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Y a rien a comprendre, juste que je n'ai pas pris l'habitude d'acheter d'occaz sur amazon, surtout pour d'anciennes éditions.

Ah, tu parlais du fait qu'on voit pas le livre physique ?

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Allez hop, voilà-t'y pas ce qu'il m'a semblé lire dans La Révolte des masses (1929) d'Ortega y Gasset. 

Faites péter les remontrances comme il se doit.

 

 

 

Ortega y Gasset, c’est un espagnol qui s’est beaucoup abreuvé aux idées de la philosophie allemande. Lorsqu’il parle de l’Europe, d’ailleurs, il pense essentiellement à la trinité Allemagne-France-Angleterre (« Par Europe, on entend, avant tout et surtout, la trinité France, Angleterre, Allemagne »). Lorsque les européistes actuels nous citent donc l’Ortega comme porte-parole assurant la légitimité de leurs opinions, ils omettent sciemment de mentionner cette légère distinction entre une Europe centrale entre nations partageant une culture et une histoire presque fusionnelles et notre Europe actuelle, avec sa myriade d’états inconnus les uns aux autres, que l’on soupçonne en outre d’être fortement soumise aux injonctions des Etats-Unis d’Amérique.

 

 

Bon, et c’est quoi le rapport avec cette révolte des masses ? Ah oui.  La révolte des masses, c’est le cercle vicieux de la dégénérescence dans la civilisation moderne (d’ailleurs, c’est’y pas diablement grave de nous qualifier de « modernes », comme si nous étions les représentants achevés d’une époque ? « contemporain » passerait encore, aux oreilles de notre cher Ortega, mais « moderne », c’est la pulsion de mort qui traverse nos bouches de chair fanée).

 

 

Le début de cette période commence au milieu du 18e siècle, avec la France qui se pâme de sa tradition révolutionnaire. Pour Ortega, la révolution a « surtout servi à faire vivre la France […] sous des formes politiques plus autoritaires et plus contre-révolutionnaires qu’en presque aucun autre pays » en permettant à la bourgeoisie d’accéder au pouvoir par le biais d’un Etat d’autant plus écrasant qu’il se sait pas-vraiment-légitime. « Les démagogues ont été les grands étrangleurs des civilisations ». La mascarade du suffrage universel s’est mise en place : « dans le suffrage universel, ce ne sont pas les masses qui décident ; leur rôle consiste à adhérer à la décision de l’une ou de l’autre minorité. […] Le pouvoir public se trouve aux mains d’un représentant des masses. Celles-ci sont si puissantes qu’elles ont anéanti toute opposition possible. Elles sont maîtresses du pouvoir public d’une manière si incontestée, si absolue, qu’il serait difficile de trouver dans l’histoire des modes de gouvernement aussi puissants qu’elles ».

 

 

Avec l’avènement de l’Etat, l’homme-masse s’est imposé et, exponentiellement depuis, il a fait appliquer ses droits qui sont ceux de la médiocrité. Rappelons que « médiocrité » ne veut pas dire nullité mais se rattache à la racine étymologique du mot « moyen ». Est moyen, donc, ce qui vivote sans ambition autre que celle de satisfaire ses pulsions basiques, ce qui pense sans extension, ce qui utilise les outils préexistants sans chercher à les comprendre et sans s’émerveiller de leur présence. L’homme-masse est un enfant gâté qui ne le sait pas. Ce que ses aïeux ont travaillé à élaborer l’entoure depuis sa naissance. L’homme-masse est un homme qui, n’ayant pas cherché la civilisation, considère que celle-ci représente la nature, comme la pierre et le bois pour l’homme préhistorique. « L’homme échoue parce qu’il ne peut rester au niveau du progrès de sa propre civilisation ». Il prend, il utilise, il gâche tout. Son potentiel est grand, mais il ne sait pas quoi en faire.

 

 

«La caractéristique du moment, c’est que l’âme médiocre, se sachant médiocre, a la hardiesse d’affirmer les droits de la médiocrité et les impose partout.»

