Aller au contenu

Vilfredo

Membre Adhérent
  • Compteur de contenus

    6 838
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    17

Tout ce qui a été posté par Vilfredo

  1. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Si la police est parfois attaquée, c'est aussi parce que la police fait un emploi illégitime de la force qui ne favorise pas sa légitimité ou son autorité. Là encore, on oppose binairement la police qui représente l'ordre et les voyous qui sont le désordre. Mais la force employée façon Duterte, ça n'est pas l'ordre, c'est le plus grand désordre. La réponse à ça n'est pas un emploi encore plus massif de la force. Et on a un fil entier sur les abus de la police, donc nous aussi on "conteste la légitimité de l'Etat" (il y a même quelques anarchistes sur ce forum, attention). C'est un peu étonnant d'ailleurs d'entendre parler de laxisme ambiant au moment où le ministre de l'Intérieur défend une loi controversée sur l'interdiction de filmer les policiers en exercice. Après on s'étonne que ça ne se traduise pas par de meilleurs résultats sur le terrain. Alors comme ça la politique de l'Etat ne serait pas efficace? Relisez ce post de @poney On serait bien malchanceux que cette petite fraction de personnes ne soit pas dispersée dans plusieurs communautés. Charles Murray team rpz.
  2. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Au risque de passer pour un original, je crois effectivement qu'il y a une différence entre la gestion étatique et la gestion privée. A plusieurs niveaux.
  3. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Je suis abasourdi car c'est précisément ce que je pensais Mais plus sérieusement oui, il y a autre chose que le recours à l'Etat pour garantir la sécurité (ce n'est pas une grande découverte sur liborg), des initiatives locales contre la délinquance, des copropriétaires qui vont les vigiles (même à Paris), et je vois d'un très bon oeil tout ce qui peut favoriser le renforcement des liens communautaires, qui sont un rempart plus durable et plus sain à la montée de l'incivilité (documentée sur ton propre blog). Quant à la guerre civile qu'on annonce à chaque agression, on l'attend depuis Le Camp des Saints. Et tous ceux qui émettent des doutes sont "naïfs". C'est un peu facile. S'il n'y a que la force, qui décide de qui doit être protégé et qui doit être sanctionné? Ce n'est pas comme si, dotée de tels pouvoirs, l'armée s'en tenait rigoureusement à la protection de la veuve et de l'orphelin. On est à l'abri dans un cachot comme dirait l'autre.
  4. Pour toi ou pour Hobbes? Parce que si c'est pour Hobbes, alors pourquoi s'emmerder avec tout le machin autour de la représentation et le contrat? Autant défendre l'absolutisme direct. Je suis le roi, c'est moi qui décide.
  5. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Les militaires qui prennent le pouvoir c'est assez typique pourtant. Ce n'est pas totalement un hasard si certains ont été accueillis par Franco. Je veux bien qu'on parle de néo-colonialisme (avec les SAS comme nouveaux Bureaux arabes), mais ça n'est pas comme si c'était incompatible. Le problème c'est de savoir comment on la garantit. Ce n'est pas parce que c'est un droit de l'homme qu'il n'y a qu'une seule manière de le garantir. Certains sont littéralement d'ex-membres du FN (Jean-Pierre Fabre-Bernadac e.g.) pourquoi plus de la moitié des militaires votent FN ? Ce qui est dit, c'est que si on ne fait rien, ils "devront" intervenir. De leur propre chef ou sur ordre, ça n'est pas dit:
  6. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Je ne suis pas très d'accord avec l'article. Que la probabilité d'un putsch soit quasi nulle et l'agitation autour exagérée, sans doute. Mais une tribune de militaires pour les 60 ans du putsch des généraux (pour le coup effectivement fascistes) n'est pas réductible à un avertissement genuinely concerned sur le délitement du régalien. Comme si l'enfer social des banlieues allait être contenu à coup d'interventions militaires en plus. C'est pas plus réaliste que le wishful thinking des gauchistes qui se plaignent qu'on y investisse pas assez d'argent. Dans les deux cas, les auteurs ne voient qu'une dimension du problème (le 'laxisme'/la pauvreté) avec une solution (la matraque/l'helicopter money). C'est de la mauvaise politique. En fait c'est même pas de la politique du tout. C'est aussi de la mauvaise littérature: une bonne partie de la tribune, c'est de la magie des mots pour faire peur aux ménagères sur les hordes, le chaos et les rivers of blood. Enoch Powell écrivait mieux ses discours que ces scribouillards. J'avais eu la même réaction quand il y avait eu l'affaire autour du général de Villiers. La configuration d'un affrontement strict entre l'exécutif et "la rue" doit alarmer les libéraux. Je n'accorde pas une miette de sympathie ou de franchise à ce "cri du coeur" larmoyant des militaires du FN.
