Aller au contenu

Nathalie MP

Membre Adhérent
  • Compteur de contenus

    1 160
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    6

Messages postés par Nathalie MP

  1.  

    Edward Snowden : Ayn Rand était sa muse

     

    Jeffrey Tucker, FEE, le 19 septembre 2016

     

    Le cas d’Edward Snowden m’a toujours intrigué. Cet homme travaillait dans une énorme boîte qui prodiguait du pouvoir, du prestige et de l’argent en quantité. Il avait atteint la plus haute position professionnelle possible compte tenu de ses compétences. Tout son environnement de surveillance de masse lui montrait qu’il n’y avait pas d’échappatoire possible et exigeait de lui obéissance, dévouement et soumission. Son travail consistait à laisser son individualisme, son intégrité et sa personnalité au vestiaire pour devenir un rouage ultra-fiable dans la lourde mécanique de sa hiérarchie.

     

    Tous ses collègues s’accommodaient de cette situation sans jamais la remettre en question. S’ils s’interrogeaient, c’était purement formel. Une vraie porte de sortie n’existait certainement pas. On ne pouvait que s’adapter, profiter du pouvoir, encaisser l’argent et mourir un jour.

     

    Pour je ne sais quelle raison, Snowden décida de suivre un autre chemin. Seul, sans même consulter ses proches, il s’envola un beau matin en prenant le risque inconcevable de copier les fichiers les plus significatifs. Il les enregistra sur un disque minuscule qu’il cacha dans le Rubik’s cube qu’il portait souvent sur lui. Ayant préparé sa fuite, il sortit tranquillement de la NSA (National Security Agency), prit un vol pour Hong-Kong et y rencontra deux journalistes qu’il avait contactés par email crypté. Ce qu’il leur révéla secoua le monde entier.

     

    Il vécut toute l’affaire dans la peur, mais ne montra jamais d’hésitation. Peu impressionné par le système qui l’entourait, il ne le considérait ni comme un maître ni comme un égal, mais comme une machine qu’il pouvait battre. Il savait que son projet était juste et il l’avait mis à exécution car, à l’inverse de toutes les probabilités admises, il pensait qu’il pouvait faire la différence. On peut dire sans exagérer qu’il a risqué sa vie au service de la liberté.

     

    Pourquoi ?

     

    Qu’est-ce qui pouvait bien l’avoir poussé à faire une chose pareille ? Il n’est pas impossible que nombre de ses collègues y aient songé car ils savaient qu’il était autant illégal qu’immoral de se livrer à une surveillance de masse aussi générale et indiscriminée. Mais seul Snowden est passé à l’acte. Il est proprement extraordinaire de penser qu’à notre époque un homme tel que lui existe.

     

    J’ai suivi l’affaire Snowden avec attention, et elle m’a toujours plongé dans la plus grande perplexité. Il est bien beau de dire qu’il a une forte personnalité, qu’il a agi par principe, qu’il a montré du courage. Mais où a-t-il été chercher tout ça ? Il n’est pas particulièrement religieux. Il semble avoir des penchants libéraux, mais ses convictions politiques sont peu idéologiques. Je me suis toujours demandé quelle inspiration morale avait pu pousser Snowden à faire l’impensable au nom de la vérité.

     

    C’est pourquoi je suis profondément reconnaissant à Oliver Stone pour son nouveau film « Snowden ».

     

    Ayn Rand était sa Muse

     

    Dans les premières scènes, on voit Snowden passer un entretien pour son premier poste à la NSA. On l’interroge sur les livres qui l’ont influencé et il mentionne Joseph Campbell (dont le concept de « voyage du héros » en tant qu’influence de Snowden serait un excellent sujet à creuser). Puis, de façon très révélatrice, il évoque Ayn Rand. Son interlocuteur cite un extrait de La Grève (Atlas Shrugged) : « Un homme peut arrêter le moteur du monde. »

     

    Snowden acquiesce et le film continue.

