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Révoltes de la faim


free jazz

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Catastrophes climatiques, crise financière, inflation, spéculation sur les matières premières et finalement, famines : tous les éléments semblent ligués pour que la mentalité anti-capitaliste se déchaîne. La perspective d'une cascade de révoltes à travers le monde est brandie comme une preuve accablante: dans ce contexte la non intervention des états serait criminelle, nous disent les alarmistes de tous poils qui ont pignon sur rue. Il n'en fallait pas plus pour que les média s'en donnent à coeur joie pour instruire le procès du libre échange, accusé d'être la cause des maux actuels. Dans un élan consensuel, l'opinion est prise à témoin pour appeler au retour d'une bonne cure de régulation et ainsi rééquilibrer les marchés en plein délire. Qu'importe s'ils se sont révélés jusqu'à présent des outils d'une finesse et d'une souplesse extraordinaires pour s'adapter aux variations de la demande mondiale, l'essentiel est de crier avec les loups.

Alimentation - La faim du monde n'a jamais été aussi proche

- le 14/04/2008 - 11h38 : TF1/LCI

Robert Zoellick, président de la Banque mondiale (14 avril 2008)

Les émeutes de la faim, parties d'Afrique et des Caraïbes, pourraient s'étendre. La Banque mondiale réclame une action d'urgence.

Le monde se dirige "vers une très longue période d'émeutes", estime Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, dans Libération.

Ces derniers mois, la hausse des prix de l'alimentation a provoqué une agitation sociale dans divers pays, provoquant notamment la chute du Premier ministre à Haïti et des émeutes de la faim qui ont fait au moins 5 morts et 200 blessés. Dans nombre de pays en développement, les gouvernements ont été obligés d'augmenter le niveau des subventions aux biens de première nécessité et aux carburants, ou de réduire leurs exportations de produits agricoles pour calmer les tensions inflationnistes sur leur proche marché.

Cette flambée des produits alimentaires ne semble pas avoir pour l'heure de raison de cesser, et ses effets pourraient s'étendre. La Banque mondiale, qui réunissait dimanche son comité pour le Développement, a appelé les gouvernements des pays membres à intervenir d'urgence. "Sur la base d'une analyse sommaire, nous estimons que le doublement des prix alimentaires au cours des trois dernières années pourrait pousser plus profondément dans la misère 100 millions d'individus vivant dans les pays pauvres", a expliqué le président de l'institution Robert Zoellick.

"Pas de raisons objectives à des diminutions de prix"

Au Fonds monétaire international, même constat alarmiste : le directeur général de cette institution, Dominique Strauss-Kahn, a lancé samedi une mise en garde. "Les prix de l'alimentation, s'ils continuent comme ils le font maintenant… les conséquences seront terribles", a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse donnée à l'issue d'une réunion de l'instance dirigeante du FMI. "Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim… ce qui entraînera des cassures dans l'environnement économiques", a-t-il mis en garde. Au-delà de l'agitation sociale et de l'impact potentiellement terrible de la crise alimentaire sur les populations les plus exposées, ce sont tous les progrès réalisés par les pays pauvres depuis cinq à dix ans en matière de développement qui pourraient se retrouver "complètement détruits", selon Dominique Strauss-Kahn. Voilà pourquoi le directeur général du FMI a souligné que ce problème dépassait le cadre strict des préoccupations humanitaires. La crise alimentaire pourrait ainsi avoir des effets pour la planète entière et toute la sphère économique.

Tout ceci explique pourquoi les questions sur la crise alimentaire, longtemps cantonnées dans les pays directement frappés, inquiètent de plus en plus les Occidentaux, au point de faire les gros titres même en France. Interrogé lundi sur BFM, le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a estimé qu'il fallait faire de la production agricole pour l'alimentation "une priorité" à l'échelle planétaire. Dans un entretien à Libération, Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, a prophétisé pour sa part que le monde se dirige "vers une très longue période d'émeutes" liées à la hausse des prix et à la pénurie alimentaire. Ce week-end dans le Journal du Dimanche, le directeur général de l'organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO), Jacques Diouf, avait déjà mis en garde : les émeutes consécutives à la hausse des prix qui ont frappé jusqu'à présent l'Afrique et les Caraïbes pourraient toucher bientôt l'Asie. Et il prévenait : "Je ne vois pas de raisons objectives à des diminutions de prix. Il faut donc s'attendre à de nouvelles émeutes de la faim".