 

 

La thèse de cet essai est la suivante : les nations occidentales souffrent d’une grave démoralisation qui se manifeste par la révolte de l’homme-masse pour accéder au pouvoir. Cette démoralisation trouve une de ses raisons dans le déplacement du pouvoir que notre continent exerçait autrefois sur le reste du monde et sur lui-même. La dispersion de la souveraineté historique traduirait une faiblesse des principaux états européens du siècle passé. Ortega propose alors de former des Etats-Unis d’Europe qui résulteraient de la synergie de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne, principalement, pour retrouver ce pouvoir historique qui semble s’être dispersé depuis l’avènement des Etats-Unis d’Amérique et de l’U.R.S.S.

 

 

Dans son épilogue de 1938, Ortega se rend bien compte que cette alliance n’aura pas de grand intérêt si elle n’a pas conscience de son âme. Il constate que « l’Europe est aujourd’hui désocialisée ou bien, ce qui revient au même, il lui manque des principes de convivance qui soient en vigueur et auxquels il serait possible de recourir ». L’Europe ne doit pas être l’inter-nation mais la super-nation. On ne voit pas comment cela pourrait se produire puisque, si les nations sont dominées par l’homme-masse, alors la super-nation ne pourra être autre chose que la réunion de la crème de la crème de l’homme-masse -qui reste une bouse quand même. De plus, le droit ne peut régir les rapports entre les êtres vivants qu’à la seule condition qu’ils vivent préalablement en société effective. Ortega prend un exemple qu’il connaît bien, celui de l’Espagne : « L’Espagne et les peuples du centre et du sud de l’Amérique ont un passé commun, une race commune, un langage commun. Cependant, l’Espagne ne forme pas avec eux une nation. Pourquoi ? Parce qu’il leur manque une chose, une seule mais essentielle : l’avenir commun ».

 

 

Nous avons brûlé les étapes. Ortega évoque bien la possibilité d’une Europe « des nations isolées » ou d’une Europe « orientale, dissociée jusque dans ses racines de l’Europe occidentale », mais il ne l’évoque qu’en ultime achèvement, à la condition que la santé des nations soit excellente. Conclusion : il ne faut pas mettre la charrue avec les bœufs.

 

 

Ortega espérait que l’Europe serait l’avènement de l’homme d’élite, c’est-à-dire « celui qui est plus exigeant pour lui que pour les autres, même lorsqu'il ne parvient pas à réaliser en lui ses aspirations supérieures ». On peut se méprendre sur la nature de cet homme d’élite. N’y voyez aucune allusion à la hiérarchie des classes sociales. L’homme d’élite, comme l’homme-masse, peut se retrouver à n’importe quel étage de la hiérarchie sociale. Ortega postule moins la réalité d’une hiérarchie des classes qu’une hiérarchie des valeurs fondée sur l’inégalité psychologique et intellectuelle de ceux qui la composent. L’homme d’élite, ce n’est donc pas le type qui bénéficie de privilèges, c’est celui qui est capable de porter des valeurs morales profitables au reste du genre humain, c’est celui qui est capable d’une plus grande abnégation pour réaliser le principe spirituel qui devrait être celui d’un Etat réellement vitalisé. A l’inverse de la démagogie, qui affirme l’égalité naturelle entre tous les hommes, Ortega affirme qu’une société vraiment démocratique doit prendre en compte les différences individuelles. L’égalité politique ne doit donc pas s’accompagner d’égalité dans le reste de la vie sociale. L’arrivée de l’homme-masse au pouvoir a donc été permise par l’oubli de cette inégalité fondamentale entre les individus, par la revendication des droits de la médiocratie, et par la démission des élites. A chacun de juger de la situation actuelle à l’aune de ses propres exigences de qualité.

 

 

En conclusion, Ortega observait que la vie actuelle est le fruit d’un interrègne, d’un vide entre deux organisations du commandement historique, et c’est la raison pour laquelle il réclamait l’avènement d’une Europe supranationale qui abolirait le totalitarisme de l’homme-masse. Les défauts qu’il soulevait dans l’organisation de l’Etat se sont toutefois propagés à l’organisation de l’Europe et il y a fort à parier qu’Ortega ne s’y reconnaîtrait pas aujourd’hui.

