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Bastiat et la courbe de Laffer


EdouardH

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J'ai fait une recherche sur le forum et je n'ai trouvé nul part la mention de ce fait, je démarre donc ce sujet de discussion, que les admins ne se gênent pas à déplacer ce message s'il le faut.

En lisant le Tome 5 des Œuvres Complètes de Bastiat (Sophismes économiques II), je viens de faire une "découverte" (dans le sens où je ne l'avais lu nul part) qui m'a frappée : outre le fait que c'est dingue de voir à quel point la grande majorité des problèmes et des sophismes que Bastiat décrit sont exactement les mêmes qu'on rencontre aujourd'hui (à croire qu'on a pas évolué depuis…), en lisant le chapitre "Paix et liberté ou le budget républicain" je me suis rendu compte qu'il décrit la courbe de Laffer 130 ans avant que celle ci n'ait été publiée !

Je vous mets le passage concerné :

Il y a d'abord une vérité qu'il faut rappeler, parce qu'on n'en tient pas assez compte: c'est que, par la nature de notre système contributif, qui repose en très-grande partie sur une perception indirecte, c'est-à-dire demandée à la consommation, il y a une connexité étroite, une relation intime entre la prospérité générale et la prospérité des finances publiques.

Ceci nous mène à cette conclusion: il n'est pas rigoureusement exact de dire que soulager le contribuable c'est infailliblement porter atteinte au revenu.

Si, par exemple, dans un pays comme le nôtre, le gouvernement, poussé par une exagération d'ardeur fiscale, élevait les taxes jusqu'au point de ruiner les facultés du consommateur; s'il doublait et triplait le prix vénal des choses les plus nécessaires, s'il renchérissait encore les matériaux et les instruments de travail; si, par suite, une partie considérable de la population était réduite à se priver de tout, à vivre de châtaignes, de pommes de terre, de sarrasin, de maïs, il est clair que la stérilité du budget des recettes pourrait être attribuée, avec quelque fondement, à l'exagération même des taxes.

Et, dans cette hypothèse, il est clair encore que le vrai moyen, le moyen rationnel de faire fleurir les finances publiques, ce ne serait pas de porter de nouveaux coups à la richesse générale, mais au contraire de la laisser s'accroître; ce ne serait pas de tendre l'impôt mais de le détendre.

Théoriquement, je ne crois pas que ceci puisse être contesté: l'impôt, dans son développement successif, peut arriver à ce point que ce que l'on ajoute à son chiffre on le retranche à son produit. Quand les choses eu sont là, il est aussi vain, il est aussi fou, il est aussi contradictoire de chercher une addition aux recettes, dans une addition aux impôts, qu'il le serait de vouloir élever le liquide, dans le manomètre, par des moyens qui auraient pour effet de diminuer la chaleur dans la chaudière.

Bastiat, ce génie. On ne cessera de le répéter. Gloire à lui pour l'éternité.

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J'ai fait une recherche sur le forum et je n'ai trouvé nul part la mention de ce fait, je démarre donc ce sujet de discussion, que les admins ne se gênent pas à déplacer ce message s'il le faut.

En lisant le Tome 5 des Œuvres Complètes de Bastiat (Sophismes économiques II), je viens de faire une "découverte" (dans le sens où je ne l'avais lu nul part) qui m'a frappée : outre le fait que c'est dingue de voir à quel point la grande majorité des problèmes et des sophismes que Bastiat décrit sont exactement les mêmes qu'on rencontre aujourd'hui (à croire qu'on a pas évolué depuis…), en lisant le chapitre "Paix et liberté ou le budget républicain" je me suis rendu compte qu'il décrit la courbe de Laffer 130 ans avant que celle ci n'ait été publiée !

Je vous mets le passage concerné :

Bastiat, ce génie. On ne cessera de lerépéter. Gloire à lui pour l'éternité.

Say le disait déjà bien avant lui : "un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte".

Laffer n'a rien inventé, il a juste mis en graphique ce que Say disait.

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Sans vouloir me vanter, cette déduction me parait assez facile à dégager : on ne peut plumer indéfiniment un coq ; après quelques prélèvements, il devient plus farouche.

