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Mégille

Tribun de la Plèbe
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Tout ce qui a été posté par Mégille

  1. Un type malhonnête, à des gens pas forcément très bien intégrés dans la société française et donc assez faciles à duper ?
  2. Toutafé, mais remarque que ce n'est pas propre aux relations poly. Je suis à peu près sûr que tu n'en trouveras pas beaucoup d'autres que moi pour le dire en ces termes ! En bons héritiers des soixante-huitards et des hippies, c'est un milieu ou le mot "moralement" fait presque aussi peur que "supérieur". Pourtant, on n'y parle que de ça, chez les poly, de façon morale de tisser des relations. Leurs opposants (dont Rothbard et ses "modal libertarians") les traite de relativiste et eux-mêmes s'en revendiquent avec beaucoup de fierté, mais c'est une erreur théorique des deux cotés. Je connais plusieurs personnes qui ont grandi avec des parents ayant eu des modes de vie alternatif, et ça ne les a pas détruit. J'ai une amie qui a grandi avec deux pères en couple ouvert, et c'est une personne équilibrée et accomplie professionnellement. J'ai rencontré l'été dernier un type qui avait été élevé par un trouple je crois, et à part une légère tendance à vivre nu dans la forêt, il est tout à fait normal. Et très bon musicien, et très bon cuisinier. Plus récemment, j'ai rencontré une femme qui a grandi dans une authentique communauté hippy (de ce qu'elle racontait, un espèce de baisodrôme au point que même moi j'y trouve des trucs un peu malsains), et elle était un peu bizarre, mais pas forcément plus que la moyenne des gens intéressants. Et puis, l'éducation communautaire est un fonctionnement normal chez beaucoup de société. Et d'ailleurs, en substituant l'autorité diffuse des ainés et des pairs à l'autorité monarchique des parents, et en permettant une transition continue vers l'autonomie, c'est un modèle qui échappe plus facilement aux apories concernant le droit et le statut des enfants sur lesquels les libertariens se cassent la tête.
  3. J'ai toujours trouvé étrange les gens qui vivent en polycule fermé, et pire encore, avec cohabitation. C'est comme un couple en ménage, mais en pire. N'ont-ils pas compris que le principal avantage du polyamour est de pouvoir dire à chacune de ses copines qu'on est avec une autre pour pouvoir prendre du temps pour soi et lire tranquillement ? Et à propos du polycule de l'article, il n'est pas si compliqué que ça, seulement, la journaliste décide délibérément de le présenter de façon confuse et alambiqué. Vous avez simplement deux couples hétéros et quasi-monogames formés (Samantha et Sylvain ; et Laurianne et Nounours), le premier avec enfants, le deuxième avec argent. Et puis vous avez un pont entre les deux, avec Sylvain et Laurianne qui sont amants. Ceci plutôt au détriment de Nounours, qui ressent de la jalousie et auquel la situation ne semble pas trop plaire, et dont le revenu semble profiter surtout aux autres. Il me fait l'effet d'un homme assez peu assertif, et susceptible de rester malgré lui, par peur ou par inertie, dans une situation qui ne lui convient pas. Ou alors, c'est seulement l'impression que la journaliste cherche à donner d'eux, impossible à savoir. (je devine le reste de l'article sous le paywall à partir des commentaires) Le polyamour, de façon générale et en lui-même, est certainement moralement supérieur à la monogamie, mais ce n'est pas pour autant que chaque relation polyamoureuse est saine et meilleure qu'une relation monogame. Et attends de découvrir "compersion", "polysaturation", "NRE" et "métamour"... Ce ne sont clairement pas des poètes qui ont créé tout le lexique, malheureusement. En ce qui concerne "polyamour", le croisement des racines est volontaire et choisi pour des raisons esthétiques. Et effectivement, en anglais, "polyamory", c'est assez beau. Le co-inventeur du terme s'en justifie :