     

    Nous y voilà ! Cette petite scène éclaire beaucoup de choses. Dans le roman d’Ayn Rand, l’ensemble de la population fait face à un appareil d’Etat gigantesque et totalitaire qui dépouille progressivement les producteurs de richesse avec pour effet d’entraîner toute la société dans la spirale de la pauvreté. Chaque individu confronté à cette machine doit prendre une décision : la rejoindre, la défendre, l’ignorer ou la combattre d’une façon ou d’une autre. Ceux qui empruntent le chemin du courage sont assez avisés pour ne pas s’en remettre à l’appel aux armes. Ils imaginent bien pire : ils se mettent en grève. Ils ne veulent plus que le régime profite de leurs services et refusent de participer à leur propre destruction. Ce faisant, ils rendent un immense service à la société car ils refusent que leurs talents contribuent plus avant à l’oppression générale.

     

    Là est l’explication. Edward Snowden a certainement gardé cette histoire fascinante dans un coin de sa tête. Les lecteurs pourront en témoigner, La Grève a le don de vous plonger dans un univers hautement dramatique où toute l’épopée tourne autour de graves décisions morales à prendre. Les gens sont jugés d’après leur volonté à faire triompher ce qui est juste, à se dresser en tant qu’individus contre des systèmes gigantesques qui d’habitude les font paraître impuissants. Le message d’Ayn Rand, c’est qu’un esprit humain, poussé à l’action par des principes moraux, peut effectivement changer le monde.

     

    C’est précisément en cela que La Grève est un livre complètement différent de tous les autres au sein de la littérature d’après-guerre sur la défense de la liberté contre l’Etat. Ayn Rand plaçait le choix moral de l’individu au sommet de tout. Elle a créé un monde de fiction, un monde sensible et inoubliable, dans lequel toute l’histoire repose sur l’idée de faire ce qui est juste, quels que soient les risques personnels ou les pertes matérielles. (Rand est sottement critiquée au motif qu’elle aurait mis les acquisitions matérielles au premier rang de ses valeurs. La vérité, c’est qu’elle préférait le courage moral à la sécurité, au pouvoir et même à un revenu régulier).

     

    Pourquoi le film fait-il mention de l’épisode Ayn Rand ?

     

    Oliver Stone a réalisé son film en étroite collaboration avec Edward Snowden, lequel apparaît en personne à la fin, et lequel a certainement validé tous les éléments biographiques le concernant, dont celui que j’ai relaté plus haut à propos d’Ayn Rand. Oliver Stone est un producteur connu pour ses idées gauchistes et son penchant pour les théories du complot. Pourquoi a-t-il voulu inclure ce détail biographique dans son film ? Une bonne part du contenu dramatique du film fait la chronique de l’éveil idéologique de Snowden, depuis son patriotisme aveugle jusqu’à ses doutes à l’égard du complexe militaro-industriel. Pour entrevoir la vérité, il lui fallait secouer progressivement son conservatisme et adopter un point de vue plus large.

     

    Il est possible que Stone ait décidé d’incorporer ce petit épisode sur Rand afin d’illustrer le parti-pris conservateur de Snowden et montrer comment il a évolué ensuite face à l’évidence. Je n’en ai aucune preuve, c’est donc pure spéculation de ma part. Mais ce n’est pas complètement exclu, compte-tenu de ce qui est dit de Rand en général, à savoir qu’elle serait une sorte de déesse de la pensée de droite.

     

    Le courage moral

     

    La réalité de l’influence de Rand est cependant très différente. Une des façons de comprendre son livre consiste à l’aborder biographiquement. Etant née en Russie, elle se trouva destinée à vivre sous le despotisme communiste. Si elle avait accepté cette situation, elle aurait vécu puis serait morte dans la pauvreté et l’indifférence. Mais elle aspirait à une existence différente, elle voulait que sa vie compte. Aussi, elle organisa sa propre fuite de Russie, débarqua aux Etats-Unis et vécut brièvement à Chicago.

     

    Elle déménagea à nouveau et démarra une carrière de scénariste à Hollywood, avant d’écrire ses propres pièces de théâtre et de passer au roman. Cette inconnue venue de Russie fit une très belle carrière personnelle et devint l’un des esprits les plus influents du XXème siècle – et elle obtint tout cela sans appartenir à l’université, ni bénéficier d’appuis dans les cercles du pouvoir.

