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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. Ils jouent sur les attentes d'une (faible) partie de l'opinion, mais ce sont tous des opportunistes sans convictions qui ont déjà montrés ce qu'ils valaient en exerçant le pouvoir, et qui trahiront les quelques promesses qui te paraissent alléchantes lorsqu'ils l'auront à nouveau. Rien à attendre de ce côté-là. Et l'image du libéralisme va sans nul doute bénéficier d'être associée à toutes la Guignol's Band, on y croit...
  2. Ce qui aurait déjà le mérite de rendre caduque le débat de merde qui sévit dans les média depuis 1 mois.
  3. Je viens de finir un article d'Étienne Balibar, paru en 1981 (cf: https://archive.is/eN2Bg). C'est intéressant, l'auteur critique la tentation de la direction du PCF (auquel il appartenait depuis 1961 et dont il sera exclu en raison de cet article), de suivre le populisme montant et d'adopter une ligne "anti-immigrationniste". Il dit aussi qu'à ce jeu là, le PCF finira débordé par d'autres forces politiques plus à l'aise dans ce registre. Et avec le recul historique, c'est bien ce qui s'est produit (quasi-disparition du PCF, ascension du FN). Du coup je trouve que ce texte à quelque chose de prémonitoire, qu'il marque à son échelle le passage d'une période à une autre. "Et l’on aboutit à ces « bavures » de Vitry, de Montigny-lès-Cormeilles et d’ailleurs, dont chacun voit bien qu’elles ne sont ni isolées ni le fait du hasard, puisque, aussi bien, la direction du Parti les couvre et les revendique comme symboles de sa politique, si même elle ne les planifie pas en fonction d’un calcul électoral d’une effroyable inconscience. Ce que l’on escompte ainsi, manifestement, c’est de détourner au profit du Parti, dans la phase difficile qu’il traverse, ce courant de peur, d’autodéfense et de repli sur le « chacun pour soi » des avantages acquis que nous sentons monter autour de nous, jusque chez nos voisins, nos amis ou nos collègues, et que la loi « Sécurité et Liberté » a pour fin déclarée de ranger derrière le gouvernement. C’est sur ce terrain désormais que risque de s’exercer la concurrence des appareils politiques. C’est cette démission, cet abandon au racisme et au populisme, ce peyrefittisme du pauvre que manifestent soudain au grand jour les opérations bulldozer, les « quotas » administratifs destinés à imposer le « seuil de tolérance » là où nous en avons le pouvoir, et le risque pris sans hésiter d’assimiler dans l’opinion tout Maghrébin à un trafiquant de drogue en puissance ! Déjà le Parti a repris à Stoleru - en lui offrant du même coup, ce qui est vraiment un comble, le beau rôle de « défenseur des immigrés » - son langage et son mot d’ordre d’arrêt immédiat de l’immigration, sans spécifier aucune condition qui permette l’intervention et l’expression des immigrés eux-mêmes, alors qu’on sait bien que ce mot d’ordre sert en pratique à justifier toutes les expulsions arbitraires. Combien de temps faudra-t-il au Parti, dans ces conditions, pour passer à l’étape suivante : « Qu’ils rentrent chez eux, ils nous prennent notre travail » ? Ici et là, écoutez la rumeur, c’est la conséquence qu’on en tire déjà. Quitte à utiliser au besoin comme alibi, et pour calmer l’émotion suscitée dans les rangs mêmes du Parti, le combat exemplaire d’un Moussa Konaté ou les secours collectés pour les sinistrés d’El-Asnam. La gangrène pénètre, lentement mais sûrement. Une fois qu’elle a mordu, si rien ni personne ne l’arrête, nul ne sait où elle s’arrêtera mais on peut savoir à coup sûr à qui elle profitera : s’il s’agit de mobiliser les nostalgiques de « la France aux Français », d’autres sont mieux armés et plus crédibles que les communistes. Leurs affiches s’étalent déjà sur les murs." "Et voici que les municipalités communistes, ou plutôt certaines d’entre elles, qui appréhendent de payer aux élections de 1983 la note de la rupture de l’Union de la gauche, sont de plus en plus