des situations malsaines. Tu vas te faire taper ici Plus sérieusement, le Droit n'a pas à être moral car son domaine d'action ne recoupe pas celui de la Morale. Le vrai problème est que l'on veut faire faire au Droit bien plus qu'il n'a à fair. on veut ,e faire un instrument pour diriger l'action humaine dans un sens ou dans un autre. Si l'on réduit le Droit à ce qu'il doit être, cad assurer l'harmonie du groupe par la résolution ds conflit (justice commutative) et la distribution des honneurs (justice distributive) alors la question Droit/Morale devient inutile et sans fondement.
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 14:03, laffreuxthomas a dit : Je ne vois pas le rapport. Les croyances et la morale se recouvrent largement (pour des croyants). Mais je parlais de résolutions des conflits. La cohésion sociale fait intervenir la morale mais me semble hors sujet vis-à-vis du droit. Ou bien je me trompe ? Alors d'où vient cette assertion manifestement fausse qui voudrait que le droit, à l'origine, nous permette de vivre en société ? Tu dis que mon assertion est fausse et tu me parles de sociétés primitives. A partir de quand ne sommes nous plus dans une société primitive? Je parle de la Grèce et de la Rome Antique, avant le Droit, ou tout du moins ce que recouvre cette notion, n'existait pas en tant que tel. Sur la morale tu poses la question de savoir s'il existe une morale objective per se. Cela je n'en sais rien mais que des croyant se conformes aux prescriptions de leurs fois cela ne me choque pas qu'ils disent qu'ils agissent de manière morale. La Morale étant ce qui permet à la personne de vivre une vie bonne, la notion de vie bonne doit être définie. Si certains de ses aspects sont communs à toutes les cultures, d'autres non. Le conflit nuit à l'harmonie entre les individus. La résolution du conflit et le rétablissement de cette harmonie peut passer par différentes méthodes. Il me semble que la temporalité soit là un élément important. Si le phénomène religieux est très probablement apparus avec l'Humanité (à partir de moment où l'on peut parler d'Homme et non pas d'ancêtre), le phénomène du droit est beaucoup plus récent et a suivi une évolution complexe. Mon hypothèse, et ce n'est qu'une hypothèse, est qu'effectivement le Droit découle d'une activité qui relevait du sacerdoce. En ce sens il y a un lien très fort. Par contre, le Droit s'est différencié de la Religion et de fait le Droit n'est né en tant que tel dès lors qu'on a pu le différencier du Religieux. Cette distinction était déjà faite au temps d'Aristote chez les Grecs. Aux temps archaïques je suis tout à fait d'accord avec l'idée que Religieux et Droit étaient indifférenciés. Par contre, avec l'évolution du phénomène religieux, les deux se sont séparés.On peut faire le parallèle avec le fait que dans les sociétés archaïque le pouvoir suprême était entre les main de rois-prêtres et les deux fonctions se sont séparés au fil du temps.
Tramp Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le droit sert à rendre la justice en cas de conflit. C'est un moyen au service d'une fin.
L'affreux Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 OK mais à l'origine, c'est-à-dire dans les sociétés primitives, la morale était le moyen au service de cette fin. Et d'ailleurs c'est toujours la morale qui rend justice, par exemple, quand un père ou une mère arbitre un conflit auprès des enfants. Cela ne discrimine donc pas le droit et la morale. Ou alors, peut-on considérer que le droit est un sous-ensemble imparfait (car figé, pour les nécessités d'une application homogène sur un vaste espace) de la morale (mouvante et donc cherchant la perfection à chaque instant) ?
François Carmignola Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:06, François Carmignola a dit : Il n'a peut être rien compris, cela arrive à certains, et des bien moindres, mais il faut l'immortel introducteur du sollen et du sein. A ce titre, il mérite le droit d'être cité. Je voulais parler de E.Kant bien sur. L'inventeur de la mécanique kantique.