  7. Heureusement les cycles sont de plus en plus courts.
  8. Dans le Léviathan, Hobbes avertit qu'il est déraisonnable de faire le premier pas dans les contrats individuels, parce qu'on risque d'être le sucker. Bizarrement par contre, dans le cadre de l'association civile, y a pas de problème. Pourquoi? Parce que l'association civile est nécessaire à la préservation de ma vie. Mais la préservation de ma vie n'est pas nécessaire en soi. Ça a tout aussi peu de sens que de dire que, sous prétexte qu'il est nécessaire d'aller acheter des pommes pour faire une tarte aux pommes, il est donc nécessaire que j'aille acheter des pommes. Oakeshott prévient cette critique en disant en gros: quand bien même certains free riders se défausseraient, il est raisonnable, au vu du tradeoff, de supposer qu’un nombre suffisant signerait le contrat de sorte que les free riders soient ensuite contraints à le signer par l’autorité ainsi instituée. Cette explication pose toutefois un problème majeur : en quoi la coercition est-elle légitime pour ceux qui n’ont pas signé le contrat? Alors certes, la peur est une motivation forte, en plus de la raison, dans la signature du contrat civil. Mais elle pouvait aussi être une motivation forte dans les contrats privés. So that doesn't prove a thing.
  9. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Suivie par la phrase la plus Bescherelle. On devrait remplacer par: Toutes les opinions sont des opinions, mais certaines le sont moins que d'autres.
  10. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    Le maire de Marseille est choquée.
  11. Que le taux de mortalité pour les jeunes est tellement ridicule que les vaccins sont inutiles et même contre-productifs parce que c'est sain pour leurs systèmes immunitaires d'être exposés à autre chose qu'aux mains de maman. Hardness ever of hardiness is mother.
  12. ça fait penser à
  13. Si le peuple le fait c’est ok (Le melenchonnisme in a nutshell)
  14. C’est plutôt l’opposition extrême entre les partisans de chaque camp qui tient du fanatisme religieux. Et par ailleurs oui, les leaders politiques sont dotés d’une aura messianique (Obama) mais ça n’est pas si nouveau.
  15. Pas tout à fait parce qu'on est responsable de prendre le volant/de pas avoir prévu de rentrer autrement. La voiture est ce qui conduit ensuite la chaîne d'événements (Mec bourré --> voiture --> accident). Dans le cas de Traoré, il n'y a pas l'équivalent de cet intermédiaire. On ne peut pas être sûr qu'il s'est drogué pour ceci ou cela, tout simplement parce qu'une fois drogué, il me paraît douteux qu'on puisse savoir ce qu'on va faire (sinon on ne parlerait même pas de l'innocenter), donc la drogue n'est pas un instrument. En revanche, drogué dans une voiture, tu es sûr que tu es dangereux (même si tu ne fais pas de dégâts, par miracle), ce qui fait que si qqn s'est bourré et est monté dans une voiture dans l'intention claire depuis le départ de buter des gens, il tombe sous le coup de la loi, et s'il s'est bourré et a pris sa voiture par mégarde, bah il tombe sous le coup de la loi aussi. En revanche, un mec purement drogué sans voiture ne présente pas le même danger. On peut argumenter que lui en présentait un à cause des antécédent (les insultes antisémites), certes. Mais ce n'est pas contradictoire de condamner l'ivresse au volant et de l'absoudre lui de la responsabilité pénale. Je ne sais plus mais je crois que he made his way inside. Oui. Je répondais seulement à @Tramp pour dire que sa "folie" n'était pas juste occasionnelle.
  16. Apparemment non justement. Le mec avait dit se sentir "oppressé" en voyant un Talmud ou une Torah chez Mme Halimi si je me souviens bien. J'ai l'impression c'est son antisémitisme qui était proprement pathologique. La drogue est venue en plus, et il en avait pris à haute dose.
  17. Il y a de meilleures façons de le faire. En descendant dans la rue, ils font pression sur le gouvernement et veulent faire rejuger l'affaire entre eux en Israël. Ça ne fait que renforcer l'exécutif et affaiblir la séparation des pouvoirs (à une époque où la justice n'a déjà pas bonne presse). La justice a ses propres recours, qui ne sont pas la rue. De plus en plus, le jeu politique oppose "la rue" à l'exécutif, au mépris de tous les autres pouvoirs, et ça me paraît une très mauvaise dynamique pour la liberté.
