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poincaré

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Tout ce qui a été posté par poincaré

  1. Dans la tradition islamique, le voile se conçoit par rapport à Dieu, et non par rapport à l'Autre. La femme voilée se fiche du regard des autres, il s'agit avant tout de sa relation avec Dieu (bien entendu, pour celles qui le portent par conviction). J'ai trouvé ce joli verset pour illustrer : "Il n’a été donné à aucun mortel qu’Allah lui parle, sinon par révélation ou de derrière un voile" (XLII, 50) (la question de savoir s'il s'agit d'une prescription divine ou simple recommandation est un autre débat )
  2. Si on s'en tient strictement à la définition du Code pénal, à savoir un critère de répétition + critère intentionnel (i.e. volonté d'altérer la santé physique ou mentale de la personne), alors ce que les féministes appellent "harcèlement de rue" n'existe pas à proprement parler. Un peu de rigueur dans les termes ne ferait pas de mal. Le plus dangereux à mon sens n'est pas de se faire suivre sur 800m pour être invité à aller boire un café, mais d'élargir la notion de harcèlement dans le but de maximiser la répression. Encore une fois, la réponse la plus efficace aux incivilités n'est autre que la pression sociale. Je l'ai maintes fois constatée, que ce soit dans les transports en commun (le chauffeur de bus qui refuse de démarrer jusqu'à ce que les usagers virent le petit caïd refusant de payer son ticket) ou dans la rue (les zonards de la Guillotière qui éteignent leur musique après s'être fait engueuler par un riverain). L'effet indésirable lorsqu'on prend l'habitude de se reposer systématiquement sur la loi pour le moindre inconvénient de la vie en société, c'est 1- qu'on ose moins se défendre soi-même, une sorte de confiscation de la réponse (à quoi bon ? l'Etat, qui me considère comme une victime, sera là pour intervenir) 2- qu'on se retrouve face à une réponse politique teintée de bonnes intentions, mais parfaitement idéologue (vision manichéenne des rapports hommes/femmes, cf "reconquête républicaine de l'espace public") et disproportionnée (contravention pour "outrage sexiste", élargissement de la définition de "cyber-harcèlement").
  3. D'un autre côté on ne peut pas trop leur en vouloir : ils sont biberonnés par la propagande de l'EN depuis le secondaire. Et difficile de développer un esprit critique sur le rôle de l'Etat au vu du manque d'éclectisme dans le corps professoral. La philosophie du droit devrait être enseignée dès le début de licence, c'est la base. Le minimum pour être capable de développer une réflexion sur ce qu'est le droit, son objet, quels outils pour mesurer sa valeur. Beaucoup n'ont aucune connaissance de ces fondements, ne serait-ce l'école positiviste ou jusnaturaliste. A la place, on nous demande d'intégrer bêtement des normes juridiques sans se poser les questions élémentaires : par exemple, pourquoi créer un droit du travail ? en quoi est-ce nécessaire ? quelles sont les motivations de l'intervention politique ? sur quelles théories juridiques repose notre système pénal ? quel est l'objet de la peine ? pourquoi incriminer des actes qui ne violent pas les droits d'autrui ? quelle place pour l'idéologie ? C'est une option qui ne dure qu'un semestre en master. Désolant. Pour l'instant, j'hésite entre trois mentions différentes (privé/pénal/histoire). J'ai voué un intérêt précoce à la pensée de Beccaria, je savais que je voulais faire une thèse dès la L2, et par dessus tout, je sais que je serai malheureuse si je ne fais que du droit pur. En soi les normes je m'en fous, c'est ce qu'il y a derrière qui m'intéresse (rapport Etat/protection des libertés individuelles). C'est vrai, merci du conseil Je verrai, il me reste un an pour décider.
