Mégille

Est-ce qu'on ne serait pas en train d'assister au début de l'inféodation de la Russie à la Chine ?

Pas d'accord. Le modèle poutinien est un vieux truc, ce qu'on faisait au XIX, là où nos pouvoirs sont toujours en train d'innover en matière de contrôle. Poutine cherche à limiter sa dette et à dépendre le moins possible de l'extérieur (bon, ça n'a pas été suffisant, visiblement...) là où on a transformé l'endettement perpétuel en un outil de domination ; il cherche à minimiser le chômage, quitte à ce que les travailleurs soient improductifs, pour éviter d'avoir une classe oisive possiblement mécontente et subversive, là où on entretient volontairement cette classe en la rendant dépendante du système, pour ensuite que les autres s'y assimilent et deviennent tout autant moralement dépendant ; il s'appuie sur l'église, sur les provinces les plus reculées et sur la masse inertielle de la société, là où on s'appuie sur les intellectuels, les artistes et les centres-villes, et le mouvement perpétuel, etc. Poutine, c'est le vieux monde de la discipline et de la vodka. Nous, nous sommes encore en train de bricoler le nouveau monde du contrôle, des anxiolytiques, des antidépresseurs et du cbd.

Je trouve Lordon trop inintéressant pour mériter une réfutation. A propos de cet article, je n'en ai lu que le début, mais j'ai l'impression qu'il défend la théorie des "ciseaux de Marshall", selon laquelle la détermination du prix impliquerait une offre (objective) et une demande (subjective), d'une façon analogue aux deux lames d'une paire de ciseaux, toutes deux nécessaires pour couper. De cela découlerait que les conceptions objectives et subjectives de la valeur seraient toutes les deux vraies et indissociables. Contrairement à ce que prétend l'article, qui semble très heureux de se croire très hégélien et très hétérodoxe et très profond en allant par là, il me semble que c'est bien la thèse néoclassique orthodoxe. En tout cas, c'est celle que j'ai vu dans les premiers chapitres de tous les manuels d'économie pour étudiants de L1 que j'ai potassé quand je n'avais que ça à faire. Si Lordon accuse la majorité des économistes de rester attaché à la valeur travail, alors il n'a pas tout à fait tort. Quel dommage qu'il n'ait pas entendu parler de l'école autrichienne (mais j'imagine que ça ne l'empêche pas de prétendre attaquer Hayek de temps en temps quand il lui faut un vilain). La réponse autrichienne à ça (avec laquelle Lordon serait d'accord ?) est que les deux cotés de la pair de ciseaux sont subjectifs, puisque lorsqu'il s'agit d'attribuer un coefficient à chaque heure de travail (une heure d'un ingénieur n'a pas la même valeur qu'une heure d'un ouvrier non-qualifié chez Marx), il s'agit en fait d'évaluer subjectivement la valeur de ce travail (enfin, d'une unité ajouté à la marge de ce type de travail). Les théories "objectives" de la valeur, en faisant découler celle-ci de l'offre, cherchent en fait à faire de la valeur d'une chose son coût (et à long terme, comme les marxistes aiment le dire, effectivement, celle-ci tend vers celui-là... à la condition que l'on ait une concurrence pure et parfaite, ce que les marxistes évitent de mentionner). Mais le coût n'est rien d'autre que la valeur subjective que l'on sacrifie. Un autre angle mort est que la limitation objective de l'offre ne vient pas seulement du travail, mais aussi de la nature, comme aime le rappeler Jancovici. Mais qui commet à son tour une nouvelle forme de théorie de la valeur objective, en donnant une petite cousine à la vieille physiocratie. J'ai arrêté de lire de l'économie autrichienne depuis un moment, puisque j'ai l'impression qu'on finit très vite par y tourner en rond et y répéter les mêmes banalités. Pourtant, à chaque fois que je tombe sur une nouvelle tribune d'un génie, en général français, qui prétend prendre un peu de hauteur sur l'économie en générale, on tombe toujours dans les mêmes écueils facilement réfutables par nos vieux autrichiens. Si seulement il y avait ne serait-ce qu'un ou deux cours, par-ci par-ci, sur Mises et Hayek au programme des licences d'économie en France !

Je trouve utile d'entendre ces gars dire que c'est l'accès à internet qui leur a permis de réfléchir. On se doute bien qu'en Russie, pour soutenir l'invasion, il faut vraiment se être limité aux médias les plus strictement contrôlés par l'état. Si seulement ceux qui veulent faire les gendarmes des réseaux sociaux pour lutter contre le complotisme et les fake news pouvaient le comprendre !

Valérie ? Anne ? C'est vous ?

Au fait, quel est le deuxième drapeau derrière Poutine lors de ses discours ? Celui avec le motif doré.

TIL que la Bible reconnaît, assez explicitement, l'existence de plusieurs dieux. cf Psaume 82:1 et 1 Corinthiens 8:5 (même si certains traducteurs cherchent à le masquer).