  18. Oui mais merci quand même. Ce qui m'intéresse plus particulièrement c'est l'ambivalence dans l'usage de ce terme, que Locke utilise pour désigner des types d'organisation politique qu'il désapprouve (pirates), pour donner l'exemple du gouvernement qui ne respecte plus son but initial, mais aussi pour des organisations politiques volontaires, consensuelles et contractuelles (les Indiens) qu'il devrait approuver... Je voudrais donc 1) mettre la main sur ses sources pour les pirates (les travaux de Leeson m'intéressent) et les Indiens (il travaillait au ministère du Commerce donc je penses que ses documents viennent de là) 2) retracer le sens d'"anarchy" à l'époque, sachant qu'en plus de ce que tu dis (qui s'applique aussi à Hobbes, qui prend aussi l'exemple des Indiens, mais dans un sens plus strictement négatif; ce qui est curieux chez Locke, c'est que sa philosophie politique est assez anarchy-leaning, c'est l'interprétation de AJ Simmons), Locke a sans doute en tête The Anarchy of a Limited or Mixed Monarchy (1648) de Filmer, dont Locke traite dans le First Treatise (§7) 3) examiner la postérité de ce concept d'anarchie libérale, qui n'est pas l'anarcho-capitalisme, mais qui consiste plutôt, en appuyant l'importance du consentement, à utiliser l'Etat comme garant de l'anarchie civile, ce qui est exactement ce que décrivent certains contractualistes modernes. Oui, je pense à The Limits of Liberty de Buchanan (et à The Construction of Social Reality de Searle, et quelques autres bouquins préoccupés par les mécanismes d'implémentation de rules of conduct consensuelles. En gros l'approche par les rules of conduct court-circuite la question du contrat : elles sont sélectionnées par concurrence des normes). Et en plus les outils d'analyse de Leeson sur l'anarchie chez les pirates sont la micro du Public Choice donc... Les profs de SP ont aimé (enfin D Reynié et F Gros (un spécialiste de Foucault)), apparemment en tout cas (j'attends les résultats de l'oral), parce que c'était pas trop juste de l'exégèse de Locke et que ça pouvait justement intéresser l'histoire, l'anthropologie et, bien sûr, la théorie politique (mon master). Locke utilise le terme d’ « anarchie » pour la première fois §94 pour désigner par patron of anarchy celui qui ne fait pas la différence entre le Commonwealth et l’état de nature. Au §198, il en offre une définition : the anarchy is much alike to have no forme of government at all (ici clairement les éléments historiques que tu rappelles sont importants). Buchan 2017 note toutefois que par « gouvernements anarchiques », Locke renvoie principalement aux Indiens d’Amérique, aux Spartiates et aux pirates ou à toute forme d’insécurité causée par l’absence de gouvernement. Locke utilise ce terme en mauvaise part, car il décrit les Indiens d’Amérique au §102 comme n’ayant aucun gouvernement, reposant sur une association volontaire dont l’existence prouve que la liberté naturelle inviolée est au cœur du début du développement des sociétés politiques : There are great and apparent conjectures, says he, that these men, speaking of those of Peru, for a long time had neither kings nor commonwealths, but lived in troops, as they do this day in Florida, the Cheriquanas, those of Brazil, and many other nations, which have no certain kings, but as occasion is offered, in peace or war, they choose their captains as they please, (…) But be that as it will, these men, it is evident, were actually free; and whatever superiority some politicians now would place in any of them, they themselves claimed it not, but by consent were all equal, till by the same consent they set rulers over themselves. So that their politic societies all began from a voluntary union, and the mutual agreement of men freely acting in the choice of their governors, and forms of government. Ce qui peut sembler un éloge des Indiens d’Amérique ne l’est en fait nullement, car leurs chefs sont seulement chefs en temps de guerre et ce sont des chefs militaires, comme les Spartiates, qui sont décrits par Filmer comme l’exemple de monarchie limited or mixed, donc en mauvaise part. Chez les Spartiates en effet, le chef était totalement révocable, ce qui fait du système spartiate le modèle des républicains du XVIIe anglais, Milton le premier. Mais Locke souligne bien plutôt chez les Indiens d’Amérique qu’ils n’ont pas de propriété sur leur terre et que leur expropriation par les Européens est donc parfaitement légitime. Le fait qu’ils soient mis sur le même plan que les pirates, pour qui l’on ne peut pas dire que la défense de la propriété soit un impératif primordial, est révélateur du jugement péjoratif de Locke. Locke se réfère également aux pirates pour désigner les mauvais gouvernements, ceux contre lesquels il faut se révolter. En se souvenant de Strauss 1965, on pourrait ajouter que pour vivre sous la loi naturelle, il faut avoir la raison, dont les sauvages sont dépourvus ; le modèle lockéen serait plutôt celui des colons anglais aux US, càd ceux qui ont déjà la raison ou qui ont déjà vécu en société civile (paradoxe). C’est étrange parce qu’au contraire, il semblerait que les pirates de l’époque de Locke dans les Caraïbes, et au XVIIIe siècle avec Bartholomew Roberts, aient constitué un modèle d’organisation contractuelle et consensuelle lockéenne (Leeson 2009). Pour Locke, le contrat n’est absolument pas une fiction (comme dans Hobbes ou Rousseau), et cette critique l’énerve même beaucoup (Arendt le souligne (1972 : 87)) : cf. §101, où il écrit que le fait qu’on n’ait pas de traces historiques de l’état de nature ne veut pas plus dire qu’il n’a pas existé que le fait qu’on nous décrive les soldats de Xerxès qu’à l’âge adulte n’implique qu’ils n’ont jamais été petits ; ensuite, Locke fait une analogie intéressante entre les sociétés et les individus, en ceci que tous deux sont ignorants au même degré des circonstances de leur