  4. Pour l'instant j'ai encore le simple statut d'étudiante, mais c'est bien ce à quoi je me destine. La plupart n'ont qu'une mince connaissance de ce qu'est le libéralisme, comme la plupart des gens. Pour te donner une idée, on m'explique en cours que la conception française de la liberté d'expression n'est autre que de "l'étatisme-libéral" (dans ce cas j'évite d'intervenir pour dire que ce terme n'a aucun sens), que l'imposition des entrepreneurs étrangers est rendue nécessaire pour le bon fonctionnement du service public et de l'éducation nationale (j'évite de vomir sur les bancs de l'amphithéâtre). Ou lorsque je me tue à expliquer à des avocats que les US n'est pas un pays libéral, qu'il y a juste des Etats plus libéraux que d'autres, la conversation atteint très vite un point de non-retour. Mais c'est vrai, la pénalisation à outrance, ils trouvent ça débile. Même animée par des motivations féministes. Cette année, j'ai eu l'agréable surprise de tomber sur un doctorant qui se questionnait sur la régulation systématique des relations contractuelles. Réactions : sans l'Etat, comment les individus vont-ils être protégés ?
  5. Obviously, l'exemple du contrat de bail était un peu facile. Mais les fiscalistes pourraient se reconvertir en droit des affaires ou droit du travail, qui peuvent rapporter beaucoup également. Ce que tu dis n'est donc potentiellement vrai que dans des domaines bien spécifiques.
  6. Encore faudrait-il établir le lien de corrélation entre leurs opinions interventionnistes et leur métier. Bien au contraire, je n'ai pas le sentiment qu'il s'agisse d'une particularité propre aux juristes. Tous les doctorants en droit avec qui j'ai pu en discuter se plaignaient de cette intervention systématique de l'Etat, autant sur le plan pénal (loi casuistique pour faire plaisir à l'opinion publique) que civil (régulation de toute relation contractuelle). Quant à l'explication "régulation = plus de travail = content", elle me parait un peu simpliste. Supprimer formellement un contentieux ne fera pas disparaître le contentieux lui-même (exemple: le droit administratif), ni certains juristes spécialisés dans ce contentieux (ils se reconvertiront).
  7. Aujourd'hui j'ai croisé un bourgeois du 6ème, la quarantaine, arborant fièrement un immense portrait de Che Guevara. Comme quoi. Certains idéalistes sont imperméables à la honte.
  8. Bienvenue.
  9. Mais surtout, je me demande ce qu'ils préconisent à la place de la sélection parce que la loi ORE ne l'instaure que lorsque la demande est supérieure à l'offre (ce qui existe déjà dans certaines filières niveau master, en droit notamment). On connaît les ravages du tirage au sort.
  10. C'est déjà arrivé. Conséquence : un autre vote a été organisé une semaine plus tard, le résultat allait dans leur sens, et ils ont décidé que celui-ci primerait sur le précédent.
  11. Evidemment. C'est la tyrannie de la minorité, malheureusement ce sont eux qui font le plus de bruit dans les médias. Les dissidents ne parviennent pas à se faire entendre: ni dans les AG (on leur arrache le micro), ni dans les médias (leur action est interne, auprès de la présidence; ils ne cherchent pas la visibilité). Normal, la plupart se fout de la politique. Ce qu'ils veulent, c'est passer leurs examens. Et vous seriez également étonné si je vous disais à quel point les opposants à la loi ORE sont moqués et ridiculisés sur internet. La majorité a bien compris qu'ils n'étaient pas face à des démocrates, mais à des révolutionnaires en plein délire égalitariste qui ne représentent qu'eux-mêmes.
  12. La beauté rassurante de Claire Danes.
  13. poincaré