  4. Le texte a l'air plutôt critique du post-modernisme dans l'ensemble. Qui est l'auteur ?
  5. Bizarre d'illustrer cet article par une image de Stranger Things, qui ne tombe pas du tout dans cette catégorie là (à moins de considérer que la seule présence d'un noir et d'une lesbienne parmi les personnages principaux suffit à être woke). Au contraire même, puisqu'elle repose sur la nostalgie des années Reagan, et qu'elle met plutôt en scène la victimisation du nerd et du freak (et dans la dernière saison encore plus), dans lesquels le geek pourra beaucoup plus facilement se reconnaître que le queer. Ceci dit, que *la* série à succès de netflix soit aussi la moins woke peut aller dans le sens de l'article. Mais dans tous les cas, il y a déjà eu un petit tournant dans la politique de netflix à ce sujet en général, non ? (mais j'ai du mal à l'évaluer, j'ai l'impression qu'ils ne sortent presque plus rien)
  6. On lit aussi, ici et là, que les acheteurs savaient, en réalité, que la maison était squattée (et mentent donc dans la petite vidéo), et ont pu l'acheter en dessous du prix du marché grâce à ça. Et d'autres part, que les squatteurs, qui auraient d'ailleurs été chassé para-légalement et de façon assez violente (et leurs enfants aussi), auraient eux mêmes "acheté" la maison en déboursant environ le même montant que le couple de nouveaux propriétaires légaux. Si cette partie là n'est pas un mensonge, le vrai coupable dans l'affaire me semble plutôt être celui qui a abusée de la crédulité d'une famille pour leur "vendre" un bien dont il n'était pas propriétaire.
  7. Un mauvais boulot reste un mauvais boulot, et un mauvais boulot qui implique l'usage de la violence reste un crime. Mais on peut toujours s'attendre à ce que ce soit moins fréquent si ce n'est pas de la part de l'état, et donc, il y a moins de raison de s'en méfier a priori. TIL, toutefois, même cette police semble définie par le fait qu'elle soit au service de l'état.
  8. Brave existe sur mobile aussi. Et même sans lui, sur téléphone, j'ai l'impression qu'il y a moins de pub sur le site yt que sur l'appli.
  9. Oui mais je n'ai pas participé au tour de manège précédent, j'ai envie de faire celui-ci ! (et même avant, ce n'est pas la première fois que cette discussion-ci a lieu) On n'appelle pas "policiers" les agents de sécurité privé. Je pense que le fait d'être au service de l'état et de jouir de certains privilèges fait partie du concept. C'est donc bien la police en elle-même qui est le problème, si on la définit ainsi, même si ce n'est évidemment pas le service de sécurité en lui-même. Et pour répondre à @Bisounours, ce n'est évidemment pas le fonctionnaire, de droite (flic/soldat) ou autre, qui en tant qu'individu est porteur d'un vice intrinsèque et incurable. Mais son mode de vie, ses sources de revenu, ses intérêts donc ainsi que les biais qui en découlent concernant sa compréhension de la société, tout ça ne le pousse pas à être un honnête homme.
  10. Non, pas plus que je ne lèche les tongs des entrepreneurs ou de qui que ce soit. Mais je m'attendrais, et assez rationnellement je crois, à avoir moins de raison de me méfier d'eux, tout comme pour n'importe quel service rendu autrement que par l'état à travers ses fonctionnaires.
