Johnathan R. Razorback Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 Le 02/03/2019 à 23:17, Vilfredo Pareto a dit : Quelle est cette merveille (j'adore Jünger) ??? https://www.google.com/search?q=Ernst+Jünger,+Aphorismes&client=firefox-b-d&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwj-6cyK0OjgAhVSRBoKHVDQAq0Q_AUIDigB&biw=1366&bih=621#imgrc=B0gUZ24yKLFUrM Sinon, quel rebelle ce Aron. Il se permet d'envoyer balader Bergson l'air de rien en passant: « La Pensée serait à l'origine, bien que la pensée humaine ne se manifeste qu'au terme du mouvement. Car celui-ci tout entier serait la manifestation d'un élan créateur, d'essence spirituelle, qui dans l'homme atteindrait à la lucidité. [...] Solution [idéaliste] à la fois facile et vague. [...] Certes, lorsque l'on dispose d'un élan spirituel, capable de créer, d'innover subitement, peu importe l'hétérogénéité des êtres rapprochés dans une série évolutive. La continuité est alors aussi facile à affirmer que difficile à démontrer et impossible à réfuter. Pour la science positive, la continuité véritable impliquerait la réduction du supérieur à l'inférieur, ou du moins l'explication de celui-là par celui-ci. Or le mécanisme de l'évolution des espèces nous reste mystérieux, nous ne comprenons pas davantage le surgissement de la vie à partir du non-vivant. Pas davantage la naissance de l'homme ou de l'intelligence. Dans ces conditions, même si l'on admet le fait de la succession, la vision historique n'impose ni n'implique aucune conséquence philosophique. Chacun a le droit d'interpréter le passé dont nous recueillons les traces et fixons les moments. » -Raymond Aron, Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique, Gallimard, 1986 (1938 pour la première édition), 521 pages, p.41.
Moustachu Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 Le 03/03/2019 à 05:40, Nick de Cusa a dit : tentative de lire un classique de la littérature chinois, le rêve du pavillon rouge, aussi captivant que frustrant Pas d'arc narratif, personnages innombrables, passages constants du coq à l'âne, mélange des genres (chronique, guide de vie, coquin, petites vignettes biographiques, traduction fort difficile semble-t-il) et puis bon, il nous maque, en gros, tous les repères du mode de vie de ces gens, pour accrocher à l'action. Quand on lit un roman du XVIIIème de chez nous on a une connaissance historique de comment ces gens vivaient (pas précise mais bâties sur des centaines de lectures et de films), mais en Chine, on ne voit pas trop en fait Ou alors, tu le prends complètement différemment et tu dis que c'est juste du Pynchon avant l'heure Typique de la littérature non occidentale. Le schéma linéaire auquel on est habitué me semble plutôt récent et très européen (la structure des poèmes épiques antiques est assez déstructurée aussi au premier abord). C'est encore plus flagrant quand on s'attaque à des œuvres asiatiques (Au bord de l'eau m'avait frustré de la même manière). Ça explique aussi pourquoi on est un peu surpris par la structure de textes sacrés d'autres civilisations (le Tao, le Coran...).
Vilfredo Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 Il y a 7 heures, Johnathan R. Razorback a dit : https://www.google.com/search?q=Ernst+Jünger,+Aphorismes&client=firefox-b-d&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwj-6cyK0OjgAhVSRBoKHVDQAq0Q_AUIDigB&biw=1366&bih=621#imgrc=B0gUZ24yKLFUrM whah trop bien merci (je ne connaissais pas du tout) ! Traduit par Henri Thomas Il y a 7 heures, Johnathan R. Razorback a dit : Sinon, quel rebelle ce Aron. Il se permet d'envoyer balader Bergson l'air de rien en passant: Oui c'était à la mode à l'époque quand même. Bergson était considéré soit comme un irrationaliste spiritualiste un peu barré et peu rigoureux, soit carrément comme un fasciste. Les choses ont un peu changé depuis (il y a eu Deleuze ^^). Et au sujet de l'évolution, Bergson est resté un lamarckien obtus !