D'après Agence

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Le prix du riz a explosé. La réaction des pays concernés (Inde, Thailande, Chine) a été le protectionisme. En Inde par exemple, l'export de riz est maintenant interdit (a part certaines catégories de basmati). De même en Argentine, les taxes sur les exports agricoles ont lourdement augmentées.

L'effet à court terme dans les pays net exportateurs est de diminuer les prix (augmentation local de l'offre) et de les faire monter considérablement dans les pays net importateurs. A moyen-long terme, cela veut dire que les pays importateurs vont devoir concentrer leur production sur la nourriture, ce qu'ils ne font pas bien et vont donc cesser d'exporter des biens et services vers les pays importateurs, qui a leur tour devront produire ces services et diminueront donc la production agricole.

Ce protectionisme va exacerber la crise en diminuant l'offre de nourriture… quand les barrières serront levées, il faudra un rééquilibrage de la production alimentaire qui prendra plus de temps (désinvestissement chez les anciens importateurs, réinvestissement chez les anciens exportateurs)…

Ca risque de chier.

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L'absence de protection sur les produits de l'agriculture des pays d'Afrique vis-à-vis des autres continents, génère des souffrances.

Espèce de gros troll poilu.

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Evidemment, c'est un facteur qui joue surtout pour le maïs, mais la production d'agrocarburants n'impacte pas directement le prix du riz.

Tu crois que le prix du mais n'impacte pas le prix du riz ? Quand le prix du mais, les gens consomment moins de mais et plus de riz. C'est particulierement vrai pour la farine de riz et la farine de mais qui sont de bons substituts.

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Pitié.

:icon_up:

C'est free-jazz qu'a commencé. Et puis moi j'ai le droit à des Jean-Claudisme, je parle pas tous les jours français.

Le prix du mais donc, affecte et influence le prix du riz.

Posté
L'absence de protection sur les produits de l'agriculture des pays d'Afrique vis-à-vis des autres continents, génère des souffrances.

Pfff! :icon_up:

Ca mériterait au moins d'être développé…

Posté

La chronique économique du Monde de ce week end porte justement sur le sujet. Signée par E Le Boucher comme d'habitude.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/200…33942_3232.html

Le plus intéressant (navrant, hilarant…c'est à voire) ce sont les réactions des lecteurs. Comptez le nombre de posts ou apparaît le mot libéralisme, je crois que pour cet article là on tient un record…Ce qui confirme ce que dit free jazz, c est le printemps, les discours anti-libéraux vont fleurir partout.

Je vous mets même ma préférée : "Quand classera t-on l'ultra libéralisme dans la liste des sectes ?"

C'est une variante que je n'avais pas encore entendue.

Posté
L'absence de protection sur les produits de l'agriculture des pays d'Afrique vis-à-vis des autres continents, génère des souffrances.

C'est vrai, ce serait ridicule de supprimer la PAC qui rend les produits agricoles européens miraculeusement compétitifs et affame les pays pauvres (tout en pompant 40% du budget européen). Il vaut mieux établir des barrières à l'échange. Ou mieux encore, il faut augmenter de 50% les subventions aux agriculteurs européens et interdire totalement la vente de ces produits dans les pays pauvres. Comme ça les pauvres s'enrichiront à leur rythme, les européens garderont une agriculture compétitive et tout le monde sera gagnant :icon_up:

Posté

Le moyen de transport préféré des chefs d'Etat de l'UE? Le submersible, pour plonger toujours plus profondement dans la m… mélasse

Posté
Espèce de gros troll poilu.

On ne se refait pas. :doigt:

A moyen-long terme, cela veut dire que les pays importateurs vont devoir concentrer leur production sur la nourriture, ce qu'ils ne font pas bien et vont donc cesser d'exporter des biens et services vers les pays importateurs, qui a leur tour devront produire ces services et diminueront donc la production agricole.

Je ne sais pas de quels pays tu parles. Mais s'il s'agit de pays d'Afrique francophone par exemple (du moins ceux qui manifestent en ce moment), il faut m'expliquer ce qu'ils font de bien. Quels sont les biens et services qu'ils exportent et qu'ils risquent de cesser d'exporter ?