     

    Les plus beaux personnages de Rand suivent exactement la même voie : ils refusent de se laisser embrigader au motif que les dirigeants sont riches et puissants. Au cœur de son message, Ayn Rand nous rappelle sans relâche qu’une personne dotée d’une endurance intellectuelle et morale peut mettre en déroute jusqu’au plus puissant système d’oppression. Cela demande de la ruse, de l’audace et une concentration absolue sur ce que l’on considère comme juste.

     

    Et c’est précisément ce que Snowden a fait. Il a suivi l’exemple de John Galt (NDLT : héros de La Grève). Plutôt que d’arrêter le moteur du monde, il chercha à couper le moteur de l’Etat qu’il aidait à construire. Pourquoi ? Parce que c’était la chose à faire, parce que c’était juste.

     

    Si Oliver Stone a intégré le passage sur Ayn Rand pour montrer combien Snowden s’en écarte, je pense qu’il se trompe gravement. Pour moi, Ayn Rand fut au contraire la muse de Snowden de bout en bout. Et cela me rend extrêmement fier de la puissante influence qu’elle a eue dans ce monde. Bien qu’elle soit décédée en 1982, sa pensée est encore très vivace, quoique largement sous-estimée.

     

    Si je vois juste, on peut dire que Rand participe encore aujourd’hui à rendre le monde plus libre.

     

    Posons-nous une dernière question : Edward Snowden a-t-il fait le bon choix ? Aujourd’hui, il est l’une des personnes au monde dont l’opinion est la plus recherchée, il peut rassembler des foules en tout point du globe, il est un défenseur mondialement reconnu de la dignité humaine, du respect de la vie privée et de la liberté. Grâce aux technologies de l’information il est capable d’atteindre des milliards de personnes. Et il a encore devant lui une vie entière à consacrer à tout cela – grâce au choix qu’il a fait.

     

    Ayn, vous avez encore frappé fort !

     

     

    Texte original : https://fee.org/articles/snowden-s-muse-was-ayn-rand-s-john-galt/

  2. Bonjour !

     

    En prévision des présidentielles, je me demandais si ça ne pourrait pas intéresser CP de développer une sorte d'agrégateur de sondages (à la manière de ce que font les sites américains, même si c'est très lié à leur mode de scrutin). Il me semble que ça n'existe pas vraiment dans la presse française, c'est donc quelque chose qui pourrait apporter de la notoriété au site (tout en mettant en valeur ce qui nous intéresse, typiquement, l'abstention).

     

    Il faudrait pour ça définir des règles un peu rigoureuses pour l'agrégation (mais il me semble qu'il y a une quantité suffisante de cerveaux matheux sur le forum :P) ; et définir des indicateurs sympas et un peu différents : par exemple parler en probabilité de gagner plutôt qu'en pourcentage de voix. La quantité de travail a l'air relativement modérée pour un impact possible important.

     

    Est-ce-que vous pensez que ce genre de projet peut-être intéressant ?

    Ca ressemble à une proposition que j'ai faite aussi à CP via Frédéric le mois dernier : "je me suis dit que Contrepoints pourrait aussi mettre au point un indicateur maison (pertinent et intelligent, naturellement, mais aussi un peu iconoclaste) pour contribuer au débat public et se donner en plus une occasion régulière de buzz et reprise presse."

    Je n'ai pas pensé à un agrégateur de sondages, car mon idée c'était de pouvoir suivre l'évolution de cet indicateur sur une base annuelle (comme la liberté de la presse et toutes les mesures de ce genre), mais l'agrégateur de sondage, c'est une bonne idée aussi.

    Je suis ravie de voir que ça semble rencontrer un intérêt enthousiaste chez CP.

  3. Cet article (d'opinion) est d'une nullité effarante. Quel méli-mélo, tout y passe. J'ai lu des choses plus intelligentes de la part de "Black Lives Matter". A force de vouloir introduire du racisme partout, y compris dans des sujets qui en eux-mêmes sont déjà très mal posés comme celui du changement climatique, ces associations font plus de mal que de bien, notamment en poussant le public à associer leurs revendications débiles à tous les noirs, qui n'en demandent pas tant. 

