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Johnathan R. Razorback

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Tout ce qui a été posté par Johnathan R. Razorback

  1. En ce cas la proposition centrale du bouddhisme ne serait que le rejet du solipsisme, soit une position admise par tout le monde -ou presque (malgré les dénégations répétées de ses tenants, l'écart entre le solipsisme et l'idéalisme transcendantal de Husserl ne saute pas aux yeux). Et encore, ce n'est pas universel, apparemment: https://fr.wikipedia.org/wiki/Solipsisme#Solipsisme_bouddhique
  2. L'illusion de quoi ? L'illusion c'est de ne pas s'individuer (cette expérience tragique comme dirait Nietzsche) et de rester au stade infantile de la fusion avec le monde et de l'autosuffisance: https://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_du_miroir (Soi dit en passant l'ego est déjà là avant ce stade. On ne sort jamais de l'ego).
  3. Et a fortiori, quand on y réfléchit sérieusement, ça devient le modèle d'une vérité indubitable.
  4. Forcément un peu puisque Lordon en est issu. Mais ce n'est pas tellement leur réflexion économique qui m'intéresse que leur souci de réinsérer l'économie dans la politique et l'histoire. Après ce n'est pas le propre de la TR. D'ailleurs un marxiste comme Daniel Bensaïd trouvait que la Théorie de la Régulation n'allait guère au-delà d'une note de bas de page à Marx. Mais par post-althussérisme j'entends aussi le courant néo-républicain/néo-machiavélien, qui, s'il ne trouve pas en Althusser un fondateur clair (il a commencé indépendamment dans d'autres pays, cf l'école contextualiste britannique autour de Quentin Skinner), a certainement, en France, été inspirée par les travaux d'Althusser sur Machiavel (dès la fin des années 50, et jusqu'au "matérialisme aléatoire" du dernier Althusser). L'inspiration spinoziste est d'ailleurs sensible chez le Althusser tardif et posthume, ce qui en fait un vrai précurseur (oublié) des études machiavelo-spinoziste en plein essor depuis quelques années.
  5. C’est bien. Même si le « droit de choisir la manière dont on souhaite mener sa vie » est un brin trop permissif et ambigu à mon goût, ça implique de rappeler dès les points suivants quelques limites. L’idée que la liberté individuelle est « très vaste » et composée de plein de « sous-éléments » est sans doute vraie, mais il faut en préciser le contenu au maximum pour, encore une fois, ne pas paraître défendre quelque chose de vague et d’inconsistant. Du coup je reprends ton texte comme ça : 1. Qu'est-ce que le libéralisme ? Le libéralisme est une philosophie politique qui a pour valeur fondamentale la défense de la liberté et de la responsabilité individuelles. La liberté individuelle implique que les individus le droit de choisir la manière dont ils souhaitent mener leur vie. La responsabilité individuelle implique que les individus ont le devoir d'assumer les conséquences de leurs choix. Il s'ensuit qu'aucune entité, en particulier l'État, ne peut légitimement empêcher un individu de mener sa vie comme il le souhaite ou, de manière équivalente, rendre un individu responsable des choix d'autrui. La finalité du pouvoir politique du point de vue des libéraux est d'empêcher de tels empiétements contre la liberté et la responsabilité. 2. Qu'est-ce que la liberté individuelle ? La liberté individuelle implique que les individus le droit de choisir la manière dont ils souhaitent mener leur vie. Il s'agit d'une valeur qui possède plusieurs aspects interdépendants que l'État se doit de respecter et de faire respecter. Elle se détaille en plusieurs droits : le droit à la vie, le droit à la sécurité, le droit de propriété, la liberté contractuelle, la liberté d'association, la liberté de culte, la liberté d'expression, la liberté de circulation, le droit de résistance à l’oppression et le droit à l’autodétermination politique. [Je n’ai pas été jusqu’à écrire que les différents aspects de la liberté sont hiérarchisés entre eux, mais c’est bien mon opinion : on ne peut pas légitimement user de sa propriété ou de de sa liberté d’expression pour mettre en danger la vie et la sécurité d’autrui, par exemple. Si personne n’a d’objections contre cette idée, je peux l’ajouter dans le texte. Pour l’ordre, j’ai essayé de rendre implicitement cette idée de hiérarchisation par une progression logique : il faut que la vie soit effective pour être un sujet de droits, la garantie de la vie va jusqu’à la sécurité, la sécurité va jusqu’à celle des propriétés (car la propriété trouve son origine dans le besoin et est nécessaire à la vie), on ne peut passer des contrats et échanger que si l’on est en sécurité et que s’il y a des biens à échanger, le commerce des hommes s’étend jusqu’à des formes d’associations non marchandes, donc de culte, donc de prosélytisme (contre la conception liberticide de la laïcité), qui implique la liberté d’expression et de circulation, le droit de résistance à l’oppression est l’ultima ratio de la liberté contre sa négation et une longue suite d’abus peut justifier la rupture et la fondation d’une nouvelle communauté politique.] 