Nathalie MP Posté 31 juillet 2017 Signaler Posté 31 juillet 2017 Traduction de : How Capitalism Saved the Bees http://reason.com/archives/2017/07/19/how-capitalism-saved-the-bees/ NB : Le texte total fait 3580 mots. Au cazou, j'ai mis une séparation en rouge pour le partager en deux parties cohérentes. La première fait 1620 mots et la seconde 1960 mots. -------------------------- Comment le capitalisme a sauvé les abeilles Dix ans après les premières alertes sur l’effondrement des colonies d’abeilles, les entreprises de pollinisation ont écarté tout risque de « beepocalypse ». Shawn Regan, Reason, Edition août-septembre 2017. Vous avez déjà entendu cette histoire : les abeilles sont en train de disparaître. A partir de 2006, des apiculteurs se sont mis à faire état de pertes hivernales aussi importantes que mystérieuses. Les abeilles ne se contentaient pas de mourir - elles abandonnaient purement et simplement leurs ruches. Ce phénomène étrange, baptisé syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, est rapidement devenu général. Depuis, les apiculteurs témoignent régulièrement de décès supérieurs à la normale chez leurs abeilles, suscitant des inquiétudes à propos d’un possible « printemps silencieux » qui nous guetterait. Les médias n’ont pas attendu longtemps pour crier au désastre. Time se mit à parler de « bee-pocalypse » tandis que Quartz opta pour « beemaggedon ». En 2013, la National Public Radio déclara « que les récoltes avaient atteint un point critique » et une couverture de Time prédisait « un monde sans abeilles ». Dans la recherche d’un coupable, toutes les causes imaginables ont été évoquées, des OGM aux pesticides en passant par les téléphones portables et les lignes électriques à haute tension. L’administration Obama a créé un groupe de travail afin de développer une « stratégie nationale » pour promouvoir les abeilles et les autres pollinisateurs, ce qui s’est traduit par 82 millions de dollars de fonds fédéraux en faveur de la santé des pollinisateurs et de la protection de 3,5 millions d’hectares de terres agricoles. Cette année, les marques Cheerios et Patagonia ont lancé des campagnes « Sauvons les abeilles » ; Patagonia fait aussi circuler une pétition demandant aux autorités fédérales de « protéger les populations d’abeilles » en imposant des règles plus strictes dans l’utilisation des pesticides. Il est parfaitement normal qu’une menace sur les abeilles provoque de l’inquiétude. Elles pollinisent une grande variété de cultures importantes pour notre alimentation – à peu près le tiers de ce que nous mangeons – et selon le ministère américain de l’agriculture, elles contribuent chaque année à l’économie à hauteur de 15 milliards de dollars environ. Et les apiculteurs continuent de faire mention d’effondrements des colonies supérieurs à la moyenne. En 2016, les apiculteurs américains ont perdu 44 % de leurs colonies par rapport à l’année précédente, soit la seconde perte la plus importante en dix ans. Mais voici ce que vous n’avez peut-être pas entendu. Malgré les taux de mortalité en hausse, il n’y a pas eu de baisse du nombre total des colonies d’abeilles aux Etats-Unis depuis dix ans. En réalité, il y a plus de colonies dans le pays aujourd’hui que lorsque le syndrome d’effondrement a commencé. Les apiculteurs se sont montrés incroyablement habiles pour faire face à ce défi. Grâce à un marché des services de pollinisation particulièrement actif, ils ont répondu à la croissance des taux de mortalité par la reconstitution rapide des ruches – et ceci, sans affecter les consommateurs. Leur histoire, largement ignorée par la presse, est remarquable : c’est celle d’un combat marqué par l’adaptation et la résilience. Le « Bee Business » L’apiculture commerciale existe d’abord pour permettre aux plantes de se reproduire. Certaines céréales comme le maïs ou le blé peuvent compter sur le vent pour acheminer le pollen des étamines au pistil. Mais d’autres ont besoin d’aide - les fruits et tout ce qui est noix et noisettes notamment. Et comme les agriculteurs ne peuvent pas toujours s’en remettre uniquement aux oiseaux, chauves-souris et autres pollinisateurs naturels, ils se tournent vers les abeilles pour jouer le rôle d’inséminateur artificiel. Lancées dans la nature par milliers, les abeilles améliorent la qualité et la quantité des productions de la ferme, tandis que les plantes fournissent en retour le nectar que les abeilles butinent pour produire le miel. Les abeilles sont comme un troupeau et leurs propriétaires en sont les éleveurs. Ils leur procurent une nourriture adéquate ainsi que les soins vétérinaires nécessaires. Contrairement aux bourdons et aux guêpes, les abeilles ne sont pas originaires d’Amérique du Nord. On pense que la première espèce commerciale, l’abeille européenne, a été introduite par des colons anglais au XVIIème siècle. Les apiculteurs professionnels sont des nomades. Ils transportent leurs ruches à travers le pays dans des semi-remorques afin de « suivre les floraisons », effectuant les déplacements de nuit lorsque les abeilles sont au repos. En général, ils se rendent en Californie au début du printemps pour polliniser les amandes. Ensuite, ils suivent leurs propres itinéraires. Certains vont en Oregon et dans l’Etat de Washington pour les pommes, les poires et les cerises ; d’autres se dirigent vers les vergers de New York. D’autres pollinisent les fruits et légumes de Floride au début du printemps avant de remonter vers le Maine pour les myrtilles. Comme dans tous les grands voyages de ce genre, des accidents peuvent arriver, comme lorsqu’un apiculteur, Lane Miller, fracassa son camion dans un canyon près de Bozeman (Montana) en 2014. Plus de 500 ruches furent renversées sur la chaussée, soit environ 9 millions d’abeilles somnolentes et en colère. « Les abeilles étaient si agitées que vous pouviez à peine distinguer les apiculteurs ou les décombres de l’accident », déclara le capitaine des pompiers qui officia à l’époque. La route fut finalement ré-ouverte au bout de 14 heures, non sans des centaines de piqures pour les sauveteurs et le renfort d’une équipe d’apiculteurs d’urgence. Mais dans l’ensemble, ces périples se déroulent sans incidents. Après la saison des floraisons, les apiculteurs déplacent leur centre d’intérêt de la pollinisation à la production de miel. Beaucoup de produits agricoles tels que les pommes ou les amandes nécessitent l’intervention des abeilles pour leur pollinisation, mais ils ne fournissent pas assez de nectar afin de permettre des productions de miel suffisantes. Aussi, pendant l’été, les apiculteurs prennent souvent la direction du Midwest pour y faire « paître » leurs abeilles. Ils installent les ruches dans les champs à proximité de tournesols, de trèfles ou de bleuets. Ces fleurs fournissent du nectar en abondance, ce qui permet aux abeilles de produire de grandes quantités de miel. A la fin de l’été, les apiculteurs remettent leurs ruches sur les camions et ils les emmènent dans le sud pour leur faire passer l’hiver sous des climats plus cléments. Certains observateurs prétendent que cette itinérance annuelle contribue au syndrome d’effondrement des colonies. Pour le journaliste Michael Pollan, spécialiste de l’alimentation et militant anti-agribusiness, « le mode de vie des abeilles d’aujourd’hui, un peu comme celui du bétail dans les grandes fermes industrielles, provoque chez elles un tel stress et il altère tant leur système immunitaire, qu’elles sont devenues vulnérables à n’importe quel agent infectieux qui se présente. » C’est ce qu’il écrivait dans le New York Times en 2007. Mais ce sont précisément ce nouveau style de vie et le développement d’un marché actif des services de pollinisation qui ont permis aux abeilles européennes de faire face aux maladies et de prospérer sur notre continent. La fable des abeilles Avant 1970, la thèse dominante chez les chercheurs voulait que l’existence même d’une industrie de la pollinisation soit un problème. Dans un article de 1952, l’économiste J. E. Meade (ainsi nommé très à propos, « meade » voulant dire hydromel) développa l’idée que la pollinisation par les abeilles était un « facteur non rémunéré » de la production de pommes, dans la mesure où les propriétaires des vergers et les apiculteurs ne coordonnaient pas leurs décisions d’exploitation. L’un et l’autre produisent ce que les économistes appellent des « externalités positives » ou bénéfices collatéraux pour l’autre partie, causant ainsi des inefficiences. Puisque « le producteur de pommes ne peut pas facturer l’apiculteur pour le nectar produit dans ses vergers et consommé par les abeilles », Meade considérait qu’il « fallait imposer un certain nombre de taxes et de subventions. » (Comme de bien entendu, Washington ne tarda pas à mettre en place un programme de soutien du prix du miel dans le but de favoriser la pollinisation. Ce programme fut brièvement interrompu en 1996, mais connut une nouvelle vie depuis lors.) Cependant, un peu plus tard, un autre économiste se pencha sur le fonctionnement effectif du marché de la pollinisation. Dans une étude de 1973, Steve Cheung mit au jour de nombreux contrats noués entre les apiculteurs et les producteurs de fruits afin de surmonter le problème identifié par Meade. Tout ce qu’il eut à faire fut d’ouvrir les pages jaunes de l’annuaire téléphonique pour trouver des listes de services de pollinisation. La « fable des abeilles » - ainsi que Cheung appelait la thèse de Meade – n’était que de la théorie de salle de classe. Dans la vraie vie, les fermiers et les apiculteurs n’avaient aucune difficulté à trouver un terrain d’entente par eux-mêmes. Dans certains cas, les fermiers payaient les apiculteurs pour qu’ils viennent polliniser leurs champs ; dans d’autres, les apiculteurs payaient les producteurs de fruits pour avoir de droit d’installer leurs ruches dans les vergers. Tout dépendait de l’activité (pollinisation ou production de miel) qui générait le plus de valeur dans le cas considéré. L’accord impliquait parfois un échange de miel aussi bien que d’argent. Au passage, l’exemple central de Meade a été complètement retourné : la pollinisation des pommes ne produisant guère de miel, c’est l’apiculteur qui facture le fermier, pas l’inverse. Les détails diffèrent selon les situations particulières, mais le marché des services de pollinisation existe et il fonctionne plutôt bien. Aujourd’hui, l’apiculture commerciale représente un marché de 600 à 700 millions de dollars qui couvre toutes les régions du pays. Et maintenant, les apiculteurs et les fermiers travaillent ensemble pour s’attaquer à un nouveau défi : la mortalité des abeilles. (1621 mots) ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Adaptation Depuis la fin des années 1860, les Etats-Unis ont connu 23 épisodes majeurs d’effondrement des colonies d’abeilles. Parmi les menaces les plus récentes, citons le varroa destructor et l’acarapis woodi, deux acariens parasites des abeilles qui firent leur première apparition en Amérique du Nord dans les années 1980. Le second, qui s’attaque aux voies respiratoires des abeilles, notamment la trachée (d’où son surnom d’acarien de la trachée), a dévasté les ruches de nombreuses régions avant que les abeilles réussissent à développer des résistances génétiques. Le premier, sorte de tique