Aller au contenu

Libertarianisme : Passé Et Perspective


magistre

Messages recommandés

CATO Unbound a lancé un intéressant débat sur l'histoire et le future du mouvement libertarienne, aux Etats Unis et ailleurs.

L'essai d'ouverture appartient à Brian Doherty, l'auteur d'un livre récemment paru aux Etats Unis sur l'histoire du mouvement libertarienne; il est suivi d'un essai signé par Brink Lindsey; dans les prochains jours encore quatre essais signés par Tyler Cowen, Tom G. Palmer et Virginia Postrel y vont paraitre.

Lien vers le commentaire
Invité jabial
?! C'est ma traduction de l'expression anglaise lead essay. Est-elle si maladroite ? :icon_up:

Peut-être "essai fondateur", et puis "appartient" qui suit fait bizarre. "a été écrit par" ferait plus naturel. Ta première langue est-elle le français?

Lien vers le commentaire
Peut-être "essai fondateur", et puis "appartient" qui suit fait bizarre. "a été écrit par" ferait plus naturel. Ta première langue est-elle le français?

Non, pas du tout.

Et pourtant, "essai fondateur" ne communique pas, à mon avis, le sens de l'expression lead essay.

Mais c'est peut-être juste mon impression.

Lien vers le commentaire
Invité jabial
Non, pas du tout.

Et pourtant, "essai fondateur" ne communique pas, à mon avis, le sens de l'expression leading essay.

Mais c'est peut-être juste mon impression.

En fait, c'est "appartien à" plus que ça qui crée la confusion.

Lien vers le commentaire
En fait, c'est "appartien à" plus que ça qui crée la confusion.

Je pense avoir compris le sens de tes propos. C'est pas usuel de dire en français le livre/l'article/l'essai "appartenant à" quand on parle de l'auteur, mais plutôt "de" ou "écrit par", car le verbe "appartenir" transmets l'idée de possession, d'appropriation et non de création. C'est ça ? :icon_up:

Lien vers le commentaire
Invité jabial
Je pense avoir compris le sens de tes propos. C'est pas usuel de dire en français le livre/l'article/l'essai "appartenant à" quand on parle de l'auteur, mais plutôt "de" ou "écrit par", car le verbe "appartenir" transmets l'idée de possession, d'appropriation et non de création. C'est ça ? :warez:

Voilà :icon_up:

Bon, ça c'est une faute de frappe. Il m'arrive souvent d'en faire, peu importe la langue dans laquelle je m'exprime. :doigt:

Oui mais là, c'est moi qui l'ai faite.

Lien vers le commentaire

La réponse de Tyler Cowen,

The paradox of Libertarianism, est intriguant :

Brian Doherty asks: "Did this libertarian movement . . . actually accomplish anything of unquestionable significance?"

Yes: Bigger government.

My vision for classical liberalism consists of a few points:

1. A deep belief in human liberty, but seeing positive liberty (“what can I do with my life?”) as more important than negative liberty (“how many regulations are imposed on me?”).

2. Accepting the package deal when it is indeed a package deal.

3. Identifying key areas where we can strengthen current institutions and also strengthen liberty.

Le futur du libertarianisme sera-t-il une grande reconciliation avec le socialisme, une nouvelle démocratie sociale ?

Lien vers le commentaire
La réponse de Tyler Cowen,

The paradox of Libertarianism, est intriguant :

Le futur du libertarianisme sera-t-il une grande reconciliation avec le socialisme, une nouvelle démocratie sociale ?

Arnold Kling et Bryan Caplan sont tout aussi intrigués.

Lien vers le commentaire

Bryan Caplan est "spot on", comme souvent.

L'essai introductif (ça te convient Jabial ?) définit les libertariens comme des "radicals for capitalism", à la suite de Rand semble-t-il. Ca aussi c'est quelque chose qui me semble tout à fait caractéristique et dont pour ma part je ne me réjouis pas.

Lien vers le commentaire
  • 1 month later...

Je suis en train de lire très attentivement les différents essais du débat. J'en dirai davantage quand ma lecture se sera décantée, mais en attendant : :icon_up:

Lien vers le commentaire

Décantation effectuée, donc je peux commenter. On trouve le meilleur comme le pire parmi ces essais.

Le pire, c'est Tyler Cowen. Dans les genres "ça me fatigue de me battre", "après tout, ça n'est pas si mal" et "tout est dans tout et inversement", il gagne haut la main.

