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F. mas

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Everything posted by F. mas

  1. Ce n'est pas ce que je dis. Je répondais à l'existence de sociétés sans Etat moderne, donc avant le 15e-16e siècle environ, quelque soit la forme empruntée par l'Etat moderne en question. Et je dis justement qu'elles étaient hiérarchiques. Savoir si elles sont souhaitables est une autre question, et j'y ai répondu plus haut (non, la société de pures conventions ne me semble pas très attirante).
  2. Le type de règles et de conventions existaient avant même l'invention de l'Etat, c'est à dire, stricto sensu, dans des sociétés où l'ordre social n'est pas assuré par un Etat monopoleur. Maintenant, s'il a existé des sociétés sans Etats, la dimension égalitaire défendue par ses partisans les plus à gauche (Kropotkine par ex) n'existait certainement pas, même dans les sociétés de chasseurs cueilleurs.
  3. En fait, ça marche tous les jours, même si on ne le relève pas spontanément : la plupart des règles non écrites qu'on utilisent par habitude montre que la coordination des conduites est possible sans l'existence d'une autorité centrale, formelle et dotée d'outils de coercition. De Jasay prend l'exemple de faire la queue pour obtenir un bien ou payer dans un magasin : tout le monde s'y conforme pour optimiser sa conduite sans planification ou réglementation formelle. Sinon, on peut élargir la focale à la gestion des communs : Elinor Ostrom a reçu le prix Nobel en étudiant la gestion polycentrique des communs, c'est à dire la capacité des individus à s'auto-organiser pour gérer un stock de ressources naturelles sans passer par la case gouvernance bureaucratique unique et centralisée. L'enchevêtrement d'arrangements bottom up, informels et de vis à vis pour gérer les ressources collectives marche avec un degré d'efficacité supérieure à celui hiérarchique/bureaucratique classique. Et Ostrom ne part pas d'un modèle abstrait, mais s'appuie dans sa thèse sur une situation empirique concrète (la gestion des nappes phréatiques en Californie).
  4. Nous sommes d'accord. Je précise, à toute fin utile, qu'"utopique" n'est pas pour moi un mot grossier ou une insulte. Ca peut même être une idée régulatrice tout à fait acceptable pour réformer.
  5. La fin de l'URSS aurait abouti à la renaissance de l'Etat veilleur de nuit et on ne m'aurait rien dit ? J'avais cru comprendre qu'après une période de chaos eltsinienne s'était finalement installée une variété de despotisme oriental au visage botoxé. Dans les cas que tu cites, on en revient à un stade moins avancé de socialisation, c'est indéniable, mais pas à l'Etat professé par le libéralisme classique.
  6. Il existe une variante de l'anarchie qui s'interroge sur la production des normes collectives, qu'elles soient morales, politiques ou légales. Elle allie la critique théorique de leur monopolisation par l'Etat (en particulier les théories du contrat social, le coût de l'exécution des conventions, etc) et la défense de la production des normes par conventions, c'est à dire l'action répétée des individus (par coutume ou habitude) à travers le temps comme producteurs d'équilibres. On retrouve des variantes "primitivistes" à la Pierre Clastres ou J Scott, et des variantes libertariennes à la De Jasay ou à la Peter Leeson. J'en retiens tout de même qu'une grande majorité de notre conduite ordinaire est guidée par ces conventions, qui fonctionnent par elle-même sans le soutien de règlements ou de statuts formels, et qu'il est possible, au moins en théorie, de confiner les règles formelles, y compris leur exécution, à une portion assez restreinte de l'ensemble des activités de la cité. En d'autres termes, l'anarchie marche beaucoup mieux qu'on ne le pense. Je ne suis pas certain qu'une société entièrement régie par des conventions soient souhaitables, étant donné que leur émergence est sans doute conditionnée par un processus de sélection culturelle qui s'appuie non pas sur les demandes de liberté mais sur les humeurs majoritaires du moment. Le modèle proposé ne me semble toutefois pas beaucoup plus utopique que le libéralisme "classique", qui prétend quant à lui remettre le dentifrice dans le tube : il n'y a aucune incitation politique existante pour que d'un Etat social avancé revienne au stade d'Etat constitutionnel au sens strict. Les anarchistes sont peut être des utopistes, mais ni plus ni moins que les libéraux classiques.