  11. TIL qu'il existe une "espèce" de salamandres, toutes femelles, qui ne donnent naissance qu'à de nouvelles femelles, mais qui pour se reproduire ont besoin de mâles de différentes autres espèces. La nature est étrange. https://en.wikipedia.org/wiki/Mole_salamander#Hybrid_all-female_populations
  12. C'est toujours amusant de voir de nouveaux libéraux s'évertuer à prendre la défense de fonctionnaires.
  13. Concrètement, quelle était la différence entre leur milice et une police ?
  14. Fun fact : les castes en Inde ont été l'un des premiers systèmes de domination contre lequel on a cherché à lutter par la discrimination positive - à ma connaissance, LE premier*. Dès l'indépendance de l'Inde en 47, malgré le fait que le début de la constitution déclare ne pas reconnaître les castes (principalement sous l'influence de Nehru), la suite du texte (principalement sous l'influence de Ambedkar) prévoit différentes mesures pour venir en aide aux castes et aux tribus les plus défavorisées. Trois quarts de siècle plus tard, on peut établir que si le but était de faire disparaître les castes, ça n'a pas marché. (et ce alors même qu'on parle d'une discrimination entre des groupes qui ont souvent la même couleur de peau, la même langue et la même religion). *fun fact bis : à ma connaissance toujours, le deuxième pays à avoir tenté le coup est la Chine de Mao, qui a établi la liste officielle des 55 ethnies minoritaires (en plus de l'ethnie han représentant 90% de la population) afin de lutter contre le "chauvinisme han". Concrètement, il s'agissait de s'appuyer sur les minorités afin de contrer les populations desquelles émanaient traditionnellement le pouvoir, ces dernières étant susceptibles de faire obstacle à l'avènement du nouveau monde socialiste. Encore une fois, 70 ans plus tard, on ne peut pas dire que les ethnies minoritaires chinoises aient toutes été vraiment gagnantes à ce jeu là.
  15. Je suis vraiment le seul à avoir trouvé ce film nul ? (j'ai bien aimé Sympathy for mr vengeance, par contre)
  16. On se calme, je n'ai encore jamais parlé d'uniformes, moi. Sinon, je n'ai rien compris à cette histoire. Des flics anglais basanés sont venu semé le chaos à Paris, quelque chose comme ça ? En tout cas, je sais pourquoi je ne suis pas le foot.
  17. Intéressant, je n'avais pas envisagé les choses de cette façon.
  18. C'est juste la principale hypothèse concernant l'intérêt évolutif de l'anisogamie. Après, si tu as mieux... (dans tous cas, ça ne change rien pour le reste) Je parlais du gamète femelle. Chez les animaux gonochoriques, on a souvent une division des tâches à peu près similaire (c'est généralement le mâle qui va chercher la femelle, et la femelle qui s'occupe du plus gros des dépenses énergétiques de la procréation elle-même, d'où Bateman-Darwin, etc), ce qu'on peut sans doute expliquer par ce qui se passe d'abord au niveau des gamètes. (il ne s'agit pas de dire que les hippocampes ne peuvent pas exister, mais d'expliquer pourquoi c'est leur cas qui est une exception) Le truc c'est qu'on ne peut pas se priver de "ought", de normativité, ne serait-ce que parce qu'il faut des normes à la pensée pour pouvoir discriminer une bonne d'une mauvais description des "is". Mais refuser de faire jaillir les normes des faits, ce n'est pas forcément refuser les normes en elles-mêmes... Je suis plutôt kantien ici : les normes valent par elles-mêmes, indépendamment de la nature. Mais même si on refuse leur transcendance, il est plus facile d'y voir des conventions, des fruits de la liberté humaine, que de les trouver en observant la nature ou en disséquant des concombres de mer. Oh, mais je reconnais même qu'il y a un lien. S'il n'y avait pas de sexe, on aurait sans doute pas inventé les genres. Et une fois que les genres existent, si il y a quelque