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Tout ce qui a été posté par Vilfredo
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Oui tu disais que ça tombait dans la catégorie de "faire chier les gens", mais c'est difficile à argumenter si les gens applaudissent l'idée ET que ça mène à des résultats préférables pour eux et pour tout le monde d'ailleurs. Outre la critique anarcap axiomatiste ("il faut des fonctionnaires pour que ça fonctionne"), je pense que l'élément significatif d'une vie humaine morale est moins la satisfaction de ses désirs que le fait qu'on soit l'auteur de cette satisfaction. Enfin c'est mon idée pour l'instant.
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Ah bah cool @Doctrinaire je le mets sur ma wishlist goodreads Récemment, càd depuis janvier, j'ai lu donc (outre manuels et trucs qui n'intéressent personne ici) L Jaume, Hobbes et l'Etat représentatif moderne; A de Jasay, The State; M Sandel, Le Libéralisme et les limites de la justice; A Passerin d'Entrèves, The Notion of the State; Byrd & Hruschka, Kant's Doctrine of Right: A Commentary; pas mal de Nietzsche mais rien en entier (sachant que j'ai déjà lu Le Gai Savoir et Par-delà bien et mal) en lisant un ouvrage critique très recommandé, un petit bijou en son genre en fait, Kaufmann, Nietzsche. Philosopher, Psychologist, Antichrist, que je suis en train de finir et recommande très chaudement. Et j'ai enfin achevé la lecture de Misbehaving de Thaler, exclusivement aux toilettes. J'ai des livres de toilettes: j'ai ainsi lu, from cover to cover, exclusivement par passages aux toilettes plus ou moins prolongés, De l'inconvénient d'être né de Cioran (le format s'y prête) et les Nouvelles leçons d'économie contemporaine de Simonnot (là encore, le format s'y prête bien). Jaume est très bien, la partie sur la représentation où il analyse à la lettre le texte de Hobbes (les 100 premières pages) est la plus stimulante. Il offre une intéressante réponse à la critique de Pitkin sur la question de la représentation dans le Léviathan, à savoir: comment le Léviathan peut-il être l'acteur du corps politique si l'"auteur" ne peut pas contrôler cet acteur? L'"auteur" n'est-il pas réduit au rang de simple spectateur? Il montre que non, car la personne du Léviathan est artificielle. Il montre quel sens "personne" a pour un nominaliste comme Hobbes (rien à voir avec son sens chez Kant par exemple). Il fournit une très bonne analyse du frontispice, qui pose les bonnes questions (pourquoi les hommes ont-ils déserté les villes? comment peuvent-ils être représentés s'ils forment le corps du représenté, càd s'il n'y a pas d'extériorité?), seulement dommage qu'il écrive très mal. Ses considérations sur le fictionalisme dans Hobbes (on n'obéit qu'à ce qu'on a créé, comme on ne reconnaît comme vraies que les vérités que l'on a formulées dans son esprit) sont très éclairantes, et aident à relativiser l'interprétation décisionniste schmittienne du "auctoritas, non veritas facit legem" (de toute façon avoir lu Zarka m'avait déjà fait comprendre à quel point Schmitt racontait de la merde sur Hobbes). La seconde partie sur la représentation de façon plus générale, l'héritage de Hobbes, est un peu plus faiblarde, mais il y a des trucs très bien dedans. Pas bien compris le gain des élucubrations sur Sieyès, le mec dit tout et son contraire (Sieyès insiste sur l’idée que la nation ne parle que par ses représentants, tout en écrivant que la nation existe avant tout, à titre d’instance de légitimation ; c’est contradictoire, mais simplement parce que Sieyès voulait éviter la démocratie (i.e. la démocratie directe) et défendre le gouvernement représentatif (i.e. la démocratie représentative)), so what? J'avais déjà lu Les Origines philosophiques du libéralisme de Jaume, qui m'avait plu même si les chapitres étaient très inégaux. Alors pour Jasay, je ne suis pas entièrement époustouflé, mais c'est très bien. Les problèmes du bouquin sont, à mon avis (je n'ai rien lu d'autre de lui mais j'ai Political Philosophy, Clearly