PABerryer Posté 11 juillet 2015 Auteur Signaler Posté 11 juillet 2015 La morale vise à agir sur la personne. Le but est de permettre à cette dernière avoir une vie Bonne. La Morale s'appuie sur le Droit (distinction juste/injuste) alors que l'inverse n'est pas vrai. Ce sont plus tôt deux choses différentes mais l'une, le Droit, n'est pas imbriquée dans l'autre, la Morale.
Rincevent Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:52, PABerryer a dit : Relis mon passage sur les deux droits naturels. Pour ce qui est de la manière d'assurer la cohésion dans les sociétés primitives ce n'était pas tant le Droit que le Religieux (cf Girard). Sauf que lesdites sociétés primitives se caractérisent entre autres par l'absence de séparation entre droit et religion, précisément.
François Carmignola Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le problème de la morale est qu'elle a des aspects très différents suivant que le religieux est présent ou non. Dès que le surnaturel apparait, les choses deviennent très différentes. C'est pour cela qu'on ne devrait pas parler de morale, mais de philosophique par opposition au juridique. Il y a d'autre part ce qu'on appelle l'éthique, qui est encore autre chose, mais clairement inclus dans le philosophique.
Lancelot Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Damn, c'est une de ces discussions où chacun utilise ses propres définitions super spécifiques et où personne ne parle de la même chose.
Elphyr Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 15:08, Lancelot a dit : Damn, c'est une de ces discussions où chacun utilise ses propres définitions super spécifiques et où personne ne parle de la même chose.Définit "définition" s'il te plaît.
NoName Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 on a beau me dire mais cette justice qui sert à distribuer els honneurs faudrait me dire concrètement à quoi ça corresponds parce que pour l'instant, j'ai jamais vu de juge distribuer une médaille
L'affreux Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 15:08, Lancelot a dit : Damn, c'est une de ces discussions où chacun utilise ses propres définitions super spécifiques et où personne ne parle de la même chose. Pour la morale, la définition que j'ai utilisée dans mes travaux : la morale est l'intuition de ce qui est bien ou mal. Il existe une morale pour chaque communauté. Les communautés sont imbriquées et/ou se recouvrent. Les plus importantes sont : soi-même, le foyer, le village (pour ceux qui en ont un), la famille élargie, l'ethnie (la langue, la région), la nation, les grandes religions, l'humanité (l'espèce). Il existe une morale, c'est-à-dire une intuition partagée du bien et du mal, à chacune niveau. Elles sont parfois conflictuelles. Dans l'ordre naturel des choses, en cas de conflit, c'est souvent la morale de la plus petite communauté qui prime (entre défendre sa famille et défendre la nation, le choix naturel est la famille), et cela s'explique par l'intensité de la cohésion sociale (appelée aussi "lien social" par les sociologue), la force de l'intuition et la force des sentiments qui unissent une communauté allant de pair. Les croyances primitives : dans les sociétés animistes, les croyances sont localisées (le chef de foyer tient le culte du fétiche dans sa maison, le chef de la rivière tient le culte du génie de la rivière, etc.). Ces croyances sont indissociables des morales des communautés, et le tout coïncide dans l'espace : les croyances, les membres de la communauté et la morale qui va avec, partagent les mêmes frontières géographiques. Les croyances justifient et produisent les règles morales. Les concepts relatifs aux croyances peuvent donc être ignorés pour notre sujet, la morale suffit. Ce que je cherche, c'est une définition du mot "Droit" autre que issue d'une fiction erronée sur les origines, et qui ne nécessite pas non plus de restreindre arbitrairement le champ de la morale à juste soi-même. Car, même chez les modernes, la morale sert plus souvent que le Droit à résoudre pacifiquement les conflits. En fait le droit sert de filet de secours lorsque la morale n'a pas suffit. Remarque : si le droit et la morale sont distincts (mais le sont-ils ?), alors les mots "juste" et "injuste" sont ambigus puisqu'ils sont utilisés des deux côtés. À éviter.