C'est vrai, ce serait ridicule de supprimer la PAC qui rend les produits agricoles européens miraculeusement compétitifs et affame les pays pauvres (tout en pompant 40% du budget européen). Il vaut mieux établir des barrières à l'échange. Ou mieux encore, il faut augmenter de 50% les subventions aux agriculteurs européens et interdire totalement la vente de ces produits dans les pays pauvres. Comme ça les pauvres s'enrichiront à leur rythme, les européens garderont une agriculture compétitive et tout le monde sera gagnant :icon_up:

OK, tu te charges de supprimer les subventions européennes et étasuniennes et puis on en reparle.

Posté
OK, tu te charges de supprimer les subventions européennes et étasuniennes et puis on en reparle.

J'appelerai George dans la semaine mais je te promets rien :doigt:

Plus sérieusement, je critique cette logique qui consiste, sous prétexte de la difficulté à faire accepter une réforme, à prôner de nouvelles restrictions à la liberté comme remède. Certes, c'est plus facile de faire accepter aux hommes de l'Etat une nouvelle taxe plutôt que de leur supprimer leur arrosoir à pognon (la PAC) qui sème indirectement la misère dans les pays pauvres. C'est tellement écoeurant de les voir faire…Comme dans l'affaire des biocarburants. Les politiques pompent l'argent du contribuable en accusant les entreprises de massacrer la planète et promettent de dépenser ce pognon dans les biocarburants. Chose faite, et maintenant que le cours du blé et du maïs s'envolent comme prévu, ils accusent les spéculateurs boursiers. C'est tellement énorme… :icon_up:

Posté
Je ne sais pas de quels pays tu parles. Mais s'il s'agit de pays d'Afrique francophone par exemple (du moins ceux qui manifestent en ce moment), il faut m'expliquer ce qu'ils font de bien. Quels sont les biens et services qu'ils exportent et qu'ils risquent de cesser d'exporter ?

Le cacao, le coton par exemple. Ce qui serait très con:

Hier l'hectare de cacao rapportait 100 et l'hectare de mais rapportait 10

Aujourd'hui l'hectare de mais rapporte 30. Faut-il pour autant produire du mais?

L'Etat va spolier le producteur de Cacao pour pouvoir produire du mais à 30 et le vendre à 10. Le producteur de Cacao disparaît, il ne reste plus que des producteurs de mais dont la rentabilité à l'hectare et de 30 mais qui vendent à 10.

Au final, la richesse globale est divisée par 10.

Cela dit, une opportunité s'ouvre pour les producteurs de céréales africains: malgré les subventions européenne et américaines aux agriculteurs occidentaux, la demande est telle qu'ils vont enfin pouvoir exploiter leur terre et exporter.

Posté

Toujours à propos de ces émeutes de la faim, j'ai entendu au JT qu'en Egypte l'Etat achetait du pain pour le vendre beaucoup moins cher. Résultat : ceux qui arrivent à se procurer ce pain d'Etat le revendent immédiatement au prix du marché, renforçant ainsi la pénurie. Bel exemple d'effet néfaste d'une mesure qui se voulait populaire.

Posté
Cela dit, une opportunité s'ouvre pour les producteurs de céréales africains: malgré les subventions européenne et américaines aux agriculteurs occidentaux, la demande est telle qu'ils vont enfin pouvoir exploiter leur terre et exporter.

Hélas pour eux rien n'est moins sur.

Il suffit de voir le comportement des gouvernements de certains pays notamment l'Egypte avec le riz pour penser que les paysans africains n'auront pas l'occasion d'exporter leur produit.

Les investisseurs se sont rués sur les contrats de riz jeudi, provoquant la flambée du cours, après l'annonce d'un arrêt des exportations par l'Egypte.

http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/…e-plus-cher.php

Posté
Tu crois que le prix du mais n'impacte pas le prix du riz ? Quand le prix du mais, les gens consomment moins de mais et plus de riz. C'est particulierement vrai pour la farine de riz et la farine de mais qui sont de bons substituts.

Tout-à-fait, c'est bien pour ça que j'ai précisé pas directement, si tu relis ma réponse.

:icon_up:

C'est free-jazz qu'a commencé.

"C'est pas moi c'est l'autre m'dame…"

Surtout, je suis bilingue novlangue/français classique, ce qui n'est pas ton cas. L'indulgence de Ronnie à mon égard est donc justifiée. :doigt:

J'appelerai George dans la semaine mais je te promets rien :mrgreen:

Plus sérieusement, je critique cette logique qui consiste, sous prétexte de la difficulté à faire accepter une réforme, à prôner de nouvelles restrictions à la liberté comme remède.