qui suce le sang des abeilles, demeure encore aujourd’hui un fléau pour les apiculteurs. Ajoutons à cela la loque américaine qui attaque les larves, le nosema qui envahit les intestins et la maladie du « couvain plâtré » (ou ascosphérose) qui s’attaque aussi aux larves. Les apiculteurs ont mis au point des stratégies variées pour combattre ces maladies, notamment via l’utilisation d’acaricides et fongicides. Alors que le syndrome d’effondrement soulève de nouveaux défis et provoque des taux de mortalité encore plus élevés, l’industrie apicole a trouvé des moyens de s’adapter. La reconstitution des colonies perdues fait partie de la routine de l’apiculture moderne. La méthode la plus utilisée consiste à partager une colonie saine en de multiples ruches – un procédé que les apiculteurs appellent « faire de la croissance ». Les nouvelles ruches, dites « ruchettes » ou « ruches divisées », ont besoin d’une nouvelle reine fécondée qu’il est possible d’acheter chez des éleveurs spécialisés. Ces derniers produisent des reines par centaines de milliers chaque année. Une nouvelle reine coûte environ 19 dollars et peut être expédiée chez l’apiculteur du jour au lendemain. (Dans sa publicité en ligne, un éleveur explique que ses reines sont très prolifiques, qu’elles sont connues pour leur rapide croissance de printemps et qu’elles sont … extrêmement douces. ») L’apiculteur peut aussi produire ses propres reines en nourrissant des larves avec de la gelée royale. En général, les apiculteurs partagent leurs ruches avant le début de la saison de pollinisation ou plus tard dans l’été par anticipation des pertes hivernales. Les nouvelles ruches produisent rapidement un nouveau couvain, lequel peut être suffisamment fort pour polliniser des cultures au bout de six semaines. La plupart du temps, les apiculteurs se retrouvent avec plus d’abeilles suite au partage de ruches que ce qu’ils perdent pendant l’hiver. Au total, ils n’enregistrent pas de perte nette dans leurs colonies. Une autre façon de reconstituer une colonie consiste à acheter des « paquets d’abeilles » pour remplacer une ruche vide. (Un paquet de 1,5 kg coûte dans les 90 dollars et comprend approximativement 12 000 ouvrières et une reine fécondée.) Une troisième méthode revient à remplacer une reine âgée par une plus jeune. Une reine est productive pendant une ou deux saisons ; après cela, son remplacement a pour effet de revigorer la ruche. Si la nouvelle reine est acceptée – et c’est souvent le cas lorsqu’elle est installée par un apiculteur expérimenté – la ruche sera productive dès son arrivée. Le remplacement des colonies perdues par division des ruches existantes est incroyablement simple et peut être accompli en 20 minutes. De plus, les nouvelles reines et les abeilles en paquets sont peu coûteuses. Si un apiculteur professionnel perd 100 ruches, leur remplacement aura un coût – le prix de chaque nouvelle reine plus le temps nécessaire pour éclater les ruches restantes – mais il est peu probable que ce soit synonyme de désastre. Et comme les nouvelles ruches peuvent être opérationnelles en un temps record, il n’y aura pas (ou peu) de temps perdu pour la pollinisation ou la production de miel. Tant que les apiculteurs possèdent des ruches saines aptes à la division, ils sont assurés de pouvoir reconstituer facilement et rapidement leurs colonies perdues. L’effondrement des colonies Mais les abeilles meurent, encore et encore. A l’automne 2006, David Hackenberg, apiculteur en Pennsylvanie, alla vérifier un groupe de ruches qu’il avait laissées sur un terrain de gravier près de Tampa. Il découvrit avec surprise que les ruches étaient pratiquement vides. Pas d’abeilles adultes, pas d’abeilles mortes – juste une reine esseulée et quelques jeunes abeilles à la traîne dans chaque ruche. Les autres avaient purement et simplement disparu. Au total, Hackenberg venait de perdre plus des deux tiers de ses 3 000 ruches. Dans les semaines qui suivirent, d’autres apiculteurs se mirent eux aussi à faire état de problèmes similaires. En février 2007, l’étrange phénomène reçu un nom : le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Les apiculteurs ont toujours enregistré des pertes hivernales en raison des parasites, des animaux nuisibles et des maladies, mais ceci était différent. L’effondrement était largement répandu et bien plus mortel. Cet hiver-là, les apiculteurs de tout le pays perdirent 32 % de leurs colonies, c’est-à-dire plus de deux fois leur taux moyen d’effondrement hivernal. Des mortalités similaires furent rapportées en Europe, en Inde et au Brésil. Le problème captura l’attention mondiale, notamment parce qu’il était mystérieux. Hackenberg et ses collègues ne trouvèrent pas de preuves que des acariens ou tout autre forme d’infection qui tue habituellement les abeilles soient passés par là. Les ruches étaient encore pleines de miel, de pollen, d’œufs et de larves. Mais les abeilles ouvrières étaient parties. Dix ans après, les scientifiques débattent encore des causes du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Les chercheurs ont été incapables d’épingler un coupable précis. La plupart pensent maintenant qu’une grande variété de facteurs sont en jeu, dont des infections, de la malnutrition et des agents pathogènes. Graphique (voir ci-dessous) Les ONG environnementales telles que Greenpeace et le Natural Resources Defense Council (Conseil de défense des ressources naturelles) stigmatisent souvent les néonicotinoïdes et demandent des réglementations afin de restreindre leur utilisation. Il s’agit d’une classe de pesticides « systémiques » : ils sont diffusés sur les graines et absorbés par toute la plante à mesure qu’elle grandit. L’Union européenne a mis en place une interdiction partielle des néonicotinoïdes en 2013 en raison d’un possible impact négatif sur les abeilles, mais l’EPA (l’agence américaine de protection de l’environnement) n’a pas encore pris une telle mesure. Au début de l’année, l’EPA a même jugé que quatre néonicotinoïdes communément utilisés « ne causent pas de dangers significatifs aux colonies d’abeilles », bien que ce résultat soit contesté par les ONG environnementales. De plus, un certain nombre de constatations récentes semblent montrer que l’interdiction européenne a causé plus de mal que de bien en encourageant les fermiers à utiliser d’autres pesticides, plus dangereux pour les abeilles. Une économie qui bourdonne Pour voir combien les stratégies des apiculteurs ont été efficaces contre le syndrome d’effondrement des colonies, regardons les données de l’étude apicole annuelle du ministère américain de l’agriculture. En 2016, il y avait 2,78 millions de colonies d’abeilles aux Etats-Unis – 16 % de plus qu’en 2006, année de début du syndrome. En fait, il y a plus de colonies dans le pays aujourd’hui que pendant les 25 dernières années. La production de miel ne montre pas plus de tendance à la baisse. L’an dernier, les apiculteurs américains ont produit 73 000 tonnes (161 millions de livres) soit légèrement plus qu’au début du syndrome d’effondrement. Quel fut l’impact de la nécessaire reconstitution des colonies perdues ? Dans un nouveau document de travail, l’économiste Randal Rucker de l’université d’Etat du Montana, l’économiste Walter Thurman de l’université d’Etat de Caroline du Nord et l’entomologiste Michael Burgett de l’université d’Etat de l’Oregon sont arrivés à une conclusion surprenante : le syndrome a eu des effets pratiquement indétectables sur l’économie. Même avec l’obligation de reconstituer les ruches en permanence, les coûts additionnels pour les apiculteurs ou pour les consommateurs furent négligeables. Remerciez la persévérance des apiculteurs et la résilience des marchés de pollinisation. Pour reconstruire après les pertes hivernales, les apiculteurs doivent acheter des quantités de plus en plus importantes de paquets d’abeilles et de reines fécondées à des éleveurs spécialisés. Et pourtant, même les prix des abeilles n’ont pas été affectés par l’accroissement de la demande provoqué par le syndrome d’effondrement. Après avoir contrôlé les tendances préexistantes, les chercheurs ont analysé les données annuelles disponibles dans les publicités publiées dans l’American Bee Journal (un magazine américain d’apiculture) et ils n’ont trouvé aucun accroissement mesurable dans les prix des abeilles. L’une des raisons vient de ce que l’offre est extrêmement élastique : les éleveurs professionnels sont capables de fournir d’énormes quantités de reines en très peu de temps, souvent moins d’un mois, pour répondre à une demande en croissance. Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles a cependant eu un effet significatif sur un prix, celui des commissions de pollinisation que les apiculteurs facturent aux producteurs d’amandes. Il a plus que doublé depuis le début des années 2000. Les chercheurs attribuent une part de cette augmentation – grosso modo 60 dollars par colonie - au déclenchement du syndrome d’effondrement. Mais même cet impact a un aspect positif pour les apiculteurs : dans certains cas, la hausse des commissions de pollinisation a plus que couvert le coût de reconstitution des colonies perdues. Si cette augmentation a parfois accru les coûts des producteurs d’amandes, l’effet sur le consommateur final est resté négligeable. Selon Rucker, Thurman et Burgett, le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles a augmenté le prix d’une livre d’amandes de 1 % - à peine 8 cents pour une boîte de Smokehouse Almonds. Et dans la mesure où la production d’amandes est l’un des secteurs agricoles le plus dépendant des abeilles pour la pollinisation, les chercheurs considèrent qu’il s’agit là d’une estimation haute de l’impact du syndrome d’effondrement sur le prix des fruits et légumes. Un exemple édifiant – que les journalistes devraient fuir Si nous étions vraiment en train de vivre une « beepocalypse », le nombre de colonies et la production de miel seraient en déclin, les prix associés à la reconstitution des ruches perdues seraient en forte augmentation et le prix des récoltes les plus dépendantes des abeilles seraient également en hausse. Or aucun de ces éléments n’est à l’ordre du jour. L’apiculture professionnelle moderne exerce un stress réel sur les apiculteurs et les abeilles. Mais nous ne devrions pas exagérer leur sort ni négliger de constater combien ils se sont adaptés à un monde en plein changement. Pour reprendre les mots de Hannah Nordhaus, auteur en 2011 de La complainte de l’apiculteur, les histoires à faire peur qui rôdent autour du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles « devraient servir d’exemple à ne pas suivre pour les journalistes écologistes pressés d’écrire la prochaine histoire à succès du déclin environnemental. » Il est vrai que notre obsession pour la disparition des abeilles nous a sans doute empêchés de nous inquiéter d’autres désordres écologiques plus importants. Les pollinisateurs sauvages tels que les bourdons ou les papillons semblent réellement en déclin à cause du développement agricole et de la disparition de leur habitat. Et contrairement aux abeilles, il n’y a pas d’apiculteurs professionnels susceptibles de s’occuper d’eux. Au début de cette année, l’un de ces pollinisateurs sauvages, le bombus affinis (bourdon d’Amérique du Nord) a été inscrit sur la liste des espèces en danger aux Etats-Unis. Les monarques (papillons) semblent se raréfier également. Mais tandis que les médias crient au désastre et que le gouvernement fédéral tente de mettre sur pied une « stratégie nationale de pollinisation », les apiculteurs professionnels ont tranquillement reconstitué leurs colonies jusqu’à atteindre des nombres supérieurs à ce qu’ils étaient avant le début du syndrome d’effondrement il y a dix ans. Au lieu de rester cois devant la disparition de leurs abeilles sous le coup des maladies ou des parasites, ces apiculteurs itinérants continuent d’arpenter les routes de récolte en récolte, au volant de leurs camions pleins d’abeilles et de miel, afin d’apporter les services de pollinisation que notre agriculture moderne réclame – bref, ils sont affairés comme… vous savez qui. (3580 mots) ------------------- Article d’origine : How Capitalism Saved the Bees 2