3. Qu'est-ce que la responsabilité individuelle ? La responsabilité individuelle implique que les individus ont le devoir d'assumer les conséquences de leurs choix. Lorsque ces conséquences sont positives, cela signifie que nul autre ne peut en récolter les fruits. Lorsqu'elles causent un dommage à autrui, l'individu fautif doit réparer le préjudice. L'interprétation libérale de la responsabilité peut être décomposée en plusieurs aspects tels que l'exclusion de la responsabilité collective, le rejet des crimes sans victimes et la défense de l’égalité devant la loi. La notion archaïque et tribale de responsabilité collective impliquerait que des individus non fautifs soient forcés à réparer un dommage ou que des individus non lésés puissent être dédommagés sous prétexte d'appartenance à un groupe. Les libéraux la rectifient en lui opposant la notion de responsabilité individuelle, car ce sont toujours des individus qui agissent et peuvent donc être tenus pour responsables. Les crimes sans victimes sont une perversion du principe de responsabilité individuelle car ils pénalisent des actions qui n'entraînent pas de dommages envers la liberté ou la propriété d’un autre individu déterminé. Ils regroupent par exemple les vices, les blasphèmes, les « crimes » contre Mère nature... Le principe d’égalité juridique signifie que chaque individu (sauf exceptions telles que les mineurs et les personnes en position d'incapacité juridique) doit être responsable de ses actions au même titre que les autres ; personne ne peut jouir de privilèges au regard de la loi. [Je reprends mon passage sur la propriété ; à moins que @Neomatix ou quelqu’un ait de nouvelles objections ? 4. Pourquoi la liberté implique-t-elle le droit de propriété ? La propriété est une institution qui apparaît spontanément dans les sociétés humaines, et dont la fonction est de gérer la rareté. Comme l’explique le philosophe John Locke au chapitre V du Second Traité du gouvernement civil, la propriété découle de la nécessité, pour l’homme, de s’approprier des éléments de la nature pour survivre. Elle concerne donc d’abord des moyens de subsistance. Mais pour dépasser le niveau précaire de la survie, l’homme doit s’approprier d’autres éléments pour créer des outils et transformer la nature selon ses besoins. La propriété découle donc aussi de la nécessité du travail. Les formes de la propriété peuvent changer en fonction de la division du travail dans la société. La propriété peut être collective (copropriété) ou individuelle (propriété privée). Les libéraux défendent la légitimité de toutes les formes de propriété dès lors qu’elles résultent de la coopération pacifique, libre, des individus. Ils insistent en particulier sur la défense de la propriété privée car elle permet à chaque individu de disposer d’une sphère d’existence autonome, indépendante des autres individus, ce qui favorise le développement de la personnalité (de par la responsabilité que l’on a de ses propriétés) et la défense de la liberté individuelle (car la propriété peut être utilisée pour résister à l’oppression). En outre, les biens appropriés individuellement peuvent être librement échangés selon les préférences de l’individu, là où l’échange de productions appropriées collectivement dépend souvent d’un processus de décision collectif où les préférences de la minorité ne sont pas nécessairement satisfaites. Les libéraux considèrent donc qu’une économie fondée sur la reconnaissance du droit de propriété est plus efficace pour gérer la rareté, maximiser la satisfaction de tous et accroître la prospérité. 5. Le libéralisme est donc favorable au capitalisme ? (à moins que quelqu’un propose une autre nouvelle question pour enchaîner ?)
  6. La question qui m'intéresse à partir de là est de savoir si on peut corriger l'objectivisme et Marx* l'un par l'autre: http://hydra.forumactif.org/t3012-samizdat-socialist-objectivism-a-philosophy-for-the-alt-left-materialisme-objectiviste?highlight=objectivism Ou encore: Remettre de la "nature" dans l'anthropologie philosophique, et de la conflictualité et de l'historicité dans la philosophie sociale. *Rapprochement moins extraordinaire qu'on ne voudra bien le croire puisque, entre autres choses, ce sont deux néo-aristotélismes. Du côté de Marx, ça implique de dés-hégélianisé jusqu'au bout sa théorie (comme disait Castoriadis, il ne faut pas remettre la dialectique sur ses pieds, il faut lui couper la tête). Et c'est là que le courant spinoziste post-althussérien devient intéressant. Je ferais d'ailleurs une recension du bouquin de Lordon dans quelque temps. A supposer qu'un syncrétisme aussi ambitieux puisse aboutir, le résultat n'a guère de chances de faire école, vu qu'il aura de bonnes chances d'être insupportable à tous les tenants de ses éléments de base. Mais bon, c'est comme ça.
