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Tout ce qui a été posté par Vilfredo
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Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Vilfredo a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
oui mais c'est un des meilleurs épisodes de la saison, mon coeur vibrait vraiment pour Red pendant les deux parties. -
Surtout le jeune intermittent du spectacle
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Au fait j'ai récemment acquis le monstrueux pavé de Paglia, Sexual Personae. Hâte de lire ça.
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Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Vilfredo a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
Ben la série entière tourne autour de ses mystères, de sa classe, des trucs qu'il sait et du jeu de Spader. Le reste c'est niveau n'importe quel truc genre les experts -
Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Vilfredo a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
Clairement, c'est la seule raison pour laquelle je regarde -
Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Vilfredo a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
Tu as regardé? Depuis une dizaine de jours j'en ai fait mon rituel dinatoire après une journée à la bibliothèque, j'ai jamais rien vu d'aussi bêtement jubilatoire. -
Je raconte my life 9 : hache de bûcheronnage et vaporetto
Vilfredo a répondu à un sujet de poney dans La Taverne
Dommage C’est un bon livre -
Je raconte my life 9 : hache de bûcheronnage et vaporetto
Vilfredo a répondu à un sujet de poney dans La Taverne
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Je raconte my life 9 : hache de bûcheronnage et vaporetto
Vilfredo a répondu à un sujet de poney dans La Taverne
Une agression oppose des individus. Une guerre oppose des États. Le droit reste théoriquement le même mais pas en fait le même . Ça n’existe pas le droit théorique. A un moment donné il faut bien que quelqu’un l’applique -
La coke augmente l’attention? J’aurais dit les amphétamines ou quelque chose comme ça. Après je ne connais personne qui en prenait c’est un peu une légende urbaine
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Alors je crois qu’on peut pas m’accuser de ne pas expérimenter avec le sommeil mais sinon j’ai plus tendance à accepter qu’on perde du temps (à manger, à dormir, à repasser ses chaussettes) sans en faire un péché. L’argument qui me touche c’est celui de l’attention, effectivement plus élevée quand on mange pas. Du coup je ne sais pas quoi penser des étudiants qui vont au concours avec des barres de sucre
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Mais je connais mon corps très bien. Et après des années passées à vivre avec lui j’ai notamment appris qu’il aimait manger
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C’est un petit peu space quand même. Décidément j’ai une dent contre les stoïciens
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Je raconte my life 9 : hache de bûcheronnage et vaporetto
Vilfredo a répondu à un sujet de poney dans La Taverne
Il y a l’état de droit et il y a la guerre. Ça peut pas être l’état de droit tout le temps. La guerre est un peu la situation limite du libéralisme: les libéraux classiques croyaient pour une bonne part qu’on arriverait à l’éliminer de l’histoire par le commerce (Montesquieu, Kant) (erreur de progressiste) et les libertariens sont bien embêtés pour expliquer comment on se défend sans État (ou plutôt leur conception de la diplomatie c’est l’isolationnisme et les nukes; genre Bob Murphy). -
J’ai une question de noob: vous jeunez pour perdre du poids ou pour quelle autre raison?