tentées de rechercher une nouvelle base électorale, en exploitant les craintes et les préjugés qu’elles ne croient plus pouvoir combattre." "Une grande crise sociale, comme celle dans laquelle nous sommes entrés depuis quelques années déjà, aboutit toujours à une transformation de toutes les classes sociales : des conditions de vie, des conditions de travail, des idéologies et « mentalités », des organisations représentatives. Quoi qu’il puisse projeter pour y échapper, le parti communiste n’en sortira pas indemne. Face à une classe ouvrière de moins en moins semblable aux stéréotypes du marxisme dogmatique, les monopoles politico-idéologiques autoproclamés achèveront de voler en éclats. Et c’est tant mieux. Mais ce n’est pas pour autant que les travailleurs pourront se passer des organisations existantes. Pris collectivement, ils n’ont pas de libre choix idéal. Contraints, s’ils veulent se défendre, d’imposer eux-mêmes une issue progressiste à la crise, ils ne peuvent pratiquer la politique du pire ni celle de la table rase. Dès lors, pour une part importante, la classe et le Parti évolueront ensemble. Mais dans quel sens ? Il n’y a pas de fatalité. Il n’y a que des conditions matérielles plus ou moins défavorables. Il dépend de nous, communistes, d’enrayer la double spirale qui conduit, d’un côté, une fraction de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie vers une idéologie défensive, corporatiste, xénophobe et d’ordre moral, cependant que, de l’autre, le Parti (et avec lui la CGT - à moins que cette évolution, qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliers d’adhérents, ne conduise à son éclatement) fournirait à cette régression historique la couverture d’une phraséologie « révolutionnaire »." -Étienne Balibar, "De Charonne à Vitry", Le Nouvel Observateur, n° 852 du 9 mars 1981.
  4. Le déterminisme c'est le fait que tout ce qui survient survient en raison d'une cause. Dit autrement, tout ce qui est, est un effet d'autre chose. Des moments "où il ne se passent rien", sans nouveauté, je me demande bien ce que c'est. Même dans un exemple de fiction où tu arrêtes le temps dans un lieu donné (une ville mettons), elle continue à faire partie de la planète sur laquelle elle se situe, planète en mouvement, donc ta ville où il ne se passe rien continue d'être en mouvement, elle est affectée du simple fait que ses coordonnés géographiques se modifient (même chose avec une planète isolée dans le temps dans un système solaire lui-même en mouvement, lequel fait partie d'une galaxie, etc). Certes. Mais je ne pense pas prendre un grand risque à attendre qu'on me fournisse un tel micro-exemple... Cela étant je n'ignore pas que des philosophes, comme Deleuze ou Badiou, ont mis au centre de leurs philosophies le concept d'événement, censé interrompre la causalité (ce qui est aussi l'effet de l'action pour le marxiste Pierre Macherey, l'action a le pouvoir de "suspendre ou de renverser les lois du monde"...). Mais bon, ce n'est jamais que le miracle des théologiens qui se glisse malicieusement chez les marxistes...
  5. Exemples ?
  6. Corrigé, pas besoin de définition "restreinte".
  7. Bienvenue Sigmar. Moi je n'ai pas dit ça et je n'ai pas souvenir que quelqu'un ai dit une telle chose. Mais à mon avis pour bien poser le débat il faudrait distinguer, entre le conservatisme et le libéralisme dit classique, au moins deux pôles dans la famille des libéraux-conservateurs. Le libéral-conservatisme va inclure des libéraux rigoureux qui sont par ailleurs influencés par des valeurs/opinions/schéma de pensée conservateurs (sommairement: importance de la famille traditionnelle, frilosité à l'innovation, appartenance religieuse nettement plus fréquente qu'à gauche, etc.). En revanche le conservatisme libéral sera davantage tenté de recourir à des méthodes condamnées par le libéralisme pour promouvoir sa vision du monde, mais dans une mesure beaucoup moins grande que le conservatisme à proprement parler.