qui m'attend) (1) les considérations historiques chiantes (grosso modo les 100 premières pages, jusqu'au moment où il écrit no chill que Jules Ferry était d'EG), (2) le fait que le développement sur les comparaisons interpersonnelles d'utilité est si convaincant et engageant qu'il prend un peu toute la place et tout l'intérêt du bouquin, (3) le fait qu'il présente parfois certaines critiques de Rawls comme si elles étaient nouvelles (par exemple le maximin principle n'est pas une bonne base pour la moralité) alors qu'en vrai, en prenant une phrase de Nozick et une phrase de Harsanyi, on obtient un peu la même limonade. J'ai surtout retenu l'idée que les individus sous le voile d'ignorance ne sont pas rationnels parce qu'être rationnels c'est conformer son action aux probabilités de survenue des fins de l'action, or si tout le monde part du principe qu'il est le plus mal loti (comme le veut l'expérience de pensée) & qu'ils sont rationnels, cela voudrait dire qu'il y a une probabilité de 1 qu'ils finissent le plus mal loti, ce qui n'est pas le cas. Les considérations sur la symétrie sont intéressantes quand il discute de la justice distributive (nous aimons instinctivement la symétrie dans les allocations de ressources mais il y a plusieurs symétries possibles, pourquoi préférer tel ordonnancement à tel autre). Jasay a parfois le don de balancer des thèses morales les pieds dans le plat (il ne faut pas juger la moralité d'une action par ses conséquences period motherfucker) et de réussir à être convaincant (parce qu'il a un style sublime et très witty (ça change de Buchanan qui écrit comme un fer à repasser!), c'est un vrai plaisir de lecture: je retiens une phrase où il écrit Nozick machine guned this sitting duck to shreds ou qqch comme ça (il donne un peu envie de relie ASU d'ailleurs, alors même que je me souviens quel bordel argumentatif c'est)), mais après quelques heures ou en reprenant le bouquin le lendemain, t'es moins convaincu. Surtout, par rapport au big développement sur l'utilitarisme, ça ressemble à des remarques éparses peut-être intéressantes en elles-mêmes mais je sens que je les oublierai assez vite. Plus globalement, ce qui fait plaisir est le style de pensée de Jasay, qui vivisecte littéralement les problèmes, les décompose, les recompose, ne laisse absolument no stone unturned, c'est un peu comme s'il faisait un lavement aux problèmes de philo politique. Le Sandel je suis partagé. D'un côté c'est sûr que le mec a bossé Rawls et montre bien comment Rawls a le cul entre deux chaises, d'un côté voulant rejeter l'utilitarisme parce que ça applique au groupe une heuristique qui ne vaut que pour l'individu, de l'autre le kantisme, parce qu'il ne veut pas se taper la métaphysique de Kant et garder juste le déontologisme, ce qui le mène à imaginer des "mois désencombrés" (disencumbered selves) qui ressemblent à rien et posent des tas de problèmes, et sur lesquels il est obligé de s'appuyer, par exemple pour réfuter la méritocratie et le laissez-faire (sur une ligne d'argumentation assez pascalienne, disant que comme nous n'avons aucun attribut fixe, nous ne méritons rien du tout, et en particulier pas des droits naturels (genre de critiques que l'approche rothbardienne du droit de propriété coupe en morceaux ama)). Sandel prend appui sur une tradition humienne insistant sur la qualité contextuelle des vertus, et que la justice vaut entre communautés en conflit mais pas dans des communautés heureuses ou en bonne entente, et que faire primer le juste sur le bien (ce qui est la pierre angulaire de l'edifice rawlsien), c'est abolir dès le départ tout projet communautaire. Alors autant Sandel does a good job at pointing out les défauts de la théorie de Rawls, surtout que lui aussi est très rigoureux et tous les NTs en mettront partout à lire ce bouquin de ce point de vue, autant la partie "positive" du bouquin, quand il essaie plus ou moins de montrer que le neutralisme de Rawls sur les problèmes moraux de société (genre l'avortement, la moralité de l'homosexualité (le