Romy Posté 31 juillet 2017 Signaler Posté 31 juillet 2017 J'avais commencé (il y a un petit moment déjà...) à traduire cet article sur le seasteading en Polynésie: http://reason.com/archives/2017/05/21/seasteading-in-paradise Et j'ai enfin trouvé le temps de le finir. C'est un gros morceau mais je pense qu'il peut aisément être réduit si nécessaire en supprimant certains paragraphes. Traduction ci-dessous et dans le document téléchargeable ici: https://framadrop.org/r/esj6zB7lZ-#6CGxjWS5xsnfOUv8mtgl8fKQplpbLJfFe8IBDUIRPt4= Spoiler Quand le seasteading arrive au paradis/Seasteading au paradis/Des villes flottantes au paradis Les tenants du seasteading1 nous promettent aujourd’hui de fonder des communautés libres flottant au large d’un lagon polynésien. Mais le mouvement ne tourne-t-il pas le dos à ses racines libertariennes ? Depuis presque 10 ans, le Seasteading Institute œuvre pour voir émerger sur l’océan des communautés flottantes autonomes, où des colons pourront y créer leurs propres règles de novo, sans être restreints par les principautés et les puissances de la terre ferme. Fondé par Patri Friedman (ingénieur logiciel chez Google, petit-fils de l’économiste libéral Milton Friedman et fils de l’anarchiste, théoricien du droit David Friedman), l’institut a connu de nombreuses années de vaches maigres, se réduisant précédemment à une équipe de deux personnes sans bureau. Mais le 13 janvier, à l’Infinity Club Lounge de San Francisco, le directeur général de l’institut, Randolph Hencken, a signé un protocole d’entente avec un nouveau partenaire, Jean-Christophe Bouissou, et a fait entrer la construction d’un véritable seastead dans le domaine du possible. Jean-Christophe Bouissou est bien loin de la figure du flibustier ou du milliardaire excentrique. Il est le Ministre du Logement de la Polynésie française, un ensemble de 118 îles et atolls du Sud Pacifique, et techniquement une collectivité d’outre-mer de la France. Le seasteading ne fera finalement pas ses premiers pas dans les eaux non territoriales, comme le projet le prévoyait. Si Randolph Hencken, Jean-Christophe Bouissou et leurs collègues respectifs réussissent comme ils l’entendent, le premier seastead au monde flottera l’année prochaine dans un lagon polynésien. Alors que Randolph Hencken se préparait à signer l’accord, il déclara que passer d’un projet visionnaire, sans prise sur le réel, d’une société libertarienne au grand large à une expérimentation plus étroitement encadrée au cœur du territoire d’une nation existante était probablement inévitable. « Nous ne trahissons pas qui nous sommes », dit-il avant la cérémonie. « Mais nous reconnaissons aujourd’hui, en concordance avec le choix que nous avions fait en 2012 de ne pas nous installer en pleine mer (impossible de construire une ville flottante sans un milliard de dollars), qu’il faut que nous prenions part au jeu politique des États. C’est un challenge mais c’est la réalité de notre monde, n’est-ce pas ? » Le Président de la Polynésie française, Édouard Fritch, était censé être présent mais il dut rester sur place afin de régler une agitation mineure au sein de son cabinet. (Pour l’anecdote, Jean-Christophe Bouissou informa le public présent qu’il avait décollé de Tahiti en tant que Ministre du Tourisme pour atterrir en Californie en qualité de Ministre du Logement). Le Président Fritch assura via Skype que cela n’avait pas d’importance, le Ministre Bouissou était là pour représenter l’intention du gouvernement de faire du seasteading une réalité en Polynésie française. L’accord engage les parties à « mener des études au sujet de la faisabilité technique et légale du projet en Polynésie française » et à aménager un « cadre gouvernemental spécial permettant la création du "Floating Island Project" localisé dans une zone économique spéciale innovante.» Comme le Seasteading Institute est une organisation non lucrative à visée éducative, la cérémonie de signature fut aussi le lancement public de son spin-off commercial, Blue Frontiers, qui projette de construire, de développer et de gérer le premier seastead polynésien. Si l’on imagine tous les obstacles que peuvent rencontrer ceux qui tentent d’élaborer un plan ambitieux pour sauver la planète de ses problèmes politiques, économiques et environnementaux, les étapes qui menèrent à la signature de l’accord furent étonnamment courtes et sans heurt. L’entremetteur polynésien Marc Collins est un gros poisson. Dans les environs de Tahiti et des îles voisines, il connaît des gens qui connaissent des gens, et il connaît toutes les personnes qu’ils connaissent. Lui aussi ancien résident de la Silicon Valley, Marc Collins a grandi au Mexique et s’est fait un nom en Polynésie française en devenant un roi du commerce de bijoux et un magnat des services Internet. Il a également fait partie pendant deux ans du gouvernement polynésien en tant que Ministre du Tourisme. Il prétend avoir été le seul habitant de ces îles abonné au magazine Wired. Marc Collins était donc déjà bien implanté dans l’écosystème qui allait engendrer les seasteaders et entend parler d’eux depuis 20082. Marc Collins tomba un jour sur un article de Wired.com datant de 2015 qui annonçait que les seasteaders étaient prêts à revoir leurs ambitions à la baisse et à passer d’un projet en haute mer à une « ville flottante » dans des eaux peu profondes au large des côtes. Par conséquent, ils avaient besoin de coopérer avec un pays d’accueil. Marc Collins contacta Randolph Hencken via LinkedIn et commença à tisser des liens avec lui et avec d’autres seasteaders via Skype et consorts. La Polynésie française était en tous points ce que les seasteaders recherchaient, affirmait avec insistance Marc Collins. Il y avait peu de cyclones, aucun tsunami en 100 ans, des lagons protégés de la mer et, indispensable pour des fous de technologie en provenance de San Francisco, la fibre optique sous-marine. Le premier contact eut lieu en mai 2016 et ensuite tout s’enchaîna très vite. Pendant dix jours, Marc Collins organisa à leurs frais pour une équipe de neuf seasteaders une série de rencontres avec des maires, des ministres, des présidents, des constructeurs, des océanologues et des hommes d’affaires. Trouver le temps pour faire ce voyage leur fut difficile. Nous étions début septembre, juste après le Burning Man, un événement annuel majeur dans la vie de nombreux hauts représentants du seasteading. Mais ils embarquèrent tout de même de la playa au paradis malgré l’absence de vols directs reliant Tahiti à San Francisco, ce que Joe Quirk, le directeur de la communication du Seasteading Institute, espère voir changer grâce au projet. (Les Polynésiens souhaitent peut-être bien la même chose : parmi la délégation présente à l’Infinity Club pour la signature de l'accord, se trouvait Michel Monvoisin, président de la principale compagnie aérienne polynésienne). Les seasteaders furent éblouis par ce qu’ils trouvèrent en Polynésie, aussi bien sur un plan physique, social que politique. « En dix jours de visite, je n'ai pas rencontré un seul Polynésien qui n’aimait pas l’idée », rapporte Joe Quirk. « Et les hommes politiques ont commencé aussitôt et spontanément à en parler publiquement. Ils n’ont pas attendu qu'un consensus se forme, n’ont pas demandé à ce que quelqu’un d’autre leur écrive une déclaration. Tout de suite, ils ont publiquement affirmé que c’était une chose positive. » Ces visiteurs de quelques jours nagèrent avec d'aimables requins, se délectèrent sur de petits motu de poissons crûs enrobés de lait de coco, furent très chaleureusement accueillis par le maire d’Uturoa sur l’île de Ra’iatea, et présentèrent leur projet au Président Fritch et à plusieurs de ses ministres. Tom W. Bell était sur place en tant que gourou légal des seasteaders. (Professeur de droit à l’Université de Chapman, Tom W. Bell s’est efficacement accaparé le marché du conseil juridique auprès des seasteaders). Dans un livre qui va être publié par Cambridge University Press, Your Next Governement ? From the Nation State to Stateless Nations, Tom W. Bell raconte comment ils passèrent leur temps à « sauter de paradis en paradis via les airs, des ferries ou des bateaux de pêche », songeant à comment les seasteads pourraient fournir une ombre salvatrice aux coraux blanchis par le soleil. Joe Quirk parle au nom de tous les seasteaders invités quand il affirme que la Polynésie française est « un lieu où on ne peut poser le regard sans penser "Je n’arrive pas à croire que cela puisse être si beau". N’importe quel point de vue dans n’importe quelle direction ferait un magnifique écran de veille. » Mais peu importe à quel point l’environnement naturel est à couper le souffle, l’environnement sociopolitique leur sembla tout aussi merveilleux. Joe Quirk rapporte que grâce à Marc Collins on put leur montrer des « sites où il serait possible de faire flotter tout ça. Notre ingénieur put plonger pour inspecter les coraux. Nous vîmes plusieurs bâtiments où nous pourrions résider et rencontrèrent des entreprises qui pourraient être impliquées ». A la fin du voyage, Joe Quirk confia même à Marc Collins que celui-ci avait n'avait pas rendu justice au caractère parfaitement idéal du lieu pour le projet. Greg Delaune fut la dernière recrue de cette équipe, n’ayant rencontré pour la première fois Randolph Hencken que durant le Burning Man une semaine auparavant. Greg Delaune, qui dirige UIX Global, une entreprise de consulting sur le développement économique pour les villes, a une vaste expérience des rapports à tous les niveaux avec les pouvoirs publics. Il dit avoir été « enthousiasmé par ce que je crois être l'authentique honnêteté, intégrité et transparence des dirigeants locaux que nous avons rencontrés. D’après mon expérience, c’est une très bonne surprise.» «Les Polynésiens sont les seasteaders originels», ajoute Joe Quirk. «C’est dans leur culture d’embarquer dans des canoës et d’aller sur une nouvelle île pour y fonder une nouvelle société. Nous allons à leur rencontre pour parler d’autonomie et de choix, et ça les enthousiasme. Ils comprennent ce que ça implique, ils comprennent l'envie d’explorer et de découvrir de nouvelles choses; c'était ce qu’ils faisaient il y a mille ans.» La Polynésie n’offre cependant pas tout le confort moderne qu’attendent les citadins familiers de la Silicon Valley ou de San Francisco. «Il n’y a pas d’Amazon Prime», fait