  7. Hello, je rappelle que je ne travaille plus pour CP depuis un peu plus d'un an (Séverine, ça fera au moins deux ans je pense), et qu'aux dernières nouvelles, ledit journal est plus ou moins administré par l'Iref.
  8. J'y vois une déclinaison ordinaire du mépris de "l'idéologie française" : il y a une prétention au sein des élites nationales (et de leurs imitateurs serviles) à vouloir et pouvoir s'extraire de la culture locale pour tutoyer directement l'universel. Une fois dégagé de la contingence des folkores et des tribalismes nationaux, l'esprit universel renvoie l'identité française à ce qu'elle est : un accessoire identitaire comparable à des centaines d'autres, accessoire qui ne mérite ni plus ni moins de considération que les autres prétentions identitaires et nationales. De temps en temps, l'esprit universel se joue et se moque des travers nationaux qu'il ramène essentiellement à des considérations de ploucs à l'esprit plus ou moins embrumé par leur condition de local. C'est pourtant assez ironique : il n'y a rien de plus français que de vouloir incarné à soi seul l'Humanité toute entière. Il n'y a qu'en France où, par exemple, on choisit d'organiser l'ouverture des JO en forme de célébration du "métissage planétaire" et comme le "contraire d'une histoire héroisée" plutôt que comme occasion de rappeler à nos visiteurs que leur pays hôte en garde encore un peu sous la pédale.
  9. F. mas

    Nécrologies

    Son petit éloge de l'anarchisme est aussi un must read.
  10. Un article totalement hallucinant sur Macron dans Politico (qui certes n'a jamais été très profrançais, mais là... on en vient à convoquer la psychatrie pour parler de son narcissisme et de l'absence totale de retour sur lui-même. A noter également certains propos de ses conseillers proches sur le fait que les Français n'aiment pas son brillo et son intelligence lol). "He somehow seems a bit less than human, a little too perfect, like a humanoid robot that gets the human part a little bit wrong — a concept known in robotics and computer animation as the “uncanny valley,” for the unease and even revulsion it elicits in a viewer. Indeed, it can sometimes seem as if he is playing the character of the president of France, complete with cosplay photo shoots — unshaven in a military hoodie in obvious emulation of Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, or taking to a heavy bag in an intense boxing session. “Everything is an act,” my psychiatrist friend said recently. “He is always posturing and posing; the psychology of that is fascinating and disturbing.”" "The most jarring character shift came at a formal ceremony with Chinese leader Xi Jinping in the Great Hall of the People in Beijing’s Tiananmen Square. Macron stepped onto the stage looking very severe, almost scowling. The Chinese dictator spoke for just eight minutes, reading a perfunctory, prepared speech off a piece of paper. Then it was Macron’s turn; without notes, speaking directly to Xi in a highly performative, almost lecturing, style that was clearly aimed at the cameras and any French people watching. Xi’s entourage of sycophantic ministers grew increasingly uncomfortable as the lecture continued: 10 minutes, 15 minutes, it just went on. Xi, who is treated in the Chinese system as a modern-day emperor, blinked furiously and looked as if he’d just swallowed a particularly noxious frog. At around the 21-minute mark, he let out a clearly audible sigh — intense impatience emanating from every pore of his body. Macron seemed blithely unaware. His speech went on three times longer than Xi’s — an unforgivable breach of protocol in the Chinese system, especially since it came from the leader of a former colonial, barbarian country that has now fallen on hard times." "On the China trip, one of the things that most struck me was how Macron appeared to be winging things, with little or no input from the French diplomatic service or anyone with deep knowledge and expertise on Xi Jinping’s China." https://www.politico.eu/article/magnificent-mind-emmanuel-macron-france-legislative-election/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR2lra2L8x6cVK77-jg2op2ikX7hxrfsNdAV1OHsafiXunETvIcdQSkkNoo_aem_ueRVn5HasrZhmz7Pl86LMg