résumé de ce débat est priceless; en googlant j'ai vu qu'il y avait des textes de Michael Levin et Scruton sur le sujet, ça doit être des barres), l'esclavage) le mène à des positions intenables. Mais les positions de Rawls me paraissent beaucoup moins intenables que les siennes: en effet, l'Etat peut parfaitement rester neutre sur ces sujets en laissant les individus décider s'ils veulent être avortés, homos ou esclaves, et vu la nature des problèmes, la question se règlera assez vite. On n'a pas besoin de lois spécifiquement pour protéger les homos des agressions si on interdit les agressions tout court. Et son projet communautarien reste très vague et ressemble un peu à du youkaïdi-youkaïdisme, ou du embrassonsnousfollevillisme si vous préférez. La biblio est bien. Le Passerin d'Entrèves est un peu inégal (genre les articles sur le gouvernement des élites, la raison d'Etat, par exemple, on s'en bat totalement les couilles) mais c'est dans l'ensemble très utile comme introduction à la théorie classique. Il est sensiblement meilleur quand il parle de la période classique que de la période moderne (même sur Machiavel c'est assez inepte). Le chapitre sur la nation et le pays est très synthétique et concis, s'ils pouvaient tous être comme ça ça serait tiptop. L'autre avantage du bouquin est de mettre les idées au clair sur certains lieux communs, par exemple sur la phrase de St Augustin sur l'Etat bande de voleurs, qui spécifie que c'est l'Etat qui ne respecte pas la justice qui est une bande de voleurs, et que cette observation est typique du réalisme/scepticisme politique des théoriciens catholiques. APdE a un mépris un peu trop voyant (et injustifié) pour la philosophie politique médiévale, sur laquelle j'aurais bien aimé qu'il s'attarde plus au lieu de dire que le principe est qu'on règle tout par la coutume et que ça vaut pour les barbares. Le commentaire de Kant est un bonheur absolu. C'est d'une clarté exemplaire, j'ai pas grand chose à en dire, le texte est examiné, illustré de façon extrêmement pédagogique, quand Kant se contredit d'un texte à l'autre, la généalogie de sa pensée est retracée et les thèses de la Doctrine du droit sont replacées dans le système, c'est vraiment un modèle. Kaufmann est super. C'est un livre à recommander pour ceux qui veulent défaire tous les préjugés sur Nietzsche. Là encore, pas de commentaire très détaillé à faire, je peux juste dire que c'est un éclairage précieux qui saisit simplement les points compliqués (le sens de la puissance, la signification du surhomme, comment se combinent les principes apollinien et dionysiaque en art etc.) @Lancelot sera peut-être intéressé par les passages sur la théorie politique de Nietzsche, son opposition à Hegel. Un autre texte apparemment important sur le sujet mais que je n'avais pas cité quand tu me l'avais demandé est la 3e Considération inactuelle. Je lis le bouquin avec les livres de Nietzsche en allemand près de moi pour aller chercher les passages. C'est un plaisir fantastique, je vais me remettre à l'allemand l'année prochaine, l'allemand de Nietzsche est d'une telle beauté! Le Misbehaving de Thaler est une plaie à lire: je déteste les gens qui font du storytelling, et ce bouquin en fait tellement bordel de putain de merde. Tout ce que Thaler réussit à faire c'est passer pour un gros con prétentieux qui a toujours raison et que tout le monde a méprisé pendant toute sa vie et ils l'ont bien profondément dans le cul maintenant nananananèreu. Beyond that, le bouquin souffre d'un gros problème d'organisation, qui est que Thaler présente les résultats de ses recherches comme une liste de courses, donc on retient des bullet points mais tout ça n'est que lâchement relié par le fil conducteur dummy de Humans != Econs. Souvent, faut bien le dire, ses "découvertes" sont du bon sens, donc c'est pas le bouquin qui va vous ébouriffer d'originalité, surtout quand on a un minimum (je parle de moi là donc vraiment minimum) de background en théorie des jeux. Le passage sur sa réfutation du théorème de Coase dans