Cette réaction de défense participe du cercle vicieux du protectionnisme décrit par AB plus haut: il fonctionne comme un jeu de dominos qui entraîne une destruction du système des avantages comparatifs, une dégradation des échanges et par conséquent, un appauvrissement général. Le protectionnisme appelle ainsi davantage de protectionnisme, d'interventionnisme, de taxes, de contrôle des prix, etc. Toutes sortes de remèdes qui sont pires que la maladie, mais dont les effets rassurants sont visibles à court terme par la population. En revanche, elle ne voit pas immédiatement la production globale de richesse diminuer, ni son pouvoir d'achat se dégrader lentement.

Posté
Hélas pour eux rien n'est moins sur.

Il suffit de voir le comportement des gouvernements de certains pays notamment l'Egypte avec le riz pour penser que les paysans africains n'auront pas l'occasion d'exporter leur produit.

Oui, il faut hélas s'attendre à la pire des démagogies, au populisme le plus destructeur, à la désignation de boucs émissaires.

Les conflits à venir ne seront pas ceux de la faim mais de la bêtise et du cynisme des Etats.

Posté

Le protectionnisme qui est justifié par les interventionnistes ici est à l'opposé du mercantilisme qui pronent habituellement qui consiste à empêcher les produits d'entrer pour conserver l'argent.

L'absence de protection sur les produits de l'agriculture des pays d'Afrique vis-à-vis des autres continents, génère des souffrances.

On a beaucoup pointé les défauts des subventions à l'exportation qui détruisaient l'agriculture des pays pauvres mais on a aussi pointé la baisse de ces subventions comme une des causes de la crise actuelle. Qui faut-il croire ?

Posté
La faim dans le monde? Bof… ca les occupe.

Par contre la BNP a 65.80, ca me scandalise… ca me met complètement hors de moi.

tu es un peu hors sujet … du fil … et de la conjoncture …

Posté

La hausse des prix des denrées alimentaires est causée par les restrictions à l'exportation de plus en plus de pays.

1/3 de la production de blé a disparu du marché mondial !

Ce qui est "amusant" est que les japonais se mettent à acheter du mais OGM, moins cher, contre la loi.

Monsanto, c'est bon pour le pouvoir d'achat !

Biggest grain exporters halt foreign sales

By Javier Blas in London, Isabel Gorst in Moscow and Lindsay Whipp in Tokyo

Published: April 15 2008 19:04 | Last updated: April 16 2008 02:37

The global food crisis intensified on Tuesday as Kazakhstan, one of the world’s biggest wheat exporters halted foreign sales and rice prices shot to a record high after Indonesia stopped its farmers from selling the grain abroad.

In another sign of turmoil, a big food company in Japan, Nihon Shokuhin Kako, said high corn prices had forced it to buy cheaper genetically modified corn for the first time, breaking a social, though not legal, taboo and signalling that opposition to GM foods could weaken in the face of record food prices.

Meanwhile, fresh wheat export curbs in Kazakhstan, the world’s fifth largest exporter, and the rice bans in Indonesia, threaten to trigger bans in other food exporting countries, which will now face much higher demand from importing countries.

Hussein Allidina, at Morgan Stanley in New York, said pressure for export bans was likely to increase elsewhere as developing countries suffering high inflation tried to combat rising local prices by cutting back on exports of agriculture commodities.

Indonesia – which joins Vietnam, Egypt, China, Cambodia and India in banning foreign sales – was expected to export the grain this year due to a bumper crop. Corn futures prices in Chicago last week hit a record $6.16 a bushel, up 30 per cent in the past three months.

Indonesia’s export ban boosted the price of rice futures in Chicago to a all-time high of $22.17 per 100 pounds, up 63 per cent since January. Wheat prices moved higher to $9.11 a bushel and traders warned prices could rise further as the Kazakhstan ban together with restrictions in Russia, Ukraine and Argentina have closed a third of the global wheat market.

Additional reporting by John Aglionby in Jakarta

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La faim dans Le Monde les solutions de Jacques Chirac:

On ne riz pas.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/200…#ens_id=1031034

Crise alimentaire : des solutions existent, par Jacques Chirac

LE MONDE | 16.04.08 |

Afrique, Asie, Amérique latine, Caraïbes : la carte des "émeutes de la faim" s'étend chaque jour. Le monde est confronté au spectre des grandes famines alors même qu'il traverse une crise financière dangereuse. La cohésion, si délicate, de la communauté internationale est doublement menacée. Je le dis solennellement : cette conjonction des périls fait courir au monde un risque sans précédent.