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Le fil des séries (dont beaucoup trop se bousémotivent)
Vilfredo a répondu à un sujet de Brock dans Sports et loisirs
Retour sur The Blacklist: c'est curieux comment ces séries à la gloire du FBI sont en fait d'excellents pamphlets contre qui s'ignorent. La manière dont les agents localisent des suspects simplement à cause d'une pompe à insuline est terrifiante. -
C’est d’ailleurs une critique commune de l’argument humien selon lequel on n’a pas de bonnes raisons de croire que les récits des miracles sont vrais qu’il exclut également des récits de faits historiques. Cf Richard Whately pour un exemple drôle et Anscombe pour un traitement plus sérieux
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J’ai lu enfoncer partout et j’ai imaginé que c’était la touche finale quand tu décorais ton appart, une douzaine de couteaux dans le mur du salon, ça m’a bien fait rire Mental note: penser à aller dans un magasin demander un couteau qu’on peut enfoncer partout un jour ou j’aurai envie de rigoler
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Guerre civile culture, IDW, SJW & co
Vilfredo a répondu à un sujet de 0100011 dans Politique, droit et questions de société
Sans doute la part de la population qui lit le NYT. Mais le NYT est un journal fondamentaliste: ils ne cherchent pas à rallier de nouveaux croyants mais à radicaliser leur base -
1984. Le meilleur des mondes c’est vraiment pas le meilleur roman de Huxley. Je recommande ses autres romans en revanche (Point counter point, eyeless in Gaza )
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En effet ça dépendra des connaissances des locuteurs. L'énoncé observationnel n'est pas une norme fixe universelle, mais l'idée est d'arriver à un niveau suffisamment basique pour que je puisse supposer que tout le monde ait accès au contenu de l'énoncé. Puisque je n'en suis plus à un book pic près: (Quine, The Web of Belief) D'accord en effet mais du coup tu peux m'expliquer ce que tu reproches à Scruton quand il dit que l'expérience de Libet n'a aucune conclusion à fournir sur le libre-arbitre (si libre = intentionnel)? What if I told you que le tremblement est déjà une interprétation de la réalité inscrite dans la réalité elle-même (au sens de ce qui est ici composé d'objets intentionnels) (j'interprète la situation en tremblant)? Un peu comme Nietzsche parle pour les rêves d'une interprétation des affects du dormeur (Humain trop humain, I, §§12-13 et Aurore, §119). Je reconnais que ce n'était pas très clair, mais c'est ainsi que je pense qu'il faut comprendre Wittgenstein quand il dit que la seule interprétation signifiante d'une oeuvre d'art est la réaction que nous avons devant elle (je crois que j'en ai parlé ici: Autre exemple: quelle est l'expression de ma douleur? C'est le mouvement de mon bras qui s'éloigne à grande vitesse du poêle brûlant. Ce mouvement est comme un phrase qui dit: "c'est chaud" (bien sûr, la phrase peut aussi être "aïe"). C'est le body language. Je peux me tromper mais je ne pense pas que Wittgenstein dirait donc qu'il y a une interprétation supplémentaire à fournir. Tout est dans la réalité, tout est "dehors", l'interprétation y compris. Rien n'est "interne". Il y a une citation je ne sais plus où de LW qui dit que l'esprit est sur la feuille de papier quand il écrit. Peut-être que @Arlequin/TuringMachine qui connaît bien LW peut me confirmer que je ne me trompe pas. On touche ici le point central: J'ai dit qu'il n'y avait pas de correspondance 1:1 entre stimulus et signification, mais ça veut simplement dire que je pourrais interpréter ce qui m'a fait trembler différemment (par un cri, par des sanglots etc) et qu'inversement un sentiment musical pourra prendre la forme d'un air des Pink Floyd ou d'un riff de Rammstein. Mais ça ne sera pas le même sentiment musical. Comment est-ce que tu pourrais réidentifier ce sentiment d'ailleurs, si son objet a changé? Si l'air que tu avais en tête était en fait celui de Wish You Were Here, alors en découvrant que c'était celui de Wish You Were Here, soit tu considères que tu découvres quel était