chose comme des tendances comportementales innées et différenciées en fonction du sexe chez l'humain, je veux bien croire que ça contribue à l'identification à son genre. Tout ce que je dis, c'est que ce lien n'est une nécessité ni naturelle (il a des exceptions, de fait) ni morale. Parfois, faire ce genre de distinction est rendu nécessaire par le contexte. Si on se met à discuter du fait que des blancs peuvent avoir un enfant noir, et bien il faudra se demander ce qu'on veut dire par "parent". De la même façon, la discussion actuelle implique de faire quelques distinctions (qui n'ont rien de plus compliquées que la précédente) dans ce que veulent dire les mots "homme" et "femme". Dans les milieux activistes, le critère sera plutôt la façon dont la personne se désigne elle-même. Personne ne va essayer de sonder l'âme des autres pour savoir s'ils sont "vraiment" du genre qu'ils prétendent être... (certains jouent à ça, et c'est très mal vu). Tu peux débarquer dans un groupe de parole en non-mixité de genre en disant être une femme ou non-binaire, sans rien changer à ta façon de te comporter, sans mentir sur quoi que ce soit d'autre que l'étiquette que tu te donnes, et je suis prêt à parier que personne ne te dira rien là dessus. Si jamais quelqu'un laisse insinuer que tu n'es pas à ta place, tu n'auras qu'à dire très clairement "non, je suis une femme", sans chercher à te justifier plus que ça, et on te laissera tranquille. (par contre, attention à ce que tu diras qui est susceptible d'offenser d'autres personnes... on y trouve parfois des gens *très* susceptibles) Mais un groupe militant, un espace de parole, etc, n'a pas la même fonction qu'une administration ou un tribunal. Le but de ces endroits est aussi d'offrir un espace où se sentir en sécurité pour des gens qui ont l'habitude de voir remis en question ce qu'ils sont. Quand à ce qu'est "vraiment" le genre, et bien, je pense que la plupart des transactivistes seront d'accord avec moi pour dire que c'est un objet social multi-dimensionnel. L'auto-identification en est une dimension, l'identification par les autres aussi (ça ferait grincer des dents, mais je pense pouvoir faire reconnaître à un activiste qu'une personne trans est "moins" de son genre si ce n'est pas reconnu par les autres), l'identité administrative aussi, le comportement aussi, son intériorisation aussi... Imagine une société dans laquelle l'adoption est souvent pratiquée de façon informelle, et n'est pas systématiquement enregistrée administrativement, ou encore, n'est pas toujours possible à faire reconnaître légalement. Et imagine devoir répondre à la question "qu'est ce que la parenté ?" dans cette société ! C'est un peu la même chose. Et si dans une telle société il y a des groupes de parole de personnes adoptées qui ont subi des discriminations pour cette raison là, on comprendra qu'ils se contenteront de se croire sur parole quand ils se disent les uns les autres adoptés, sans poser plus de question. Et bien, de fait, la natalité...
  19. "On"... Moui, vous remarquerez que les français et les allemands tentent de calmer le jeu et de trouver des solutions diplomatiques. Ce sont les anglais et les américains qui sont les plus vas-t-en guerre. Si on veut lire ça de façon réaliste, on dira que c'est parce que l'UE est proche du front et a surtout intérêt à ce que ça ne s'envenime pas, là où les anglo-saxons voient une façon "gratuite" (sans s'engager eux-mêmes, et avec un bon prétexte) d'affaiblir l'ennemi et modifier en leur faveur la balance des puissances. Mais reste que, qu'il y ait ou non des gentils et des méchants dans l'histoire, ce qui ne fait pas de doute est qu'il y a un agresseur et un agressé. Et au niveau international comme aux autres, c'est plutôt une bonne chose que les agresseurs se fassent taper dessus.