Certes, on vit mieux que dans les années 70, les politiciens (américains) ont des idées moins délirantes, un certain nombre d'idées de base sont passées. Oui, les libertariens ont gagné des batailles. Mais selon Cowen, plus on est riche, plus on peut se permettre d'avoir d'Etat. Non seulement c'est pas très libéral (réduire la liberté à la richesse c'est un peu sommaire, mais la confusion est réitérée plus loin), mais en plus ça n'est pas très utilitariste non plus (davantage d'Etat, c'est moins de croissance, donc moins de richesse demain). La richesse semble anesthésier l'esprit combattif de ceux qui croient avoir davantage à perdre qu'à gagner.

La suite du texte de Cowen tourne autour de deux thèmes. Le premier, c'est l'explicitation de la confusion susmentionnée, et donc l'aveu que Cowen n'aime que la liberté positive. Au moins, les choses sont dites explicitement. Le second, c'est l'idée de "package deal" : si la richesse vient avec l'Etat, alors peu importe qu'on ait davantage d'Etat pourvu que l'on soit plus riches, il n'y a pas à chercher à séparer les deux. Comme aveu d'impuissance, on a rarement vu plus clair.

Le texte se termine par les petites frayeurs de l'auteur : le réchauffement, les épidémies, la prolifération nucléaire, qui seraient des menaces contre la liberté. Si le dernier est probablement une menace, les deux premiers ne menacent que la liberté positive (et encore, l'éventuel réchauffement peut aussi générer de la liberté positive). Alors oui, il faut arrêter de radoter, ne plus répéter obstinément que les nationalisations ça ne marche pas, que l'impôt progressif ça ne marche pas, que la collectivisation des dépenses ça ne marche pas… et commencer à parler des défis de demain, pour que les étatistes ne soient pas les seuls à faire des propositions sur ces sujets. Mais vu la manière dont Cowen en parle, je doute qu'il veuille apporter des solutions libérales à ces problèmes, au contraire.

En somme, on peut répondre à Cowen par un ad hominem aussi pertinent que cinglant. Cowen vieillit. Il commence à croire qu'il a davantage à perdre qu'à gagner, il commence à avoir peur du futur… En somme, Cowen n'est plus libéral ; il est devenu profondément conservateur, dans le mauvais sens du terme.

Heureusement, le meilleur, ou plutôt la meilleure, c'est Virginia Postrel, qui réussit à adopter un point de vue tant interne qu'externe au mouvement libertarien.

Elle commence par analyser la manière dont les non-libertariens regardent les libertariens, en concluant que, vu de l'extérieur, le mouvement ressemble beaucoup à une religion, voire à une secte, avec ses dogmes inlassablement formulés de la même manière et sa philosophie politique émanant d'un axiome unique et réduite à une algèbre formelle, sans parler de son crédo réduit à quatre simples mots : "Etat caca, Liberté bien". Voilà ce qu'on en perçoit de dehors.

Le problème, c'est qu'avec un tel mouvement, peu de gens peuvent se dire authentiquement libertariens. De Smith à Coase en passant par Hayek et Friedman (père), peu de grandes figures auraient pu passer le test de "l'intransigeance aprioristique". C'est qu'en fait, il ne s'agit qu'une des deux traditions intellectuelles du libéralisme. Et là où Postrel touche le point sensible, c'est précisément en identifiant les quatre grandes traditions libérales qui s'opposent et se complètent.

Les deux traditions culturelles du libéralisme, c'est le propriétarisme ("Don't Tread on Me", droit d'autodéfense, "barre-toi de chez moi ou je te botte les fesses"…) d'une part, et le pluralisme ("Live and Let Live", droit de faire ce qu'on veut avec qui l'on veut, "laisse-moi chercher mon bonheur en paix"…). C'est un peu Timur (avec réserves) contre LaFéeC, en somme. Mais ces deux cultures, d'approches différentes, aboutissent à valoriser l'autonomie, la responsabilité et la liberté.

Mais ces traditions ne vont souvent pas sans armatures intellectuelles. Et là encore, deux écoles de pensée se complètent. D'un côté, une école très "continentale" en ce qu'elle cherche des réponses certaines, absolues, définitives et découlant de manière purement logique d'un seul axiome, donc d'une certaine manière très réconfortantes. C'est soit vrai soit faux, c'est soit bon soit mauvais, on est totalement libre ou esclave. C'est l'engeance du couple infernal Rand-Rothbard. :icon_up: Et en face, ou plutôt à leurs côtés, il y a l'école empirique-sceptique, celle de Hayek et Friedman père, ou mieux encore, celle de Smith et de Hume, de Locke et de Popper. C'est l'école de la curiosité davantage que de la certitude, de l'épreuve des faits plus que de l'apriorisme, des solutions possibles aux problèmes rencontrés hic et nunc plutôt que de la conception idéale de l'utopie future. La première école définit l'identité libertarienne, tandis que l'autre remporte ses batailles.