Sans mesures d'urgence et de fond, nous assisterons à des émeutes de plus en plus violentes, à des mouvements migratoires de plus en plus incontrôlables, à des conflits de plus en plus meurtriers, à une instabilité politique croissante. Les ingrédients d'une crise majeure sont réunis et la situation peut se dégrader très vite.

Face à ce danger, la communauté internationale doit assumer ses responsabilités, toutes ses responsabilités, dans une totale coopération du Nord et du Sud.

Elle doit se mobiliser autour d'objectifs précis :

-- pour résoudre, d'abord, la question de l'urgence : le Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies, qui devrait se tenir au plus tôt sur la crise alimentaire mondiale, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la déstabilisation des Etats les plus menacés.

L'Europe et les Etats-Unis ont enfin annoncé le déblocage d'une aide d'urgence au profit du Programme alimentaire mondial. Je ne doute pas que les autres grandes puissances, membres du G8, pays émergents et pays de l'OPEP qui tirent des rentes exceptionnelles de l'augmentation du prix du pétrole, auront à cœur de prendre toute leur part de cet effort immédiat de solidarité;

– pour résoudre, ensuite, les problèmes structurels : je plaide depuis longtemps pour aller plus loin que les seules mesures d'urgence conjoncturelles. C'est une véritable révolution des modes de pensée et d'action en matière de développement, notamment dans le domaine agricole, qui s'impose.

PARVENIR PARTOUT À L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE

L'offre de produits alimentaires au niveau mondial est insuffisante.

Je n'ai jamais cessé de me battre contre le gel de la production en Europe et de promouvoir le développement agricole des pays pauvres.

Il nous faudra, demain, nourrir 9 milliards d'hommes. Tout le monde se rend compte, enfin, que l'humanité a besoin de la production de toutes ses terres agricoles. L'autosuffisance alimentaire est le premier des défis à relever pour les pays en développement. Des outils existent. Nous savons tous ce qu'il faut faire : infrastructures rurales, stockage, irrigation, transport, financement des récoltes, organisation des marchés, microcrédit, etc.

L'agriculture vivrière doit être réhabilitée. Elle doit être encouragée. Elle doit être protégée, n'ayons pas peur des mots, contre une concurrence débridée des produits d'importation qui déstabilisent l'économie de ces pays et découragent les producteurs locaux.

Pour relever ce défi, il est nécessaire d'investir à la fois dans la recherche – pour développer des productions et des variétés adaptées aux nouvelles donnes du changement climatique et de la raréfaction des ressources en eau –, et dans la formation et la diffusion des techniques agricoles.

Il faut miser sur les hommes, sur les producteurs locaux, qui doivent percevoir la juste rémunération de leurs efforts. Les échanges doivent obéir à des règles équitables, respectant à la fois le consommateur et le producteur. La libre circulation des produits ne peut pas se faire au détriment des producteurs les plus fragiles.

Apporter des financements innovants et stables au développement Les besoins d'investissement sont massifs et pour longtemps. Il est vital de maintenir l'effort d'aide publique au développement et de respecter l'objectif de 0,7 % du PIB.

Il est tout aussi vital de dégager des ressources additionnelles par des financements innovants. Que n'ai-je entendu quand j'ai milité, avec mon ami le Président Lula du Brésil, pour l'idée, pourtant évidente, que le financement du développement requiert des ressources pérennes !

La taxe sur les billets d'avion a permis en 2007 de dégager plusieurs centaines de millions d'euros en faveur de l'accès aux médicaments. C'est un succès. D'autres efforts d'imagination devraient permettre de dégager rapidement les ressources nécessaires pour faire face à la crise alimentaire.

Explorons par exemple, comme le suggère le président de la Banque mondiale, M. Robert Zoellick, dans le cadre de conversations avec les fonds souverains, comment orienter une partie de leurs moyens vers des investissements productifs en Afrique. Le prochain G8 pourrait utilement consacrer une séance de travail à l'examen de cette proposition.

La contribution des financements innovants au développement des pays les plus pauvres sera une des priorités de ma fondation. Ce n'est, certes, qu'un moyen mais ayons conscience que, face au caractère inédit de la crise que nous vivons, la communauté internationale n'a d'autres choix que celui de l'imagination et de la solidarité.

Jacques Chirac, Président de la Fondation Chirac

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