les cas où on présente aux gens une transaction qu'ils jugent injuste indépendamment du fait qu'elle leur est utile really makes you think tho, et pas mal de passages really make you think, mais le problème mec est que c'est un bouquin, pas une liste d'articles. Donc faites comme moi, lisez-le aux chiottes. Bizarrement (puisqu'il présente le personnage comme un vieux con), il m'a donné envie de lire Posner. Parmi les points importants, sa discussion des "comme si" dans la théorie néoclassique (critique de Friedman), réponse à la critique que les behavioral economics ne sont pas significatives car elles n'utilisent que des enjeux trop bas dans leurs expériences de labo de fiottes, des illustrations des biais cognitifs célèbres complètement redondantes si on a lu Kahneman (sunk costs, transaction utility, dans quelles circonstances les gens perdent leur aversion au risque, etc), pourquoi il ne faut pas accepter de faire 100x un pari qu'on ne serait pas prêt à faire une fois (simplement pour laisser ouverte la possibilité de gagner plus), une illustration réussie du concours de beauté de Keynes. La discussion du Nudge arrive à la fin et il ne me convainc pas avec son truc, mais c'est tricky, parce que ce que ça challenge vraiment est la théorie des préférences révélées. Si les gens agissent de telle sorte qu'ils ne poursuivent pas les buts qu'ils se sont consciemment fixés à cause de biais cognitifs inconscients, ils manquent inconsciemment la satisfaction de leur préférence, et le nudge n'est pas une intrusion dans leur liberté: il réalise leur liberté. D'un autre côté, je ne vois pas très bien quoi (1) c'est le boulot du gouvernement ni (2) en quoi les politiques sont exempts de ces biais (au contraire en fait). A la limite ça peut servir à éviter que les mecs pissent à côté de la pissotière mais bon je sais pas si cet achievement mérite un prix Nobel. Maintenant j'ai reçu In Pursuit de Murray, donc je vais bientôt lire ça, je vais me mettre à Ryle (The Notion of Mind et Dilemmas), j'ai acheté un livre de Szasz (The Myth of Mental Illness), j'ai jamais lu Hume donc faudrait, j'ai The Blank Slate de Pinker, le Jasay dont j'ai parlé, des Mill (On Liberty, son texte sur Tocqueville, Representative Government), Foucault (l'Histoire de la sexualité et certains cours du Collège de France), Beccaria et deux-trois autres trucs sur la planche. En littérature ça sera plutôt pour cet été mais je voudrais me mettre à Nabokov et Burgess. Et aussi lire plus de Virginia Woolf.
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Lol cette réputation Y a que @Bézoukhov qui glandait en prépa
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Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Fabrice Luchini? -
Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Ou elle bosse à Paris VIII, qui est gangréné par ces conneries (la preuve) et qui de toute façon une fac d'EG edit c'est juste que cette université est totalement le bordel, avec des profs qui foutent rien, des étudiants qui sont là pour le permis de séjour, qui n'ânonnent pas trois mots de français et tu te retrouves avec des profs de philo allemande qui sont dans un jury de gender studies. Mais y a des gens de gauche brillants hein -
Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Et qu'elle travaille sur les questions de genre... ah non absolument pas en fait https://www.theses.fr/1996PA100003 Par ailleurs je la connais. Elle a fait la Pléiade Nietzsche, traduit Kant. Je vois pas le rapport entre elle et les gender studies. Elle est très forte en philo allemande. L'autre je sais pas qui c'est. -
Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Merci mais “déshumaniser” ca suffit “déshumaniser l’humain” c’est debile Je pense pas que si les juifs et les homos étaient vraiment des pommes de terre on se serait autant acharné à les déshumaniser justement Comme le faisait remarquer @Lancelot ce n’est pas très difficile de déshumaniser une pomme de terre (cette phrase no context) -
Sarkozy, la défaite du ravioli francais