en fait le sentiment musical que tu avais sans le savoir, ce qui me paraît une confusion entre objet intentionnel (l'air que tu avais en tête) et objet matériel (le véritable air, à savoir celui de Wish You Were Here), soit ça montre que meanings ain't in the head, parce que "l'air que tu avais en tête" n'avait en fait aucune référence (et que le seul air qui existe vraiment, c'est celui de Dark Side of the Moon ou de Wish You Were Here). Bien sûr, il faut partir du principe que ce qui n'a pas de référence n'a pas de signification. Sinon sur Kuhn et Quine on pourrait dire que la thèse de l'indétermination de la traduction entraîne l'incommunicabilité des paradigmes. Mais Quine ne défendait pas cette thèse. C'est en découvrant ça que j'ai été déçu. Je me suis dit que son nihilisme (au sens de rien n'a de signification) n'allait pas assez loin finalement. Pas tout à fait parce que dans l'effet Bouba Kiki on propose des sens et on demande de choisir. C'est impressionnant mais ça n'est pas Cratyle non plus. J'aime bien ce que j'ai lu de Genette donc je regarderai Mimologiques. Je ne crois pas que Quine serait en désaccord: Quine est bien d'accord qu'on peut isoler la position d'un signifiant dans le langage est reconstituer par analogie sa fonction instrumentale par rapport au nôtre, un peu comme les éléments d'un mythe acquièrent leur signification en fonction de leur relation avec d'autres éléments dans Lévi-Strauss. Ce que Quine vise ici, c'est l'idée qu'il y aurait une intension du terme "lapin" par exemple. C'est une variation sur la rengaine wittgensteinienne que la signification d'un mot, c'est son usage (à la fois dans le sens contextuel i.e. comment on utilise le mot dans telle communauté, et dans le sens pratique càd que tu fixes la signification à chaque fois que tu parles; j'aime bien présenter les choses de façon un peu humienne en disant qu'à chaque fois que tu emploies un mot avec un sens en tête, tu corrobores la théorie selon laquelle ce mot a bien telle signification; mais tu peux toujours te tromper, c'est pour ça que je parlais de quiproquo: en gros quelqu'un qui applique un terme correctement et soudain se met à mal l'appliquer: est-ce que ça prouve rétrospectivement qu'il ne connaissait pas la signification depuis le départ ou est-ce qu'il l'a oubliée?) Oui ça c'est les intensionnalistes. Aka ceux qui pensent que les concepts existent. Quine dit: si les concepts existent, alors quel(s) mot(s) correspond(ent) au concept de lapin dans telle langue? J'ai l'impression que tu fais un mauvais procès à WVOQ... Je suis bien content de lire ça je pensais faire mon M2 là-dessus. C'est intéressant mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite vibe phéno et de me dire so we don't see objects we see meanings. Si c'est le cas ma position est de dire qu'elles n'ont pas de signification, parce qu'elles n'ont de signification que pour toi. C'est un peu comme quand on dit que si un adjectif s'applique à tout, alors il n'a pas de signification. C'est un peu le même genre de cas ici. Si tu veux lui donner une signification, il faut que tu le verbalises (content ascription). Après est-ce que ça veut dire que ce que tu verbalises contenait déjà une structure linguistique et que la verbalisation prouverait rétrospectivement l'existence de cette structure, je crois que l'insight de la psychanalyse est de dire que oui. Tant mieux. Si j'ai été clair avec le § précédent, s'il y a une possibilité d'erreur, c'est qu'il y a du contenu/de la référence/de la signification. Tu peux aussi voir ça d'un point de vue poppérien: ce qui est toujours vrai (le langage privé) a 0 contenu (comme les tautologies) et plus tu ajoutes du contenu, plus tu prends le risque de te planter/plus l'erreur est possible. D'où ce mécanisme un peu maso de la recherche scientifique en régime poppérien où on fait tous les efforts du monde pour avoir tort. Oui j'ai écrit une bêtise. Elles peuvent se tromper par rapport à l'environnement objectif, mais elles correspondent toujours à ce que le rat voit. Voilà une troisième façon d'expliquer pourquoi les représentations mentales privées (in