François Carmignola Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Avant de prendre parti, il faut voir les forces en présence et ne pas s'isoler dans des particularismes trop étroits, au risque de considérer comme une opinion ce qui n'est qu'une définition personnelle dans un langage qui n'est pas compris de tout le monde. Ainsi, la morale inclut aussi des caractères d'obligation et ne se limite pas à une intuition du bien et du mal. On considère en général que l'obligation morale concerne l'individu tandis que l'obligation juridique concerne le social, et que la morale n'est pas codifiée. La conception positive du droit (Kelsen) rejette toute espèce de considération morale dans le juridique. Certaines distinctions entre droit et morale sont basées sur la distinction entre droit "naturel" et droit "normatif" ( la distinction antique et romaine) mais c'est la thèse de Michel Villey que d'affirmer que le droit est en fait dépendant (à tort) de la morale judéo chrétienne. Il est ainsi un tenant du droit naturel et un adversaire du positivisme juridique, et aussi, paradoxalement, du "droit de l'homisme". On peut, par contre, identifier morale et droit naturel, mais cela n'est pas requis. En particulier le droit naturel peut être considéré comme n'incluant aucune obligation, ce qui l'éloignerait radicalement de la morale.
Lancelot Posté 11 juillet 2015 Signaler Posté 11 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 16:39, laffreuxthomas a dit : Pour la morale, la définition que j'ai utilisée dans mes travaux : la morale est l'intuition de ce qui est bien ou mal. Il existe une morale pour chaque communauté. Les communautés sont imbriquées et/ou se recouvrent. Les plus importantes sont : soi-même, le foyer, le village (pour ceux qui en ont un), la famille élargie, l'ethnie (la langue, la région), la nation, les grandes religions, l'humanité (l'espèce). Il existe une morale, c'est-à-dire une intuition partagée du bien et du mal, à chacune niveau. Elles sont parfois conflictuelles. Dans l'ordre naturel des choses, en cas de conflit, c'est souvent la morale de la plus petite communauté qui prime (entre défendre sa famille et défendre la nation, le choix naturel est la famille), et cela s'explique par l'intensité de la cohésion sociale (appelée aussi "lien social" par les sociologue), la force de l'intuition et la force des sentiments qui unissent une communauté allant de pair.Ok ça me va, ça rejoint suffisamment ce dont je parle. Le 11/07/2015 à 16:39, laffreuxthomas a dit : Ce que je cherche, c'est une définition du mot "Droit" autre que issue d'une fiction erronée sur les origines, et qui ne nécessite pas non plus de restreindre arbitrairement le champ de la morale à juste soi-même. Car, même chez les modernes, la morale sert plus souvent que le Droit à résoudre pacifiquement les conflits. En fait le droit sert de filet de secours lorsque la morale n'a pas suffit.Il faut bien distinguer deux problématiques ici : - le droit est-il ou pas de même nature que la morale ? - comment peut-on juger le droit d'un point de vue moral ? En résumé mon avis sur le premier point est que le droit positif est issu de la cristallisation de certaines normes morales de la société auquel il s'applique. Mon avis sur le second point est qu'on peut étudier les différents systèmes normatifs et leurs répercussions afin de découvrir les principes qui font qu'une norme est bonne ou mauvaise (ce qui devrait être le projet des jusnaturalistes). 1
neuneu2k Posté 12 juillet 2015 Signaler Posté 12 juillet 2015 Le 11/07/2015 à 13:41, laffreuxthomas a dit : D'où vient cette assertion ? D'un point de vue anthropologique, elle est fausse. À l'origine, c'est-à-dire dans les sociétés primitives, le droit n'existe pas et la morale est ce qui permet aux Hommes de vivre en société. La résolution pacifique des conflits venait, vient toujours pour la majorité des problèmes quotidiens, d'une application de la morale. Discutable, à partir du moment ou un tiers est impliqué pour arbitrer, ce tiers se base bien évidemment sur la morale et ses conceptions ethiques, mais il recherche avant tout l'harmonie et le maintien de la paix, parce que c'est bien pour ça qu'on à fait appel à un tiers Le 11/07/2015 à 13:41, laffreuxthomas a dit : Le droit, peut-être qu'on peut dire qu'il est une abstraction née d'une morale figée car écrite ? Est-il déjà arrivé qu'une société humaine développe un "droit" non écrit ? Là encore le problème de fond est que tu confonds Droit et Législation, évidemment que des societés humaines ont développé un droit non écrit, la plupart l'ont fait, et ce mème longuement après avoir eu connaissance de l'écriture, de fait l'écriture est un outil technique du droit, surtout important pour ce qui touche au droit des contrats, et assez peu pour le reste, par contre, en effet la législation est intrinsèquement liée à l'écriture, son abstraction nécéssite une représentation symbolique qui n'est réalisable à une échelle significative qu'avec l'écriture.