  7. C'est effectivement tautologique, parce que j'essaye de ne pas faire dévier le fil, et donc de dire des choses compatibles avec l'abécédaire à écrire. Sinon, j'aurais tout simplement dit que la liberté est un état de fait qui se caractérise par la reconnaissance mutuelle (collective) des droits naturels-individuels. Mais plusieurs voix se sont exprimées pour demander de ne pas faire usage de ce concept.
  8. Pour des raisons évidentes de Guerre Froide, Rand a rejeté (sommairement) et vitupéré le matérialisme. C'est pourtant assez difficile de voir ce qui l'en distingue vraiment, à partir du moment où on développe un monisme ontologique.
  9. Ce n'est pas ce que je disais de lui ni ce que je disais de Rand, mais bon. Et en matière de pulvérisation de la logique, la dialectique hégélienne est pas non plus. Surtout après que Engels et Lénine l'aient introduite dans la compréhension des phénomènes naturelles.
  10. Si tu veux du raisonnement binaire, Matérialisme et empiriocriticisme de Lénine est un indépassable. Deux types de philosophies s'affrontent dans l'histoire, la fausse (idéaliste) et la vraie (matérialiste)... A comparer avec la fin de l'Introduction à l'épistémologie objectiviste, où Rand expose 4 positions possibles sur la nature des universaux, et affirme que l'objectivisme ne s'apparente à aucune (ce qui n'est pas absolument exact. Mais on n'a tout de même pas affaire à un esprit manichéen).
  11. Évidemment, un aristotélicien de l'antiquité (ou la plupart des anti-modernes qui se réclame d'Aristote) hurlerait vraisemblablement en découvrant la doctrine de Rand. D'où le néo. Il est possible en effet que cette catégorie soit un peu extensive. Marx ou Jaurès incarnent aussi des formes de néo-aristotélisme pour moi.
  12. Autant les amener à ne plus avoir de religion. Une religion ce n'est jamais qu'une suite de dogmes organisés entre eux. Et même s'ils renoncent à tel point particulier (l'incréation du Coran par exemple), je ne vois pas en quoi ça jouerait sur le terrorisme. Moins qu'une baisse de 2 points du taux de chômage, si tu veux mon avis.
  13. Une nouvelle illustration que Wikipédia c'est vraiment à prendre avec des pincettes. La définition de la dictature (si on voulait être rigoureux, il faudrait d'ailleurs parler de tyrannie, la dictature étant elle une institution romaine), comme un régime qui "contrôle l'activité des personnes" est d'une nullité absolue.
  14. Je reconnais qu'en dehors de la contradiction que j'ai pointé, c'est un bon article (bien sourcé, clair, etc.). Mais il y a bien une contradiction et elle vient de l'auteur, la conclusion où apparaît le mot d'ordre d'égalité absolue n'est pas un commentaire de Marx, mais une proposition de ce que doivent défendre les communistes aujourd'hui (Fischbach parle aussi d'abolir les frontières, ce qui tout sauf consensuel, y compris chez les communistes).
  15. 1): Il faut vraiment que je lise tout pour vérifier que j'ai tors ? Je ne peux pas commencer à partir du Livre III sur la morale ? (et je n'ai pas dit que le débat n'était possible sur rien). 2): Un averroïste est bête (et hérétique) par définition, la catégorie a été construite pour ça... 3): Certains commentateurs soutiennent quand même que la dénonciation de la doctrine de la double vérité est un homme de paille, hein. 4): Entre incarner la Raison pure ou fuir (ou nier une partie du dogme pour sauver la face), il a peut-être un juste milieu possible.
  16. Les objets de foi ne sont pas objet de démonstration (Somme théologique, Ia. Q. 46, 2 ad Resp) ; à partir de là, je ne vois pas très bien de quoi le catholique et le non-croyant peuvent débattre. De la place de la religion dans la Cité, sans doute, mais pas du fond. Et puis ma réponse à Nigel n'a pas vocation a discuté en détail des raffinements de la Somme théologique. Dans la vie de tous les jours, je n'ai encore jamais rencontré de catholiques (ou de croyants en général) qui veuillent bien débattre des dogmes: ça ne se discute pas (ils sont soit agacés soit gênés. Ou alors ils répondent qu'ils ne croient pas à ce dogme là en particulier...). Ce n'est pas peut-être pas conforme au Catéchisme de l'Église ou à ce que doit être un catholique selon une autorité X ou Y, mais c'est ce que je constate. Comme disait Gramsci, toute religion est une multiplicité de religions, et la religion du "peuple" n'est pas celle des doctes.