the head) n'ont pas de signification: parce qu'elles ne peuvent pas être falsifiées. Oh parce que si on arrive à avoir une connaissance détaillée et précise de Freud on sera déjà contents. On ne forme pas des chercheurs en psychologie et je suis sûr qu'il y a encore plein de choses passionnantes à dire sur le texte de Freud. Et bien que la psychanalyse ait beaucoup évolué, son évolution n'est pas exactement de la forme des théories scientifiques. Le slogan de Lacan était le "retour à Freud". Je ne connais pas beaucoup de "retours à" en histoire des sciences. Et c'est assez naturel au fond, parce que la psychanalyse a entre autres pour but, non pas de supprimer la souffrance, mais de permettre au patient de l'articuler. Le patient qui va voir un psychanalyste y va pour savoir la vérité sur son désir. Le patient qui va voir tout autre type de psy y va plutôt pour l'ignorer. Je n'ai aucun mépris pour les explications neurobiologiques de la dépression, mais elles ne parlent pas le langage du malade. Le malade ne vit pas une oxygénation relative de telle ou telle aire de son cerveau. Les anti-dépresseurs allègent la souffrance mais ne l'expliquent pas. Et je sais que ça "marche" (je n'aime déjà pas ce terme) pour plein de gens, que ça leur permet de retourner au travail, nourrir leurs familles etc je n'ai rien contre d'ailleurs qui suis-je pour être "contre"? Mais il ne faut pas négliger la particularité de l'approche analytique. Nuance: je sais qu'il existe d'autres approches psychothérapeutiques que la psychanalyse comme les trucs de Carl Rogers par exemple, donc je ne sais pas trop à quoi ça ressemble, mais mon point était qu'une connaissance approfondie de Freud a un intérêt en soi (plus qu'une connaissance approfondie de la biologie de Buffon en gros).
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Et en passant j'avais déjà dit mon amour pour Van Fraassen et en cherchant un lien pour Sellars je suis tombé sur cet article qui a l'air passionnant (comme tout ce que ce gars écrit décidément) https://www.princeton.edu/~fraassen/abstract/MANIFEST.pdf Enfin cela dit encore un qui n'a pas assez lu Anscombe ama Bah non the world as it appears ça veut dire que je peux vérifier la correction de la description d'une certaine manière (pas la même que the world as it is). Dans l'ensemble c'est beaucoup de chipotage (l'argument de l'histoire des sciences, de la vagueness, et surtout de l'implicité de l'ontologie de Sellars, vraiment bof) mais ceci est pertinent pour la discussion:
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(Deuxième message parce que j'avais trop peur de perdre le précédent (dont je suis assez content, c'est plus clair que d'habitude)) Oui du coup that doesn't prove a thing: le "sentiment musical" n'est pas le même chez toi et chez moi, même s'il inclut une référence commune aux Pink Floyd. Si tu avais raison, le quiproquo serait impossible, non? Merci, c'est pile dans le sujet du cours Ça m'intéresse d'autant plus que je suis capable de lire un texte avec mes voix préférées: je peux entendre la voix de Bret Easton Ellis lire quand je lis Bret Easton Ellis (ou n'importe quoi d'autres, mais évidemment c'est plus facile si c'est un livre de lui), et j'arrive aussi plutôt bien à avoir la voix de Edward Norton, que j'aime beaucoup. Les gens sont assez surpris généralement quand je dis ça. Oui je me suis mal exprimé: l'idée est que tu pourrais (selon ces psychiatres) aussi entendre ta voix (au sens qualitatif) sans que tu la perçoives comme tienne. Par exemple, ta voix qui t'insulte, te persécute, sans que tu puisses rien y faire. Comme si c'était la voix de quelqu'un d'autre donc. Ici je vais peut-être te décevoir mais je crois que le prof fait surtout ça pour donner un background à Freud Mais merci beaucoup pour les deux articles. Je reconnais que c'est tentant pour la pratique, mais la théorie m'a l'air déjà là: https://www.amazon.com/Crise-sciences-européennes-phénoménologie-transcendantale/dp/2070717194 et là: https://en.wikipedia.org/wiki/Wilfrid_Sellars#"Philosophy_and_the_Scientific_Image_of_Man"