  20. Je ne suis pas nominaliste, bien au contraire. Mais c'est bien parce que je prends les idées platoniciennes au sérieux que je ne les confonds pas avec les mots et avec les catégories du langage courant. A propos de l'art, son autodestruction était programmé à partir de la création du concept "d'art"/de "beaux arts" à la fin du XVIIIème. Les plus grands artistes n'avaient pas de mot pour dire "art", et c'est hors de ce qui est estampillé art qu'il faut chercher la beauté. Quand aux woke, ils ont quoi, entre 15 et 25 ans ? Laisse passer leur crise d'adolescence, et on verra ce que ça donnera. Pour l'instant, leur morale est centrée sur le consentement, sur la communication pour établir celui ci, sur le devoir de ne pas interférer dans les choix de l'autre en ce qui le concerne lui-même, et sur la légitimité de la violence contre ceux qui outrepassent le point précédent. A très peu de chose près, c'est du HHH. (je ne sais même plus qui je troll ici)
  21. Mégille

    Shower thoughts

    Tiens d'ailleurs, le "monomythe" campbellien est peut-être partiellement vrai, non pas parce qu'il serait une sorte d'universel humain/d'archétype jungien, mais simplement par économie narrative. Parce qu'on a besoin d'avoir un peu toujours les mêmes personnages. (que l'on trouve notre même monomythe chez d'autres cultures serait alors dû à un biais d'observation, à une tendance à projeter nos propres structures narratives sur des histoires construites différemment. Je crois avoir lu des papiers allant dans ce sens là). J'allais demander si il fallait conclure de l'hypothèse de Dunbar et de la réflexion de Lancelot que plus on connaît de personnes réels, moins on peut s'attacher à des personnages fictifs, et inversement. Mais si plusieurs personnages fictifs sont en fait "le même" pour nous, affectivement, alors, sans doute que nous confondons aussi les personnages fictifs et des figures réels autour de nous. J'ai cru avoir un début d'épiphanie, mais en fait non, c'est un peu une réinvention de l'eau chaude.
  22. Oui. Il est motivé par le fait que la meilleure façon de se croiser, pour deux machins aveugles, est que l'un bouge alors que l'autre reste à sa place. Il est ensuite causé par le fait que tant qu'à faire, mieux vaut que ce soit celui qui ne bouge pas qui fasse le stock d'énergie pour la suite. Que celui qui stocke l'énergie a plus intérêt à y faire gaffe cause souvent plusieurs autres choses par la suite, notamment du coté du comportement. Mais "l'impératif biologique" (presque logique tout court d'ailleurs) dont il est question ici est seulement pragmatique, il n'est pas normatif à la façon des moeurs. Une vraie norme, un vrai impératif, c'est quelque chose auquel on peut désobéir, face auquel on peut commettre une faute. Une norme statistique, une moyenne, c'est tout au plus quelque chose à coté duquel on peut tomber, mais même ça, ça tombera souvent sous le coup d'une dispersion "normale". C'est simple, la nature, on ne peut pas la violer, on ne peut pas négocier avec, et quoi que l'on fasse, c'est toujours en obéissant à ses lois. Même si on est un enfant ogm transgenre adopté et ingénieur en physique nucléaire. Oui, il y a des trucs qui marchent bien et d'autres moins. Mais ça, c'est toujours au regard d'une fin contingente. Tu peux dire à une personne trans, ou pourquoi pas, à une personne qui se fait soit vasectomiser, soit ligaturer les trompes, qu'il s'agit d'une très mauvaise façon de transmettre ses gènes, il y a très peu de chance que la personne te réponde "ah zut, je n'y avais pas pensé !". La seule fin qui en tant que fin n'est pas contingente est la morale, et elle ne se trouve pas dans la nature. Et dire ça, ce n'est ni une bondieuserie ni une entourloupe postmoderniste, c'est un constat de base de la philo moderne, qu'on appelle la guillotine de Hume. A partir d'un "is", on ne peut pas dériver un "ought". Ou alors, on saute une étape quelque part. On peut chercher à contester ça, mais pas prendre ce problème à la légère. On était en train de parler de rôles sociaux, de ce qui était susceptible d'être naturel en eux, et donc des inclinaisons à avoir certains comportements. De ce coté là (tu noteras mon "là où" dans la phrase que tu cites), c'est bien la nature qui est continue et la culture qui est dichotomique. Les attentes sociales qu'on a face à une femme ne varient pas en fonction de son taux de testostérone (ou alors, seulement très indirectement), ses éventuelles inclinaisons comportementales innées, oui. Mais évidemment que la culture a aussi ses ambiguïtés, et la nature, ses contraintes. Par contre, je suis à peu près sûr qu'il est possible d'avoir un utérus fonctionnel et un clitoris protubérant se rapprochant d'un micropénis. Maintenant, est-ce que tout ça, ou même accoucher tout court, peut arriver à un homme ou non, et bien, il faudrait préciser ce qu'on veut dire par "homme". Encore une fois, c'est tout comme si tu me disais que deux blancs auront des enfants blancs... Je vois ce que tu veux dire, et je ne nie pas qu'il y a au moins un sens possible de ces mots selon lequel tu as raison. Seulement, sans tomber dans le relativisme, on peut reconnaître que les mots ont parfois plusieurs sens différents, et si tu cherches à te servir de ce bon sens là pour me nier la possibilité des enfants adoptifs, même sous forme d'insinuation, alors, je ne suis pas sûr que le bon sens soit resté de ton coté. Idem à propos les trans.