  11. Alors que dans le programme vénézuélien de lfi, le chat ferait partie des comestibles
  12. Je me souviens de l'avoir croisé à la leçon d'agreg d'un juriste. Quelqu'un d'intéressant.
  13. Ce qui marque le génocide n'est pas seulement l'intentionnalité en matière criminelle, mais aussi qu'il a pour objet la volonté de détruire un groupe national, religieux, racial ou ethnique. Les victimes ne doivent pas être ciblées de manière aléatoire. https://www.un.org/en/genocideprevention/documents/Appeal-Ratification-Genocide-FactSheet-FR.PDF Toujours en suivant la convention sur le génocide, on peut se dire que la "Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle" peut être discutée dans la situation présente. Utiliser l'Etat ne fait pas partie de la définition du génocide (on peut d'ailleurs se rappeler des génocides au Burundi des Tutsis contre les Hutus).
  14. Pour mémoire : https://theupheaval.substack.com/p/the-china-convergence
  15. Peut être, mais il met le doigt sur quelque chose qui me semble vrai.
  16. Fun fact, attention à l'arrivée des libertarianbots : Tyler Cowen a proposé à Claude 3 de formuler une critique à la Peter Boettke de la théorie de l'entrepreneur d'Israel Kirzner (c'est à dire une critique d'un économiste 'autrichien' à l'endroit d'un autre économiste 'autrichien'). Eh bien ça fait le job de manière assez satisfaisante : "In summary, as Peter Boettke, I would acknowledge the important insights of Kirzner’s theory, particularly its emphasis on the central role of entrepreneurship in driving market processes. However, I would also seek to enrich and extend the theory by drawing on other strands of Austrian thought, emphasizing the roles of uncertainty, capital, institutions, competition, and subjectivism in shaping entrepreneurial activity." https://marginalrevolution.com/marginalrevolution/2024/03/claude-3-opus-does-austrian-economics.html
  17. C'est vrai qu'il y a le green new deal, mais aussi la loi egalim. Et pour ça pas besoin de l'UE. Je te rejoins en fait.
  18. @Largo Winch : je pense en partie comme toi, mais je crois que tu sous-estimes le pouvoir de nuisance de la clique qui dirige l'UE actuellement. On voit depuis pratiquement deux semaines tous les professionnels de la récupération politicienne pour profiter du mouvement de colère des agriculteurs. Un peu comme pour les gilets jaunes qui n'avaient pas de représentants officiels/institutionnels, on assiste à une bataille de politiciens, syndicats, idéologues et bureaucrates pour s'en réapproprier l'esprit et en profiter pour faire du placement de produit. On entend Mélenchon qui explique qu'en fait, le vrai ennemi des paysans, ce n'est pas Bruxelles ou l'inflation législative, mais le 'libre échange', Tondelier ou Mamère expliquer qu'écolos et agri sont alliés naturels (what ????), la CP chouiner contre le libéralisme qui produit trop de normes (hein), la grande distrib qui fait des marges etc. Il y a même Karine Lemarchand qui est venue pousser à la roue pour accuser le consommateur d'acheter de la merde et accuser la grande distribution de faire des promos. Etre pauvre, ça devrait être interdit. Chaque parasite vient placer son produit en ignorant plus ou moins les revendications réelles des types sur leurs tracteurs. Dans tous les cas, ce sont des stratégies rhétoriques d'évitement : zi elephant in the room, c'est la réglementation étatique démentielle, la planification écologique et l'acceptation servile de tout ce qui se fait de pire en matière écologique à Bruxelles par une classe politique aux fraises. Sur l'Europe par contre, je pense que tu sous estimes les effets attendus du green new deal et surtout de la stratégie farm to fork (merci Ursula) qui va pousser l'agriculture UE vers la décroissance et la destruction du monde agricole. Ces bureaucrates sont cinglés : ils sont en train d'organiser la disparition du secteur.
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