Entendu aujourd'hui dans le métro lyonnais, d'un grand blond qui parlait au téléphone juste à coté de moi : "les français ne savent pas se battre, qu'est ce qu'ils vont faire ?" ... "les ukrainiens, ces fils de putes" ... "le consulat d'Ukraine ? Je vais y mettre une bombe moi" ... J'ai eu du mal à comprendre le reste à cause de son fort accent d'Europe de l'est. Si c'était un troll de la part de ce garçon, bravo, ça m'a fait des frissons ! (no joke)

mdr, étonnant que personne n'ait revendiqué ce nom là. (tiens, j'ai une nouvelle idée de sanction humiliante pour les russes...)

Poutine a-t-il une chance de rester au pouvoir après ce conflit ? Les seules issues que je vois pour lui sont : soit d'abréger la guerre, de se contenter de quelques concessions mineures et faire un joli discours pour se prétendre victorieux, soit de monter en intensité et raser quelques villes ukrainiennes à coup de bombes. Je l'imagine mal obtenir la reddition de l'Ukraine autrement, et même en allant aussi loin et en annexant formellement le pays, il risquerait tout de même de continuer à avoir à faire durablement à une résistance locale. La première solution serait une défaite, quoi qu'il dise, il paraîtrait faible. La deuxième solution ferait de lui un criminel de guerre sanguinaire. Dans les deux cas, il me semble qu'il perdrait le soutient de son peuple et de son élite à la fois, et qu'il s'exposerait à d'autant plus de sanctions extérieures. Combien de temps pensez vous qu'il ait devant lui ? Quelques mois ? Quelques années (avec une chance de se rattraper ?) ? Et à quoi peut-on s'attendre après lui ? La question se décline en : Simple changement de managment de la dictature, démocratisation, ou chaos ? Qui pour prendre la relève ? Navalny ? Les communistes ? Un pro-occident (Kasparov ?) ? Quelle nouvelle relation avec l'occident d'un coté, la Chine de l'autre ? Pourrait-on se retrouver avec une Russie à la solde de la Chine ? Ou bien, pour profiter de la faiblesse, voire du chaos, en Russie, la Chine pourrait-elle en profiter pour prendre Vladivostok, voire un bout de l'Extrême-Orient russe/de la Sibérie ? Enfin, quel rapport avec la Biélorussie ? S'il avait prévu d'annoncer une "grande Russie" avec Ukraine et Biélorussie le 26, c'est que les négociations pour se rapprocher de cette dernière ont bien avancées à notre insu. Peut-on s'attendre, si Poutine tombe, à ce que Loukachenko mette à exécution de projet de réunification, et en profite pour enfin mettre la main basse sur la Russie, comme il avait tenté de le faire dans les années 90 ? (les russes l'accepteraient-ils ?) Ou bien, peut-on s'attendre à ce qu'il soit lui aussi impacté par la piteuse de guerre, au point que l'on voit deux tyrans tomber d'un seul coup ? edit : oh, et que Poutine tombe ou non, on risque aussi d'avoir un impact sur le Caucase de cette affaiblissement de Poutine/de Moscou. Les Tchétchènes vont-ils rester loyaux, où vont-ils avoir une nouvelle poussée indépendantiste ? L'Azerbaïjan pourrait-il avoir envie de croquer un nouveau bout d'Arménie ?

Il y a plus de raison de croire en la naissance miraculeuse de Platon qu'en celle de Jésus. On raconte que Platon est né d'une mère vierge par une intervention divine, après que ça ait été annoncé par une vision à Socrate. La source serait Speusippe, neveu de Platon mort seulement 8 ans après lui. Quand à Jésus, il faut attendre une cinquantaine d'années après sa mort pour avoir des récits de sa naissance, chez Mattieu et Luc. En plus, ces deux récits sont incohérents, et les sources plus anciennes (Marc, qui écrit dans les années 70, et Paul, dans les années 50) ne mentionnent rien de spécial sur la naissance de Jésus. (J'accepte Platon comme mon prophète, donc je ne nie pas que Jésus soit un héros, je dis seulement que c'est moins certain dans son cas que dans celui de Platon)

En général les conflits jouent sur les élections en aidant le pouvoir en place à se maintenir, sans doute que les électeurs expriment un plus grand désir de stabilité et de sécurité dans ces conditions, ce qui n'est pas irrationnel. Les POTUS en usent et abusent généralement de façon assez grossière, avec plus ou moins de succès. Avec qui Trump jouait les gros bras en fin 2015/2016 encore ? Iran ? Si la réélection de Macron n'était pas encore jouée, maintenant elle l'est. Les seules choses qui auraient pu bousculer ça aurait été des attentats islamistes, qui auraient pu faire monter la droite, ou une crise économique touchant les classes populaires, ce qui aurait pu faire monter la gauche (à chaque fois, du coté populiste). Il a fallu que ce soit une guerre. Bingo pour Manu.