naissance. Et de donner les exemples de Rome et Venise, juste avant et sur le même plan que ces Indiens d’Amérique. Il faut dire qu’à l’époque, les contrats sociaux sont très nombreux pour les colons des Amériques (le pacte du Mayflower par exemple), et c’est pourquoi Locke écrit : « Thus in the Beginning all the World was America » (§49), modèle d’un état de nature réussi parce que raisonnable (Strauss 1965), contrairement aux Indiens ou aux pirates. Le but rhétorique de Locke est de dénoncer un gouvernement (celui des pirates) où l’obéissance est fondée sur la tradition et la coutume et non sur la raison (par le contrat et le consentement). Hayek (1982 : 118) a donc raison de dénoncer dans Locke une forme de « constructivisme » : In this connection even John Locke's contention that in a free society all law must be 'promulgated' or' announced' beforehand would seem to be a product of the constructivist idea of all law as being deliberately made. It is erroneous in the implication that by confining the judge to the application of already articulated rules we will increase the predictability of his decisions. What has been promulgated or announced beforehand will often be only a very imperfect formulation of principles which people can better honour in action than express in words. Only if one believes that all law is an expression of the will of a legislator and has been invented by him, rather than an expression of the principles required by the exigencies of a going order, does it seem that previous announcement is an indispensable condition of knowledge of the law. C'est peut-être qqch que je pourrais mobiliser pour nuancer la lecture de Simmons qui fait de Locke une sorte d'anarchiste raisonnable (mais je devrais lire plus d'un seul livre de Simmons avant de trop m'avancer). Enfin, Buchan 2017 fait remarquer une différence entre les serments (oaths) que recommande Locke pour instituer le consentement et les serments des pirates, qui affirment l’indépendance de l’individu des hiérarchies et autorités politiques (anglaises) alors que le serment d’entrée de l’individu dans la société civile (commonwealth) a l’effet exactement inverse. Selon lui, les pirates représentent un ordre « egalitarian and libertarian » plus radical que celui de Locke. Leeson 2009 fait voir que, étant donné que les pirates avaient été déclarés hostes humani generis, ils ne pouvaient bénéficier de la protection d’aucun Etat, ce qui précisément aurait motivé la signature de contrats du style de celui de Roberts. Une des motivations internes en revanche à la signature du contrat dans les sociétés pirates est d’une part le coût beaucoup plus grand de certaines externalités comparé à d’autres sociétés (par exemple les bagarres entre pirates peuvent endommager le bateau et donc mettre littéralement en danger la société pirate entière) et d’autre part le besoin de gérer les « biens publics » pirates comme le full pirate crew effort (FPCE) ; dans un assaut en effet, le free riding est tentant pour n’importe quel pirate (i.e. participer moins que les autres à l’attaque pour minimiser ses risques tout en n’étant pas remarqué parce que pendant une attaque, les autres membres de l’équipage ont autre chose à faire que de se regarder en chiens de faïence) et le contrat permet de contrebalancer par des coûts explicites le bénéfice du free riding (et donc de préserver le bien public du FPCE). L’une des particularités notables des contrats pirates est qu’ils ne duraient qu’une génération, et ne posent donc pas le problème du consentement des descendants des contractants originaires (Locke, §115 ; Leeson 2009 : 450). Leeson 2009 invite également à nuancer l’aspect idéalement consensuel et anarchique des sociétés pirates en rappelant que les pirates avaient à leur bord des marins plus ou moins embarqués de force pour leurs talents pratiques dont les pirates avaient besoin et qui au mieux ne jouissaient pas de tous les avantages prévus par le contrat.
  19. Merci beaucoup! Merci aussi pour les précisions, j'avais l'impression que dans Machiavel, Etat = République = nouvelle principauté. C'est une entité qui renvoie sans doute à la réalité politique de l'Italie de l'époque, que je connais très mal (il faudrait que je lise Skinner sur le sujet, mais c'est austère et érudit af). Commandé Faudrait déjà que je choisisse un sujet de master je pense plutôt que ça serait autour de Locke et de la notion d'anarchie. Après j'aime beaucoup écrire donc je ne dis pas non à un article plus fourni qui intégrera les perspectives de @F. mas et une connaissance plus solide du droit (d'où l'intérêt d'atterrir à SP/ENN où je prendrai des cours).
  20. Vilfredo

    Aujourd'hui, en France

    On attend le jour où les enseignants feront un putsch dans un pays quelconque
  21. Ça a l’air un peu d’être le réalisme politique/machiavélisme pour les nuls ça, non?
  22. ah mais oui mais c’est clairement pas format ni style article. Ça manque de vivacité, d’écriture et de concision j’ai des idées pour CP qui sont plus d’actualité ama d’ailleurs
  23. Moi ce qui me hérisse le poil c’est qu’on manifeste en France contre les décisions de la justice https://www.google.fr/amp/s/amp.rfi.fr/fr/france/20210425-meurtre-de-sarah-halimi-manifestations-en-france-et-en-isra%C3%ABl-pour-r%C3%A9clamer-justice et aussi, ce qui est pire, qu’on manifeste en Israël contre les décisions prises par les tribunaux français et enfin, ce qui est encore pire, que la sœur fasse appel... en Israel ! Merci Goldanel https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/affaire-sarah-halimi-sa-sour-porte-plainte-en-israel-mobilisation-en-france on a le président qui prend la liberté de discuter l’avis des juristes et la populace qui réclame vengeance. On est où? Dans un film de Fritz Lang avec des tribunaux populaires? C’est le mépris des tribunaux et de la séparation des pouvoirs qui m’inquiète moi.