Johnathan R. Razorback Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 il y a 19 minutes, Vilfredo Pareto a dit : Oui c'était à la mode à l'époque quand même. Bergson était considéré soit comme un irrationaliste spiritualiste un peu barré et peu rigoureux, soit carrément comme un fasciste. Ah non, pas du tout. Bergson a été le premier philosophe français aussi encensé de son vivant* et doté de disciples multiples ** (le seul cas antérieur à peu près comparable étant Rousseau ; postérieurement, Sartre). Il a eu une carrière académique de premier plan, contribué au dictionnaire philosophique de référence (Le Lalande), obtenu le Nobel de littérature et les honneurs du régime (il est envoyé par Briand pour convaincre Wilson d'entrer dans la WWI). Thibaudet le désigne comme l'intellectuel français le plus influent de son temps avec Barrès et Maurras. Et surtout il n'a guère d'adversaires en France sur le terrain philosophique: personne n'a ressorti contre lui la thèse de Jaurès, le marxisme vulgaire de Georges Politzer ne touche guère que les cadres de la SFIC... * Surtout avant 1914. Mais à la fin des années 30 il y a nouveau moment bergsonien. C'est pour ça que les piques d'Aron me semble relativement osées. « On y étudiait [au séminaire de Reims, en 1937] la philosophie thomiste, mais aussi Bergson, qui, après avoir été condamné par l'Église pour avoir écrit L'Évolution créatrice, était presque devenu un Père de l'Église, depuis qu'il avait écrit Les Deux Sources de la Morale et de la Religion. Bergson a eu une influence considérable sur l'évolution de ma pensée, dans la mesure où toute sa philosophie est centrée sur l'expérience d'un jaillissement de l'existence, de la vie, que nous expérimentons en nous dans le vouloir et dans la durée et que nous voyons à l’œuvre dans l'élan qui produit l'évolution vivante. J'ai passé le baccalauréat de philosophie en 1939, et la dissertation avait pour sujet le commentaire de cette phrase de Bergson: "La philosophie n'est pas une construction de système, mais la résolution une fois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi". » -Pierre Hadot, La Philosophie comme manière de vivre, Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Paris, Éditions Albin Michel, coll. Le livre de Poche, 2001, 280 pages, p.30. ** dont Péguy. Bergson a aussi influencé Gilbert Simondon par l'intermédiaire de la philosophie d'Étienne Souriau. Bergson était tout sauf un outsider:
Vilfredo Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 il y a 4 minutes, Johnathan R. Razorback a dit : Ah non, pas du tout. Bergson a été le premier philosophe français aussi encensé de son vivant* et doté de disciples multiples ** (le seul cas antérieur à peu près comparable étant Rousseau ; postérieurement, Sartre). Il a eu une carrière académique de premier plan, contribué au dictionnaire philosophique de référence (Le Lalande), obtenu le Nobel de littérature et les honneurs du régime (il est envoyé par Briand pour convaincre Wilson d'entrer dans la WWI). Et surtout il n'a guère d'adversaires en France sur le terrain philosophique: personne n'a ressorti contre lui la thèse de Jaurès, le marxisme vulgaire de Georges Politzer ne touche guère que les cadres de la SFIC... * Surtout avant 1914. Mais à la fin des années 30 il y a nouveau moment bergsonien. C'est pour ça que les piques d'Aron me semble relativement osées. « On y étudiait [au séminaire de Reims, en 1937] la philosophie thomiste, mais aussi Bergson, qui, après avoir été condamné par l'Église pour avoir écrit L'Évolution créatrice, était presque devenu un Père de l'Église, depuis qu'il avait écrit Les Deux Sources de la Morale et de la Religion. Bergson a eu une influence considérable sur l'évolution de ma pensée, dans la mesure où toute sa philosophie est centrée sur l'expérience d'un jaillissement de l'existence, de la vie, que nous expérimentons en nous dans le vouloir et dans la durée et que nous voyons à l’œuvre dans l'élan qui produit l'évolution vivante. J'ai passé le baccalauréat de philosophie en 1939, et la dissertation avait pour sujet le commentaire de cette phrase de Bergson: "La philosophie n'est pas une construction de système, mais la résolution une fois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi". » -Pierre Hadot, La Philosophie comme manière de vivre, Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Paris, Éditions Albin Michel, coll. Le livre de Poche, 2001, 280 pages, p.30. ** dont Péguy. Bergson a aussi influencé Gilbert Simondon par l'intermédiaire de la philosophie d'Étienne Souriau. Ah ok. Bah c'est pas ce qu'on m'a dit en cours mais mon prof n'est pas évangéliste non plus ^^ Cela dit Citation Etrange revirement pour une oeuvre reléguée durant un demi-siècle au rayon des curiosités littéraires - l'éclat de son style ne lui ayant jamais été dénié, même, et surtout, par ses pires ennemis, qui y voyaient la preuve ultime de sa frivolité. Après une gloire éphémère (1907-1914), dont on peine aujourd'hui à se représenter l'intensité, le bergsonisme devint pour les tenants du rationalisme la philosophie à liquider. Son culte de la vie et du mouvement, trop confiant dans les pulsations intimes de la nature, fut assimilé soit à un spiritualisme vieillot, soit à un vitalisme dangereux. Avec cette tache rouge, indélébile, sur l'habit vert de l'académicien : ses discours de guerre en 1914, confondant l'élan vital avec le vent soufflant dans le drapeau français. "Bergsonien attardé" devint une insulte dans la cour de récré des philosophes. Epoussetant le tabac sur sa veste en tweed, le logicien Bertrand Russell persiflait : "Il n'y a pas de mauvais raisonnements chez Bergson, car il n'y a pas de raisonnements." (...) C'est à Frédéric Worms, directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine à l'ENS, que l'on doit ces dernières années un immense travail éditorial pour dépoussiérer Bergson. https://www.lexpress.fr/culture/livre/henri-bergson-un-philosophe-dans-le-vent_1136546.html J'aime bien l'anecdote sur "bergsonien attardé" Et Worms n'est pas une lumière mais je crois qu'effectivement il a beaucoup joué dans cette opération de relecture de Bergson (lui et Camille Riquier, qui a dirigé le volume collectif consacré à Bergson aux éditions du Cerf). Il a édité Durée et simultanéité (le livre de Bergson sur Einstein, jamais lu j'y comprends rien).