Vilfredo a répondu à un sujet de Cugieran dans Politique, droit et questions de société
Il y a plusieurs trucs Il y a d’abord le fait qu’effectivement on ait écouté l’avocat Plus le fait qu’on ait écouté pour une raison et qu’on ait trouvé d’autres trucs en plus, dont l’écoute est légitimée rétrospectivement Enfin qu’on puisse utiliser des écoutes contre un client Je rappelle qu’il n’y a pas si longtemps https://www.liberation.fr/politiques/2014/03/16/les-avocats-rappellent-la-justice-a-l-ordre_987621/ Ensuite y a pas que herzog il y a une dizaine d’avocats qu’on a écoutés pour cette affaire Genre Dupond Moretti Bon edit petit TIL Avec Katz v. United States[6] (1967), la Cour suprême étend la protection du Quatrième Amendment pour inclure "ce [qu'une personne] souhaite garder privé, même dans un endroit accessible au public."[7] En effet, le Juge Stewart écrit dans l'opinion de la Cour que "le Quatrième Amendment protège les individus, pas les endroits."[8] Depuis Katz v. United States, plusieurs pratiques nécessitent un mandat, comme la mise sur écoute. Ce cas a aussi introduit le test de Katz pour déterminer si il y a une "attente raisonnable en matière de vie privée" : l'individu doit avoir une attente subjective de vie privée, et la société doit pouvoir reconnaître cette attente comme "raisonnable". -
Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Jaime bien “déshumanisation de l’humain” Je vais essayer de déshumaniser des pommes de terre demain pour voir si ça marche aussi -
Sarkozy, la défaite du ravioli francais
Vilfredo a répondu à un sujet de Cugieran dans Politique, droit et questions de société
Ce n’est pas la culpabilité qui est discutée c’est la méthode qui pour être légale n’en est pas légitime pour autant -
Psychologie expérimentale, psychométrie et cervelle de canut
Vilfredo a répondu à un sujet de Lancelot dans Science et technologie
Tiens un article dans Quillette sur les avantages évolutionnaires de faire la victime, liés à la psychopathie (la dark triad). Votre truc quoi. Il est même question d'en faire un trait de personnalité. A la fin, ils introduisent le thème intéressant de competitive victimhood. Enfin, ce passage qui aurait pu être écrit par @Rincevent: https://quillette.com/2021/02/27/the-evolutionary-advantages-of-playing-victim/ Il y a des études linkées. -
Images fun et leurs interminables commentaires
Vilfredo a répondu à un sujet de Librekom dans La Taverne
Are you hungry -
Je sais peut-être pas lire mais je vois pas où c'est marqué dans l'étude linkée. Parfois j'ai même l'impression de lire l'inverse, sur les NPIs trop faibles liées à l'apparition de nouvelles souches: Qqn y comprend qqch?
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Je raconte my life 9 : hache de bûcheronnage et vaporetto
Vilfredo a répondu à un sujet de poney dans La Taverne
@Solomos @Waren apparemment c'est une nouvelle tendance: Moi j'ai des messages en portugais, mais quand c'est en français https://www.leparisien.fr/societe/salu-bel-homme-sa-va-sur-twitter-le-fleau-des-arnaques-sentimentales-30-11-2019-8206344.php -
L'ordre spontané n'est pas voulu. L'ordre spontané résulte de l'action humaine (les achats faits sur le marché) mais pas de la volonté humaine, et c'est en ce sens seulement qu'il peut être dit "naturel". Ce qui résulte de la volonté humaine est un ordre prédéfini et télocratique, c'est-à-dire une "organisation", tandis qu'un "ordre", à l'inverse, est nomocratique et évolue librement dans un cadre de règles. Je veux bien que tu n'aimes pas Hayek mais lire Règles et ordres des fois ça serait pas une mauvaise idée. Par suite, l'ordre spontané ne saurait donc "diriger des politiques publiques". Du coup, toute la question sur l'équilibre entre les biens, le bonheur OU la richesse, est un calcul qui est laissé aux individus, précisément parce que l'ordre spontané est le plus à même d'assurer la compétition maximale, ce qui maximise donc les probabilités d'émergence de la meilleure solution, de la meilleure vie etc. parce qu'on laisse le plus d'options ouvertes.