Nan, la papauté n'existait pas vraiment encore. Ca devient vraiment quelque chose à partir de Grégoire le grand (sous le règne de Justinien). Auparavant l'évêque de Rome n'a pas une très grande importance, et est susceptible d'être effacé devant la personnalité d'autres évêques latins plus populaires. Lorsque Théodose Ier souhaite montrer sa soumission à l'Eglise, c'est devant Ambroise de Milan qu'il fait pénitence, pas devant le pape. Et c'est même par sa conquête des âmes des barbares que le pape a acquis sont pouvoir (c'est Grégoire qui a fait évangéliser les germains et les bretons). Non, les wisigoth étaient des bons ariens. L'âge d'or. Je ne suis franchement pas sûr que le Pape ait eu le pouvoir de nommer les évêques avant cet épisode (même si l'Empereur n'en monopolisait sans doute pas encore le pouvoir). On peut dire que la papauté telle qu'on la connait s'est justement construite à la suite de cette épisode, par une affranchissement progressif de l'empire du clergé romain, après que celui-ci ait été solidifié et transformé en une solide bureaucratie sous les ottoniens qui en avaient besoin comme relais de pouvoir. Celui là est quand même pas mal lié au grand schisme d'occident, les deux étant le fruit de la tentative de prise de contrôle de la papauté par Philippe le Bel. /HS Concernant les sorcières, même si le nombre de victimes est souvent exagéré, et qu'il est évident que les femmes de l'époque ne se sont pas particulièrement serrées les coudes contre ça, ça reste un épisode d'une rare violence du début de la modernité, et qui peut difficilement ne pas être considérée comme une marque d'une forte misogynie généralisée. (laisser insinuer que ce serait le fruit d'une lutte des femmes entre elles me semble injuste, par contre. Crâmeur et les autres experts en bbc de l'époque étaient bien des hommes)

Est-il possible que Poutine ait lancé cette guerre dans l'espoir de gagner en popularité et de raffermir son autorité en Russie ? (en ayant des informations que nous n'avons pas sur sa popularité réelle) Je veux bien qu'il soit mégalomane et qu'il ait envie de recréer l'URSS, mais jusqu'à il y a quelques jours, toutes ses décisions obéissaient à une stricte rationalité machiavélienne, toujours en vue d'une seule fin, se maintenir au pouvoir. Et généralement sans prendre plus de risque que nécessaire. A supposer qu'il soit effectivement en train de se prendre une rouste et que son invasion en règle soit pragmatiquement idiot de sa part, j'ai plus de facilité à croire en une erreur de calcul qu'en un coup de folie. Peut-être voit-on enfin la fin de l'ère Poutine. S'il perd, qu'est-ce qui pourrait être exigé de la Russie ? Outre la restitution de la Crimée.

Ah bon, tu ignorais qu'il était un humoriste talentueux ?

De tous les détails obsolètes, le plus drôle est celui de croire qu'on aura encore du gaz en avril. Mais vu qu'après tout c'est pour Hidalgo, on pourrait presque croire que le dessin est récent.

En tout cas, je plains le comédien ukrainien qui a cru bon de se faire élire président.

C'est donc ça, le sens de "rush b" ?

Même si c'est en vue de l'annexer juste après (mais sans doute pas avant d'y avoir fait un référendum), est-ce que les russes ne se battent pas simplement pour rendre officielle une situation déjà réelle, à savoir que l'est de l'Ukraine est de facto indépendant et ce depuis 2014 ? Ce sera humiliant pour les USA, mais est-ce que ça nous concerne vraiment plus que l'annexion de la Crimée ? Peut-être que Poutine est fou au point de continuer ensuite avec les baltes et la Finlande, mais ce serait extrêmement différent, ceux là ne sortent pas de près de 20 ans de crise et de conflit interne entre nationalistes et pro-russes, et n'ont pas de territoires occupés depuis près d'une décennie par des mercenaires à la solde de Moscou. Ce qui risque de suivre, par contre, est le retour du plan pour "l'Europe de la défense", qui fera de l'UE, concrètement, un état fédéral.

Ah c'est bon, merci beaucoup !

C'est gentil, mais tes photos n'apparaissent pas !

Plus possible, j'ai fini par tenté d'essayer de me connecter, et maintenant, j'ai seulement un message d'erreur quand je cherche à accéder à la page, même depuis un autre navigateur et en utilisant le lien du thread. Je ne sais pas ce qui a merdé ni où.

Il faut voir si quand on dit "chopé" on dit "avoir été testé positif/être infecté" ou "être malade".

Je m'énerve contre twitter depuis 30min et je suis complètement incapable et de lire ce thread, et de me connecter. Est-ce que quelqu'un aurait l'amabilité de partager un screenshot/un déroulé ou je ne sais quoi ? Je suis encore en train de me retenir de détruire mon ordinateur avec les dents.