L'affreux Posté 12 juillet 2015 Signaler Posté 12 juillet 2015 Le 12/07/2015 à 04:42, neuneu2k a dit : Discutable, à partir du moment ou un tiers est impliqué pour arbitrer, ce tiers se base bien évidemment sur la morale et ses conceptions ethiques, mais il recherche avant tout l'harmonie et le maintien de la paix, parce que c'est bien pour ça qu'on à fait appel à un tiers Là encore le problème de fond est que tu confonds Droit et Législation, évidemment que des societés humaines ont développé un droit non écrit J'ai bien compris la distinction que tu fais, je cherche toujours à valider une définition. Avec ta définition, le Droit existe dans les sociétés primitives. Il est l'art de la pratique des règles de la société pour la résolution des conflits. Cet art se pratique par un tiers. Les règles proviennent de la législation au niveau des civilisations, et des habitudes morales chez les primitifs ou au sein d'un foyer. Si la législation est une cristallisation de la morale (cf Lancelot), alors le Droit est la pratique, plus ou moins directe, de la morale. Les deux définitions (législation ou pratique de la législation) sont utilisées par les intervenants d'une manière qui prête peu à confusion, on peut faire avec. Du coup, on pourrait penser que ce débat sur la définition est frivole, sauf que chacun réutilise sa définition pour donner un sens à "Droit Naturel" ! J'ai compris les explications de Lancelot, que je pense partager. J'ai également compris (enfin j'espère !) ce que tu entends par "Droit" mais dans ta version le sens de "Droit Naturel" m'échappe.
neuneu2k Posté 12 juillet 2015 Signaler Posté 12 juillet 2015 Le 12/07/2015 à 08:57, laffreuxthomas a dit : Avec ta définition, le Droit existe dans les sociétés primitives. Il est l'art de la pratique des règles de la société pour la résolution des conflits. Cet art se pratique par un tiers. Les règles proviennent de la législation au niveau des civilisations, et des habitudes morales chez les primitifs ou au sein d'un foyer. Si la législation est une cristallisation de la morale (cf Lancelot), alors le Droit est la pratique, plus ou moins directe, de la morale. Pour le coup c'est toi qui essaye de coller une "spécificité civilisationnelle" à la législation, alors que des grandes civilisations ont existé sans législation et que celle-ci est spécifiquement liée à une forme particulière d'impérialisme "centralisateur" qui est majoritairement occidental et d'héritage majoritairement romain. Il ne s'agit pas de dire "d'un coté les societés primitives et leur pratique juridique et de l'autre les civilisations et leur législation" mais d'une distinction bien plus puissante entre "le droit tel qu'il est et à été pratiqué dans l'immense majorité de l'histoire de l'humanité d'un coté, et la Loi telle que certains intellectuels et politique l'ont pensée pour remplacer ce droit préexistant fort génant par un organe plus malléable et propice au constructionisme". Parler de droit naturel et se placer dans le deuxième cadre, celui de la législation est fondamentalement erroné, la législation étant un système figé et artificiel qui ne peut matériellement pas s'appliquer à la gestion pratique des conflits réels dans un monde changeant et divers, on tombe forcément sur des paradoxes, et dans ce domaine les paradoxes ont une facheuse tendence à se transformer en horreurs. 1
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