Johnathan R. Razorback Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 J'ai lu (et eu cours sur) L'Évolution créatrice, et je suis assez de l'avis de Russell... Comme disait quelqu'un qui a bien connu Bergson: "Peut-être que lui, il la sentait la durée, mais moi, même en me concentrant, j'ai jamais réussie !" Sinon j'ai fini une interview de Castoriadis où il explique qu'il n'y a pas de valeurs objectives... Décidément c'est le jeu préféré des philosophes depuis Hobbes contemporains. L'étape suivante c'est d'essayer rejeter tout jugement de valeur, comme disait @Rincevent. Car après tout avoir un avis est toujours douloureux pour les indécis alentours. Le dernier homme n'a même plus besoin de la doxa.
Rincevent Posté 4 mars 2019 Signaler Posté 4 mars 2019 il y a 28 minutes, Vilfredo Pareto a dit : le livre de Bergson sur Einstein, jamais lu j'y comprends rien Je crois me souvenir que, après l'avoir lu, Einstein lui non plus n'y avait rien compris.
Vilfredo Posté 5 mars 2019 Signaler Posté 5 mars 2019 Il y a 2 heures, Johnathan R. Razorback a dit : L'étape suivante c'est d'essayer rejeter tout jugement de valeur ça me fait penser à ce cher Peterson : https://www.youtube.com/watch?v=OHLSv-tdR7w#t=2m00s Sinon pas lu L'Evolution créatrice, j'ai seulement parcouru et j'ai vu qu'il disait du mal de Spencer ce qui m'a donné un prétexte pour fermer le bouquin de façon sectaire et bête ("si c'est pas libéral, je lis pas"). Mais j'ai lu le très malthusien Les Deux Sources de la morale et de la religion, inégal, avec une division "société statique"/"société dynamique" franchement pas utile, des passages toupourris sur le bouddhisme et les religions orientales (il faut voir comment Guénon se marre en lisant ça), sans parler des développements sur l'élan, qui n'est pas une impulsion et qui progresse par sauts sans pour autant être aléatoire (dafuq) ; si je me souviens bien il prend l'exemple d'une main qui plonge dans la limaille de fer et réorganise tout n'importe comment. Et puis il a aussi cette idée de la croissance en gerbe propre à la tendance vitale : tu as l'émergence de deux tendances façonnées par le temps, et le progrès consiste en ceci que les hommes se lancent à fond d'un côté ou de l'autre (il appelle ça la "double frénésie"). Ce qui nous avance bien. Après il y a aussi des passages pas mal dedans, sur le machinisme à la toute fin du bouquin, quand il explique que l'outil est un organe artificiel, que la mécanique continue le corps humain (on croirait presque lire du Gehlen ; apparemment je suis pas le seul à faire le lien...). Dans l'ensemble j'avais préféré La Pensée et le mouvant, où certains textes sont vraiment stimulants ("Le Possible et le réel") et surtout où il arrête de causer biologie. L'Energie spirituelle est le plus caricatural que j'aie lu (une conférence où il explique que la télékinésie c'est très intéressant...) mais le chapitre sur la "fausse reconnaissance" aide beaucoup à comprendre Proust, donc...
Moustachu Posté 5 mars 2019 Signaler Posté 5 mars 2019 Bergson m'a toujours l'impression d'être franchement un littérateur, limite un poète (j'allais dire un baratineur ) car pas vraiment d'argumentation, on dirait les émissions pseudo-philosophiques de Enthoven. Il y a tellement à redire sur lui (en fait Russel a tout dit en une seule phrase). Ce qui accentue encore plus la médiocrité de quelqu'un comme Onfray : au lieu de s'attaquer à la non-pensée bergsonienne, tout ce qu'il trouve à dire c'est que c'est un...facho.