  24. Tiens j'avais pas vu ce sujet (ou j'avais oublié). Il me semble que ce à quoi ça touche c'est la raison d'Etat. Mais d'abord La justice, c'est le respect des proportions. A chacun le sien, égalité des égaux, inégalité des inégaux. Ensuite, c'est le respect d'un critère de légitimité qui justifie l'action politique, selon un principe qui peut être intrinsèque à l'Etat ou transcendant/extrinsèque en tout cas. L'ordre, c'est un certain rapport entre les parties d'un ensemble, de telle sorte que des informations sur telle partie permet de faire des prédictions/corrèlent sur les caractéristiques d'une autre partie (on pourra aller relire Hayek sur la notion d'ordre et toutes ses versions, distinction ordre/organisation sociale etc. c'est excellent). Comme rappelé ici, il y a l'ordre juridique, social, moral, politique. C'est précisément parce que la question posée est hyper vaste que je décide de la problématiser à partir de la raison d'Etat, afin de me donner une cible sur laquelle je puisse tirer, tout en essayant d'élargir ensuite pour traiter l'ensemble du sujet. C'est dans ce concept à la généalogie trouble qu'on trouve la liaison de jure entre loi, ordre et justice, au nom du bien commun de la sécurité collective. Ce n'est pas un concept strictement moderne, mais c'est un concept qui a évolué. Ensuite, à l'époque moderne, on commence à avoir des critiques des dérives possibles sous un angle moral (DN moderne de Strauss) et dans le débat contemporain, la question est plutôt de savoir si la justice permet d'atteindre l'"ordre" social le plus désirable (débat sur le pluralisme: doit-on tolérer toutes les croyances tant qu'elles respectent l'ordre public, cf. Rawls, Sandel et Gray ah mais cet ordre public est-il compatible avec l'ordre moral ou doit-il être neutre sur cette question i.e. celle du bien?) J'ai mis les références précises puisque la requête initiale était d'ordre bibliographique. Pour la généalogie de la raison d'Etat, la littérature secondaire tue des chatons mais Machiavélisme et raison d'Etat de M Senellart et le livre de Lefort sur Machiavel c'est tiptop. -- La raison d'Etat, justification de l'ordre -- 3 conditions déterminent la raison d'Etat : 1) Le critère de nécessité, 2) La justification des moyens par une fin supérieure, 3) L’exigence du secret. Cette notion, par ailleurs, recoupe 2 problèmes : 1) Le rapport entre l’action politique et la morale et 2) Le rapport entre l’Etat et la loi : le prince est-il legibus alligatus ou bien legibus solutus[1] ? Machiavel aurait été le premier à énoncer l’idée que l’Etat ne connaît d’autre loi que sa conservation, selon l’historien allemand Meinecke, qui le rattache donc à l’historicisme et au progrès de la connaissance rationnelle des mécanismes du pouvoir, et en particulier à « l’école historique » allemande du XIXe siècle (Troeltsch e.g.), qui considère les peuples comme des individualités organiques, à l’encontre de l’ « abstraction » de l’école du DN, d’où le lien fait par Leo Strauss entre historicisme allemand et relativisme, menant in fine au nihilisme. Machiavel est en effet considéré comme celui qui a fait émerger la problématique du temps présent dans la philosophie politique, en tant que celui-ci est lié à la guerre, qui en constitue le fond. On peut montrer pourtant que la notion de raison d’Etat remonte au Moyen-Âge, qu’elle a été d’abord élaborée par des opposants à Machiavel (Botero e.g.), qui l’articulent à l’économie plutôt qu’à la guerre, opposant donc, au XVIe siècle, deux types de rationalité (économique et politique) autour de la même notion. Il y a donc une théorie médiévale de la raison d’Etat. L’office du roi consiste à rendre la justice : l’Etat royal exerce une fonction de juge, fondé sur la loi, qu’il est chargé de garder (legem servare, hoc est regnare). La loi est l’expression de la justice, à l’inverse de notre conception moderne, qui fait de la justice l’application de la loi. C’est parce que dans la philosophie politique moderne, la loi est l’expression de la souveraineté en acte, alors qu’à l’époque médiévale, la loi préexiste au pouvoir, qu’il s’agisse de la loi divine ou bien de la loi coutumière. Selon une étymologie fantaisiste d’Isidore de Séville, rex vient de recte regendo, aussi un « roi juste » devient-il un pléonasme ; un roi qui s’affranchit des lois devient un tyran, qu’il est légitime de tuer (cf. Jean de Salisbury, Policraticus, 1159[2]). La loi trace les limites du pouvoir acceptable. Avec l’apparition du royaume comme entité politique se substituant à l’ordre féodal peu à peu, apparaît la figure d’un autre roi, le roi législateur. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir du XIVe siècle qu’on commence à employer le mot status ("ordre" si tu veux) sans complément, dans son sens politique : auparavant, l’ « état » était toujours l’état de quelque chose, mais non dans le sens d’état réel (descriptif) mais dans celui de forme constitutive (normatif), d’où le glissement vers la notion de « bien public » ; progressivement, status en vient à être associé à la personne du rex, rendant possible la constitution du concept d’Etat au XVe siècle. A cette époque, donc, la ratio status signifie le contraire de ce que la « raison d’Etat » signifie pour nous aujourd’hui : elle renvoie à un ordre éthique qui présuppose le respect de la loi, afin de conserver l’essence de l’Etat (ce qui est trompeur, car la notion moderne de « raison d’Etat » prétend également conserver l’Etat : cf. la fiche sur la désobéissance civile). L’idée de mesures d’exception s’est développée autour de la notion de necessitas (état d’urgence). Les deux notions (ratio status et necessitas) ont des origines hétérogènes : 1) La ratio status provient de la pensée augustinienne (Ubi justitia non est, non est res publica ; La Cité de Dieu, xviii) ; 2) La necessitas provient du droit romain (Necessitas legem non habet). Entre le pouvoir et la loi, elle introduit la guerre, qui permet de suspendre la loi[3]. La littérature patristique considère le pouvoir civil comme une conséquence du péché originel. Le pouvoir du prince s’impose par une terreur que le prêtre seul ne peut provoquer par la parole. Jean de Salisbury (à partir de maintenant : Jean) reprend l’idée (le prince a le pouvoir sur les corps, l’Eglise a le pouvoir sur les âmes), mais il y ajoute une analogie entre la res publica et le corps humain : les prêtres sont l’âme, le roi est la tête, le conseil royal est le cœur, les juges et administrateurs sont les yeux, les oreilles et la langue etc. La relation du roi aux sujets n’est plus seulement conventionnelle mais organique. L’idée de Jean, capitale dans la théorie politique médiévale, est que le corps ainsi défini est un produit de l’art (convention), mais qu’il imite la nature (organique) : on passe d’une conception de l’Etat comme institution subordonnée à la loi divine à un organisme naturel comportant ses exigences propres. La pratique du gouvernement ne relève plus de l’autorité spirituelle mais de l’usage de la raison du prince. Cependant, cette métaphore organistique, promise à un riche avenir, est troublante, car l’âme dirige le corps tout entier (et donc le prince serait soumis au pouvoir spirituel), certes, mais d’autre part, la tête commande au corps. Jean définit (iv, 1) le prince comme « ministre de l’intérêt public » : cette formule constitue un changement, d’une conception du pouvoir considéré comme un mal nécessaire à un pouvoir qui tire sa légitimité de l’utilitas communis (Cicéron). Cette notion est déjà, bien sûr, présente chez Aristote, qui s’oppose sur ce plan aux sophistes, pour qui toute loi sert les intérêts d’une faction, mais il désigne une finalité immanente (la bonne vie) et non transcendante, comme dans le cas de Jean. Dans la réalisation de cette fin (l’intérêt public), le prince est legibus solutus ; sa volonté a force de droit, mais il ne s’agit pas de sa volonté privée, mais de sa volonté publique, en tant qu’il est au service du bien commun. Le prince n’est plus juste parce qu’il se soumet aux lois (Augustin) mais parce qu’en lui s’exprime l’idée de justice. En cela, Jean pose les bases théoriques de l’absolutisme, distinct de la tyrannie. (Senellart 1989) La tyrannie désigne un pouvoir sans limites : le prince devient tyran dès qu’il obéit à son désir ; o On distingue par ailleurs deux types de tyran : o Le tyran d’usurpation, dont l’accession au pouvoir est illégitime ; o Le tyran d’exercice, dont l’exercice du pouvoir est illégitime. L’absolutisme désigne un pouvoir dont les limites ne sont pas juridiques. Le prince juge souverainement mais ne peut être jugé lui-même. Il n’est responsable que devant Dieu. Cette idée d’un prince tenu de se conformer aux lois, tout en pouvant s’en écarter impunément, est reprise par Thomas dans la Somme (1a—2ae, qu. 96, art. 5) : il exprime cette position délicate en expliquant que - Le prince est legibus solutus sur le plan de la force coactive (puissance de contrainte), mais que - Le prince est legibus alligatus sur le plan de la force directive (obligation morale). Jean voit clairement le risque de basculement de l’absolutisme en tyrannie, et défend pour cela le tyrannicide. Cette conception est étrangère au « droit de révolte » du DN moderne, car le tyrannicide n’exprime pas le pouvoir recouvré du peuple après rupture de contrat, mais la punition pour un péché (et le peuple en révolte n’est donc pas pouvoir constituant mais bras armé de Dieu). Nous voyons donc que la raison d’Etat, au sens où l’entend Jean, ne s’affranchit pas de la loi de Dieu. Au contraire, à l’époque moderne, l’estompement de la délimitation entre absolutisme et tyrannie laisse la place à la « raison d’Etat » au sens contemporain : l’impératif du bien public supplante