 

 

Et puis, comme on est quand même sur le forum des libéraux, il serait de bon ton d'y aller d'un petit résumé du libéralisme selon Ortega :

 

1) le libéralisme individualiste s’inspire en partie de la législation de la Révolution française, mais il meurt avec celle-ci ;

2) la création caractéristique du 19e siècle a été le collectivisme, qui découle justement de la mort du libéralisme individualiste.

3) cette idée est d’origine française et apparaît pour la première fois chez les archi-réactionnaires de Bonald et de Maistre. […]

4) arrivent ensuite les grands théoriciens du libéralisme (Stuart Mill, Spencer) : leur prétendue défense de l’individu ne consiste pas à démontrer que la liberté est bienfaisante ou intéressante pour l’individu, mais au contraire qu’elle est bienfaisante ou intéressante pour la société. La primauté du collectif était donc la base sur laquelle ils constituaient leurs idées.

5) les vieux libéraux (dont Ortega se réclame) ont pu vouloir s’ouvrir au collectivisme mais, en remarquant ce qu’il y a de terrible dans le fait collectif en soi, ils n’ont pu qu’adhérer à un libéralisme nouveau, « moins naïf, de plus adroite belligérance, un libéralisme qui germe déjà, près de s’épanouir sur la ligne même de l’horizon ».

 

 

Voilà donc ce que j'ai cru y lire.

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Allez hop, voilà-t'y pas ce qu'il m'a semblé lire dans La Révolte des masses (1929) d'Ortega y Gasset. 

Faites péter les remontrances comme il se doit.

...

C'est bien tes critiques de livre (je suis allé voir ton blog),

mais une forme un peu améliorée/homogène faciliterait bien la lecture ama.

 

Tant qu'à faire le boulot de recension, autant aller un peu plus au bout.

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C'est une sorte de fiche de lecture ?

 

:modo:

 

Pour la conclusion, je crois que je l'ai écrit. Il me semble qu'Ortega pensait que des Etats-Unis d'Europe seraient une bonne idée pour lutter contre la prise du pouvoir par l'homme-masse. Résultat : c'est pas avec l'UE que l'homme-masse disparaît, bien au contraire.

 

Edit : évitons les remarques désobligeantes.

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Ouaip les états-unis d'Europe comme troisième voie entre les ricains et les cocos c'est une idée à la con.

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J'ai commencé à lire Moby Dick de Melville. Le genre de livre tellement archi-classique qu'on ne pense même plus à les lire. Des individus hantés par leur finitude, rongés par la solitude et l'angoisse de la mort, partent tuer un gros animal marin, en voilà une histoire qu'elle est belle ! C'est somptueusement écrit et j'aime beaucoup le ton, qui rappelle un peu la littérature satirique irlando-britannique (Swift, Sterne, etc.), où des sujets graves ou métaphysiques sont abordés avec une certaine légèreté. Si ça vous intéresse je vous ferai un petit compte-rendu de lecture quand je l'aurai fini (sans spoiler).

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Bon ok c'est un peu ridicule de parler de spoiler en l'occurrence, j'avoue... ^^

 

Mais enfin, je prends mes précautions depuis qu'un ami m'a jeté sa bière en pleine face pour lui avoir dévoilé la fin de Cendrillon.

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Je lis un truc sur les EMI (Mort ou pas ? de Pim van Lommel) pour voir comment ça a évolué depuis la première étude de Raymond Moody en 1975. Ben, on n'est pas dans la merde.

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Je lis un truc sur les EMI (Mort ou pas ? de Pim van Lommel) pour voir comment ça a évolué depuis la première étude de Raymond Moody en 1975. Ben, on n'est pas dans la merde.