Johnathan R. Razorback Posté 5 mars 2019 Signaler Posté 5 mars 2019 Il y a 10 heures, Vilfredo Pareto a dit : 1): l'outil est un organe artificiel, que la mécanique continue le corps humain 2): Dans l'ensemble j'avais préféré La Pensée et le mouvant, où certains textes sont vraiment stimulants ("Le Possible et le réel") 1): L'organicisme c'est une vieille métaphore idée en philosophie politique de la technique mais depuis Simondon et d'autres sont passés par là: "La sphère du mécanique étant pour Kapp totalement identifiée à celle des artefacts, elle est postérieure à celle de l'organique qui l'engendre et qui la détermine en tant que modèle inconscient." (p.28) "A la thèse d'une constitution du monde par extériorisation organique correspond une conception préformationniste du processus historique. L'histoire ne crée rien, elle déploie un ordre originaire. On retrouvera ces deux traits (organisme et évolutionnisme préformationniste), plus ou moins prononcés, dans toutes les "philosophies de la technique" qui se fondent sur une théorie de la projection d'organe, qu'elles aient ou non connaissance du texte de Kapp. On peut multiplier les exemples, mais la techno-prophétie béate de Jöel de Rosnay suffit à illustrer le propos: "l'homme du futur sera simplement l'homme symbiotique, en partenariat étroit, -s'il parvient à le construire- avec le système sociétal qu'il a extériosé à partir de son cerveau, de ses sens et de ses muscles. Un super organisme nourricier, vivant de la vie de cellules, ces neurones de la Terre que nous sommes en train de devenir." Poussé à son terme, la théorie de la projection d'organe aboutit à la naturalisation de l'ordre social et ses transformations, alors présentées comme le développement d'un principe germinal plutôt que comme un authentique devenir historique. Pour mener à bien sa démonstration, cet évolutionnisme continuiste doit masquer ou ignorer les ruptures et les renversements qui marquent l'histoire des techniques." (p.36) -Grégoire Chamayou, introduction à Ernst Kapp, Principes d'une philosophie de la technique, Paris, Librairie philosophique, Vrin, 2007 (1887 pour la première édition allemande). 2): +1, Le possible et le réel comporte un passage très intéressant où Bergson montre que l'idée de néant est réductible à l'idée de substitution. C'est ce qu'il a fait de mieux à ma connaissance.
Lancelot Posté 5 mars 2019 Signaler Posté 5 mars 2019 Quote Cardinali, Lucilla, et al. "Tool-use induces morphological updating of the body schema." Current biology 19.12 (2009): R478-R479. To control bodily movements the human brain relies on a somatosensory representation referred to as the body schema. The almost century-old hypothesis that tool-use induces plastic changes resulting in the tool being incorporated in the body schema is nowadays widely accepted. Whether this somatosensory representation is truly modified remains unknown, however, as tool-use has never been shown to affect arm motor behaviour. Here we report that using a mechanical grabber that physically extends the arm does alter the kinematics of subsequent free-hand grasping movements. Remarkably, tool-use after-effects generalise to pointing movements, despite the absence of specific tool-training. Furthermore, this effect is driven by an increase of the represented length of the arm: after tool-use, subjects localised touches delivered on the elbow and middle fingertip of their arm as if they were farther apart. These findings indicate that tool-use alters the body schema, and also show that what is modified is the somatosensory representation of intrinsic properties of the body morphology. 1
Doctrinaire Posté 7 mars 2019 Signaler Posté 7 mars 2019 Je commence dès ce soir la lecture d'un ouvrage reçu aujourd'hui, enfin traduit en France, L'Erreur et l'orgueil de Roger Scruton, aux éditions L'Artilleur. Un livre qui passe au crible les intellectuels de gauche en Europe. Le plan du livre est intéressant, on commence par un chapitre définissant la gauche, le suivant parle de Hobsbawm et E.P Thompson, puis des américains Galbraith et Dworkin, les français Sartre, Foucault puis Althusser, Lacan et Deleuze, l'allemand Habermas, la nouvelle gauche de Gramsci et la guerre culturelle en Europe, un chapitre dédié à Badiou et Zizek puis une conclusion sur les droites en Europe. Ma foi, bien que j'aie déjà connaissance de ces sujets, le livre semble très intéressant dans son contenu, il me fait penser aux vieux livres du Club de l'Horloge.
Johnathan R. Razorback Posté 7 mars 2019 Signaler Posté 7 mars 2019 il y a 20 minutes, Doctrinaire a dit : enfin traduit en France, L'Erreur et l'orgueil Oui, quelle réjouissante nouvelle N'hésites pas à nous en dire plus au fil de ta lecture. 1