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Ça ne m'a pas fait penser à des problèmes nouveaux. L'histoire des enfants autistes dont on peut dire qu'ils sont conscients parce qu'on peut dire quand ils reviennent à eux après un évanouissement est impressionnante. Le chapitre sur la narrativité m'a déçu. Oui: le comportement humain ne s'explique pas seulement en termes de causes mais aussi en termes de raisons. Une raison est une explication de l'action telle qu'elle reçoit l'assentiment de l'agent. Une expression d'intention est un énoncé qui présente l'action sous une description telle que l'agent s'y reconnaît. Parmi les exemples que j'ai donnés, on peut penser à la neige sur la vitre ou à l'eau qui bout parce que Peter vient prendre le thé. Le concept d'intention peut être résumé comme suit: ce que je ne peux pas ignorer que je fais quand je le fais. Il se distingue donc de la simple volonté. Voilà pour le résumé court. J'ajoute cependant, par souci d'exactitude et de clarté, que ce concept a une connexion intéressante et complexe avec le concept sémantique d'intension, qui renvoie à la signification d'un mot telle qu'elle est capturée dans une définition qui en donnerait l'essence. Il est important de se souvenir qu'une intention n'est pas observable dans l'"action", car l'intention n'est jamais autre chose qu'une caractéristique d'une certaine description de l'action. Ainsi, on peut opposer radicalement une description d'intention, qui va convoquer des objets intentionnels, et un énoncé d'observation, qui va convoquer des objets matériels, dans la mesure où il est censé pouvoir faire l'objet d'une confirmation par les autres locuteurs du langage dans lequel l'énoncé est formulé, pourvu qu'ils aient été témoin du contenu de l'observation. Par exemple, "mon copain est passé dans le couloir" ne sera pas un énoncé d'observation, car il décrit un objet intentionnel (ce n'est pas visible que c'est mon copain pour tout le monde), mais "un garçon d'environ 1,80 m avec des cheuveux châtains légèrement bouclés portant un sac à dos en cuir noir est passé dans le couloir", oui (pour la raison diamétralement opposée). En effet, en partie parce que certains auteurs que je lis ne se rangent pas aisément dans un des deux camps. Je pense à Wittgenstein. Hmm il me semble plutôt que Scruton explique que le délai entre la réaction du cerveau et l'expression de l'intention n'entame en rien le fait que l'action soit intentionnelle. Il ne défend pas un dualisme classique, mais plutôt un dualisme "cognitif" comme il l'appelle, selon lequel il y a plusieurs points de vue irréductibles les uns aux autres sur l'action. Il fait ensuite une inférence qui me paraît justifiée, à savoir que si une action est intentionnelle (i.e. qu'il existe une description de cette action qui présente une action que l'agent reconnaît comme sienne), alors cette action est libre. Je t'accorde en revanche qu'il introduit Dieu au forceps, même si l'argument derrière est que ce qui a une intention est une personne et que Dieu est une sorte d'intention et de personne pure, raison pour laquelle le rapport du croyant à Dieu est le paradigme de la relation intersubjective. Oui, c'est l'argument du langage privé. Wittgenstein ne dit pas autre chose...? Je m'intéresse plutôt à une correspondance entre l'ordre physique et l'ordre sémantique. Un tremblement peut vouloir dire plusieurs choses, et il est douteux que le contexte puisse toujours permettre de spécifier complètement la signification. On ne peut peut-être pas associer un stimulus à une signification (un peu comme un gène peut avoir plusieurs effets: les gènes pléiotropiques) (je dis signification et pas représentation pour rester dans le débat sémantique; après on pourrait dire que la signification des mots dérive des représentations que j'ai dans mon cerveau en corrélation à ce mot: c'est ce que défend la théorie causale de la signification; Putnam formule à ce sujet plusieurs critiques dans Reason, Truth and History). Mais 1°) on ne peut pas non plus associer un mot à une signification: depuis Frege on sait que le sens détermine la référence (un sens: "Cicéron", "Tullius"; une référence: l'homme Cicéron qui a existé) mais qu'il n'y a pas de chemin arrière de la référence au sens. Depuis Quine on a aussi des problèmes d'indécidabilité de la traduction, qui prend plutôt le problème à l'envers: ce n'est pas qu'un stimulus peut être associé à différentes significations, mais plutôt que je ne sais pas quel aspect du stimulus le signifiant (pas le signifié) (le signifiant pouvant être aussi considéré comme un stimulus, si je le réduis au bruit que je fais en prononçant le mot ou au percept que constitue le mot écrit) dénote. Sur les détails de l'exemple de Quine: https://en.wikipedia.org/wiki/Indeterminacy_of_translation On pourrait partir de cette réduction possible du signifié à un autre stimulus pour dissoudre complètement la notion de signification, en parlant seulement de corrélation entre différents stimuli. Ce qui fait qu'on pourrait subsumer les questions sémantiques du sens des mots dans une approche scientifique avec des lois (pour tout élément du langage L, si tel événement physique est observé, alors tel élément sémantique sera articulé) et unifier la science. Quine reste malgré tout l'héritier de Carnap. Si tu veux un exemple d'approche bien non-intentionnelle as fuck, tu lis Quine. Je l'ai beaucoup lu et à un moment il y a quelques mois j'étais vraiment déprimé à cause de ses livres. 2°) Un autre problème que Quine développe dans des livres ultérieurs à son magnum opus (Word and Object) comme The Roots of Reference et Ontological Relativity and Other Essays, c'est qu'il n'y a pas de partage clair entre ce qui, dans la signification d'un énoncé, est attribuable à son contenu observationnel (les éléments qui se rapportent au stimulus, ici compris comme: ce à quoi la phrase réfère qui s'est passé dans le monde extérieur, schématiquement) et ce qui est simplement attribuable à ce que Quine appelle son contenu sémantique, càd ce qui est vrai en vertu seule du sens des mots (en fait ce qui est analytique). Il fait aussi ce point pour répondre à des critiques assez évidentes dont l'expérience de pensée de Nozick ci-dessous donne une bonne idée: En fait c'est justement parce que je voulais argumenter contre cet internalisme que j'ai parlé de Putnam à la fin: https://www.uvm.edu/~lderosse/courses/lang/Putnam_TwinEarth.pdf Son slogan c'était meanings ain't in the head. Mais la lutte acharnée contre le dualisme de la signification qui est dans la tête et le corps/n'importe quelle autre entité observable l'exprime en même temps ou après coup commence avec Wittgenstein/Ryle. Sauf que Ryle c'est un peu nul. Et là on en revient à l'argument du langage privé: quelque chose qui est "dans l'esprit" ne peut pas avoir de signification. La signification, c'est intersubjectif. Ce n'est pas incompatible avec l'intentionnalisme (j'aurais l'air fin sinon) puisque le point de vue intentionnaliste c'est que l'intention est dans une certaine description de l'action, donc un truc formulé dans le langage, intersubjectif (puisque l'agent doit donner son assentiment etc), public, tout comme il faut. Aujourd'hui ce genre de débat prend la forme des questions d'attribution de contenu (content ascription) aux états mentaux, et là j'en viens à ton point sur Hayek et l'autre correspondance, à savoir entre ordre physique et sensoriel. J'ai lu Fodor et j'ai même eu le privilège d'aller écouter Frances Egan et son cycle de conférences à l'ENS Representational content and computational modeling en novembre (une rock star de philo de l'esprit contemporaine qui adore les neurosciences et tout). L'idée de "contenu" (pour elle) implique des conditions de correction: si quelque chose (comme un état mental) a un contenu (notion sémantique), alors ce quelque chose, ce véhicule, est capable de misrepresentation. Elle opte, entre le réalisme hardcore et le fictionalisme, pour l'option déflationniste selon laquelle les représentations mentales sont réelles (comme pour les réalistes) et qu'on leur donne un vernis intentionnel (intentional gloss), ce qui revient à la position Quine/Dennett de l'intentional stance: l'intention est nothing but un raccourci utile qu'on emploie dans notre