 

J'ai consulté la première vidéo trouvée sur le bonhomme. Il ne m'inspire pas confiance. Il assène qu'il n'y a aucun lien prouvé entre cerveau et conscience, ce qui est faux. Et suggère sans le prouver que le cerveau devrait immédiatement cesser complètement et immédiatement de fonctionner lors d'un arrêt cardiaque. Ce qui est certainement faux également (Car non seulement il faut le temps que le sucre et l'oxygène des tissus soit complètement consommé, mais en plus il faut se rappeler que le fonctionnement du cerveau est ionique avant toute chose. Même si le cerveau manque de sucre et oxygène pour faire tourner les pompes qui génèrent et recyclent ces ions, il y a forcément un chouillat d'inertie.)

 

Il est normal d'écouter les patients, de reconnaitre leur vécu et il est scientifiquement intéressant d'étudier leurs expériences. Mais il n'y a pas de raison de jeter le matérialisme aux orties alors même que le fonctionnement réel du cerveau nous est encore, pour une très large part, inconnu.

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Bon ok c'est un peu ridicule de parler de spoiler en l'occurrence, j'avoue... ^^

 

Mais enfin, je prends mes précautions depuis qu'un ami m'a jeté sa bière en pleine face pour lui avoir dévoilé la fin de Cendrillon.

 

et lui, il prend ses precautions depuis que tu lui as demis la machoire?

la fin de Cendrillon en plus, c'est une sacree chochotte ton pote...

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la fin de Cendrillon en plus, c'est une sacree chochotte ton pote...

 

 

Ça je te le fais pas dire ! Mais après quelques secondes de sidération, j'ai préféré garder mon calme. Au final, il s'est fait pardonner en m'offrant un verre du scotch le plus cher qu'ils avaient dans ce bar (c'était du macallan si ma mémoire est bonne).  

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J'ai consulté la première vidéo trouvée sur le bonhomme. Il ne m'inspire pas confiance. Il assène qu'il n'y a aucun lien prouvé entre cerveau et conscience, ce qui est faux. Et suggère sans le prouver que le cerveau devrait immédiatement cesser complètement et immédiatement de fonctionner lors d'un arrêt cardiaque. Ce qui est certainement faux également (Car non seulement il faut le temps que le sucre et l'oxygène des tissus soit complètement consommé, mais en plus il faut se rappeler que le fonctionnement du cerveau est ionique avant toute chose. Même si le cerveau manque de sucre et oxygène pour faire tourner les pompes qui génèrent et recyclent ces ions, il y a forcément un chouillat d'inertie.)

 

Il est normal d'écouter les patients, de reconnaitre leur vécu et il est scientifiquement intéressant d'étudier leurs expériences. Mais il n'y a pas de raison de jeter le matérialisme aux orties alors même que le fonctionnement réel du cerveau nous est encore, pour une très large part, inconnu.

 

de plus il y'a souvent une circulation résiduelle, donc on continu à avoir du sang contenant de l'oxygène et des nutriments dans le cerveau pendant quelques secondes non ?

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de plus il y'a souvent une circulation résiduelle, donc on continu à avoir du sang contenant de l'oxygène et des nutriments dans le cerveau pendant quelques secondes non ?

 

Il y a pleins de phénomènes à prendre en compte. Après, je crois que les cas les plus étonnants témoignent de la conscience de discussions plusieurs minutes après l'arrêt cardiaque ou de "conscience" malgré un encéphalogramme plat. Ca mérite effectivement qu'on s'y intéresse de très près. Après, perso, qu'un encéphalogramme, un truc ridiculement rudimentaire à la base, n'arrive pas à capter tout ce qui se passe dans le cerveau, c'est loin de me chambouler. Dans le genre "l'éléphant au milieu du salon", pendant des décennies, les spécialistes sont complètement passés à côté de fonctions majeures des astrocytes, qui constituent pourtant la moitié de la masse du cerveau.

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Je viens de terminer "The Conservative Mind" de Kirk, un petit bijou que j'ai dévoré de A à Z. Remarquable et accessible bref cela m'a beaucoup plus. Le prochain c'est Monnayé de Pratchett qui vient de sortir en poche :D

  • 2 weeks later...
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Je viens de lire deux livres très intéressants, qui adoptent tous les deux une démarche "institutionnaliste" en économie pour traiter du même sujet, le capitalisme.

