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"Terroristes" écolos et bombes à verdure


Esperluette

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Place aux guérilleros “verts”

A l’aide de petites bombes végétales, des jardiniers clandestins ensemencent les friches, embellissent les cités et éveillent les consciences.

En avril dernier, le mot est lancé sur Internet. Les invitations courent sur Facebook. Tout sera préparé à l’aide d’un manuel détaillé obtenu sur la Toile, confectionné avec les moyens du bord. Puis, on décidera du jour de l’attentat à la bombe… verte. “Une vingtaine de personnes se sont donné ­rendez-vous sur Facebook. Puis on a fait des bombes de semences que les gens sont allés lancer là où ça leur plaisait”, explique Sarah, une designer graphiste, nouvellement initiée à ce loisir urbain.

La préparation de bombes de se­mences (seedbombing) fait partie des activités choyées par les guérilleros urbains qui tentent de changer le visage de leur quartier par le jardinage clandestin. Facile. Prenez une boule d’argile, ajoutez un peu de terre, du compost, de l’eau, et insérez des semences triées sur le volet. Laissez sécher. Puis bombardez dans un endroit miteux et laissé en friche, en manque criant de verdure.

Encore embryonnaire à Montréal, le guerilla gardening (guerillagardening.org) est en pleine progression en Amérique et en Europe. Quand ce n’est pas avec binettes et râteaux que les citoyens décident d’améliorer les terrains bétonnés de leur ville, c’est à l’aide de ces bombettes végétales, qui peuvent être lancées sur les terrains inaccessibles et hostiles à presque toutes les formes de végétaux.

“Les meilleurs endroits sont les terrains contaminés, qui peuvent être nettoyés par des plantes comme l’ortie. Le but n’est pas seulement d’embellir, mais surtout d’éveiller les consciences en utilisant un symbole qui frappe”, explique Jean-Sébastien Vermette, étudiant en sciences de l’environnement et mem­bre du Collectif de recherche sur l’amé­nagement paysager et l’agriculture urbaine durable (CRAPAUD) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

“Des ponts entre les gens, l’art et l’écologie”

En 2007, Jean-Sébastien Vermette et d’autres étudiants lançaient des opérations de jardinage clandestin sur le campus pour créer des jardins improvisés. Avec plantes et semences, ils ont converti à l’agriculture urbaine certains toits et terrains gazonnés jusque-là entretenus à coups de tondeuse. Ils ont même réussi à infléchir le sort d’une cour bétonnée du Pavillon des sciences, où s’épanouissent ­maintenant plusieurs potagers qui alimentent la garderie de l’université et le refuge pour itinérants de l’église St. John’s. L’UQAM a finalement remis entre les mains du CRAPAUD une partie de l’entretien des jardins et paie des étudiants pour ce faire.

Ils sont des centaines à tenter de changer le visage de leur coin de ville à coups de bêche. Depuis des années, Emily Rose Michaud, artiste du Mile-End, affectionne le dernier refuge vert du quartier, un vaste terrain de la compagnie de ­chemin de fer Canadian Pacific, situé à l’angle des rues De Gaspé et Bernard. Lorsqu’elle a appris que la Ville projetait d’y implanter un ­complexe immobilier, elle a décidé d’y créer une œuvre vivante et a débarqué avec pelles et pioches. “J’ai recréé un immense symbole Roerich, visible du haut des airs, avec des pierres et des plantes. Ce signe était utilisé pendant la guerre pour protéger des bombardements les églises, les hôpitaux et les lieux culturels. Pour moi, il veut dire que ce terrain a une très grande valeur, en raison de sa biodiversité et de sa beauté”, explique l’artiste.

Ce projet personnel est vite devenu un projet de quartier. Des dizaines de personnes s’y rendent pour donner un coup de pelle de temps à autre. Un blog a été créé, attirant plus de 300 fidèles. La compagnie Canadian Pacific, lasse de voir ces commandos de jardiniers envahir ses terres, a finalement cédé le terrain à la Ville, qui laisse les aficionados du site s’y rendre sans risquer une amende.

“Notre mouvement a eu de l’impact. Pour moi, dans ce jardin, c’est plus le processus que le résultat qui est important. Cette œuvre a créé des ponts entre les gens, l’art et l’écologie”, explique une étudiante aux beaux-arts.

Dans le même esprit, le collectif d’artistes Fallen Fruit, de Los Angeles, créait en 2005 une carte pour loca­liser tous les arbres fruitiers du quartier dont les branches poussaient au-dessus de lieux publics. L’idée était simple : faire redécouvrir aux citoyens les rues bordées de citronniers, de pamplemoussiers, d’avocatiers et d’autres fruits exotiques, dans cette ville où la voiture est reine. Des mar­ches collectives de nuit et des récoltes furent organisées. “C’était au départ un projet temporaire lancé pour une revue artistique. Mais aujourd’hui, il y a entre 70 et 120 personnes qui participent à nos soirées de récolte”, raconte Matias ­Viegener, un des artistes fondateurs de Fallen Fruit. La soirée se termine par une immense partie de cuisine, où chacun est invité à confectionner la public fruit jam, mise en pots et offerte. “La confiture est donnée parce qu’on veut que ce projet retourne à la communauté. Ce n’est qu’un prétexte pour intéresser les gens à leur ville et à leurs voisins. Le mot jam désigne autant la confiture que cette vaste rencontre improvisée.”

http://www.courrierinternational.com/artic…erilleros-verts

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C'est pas la première fois que Courrier International offre des couvertures boboesques que même Télérama lui envie.

Il ne faut pas se fier à la couv', c'est un bon mensuel, il n'y a pas un seul article français. La seule chose gênante se trouve là où la rédac' du journal - française donc - peut se permettre quelques libertés, à savoir : couverture, édito, titres, légendes de dessins/photos, et surtout petites introductions à chaque article en forme de post-it vigilant, censées nous mettre en garde contre une pensée déviante ou au contraire nous inviter à embrasser telle ou telle position.

C'était mon instant jim16.

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