    Nécrologies

    Il le dit lui-même: les gens sont fascinés par le fossé qui existe entre son handicap physique qui le paralyse et l'immensité de son domaine d'étude.
  14. Ma théorie, c'est qu'il y a déjà quelque chose qui leur fait défaut dans le cerveau. Leurs convictions sont intégralement fondées sur l'affect; le pathos prédomine sur la raison. Quand tu analyses chacune de ces phrases, pas une seule n'obéit à une quelconque rigueur intellectuelle, aucun raisonnement logique, les prémisses sont fausses, les conclusions le sont aussi, bref, c'est de la bouillie intellectuelle. Tu pars d'un sentiment haineux, tu l'appliques aux rapports homme-femme, tu construis toute une théorie politique qui prend racine dans le marxisme et là, tu as le féminisme radical : pénalisation à outrance (pénétration, prostitution), encadrement de la sexualité, contrôle des mentalités (décolonisation mentale). On peut au moins leur reconnaître une qualité : elles ont beaucoup d'humour.
  15. Oui, j'avais vu que tu l'avais publié ici Ça m'a beaucoup aidée au sujet de l'athéisme. Voilà, nous y sommes. Pour lui, il n'y a qu'une condition humaine. Et c'est au moins là qu'il est un peu cohérent avec sa pensée : pas de nature humaine, donc pas de droit naturel, à savoir de droits inhérents à l'espèce humaine qui trouvent leur propre justification en eux-mêmes, DONC pas de critères objectifs à la disposition de l'Homme pour juger la valeur de telle action.
  16. Rousseau, le mec qui se contredit à chaque paragraphe ? Rien que sa conception de l'état de nature est incohérente : "l'homme est bon, charitable et altruiste dans l'état de nature" OUI MAIS "les seules guerres qui existent dans l'état de nature sont des guerres de subsistance". Faut savoir. Platon ? On va mettre des glandus de philosophes au gouvernement (gage de compétence), leur interdire de s'enrichir et d'avoir une vie privée pour ménager l'intérêt de la population ? Bon. Il est maintenant temps de relire L'homme révolté avant d'attaquer l'existentialisme chrétien de Kiki.
  17. Oui c'est ça. On peut le prendre en sens inverse : si je ne peux qualifier telle action d'exploit, par exemple une avancée scientifique en cosmologie, suis-je également mal placée pour juger tel régime politique ? "Il faudrait être un animal pour ça" ou "l'homme n'a pas la légitimité pour juger ses pairs" revient à dire que ses critères pour juger de la bonté d'une action sont vains... c'est absurde. Que faire de la raison ou du droit naturel dans ce cas?
  18. Ils me bouleversent par leur incohérence oui, et par le relativisme qu'ils laissent sous-entendre.
  19. Certains passages de "L'existentialisme est un humanisme" me bouleversent depuis hier. Sartre rejette ouvertement l'humanisme classique selon lequel l'homme est conçu comme une valeur supérieure, une fin en soi. Il prétend qu'un tel humanisme conduirait au fascisme (wtf). D'après lui, l'homme ne peut juger la grandeur d'une action humaine, encore moins en tirer une quelconque fierté. Il n'a pas la légitimité pour juger ses pairs : "Seul le chien ou le cheval pourraient porter un jugement d'ensemble sur l'homme et déclarer que l'homme est épatant (...) On ne peut admettre qu'un homme puisse porter un jugement sur l'homme." (p.75) Comme si l'homme était incapable de juger en fonction de critères objectifs; qu'il était impossible de donner à l'homme une quelconque valeur objective. Considérer que les jugements des hommes sur eux-mêmes ne valent rien, qu'il n'y a pas de jugement supérieur à un autre, n'est-ce pas une forme de relativisme ? Idem pour la morale de l'existentialisme athée. D'un côté, Sartre affirme que l'existence de Dieu n'a pas d'importance en ce qu'elle ne changerait rien. De l'autre, il affirme que l'absence de Dieu est gênante pour l'existentialiste puisqu'elle conduit a priori à l'absence de tout bien ou mal (p.38). De fait, l'athéisme est indissociable de la morale existentialiste. Sans Dieu, pas de bien ni de mal. Une fois de plus, une telle conclusion ne parvient-elle pas à du relativisme ?
  20. Oui. Du capitalisme de connivence, en somme.
  21. Le "néolibéralisme" n'est qu'une vaste supercherie. J'ai cru comprendre que, pour ceux qui utilisent ce terme, il y eut une rupture (?) depuis les années 80 avec des gouvernements comme Thatcher. Ce qui, en soi, n'a aucun sens puisque : 1/Thatcher était avant tout une conservatrice, et libérale seulement sur le plan économique. 2/Le libéralisme ne peut pas être radical en ce qu'il limite l'exercice de la liberté par les droits d'autrui. En soi, le néolibéralisme n'est rien d'autre qu'un ennemi imaginaire qui désigne, sans le savoir, les méfaits de l'Etat providence. Joyeux constat. Et effectivement, on s'en tape des inégalités. La seule égalité qui vaille, c'est l'isonomie. Le reste n'est qu'une lubie socialiste qui n'a jamais eu d'autres effets que de dégrader le niveau de vie global de la population par des moyens coercitifs.
  22. Le fondement juridique de la condamnation me semble plus que douteux. J'aimerais qu'on m'explique où se trouve l'infraction à la législation des médicaments. A mon avis la justification réelle est évidemment politique. J'ai remarqué une chose cependant : le peu de Juges, Procureurs que j'ai pu rencontrer ont toujours été très marqués politiquement sur certaines questions. Tu sais, pour beaucoup, le commerce de la drogue est un jeu à somme nulle, cela revient à s'enrichir "sur le dos" des consommateurs. Pas étonnant qu'on se retrouve après face à de tels jugements.
  23. Quand l'État se pose en censeur de la Vérité : http://lemonde.fr/idees/article/2018/01/04/fake-news-les-risques-d-une-loi_5237529_3232.html La liberté d'expression et la liberté de la presse auraient donc pour effet de "pourrir la vie démocratique". Bien.
  24. poincaré

    Nécrologies

    Cet homme n'a donc aucune décence. On parle d'un deuil national et lui ne peut s'empêcher de brailler : "monument religieux contre-républicain", ce terme n'a aucun sens. Et je note qu'il s'est pourtant gardé de faire le signe de croix. Au moins Macron donne l'impression de comprendre les fans, même si je doute de la sincérité de son discours. Mais au moins, il a été correct à l'égard de la famille. Toutes ces caméras jusque dans l'Eglise, j'ai eu à un moment donné le vague sentiment qu'on leur vole leur deuil. Tant mieux si cet hommage est un moyen pour lui de s'auto-convaincre qu'il est proche des classes populaires.
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