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F. mas

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Tout ce qui a été posté par F. mas

  1. C'était sur un truc old fashioned, un média papier ! L'article s'intitule "Micro-Etats, micro-puissances?", il est signé Didier Giorgini, dans la revue Conflits de ce mois-ci.
  2. Je vois qu'on s'est un poil éloigné du sujet par ici. Sur le débat sécession, fédération, Etat unitaire, il est nécessaire de se poser la question de la nature du Pouvoir pour choisir entre les options qui s'offrent à nous : le pouvoir est-il divisible ? Peut-il être contenu par des lois ou des règlements ? Quel est son rapport avec l'effectivité de l'ordre social, politique et juridique en place ? En termes peut être moins abstraits : la fédération se pense sans les concepts de la théorie de l'Etat (en particulier la souveraineté). Est-ce pour autant que les problématiques de puissance disparaissent ? Sinon, à quels endroits elles peuvent réapparaître ? J'ai lu hier un excellent article sur les micro-états du point de vue géopolitique dans lequel on détaillait les différentes manières de limiter sa dépendance : que ça soit l'intégration régionale, l'exploitation d'une rente particulière ou bien entendu la libéralisation des échanges. Dans tous les cas, l'auteur expliquait que le maintien de ces micros états dépendait essentiellement de la bienveillance des plus gros Etats d'à côté qui y trouvent leur compte (ce qui est possible, mais invérifiable au fond). Pour lui, le débat sur le pouvoir ou la souveraineté n'avait donc pas disparu, mais s'était tout simplement déplacé à l'extérieur des frontières desdits micro-états. Personnellement, je pense que la compétition pour le pouvoir (et sa tendance à se cristalliser en souveraineté) tend à défaire et à se jouer des lois et des constitutions, et qu'en conséquent, le fédéralisme passe essentiellement par la constitution de contre pouvoirs réels (régions, grand marché, familles, etc.).
  3. En règle générale, on a du mal à articuler théorie et pratique, philosophie et politique (enfin on a du mal à penser la politique tout court). J'imagine que ça vient de l'extrême apriorisme de certains de nos auteurs de référence, mais je n'ai pas suffisamment creuser le sujet pour donner une réponse raisonnée.
  4. Il s'agit pourtant d'une récupération sans inventaire : triple H écarte les définitions les plus courantes du conservatisme pour nous proposer la sienne propre, qui est, en gros, la croyance en un ordre naturel. C'est d'ailleurs pour cette raison que je parle d'une forme particulière de conservatisme réactionnaire et féodale qui, quand on y réfléchit sérieusement, n'a aucun équivalent réellement existant.
  5. Il faut distinguer entre ce que dit Hoppe sur le fond et sa stratégie politique particulière visant à confondre libertarianisme et conservatisme (enfin, extrême droite me semble plus adapté comme expression). L'argumentation philosophique de triple H est très intéressante (trouver un fondement dans le langage dont la négation serait une contradiction performative), et avant de l'agonir d'insultes, il serait intéressant d'en avoir une réfutation en bon et du forme. Il me semble toutefois que ça soit plus facile à dire qu'à faire. Sa stratégie politique visant à confondre libertarianisme et une sorte de conservatisme réactionnaire et aux résonances féodales par contre est plus facile à critiquer. Non seulement elle ne séduit principalement que les ennemis du libéralisme, elle réussit le tour de force de le cantonner parmi les intouchables de la politique, les personnes les moins écoutées et les moins respectées au sein du débat public : pour qui souhaite une plus grande diffusion des idées et des bienfaits de la théorie économique autrichienne comme de la philosophie politique qui en découle, je trouve ça assez mauvais. Remarque complémentaire : je trouve que triple H a sans doute l'esprit plus philosophique que Rothbard, mais est un piètre stratège (et stratégiste). Inversement, Rothbard est intelligent et cohérent, mais n'est pas philosophe. Par contre ses réflexions en tant que stratégiste sont vraiment intéressantes je trouve.