  4. Le procès Cahuzac s'ouvre aujourd'hui (5 sept 2016) après avoir été reporté plusieurs mois en raison d'une QPC (rejetée) soulevée par ses avocats. 
    Je poste ici un article de fév 2016 qui récapitule l'affaire et qui pourra peut-être vous inspirer quelques idées sur la fiscalité idéale :

    Cahuzac : portrait d'un homme politique socialiste
    https://leblogdenathaliemp.com/2016/02/08/cahuzac-portrait-dun-homme-politique-socialiste/

  5. Très bon !

     

    "groupe inférieur situé en dessous du " => groupe située tout en bas du

    "Son père travaillait dans une usine où il subit force discriminations " => ça se dit "force" dans ce contexte ?

    Première remarque : j'insiste sur ma formulation car au total il y a 5 niveaux. Les Dalits sont en-dessous de la hiérarchie à 4 niveaux. 

    Deuxième remarque : l'expression force discriminations, force bouteilles etc.. signifie "beaucoup de" (mais vous vouliez peut-être parler de la connotation violente qu'on pourrait y voir).

     

    Et merci pour votre appréciation :)

  6. Déjà trois erreurs à corriger :

    - dans le premier § après Slumdog millionnaires : Le nombre total de chefS d’entreprise(s) Dalits est beaucoup plus élevé.

    -  "le marché fait voler les barrière en éclatS" 

    et dans le § suivant : "comment (et non pas comme) le marché s’y prend-il exactement pour combattre les discriminations ?" 

     

  7. Traduction :

     

    Inde : Le marché lézarde le système des castes et transforme les « intouchables » en millionnaires

    Malavika Nair et G. P Manish, professeurs assistants d’économie à l’université de Troy, Alabama, Etats-Unis.

    Foundation for Economic Education, 31 août 2016

     

    L’Inde fête cette année le 25ème anniversaire des réformes libérales qui ont abouti au démantèlement de nombreuses politiques économiques socialistes et à l’abandon de la draconienne Licence Raj (NDLT : système d’autorisations administratives par lequel l’Etat régulait la capacité de production des entreprises privées). Même si beaucoup reste à faire, la libéralisation économique a changé la vie de nombreux Indiens au cours des deux dernières décennies. La seule classe moyenne a été décuplée, passant de 30 millions de personnes en 1991 à 300 millions en 2014.

     

    Le moment est donc bien choisi pour raconter l’histoire des bénéficiaires les plus inattendus de ces réformes : les millionnaires toujours plus nombreux qui viennent de la caste des intouchables ou Dalits (NDLT : terme qui semble s’imposer actuellement à la place d’intouchables). Ces dernières années, des milliers de Dalits c’est-à-dire des membres de la caste inférieure, sont sortis de la pauvreté pour se transformer en riches entrepreneurs, certains devenant même millionnaires.

     

    En profitant des opportunités dégagées par la libéralisation de l’économie, ces chefs d’entreprise constituent un exemple marquant de ce que le marché peut faire, non seulement pour apporter l’émancipation économique, mais aussi pour combattre les discriminations sociales les plus enracinées.

     

    La situation désespérée des Dalits

     

    Le système des castes en Inde est un ordre social ancien et complexe qui divise la société en groupes selon une division du travail quelque peu approximative. Les Dalits appartiennent à un groupe inférieur situé en dessous du système hiérarchique à quatre niveaux comprenant d’abord les prêtres, puis les guerriers, puis les marchands et enfin les artisans. Traditionnellement, les Dalits ne pouvaient exercer que des métiers « impurs » tels que le nettoyage des sols et des toilettes ou la récupération des ordures. On les appela les « intouchables » car les membres des autres castes répugnaient à entrer en contact avec eux.

     

    Dans la mesure où la caste était déterminée par la naissance une fois pour toute, naître « intouchable » signifiait qu’on était condamné à vie à des emplois « impurs » mal rémunérés et sans statut social. Les mariages ne pouvant se faire qu’à l’intérieur des castes, les enfants des « intouchables » n’avaient aucun espoir de faire mieux que leurs parents et subissaient systématiquement la même discrimination de génération en génération.