  8. J'ai lu, mais ça troll beaucoup avec le caractère individualiste de la Sécu et des vidéos de chat En revanche ça parle un peu de Jean Baechler et de ses ouvrages sur les origines du capitalisme. Je vais m'intéresser à ça, même si ça concerne plutôt le contexte que la doctrine. Pour l'émergence du libéralisme, la meilleure piste me semble pour le moment d'étudier d'Ockham: « Le résultat intellectuel de la confrontation théologico-politique d'Ockham avec la papauté est que pour la première fois dans l'Histoire, le paradigme individualiste commence à prendre forme dans le champ épistémologique, puis « sociologique » et éthique, en s'opposant à la philosophie réaliste et holiste alors dominante de saint Thomas. Pour G. d'Ockham, les universaux et autres « substances secondes » aristotéliciennes dont le thomisme affirme la réalité primordiale ne sont que des signes, des abstractions, et n'existent littéralement pas. Il n'y a rien d'ontologiquement réel au-delà de l'être particulier, de l'individuum - terme du latin scolastique apparu alors depuis peu dont Ockham retourne la logique pour en faire non plus l'aboutissement d'un processus d'individuation à partir du genre ou de l'espèce, mais l'objet d'une intuition originelle et empirique de la réalité nécessairement singulière et une. L'individu est un tout unique et séparé qui existe par lui-même, et cela vaut aussi dans l'ordre de l'humain. En conséquence, les totalités que semblent être les institutions et les corps sociaux (universitas) perdent tout droit de cité et sont réduites à n'être que la simple collection (societas) des parties qui les composent et seules existent: les individus humains. Ainsi, tel ordre religieux ou l'Eglise en elle-même n'existent pas, ils sont simplement le nom (d'où le ... nominalisme) donné à l'ensemble des Frères ou des fidèles individuels. Par là même s'enclenche le processus d'individualisation et de recomposition de la société, avec une séparation du spirituel et du séculier légitimant l'autonomisation du politique - et par l'attribution au sujet individuel du droit naturel de choisir, de s'associer volontairement et contractuellement, et de se livrer à l'appropriation privée des biens. Selon l'analyse que l'un des plus grands historiens mondiaux de la philosophie, le P. Coppleston, fait de l'ouvrage d'Ockham intitulé Opus nonaginta dierum, le franciscain d'Oxford pose explicitement que « l'individu a son droit naturel à la propriété. Dieu a donné à l'homme le pouvoir de disposer des biens sur la terre selon un mode dicté par la droite raison et, depuis la Chute, la droite raison montre que l'appropriation individuelle des biens temporels est nécessaire. Le droit de propriété privée est ainsi un droit naturel voulu par Dieu et il est donc inviolable, au sens que personne ne peut être dépouillé de ce droit par un pouvoir terrestre » (A history of philosophy). » -Alain Laurent, Histoire de l’individualisme.
  9. source: https://www.liberaux.org/index.php/topic/51213-lorigine-du-libéralisme-et-de-lindividualisme/
  10. Merci, j'avais cherché en vain, et ça m'évitera de recréer un fil.
  11. Pour poursuivre le débat amorcé dans cet autre fil (cf: http://www.liberaux.org/index.php/topic/52968-la-liberté-fin-ou-moyen/), je post ici, avec comme point de départ un long commentaire sur la philosophie de Sartre où le libre-arbitre est affirmé en relation avec l'absence de nature humaine: ". « L’homme est condamné à être libre »; cette déclaration de Sartre, qui est au coeur de son œuvre philosophique majeure, L’Etre et le Néant et de son célèbre discours “L’existentialisme est un humanisme », concerne tous les aspects de l’existence humaine: le libre arbitre et le déterminisme; les valeurs morales, la notion de Dieu et l’intersubjectivité (rapport aux autres). Avant de détailler la théorie sartrienne de la liberté il faut retourner à deux des principes fondamentaux de Sartre: « l’existence précède l’essence », et sa division du monde en deux catégories distinctes, “être-en-soi”et “être-pour-soi”, autrement dit les deux principes fondateurs de son ontologie. La compréhension de ces deux concepts est nécessaire pour apprécier pleinement la profondeur de sa phrase : “l’homme est condamné à être libre”. Sartre utilise l’analogie d’un artisan qui crée un objet utilitaire comme un coupe-papier pour montrer que les objets non conscients sont avec une essence intégrée, fixe, définitive. Cette essence détermine leur vie et par conséquent ils ne sont pas libres d’être autrement. Ils sont condamnés à être ce qu’ils sont et rien d’autre. De même, si un être humain est créé par Dieu (un artisan céleste), alors l’essence de l’humain est déterminée. Cette conception essentialiste (l’opposé philosophique de l’existentialisme) remonte à Leibniz. Selon Leibniz, «Dieu a déterminé l’essence de chaque homme et ensuite laissé agir librement en conformité