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It's a sin! Pour Aristote, qui me semble un peu incontournable sur la question, l'âme a 3 parties: la partie appétitive la partie active la partie rationnelle A chaque partie correspond une vertu: la tempérance le courage la sagesse (sophia ou phronesis) La justice est la 4e vertu, qui harmonise l'ensemble. Elle consiste à agir selon le juste milieu (entre deux vices, l'excès et la déficience) et le critère du juste milieu est la droite règle (orthos logos). Pour atteindre le juste milieu, ce qui n'est pas chose facile, il faut s'écarter de ce qui nous emporte facilement (le plaisir et toutes les choses pas propres). La prudence (phronesis) est le type spécial d'habileté qui distingue l'homme vertueux, qui est la mesure du juste (et pas l'inverse, tiens). L'idée d'Aristote ici, c'est que la vertu n'est pas seulement une disposition cultivée mais une situation, le caractère résultant d'un ensemble d'actions continuellement itérées et non d'une seule décision fatale faite avant de boire le Léthé (version pas du tout caricaturale de Platon). On voit donc que la prudence n'est pas tant une vertu morale que ce qui nous permet d'adopter le bon moyen pour atteindre la fin, que la vertu morale, elle, nous permet d'atteindre. Au passage, il y a une distinction entre vertus morales (générosité, tempérance), fruits de l’habitude, et vertus intellectuelles (sagesse, sagacité, compréhension), fruits de l’enseignement. Ces dernières demandent du temps et de l’expérience avant d’être enseignées, c’est pourquoi elles viennent après les vertus morales. Ethos ("habitude") a justement donné êthikê ("morale"). De là il suit que la vertu n’est pas naturelle sinon on ne pourrait rien y changer. Ce n’est pas parce qu’on fait souvent l’acte de voir que nous disposons de la vue mais parce qu’on dispose de la vue que l’on peut voir. En revanche, c’est en faisant de la cithare que l’on devient cithariste et c’est en agissant justement que l’on devient un homme juste. C’est le rôle du politique, ainsi, d’instiguer chez ses citoyens le sens du juste. "Toute vertu met finalement en bon état ce dont elle est vertu et en même temps, lui permet de bien remplir son office." (1106a16) La vertu d’un cheval fait qu’il est un bon cheval (porte bien son cavalier, galope vite). Pareillement, la vertu d’un homme est ce qui le rend bon et "lui permet de bien remplir son office propre". Le vice, comme la vertu, relève d'une décision, d'une délibération (contrairement à la bestialité, qui se trouve toutefois chez les hommes, mais seulement les barbares). Si, quand je trompe chouchou, le principe de mon acte est mon désir, ce n'est pas un vice. "Si personne, en effet, n'est bienheureux à contecoeur, par contre la perversité est bien volontaire." (1113b16) NB qu'on ne délibère pas sur les fins mais sur les moyens (1112b12). C'est, avec l'incontinence, un exemple de mauvaise régulation des parties de l'âme. Mais l'incontinence est consciente, alors que le vice est inconscient (1150b35): Je mets en cache à la fin le passage entier (qui est absolument prodigieux à tous égards). L'idée étant que l'incontinence est à mettre sur le compte de la tyrannie des affections, et que l'intempérant n'a pas l'excuse de l'appétit: il se livre à l'excès en toute conscience, le regrette plus tard et évite systématiquement le moindre mal. Aristote fait un parallélisme entre l'intempérant et la Cité qui a de bonnes lois mais ne les applique pas, tandis que le vicieux fait carrément appliquer des lois pourries: il ne voit pas le bien et fait le mal, c'est plutot qu'il n'a que le mal pour horizon, souvent parce qu'il a cultivé de mauvaises habitudes (culture dont il est reponsable, par exemple s'il a passé sa vie à boire, cf. le livre III). Ca me rappelle un cours de JBP sur le refoulement où il critique la version de Freud, en disant que quand tu commences à te mentir à toi-même, ce n'est pas inconscient every step of the way: you knew once, and then you made it into a routine. But you knew! (Malheureusement je n'arrive pas à retouver cette excellente vidéo.) Mais en gros, pour prendre un exemple amusant d'Aristote, on ne blâme pas l'aveugle de naissance mais celui qui est devenu aveugle