  23. En tant que comportement, ou disposition à avoir un comportement, ils sont susceptibles d'être en partie naturels (même si je doute que la nature aille jusqu'à s'immiscer dans les vêtements et la grammaire...), puisqu'il s'agit là de simples faits, mais en tant que normes, en tant que "il faut", non, puisqu'il n'y a rien de tel dans la nature. Alors il ne s'agit ni de normes légales (chez nous), ni de normes morales (je crois), mais tout de même de normes dans la mesure où il y a une injonction diffuse et une attente d'obéissance. D'ailleurs, c'est assez dommage que les éthiciens ne se saisissent pas plus souvent de ces normes douces (auxquelles appartiennent aussi la politesse et l'orthographe, par exemple), ça ressemble à une sorte de chaînon manquant entre la normativité morale au sens fort et le simple constat de faits humains, il y a sans doute quelque chose à en comprendre. C'est d'autant moins naturel que ces normes sont catégoriques là où la nature est souple. On attendra d'un homme qu'il soit fort et courageux et d'une femme qu'elle soit douce et compatissante même dans le cas exceptionnel où celui-ci est plus faiblement testostéroné que celle-là. D'ailleurs, dans la mesure où de telles inclinaisons comportementales innées existent, il y a fort à parier qu'une bonne partie des trans aient déjà été hors norme (statistique) à ce niveau là (puisqu'on se doute qu'une anomalie de cette sorte n'aide pas à s'identifier à son rôle de genre). Un homme trans dont je suis proche était, apparemment, déjà virile et solidement bâti avant sa transition, et de même, je connais plusieurs femmes trans qui avaient des traits fins et un corps délicat avant de transitionner. Ce n'est sûrement pas toujours le cas, mais il suffit que ça le soit un peu plus souvent que ce qu'aurait fait le hasard (et il serait surprenant que ce ne soit pas le cas) pour que la transition de genre soit en partie une nouvelle façon de se "conformer à la nature", quoi que ça puisse vouloir dire. Ceci étant dit, émettre l'hypothèse que la nature ait un moins grand rôle dans la détermination des comportements sexués chez l'humain que chez ses cousins n'est pas complètement aberrant. Après tout, on est bel et bien une espèce un petit peu particulière, notamment, justement, en ce qui concerne notre comportement et notre capacité d'apprentissage.