     

    Il est donc parfaitement logique que les Dalits se retrouvent régulièrement au plus bas des statistiques de pauvreté dans un pays lui-même caractérisé par la pauvreté. La formule « plus pauvres parmi les pauvres » décrit avec beaucoup de pertinence la faiblesse de leur statut socio-économique général. De ce fait, ils furent l’objet de nombreux programmes de discrimination positive et il se trouva toujours un politicien ou un autre pour se faire le champion de leur cause.

     

    Si la discrimination positive a eu des effets bénéfiques pour quelques-uns d’entre eux, elle ne fut nullement la panacée. Tant que les entreprises demeurèrent contrôlées par l’Etat sous le vaste régime de la Licence Raj, l’Etat prenait en effet toutes les décisions de production et octroyait les licences à quelques oligarques peu nombreux sélectionnés par ses soins. En conséquence, les possibilités de développer une activité économique étaient faibles voire inexistantes et les programmes de discrimination positive n’avaient d’autre utilité que de redistribuer des uns aux autres les parts d’un gâteau fixé par avance.

     

    Slumdog Millionnaires

     

    Mais depuis la mise en place des réformes libérales, une nouvelle tendance beaucoup plus réjouissante se dégage chez les Dalits : ils deviennent entrepreneurs, notamment dans les zones urbaines. Sur le site de leur Chambre de Commerce (ainsi que sur sa page Facebook), on peut lire des slogans du style : « Combattez les castes avec du capital » ou « Soyez des employeurs, pas des chômeurs ». On peut même voir un porte-parole de l’association y chanter les louanges de la main invisible façon Adam Smith ! Cette Chambre de Commerce dynamique fut créée en 2003 pour rassembler les entrepreneurs Dalits. Aujourd’hui, elle compte 5 000 membres dont les entreprises réalisent ensemble un chiffre d’affaires de plus de 500 millions de dollars. Le nombre total de chef d’entreprises Dalits est beaucoup plus élevé.

     

    A quoi peut-on attribuer leur succès ? Selon une nouvelle étude passionnante qui s’est attachée à suivre l’histoire personnelle de nombreux entrepreneurs Dalits, on constate qu’ils partagent tous un point commun : la libéralisation du processus de production a créé des opportunités comme jamais auparavant. Ayant commencé à petite échelle avec des moyens en capital plus que chiches, beaucoup d’entre eux se trouvent maintenant à la tête de grands groupes qui fournissent des emplois aux membres des castes plus élevées.

     

    On peut parler de Thomas Barnabas, par exemple. Il est né dans une famille de travailleurs en servitude pour dette* vivant à huit dans une seule pièce. Thomas se rappelle qu’enfant, il fut jeté hors de la maison d’un ami appartenant à une caste supérieure car il y avait bu et mangé. Comme il était « intouchable », la famille s’empressa ensuite de nettoyer le sol où il s’était assis et jeta tous les objets qu’il avait touchés.

     

    Aujourd’hui, Thomas possède une entreprise de recyclage des déchets industriels située dans la banlieue de Chennai. Elle réalise un chiffre d’affaires annuel de 2,3 millions de dollars et emploie 200 personnes, dont beaucoup de membres de castes supérieures. Lorsque de grands groupes mondiaux comme Samsung, Dell ou Mercedes se sont installés en Inde après la libéralisation de l’économie, il a eu l’idée de leur proposer des solutions de traitement pour leurs déchets, alors que rien de tel n’existait auparavant.

     

    On peut aussi parler de M. M. Rao qui, dans sa fratrie de huit enfants en servitude pour dette*, fut l’un des deux à suivre un enseignement scolaire. Sa famille était si pauvre qu’elle ne pouvait s’offrir le luxe d’acheter des chaussures, obligeant sa mère et sa sœur à se rendre en ville pieds nus pour travailler.