 

Le premier est Prospérité, puissance et pauvreté, Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres, de Acemoglu et Robinson (le livre a fait un peu de bruit à sa sortie) : l'idée est de montrer que la clef du développement et de la prospérité repose sur des institutions politiques (inclusives) qui incitent les individus à s'enrichir et s'autonomiser politiquement (grâce aux droits de propriété, à un certain degré de centralisation étatique, etc). Les auteurs opposent à ces institutions des institutions extractives, qui, en gros, sont synonymes de rente économique pour une fraction minoritaire de la population. Grâce à cette grille de lecture, les auteurs jugent un certain nombre de régimes présents ou passés pour expliquer leur échec ou leur triomphe.

 

Le second est Conceptualizing Capitalism, de Geoffrey Hodgson. Comme son titre l'indique, l'ambition du livre est de donner une définition claire du capitalisme. Inspiré à la fois par Marx, Schumpeter et Hayek, l'auteur fait du coeur des institutions légales la spécificité du capitalisme. Sa démarche n'est pas sans rappeler celle de Hernando de Soto et son mystère du capital : la rupture du capitalisme repose essentiellement dans les procédures juridiques qui garantissent la propriété et la possibilité de la faire fructifier (à travers un Etat protecteur du droit). Il y a un passage critique très intéressant sur le "libéralisme de l'ordre spontané" et la différence entre droit et convention/coutume (la coutume n'est pas le droit). L'auteur a pris la peine de critiquer de manière argumentée des auteurs qu'il a lu (Hayek, Benson). Un autre adressé en particulier à l'école autrichienne (Mises, Bohm Baverk) relève leur propension à naturaliser la propriété (et donc ne pas percevoir la rupture entre société capitaliste et précapitaliste).

 

Bref de quoi réfléchir un peu.

 

 

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Je viens de lire deux livres très intéressants, qui adoptent tous les deux une démarche "institutionnaliste" en économie pour traiter du même sujet, le capitalisme.

 

Le premier est Prospérité, puissance et pauvreté, Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres, de Acemoglu et Robinson (le livre a fait un peu de bruit à sa sortie) : l'idée est de montrer que la clef du développement et de la prospérité repose sur des institutions politiques (inclusives) qui incitent les individus à s'enrichir et s'autonomiser politiquement (grâce aux droits de propriété, à un certain degré de centralisation étatique, etc). Les auteurs opposent à ces institutions des institutions extractives, qui, en gros, sont synonymes de rente économique pour une fraction minoritaire de la population. Grâce à cette grille de lecture, les auteurs jugent un certain nombre de régimes présents ou passés pour expliquer leur échec ou leur triomphe.

 

Le second est Conceptualizing Capitalism, de Geoffrey Hodgson. Comme son titre l'indique, l'ambition du livre est de donner une définition claire du capitalisme. Inspiré à la fois par Marx, Schumpeter et Hayek, l'auteur fait du coeur des institutions légales la spécificité du capitalisme. Sa démarche n'est pas sans rappeler celle de Hernando de Soto et son mystère du capital : la rupture du capitalisme repose essentiellement dans les procédures juridiques qui garantissent la propriété et la possibilité de la faire fructifier (à travers un Etat protecteur du droit). Il y a un passage critique très intéressant sur le "libéralisme de l'ordre spontané" et la différence entre droit et convention/coutume (la coutume n'est pas le droit). L'auteur a pris la peine de critiquer de manière argumentée des auteurs qu'il a lu (Hayek, Benson). Un autre adressé en particulier à l'école autrichienne (Mises, Bohm Baverk) relève leur propension à naturaliser la propriété (et donc ne pas percevoir la rupture entre société capitaliste et précapitaliste).

 

Bref de quoi réfléchir un peu.

 

 

Ho, je crois que j'ai lu une revue de chacun de ces livres. Le premier a été longuement commenté par le Minarchiste (celui qui écit pour CP), et l'autre a eu une revue dans La Vie des Idées je crois.