  24. C'est une autre question. Mon analogie reste valide, puisque dans les deux cas, parenté comme "genre", qu'on le veuille ou non, on mobilise des mots qui désignent tantôt un fait ou une relation biologique, tantôt un rôle social et un ensemble de représentations culturelles. Ex (de la confusion lexicale entre les deux dimensions) : coté parenté, on voudra distinguer le géniteur du parent, mais on parlera toujours de "cellule mère" et de "cellule fille" ; coté genre/sexe, on voudra distinguer genre et sexe, mais on voit le mot "genre" déborder du coté du sexe, et on emploie de toute façon des mots comme "masculin" et "féminin" pour désigner aussi bien des phénotypes que des genres grammaticaux, etc. Ce serait un problème conceptuel insurmontable... si on était tous idiots, et qu'on était incapable de prendre en compte le contexte ou de faire des périphrases lorsque c'est nécessaire. Dans le cas de la parenté, il y a une institution légale en plus, mais même sans celle-là, si on imagine que l'enfant (adopté ou non) est désormais majeur, et qu'on laisse de coté les questions d'héritage, il y a une certaine attente concernant ce que "l'enfant" doit être vis-à-vis de ses parents (il est susceptible de choquer s'il ne s'y conforme pas), et probablement un lien affectif fort pour les concernés. Idem coté sexe. Même si ce n'est juridiquement plus une catégorie pertinente, on a quand même des attentes implicites concernant ce que doit être/faire un homme ou une femme, en terme de vêtement, de pronom à employer, etc (dans des domaines qui n'ont rien de naturels, donc), et dans la quasi-totalité des cas, une forte intériorisation de tout ça. Tant qu'on est pas en conflit avec tout ça, c'est assez facile d'y voir quelque chose de très superflu et de s'y croire indifférent... Pourtant, je connais peu d'homme cisgenre qui n'éprouveraient aucune réticence à sortir maquillé et en robe pour aller faire ses courses. Il y a une forme de gêne, de peur d'être perçu comme autre chose que ce que l'on est... ce qui est philosophiquement assez problématique, mais ça me semble être factuellement le cas dans le comportement des gens. Le transgenre est simplement quelqu'un qui ressent cette gêne et cette réticence à jouer le rôle social (qui, en tant que rôle, n'a rien de naturel, et ne peut pas l'être puisqu'il est normatif) qui lui est attribué à la naissance. Si cette personne se met à performer un autre rôle, est perçue comme jouant cet autre rôle, et se "sent" conforme à ce rôle ci, alors il me semble qu'il faut dire que le genre joué par cette personne est son "vrai genre" dans la même mesure et de la même manière que quelqu'un peut-être dit être le "vrai fils" de ses parents pour peu qu'il y ait le rôle social, la signification affective pour eux, etc, avec ou sans parenté biologique. On pourrait rajouter la dimension administrative, qui est aussi un rapport tout à fait (socialement) réel sous lequel on est d'un certain genre, et dans certaines relations de parenté, mais ce n'est pas central ou essentiel. Je veux dire, même si l'adoption était interdite, il y aurait sans doute tout de même de "vraies adoptions" de facto (tout comme il y avait des enfants élevés par des couples homos avant que ça ne soit reconnu par la loi), qui, quoi que peut-être illégales, seraient vraies socialement et affectivement. Idem pour les trans, qui existent quel que soit le nom ou le sexe sur leurs papiers. Donc, oui, il y a des femmes qui ont des zizis. Ca peut faire sourire et sembler contraire au bon sens, mais on pourrait en dire autant du fait qu'il y a des noirs aux parents blancs. Dans les deux cas, ce n'est pas très compliqué à comprendre, ce n'est pas un affront à la nature puisque ça se passe uniquement du coté construit, et en soi, ce n'est pas non plus un péril pour tout ce qui est beau et bon dans notre civilisation.
  25. Quel débat d'infirme. C'est un peu comme si deux groupes se disputaient à propos du fait que des parents peuvent avoir un enfant (adoptif) d'une autre couleur de peau que la leur, et qu'au lieu d'argumenter ou de faire le moindre effort (et pourtant, ça n'en demande pas beaucoup !) pour comprendre ce que veulent dire les autres, les uns se contentent d'insinuations et d'appels moqueurs au bon sens (comme si le bon sens dispensait de réfléchir), et les autres, de pousser des cris scandalisés comme si les premiers proposaient de génocider les enfants adoptés. C'est exaspérant.
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