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Enseignement "payant"


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En fait, je n'aime pas mon titre, j'aurais dû mettre "instruction publique, à quand la libéralisation". Mais d'une part, ça aurait été un fil redondant avec de nombreux autres, mais surtout, ce dont je voulais parler, c'est du fait que l'idée semble faire son chemin dans les hautes sphères.

Un très bon ami à moi (actuellement en exil) que je salue m'a transmis cet article de Libé, décidément je devrais lire plus souvent ce canard:

Des arguments qui payent contre la gratuité des facs

Deux économistes prônent un système de crédits pour les jeunes.

Par Emmanuel DAVIDENKOFF

peut-on convaincre l'opinion qu'une augmentation substantielle des droits d'inscription à l'université ne nuirait pas à l'égalité des chances, voire qu'elle la favoriserait ? C'est au tour de deux économistes de se coltiner cette question incandescente : Robert Gary-Bobo et Alain Trannoy (1) viennent de lancer un pavé dans la mare dans la Revue française d'économie (2). Un texte lu avec attention dans les cabinets ministériels et dans le petit monde de l'enseignement supérieur.

Cette étude s'ajoute à une série de banderilles qui, pour l'heure, ne font pas même frémir le mammouth : une récente communication de la Commission européenne prescrivant aux Vingt-Cinq d'investir 150 milliards d'euros supplémentaires par an dans leurs facs (financés entre autres par les familles) ; la réforme des droits d'inscription à Sciences-Po (de 0 à 6 000 euros en fonction des revenus des parents) ; le rapport du député UMP Jérôme Chartier sur l'enseignement supérieur privé…

«Marché de dupes». Prolégomènes du raisonnement présenté par les deux chercheurs en trois points. Tout d'abord, la gratuité n'est garante ni d'égalité ni d'équité sociales. Elle constitue même un «marché de dupes», selon Gary-Bobo puisque, au mieux, elle reproduit les inégalités, au pire, elle les accroît ; le taux d'échec en premier cycle en témoigne. Ensuite, l'université manque cruellement de moyens mais la pression fiscale est telle qu'on ne renversera pas la vapeur via l'impôt. Enfin, «l'injustice ne réside pas dans le fait de payer, elle réside dans le fait de ne pas pouvoir accéder au crédit».

D'où la proposition des chercheurs : «que tout jeune sortant de l'enseignement secondaire […] puisse bénéficier d'un "chèque-projet professionnel" […] d'une valeur approximative de 60 000 euros» sur cinq ans. Soit 12 000 euros par an destinés à financer les études ou un projet professionnel (l'originalité du dispositif est de ne pas se cantonner aux 37 % d'une génération qui vont actuellement à l'université après le bac). L'Etat garantirait ces prêts à taux zéro, qui seraient remboursables cinq ans après la fin des études. Coût annuel afin d'offrir ces prêts à 50 % d'une génération : 8 milliards d'euros.

Economies. Selon nos économistes, cette somme pourrait être financée sans augmenter le budget de l'Etat : 1,5 milliard d'euros seraient économisés en éliminant les déductions fiscales dont profitent les parents d'enfants à charge scolarisés (avec 12 000 euros par an, les enfants ne seraient plus à charge) ; idem de 800 millions d'euros d'allocations logement et de 1,1 milliard d'euros correspondant aux bourses de l'enseignement supérieur. Enfin, ultime économie, les 4,8 milliards d'euros de frais d'inscription à l'université puisque, dans ce système, les étudiants financeraient leurs études à hauteur d'environ 4 500 euros par an.

Non contents de bousculer les idées reçues sur la gratuité, Gary-Bobo et Trannoy proposent aussi d'assortir une telle réforme de l'introduction d'une dose de sélection à l'entrée à l'université. Raisonnement : pour prêter de l'argent, il faut avoir quelque assurance que l'emprunteur ne se fourvoie pas dans une filière complètement bouchée ou dans laquelle il n'a que peu de chances de réussir. Gary-Bobo s'appuie entre autres sur l'exemple de ces titulaires de bacs technologiques refusés dans les filières techno et qui atterrissent par défaut à l'université où, majoritairement, ils s'enlisent. Les auteurs font par ailleurs l'hypothèse qu'un «étudiant-client» sera plus exigeant et imposera ainsi une meilleure prise en charge par les enseignants du suivi pédagogique. Dès lors que ces derniers y trouveraient aussi leur compte, par exemple grâce à une augmentation de salaire.

En tout état de cause, ce dispositif n'aura aucun intérêt, selon Gary-Bobo, si les universités n'acquièrent pas plus d'autonomie au préalable ­ la Commission européenne ne disait pas autre chose en précisant qu'investir plus dans le système actuel reviendrait à arroser le désert.

(1) Professeurs des universités,

à Paris-I et à l'EHESS.

(2) www.team.univ-paris1.fr/teamperso/rgbobo

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…Je suis d'ailleurs sûr d'avoir lu leurs conclusions il y a environ un an, sur une prépublication… On doit pouvoir retrouver leur texte sur internet, sous une forme ou l'autre.

La révolution viendra de Libération

qui jusqu'à aujourd'hui usurpait son beau nom.

©Rocou, Poète. :icon_up:

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Une excellente initiative, me semble-t-il, reste à savoir si le gouvernement aura assez de cran pour suivre l'idée.

L'école française, d'après ma prof d'éco de cette année, a de bien qu'elle est gratuite et ça de mal : elle recrée les inégalités sociales. Si l'on suit un raisonnement logique comme l'ont fait ces deux messieurs, on obtient qu'il faut une école (supérieure au moins) payante, à des tarifs reflétant le mérite. Seulement, comment vont réagir les syndicats d'enseignants ?? Jamais aucun gouvernement ne pourra appliquer une telle réforme!

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Pourquoi ne pas aussi inscrire une sélection pour rentrer à l'université pendant qu'on y est ? On voit tellement de gens qui n'ont rien à faire à l'université ( parce qu'ils foutent le boxon et ne bossent pas ! ).

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