remarquer Randolph Hencken. Il y a par contre de véritables villes aux populations dépassant les dix mille habitants qui sont, les seasteaders l’espèrent, prêtes à les laisser expérimenter de nouvelles lois et de nouvelles technologies. Les Polynésiens sont, de plus, déjà familiers avec le concept d’un espace appartenant à une entité juridique plus grande et qui dispose d’une autonomie limitée, comme le fait remarquer Monty Kosma, un ancien consultant de McKinsey aujourd’hui chez Blue Frontiers. Les relations qu’aurait potentiellement un seastead avec la Polynésie française peuvent aisément être comparées à celles que cette dernière entretient avec la France. Plus d’aquapreneurs et moins de libertariens Pour Greg Delaune, le libertarianisme est « un curieux élément historique » du seasteading. « Je vois l’intérêt du projet en tant qu'expérience technologique et sociale. Quand je décris toutes les nombreuses facettes du seasteading, le volet libertarien n’en fait pas partie.» Cette révision de l'approche est reflétée dans le nouvel ouvrage Seasteading : How Ocean Cities Will Change the World (Free Press) rédigé par Joe Quirk en collaboration avec Patri Friedman (qui siège toujours au comité de direction du Seasteading Institute bien qu’il ne travaille plus activement sur leurs projets). La concurrence réglementaire, le cœur originel du seasteading, est bien évoquée mais n’est développée qu’à partir de la page 183 d’un ouvrage de 346 pages. C’est un changement des circonstances, et non un changement du cœur idéologique, qui a mené à cette évolution. « Après plusieurs années de recherche nous sommes arrivés à la conclusion que le projet était réalisable », explique Joe Quirk. « Mais une réalisation en haute mer serait bien trop coûteuse et demanderait aux investisseurs de prendre un risque démesuré. » Le Seasteading Institute continue cependant d’insister sur le fait que les États d’accueil devront céder des pans d’autonomie juridique et réglementaire aux seasteaders. « Si je voulais seulement construire une plateforme flottante, je pourrais le faire dans la baie de San Francisco », fait remarquer Randolph Hencken. Toutefois, le seasteading 3.0, comme l’appelle Hencken, ce sont des « aquapreneurs » énergiques sans liens avec les racines libertariennes du mouvement. Cela inclue des universitaires et des entrepreneurs impatients d’utiliser l’océan pour résoudre les crises alimentaires et énergétiques. (Le seasteading 2.0 ne fut qu’un bref épisode autour de 2012 pendant lequel on tenta d’amorcer le mouvement avec des transactions commerciales individuelles sur bateaux dans les eaux internationales.) L’un de ces aquapreneurs, Ricardo Radulovich, un professeur en sciences de l'eau à l’Université du Costa Rica, insiste sur le fait que pour le bien de notre planète la majorité de notre production alimentaire devra désormais se faire en mer. Au travers du Sea Gardens Project, il souhaite démontrer que passer à la culture d'algues peut réduire les émissions de carbone, nettoyer les zones mortes des océans, nourrir les hommes et mettre fin à la pauvreté des populations côtières. Joe Quirk et Patri Friedman qualifient effrontément les algues de «meilleure nanotechnologie imaginable… à la fois panneaux solaires auto-assemblants et comestibles». Ricardo Radulovich confessa un jour à Joe Quirk qu’il craignait bien plus les bureaucrates que les pirates ou les requins. «Nous pourrions avoir besoin des seasteads pour nous installer dans les eaux internationales où il y a moins de réglementation. Nous devons avancer très rapidement pour devancer le fardeau réglementaire qui nous entrave», dit-il. Il y a pourtant quelques motifs de réjouissance. Par exemple, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) est en train de tenter de se réformer comme le fait remarquer Ricardo Radulovich dans un e-mail. Dans son plan stratégique 2016-2020 sur l’aquaculture marine, l’agence concède que «les réglementations américaines de l’aquaculture marine commerciale sont complexes, impliquant plusieurs agences, lois, réglementations et juridictions. Par conséquent, délivrer des permis peut être chronophage et difficile à mener, limitant de manière significative l’accès aux sites». La NOAA affirme vouloir rendre l’obtention de permis plus facile à l’avenir. Un autre aquapreneur cité dans le livre est Neil Sims, un océanologue australien qui travaille principalement dans la gestion de l’industrie de la pêche. Dans ce domaine, il innove en développant une «cage dérivante» ou «aquapod» qui permet à des équipes de deux personnes d’élever sans antibiotique des poissons goûteux, tout en envoyant le carbone emprisonné au fond de la mer lorsque les poissons défèquent. La NOAA a étudié l’un des projets d’aquapod de Neil Sims et a déclaré qu’il n’aurait pas d’impact néfaste sur l’océan. Mais Neil Sims, au même titre que Radulovich, continue de faire face aux barrières réglementaires. « Aux États-Unis, le cadre réglementaire est extrêmement restrictif au point d’en être dysfonctionnel », a-t-il confié à Joe Quirk. « Il n’y a a aucun élevage commercial de poissons dans l’ensemble des eaux fédérales des États-Unis », indique Neil Sims dans une interview. « Pourquoi ? Parce que le nœud gordien de la réglementation rend les choses impossibles un peu près partout ». Cela requiert d’ailleurs d’avoir à traiter avec la NOAA, les corps ingénieurs de l’armée, l’agence de protection de l’environnement et les autorités côtières de l’État américain le plus proche. Même pour un petit projet expérimental près de Hawaï, qui consistait à « élever deux mille poissons à une échelle expérimentale, nous avons eu besoin de deux ans pour obtenir un permis », et des évolutions dans les versions successives du projet ont nécessité d’attendre encore deux années supplémentaires à chaque fois. Une autre entreprise d’aquaculture qui gravite autour des seasteaders est Catalina Sea Ranch, dirigée par Phil Cruver, qui parvient à élever des moules dans les eaux territoriales au large de la Californie. Comme l’explique son dirigeant, le poids réglementaire devient bien plus facile à gérer dès que l’aquaculture n’implique pas l’élevage de poissons. Comme Ricardo Radulovich, Phil Cruver pense détecter de la part du gouvernement fédéral américain des signaux montrant un intérêt pour tenter de rendre l’aquaculture un peu plus facile dans les eaux américaines. Bien qu’élargir son audience au-delà du microcosme libertarien sera crucial pour le futur du seasteading, Monty Kosma pressent que toute personne impliquée à ce stade a de grandes chances « soit d’avoir un engagement profond envers les idées que le seasteading pourra offrir au monde, soit de tout simplement croire profondément en les personnes qui font avancer le projet.» Le poids de la réalité qui a fait dévier le projet de ses racines purement libertariennes vient, pour Joe Quirk, du fait que « les États nations existants contrôlent toutes les eaux peu profondes. Nous avons donc besoin d’aller dans des pays côtiers qui ont déjà des zones économiques spéciales » et de leur vendre le seasteading. « Nous n’avons pas besoin de vos terres », ajoute-t-il. « Donnez-nous plus d’autonomie réglementaire dans vos zones maritimes et nous compilerons les meilleures pratiques des 4 000 zones économiques spéciales du monde entier et les appliquerons dans votre espace maritime ; et nous apporterons nos propres terre.» Quel intérêt pour la Polynésie ? Les Polynésiens ont leur propres raisons pour accorder cette autonomie aux seasteaders et l’une d’elles est la menace du réchauffement climatique. Les Polynésiens sont tout naturellement attirés par une idée qui leur permettrait de rester là où ils sont en cas de montée du niveau de la mer. Lorsque Randolph Hencken et Jean-Christophe Bouissou signèrent leur protocole d’entente, Lelei Lelaulu était présent en qualité de représentant du Forum des îles du Pacifique, une sorte de mini ONU pour les îles États du Pacifique. Lelei Lelaulu, natif des îles Samoa, pense que le seasteading a le potentiel de résoudre l’épée de Damoclès qui menace la souveraineté des îles : la perte des terres sur lesquelles elles exercent leur souveraineté. Il soutient que pour de tels pays la construction d’îles flottantes artificielles sera une manière de maintenir leur existence juridique même. Kiribati est l’une de ces îles du Pacifique tout particulièrement concernées par cette menace. L’univers libertarien qui a enfanté le seasteading inclut un bon nombre de climato-sceptiques mais Randolph Hencken n’est pas intéressé par un débat sur les évolutions du niveau de la mer avec eux. Il constate simplement que, peu importe ce que vous croyez ou non sur ce phénomène, il existe des clients qui le voient comme un problème méritant une solution. La seconde raison qui explique l’intérêt des Polynésiens est liée aux emplois. Le pays a un taux de chômage qui dépasse les 20 % et les projets de seasteading pourraient être à la fois une importante source d’emplois et d’opportunités entrepreneuriales. Les énergies alternatives sont la troisième raison. Nicolas Germineau, un ingénieur logiciel français travaillant avec Blue Frontiers, constate que les îles font face à certains des mêmes problèmes liés à la production d’énergies renouvelables et à la gestion des déchets qu’un seastead devra résoudre ; donc « notre forme de développement durable les intéresse ». Jean-Christophe Bouissou est également certain de ce qu’il ne veut pas qu’il advienne avec les seasteads. « Nous ne voulons pas ressembler à Hawaï », a-t-il affirmé lors d’une conférence tenu le même jour que la signature de l’accord. « Nous voulons conserver notre culture, nos langues et nos vies telles qu’elles sont : authentiques ». (Le tourisme, une part considérable de l’économie locale, a considérablement baissé autour des années 2000 et ne commence que maintenant à s’en remettre tout doucement.) Marc Collins pense que l’enthousiasme des Polynésiens est partiellement lié au fait que les seasteaders ne sont pas venus en demandant des subventions publiques ou d’autres soutiens financiers. Tout ce qu’ils désirent c’est l’espace et la liberté nécessaires pour rendre le projet possible. En termes de temps médiatique, un voile d’incertitude, certes nécessaire, couvre les possibles futurs des seasteads. Aujourd’hui, l’actuelle tâche des seasteaders consiste à produire des rapports économiques et environnementaux convaincants afin de démontrer aux Polynésiens qu’un seastead serait dans les faits bénéfique pour eux. Mais l’accord final ne peut pas seulement être octroyé par le Président Fritch et son équipe déjà bien disposée envers la cause des seasteaders. Les relations entre la France et la Polynésie laissent les questions fiscales à la charge de cette dernière mais Paris continue de contrôler les permis de travail et l’immigration, des points non négligeables pour les seasteaders. Un cabinet d’avocats international, DLA Piper, aide les seasteaders bénévolement sur l’angle français et Marc Collins affirme que le gouvernement polynésien est déterminé à travailler tous les points nécessaires avec la France. Toutes les personnes participant au projet désirent que ce qui se passe en Polynésie française n’y soit pas circonscrit. Lelei Lelaulu suppose que les Seychelles et l’île Maurice voudront rapidement