avec les exigences de son essence». Selon Sartre, si Leibniz et les essentialistes ont raison, alors les humains sont réduit à un “geste original” : “l’homme est un être dont l’essence ne peut être affirmé, car cela entre en contradiction avec l’homme et son pouvoir de se transformer indéfiniment”. Pour Sartre cependant, il n’existe pas de schéma pré-établi pour la nature humaine, “chaque homme fait son essence”. La séparation opérée par Sartre sur l’existence et l’essence donne lieu à une ontologie différenciée. Premièrement, l’être en-soi. Ce groupe des «choses» (comme des roches, des arbres et des coupe-papiers) ont les caractéristiques suivantes: ils ne sont pas libres, pas responsables, ont une essence déterminée, fixe et complète. Contrairement à ces “objets” non-conscients, il y a les être pour-soi. Ces « sujets » conscients ont les caractéristiques suivantes : libre, responsable d’eux-mêmes, sans ‘essence déterminée." (cf: http://la-philosophie.com/homme-condamne-etre-libre-sartre). Autrement dit Sartre, tout comme Kant avant lui, fait reposer sa défense du libre-arbitre sur une distinction entre la nature, régie par des lois, et la culture, qui serait le domaine de la liberté. A l'inverse, dans le déterminisme de Spinoza, il n'y a pas de distinction tranchée entre le monde naturel et le monde social, l'un et l'autre sont régis par les mêmes lois générales, à commencer par la causalité. C'est pourquoi, pour Spinoza, la liberté ne peut pas être d'ordre métaphysique (suspension miraculeuse des lois du monde à l'endroit précis de la volonté humaine) mais intellectuelle et politique. Le libre-arbitre n'existe pas: « Supposer un enfant qui, pour la première fois, vient à percevoir une chose : je lui présente, par exemple, une sonnette qui produit à son oreille un son agréable et il acquiert ainsi le désir de cet objet ; voyez maintenant s'il pouvait omettre d'acquérir cette convoitise ou ce désir. Si vous répondez oui, je demande par quelle cause. Ce n'est certainement pas parce qu'il connaîtrait quelque chose de meilleur, puisque cet objet est le seul qu'il connaisse. Ce n'est pas non plus parce qu'il lui semble mauvais, puisqu'il n'en connaît aucun autre et que l'agrément qu'il y prend est le plus grand qu'il ait jamais éprouvé. Peut-être aura-t-il la liberté de mettre hors de lui-même l'appétit qu'il a ? D'où suivrait que l'appétit peut bien commencer en nous sans liberté pour nous, mais que nous n'en avons pas moins en même temps en nous une liberté de le mettre hors de nous ; cette liberté toutefois ne résiste pas à l'épreuve. Qu'est-ce donc qui pourrait détruire cet appétit ? L'appétit lui-même ? Non, assurément ; car il n'existe rien qui cherche par sa propre nature sa propre destruction. Qu'est-ce donc en vérité qui pourrait retirer l'enfant de cet appétit ? Aucune chose certes, sinon que, suivant l'ordre et le cours de la nature, il soit affecté par quelque chose qui lui soit plus agréable que le premier objet. » -Spinoza, Court Traité, in Œuvres I, GF Flammarion, 443 pages, p.128. Voir aussi: http://hydre-les-cahiers.blogspot.fr/2015/12/critique-dallure-spinoziste-de-la.html?view=magazine
  12. Ha bon ? Qu'est-ce qui est le plus terrifiant: qu'un individu fasse le mal parce qu'il ne pouvait pas faire autrement compte tenu de ce qu'il est et des causes qui l'influence, ou qu'il le fasse sans aucune raison déterminante, par un acte métaphysiquement libre (ce qui n'a aucun sens), purement gratuit et donc infiniment plus pervers ? Je rappelle que le libre-arbitre, notion d'origine stoïcienne semble-t-il, a été introduit dans le christianisme par St. Augustin pour dédouaner Dieu du mal commis par ses créatures. Le même Augustin qui a inventé la notion de péché originel...
  13. C'est facile à expliquer compte-tenu de leur rôle dans le mode de production. Elles n'ont pas le pouvoir d'achat suffisant pour perdre du temps dans les conneries festives et "identitaires de gauche". Elles ne vont pas se dresser fièrement contre les normes hétéro-patriarcales ou que sais-je, qui servent surtout à se démarquer de son milieu, lorsque les conditions économiques rendent la solidarité familiale beaucoup plus pressante. Elles ne seront pas séduites par l'écologisme qui leur propose de consommer moins. Elles voyagent moins et n'ont pas la fascination des bobos pour l'étranger, perçoivent l'immigration, l'ouverture des frontières et la mondialisation comme des menaces. Et elles sont plus "réacs" en matière éducative parce qu'elles perçoivent bien que la rupture de la transmission et du sérieux dans le système éducatif diminue les chances de leurs enfants de s'élever socialement et de s'en sortir. Bref, elles vont avoir des cadres de perception et des intérêts différents de l'électorat majoritaire du PS et Terra Nova l'a bien compris en invitant la direction du Parti à abandonner définitivement ce type d'électeurs.