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Oui : c'est d'ailleurs la vie des idées qui m'a donné envie de le lire, et je n'ai pas été déçu. L'autre, c'est sans doute en lisant un compte rendu dans Contrepoints.

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En lisant les quelques lignes qu'en rend FMas, cela me fait penser à quel point j'assiste quotidiennement en Afrique à l'échec du mantra démocratique comme condition nécessaire et suffisante au développement économique et à la prospérité.

Les institutions internationales se sont fourvoyées sur un truc : elles ont soit confondu "démocratie" et "Etat de droit", soit oublié le second, mais dans les deux cas, c'est bien d'abord l'échec des institutions de droit dans ces pays qui est la cause de leurs emmerdements. Le Bénin, le Tchad, le Sénégal, le Niger, ... sont des pays ont les élections se passent bien. Les maires les députés, les présidents sont élus. La démocratie tourne pas trop mal dans bien des pays contrairement au traitement médiatique sélectif que l'ont connait (violence post élective).

Mais derrière ce panneau démocratie, aucune institution de droit ne fonctionne correctement. C'est le royaume du vol, du recel, de la tricherie, de la corruption, de la peur du fonctionnaire, du chef, des relations sociales qui prennent le pas sur le droit, des passe droit, des blocages administratifs par principe, ... L'écart entre la théorie et la pratique est inimaginable. La norme n'existe pas, elle n'est que papier.

Ceci me conforte dans mon idée que la grande force du libéralisme et la meilleure définition que l'on puisse en donner est celle de l'Etat de droit, basé sur les respects de la propriété privée, de l'individu, de ses choix et de ses droits et devoirs fondamentaux.

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Est-ce que vous savez si le cours de Harvard "Justice" donné par Micheal Sandel vaut le coup ?

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Est-ce que vous savez si le cours de Harvard "Justice" donné par Micheal Sandel vaut le coup ?

 

Je l'ai écouté sur France culture l'autre jour, il est cultivé mais sa théorie à l'air terriblement formelle. Et puis il parle de lutter contre les inégalités aussi...

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En lisant les quelques lignes qu'en rend FMas, cela me fait penser à quel point j'assiste quotidiennement en Afrique à l'échec du mantra démocratique comme condition nécessaire et suffisante au développement économique et à la prospérité.

Les institutions internationales se sont fourvoyées sur un truc : elles ont soit confondu "démocratie" et "Etat de droit", soit oublié le second, mais dans les deux cas, c'est bien d'abord l'échec des institutions de droit dans ces pays qui est la cause de leurs emmerdements. Le Bénin, le Tchad, le Sénégal, le Niger, ... sont des pays ont les élections se passent bien. Les maires les députés, les présidents sont élus. La démocratie tourne pas trop mal dans bien des pays contrairement au traitement médiatique sélectif que l'ont connait (violence post élective).

Mais derrière ce panneau démocratie, aucune institution de droit ne fonctionne correctement. C'est le royaume du vol, du recel, de la tricherie, de la corruption, de la peur du fonctionnaire, du chef, des relations sociales qui prennent le pas sur le droit, des passe droit, des blocages administratifs par principe, ... L'écart entre la théorie et la pratique est inimaginable. La norme n'existe pas, elle n'est que papier.

Ceci me conforte dans mon idée que la grande force du libéralisme et la meilleure définition que l'on puisse en donner est celle de l'Etat de droit, basé sur les respects de la propriété privée, de l'individu, de ses choix et de ses droits et devoirs fondamentaux.

 

Le tableau correspond aussi aux pays du Maghreb. Le fameux printemps arabe même s'il a pu déboucher sur des élections démocratiques n'a rien résolu des problèmes structurels de ces pays.

C'est aussi pour cela que l'anarcho capitalisme me semble une forme d'illusion. Le marché ne résout rien si les institutions qui permettent d'avoir une société ouverte, libre ne sont pas correctement et profondément implantées.

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C'est aussi pour cela que l'anarcho capitalisme me semble une forme d'illusion. Le marché ne résout rien si les institutions qui permettent d'avoir une société ouverte, libre ne sont pas correctement et profondément implantées.

 

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