s’approprier le seasteading s’il réussit dans le Pacifique. Peut-être parce qu’il n’a pas joué de véritable rôle dans l’accord, Lelei Lelaulu était prompt à lancer des idées sur les possibles sources de financement pour construire les seasteads. « La Banque de Développement Asiatique cherche des projets », dit-il durant la conférence qui eut lieu le jour de la signature de l’accord. « Rapprochons-nous des fonds souverains. Le Fonds de Pension Norvégien a toujours eu la fibre océanique et ils veulent projeter une bonne image car ils continuent de tuer des baleines », ajouta-t-il. Il suggéra aussi de jouer les Norvégiens contre les Suédois pour récupérer des fonds qui financeraient les opportunités de sauvegarde des océans ouvertes par le seasteading. Jusqu’à présent, les véritables seasteaders ont été soit réticents, soit incapables d’être spécifiques sur leurs sources de financement, quoique Joe Quirk soit transparent sur le fait que plusieurs millions seront nécessaires. Quelques semaines après la signature de l’accord, il me confia que « nous avons assurément des personnes impliquées dans le projet qui sont prêtes à payer pour voir la construction d’un seastead si elles peuvent obtenir le type de réglementation et d’autonomie administrative qu’elles demandent .» ; mais personne ne citera de nom. D’autres exposés durant la conférence semblaient destinés à impressionner la délégation polynésienne avec l’éventail d’idées, de technologies et d’individus qui forme l’univers du seasteading. La plupart des exposés étaient dédiée aux procédés et aux projets qui rendraient la vie sur un seastead plus facile ou plus intéressante : la production de biogaz, le Smart Grid, des bateaux de nettoyage mobiles, la conversion de l’énergie des vagues, des fibres construites à partir de nanotechnologies, des robots sous-marins. Mais ils ne mirent en lumière aucune entreprise qui serait prête à dépenser des sommes sérieuses pour voir la construction d’un seastead, ce qui apparaît comme étant le problème le plus urgent de l’initiative. « Si nous le rendons beau, nous le rendons invincible » Karina Czapiewska dirige l’équipe de design physique chez Blue Frontiers. Sa précédente société, aujourd’hui connue sous le nom de Blue21, a développé une expertise dans la construction d’infrastructures municipales flottantes aux Pays-Bas. (Ce sont eux qui ont « concrètement défini la technologie pour la construction de plateformes flottantes durables en eaux peu profondes », affirme Joe Quirk). Karina Czapiewska est certaine qu’aucune nouvelle invention ne sera nécessaire pour que puisse fonctionner un seastead polynésien. Les problèmes ont déjà des solutions qui sont connues, la seule question est de pouvoir le financer. Mais c’est aussi une question de faisabilité politique. Pour le moment, la relation entre les seasteaders et les Polynésiens n’est que joie et douceur mais, comme l’a dit Jean-Christophe Bouissou lors de la conférence, « Nous devons nous rendre dans les communautés auprès des gens ordinaires et traduire toute cette connaissance technique en quelque chose que la population pourra comprendre et à laquelle elle pourra s’adapter et accepter.» En décembre, avant que les seasteaders eux-mêmes ne rendent l’accord public, The Guardian publia un article s’opposant aux seasteads polynésiens et citant le présentateur TV tahitien Alexandre Taliercio, « tout cela me fait penser aux Ewoks innocents de la lune d’Endor qui virent dans l’Empire Galactique une manne providentielle » mais qui furent en réalité exploités. Joe Quirk fut négativement impressionné que les journalistes « aient réussi à trouver un type qui qualifie ses propres voisins d’Ewoks » juste pour décrier le seasteading. Chris Muglia, un ancien manager dans une entreprise de construction navale, est le seul leader chez Blue Frontiers avec une longue expérience de la mer. Fort de décennies passées à « travailler dans presque toutes les îles des Caraïbes ainsi que dans les îles Marshall », il explique que les insulaires ont une expérience amère des « gens qui débarquent clamant qu’ils ont une idée géniale et qu’ils feront ci et ça pour ensuite disparaître et ne jamais revenir.» Chris Muglia pense que donner des preuves solides de leur implication durable fera beaucoup pour vendre le projet aux habitants. A quoi ressemblera le premier seastead ? Tout ce que Karina Czapiewska peut dire c’est que tous les articles montrant de vieux designs trouvés sur le Web et présentés comme « le seastead » sont à côté de la plaque. Chris Muglia déclare que « le premier né ne sera pas quelque chose de gigantesque », que des premiers et des seconds jalons seront nécessaires tandis que leurs méthodes deviendront « de moins en moins coûteuses et de plus en plus adaptées à l’environnement marin » et auront une « capacité plus grande ». Randolph Hencken rêve d’une grande structure centrale adaptée à cet aspect clé du Seasteading qu’est la modularité, avec des ensembles plus petits que l’on peut attacher ou détacher de la base centrale. Il n’est pas clair non plus quelles entreprises et autres activités pourraient venir sur cette structure. « Cela dépendra beaucoup des règles qui y seront différentes », indique Nicolas Germineau. « Certains modèles économiques sont allergiques à l’inconnu ». Nicolas Germineau pense que les secteurs des technologies de l’information, des technologies vertes et des technologies marines seront probablement les premiers à adopter le seastead. Greg Delaune de UIX Global pense que les problèmes conceptuels et pratiques que les seasteaders devront résoudre, foncièrement créer un écosystème fermé autosuffisant, créera des « technologies intégrées à forte valeur qui pourront potentiellement générer des revenus sur le long terme » ; un point qui à l’heure de la crise écologique et de l’exploration interplanétaire pourrait être précieux même pour des individus pas le moins du monde intéressés par la concurrence réglementaire. Greg Delaune imagine aussi qu’un premier seastead polynésien pourrait être très attractif pour « la communauté mondiale des seniors » ; ou alors ils pourraient construire un centre de conférence international dédié aux « idées, technologies et leadership intellectuel que soulève le seasteading ». Randolph Hencken prévoit que les rapports sur l’impact environnemental et économique seront achevés en mai. Chris Muglia est en train de procéder aux « premiers repérages sur différents sites potentiels, tenant compte de l’aspect géotechnique et de ce à quoi ressemblent les fonds des lagons et baies », et de penser à « l’arrimage et à d’autres truc super basiques », afin d’identifier les meilleures et les deuxièmes meilleures options de lieux où construire. Marc Collins est certain que soit Tahiti, soit Ra’iatea sera l’île d’accueil du premier seastead, Bora Bora ayant trop d’activité dans ces ports. Peu importe à quoi il finira par ressembler, peu importe sa fonction, le premier seastead doit « être viable d’un point de vue financier », indique Marc Collins. « Nous ne pouvons pas construire une plateforme et laisser une piscine ou un terrain de foot en occuper la moitié. Nous ne voulons pas d’un environnement urbain dense non plus, et personne de l’équipe n’a jamais voulu d’une enclave pour de riches touristes ou juste d’une nouvelle option pour construire un hôtel sur l’eau.» Tom W. Bell, l’avocat, qui a participé à de nombreux projets de startup-city qui ont échoué ou qui ont été avortés, dit que travailler dans ce secteur peut « vous briser le cœur sans cesse ». Son conseil : « Ne tombez pas amoureux de chaque projet.» Toutefois, l’optimisme enjoué qui caractérise ce projet en Polynésie semble être fondé. Patri Friedman insiste sur le fait que « l’idée de la concurrence réglementaire continue d’englober, ou de sous-tendre, ce que nous voyons comme l’impact de long-terme sur 100 ans » de l’initiative. Il ne faut juste pas oublier que le seasteading est un secteur en mode startup. Si la seule façon de démarrer le projet de manière abordable implique une nation d’accueil, dit-il, alors les paramètres seront définis par « peu importe ce qui donne envie au client » d’embarquer. Même compte tenu de ces paramètres, la vision de Joe Quirk de ce que les seasteaders ont l’intention d’accomplir est ambitieuse. « En 2017 nous bouclons le volet légal », dit-il. « En 2018, nous commençons à construire des îles flottantes en Polynésie française et d’ici la fin de la décennie je veux que le monde entier puisse regarder bouche bée une de ces îles et qu’il y voit déjà le microcosme de liberté qui existera sur la mer, OK ? Il faut que ce soit beau, il faut que cela ne ressemble à rien d’autre de ce qui existe déjà de par le monde. En matière environnementale, cela ne doit pas juste être durable mais réparateur». La plus grande menace à laquelle fait face le seasteading est selon lui «un contrecoup politique ». « Si nous le rendons beau, nous le rendons invincible. Et notre Floating Island Project est plus vaste que ce projet seul. Il est au sommet d’une vague d’au moins 4 000 zones économiques spéciales à travers le monde qui se sont multipliées et ont crû buttant contre la côte comme si c’était une digue ». Si Joe Quirk et son équipe réalisent leur projet polynésien selon leurs plans, alors celui-ci brisera la digue et déferlera sur le monde lui apportant nourriture, eau propre, énergie et liberté. Brian Doherty 1 ndlt : mot-valise désignant la création de villes flottantes artificielles indépendantes, et qui recouvre aussi bien les aspects techniques que politiques du projet. Les « seasteaders » sont les acteurs de ce mouvement lié au Seasteading Institute fondé en 2008. Un « seastead » désigne la plateforme flottante. 2 ndlt : Année de la fondation du Seasteading Institute 1
Nathalie MP Posté 31 juillet 2017 Signaler Posté 31 juillet 2017 C'est court, mais c'est creepy : Si vous voulez, je peux le traduire prochainement (et il faudrait aussi prévoir des sous-titres pour la vidéo). Creepy Canadian App Gives Citizens Points for Making Government-Approved Choices https://fee.org/articles/creepy-canadian-app-gives-citizens-points-for-making-government-approved-choices/?utm_source=FEE+Email+Subscriber+List&utm_campaign=d57c083ce9-MC_FEE_DAILY_2017_07_31&utm_medium=email&utm_term=0_84cc8d089b-d57c083ce9-108370165
Rübezahl Posté 31 juillet 2017 Signaler Posté 31 juillet 2017 https://ourworldindata.org/what-is-the-safest-form-of-energy/ cc by sa
Nathalie MP Posté 1 août 2017 Signaler Posté 1 août 2017 Il y a 13 heures, Vincent Andrès a dit : https://ourworldindata.org/what-is-the-safest-form-of-energy/ cc by sa Je vais traduire d'abord celui-ci J'attends le feu vert pour celui de la "creepy canadian app".
F. mas Posté 1 août 2017 Signaler Posté 1 août 2017 15 hours ago, Nathalie MP said: C'est court, mais c'est creepy : Si vous voulez, je peux le traduire prochainement (et il faudrait aussi prévoir des sous-titres pour la vidéo). Creepy Canadian App Gives Citizens Points for Making Government-Approved Choices https://fee.org/articles/creepy-canadian-app-gives-citizens-points-for-making-government-approved-choices/?utm_source=FEE+Email+Subscriber+List&utm_campaign=d57c083ce9-MC_FEE_DAILY_2017_07_31&utm_medium=email&utm_term=0_84cc8d089b-d57c083ce9-108370165 Quelqu'un pour les ss titres de la vid ?