Johnathan R. Razorback Posté 9 mars 2019 Signaler Posté 9 mars 2019 Quelques soient les désaccords qu'on puisse avoir avec lui, Aron est vraiment un grand philosophe français. Le passage suivant ne mobilise pas seulement un argument simple et définitif contre la théorie sociologique de Marx (la vacuité de la notion de dernière instance), il démolit aussi, avec plus de 20 ans d'avance, la tentative de renouvellement althussérienne du marxisme: "Que la régression, à partir de n'importe quel événement, remonte à un phénomène économique, on l'admettra volontiers. Il suffit de prolonger assez loin la recherche ; de plus, les différentes causes sont enchevêtrées pour qu'on ne se heurte pas rapidement à un antécédent économique. Mais le problème est de savoir pourquoi, comment un tel antécédent peut être dit cause véritable ou cause dernière. Nous avons analysé le mécanisme de l'enquête historique: il est inconcevable que l'on puisse, à l'avance et de manière générale, quel antécédent est cause déterminante. De quel droit s'arrête-on dans la régression ? Au-delà de l'antécédent économique, on mettrait au jour d'autres antécédents non économiques. Comment donner un sens à l'expression en dernière analyse ?" (p.308-309) "Nous accepterons volontiers cette notion d'action réciproque qui n'est ni spécifiquement marxiste, ni spécifiquement dialectique (l'action réciproque devient dialectique lorsqu'elle s'inscrit à l'intérieur d'une progression, lorsque l'antithèse, par réaction sur la thèse, l’œuvre par réaction sur le créateur, détermine l'accession à un terme supérieur qui réconcilie les deux premiers). La coexistence se définit par l'interaction. Si l'on considère deux ensembles -politiques d'une part, économique de l'autre-, certainement il faudra reconnaître l'échange des influences. Mais dès que l'on descend au détail, l'action réciproque devient position d'un problème: dans quel sens, à tel moment, s'est exercée l'action ? Je ne prétends pas que toujours on aboutisse à une relation de sens unique: la formule de l'interaction traduit les limites de notre savoir et de notre analyse autant que la structure du monde historique. A un niveau inférieur ou supérieur, on apercevrait peut-être le terme directeur." (p.310) "Pour éviter que la doctrine se dissolve en une généralisation vague de l'action causale propre à l'économie, on tentera de donner un sens rigoureux à l'idée de prédominance. Mais cette tentative est condamnée à l'échec comme l'effort pour justifier l'efficace exclusive. [...] Nous en revenons toujours à la même argumentation: on pèse l'efficace des différents antécédents dans chaque situation. Comment formuler à l'avance le résultat, unique et constant, de ces évaluations singulières." (p.311) -Raymond Aron, Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique, Gallimard, 1986 (1938 pour la première édition), 521 pages. 1
Nigel Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 De ma vie, je crois que je n'ai jamais entendu quelqu'un dire que ce n'était pas un grand philosophe - mais il est pas si connu que ça^^ J'ai lu le dictionnaire sorti sur lui dernièrement, bah c'est bien.
Johnathan R. Razorback Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 Je dis ça parce qu'aussi bien en sciences politiques qu'en philosophie*, je n'ai pas souvenir de l'avoir vu cité, et une seule fois mentionné en bibliographie. Bon après j'étais dans des facs de gauche. * Idem pour Freund. Ce scandale absolu.
RaHaN Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 Quelqu'un a déjà lu "Les libertariens aux États-Unis" de Stéphane Caré ?
Johnathan R. Razorback Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 Il y a 3 heures, Restless a dit : Quelqu'un a déjà lu "Les libertariens aux États-Unis" de Stéphane Caré ? J'ai lu des extraits sur le Net, ça semble raisonnement honnête.
Johnathan R. Razorback Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 Toujours dans Aron. Celle-là je la garde pour le prochain liborgien type qui confond, ou réduit, défense de la liberté à la défense du marché (ou défense du capitalisme à usage d'arguments productivistes) : "Entre l'économiste qui condamne le collectivisme parce qu'il produit à des prix de revient trop élevés, et le moraliste qui condamne un régime dont le ressort est le désir de profit, il n'y a et il n'y aura jamais de dialogue." -Raymond Aron, Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique, Gallimard, 1986 (1938 pour la première édition), 521 pages, p.405.
Rincevent Posté 10 mars 2019 Signaler Posté 10 mars 2019 Il y a 11 heures, Restless a dit : Quelqu'un a déjà lu "Les libertariens aux États-Unis" de Stéphane Caré ? Oui, la paire d'ouvrages de Sébastien Caré (pas Stéphane) sont bien, très convenablement informés et plutôt de bonne foi (malgré quelques erreurs d'analyse).
RaHaN Posté 11 mars 2019 Signaler Posté 11 mars 2019 Ça marche! Déjà le fait qu'il soit sur Rennes1 et pas Rennes2, ça laissait présager du moins pire ; Mais blague à part, je me laisserai surement tenter alors. Sinon, je cherche de la bonne lecture sur MLK, ainsi que sur le Che. Aussi, si vous avez des pistes sur des ouvrages concernant les religions, ça m'intéresse. Soit sous forme de "guide de religions", soit des spécifiques (essentiellement Christianisme, Islam et Judaïsme, j'attaquerai l'oriental après).