  17. Je parle du profil des djihadistes français, d'après ce que peuvent en dire un certain nombre d'experts ou d'intervenants médiatico-associatifs engagés dans les centres de "déradicalisation" (dont l'inefficacité a d'ailleurs été pointé en commission parlementaire). Ils disent qu'une partie (30% disons, je n'ai pas de chiffres sous la main), des djihadistes sont des individus qui n'étaient pas musulmans / de venaient pas de "familles*" musulmanes. Ce qui ne veut évidemment pas dire, comme essaye de le faire dire @Fadior de façon irritante, que le phénomène n'a rien à voir avec l'islam. Évidemment que si, puisque la justification de la violence est de nature religieuse. Mais ça n'empêche qu'on peut affiner l'analyse, qui, conduite trop sommairement, se contenterait de dire que les musulmans sont le terreau du djihadisme. *Avec tout ce que ce terme peut avoir d'imprécis. A partir de combien de membres une famille peut-elle est classifiée comme "famille musulmane" ? 1 ? 2 ? Au moins un parent ? Tous les membres ? Selon la méthodologie retenue, on arrivera à un nombre de "familles musulmanes" différent... Autre phénomène intéressant: un certain nombre de terroristes n'avaient pas un passé marqué par un respect élevé des "normes religieuses" (qui impliquerait ce que j'appellerais, pour aller vite, un conservatisme culturel). On a vu d'anciens fêtards bordéliques devenir en quelques mois / années des extrémistes dénonçant l'impudicité des femmes occidentales, le relâchement religieux des autres musulmans, et l'existence même des "mécréants". Un peu comme si la plongée dans l'extrémisme était une forme de "surcompensation" d'un mode de vie anciennement "dissolu" (toujours selon les normes religieuses. Un peu comme un individu naturalisé qui devient nationaliste pour prouver très bruyamment qu'il appartient vraiment à son pays d'adoption). Ceci suggère qu'on ne peut pas tirer de causalité simple entre le degré d'adhésion aux normes religieuses d'un individu (ou d'un groupe) et le risque qu'il adopte une forme d'islam extrémiste et fanatique.
  18. Je pense que Nigel voulait parler du contexte français, où cette observation est largement exacte. Ceci dit, rappelons qu'une partie non-négligeable de ceux qui basculent dans le djihadisme n'avaient pas de lien avec l'islam antérieurement et ont passé dans le même mouvement le seuil de la conversation religieuse et celui de l'extrémisme. Ce qui suggère que leur profil psychologique aurait aussi pu les mener à une autre forme d'extrémisme si l'idéologie djihadiste n'avait pas été là / à la mode sur le marché de la terreur. Dans les années 1970 ils seraient devenus d'un coup communiste et de tendance Action Directe / Brigades rouges. Je ne crois pas non plus qu'on dispose d'informations très fiables sur les liens entre pauvreté et terrorisme djihadiste. Il est moins acquis qu'une minorité non-négligeables des terroristes ne venaient pas de milieux pauvres. Ce qui ne signifie pas que, en matière de violences en général, la pauvreté ne facilite pas la délinquance et la criminalité.
  19. Un bon islamologue connaît l'arabe classique et il peut dire des choses pertinentes sur la question. Mais ça donne plutôt des livres érudits que du commentaire facile pour plateau télé.
  20. Rand n'est pas "incapable de concevoir l'altruisme". Elle a un concept d'altruisme, qui repose sur la généalogie du terme depuis son introduction dans le positivisme de Comte, et pour elle c'est une notion repoussoir. Sur la bonté, Rand, comme néo-aristotélicienne et dans le même esprit que le courant de l'éthique des vertus, réhabilite la pertinence des vertus morales (c-a-d être moral n'est pas ou pas seulement suivre des maximes déontologiques ou générer des actions dont les conséquences sont morales, c'est aussi mettre en pratique des vertus morales). C'est entre autres choses ce qui me fait penser que sa philosophie morale est meilleure et plus complète que l'utilitarisme ou que l'éthique minimale de Ruwen Ogien. Voire ce que Spinoza peut avoir à dire sur le sujet.
  21. Oui mais la foi n'est pas questionnable, elle ne relève pas de la raison. Cf Thomas d'Aquin himself. A partir de là on ne peut plus débattre rationnellement de rien, sinon des implications pratiques de la croyance, en particulier pour essayer de pacifier et rationnaliser les interactions entre croyants et non-croyants.
  22. Ah mais les passages crades de l'Ancien testament ont sûrement une responsabilité sur les conneries postérieures coraniques. Vu que les deux religions du Livre postérieures le reconnaissent.
  23. Non, je pensais aux passages qui attaquent explicitement le dualisme âme/corps et le péché originel. C'est assez étonnant qu'un texte faisant profession d'athéisme ait aussi bien marché aux U.S.A.
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