Nick de Cusa Posté 1 août 2017 Auteur Signaler Posté 1 août 2017 L'assimilation rapide des musulmans US continue, https://www.cato.org/blog/rapid-us-muslim-assimilation-continues-alongside-rapid-muslim-immigration?utm_content=buffer7bc9d&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer
Nick de Cusa Posté 1 août 2017 Auteur Signaler Posté 1 août 2017 5 raisons pourquoi le marxisme n'a rien à offrir aux millenials, https://fee.org/articles/5-reasons-marxism-has-nothing-to-offer-millennials/?utm_source=zapier&utm_medium=facebook
Johnathan R. Razorback Posté 1 août 2017 Signaler Posté 1 août 2017 il y a 19 minutes, Nick de Cusa a dit : 5 raisons pourquoi le marxisme n'a rien à offrir aux millenials, https://fee.org/articles/5-reasons-marxism-has-nothing-to-offer-millennials/?utm_source=zapier&utm_medium=facebook L'intention est sans doute louable mais le résultat reste mauvais. Il y a quasiment une bêtise par paragraphe, à commencer par le titre.
Nathalie MP Posté 2 août 2017 Signaler Posté 2 août 2017 Le 31/07/2017 à 20:21, Vincent Andrès a dit : https://ourworldindata.org/what-is-the-safest-form-of-energy/ cc by sa Vioici ma traduction. Article très "JamesHansenien", si l'on peut dire : on est dans le petit recoin des réchauffistes pro-nucléaire. Il me semble qu'il faudrait peut-être en faire mention dans la présentation de l'article... Notes de bas de page : J'ai intégré les 15 notes de bas de page en liens directs dans l'article sauf la numéro 4 que j'ai mise dans le texte en gris. J'ai aussi ajouté une note de mon cru sur la classification des déchets nucléaires. ---------- Sources d’énergies : Incroyable mais vrai, le nucléaire est le plus sûr ! Hannah Ritchie, Our World in Data, 24 juillet 2017. La production et la consommation d’énergie sont des facteurs essentiels pour le développement économique, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des niveaux de vie, sans oublier toutes les questions relatives à la santé. Le lien entre production d’énergie et prospérité apparaît clairement dans ce graphique : on y voit en effet une relation étroite entre la consommation d’énergie et le PIB par habitant. Mais la production d’énergie peut aussi avoir des conséquences involontaires qui se traduisent par des effets négatifs sur la santé. Il est possible de lui attribuer des cas de mortalité (décès) et de morbidité (maladies graves) en tant que conséquences de chaque stade du processus de production. Cela comprend les accidents miniers et ceux des phases de transformation et de production ainsi que les impacts liés à la pollution. Cet arbitrage entre le développement et la pollution de l’air a fait l’objet d’une étude récente. Si nous voulons produire de l’énergie avec des conséquences minimes pour la santé, quelle source d’énergie devrions-nous choisir ? Dans cet article, nous limitons nos comparaisons aux sources d’énergie dominantes – lignite, charbon, pétrole, gaz, biomasse et nucléaire – qui représentaient environ 96 % de la production énergétique mondiale en 2014. On pense en général que les énergies renouvelables modernes n’affectent pas ou peu la santé, mais pour l’instant elles n’ont pas donné lieu à des études approfondies. Lorsque l’on souhaite quantifier la mortalité potentielle de la production d’énergie, il faut tenir compte de deux échelles de temps distinctes. La première, courte, correspond à la durée de vie d’une génération et couvre les décès liés aux accidents lors des phases d’extraction, transformation et production de l’énergie, ainsi que ceux découlant de la pollution de l’air pendant la production, le transport et l’utilisation des différents combustibles. La seconde, plus longue, s’étend sur plusieurs générations et résulte du changement climatique. Décès par accidents et pollution de l’air Le graphique 1 ci-dessous montre les résultats de l’analyse de Markandya et Wilkinson publiée par la revue médicale The Lancet en 2007. Il s’agit du taux de décès à court terme dus aux accidents et à la pollution de l’air induits par la production d’énergie. Dans la mesure où nous voulons comparer l’innocuité relative des différentes sources d’énergie, les données ont toutes été ramenées aux décès résultant de la production d’un Terrawatt-heure (TWh) d’énergie, lequel correspond peu ou prou à la consommation énergétique annuelle de 12 400 citoyens américains. Bien que les décès par accidents et par pollution aient été mélangés, il est important de noter que la pollution de l’air est le facteur létal dominant. Dans le cas du lignite, du charbon, du pétrole et du gaz, elle représente plus de 99 % des décès, pour le nucléaire 70 % et pour la biomasse 100 %. [Pour le nucléaire, Markandya et Wilkinson incluent les estimations de décès par cancer dans la catégorie « décès liés à la pollution de l’air ».] Il est aisé d’observer que le lignite et le charbon obtiennent les plus mauvais scores dès lors qu’il est question de mortalité liée aux sources d’énergie. Les centrales à charbon sont des sources caractérisées de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote, substances qui interviennent ensuite dans la pollution par l’ozone ou les particules fines (PM). Il peut en résulter des problèmes de santé, même lorsque les concentrations sont peu élevées. A l’autre bout de l’échelle, du côté des énergies les plus sûres, nous avons le nucléaire qui se montre 442 fois moins mortel que le lignite par unité d’énergie. Notez bien que ces chiffres tiennent compte d’une estimation des décès résultant des cancers attribués à l’exposition aux radiations pendant le cours de la production d’énergie nucléaire. Graphique 1 Dans le second graphique ci-dessous, nous avons fait une estimation du nombre hypothétique de décès qu’il y aurait eu dans le monde si toute l’énergie était produite par une seule source donnée. Pour cela, nous avons multiplié les taux de mortalité respectifs de chaque source par les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur la production énergétique mondiale en 2014, soit 159 000 TWh. Si, en 2014, la demande mondiale d’énergie avait été comblée uniquement par le lignite, la mortalité mondiale de la production d’énergie serait montée à plus de 5 millions de décès. A l’opposé, si seul le nucléaire avait répondu à la demande d’énergie, le nombre de morts aurait été de 11 800 seulement, soit 442 fois moins. Graphique 2 Qu’est-ce que notre scénario catastrophe nous apprend sur les risques ? A propos du nucléaire, il est important de remarquer qu’on peut considérer les taux de mortalité et le nombre hypothétique de décès dans le cas du tout-nucléaire (graphiques ci-dessus) comme étant le scénario catastrophe quant au risque et à la mortalité dus à cette source d’énergie. Les chiffres des taux de mortalité par TWh de Markandya et Wilkinson sont calculés sur une base théorique à partir de la méthode linéaire sans seuil. Ce modèle fait l’hypothèse que le nombre de décès est directement et linéairement proportionnel au dosage des radiations. Il considère de plus qu’il n’y a pas de limite basse, c’est–à-dire pas de niveau d’exposition sans danger, signifiant ainsi que les individus encourent toujours un risque, même à très faible dose. Cependant, ce modèle d’estimation des risques de mortalité suite à l’exposition aux radiations est très controversé. On le soupçonne d’aboutir à la surestimation des risques encourus. De plus, ainsi que James Hansen l’a mis en évidence dans son étude de 2011, l’observation empirique du risque de mortalité basée sur l’historique des accidents nucléaires (au nombre desquels on ne compte que trois événements importants : Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima) donne des résultats considérablement inférieurs à la prédiction du modèle linéaire sans seuil. De ce fait, nous pouvons considérer que ces modèles (et les chiffres utilisés dans les deux graphiques ci-dessus) sont une estimation haute des risques plutôt qu’une prédiction basée sur l’observation historique (laquelle pourrait échouer à apprécier correctement des conditions extrêmes). La gestion des déchets nucléaires En plus des décès accidentels qui lui sont directement imputés, l’énergie nucléaire doit faire la preuve de sa capacité à gérer ses déchets radioactifs. Les déchets produits par le processus (et les équipements) de fission nucléaire ont des niveaux de radioactivité variés et la durée pendant laquelle ils constituent un risque sanitaire pour l’homme est également variable. On parle de n’importe quelle période de temps entre 10 000 ans et 1 million d’années. De ce fait, nous classons les déchets en trois catégories : déchets de faible activité (DFA), déchets de moyenne activité (DMA) et déchets de haute activité (DHA). [NDLT : En anglais, Low Level Waste, Intermediate Level Waste et High Level Waste. J’ai repris la terminologie de la classification française, mais elle comprend un niveau supplémentaire, les déchets à très faible activité ou DTFA, et se croise en outre avec la prise en compte des durées sur 3 niveaux.] Notre capacité à gérer les déchets de faible et moyenne activité (DFA et DMA) est établie sans conteste. Les premiers peuvent être compactés, incinérés et enterrés en toute sécurité à faible profondeur. Les seconds, plus radioactifs, doivent d’abord être placés à l’abri d’un blindage en béton ou en bitume. En revanche, la gestion des déchets de haute activité est plus complexe. Leur durée de vie particulièrement longue, ainsi que leur haut niveau de radioactivité (il s’agit surtout des combustibles usés pendant la fission) signifient qu’ils ne doivent pas seulement être blindés en conséquence, mais qu’ils doivent ensuite être placés dans un environnement stable pendant 1 million d’années. La proposition en vigueur consiste à les enterrer en couches géologiques profondes, la difficulté étant de s’assurer que les sites choisis seront stables pendant tout ce temps (en matière de température, niveau des eaux, etc.). Aujourd’hui, la majeure partie des DHA sont entreposés en surface selon un système multi-barrières. Mais si l’on veut s’en occuper convenablement, il est impératif de développer des solutions de long terme telles que l’enfouissement géologique profond. La Suède et la Finlande sont clairement les pays les plus avancés en ce domaine. Les décès liés au changement climatique La production d’énergie n’a pas que les effets sanitaires négatifs de court terme que sont les accidents et la pollution de l’air. Elle contribue aussi à plus long terme au réchauffement climatique dont les conséquences – événements climatiques extrêmes, élévation du niveau des mers, raréfaction des ressources en eau, moindre rendement des cultures, épisodes caniculaires – pourraient s’avérer fatales pour un certain nombre de personnes. Il n’est certes pas simple de prédire combien de décès liés au changement climatique nous sommes susceptibles d’expérimenter d’ici plusieurs dizaines d’années, et parmi eux, combien pourraient être rattachés à telle ou telle source d’énergie. De ce fait, il est difficile de comparer des chiffres spécifiques de mortalité à long terme. Nous pouvons cependant faire usage d’un indicateur de substitution pour comparer la contribution potentielle de chaque source d’énergie au changement climatique. Pour cela, nous utilisons l’intensité carbone de l’énergie, c’est-à-dire les grammes de dioxyde de carbone (CO2) émis lors de la production d’un kilowatt-heure d’énergie (gCO2e par kWh). A partir de cette approximation, nous pouvons faire l’hypothèse que pour un niveau donné de production, les sources d’énergie affectées de la plus haute intensité carbone auront un impact plus important sur le taux de mortalité dérivé du changement climatique. Dans le graphique 3 ci-dessous, nous voyons les deux mesures de la mortalité : l’axe des Y correspond aux taux de mortalité (par TWh) dus aux accidents et à la pollution de l’air (tels qu’on les a commentés précédemment) ; et l’axe des X présente l’intensité carbone de chaque source d’énergie (mesurée en gCO2e par kWh). Nous observons une forte corrélation entre les deux grandeurs : les sources d’énergie qui sont malsaines à court terme le sont aussi à long terme, et celles qui sont plus sûres pour la génération actuelle, le sont aussi pour les générations futures. Le charbon (surtout le lignite) est très mal placé dans les deux systèmes de mesures. Il souffre à la fois d’un taux de mortalité élevé relativement à la pollution locale de l’air et d’une haute intensité carbone. Le pétrole possède les mêmes caractéristiques néfastes pour la santé, à court terme comme à long terme. A l’autre bout du spectre, le nucléaire et la biomasse ont les intensités carbone les plus faibles : 12 gCO2e par kWh pour