Johnathan R. Razorback Posté 14 mars 2019 Signaler Posté 14 mars 2019 Critique intéressante adressée à Arendt: "Cette compréhension de l'effondrement intellectuel et spirituel est suivie, dans le texte du Dr Arendt, de cette phase: "C'est la nature humaine en tant que telle qui est en jeu ; et même s'il semble que ces expériences ne réussissent pas à changer l'homme, mais seulement à le détruire [...] on ne devrait jamais perdre de vue les nécessaires limites d'une expérience qui requiert un contrôle global des résultats concluants". Quand j'ai lu cette phrase, j'ai eu du mal à en croire mes yeux. La "nature" est un concept philosophique ; il désigne ce qui identifie une chose comme étant une chose de telle sorte et pas d'une autre. Une "nature" ne peut pas être changée ou transformée. Un "changement de nature" est une contradiction dans les termes: toucher à la "nature" d'une chose signifie détruire cette chose. Concevoir l'idée d'un "changement de la nature" de l'homme (ou de quoi que ce soit d'autre) est un symptôme de l'effondrement intellectuel de la civilisation occidentale. L'auteur adopte en réalité l'idéologie immanentiste. Elle conserve son "ouverture d'esprit" pour ce qui concerne les atrocités totalitaires. Elle considère la question d'un "changement de nature" comme un sujet qui ne saurait être tranché que par "expérimentation" ; et puisque "l'expérimentation" n'a pas pu encore bénéficier des opportunités offertes par un laboratoire global, la question doit demeurer pour l'instant en suspens. Bien entendu, ces phrases du Dr Arendt ne doivent pas être interprétée comme une concession au totalitarisme au sens le plus restreint, c'est-à-dire comme une concession aux atrocités nationales-socialistes et communistes. Bien au contraire, elles reflètent une attitude typiquement libéral, progressiste, pragmatique, envers les problèmes philosophiques. [...] Cette attitude revêt, en effet, une importance d'ordre général en ce qu'elle révèle combien les positions libérales et totalitaires partagent de points communs ; l'immanentisme essentiel qui les unit l'emporte sur les différences d'ethos qui les séparent. La véritable ligne de partage dans la crise contemporaine ne passe pas entre les libéraux et les totalitaires, mais entre les partisans d'une transcendance philosophique ou religieuse d'un côté, et les adeptes sectaires de l'immanentisme, libéraux ou totalitaires, de l'autre." -Eric Voegelin, "The Origins of Totalitarianism", Review of Politics, janvier 1953, in Hannah Arendt, Les Origines du Totalitarisme - Eichmann à Jérusalem, Gallimard, coll. Quarto, 2002, 1615 pages, pp.958-966, p.964-965. Cela étant Voegelin est doublement abusif: tous les libéraux (et sans doute même tous les liberals) ne s'appuient certes pas sur un antinaturalisme. D'autre part une philosophie reposant sur l'analyse de la nature humaine ne présuppose pas nécessairement une métaphysique idéaliste ou religieuse, comme le prouve le matérialisme épicurien ou le matérialisme moderne d'Holbach (le marxisme tomberait en revanche tout à fait sous le coup de sa critique puisqu'il réduit, après Rousseau, l'humain a son historicité) -ou encore l'objectivisme.
Johnathan R. Razorback Posté 16 mars 2019 Signaler Posté 16 mars 2019 via Imgflip Meme Generator « Beaucoup de personnes, à la suite d’un accident imprévisible, étant devenues incapables de subvenir à leurs besoins par leur travail, ne doivent pas être abandonnées à la charité privée, mais elles doivent être prises en charge (autant que les nécessités naturelles l’exigent) selon les lois de l’Etat. Car tout comme c’est un manque de charité de la part de quiconque de ne pas s’occuper des invalides, c’est de même un manque de charité de la part de l’Etat de les exposer au hasard d’une charité aussi incertaine. » -Thomas Hobbes, Léviathan. Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile, chapitre 30, 1651.
POE Posté 17 mars 2019 Signaler Posté 17 mars 2019 Fini le roman qui a fait connaître l'égyptien Alaa Al Aswany, l'immeuble Yacoubian. Une plongée au sein de la société égyptienne des années 2000, qui montre bien les tensions qui existaient avant le fameux Printemps Arabe, avec la corruption des institutions et de la démocratie, la volonté du peuple d'améliorer sa condition, la montée d'un islam intégriste mais proche du peuple qui souffre. Avec la trilogie de Mahfouz, on a un portrait intéressant du souffle qui anime la société Egyptienne depuis la société traditionnelle soumise à la colonisation suivie par la libération et les promesses non tenues du socialisme panarabe, et enfin la société actuelle tiraillée entre des envies de liberté, de développement économique mais aussi de rigorisme religieux. Une société complexe bien loin des clichés habituels sur le monde musulman. 3
Vilfredo Posté 17 mars 2019 Signaler Posté 17 mars 2019 Le 16/03/2019 à 18:47, Johnathan R. Razorback a dit : « Beaucoup de personnes, à la suite d’un accident imprévisible, étant devenues incapables de subvenir à leurs besoins par leur travail, ne doivent pas être abandonnées à la charité privée, mais elles doivent être prises en charge (autant que les nécessités naturelles l’exigent) selon les lois de l’Etat. Car tout comme c’est un manque de charité de la part de quiconque de ne pas s’occuper des invalides, c’est de même un manque de charité de la part de l’Etat de les exposer au hasard d’une charité aussi incertaine. » -Thomas Hobbes, Léviathan. Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile, chapitre 30, 1651. Hobbes écrit au XVIIe comme tu ne l'ignores pas. On ne peut pas s'attendre à ce qu'il sorte du Rothbard burly and strong. Par de nombreux aspects, il me semble que Hobbes préfigure le libéralisme politique (droit à la résistance, part inaliénable du DN, et même le fait que l'Etat soit créé pour permettre aux plans individuels d'être satisfaits (car ils ne peuvent l'être dans l'état de nature)). De manière générale (même si ce n'est pas ton argument), les lectures ultra-absolutisantes de Hobbes sont souvent caricaturales. Comme l'écrit d'ailleurs Jean Terrel dans Les Théories du pacte social (excellent bouquin, lecture récente d'ailleurs) : Citation Rien n'est plus éloigné des intentions de Hobbes que l'idée d'une aliénation totale. Il arrive à Hobbes de dire que chacun donne au souverain le droit de commander tout ce qui lui plaît ou encore de parler d'un droit transféré en totalité, mais il nous a auparavant interdit de prendre les mots don et transfert au sens littéral courant : rien n'est donné au souverain, il conserve seulement son droit naturel à tout. Le droit du souverain et les obligations des sujets restent relativement indépendants. Les obligations sont limitées pas le noyau inaliénable du droit naturel qui autorise la résistance quand la vie et la liberté de mouvement sont en danger. [Cf. chap. XV, §22] On a le droit de déserter en temps de guerre si on est d'un naturel craintif, de s'emparer d'aliments par violence et par fraude au cours d'une famine. Le droit de résister est étendu au cas où la famille et les proches sont menacés. Il subsiste pour le condamné conduit à l'échafaud et pour les rebelles et les criminels qui réunissent leurs forces pour se prêter assistance : "Ils ne font que défendre leurs vies, ce que le coupable peut faire aussi bien que l'innocent." Ce dernier texte n'a pas échappé aux contemporains. Hyde, un royaliste modéré qui a défendu les droits du parlement avant le début de la guerre civile, est scandalisé. En le commentant, l'évêque anglican Bramhall, l'adversaire de Hobbes dans la querelle du libre arbitre, parle du Leviathan comme du catéchisme des rebelles. (Le Seuil, coll. Points, 2001, pp. 158-159) Et à propos du libéralisme économique, Hobbes est favorable à une liberté économique limitée. Le Mises Institute lui rend justice : https://mises.org/library/4-thomas-hobbes Cet article du AEI restitue bien les nuances de sa position : Citation Though Hobbes refuses to provide a natural justice foundation for respect for private property rights, his prudential political teaching aims to remedy the "poor" condition of our natural state by establishing a law of private property. The economic policy that follows is at once ordered by the sovereign authority to public ends, and concerned to secure the benefits of private industry.On the one hand, the sovereign will assign land ownership in a way "agreeable to equity and the common good,"and Hobbes reminds us that though these new, legal property rights will exclude intrusions and takings from other subjects, they do not exclude the authority of the sovereign.Liberty, Hobbes reminds us, is not "an exemption from law." Rather, it is the very purpose of civil law to abridge and restrain natural liberty. On the other hand, though the commonwealth itself may retain a portion of land, and order its cultivation and improvement (that is, the state may enter directly into economic activity), Hobbes advises against this. Hobbes makes respect for property rights his sixth commandment of civil society.Public ownership of the means of production runs the risk that one error costs everything; any monopolist will grow negligent. Moreover, such an expansive source of revenue threatens the unlimited expansion of government, and "Commonwealths can endure no diet." In place of public ownership and management of the economy, Hobbes recommends the "equal imposition of taxes" to supply revenue for the defense of the commonwealth and for programs of public charity. By "equal imposition" Hobbes means taxation proportional to "the debt that any man oweth to the commonwealth for his defence." Because the wealthy receive an extra benefit from "the service of the poor" who work for them, Hobbes argues that the wealthy should contribute through their taxes for the defense and maintenance of the poor. Hobbes suggests that private charity is too unreliable, and too bound to private interests, to fulfill the public function of charity. But he also insists that those recipients of charity who are physically capable must be required to work, perhaps by colonizing new lands.http://www.aei.org/spotlight/human-flourishing-hobbes-and-locke/
Johnathan R. Razorback Posté 18 mars 2019 Signaler Posté 18 mars 2019 Il y a 9 heures, Vilfredo Pareto a dit : 1): Par de nombreux aspects, il me semble que Hobbes préfigure le libéralisme politique (droit à la résistance, part inaliénable du DN 2): Comme l'écrit d'ailleurs Jean Terrel dans Les Théories du pacte social (excellent bouquin, lecture récente d'ailleurs) : 3): Et à propos du libéralisme économique, Hobbes est favorable à une liberté économique limitée. Le Mises Institute lui rend justice : https://mises.org/library/4-thomas-hobbes Cet article du AEI restitue bien les nuances de sa position : 1): DN qui chez Hobbes n'a absolument pas le sens traditionnel ou jusnaturaliste ; ce sont des indications de physique politique. Le passage que tu cites sur les condamnés l'illustre bien, Hobbes indique que la nature humaine étant ce qu'elle est, le condamné à mort ne se laissera pas tuer gentiment mais sera amené naturellement à résister. C'est une indication parfaitement amorale, il n'y a rien de juste dans le fait qu'il se défende (et de toute façon le Juste et l'Injuste sont crées par la Loi du souverain, Hobbes est un positiviste juridique). Hobbes indique ce que le pouvoir n'est pas en mesure de faire (au sens des limites d'une force physique), pas ce qu'il serait moralement interdit de faire. 2): Comme diraient l'autre, les intentions comptent moins que les conséquences. Hobbes est peut-être le seul philosophe de l'histoire occidentale à affirmer qu'un pouvoir tyrannique n'existe pas (il prône la destruction des livres romains qui introduisent cette catégorie pernicieuse, cf Arendt, L'impérialisme). La révolte contre le souverain est un pur fait naturel sans légitimité morale. L'aliénation du sujet au pouvoir politique est donc totale. 3): Comme le Souverain a le droit de te prendre ta propriété n'importe quand, ça te fait une belle jambe d'être protégé des autres sujets (entre parenthèses ça n'est pas une liberté révolutionnaire, le droit et la pensée politique chrétienne connaissent la propriété hein): « L’État détermine de façon discrétionnaire le système des droits de propriété, garantit les contrats, produit les règles et institutions de marché, et dans cet ordre la liberté des contractants peut jouer, mais sans que l’État leur laisse la bride sur le cou : il les contrôle, à tous moments il peut intervenir, interdire, revoir les droits de propriétés, et c’est encore lui, enfin, qui anime la circulation par ses recettes et ses dépenses publiques. » -Pierre Dockès, « Hobbes et l’économique », Astérion [En ligne], 5 | 2007, mis en ligne le 13 avril.