  14. « Faire croire à la liberté métaphysique peut être un outil d’asservissement. En persuadant les individus qu’ils sont responsables de leurs comportements, qu’il ne tient qu’à eux de bien faire, et qu’ils ne doivent s’en prendre qu’à leur propre volonté lorsque la réussite n’est pas au rendez-vous, le discours de la liberté est très utile pour réprimer les peuples. […] Dans la mesure où ma volonté est toujours le produit de certains conditionnements, on ne peut pas parler sérieusement de liberté sans tenter de prendre la mesure de ces conditionnements, de leurs origines, de leurs orientations, de leurs visées et de leurs effets. […] Une première définition extérieure [et libérale] de la liberté demanderait (légitimement) si le comportement de l’agent est volontaire ou s’il relève d’une contrainte qui fait violence à sa volonté. Le spinoziste rajoute aussitôt une deuxième question qui porte sur l’utilité propre de ce comportement : est-il dans l’intérêt de l’agent de se comporter ainsi (volontairement ou non) ? Et si non, dans l’intérêt de qui agit-il ?[…] Tel est bien ce par quoi le spinozisme se distingue fondamentalement de tout libéralisme naïf : il n’accepte pas la définition hobbesienne de la liberté comme absence d’obstacle extérieur nous empêchant de « faire ce qu’on veut » sans ajouter aussitôt que cette liberté n’est qu’une forme de servitude tant que je ne veux pas ce qui est conforme à mon intérêt. […] La servitude la plus absolue et la plus irrémédiable n’est pas celle qui me force à obéir contre mon gré à un tyran, mais celle à laquelle me condamne ma propre définition du plaisir (voluptas) lorsqu’elle me conduit à être incapable de voir ou de faire ce qui m’est utile. On a ici affaire à une seconde définition de la servitude et de la liberté, qui n’est plus simplement extérieure (définie par l’absence d’obstacles externes à ce que je veux faire), mais qui permet d’instaurer une distance entre l’individu et ses volontés : certaines de ses volontés iront dans le sens de sa libération, tandis que d’autres contribueront à son asservissement. » -Yves Citton, L’envers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières, éditions Amsterdam, 2006, p.275-280. (J'accorde que le fait ne pas désigner la coercition comme "servitude la plus absolue et la plus irrémédiable" est une tactique classique de marxistes. Néanmoins ça serait bien de pouvoir lire Spinoza sans lui prêter les intentions politiques de ses commentateurs socialistes modernes. Et de voir que les dernières lignes de cet extrait ne parle pas d'autre chose que de la "servitude volontaire" de La Boétie, à ceci près qu'elle n'est plus envisagée comme un consentement spontané à la domination mais comme l'effet de déterminations antérieures. Ce que les sciences sociales appelleraient l'intériorisation de la domination. On ne m'ôtera pas de l'esprit que c'est un outil d'analyse indispensable).
  15. Avec Mai 68, l'intelligentsia socialiste des pays européens, en France en particulier, a découvert que la classe ouvrière suivait le PCF, et n'était pas disposée à faire une révolution du moment que les économies occidentales permettaient d'augmenter le pouvoir d'achat et d'échapper à la misère des générations antérieures. A partir de ce moment, il a fallu trouver des substituts à la "classe-messie" évoquée par György Lukács. Le foucaldo-deleuzisme a alors proposé la contestation des normes oppressives comme paradigme révolutionnaire et anticapitaliste. Ce n'était qu'une question de temps avant que le contenu positif du féminisme de l'époque soit retourné et ne devienne l'étrange promotion du bizarre et de l'absurde qui caractérise certaines postures intellectuels. "La lutte pour une subjectivité moderne passe par une résistance aux deux formes actuelles d'assujettissement, l'une qui consiste à nous individuer d'après les exigences du pouvoir, l'autre qui consiste à attacher chaque individu à une identité sue et connue, bien déterminée une fois pour toutes. La lutte pour la subjectivité se présente alors comme droit à la différence, et droit à la variation, à la métamorphose." -Gilles Deleuze, Foucault, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1986, p.113. Tu rajoutes à cette mutation l'écologisme et la fascination pour les peuples au niveau de développement proto-industriel et tu as 70% de l'idéologie de gauche actuelle.