langage naturel pour éviter d'avoir à spécifier les processus neuronaux complexes auxquels, en fait, le contenu désigné par "intentionnel" se réduit. Ici, Scruton/Anscombe revient à la charge en disant que ça s'y réduit peut-être en soi mais pas pour moi, et comme "moi" est aussi cet état mental, on ne peut pas vraiment parler de vernis (et Quine/Dennett confondent ultimement en soi et pour soi). De l'autre côté de la barricade, on se retrouve donc avec plusieurs positions naturalistes qui cherchent à spécifier la relation de représentation entre le truc de la réalité et la représentation mentale (la relation dont je parle ici est exactement comme une fonction en maths), sans faire référence aux significations et aux intentions: l'information theoretic account: (Dretske, Fodor) une structure interne (genre un état mental; on va pas dire "représentation" mentale parce que ça serait begging the question: on veut justement spécifier la relation de représentation) "veut dire" X si elle est causée par un X le teleological account: (Millikan, Papineau) une structure interne "veut dire" X si elle a la fonction biologique de détecter des Xs l'homomorphism account: la relation entre la carte et le territoire Le problème des trois positions est que le degré de spécification n'est pas suffisant pour capturer l'expérience subjective. Quand une grenouille voit une mouche (objet matériel (Frances Egan n'a pas recours à cette terminologie anscombienne mais moi je vais me gêner)), est-ce qu'elle voit: (objets intentionnels) de la nourriture une mouche un objet volant noir non-identifié ? Bref, le problème est qu'on n'a dans aucune des trois théories sur la relation de représentation un mapping propre entre les objets matériels et les objets intentionnels de la perception. Le problème, pour être très clair, que cette sous-spécification pose, c'est que du coup on ne peut pas parler de "contenu" de l'état mental, parce que le contenu n'est pas capable de misrepresenting. La position de Egan est que le fait que le cerveau représente ou non n'est pas un truc objectif (comme dirait Nozick, il n'y a pas de matter of fact à ce sujet). Premièrement, l'existence de structures est objective, mais l'attribution qu'un sujet fait par exemple sur la grenouille de telle ou telle structure n'est pas objective: elle est seulement pragmatique (selon le contexte et ce que je cherche, je vais attribuer "nourriture" ou "objet volant" au contenu de la représentation mentale de la grenouille). Deuxièmement, et c'est logique, un état mental n'a pas de contenu: seule l'attribution a un contenu (pour la raison que je viens de dire: ici j'ai pas osé lever la main pendant la conférence mais ça a un petit côté quinien de: l'observation n'a pas de contenu sémantique, seulement l'énoncé d'observation a un contenu sémantique, et c'est un énoncé d'observation s'il n'a aucun intentional gloss du type "mon copain" au lieu de "garçon d' 1, 80 m" etc). Une analogie de cette incapacité de misrepresentation, c'est les cellules de lieu dans l'hippocampe des rats. Tu m'arrêtes si je dis une connerie, mais elles répondent/sont activées à/par certaines propriétés de l'environnement spatial du rat, mais ne représentent pas cet environnement spatial (parce qu'elles peuvent pas se "tromper"). J'espère que c'est clair. Le problème avec le "deuxièmement", comme Pierre Jacob (fils du biologiste) l'avait dit dans la séance de questions, c'est que quand j'attribue un contenu à toi (une croyance par exemple), d'un côté, mon état mental a un contenu (parce que c'est une attribution), de l'autre, il n'en a pas (parce que c'est aussi un état mental), donc il faudrait qu'une troisième personne dise: Vilfredo croit que Lancelot croit que... et ainsi de suite (parce que l'état mental de cette troisième personne n'aurait pas de contenu tant que personne ne le lui aurait attribué...). La solution ça serait que je puisse m'attribuer à moi-même des états mentaux, mais ça ne fait que tourner la régression à l'infini vers l'intérieur ("Je crois que je crois que...").
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Ploplo pensait à Beckett