Vilfredo Posté 18 mars 2019 Signaler Posté 18 mars 2019 Il y a 9 heures, Johnathan R. Razorback a dit : DN qui chez Hobbes n'a absolument pas le sens traditionnel ou jusnaturaliste ; ce sont des indications de physique politique. Le passage que tu cites sur les condamnés l'illustre bien, Hobbes indique que la nature humaine étant ce qu'elle est, le condamné à mort ne se laissera pas tuer gentiment mais sera amené naturellement à résister. C'est une indication parfaitement amorale, il n'y a rien de juste dans le fait qu'il se défende Ben il est juste qu'il défende son droit à la conservation de sa vie (sinon l'institution même de l'autorité du Leviathan n'a pas lieu d'être). De même qu'il est juste que je mange une pomme ; sinon je meurs (Locke). Il y a 9 heures, Johnathan R. Razorback a dit : L'aliénation du sujet au pouvoir politique est donc totale. Non : le fait que la révolte ne soit pas morale ne veut pas dire qu'elle n'existe pas. Et si la résistance est possible et légitime, l'aliénation du sujet n'est pas totale. Hobbes précise clairement que le sujet n'aliène qu'une part du droit naturel puisqu'il en reste une part inaliénable.
Johnathan R. Razorback Posté 18 mars 2019 Signaler Posté 18 mars 2019 il y a 31 minutes, Vilfredo Pareto a dit : 1): Ben il est juste qu'il défende son droit à la conservation de sa vie (sinon l'institution même de l'autorité du Leviathan n'a pas lieu d'être). 2): De même qu'il est juste que je mange une pomme ; sinon je meurs (Locke). 1): Il n'y a pas de justice là-dedans, c'est un pur fait, ou plutôt une mise en adéquation de moyen à une fin (l'auto-conservation) que Hobbes juge être une caractéristique nécessaire de la nature humaine. Instituer le Léviathan n'est pas un acte de justice mais une suggestion rationnelle à partir du moment où on décide de sortir de l'état de nature (mais Hobbes serait bien en peine de trouver à redire à qui ne voudrait pas sortir de l'état de nature. En tout cas ce ne serait pas un acte immoral car il n'y a pas de justice antérieurement au contrat social). 2): Les prémisses de Locke sont profondément différentes parce que lui n'est pas un matérialiste immoraliste mais un jusnaturaliste religieux. Manger une pomme pour éviter de mourir n'est pas un acte de justice, c'est là encore une comportement rationnel par rapport à une fin, l'auto-conservation. En revanche chez Locke l'auto-conservation n'est pas un pur fait, c'est un commandement moral d'origine divine. Le moins qu'on puisse dire est que les philosophes du 17ème étaient des penseurs étranges
Vilfredo Posté 18 mars 2019 Signaler Posté 18 mars 2019 il y a une heure, Johnathan R. Razorback a dit : (mais Hobbes serait bien en peine de trouver à redire à qui ne voudrait pas sortir de l'état de nature. En tout cas ce ne serait pas un acte immoral car il n'y a pas de justice antérieurement au contrat social). Non tu as raison ce serait seulement pas rationnel du point de vue de Hobbes. Je suis d'accord qu'il faut accepter son anthropologie de départ (ce que ne fait pas Rousseau par exemple, qui considère que Hobbes appelle "état de nature" ce qui est en fait un "état civil") et qu'elle est un peu incohérente (comme l'écrit Manent, on a des hommes qui se comportent comme des aristos (lutte pour la reconnaissance) qui adoptent in fine un comportement bourgeois (assurer leur sécurité)). Mais on peut faire la même critique à toutes les théories du contrat : pourquoi sortir de l'état de nature lockéen ? Rothbard n'en sort pas d'ailleurs Il y a 1 heure, Johnathan R. Razorback a dit : En revanche chez Locke l'auto-conservation n'est pas un pur fait, c'est un commandement moral d'origine divine. True (d'où l'interdiction du suicide), my bad.
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