le nucléaire et 18 gCO2e par kWh pour la biomasse, soit 83 et 55 fois moins que le charbon respectivement. Graphique 3 Ainsi, on voit que la production d’énergie nucléaire réalise les taux de mortalité les plus bas, aussi bien à long terme qu’à court terme. On a évalué que 1,8 millions de décès liés à la pollution de l’air avaient été évités entre 1971 et 2009 suite à la production d’énergie via le nucléaire plutôt que les alternatives disponibles. Conclusion sur la sécurité énergétique Le débat sur la sécurité des différentes sources d’énergie soulève fréquemment la question de savoir combien de personnes sont mortes dans les accidents nucléaires de Tchernobyl et Fukushima. Nous avons examiné ce sujet dans un précédent article de blog. Pour faire court : les estimations varient, mais l’ordre de grandeur de Tchernobyl se situe probablement aux alentours de dizaines de milliers de morts. Pour Fukushima, la majorité des décès (qui se montent à 1 600) sont réputés liés au stress de l’évacuation plutôt qu’à l’exposition directe aux radiations. En tant qu’événements isolés, ces chiffres sont élevés. Cependant, les niveaux de mortalité qu’ils représentent sont très loin de ceux que l’on attribue à la pollution de l’air du fait de l’utilisation d’autres sources d’énergie traditionnelles. L’Organisation mondiale de la santé estime les décès dus à la pollution de l’air ambiant à 3 millions par an ; ce chiffre monte à 4,3 millions pour la pollution à l’intérieur des maisons. Comme bien souvent, des événements spectaculaires isolés qui font les grands titres de la presse tendent à occulter les risques continus qui déroulent leur tragédie dans le plus grand silence. Sur la base des données historiques et actuelles sur les décès liés à la production d’énergie, le nucléaire ressort comme étant la source d’énergie la moins dommageable à l’homme – et de loin. Cette réalité empirique n’est cependant pas partagée par l’opinion publique, laquelle fonde ses réticences sur la question de la sécurité. C’est précisément l’objet du graphique 4 ci-dessous qui donne par pays la part des personnes interrogées qui se disent opposées au nucléaire pour la production d’électricité. Au plan mondial, l’opposition au nucléaire se montait à 62 % en 2011. Le soutien populaire en faveur des énergies renouvelables est beaucoup plus élevé que pour le nucléaire ou les énergies fossiles. Dans ces conditions, pourquoi la comparaison entre ces deux dernières sources d’énergie nous importe-t-elle ? Alors que la part des renouvelables s’accroît lentement dans le mix énergétique, 96 % de la production énergétique mondiale provient des énergies fossiles, du nucléaire et de la biomasse traditionnelle. La transition énergétique mondiale vers les systèmes renouvelables modernes va prendre beaucoup de temps. S’ouvre à nous une longue période pendant laquelle nous devons faire des choix décisifs pour passer le cap de la transition énergétique. La sécurité de nos sources d’énergie devrait être un critère important pour tracer le chemin de transition que nous souhaitons emprunter. Graphique 4 ---------------- Article d’origine : It goes completely against what most believe, but out of all major energy sources, nuclear is the safest
Nathalie MP Posté 2 août 2017 Signaler Posté 2 août 2017 Il y a 21 heures, F. mas a dit : Quelqu'un pour les ss titres de la vid ? Je peux traduire le texte de la vidéo, ce qu'il faudrait c'est qqun pour incruster le tout dans les images (à moins que ce soit facile à faire ... si on m'explique) Et @F. mas : je manque de capacité internet, je n'arrive pas vous envoyer par mail le fichier word du texte Nuclear is the safest. Je vais réessayer et il me reste la solution mac do mais ce sera pour plus tard
Nigel Posté 2 août 2017 Signaler Posté 2 août 2017 Avec Windows Movie Maker, ça se fait. Tu ouvres le logiciel, tu importes la vidéo, puis tu peux rajouter du texte avec la fonction "légende". 1
Adrian Posté 2 août 2017 Signaler Posté 2 août 2017 L'option "ajouter des sous titres" n'est pas disponible sur cette vidéo, dommage. Tu fais tes vidéos avec windows movie maker ? @Nigel
RaHaN Posté 3 août 2017 Signaler Posté 3 août 2017 Le 18/05/2017 à 21:35, ttoinou a dit : Cool ! Je fais un gdoc alors https://docs.google.com/document/d/1RrsxhsGfqQNCtUBREV8vQSqRMGjWW0s0JzTv5n4-VnQ/edit J'ai avancé le travail, je pense que d'ici à demain soir, j'aurai au moins fait les deux paragraphes qui suivent. Il restera le dernier à boucler. Est-ce que je m'en charge aussi ? Le 27/05/2017 à 09:10, Séverine B a dit : si les traducteurs souhaitent être crédités de leur travail sur l'article, indiquez-nous un prénom et un nom. Juste au pseudo, ça passe pas ? @Nick de Cusa, l'auteur de l'article sur la diète est enthousiaste et semble ok, il m'a juste demandé une relecture perso avant (via son frère), donc le feu est presque vert, je te tiens au jus.
ttoinou Posté 3 août 2017 Signaler Posté 3 août 2017 Oulah je l'avais oublié celui là, je vais m'y mettre. Faudrait stp que tu marques en haut du gdoc la signification des styles que tu rajoute (par exemple, gras = phrase dont je suis pas sûr de la traduction)
RaHaN Posté 3 août 2017 Signaler Posté 3 août 2017 C'est fait, j'ai modifié du coup. Par contre, j'ai absolument pas relu ce que j'ai fait encore. Si tu veux que je le fasse avant que tu ne commences, fais moi signe.
ttoinou Posté 3 août 2017 Signaler Posté 3 août 2017 Bah sinon je commence d'autres paragraphes et on relit tout après
Nathalie MP Posté 3 août 2017 Signaler Posté 3 août 2017 Traduction de : Creepy Canadian App https://fee.org/articles/creepy-canadian-app-gives-citizens-points-for-making-government-approved-choices/?utm_source=FEE+Email+Subscriber+List&utm_campaign=d57c083ce9-MC_FEE_DAILY_2017_07_31&utm_medium=email&utm_term=0_84cc8d089b-d57c083ce9-10837 NB : J'ai renoncé à mettre des sous-titres pour la vidéo, d'une part pcq c'est long (9' 53") et surtout parce que j'ai vu qu'il y a des sous-titres disponibles en anglais ------------------ L’appli canadienne qui donne la chair de poule Elle vous donne des points de récompense chaque fois que vous faites des choix approuvés par le gouvernement. Josie Wales, FEE, 31 juillet 2017. L’Ontario a annoncé il y a un mois qu’il allait être le quatrième Etat canadien à financer une application de modification du comportement qui récompense les utilisateurs chaque fois qu’ils font un « bon choix » en matière de santé, de finance et d’environnement. L’application Carrot Rewards pour smartphone, qui va recevoir une subvention de 1,5 million de dollars de la part du gouvernement de l’Ontario, crédite les comptes des utilisateurs avec des points utilisables dans le programme de récompense de leur choix en échange de leur « niveau de résultat » lorsqu’ils participent à des jeux, répondent à des quizz sur le budget familial ou s’engagent dans des actions approuvées par le gouvernement à propos de la santé ou de l’environnement. L’application, financée par le gouvernement fédéral du Canada et développée en 2015 par l’entreprise Carrot Insights basée à Toronto, est parrainée par de nombreux organismes dont les services, considérés comme des incitations pour « apprendre » à améliorer son bien-être ou la gestion de son budget, donnent lieu à des points de récompense pour les utilisateurs. Selon Carrot Insights, « tous les jeux et quizz sont mis au point par des sources dignes de confiance telles que le ministère de la Santé de la Colombie britannique, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, la Fondation des maladies du cœur du Canada (Heart and Stroke Foundation), l’Association canadienne du diabète (Canadian Diabetes Association) et l’association YMCA pour un Canada en santé. » Les utilisateurs peuvent choisir de dépenser leurs points de récompense dans diverses entreprises parmi lesquelles SCENE, Aeroplan, Petro-Canada ou More Rewards – ce dernier étant un programme de fidélité qui fonctionne en partenariat avec d’autres entreprises. Le téléchargement de l’application est gratuit et les utilisateurs reçoivent immédiatement 200 points après avoir répondu à quelques questions (dont les réponses n’ont pas à être correctes). On peut aussi gagner des points en envoyant un code d’invitation à un ami, dans la mesure où le gouvernement est toujours content de pouvoir pister les activités quotidiennes du plus grand nombre de personnes possible – chose que l’application peut faire, même quand elle est « inactive » ! Pour pouvoir utiliser l’application, les utilisateurs doivent donner à Carrot Insights et au gouvernement fédéral la permission « d’accéder à (leurs) informations personnelles via (leur) téléphone portable et de les collecter, en incluant, sans s’y limiter, les données de géo-localisation, les données issues du gyroscope et de l’accéléromètre, ainsi que l’accès à l’appareil photo, au micro, aux contacts, au calendrier et à Bluetooth, afin de rendre opérationnelles d’autres fonctionnalités. » Selon CTV News, quand le fondateur et actuel dirigeant de Carrot Insights, Andreas Souvaliotis, lança l’application en 2015, il avait en tête les problématiques de santé, « mais l’entreprise et les gouvernements partenaires ont vite compris qu’elle pouvait modifier les comportements dans d’autres domaines également. » Le gouvernement canadien demande à ses citoyens de pouvoir suivre leur activité et modifier leur comportement en agitant une carotte au bout d’un bâton, et ça marche. Bien que laissée pour l’instant au libre usage des utilisateurs, l’application Carrott Rewards est étrangement similaire au « système de crédit social » qui se développe en Chine actuellement. Ce dernier ne se contente pas de distribuer des points en cas de bon comportement, mais il inflige aussi des punitions aux personnes qui ne se montrent pas assez « coopératives ». Les « pénalités peuvent porter sur les prestations sociales, l’évolution de carrière, le patrimoine détenu, et la possibilité de recevoir ou non des titres honorifiques du gouvernement chinois. » Les applications qui rentrent dans le cadre du « système de crédit social » ne sont pas connectées entre elles actuellement, mais il est question de tout regrouper sous l’égide du gouvernement chinois d’ici 2020. D’après Rogier Creemers, chercheur spécialisé dans la législation et la gouvernance chinoises à l’Institut Van Vollenhoven de l’Université de Leyde aux Pays-Bas, « La Chine a un énorme problème d’observance légale ; aussi, la conclusion des dirigeants fut de se dire que puisque les méthodes habituelles pour inciter au respect de la loi ne suffisaient pas, il fallait durcir le jeu en introduisant des punitions supplémentaires. Le système ne fait qu’utiliser les données dont l’Etat chinois dispose déjà, mais d’une façon plus coercitive. » Actuellement, l’application Carrot Rewards n’est disponible que pour les habitants de l’Ontario, de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Colombie britannique, mais d’après son site internet, elle va se mettre prochainement à la collecte des données personnelles et à la modification du comportement de tous les Canadiens. Voir ci-dessous la vidéo promotionnelle de l’appli Carrot Rewards (09’ 53’’). Des sous-titres sont disponibles en anglais. ---------------- Article d’origine : Creepy Canadian App Gives Citizens Points for Making Government-Approved Choices FIN
Nigel Posté 4 août 2017 Signaler Posté 4 août 2017 Je sais pas si ça intéressera beaucoup de lecteurs, mais Tucker a produit un truc sur Evola que je trouve intéressant comme rappel. https://fee.org/articles/the-brooding-baron-of-20th-century-fascism/
Rincevent Posté 4 août 2017 Signaler Posté 4 août 2017 Qui pour traduire ce trolling de compétition ? Les gauchistes auraient la morale d'un enfant de dix ans. http://reason.com/archives/2010/06/01/do-liberals-suffer-from-arrest
RaHaN Posté 4 août 2017 Signaler Posté 4 août 2017 Qui pour traduire ce trolling de compétition ? Les gauchistes auraient la morale d'un enfant de dix ans. http://reason.com/archives/2010/06/01/do-liberals-suffer-from-arrest Pour le coup celui ci me tente pas mal ahah. J'en ai un à terminer (cf plus haut) donc si quelqu'un d'autre veut le faire, qu'il le signale mais sinon je suis partant
Rincevent Posté 4 août 2017 Signaler Posté 4 août 2017 il y a une heure, Restless a dit : Il y a 2 heures, Rincevent a dit : Qui pour traduire ce trolling de compétition ? Les gauchistes auraient la morale d'un enfant de dix ans. http://reason.com/archives/2010/06/01/do-liberals-suffer-from-arrest Pour le coup celui ci me tente pas mal ahah. J'en ai un à terminer (cf plus haut) donc si quelqu'un d'autre veut le faire, qu'il le signale mais sinon je suis partant Go, go, go !