C'est pas compliqué quand on le sait, de la même manière que prendre en compte le coût d'opportunité nous paraît maintenant évident mais ne l'était pas forcément avant que des économistes comme Bastiat le découvrent.

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Il semblerait que ce soit du déjà vu : http://www.bepress.c…ol7/iss1/art13/

My bad, je n'avais pas pensé à chercher au dehors de liborg.

Say le disait déjà bien avant lui : "un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte".

Laffer n'a rien inventé, il a juste mis en graphique ce que Say disait.

Trop fort ce Bastiat, mais sur ce coup là moins qu'Ibn Khaldoun : http://www.wikiberal…ki/Ibn_Khaldoun

Finalement toute une chaîne de personnes avaient découvert la courbe de Laffer bien avant lui ! Quel imposteur :mrgreen:

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Oui, Laffer n'a fait que formaliser ce qui avait été une intuition de bien des économistes classiques avant lui, d'ailleurs je ne crois pas qu'il a revendiqué la paternité de cette théorie, il l'a simplement remise au goût du jour, à une époque où modéliser une théorie économique avec une belle courbe apparait bien plus classieux qu'écrire un pavé de texte, malheureusement.

Je ferais remarquer que, avant Bastiat, Adam Smith avait exposé les données du problème d'une façon remarquablement exhaustive :

Tout impôt doit être conçu de manière à ce qu’il fasse sortir des mains du peuple le moins d’argent possible au delà de ce qui entre dans le Trésor de l’état, et en même temps a ce qu’il tienne le moins longtemps possible cet argent hors des mains du peuple avant d’entrer dans ce Trésor. Un impôt peut, ou faire sortir des mains du peuple plus d’argent que ne l’exigent les besoins du Trésor public, ou tenir cet argent hors de ses mains plus longtemps que ces mêmes besoins ne l’exigent, de quatre manières, savoir : 1° la perception de l’impôt peut nécessiter l’emploi d’un grand nombre d’officiers dont les salaires absorbent la plus grande partie du produit de l’impôt, et dont les concussions personnelles établissent un autre impôt additionnel sur le peuple ; 2° l’impôt peut entraver l’industrie du peuple et le détourner de s’adonner à de certaines branches de commerce ou de travail, qui fourniraient de l’occupation et des moyens de subsistance à beaucoup de monde. Ainsi, tandis que d’un côté il oblige le peuple à payer, de l’autre il diminue ou peut-être anéantit quelques-unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire ; 3° par les confiscations, amendes et autres peines qu’encourent ces malheureux qui succombent dans les tentatives qu’ils ont faites pour éluder l’impôt, il peut souvent les ruiner et par là anéantir le bénéfice qu’eût recueilli la société de l’emploi de leurs capitaux. Un impôt inconsidérément établi offre un puissant appât à la fraude. Or, il faut accroître les peines de la fraude à proportion qu’augmente la tentation de frauder. La loi, violant alors les premiers principes de la justice, commence par faire naître la tentation, et punit ensuite ceux qui y succombent ; et ordinairement elle enchérit aussi sur le châtiment, à proportion qu’augmente la circonstance même qui devrait le rendre plus doux, c’est-à-dire la tentation de commettre le crime. L’impôt, en assujettissant le peuple aux visites réitérées et aux recherches odieuses des percepteurs, peut l’exposer à beaucoup de peines inutiles, de vexations et d’oppressions ; et quoique, rigoureusement parlant, les vexations ne soient pas une dépense, elles équivalent certainement à la dépense aux prix de laquelle un homme consentirait volontiers à s’en racheter.

La Richesse des nations, livre V, chapitre 2

Ceci afin de rappeler que tout n'est pas à jeter chez Smith, contrairement à ce qu'ont pu dire certains austro-libertariens trop zélés. :)

C'est pas compliqué quand on le sait, de la même manière que prendre en compte le coût d'opportunité nous paraît maintenant évident mais ne l'était pas forcément avant que des économistes comme Bastiat le découvrent.

+1, on oublie trop souvent que ce que nous considérons aujourd'hui comme évident est en fait le résultat d'une découverte, dont les résultats furent progressivement intégrés par tout un chacun, mais qu'il a bien fallu réaliser.

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