Oui, mais le danger qui peut découler de l'emploi systématique de cette expression me semble effectivement être l'évitement de la discussion : une peur irraisonnée, comme de juste, ça se soigne, parce qu'on ne discute pas avec un malade, et ça va de pair avec cette envie de pénal qui parfois agite nos contemporains. Comme plus personne ne peut faire officiellement interdire tel ou tel acte ou parole sur un fondement idéologique trop visible, puisque la loi se doit d'être neutre et impartiale, certains utiliseront le lexique médical pour "objectiver" leur discours et se prévaloir de l'impartialité. On ne parlera plus d'interdire le blasphème mais de condamner l'islamophobie ou de la cathophobie, ce qui donne une couleur plus objectives aux passions des factions.
Ceci étant dit, si je me méfie quand les groupes d'intérêts crient à la phobie pour réclamer plus de peines et de châtiments, je suis aussi conscient que parmi ceux désignés comme catho-, judéo-, islamo-, homo-, etc. phobe, il y a de vrais obsessionnels dont les provocations permanentes sont parfois difficilement supportables ( au hasard : Golias, Alain Soral, Riposte Laique) ou plus prosaïquement des types qui en font leur fond de commerce (Caroline Fourest). Mais le problème, c'est que si on commence à interdire et la connerie et la vénalité, on va vite avoir des problèmes de surpopulation carcérale.