progressivement l’autorité de la loi. -- Le tournant moderne: redéfinition du rapport entre la justice et l'Etat -- L'une des figures au tournant de cette époque est Machiavel. Machiavel remplace l’objet de la raison d’Etat de la défense du corps politique à la conservation personnelle (« se conserver ») et il étend au domaine moral (« n’être pas bon ») la dispense initialement accordée dans un cadre seulement juridique. L'Etat ne conduit plus l'homme vers sa fin éthique mais a pour seul objectif d'augmenter et conserver sa puissance (par la guerre). Pour certains théoriciens politiques de la modernité maintenant, il faut voir plutôt l'Etat comme la condition de la justice. C'est un des effets de la sécularisation. On met donc les choses à l'envers. Déjà. La justice est alors inséparable d'un certain ordre, celui d'une société pacifiée, ce sur quoi Hobbes insiste beaucoup. Pour lui donc, toutes les lois sont justes, parce qu'elles procèdent de la volonté du souverain, qui se substitue à et représente celle du corps politique. La loi "juste" se confond avec la loi "bonne" (Leviathan, chap. 30): il n'y a pas cette distinction que tu fais entre justice, ordre et loi. Ça ne veut pas dire, comme le note Passerin d'Entrèves dans The Notion of the State (comme ça, ça fait des refs bibliographiques), qu'une société anarchique ou utopiste soit nécessairement sans ordre. De plus, elles sont souvent motivées par un fort sentiment de justice: on peut penser à l'Utopie de More, où l'oisiveté est bannie et le travail obligatoire. Soit l'ordre est donc désirable en soi/est juste par lui-même ("tout pouvoir est bon dès lors qu'il est établi" a écrit Maistre quelque part), soit il a une légitimité qui le dépasse. Le libéralisme politique est aujourd’hui associé à l’idée de droits de l’homme comme droits opposés à l’Etat. Mais ce n’est ni leur sens de 1789 (art. 4 : « ces bornes [de l’exercice des droits naturels] ne peuvent être déterminées que par la loi »), ni l’objet de la réflexion des philosophes du libéralisme classique, qui cherchaient au contraire comment faire en sorte que les lois de l'Etat soient bonnes. Pour un théoricien sceptique comme Pascal toutefois, cette distinction est spécieuse. Il appartient à la tradition réaliste de la philosophie politique catholique, qui ne voit dans l'ordre que celui de la concupiscence, càd l'arrangement bricolé dans l'ordre temporel pour éviter que les hommes périssent, et l'ordre une fois établi, se légitime avec des théories qui impressionnent le petit peuple (le droit divin par exemple), et c'est très bien qu'il soit impressionné, même si au fond c'est faux, et la seule légitimation est le temps. D'où sa fameuse pensée sur la justice et la force. Afin d’affiner le raisonnement sur la raison d’Etat, on peut mobiliser la notion d’arcana : Tacite écrit en effet que chaque art a ses arcana, càd des ruses secrètes qu’ils emploient pour atteindre leurs objectifs (Schmitt 2000 : 78 sq.). On distingue parmi eux les arcana imperii et les arcana dominationis. Les arcana imperii sont employés par l’Etat en temps normal : ce sont les différents moyens employés par l’Etat pour que le peuple se tienne tranquille (le vote, la liberté d’expression etc.), "qui rendent possible une participation tonitruante aux affaires de l’Etat, mais qui n’ont politiquement guère d’importance, ou encore ménager avec intelligence la vanité humaine." Les arcana dominationis, en revanche, sont les mécanismes de défense du pouvoir quand il est mis en péril : « la dictature, en particulier, est décrite comme l’arcanum dominationis spécifique de la démocratie ». Cette distinction recoupe une autre distinction (faite, entre autres, par Bodin) entre droit ordinaire (jus generale) et droit extraordinaire (jus speciale). Il s’agit de défendre l’intérêt public, mais c’est le dictateur qui décide de ce qui doit valoir comme intérêt public ; il ne saurait d’ailleurs en être autrement. La différence entre le dictateur et le monarque tient à sa capacité ou non à transmettre son pouvoir à son successeur. Jusqu’ici, en effet, on a considéré la raison d’Etat en un seul sens, mais on voit avec Tacite qu’il en existe deux : 1) La gestion continue des affaires publiques dans une démarche qui insiste sur l’existence d’un « bien commun » et de bien connaître le fonctionnement de l’Etat si on veut le maintenir : c’est ce qui, pour Foucault, aboutit à un Etat policier (Botero, Montchrestien) ; 2) La gestion des situations exceptionnelles, en distinguant les règles morales et juridiques s’appliquant à la politique de longue durée, et en excédant les limites de l’ordre juridique ordinaire si nécessaire (Naudé). Typiquement, la raison d'Etat c'est l'argumentaire qui justifie donc (=rend juste) l'action de l'Etat au nom de sa préservation (donc de la préservation de l'ordre), parfois au détriment de la loi. Là-dessus, Schmitt