  16. La drogue c'est mal. Le capitalisme c'est mal. Il faut donc lutter contre les drogues pour lutter contre le capitalisme (et inversement proportionnel ou égal). #Toutestlié
  17. Je suis le seul à trouver ça raciste de mettre en avant que leur collectif de sauvetage du World est le fruit du "travail de filles majoritairement non blanches" ?
  18. A force de sauts lacantiques et de stupéfiants, on doit pouvoir en trouver.
  19. Oui, bien évidemment. Mais ça reste une hypothèse aussi absurde que si tu me demandais "dans l'hypothèse où le magma en fusion ne brûlerais pas, serais-tu partant pour te baigner dedans ?"... Dans la mesure où il faut être en vie pour être heureux, le fait que ce droit soit une condition du bonheur est self-evident. Et pour les autres droits, ça répond à la sérénité et l'absence de troubles qui fait partie de la définition. Tu ne seras peut-être pas heureux en étant un propriétaire libre, mais tu ne le serais jamais en étant un esclavage condamné à travailler sans bénéficier du fruit de tes efforts, exposé à chacun instant aux caprices de ton maître et susceptible d'être tué (si le stress et la rudesse de ta condition ne l'ont pas fait avant). Et mon point peut se targuer de cette vérité historique selon laquelle il y a parfois eu des révoltes d'esclaves, mais jamais de hordes de gens demandant d'eux-mêmes à être esclaves. Cela s'explique par le fait que si la social-démocratie grignote insidieusement la liberté, elle ne l'a pas encore détruite et que donc la possibilité du bonheur n'a pas entièrement disparue. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer les dégâts produits, ce n'est certainement pas un hasard si les enquêtes comparatives montrent que les français sont parmi les peuples les plus pessimistes au monde... Bon courage pour le démontrer.
  20. C'est impossible car, si le bonheur est la fin dernière de toute action, le fait de n'accomplir absolument aucune action ne signifie pas pour autant que tu vas être heureux (et que tu l'es déjà). Autrement dit on ne peut pas trouver le bonheur en faisant l'impasse sur l'action.
  21. Certes, mais comme le souligne à juste titre Vincent Andrès, "le bonheur repose sur la réalité". Et la réalité, c'est qu'il n'y a pas de méthode coercitive qui garantisse le bonheur. N'y de méthode non coercitive d'ailleurs. Si tu sous-entendais le contraire, je crois que nous serions tous intéressés de connaître une telle méthode...
  22. C'est pas terrible comme définition. Regarde plutôt ça: https://www.college-de-france.fr/media/pierre-bourdieu/UPL7071152316635745016_AN_91_bourdieu.pdf
  23. Non. Et d’ailleurs Jefferson, entre autres, faisait bien la différence : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. » (Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique, 1776) La liberté ne certifie pas d’obtenir le bonheur, elle crée le cadre dans lequel son obtention devient possible (cf la très lucide formule de Jerfferson, la liberté et la recherche du bonheur). Parce que ça ne fonctionne pas. Comme je l’ai dit plus haut, ce n’est pas en ces termes qu’il faut raisonner, parce que la liberté en tant que telle ne donne pas le bonheur. Il ne faut pas confondre plaisir et bonheur. Le plaisir est une sensation agréable. Le bonheur est quant à lui un état durable de sérénité. Le bonheur peut inclure le plaisir et les plaisirs, mais il ne s’y réduit pas. Inversement il y a des plaisirs nuisibles et autodestructeurs qui empêchent d’atteindre le bonheur, je t’invite à lire Épicure si ce sujet t’intéresse. Je doute également que le plaisir aussi bien que le bonheur soient réductibles à des réactions chimiques. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est une observation empirique. Le bonheur est la fin dernière que vise tous les actes de tous les individus. "Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les hommes vont à la guerre et que les autres n’y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre." -Blaise Pascal, Pensées, 138, édition Michel Le Guern. Comme je l’ai dit plus haut, le bonheur est la fin dernière recherchée par toutes nos actions. Il y a sans doute bien des chemins pour arriver à ce but, mais la distinction vraiment pertinente est à faire entre les chemins qui y parviennent et ceux qui n’y parviennent pas.
  24. La liberté est un moyen qui permet de poursuivre un bien plus élevé, le bonheur. Si ça n'était pas le cas, il serait irrationnel de la défendre.
  25. => https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Girard#Le_m.C3.A9canisme_victimaire
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