     

    Rao est maintenant propriétaire d’un groupe spécialisé dans la construction, pour le secteur des télécoms principalement, dont le chiffre d’affaires fut de 7,4 millions de dollars en 2010. Après la libéralisation du secteur des télécoms, sa formation en génie civil lui permit de lancer en sous-traitance une petite affaire d’installation de câbles téléphoniques pour le compte de grands groupes. La qualité de son travail ainsi que son sens des affaires firent le reste.

     

    Autre exemple : Sushil Patil a grandi dans un bidonville. Son père travaillait dans une usine où il subit force discriminations en raison de son appartenance à la caste des Dalits. Shusil a pu obtenir son diplôme d’ingénieur uniquement parce que son père a imploré le doyen de l’université d’annuler la part des frais de scolarité qu’il ne parvenait pas à payer. « Je ne pourrais jamais oublier la vision de mon père s’inclinant devant le doyen. Ca m’a bouleversé. » Aujourd’hui, il possède une entreprise d’engineering et construction dont le chiffre d’affaires annuel se monte à 45 millions de dollars. Son activité principale consiste à gérer la construction de centrales électriques pour les grands groupes de ce secteur. Il a des amis qui vivent encore dans son bidonville d’origine et il espère construire un hôpital qui offrira gratuitement une assistance médicale aux plus démunis.

     

    Le marché fait voler les barrières en éclat

     

    Les trois histoires précédentes ne sont que quelques éclats d’un ensemble qui en comprend des milliers. Elles nous placent devant une question intéressante : comme le marché s’y prend-il exactement pour combattre les discriminations ? Les marchés ne fonctionnent pas du tout de la même façon que les politiques d’Etat dirigées par une main visible et évidente. Alors que l’Etat cherche à abolir le régime des castes en le rendant illégal, les marchés travaillent tout tranquillement et sans esbroufe à le rende sans objet.

     

    La concurrence fait émerger des alternatives intéressantes qui augmentent le coût d’opportunité de la discrimination de tous les acteurs du marché. Il est dans l’intérêt d’un patron d’embaucher les candidats qui présentent la productivité marginale la plus élevée, indépendamment de leur appartenance à telle ou telle caste. En effet, s’il ne le fait pas, ses concurrents le feront peut-être et seront en mesure d’engranger des profits qui auraient pu être les siens. Et plus le marché est concurrentiel, plus c’est vrai.

     

    Une fois les réformes libérales mises en place, elles ont créé des choix et des opportunités pour le plus grand nombre comme jamais auparavant. Le marché a ainsi permis involontairement le développement économique puis la progression sociale des populations les plus pauvres et les plus discriminées.

     

    Mais peut-on aller jusqu’à dire que le système des castes est en train de disparaître ? Malheureusement non. Il est toujours vivant et florissant, surtout dans les zones rurales qui rassemblent 68 % de la population, en dépit de son illégalité formelle acquise il y a plusieurs dizaines d’années.

     

    Peut-on dire que les discriminations s’évanouissent à coup sûr au contact du marché ? Pas nécessairement. Tout le monde a la liberté de discriminer selon les castes, même sur un marché libre. Cependant, plus les opportunités économiques se développent, plus il est probable que le coût d’opportunité de la discrimination retombera sur celui qui discrimine et pas sur le discriminé.

     

    Or ceci est faux dans un contexte socialiste. Lorsque l’Etat détient un monopole sur toute la production à travers des oligarques (les employeurs) qu’il s’est choisi et lorsque ces oligarques vendent leur production à un marché captif, la discrimination à l’encontre d’un groupe de personnes n’a aucune conséquence négative pour l’employeur, seulement pour les membres du groupe discriminé.

     

    Les Cassandre prétendent que l’éclosion des success story chez les Dalits est marginale et ne saurait être représentative de l’ensemble des intouchables au sein de la population totale de l’Inde. Quelques-uns s’en sortent, mais la plupart sont encore dans la misère.

     

    Si ce constat peut se révéler exact en terme de nombres, le fait que les exemples cités plus haut ainsi que de nombreux autres aient pu réellement émerger n’est pas un hasard. Ce n’est pas une coïncidence si l’on ne recense aucun Dalit millionnaire à l’époque des politiques socialistes. C’est une conséquence directe de l’organisation institutionnelle qui prévalait alors.