parle de "super-légalité" dans son analyse de l'art. 48 de la Constitution de Weimar, qui présente la liste des art. de la constitution qu'on peut faire sauter en situation exceptionnelle... sauf que c'est un article de la constitution qui le dit. Pour approfondir ça, il faudrait distinguer la loi et la norme et entrer dans le débat de philo du droit qui a opposé Schmitt à Kelsen, par exemple, sur les types de pensée juridique et sur le type d'"ordre" que le recours à l'état exceptionnel (avec un petit é parce que c'est un ordre normatif différent mais qui n'est pas opposé à l'Etat, qui est au contraire supposé le préserver, même s'il sort des normes de l'Etat de droit, ce qui est, pour Schmitt, la preuve que l'Etat de droit, c'est un peu nul) manifeste: l'"ordre concret". -- La justice et l'Etat, des sphères en conflit -- Il ne faudrait pas mélanger cette notion de la justice avec celles de justice distributive et commutative, qui ne sont devenues des prérogatives de l'Etat que très récemment. C'est Kant qui marque la rupture. Il distingue dans la justice la justice protective, distributive et commutative. La justice protective consiste simplement à prendre les principes de la loi naturelle et les transcrire dans le droit positif. La justice commutative est celle qui s’applique aux échanges et qui repose sur des principes de réciprocité de type tit for tat. La justice distributive est celle du juge, qui assigne les droits quand il y a conflit. Ensemble, ces trois types de justice sont la condition formelle de possibilité de l’Etat juridique ou Etat de droit (Rechtsstaat). Kant rompt avec la conception scholastique de ces termes, qui en faisait des vertus, alors que Kant en fait des institutions. Souvenons-nous que le suum cuique tribuere de l'époque médiévale, c'est la coutume, ça n'a pas grand-chose à voir avec les juges d'aujourd'hui. Pour comprendre le rôle du juge, il faut rappeler deux aspects pertinents de la loi: 1) La loi est l’application du général au particulier : Aristote, dans Nicomaque, VI, distinguait déjà l’équité de l’application stricte de la lettre de la loi ; 2) La loi est ce face à quoi tous les sujets de droit sont égaux, dans la mesure où ils partagent une identité de raison, et non d’opinion. Rousseau synthétise (1) et (2) en disant que la loi est générale par sa source et par son objet, et qu’en tant que telle, elle doit délier le citoyen de la sujétion à autrui. Mais c’est oublier que la loi est aussi le produit de choix politiques faits par un groupe particulier. Le juge, en appliquant le général au particulier, dit le droit, mais quant à savoir comment, deux traditions, là encore, s’opposent : la tradition continentale et la tradition de la common law, qui s’appuie sur le « précédent » ; Hegel, référence pour la tradition continentale, considérait qu’il s’agissait là d’une confusion entre le juge et le législateur. La common law est souvent associée à l’arrêt de la Cour suprême Marbury v. Madison (1803), car c’est la première fois que la Cour suprême a rejeté comme anticonstitutionnel un acte du Congrès, inaugurant la tradition de la judicial review. Les critiques brandissent le danger d’un autoritarisme des juges, dont un bon exemple est fourni par l’affaire du « lancer de nains » (arrêt du Conseil d’Etat français de 1995), qui introduisit comme 4e composante de la police administrative le « bon ordre moral » et habilite les maires à interdire un spectacle quand la dignité de la personne humaine est atteinte, peu importe que cette personne soit consentante. Donc voilà il faut savoir ce qu'on entend par ordre et justice évidemment. Ce ne sont pas des concepts indépendants, on ne peut pas utiliser la justice pour critiquer l'ordre, ni l'inverse, et il y a différents ordres dans un ordre politique (l'ordre moral, l'ordre juridique), qui sont eux-mêmes en conflit les uns avec les autres et se disputent le monopole de la légitimité. Sans m'en rendre compte ça fait comme une petite dissertation.
  25. Je ne suis pas emballé. Le nazisme n’était pas une idéologie malthusienne mais plutôt eugéniste or justement les ecolos voient de l’eugénisme partout (GPA, OGM) et plutôt en mal. Ils ne veulent pas perfectionner les humains, ils ne veulent pas d’humains du tout. Leur conception poétique de la nature et leur misanthropie me rappelle davantage les grandes heures du romantisme réactionnaire (And was Jerusalem builded here amongst these dark satanic mills?). Il y a peut-être un peu d’overlap mais comme Nolte le fait remarquer, on retrouve aussi cette forme de conservatisme dans le communisme en tant que critique de la modernité (bourgeoise). Bref je pense que l’anti humanisme vert dont parle aussi Matt Ridley si je ne me trompe pas a plus a voir avec de l’anti modernisme qu’avec le nazisme, et on ne rend pas service à la finesse en faisant le rapprochement directement.
×
×
  • Créer...