Et Postrel en déduit que si la première école était adaptée au 20ème siècle, siècle des grandes idées abstraites, la seconde sera cruciale pour le 21ème siècle. On en arrive alors à un point (mal) traité par Cowel : les combats d'hier ont été à peu près remportés, il est temps de préparer ceux de demain. L'ennemi n'est plus l'idéologie collectiviste ou socialiste, mais celle du contrôle, de la stase économique assurée par l'Etat. Et de nouveaux ennemis nécessitent de nouvelles alliances.

Mettre des mots sur des intuitions est un talent précieux, et Virginia Postrel a ce don.

Lien vers le commentaire
"Il appartient à… d'introduire, de poser les bases du débat…" La formule est correcte.

Ton exemple est correct, parce que c'est l'expression impersonnelle: "il appartient à… de faire ceci ou cela". Ce n'est pas le cas dans la traduction de magistre.

Lien vers le commentaire
Ton exemple est correct, parce que c'est l'expression impersonnelle: "il appartient à… de faire ceci ou cela". Ce n'est pas le cas dans la traduction de magistre.

Oui effectivement. Cela dit, la formule de Magistre peut être reconsidérée dans ce qu’elle exprime malgré elle : comme si les idées posées dans l’essai ne provenaient pas de son seul auteur, ce dernier les ayant seulement saisies un instant – les idées nous transcendent, nous préexistent, leur découverte peut nous appartenir et nous signifions cette appartenance en marquant, en signant l’essai dans lequel nous les révélons, les idées sont à nous tant que nous les manions, sans pour autant qu'elles soient de nous dépendantes de notre propre être seul… :icon_up:

C’est seulement une interprétation – sur la stricte question grammaticale tu as raison bien sûr, d’autant que Magistre ne semble pas avoir souhaité un tel effet :doigt:

Lien vers le commentaire
Mais ces traditions ne vont souvent pas sans armatures intellectuelles. Et là encore, deux écoles de pensée se complètent. D'un côté, une école très "continentale" en ce qu'elle cherche des réponses certaines, absolues, définitives et découlant de manière purement logique d'un seul axiome, donc d'une certaine manière très réconfortantes. C'est soit vrai soit faux, c'est soit bon soit mauvais, on est totalement libre ou esclave. C'est l'engeance du couple infernal Rand-Rothbard. :icon_up: Et en face, ou plutôt à leurs côtés, il y a l'école empirique-sceptique, celle de Hayek et Friedman père, ou mieux encore, celle de Smith et de Hume, de Locke et de Popper. C'est l'école de la curiosité davantage que de la certitude, de l'épreuve des faits plus que de l'apriorisme, des solutions possibles aux problèmes rencontrés hic et nunc plutôt que de la conception idéale de l'utopie future. La première école définit l'identité libertarienne, tandis que l'autre remporte ses batailles.

Et Postrel en déduit que si la première école était adaptée au 20ème siècle, siècle des grandes idées abstraites, la seconde sera cruciale pour le 21ème siècle. On en arrive alors à un point (mal) traité par Cowel : les combats d'hier ont été à peu près remportés, il est temps de préparer ceux de demain. L'ennemi n'est plus l'idéologie collectiviste ou socialiste, mais celle du contrôle, de la stase économique assurée par l'Etat. Et de nouveaux ennemis nécessitent de nouvelles alliances.

Mettre des mots sur des intuitions est un talent précieux, et Virginia Postrel a ce don.

Bigre, cela me donne envie de lire ces textes…

La dichotomie que tu mets en relief est celle synthétisée au sein de l'entrepreneur.

D'une part il est théoriquement et techniquement au point, d'autre part, il sait comment faire réussir ses idées(toute action étant un compromis de temps et de ressources). Donc oui, la première "école" définit les idées alors que la seconde les réalise. C'est en tout cas ainsi que je comprends ces catégories.

Au passage, la distinction Rand-Rothbard est aussi intéressante.

Je verrais deux façons d'étudier le futur : les prochains combats politiques, c'en est un très intéressantes… l'autre serait les nouvelles connaissances (en particulier faire le lien entre Rand et Rothbard).

Lien vers le commentaire
Invité jabial

Ce n'est pas du tout idiot de dire que la richesse tue la combativité. Quand les choses sont plus faciles, on n'apprend pas à se confronter à la difficulté. De plus, les sociologues et les anthropologues disent depuis longtemps que la peur de perdre explique autant la façon dont les gens se comportent que le désir de gagner. Celui qui se perçoit comme n'ayant rien à perdre prend des risques ; celui qui se perçoit comme ayant tout à perdre n'en prend aucun.

Lien vers le commentaire

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...