RaHaN Posté 4 août 2017 Signaler Posté 4 août 2017 Les libéraux souffrent-il d'un retard de développement moral ? (Ou ce que les enfants de 10 ans et les libéraux ont en commun) Par Ronald Bailey Est-ce que les enfants surpassent le socialisme ? Une étude passionnante intitulée «L'équité et le développement de l'acceptation des inégalités», publiée en mai 2010 dans la revue Science par des chercheurs de l'École norvégienne d'économie et d'administration des affaires, apporte un éclairage sur le développement moral d'un individu. Il s'avère qu'au fur et à mesure que les enfants grandissent, de l'adolescence au début de l'âge adulte, ceux-ci deviennent de plus en plus « méritocratiques », c'est-à-dire qu'ils estiment que les gens méritent des récompenses inégales en fonction de leurs succès personnels. Les chercheurs norvégiens ont étudié le comportement de près de 500 enfants (âgés de 11 à 19 ans) en se basant sur des versions alternatives du jeu du dictateur. Dans la version classique, une somme d'argent, disons 100 $, est répartie entre deux joueurs. Le dictateur décide combien il garde et combien il donne au receveur, le second joueur. Chose intéressante, les études montrent invariablement que la plupart des dictateurs ne conservent pas tout l'argent. Les chercheurs norvégiens ont donc modifié le jeu en mettant en place tout d'abord une phase de 45 minutes durant laquelle les joueurs peuvent gagner des points en cherchant et en cliquant sur des nombres spécifiques sur une série d'images affichée par ordinateur. Les scientifiques ont également mis en place des tâches alternatives permettant aux adolescents de choisir de jouer à des jeux vidéo ou de regarder des dessins animés plutôt que d'essayer de collecter des points. La plupart des participants se sont révélés être des mordus du travail, cliquant à temps plein pour essayer de gagner des points. Par la suite, ces points pouvaient être échangés contre de l'argent, et dans certains cas, la somme d'argent était multipliée au hasard, de telle sorte que certains chanceux ont fini par gagner davantage que d'autres qui avaient pourtant été tout aussi productifs. Une fois la première phase terminée, les enfants étaient placés en binôme en fonction de leur âge, et chacun devait déclarer combien de temps il avait passer à collecter des points, combien il avait gagné et si la somme reçue avait éventuellement été multipliée. Ensuite, les gains des deux enfants étaient mis en commun et l'un des deux - le dictateur - décidait de diviser le total. Que s'est-il passé ? Les jeunes enfants norvégiens, garçons et filles, ont divisé l'argent avec une part accordée aux receveurs en moyenne autour de 45% dans toutes les catégories. Les chercheurs suggèrent que cette division presque égale résulte du fait qu' « il n'y a pas d'argument d'équité apparente justifiant une répartition inégale de l'argent ». Cependant, les chercheurs ont constaté que la façon dont les élèves répartissaient l'argent changeait à mesure qu'ils devenaient plus âgés, when it was earned et dépendaient des succès individuels et de la chance. La plupart des élèves de fifth grades (63%) sont restés rigoureusement égalitaires, répartissant l'argent de manière égale, malgré le fait que certains des joueurs avaient gagné plus d'argent grâce à leur réussite individuelle. Cependant, la part des égalitaires a chuté à 40% au 7em grade; Part tombant finalement à 22% au 13em grade. À l'inverse, la part versée liée au mérite est passée de 5% au 5em grade, à 22% au 7em grade, atteignant jusqu'à 42% au 13em grade. Un total de 42% des joueurs du 13em grade ont gardé plus d'argent pour eux-mêmes parce qu'ils estimaient qu'ils l'avaient mérité. Les auteurs de l'étude norvégienne concluent que la vision de l'équité liée au mérite apparait à mesure que les capacités cognitives des enfants arrivent à maturation. En d'autres termes: oui, les enfants surpassent le socialisme. Les chercheurs ont également voulu voir si les personnes sont affectées par des soucis d'efficacité, de tel sorte qu'ils ont modifié le jeu afin que les gains de certains joueurs puissent être multipliés par quatre. Dans ce cas, le dictateur peut augmenter le total général gagné par le binôme en donnant ses points au receveur. Les plus jeunes ne tiennent pas compte de cet effet multiplicateur, mais à mesure que l'âge des joueurs masculins augmente, ces derniers sont plus disposés à sacrifier des points afin d'augmenter la valeur globale du pot. En d'autres termes, ils choisissent de prendre moins afin de maximiser la recette totale. En outre, les chercheurs ont constaté que dans chaque grade, environ un tiers des étudiants ne considèrent pas les inégalités dans les gains comme injuste, indépendamment du fait que ces gains soient acquis par la performance à la tâche ou par la chance. Ils appellent ce groupe «les libertariens». Curieusement, l'étude ne révèle pas comment les «libertariens» ont joué au jeu du dictateur, bien que la moyenne globale de 45/55% ne semble pas to have been greatly affected by their play. . Les chercheurs précisent: «Bien qu'il y ait eu une forte diminution de l'importance de la vision strict egalitarian fairness , la prévalence de la vision de l'équité des libertariens était stable tout au long de l'adolescence.» Peu importe ce qui les motive, il est clair qu'ils ne sont pas égalitaires. Le psychologue du développement moral Jonathan Haidt de l'Université de Virginie explore un champ similaire: les différences de raisonnement éthique entre les libéraux, les conservateurs et les libertariens. Il soutient qu'il existe cinq dimensions qui aiguillent les gens lors de choix moraux, dimensions qui sont : l'équité, le préjudice, la loyauté, le respect de l'autorité et la pureté spirituelle. Haidt constate que les libéraux se concentrent principalement sur les deux premières dimensions, tandis que les conservateurs déploient les cinq dimensions dans leur raisonnement éthique. Lors d'une récente conférence à l'American Enterprise Institute, Haidt a affiné la notion d'équité, affirmant qu'il en existe trois types . Les libéraux se concentrent sur une sorte d'équité, où les besoins de chacun sont respectés dans une certaine mesure. Les conservateurs, en revanche, voient l'équité quand les personnes sont récompensées pour leurs efforts, par exemple, ce qu'ils investissent, leurs rapportent. Ils voient également la rétribution comme un certain type d'équité dans lequel les auteurs de fautes doivent subir au même degré que leurs victimes, comprendre par là, œil pour œil. Qu'en est-il des libertariens? Après sa lecture, j'ai demandé à Haidt où les libertariens se situaient par rapport à ces cinq dimensions morales. Il m'a demandé de deviner comment les libertariens sont analysés. «Comme les libéraux», lui dis-je, voulant dire par là que les libertariens, au même titre que les libéraux, sont moins préoccupés par la loyauté du groupe, le respect de l'autorité et la pureté. Il se mit à rire et dit: "Oui, comme les libéraux, mais sans compassion". Autrement dit, les libertariens réagissent comme les libéraux, mais sans être préoccupés par l'égalitarisme qui affectent la manière dont un libéral - et les enfants de 10 ans - songe à l'équité. Ronald Bailey est correspondant scientifique pour la revue Reason ________________________________________________ J'ai un souci dans la traduction car l'étude est basée sur des adolescents norvégiens, et je ne sais absolument pas à quoi correspondent les 5th, 7th, 13th grade... J'aurai dis CM1, Sixième, Terminale, mais je ne savais pas ce qui était le plus pertinent, ie transposer tel quel ou bien faire correspondre avec notre système scolaire.
Rincevent Posté 5 août 2017 Signaler Posté 5 août 2017 Merci beaucoup Restless ! Juste un détail qu'on apprend à force de traduire des articles dans ce domaine. "Liberals" -> "gens de gauche" et non "libéraux" dans le contexte américain (le mot a été volé) ; et pour des raisons de compréhension du grand public français, "libertarians" -> "libéraux" et non "libertariens" (terme que peu de Français connaissent). Pour le reste, il faudrait que quelqu'un repasse dessus, pour les passages laissés en rouge et quelques tournures de phrase. Mais encore une fois, il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent aucune erreur. Merci encore de la traduction.
RaHaN Posté 5 août 2017 Signaler Posté 5 août 2017 Il y a 3 heures, Rincevent a dit : Juste un détail qu'on apprend à force de traduire des articles dans ce domaine. "Liberals" -> "gens de gauche" et non "libéraux" dans le contexte américain (le mot a été volé) ; et pour des raisons de compréhension du grand public français, "libertarians" -> "libéraux" et non "libertariens" (terme que peu de Français connaissent). Tu fais bien de me le redire, j'ai juste oublié à qui était destiné la traduction Merci pour le retour
Nick de Cusa Posté 5 août 2017 Auteur Signaler Posté 5 août 2017 à tout hasard, puisque c'est de l'américain, "governement" se traduit par État en français (mais pas pour l'anglais UK...)
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