     

    Les Dalits sont le parfait exemple de la fameuse « trappe à pauvreté » qui consiste à se retrouver piégé dans un équilibre de faible revenu pendant des générations. Et pourtant, dès qu’une petite fenêtre d’opportunité et de choix s’est ouverte, nombreux sont ceux qui ont pu laisser derrière eux une vie de pauvreté et de discrimination sociale pour devenir des hommes d’affaires et des philanthropes respectés.

     

    Il est extrêmement encourageant de constater qu’ils attribuent eux-mêmes leur progrès économique et social à la main invisible du marché. C’est un pas dans la bonne direction pour l’avenir du libéralisme classique et son rôle déterminant dans la lutte contre la pauvreté, à une époque où de nombreuses personnes qui ont bénéficié de conditions de départ bien meilleures semblent oublier ou ignorer son importance.      

     

    *Bonded laborers : Ces travailleurs sont soumis à un régime de servitude pour dette, une forme de travail forcé qui les prive de leurs droits civils.

     

    Références

    1.    The unexpected rise of Dalit millionaires: Swaminathan Aiyar

    2.    Capitalism is changing caste much faster than any human being: Shekhar Gupta

    3.    Defying the odds: The Rise of Dalit Entrepreneurs: Devesh Kapur, D Shyam Babu, Chandra Bhan Prasad

    4.    Capitalism’s Assault on the Indian caste system: Swaminathan Aiyar, Cato policy paper

    5. Dalit Chamber of Commerce website : www.dicci.org

     

     

    Texte original

     

    https://fee.org/articles/markets-are-breaking-down-india-s-caste-system-turning-untouchables-into-millionaires/

     

     

  8. Par contre, c'est vrai que les subventions aussi bien à Tesla qu'à Space X faussent le prix de marché et donnent une idée peut-être trop optimiste des possibilités de développement. Tesla n'a encore jamais gagné d'argent malgré cela.
    J'avais fait un article sur Musk quand il avait réussi à poser une de ses fusées sur une minuscule barge inhabitée : 

    https://leblogdenathaliemp.com/2016/04/11/elon-musk-la-tete-dans-les-reves-et-les-pieds-sur-terre/

    • Yea 1
  9. J'ai vu cet été que Tesla installe des bornes de recharge pour S et X dans des stations essence d'autoroute, et que le projet, c'est d'en installer aussi dans les Hôtels et les lieux touristiques. Il parait qu'il faut 1/2 heures pour gagner 270 km d'autonomie. SI les possibilités de recharge se multiplient et si les durées se mettent à diminuer bcp, c'est un facteur d'expansion du nb de modèles vendus. (enfin je crois). 

  10. C'est dommage qu'on n'entende pas le PLD au sujet de l'interdiction de certaines tenues vestimentaires cet été. Ça serait bien d'entendre un autre son de cloche et de montrer que le libéralisme ne se limite pas à l'économie.

     

    Rama Yade est également aux abonnés absents apparemment...

    Je ne sais pas quelle est la position officielle du parti libéral à propos des arrêtés anti-burkini, mais je sais par contre fort bien ce qu'en pense un de ses membres qui m'a incluse dans sa mailing list sans que je demande rien.

    Il est farouchement pour l'interdiction, pense que l'islam ne peut pas cohabiter avec le catholicisme et le judaïsme, et se lamente ce matin par mail de découvrir que Chantal Delsol (personne qu'il vénérait pour sa finesse, sa respectabilité, blablabla) a donné une interview au figaro dans laquelle elle soutient la décision du Conseil d'Etat.

  11. Libéral en était venu à vouloir dire petit faf voulant payer moins d'impôts. Il faut filtrer un peu. 

    Ah je vois que je ne suis pas seule à penser ça. Je croise beaucoup de libéraux auto-proclamés qui sont juste des mecs anti-socialistes bien à droite. Ils sont attirés par toute diatribe contre le gouvernement, les fameux "gauchiasses" et "socialopes" étant les deux uniques mots de leur vocabulaire étriqué qui leur tiennent lieu de raisonnement. Mais ça ne va pas plus loin. Moins d'impôt mais chaque chose à sa place, non mais alors ! 