  6. La confusion avec des mecs comme Spencer est encore plus grande qu'en France : là on mélange des trucs qui obviously n'ont pas grand chose à voir. Je suis allé voir le site de Spencer. Il se réclame de Sam Francis et d'Alexandre Douguine (merci les mélanges). Ce dernier en particulier a mis un point d'honneur à conchier le libéralisme le capitalisme et tout ce qui s'apparente à la culture occidentale. Il faut que ce petit monde apprenne à lire (je ne suis même pas sûr que ce Spencer connaisse vraiment les théories eurasiennes de ce monsieur).
  7. F. mas

    Supa Playlist!

  8. Peut-on pour autant considérer la colonisation comme le "bloc" de la droite française ? C'est à ça que je répondais.
  9. Il y a la droite d'hier et celle d'aujourd'hui. Celle de de Gaulle et de Debré, et celle de Sarkozy Fillon. Si une partie de la droite, à un moment de son histoire, à la décolonisation, ça ne me semble plus être trop le cas aujourd'hui, mis à part quelques individus qui vivent sans doute dans le sud du pays. Ce ne sont que des remarques mineures et personnelles, il ne faut pas prendre ce que je dis pour des critiques acerbes : je pense que vous avez toute l'intelligence et le talent de plume pour traiter le sujet !
  10. Sans doute, mais c'est même contre ses propres troupes (je pense à Debré en particulier) qu'il a décidé de se séparer du département français d'Algérie, et une partie de la droite (mais pas que) lui en tiendra rigueur pendant longtemps. Seulement, au sein de la droite d'aujourd'hui (et d'une partie de la gauche), cette mémoire n'existe pratiquement plus (sauf dans des endroits très localisés géographiquement).
  11. Disons que dans cette affaire, ça va plus loin, c'est carrément des fafs (Richard Spencer)
  12. Je ne pense pas que la droite tienne de manière si univoque et passionnelle aux questions touchant à la colonisation. Ne pas oublier que le plus important courant "idéologique" (je mets ça entre guillemets, parce qu'il y a peu d'idées en politique, et particulièrement au sein des appareils politiques de centre-droit) est gaulliste ou post-gaulliste : il s'est fait artisan de la décolonisation.
  13. Merci Noname Tongue in cheek, je dirais sur le ton de la blague.
  14. Sinon parmi les auteurs libéraux (très à la mode dans certaines universités genre GMU), il y a Jacob Levy, l'auteur d'un très beau livre intitulé Rationalism, Pluralism and Freedom : l'intérêt est de montrer la tension entre deux conceptions du libéralisme, l'une "atomiste" et rationaliste (en gros les physiocrates), l'autre pluraliste et respectueuse des corps intermédiaires (en gros Montesquieu). Aucun des deux libéralismes n'est parfait, et les critiques adressées par le premier modèle à l'autre (autant que le second au premier) sont justes. Quelque part au milieu il y a Adam Smith. Il y a une réflexion intéressante sur les frontières et les juridictions internes au corps politique dans ce livre, de très beaux passages aussi sur la filiation du libéralisme pluraliste et l'idéologie de l'ancient constitution http://www.cambridge.org/fr/academic/subjects/politics-international-relations/history-ideas/ancient-constitution-and-feudal-law-study-english-historical-thought-seventeenth-century?format=PB&isbn=9780521316439 Levy a aussi le mérite de rappeler que si la réflexion physiocratique (donc rationaliste et atomiste/individualiste) a bcp apporté dans le domaine de la science économique, dans le domaine de la politique, c'est quand même bcp moins top quand on pense à la fascination de certains de ses représentants pour le despotisme chinois (Quesnay), despotisme qui avait horrifié Tocqueville. Ce libéralisme qui pense en termes d'individus uniquement, de fluidification sociale et dont l'Etat (jacobin?) s'attache à "rationaliser" la société est aux antipodes de ce que proposent Tocqueville, Jouvenel, Montesquieu, Ropke, Hayek (mais aussi certains conservateurs comme Nisbet ou Le Play). A mettre entre toutes les mains.