par abus de vin (sic). C'est la différence entre l'action et la disposition. La disposition n'est pas exactement volontaire au sens où elle n'est pas sous mon contrôle du début à la fin, mais elle émerge d'actions entièrement volontaires, et donc elle m'est in fine imputable. C'est pourquoi il ne suffit pas de connaître le bien, il faut aussi le pratiquer. C'est son désaccord avec Platon ; j'aime bien le passage en 1109a23 où Aristote écrit que "c'est tout un travail d'être vertueux". On peut y voir une connexion avec Kant, pour qui il y a deux façon de se mettre hors-la-loi : 1) soit en contournant la loi, dont on reconnaît néanmoins la validité, quitte à avoir honte de son action, soit 2) ce qui est pire, en faisant de la violation de la loi la règle de son action : c’est la différence entre tuer le roi dans une émeute et organiser sa condamnation à mort au terme d’un procès (ce qui horrifie Kant au dernier degré comme le sommet du non-droit et "le Mal le plus extrême"). Bon le rapprochement vaut ce qu'il vaut et bien sûr c'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de mettre Aristote et Kant du même côté du filet mais je crois que ça éclaire l'idée. Pour Aristote, résister à la tentation ne rend donc pas vertueux: le vertueux est plutôt celui pour qui le mal n'est même pas une tentation, qui a appris à faire coïncider le bien et le plaisir: selon le P. Gauthier, Aristote corrige Socrate: l'intelligence du bien ne suffit pas à déterminer l'action vertueuse, il faut y ajouter l'appoint d'un désir subordonné à la détermination intellectuelle de la fin. (Il y a un passage dans Docteur Faustus de Mann qui dit exactement le contraire, quand Schlepfuss dit que quand on résiste à la tentation, ce n'est pas un péché mais un test de la vertu. Eh bien Aristote dirait exactement le contraire: ça prouve que tu n'es que modéré, et qu'avec un peu d'habileté (pure potentialité, talent, étranger à la morale et capable d'être employé pour le bien comme pour le mal), tu pourrais te faire passer pour vertueux.) C'est pourquoi la continence ou l'incontinence ont une position intermédiaire entre le vice et la vertu. Je pense que ça nous a permis de distinguer un peu les torchons des serviettes et de poser les bonnes questions sur l'action, la disposition, le rapport à l'ignorance, à la volonté, la théorie/la pratique et le bonheur. Dans un esprit très McIntyrien, si l'on comprend bien le bien, la poursuite de mon bien ne peut être antagoniste à la poursuite du bien de @Lancelot parce que c'est LE bien que je poursuis, tandis que dans le domaine des vices, le conflit peut émerger (et on retrouve le problème de la justice, de la nécessité d'harmoniser (cf. petit exposé du début du message)). Dans Après la vertu, si mes souvenirs sont bons (parce que j'avais bossé tout ça en 1e année de prépa), il y a l'exemple du grand joueur d'échecs vicieux qui n'atteint pas le bien interne au jeu d'échecs, car, étant vicieux, le bien qui l'intéresse est externe ($) et donc nullement spécifique au jeu d'échecs. On peut ainsi considérer que la vertu est une façon de vivre le plaisir et d'être heureux de façon constante. La stabilité du bonheur ne tient pas à la fortune, qui est changeante, mais à l’activité vertueuse. De la sorte, le bonheur n’est pas assombri par l’infortune. "Si ce sont les actes qui décident souverainement de la vie, personne, s’il est bienheureux, ne peut devenir un misérable." (1100b33) La petite lecture du soir:
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Vilfredo a répondu à un sujet de Librekom dans La Taverne
Pour les perplexes, https://www.wordreference.com/enfr/toupee -
depuis le 23 mars dernier (effectivement 11 mois, pas un an)
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Dans le cas examiné dans l'article, ça dure depuis un an. Mais il y a des tentatives impressionnantes:
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Dans Le Figaro : 10% des malades du coronavirus ont perdu durablement l'odorat ainsi que le goût https://www.lefigaro.fr/sciences/une-partie-de-moi-est-morte-apres-le-covid-19-l-amertume-d-une-vie-sans-gout-ni-odeur-20210227
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Vilfredo a répondu à un sujet de Librekom dans La Taverne