     

    Et pour l'affaire d'aujourd'hui, je dis bravo au Conseil d'Etat. Eric Ciotti nous a déjà promis des lois à la Créon pour l'an prochain. 

    • Yea 3
  12. Bonjour,

    Je veux bien faire aussi des traductions de l'anglais au français pendant les soirées orageuses, mais j'arrive toujours trop tard, tout est déjà pris, snif !

    Que reste-t-il à faire ?

    PS : j'ai un peu d'expérience dans le domaine, j'ai traduit des textes de la Harvard Business Review pour l'Express -l'Expansion, des rapports de l'Organisation mondiale de la santé et des chapitres de livres pour les éditions d'Organisation. 

  13. Bonsoir et bienvenue ! Qu'est-ce que les jeunes étudiants en économie parlent bien !

     

    L'article de l'Express est amusant (il est vrai qu'il date de 2011) :

     

    " Pour cette génération (...) l'obsession rhénane est envahissante à un point inimaginable aujourd'hui. "C'est l'existence d'une puissante Allemagne qui empoisonne toute vie européenne", note une fois pour toutes Bainville."

     

    J'ai entendu ça récemment :)

  14. Tout dépend de ce qu'on entend par société fermée.

    Exact.

    Il est sans doute difficile d'en donner une définition compréhensive, mais on peut tenter l'extensif : acheter français, produire français, interdire les délocalisations, donner une préférence nationale pour ci ou ça, vouloir mettre des murs anti-immigration, contrôler les activités culturelles, (télé, théâtre etc..) contrôler les activités religieuses, ne pas s'intéresser à ce qui se passe à l'extérieur des frontières, interdire de parler autre chose que le français dans certaines circonstances, monopoliser l'éducation, contrôler les activités politiques, contrôler la circulation des personnes, limitation de l'achat de devises étrangères ...

     

    On peut continuer la liste, mais je trouve que quand on a tout ajouté dans la version la plus complète, on s'approche de ce qu'on connait sous le nom de yotalitarisme.

     

    En France, je dirais que le point éducation est le plus préoccupant.

  15. Il y a une bonne chance que le Royaume-Uni soit confié à Mme Theresa May, 

     

    http://www.contrepoints.org/2016/06/30/258829-brexit-theresa-may-prochaine-premier-ministre

    Je ne sais pas ce que vaut Mme May, par contre, la possible accession de Boris au poste de PM me semblait très inquiétante. Son article post Brexit dans The Telegraph était tout sauf clair. Il apparait qu'il n'avait ni plan A ni plan B pour piloter la sortie.

     

    Encore un petit peu de réflexion sur le sens du BREXIT (Mon dernier commentaire sur le sujet. Après, je ne vous enquiquine plus. J'irai dire que je suis absolument contre la pondération du vote par la jeunesse, non mais ! :) )

    Le journaliste John Micklethwait pense que le Brexit n'est pas la suite logique des années Thatcher et dans l'esprit Thatcher de 1979 à 2016, c'est juste le contraire.

    "A few Brexiters believe they are Thatcher’s heirs, rejecting the EU leviathan. But most of the Leave voters want less globalization, not more."

    Cela rejoint ce que je disais il y a peu dans un article : pour moi, avec la demande de Frexit, " il ne s’agit nullement de chercher à réveiller le libéral qui est en nous, mais de promouvoir une société fermée".

    http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-06-30/micklethwait-goodbye-to-all-that

     

    Bonne soirée à tous,

    Nath MP

  16. Les chiens se disent : ils me nourrissent, ils me caressent, ils prennent soin de moi, ils nettoient mes immondices... Ils doivent être des dieux !

    Les chats se disent : ils me nourrissent, ils me caressent, ils prennent soin de moi, ils nettoient mes immondices... je dois être leur dieu !

    En fait, seuls les porcs nous considèrent comme leurs égaux...

    J'ai aussi un chat, je confirme.

×
×
  • Créer...