  15. Il faut que tu lises son livre traduit en français, elle développe ça.
  16. Oui, effectivement, en particulier dans Les lois. Bien vu.
  17. C'est un vaste débat de savoir ce que l'on désigne par aristocratie naturelle, vaste débat qu'on peut faire remonter à Aristote et dont on voit les traces (par exemple) dans les écrits de Madison, Hamilton et Jay. Pour le premier, il a des gens naturellement portés à commander, d'autres à obéir, pour les seconds, ce sont les plus intelligents, les plus compétents et les plus vertueux... et c'est ce qui justifie leur participation au gouvernement. Ce qui est étonnant avec triple H, c'est que cette aristocratie devient so to speak périphérique à la politique : celle-ci réapparaît au sein de la société civile après la disparition de celle conventionnelle (étatique et politique). J'aurais tendance à y voir une certaine idéalisation des relations de commandement et d'obéissance : ce n'est pas parce que le cadre étatique disparaît que les relations de pouvoir, que la passion pour dominer des grands dont parle Machiavel disparaît : il faut donc ama approfondir ce qu'on entend par élite ou aristocratie légitime dans un régime libéral, non seulement pour la reconnaître et en reconnaître les bienfaits, mais aussi pour éviter que ses mérites ne deviennent des titres puis des privilèges. Qu'on écoute les gens plus fortunés par exemple me semble intéressant, mais pas nécessairement toujours utiles. Hayek a plus de choses à dire que Lady Gaga ou Hillary Clinton.
  18. D'après mes vagues souvenirs sur la question, il y a un débat entre historiens pour savoir si cette noblesse n'a pas pour origine la haute administration romaine. Mais c'est très vague et très flou dans mon esprit.
  19. Charles Tilly, je vois passer son nom mais je ne connais pas... @G7H+: qu'est ce qui est intéressant dans ce qu'écrit Tilly ? La généalogie qu'il fait de l'Etat ? La description de son émergence face à ses autres concurrents du moment? (au moment de sa naissance) @Brice.A : que dit triple H sur la naissance de l'aristocratie et l'autorité morale ?
  20. On m'a dit du bien de Gobetti. Seulement, je ne crois pas qu'il y ait de traduction (de livres ou d'articles) ?
  21. Tiens sinon, un grand classique que personne ne connait en histoire du droit : Harold Berman, qui explique dans son livre Law and Revolution comment la réforme grégorienne a inventé la physionomie du droit occidental, et préparé le triomphe du droit capitaliste. Un livre époustouflant : long, très érudit, mais extraordinaire ! Pour reprendre ce qu'ne dit F Facchini dans un de ses entretiens, cette réforme dans la gouvernementalité de l'Eglise a eu pour conséquence involontaire l'évolution vers le monde moderne capitaliste. C'est assez dans la veine de ce que dit Hernando de Soto dans Le mystère du capital.
  22. Clairement ! J'avais même fait un article sur CP là dessus : la critique de l'organisation bureaucratique comme facteur de désordre me semble particulièrement intéressante. Contrairement au préjugé commun wébérien qui consiste à voir la bureaucratisation comme une progression vers plus de rationalité dans l'organisation, Ostrom démontre que les arrangements mixtes en une multitude de centres de décision est plus efficace. Un auteur que j'aimerais bien approfondir à l'avenir.
  23. Oui, tout à fait. Par exemple, F Fukuyama, que j'apprécie bcp (non pas pour la fin de l'Histoire et le dernier homme, mais pour ses livres sur la confiance, la révolution NTIC ou la naissance de la politique) peut tout à fait entrer dans cette catégorie d'auteurs : il donne de bonnes pistes de réflexion sur le monde contemporain et ses transformations, sans se laisser aller à sa célébration complète (ou à sa détestation intégrale). Le chapitre consacré à l'invention du modèle politique français depuis le 17e s (comme forme achevée de la rent seeking society) dans son livre sur l'ordre politique est impeccable, intellectuellement stimulant et offre une bonne explication de son développement postérieure.
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